• Aucun résultat trouvé

«LE GÉOGRAPHE» Section dirigée par Pierre GEORGE 6. par SERGE LERAT. Professeur à l'université de Bordeaux

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "«LE GÉOGRAPHE» Section dirigée par Pierre GEORGE 6. par SERGE LERAT. Professeur à l'université de Bordeaux"

Copied!
23
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

GÉOGRAPHIE DES MINES

(3)
(4)

« LE GÉOGRAPHE » Section dirigée par Pierre GEORGE

6

GÉOGRAPHIE DES MINES

par SERGE LERAT

Professeur à l'Université de Bordeaux

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, Boulevard Saint-Germain, Paris

1971

(5)

Dépôt légal. — I édition : 2 trimestre 1971

© 1971, Presses Universitaires de France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

La loi du II mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'ar- ticle 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illiistration, « toute repré- sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite-sans le consentement de l'au- teur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa I de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal.

(6)

INTRODUCTION

L'origine de l'exploitation minière se perd dans la nuit des temps : elle est contemporaine, sous sa forme la plus élémentaire, de l'époque des premières constructions en dur, donc de la recherche des matériaux de construction d'origine minérale, et de l'utilisation des métaux par l'homme. Les carrières de Laurion et de Thasos, celles de la Sierra Morena et de la Cornouaille étaient célèbres dans l'Anti- quité. En fait, jusqu'au XIII siècle, les moyens techniques limités dont disposaient les hommes ne permirent que l'exploitation à ciel ouvert et le plus souvent à de très faibles profondeurs. Dès le début du XIV siècle, l'extraction de la houille se développa en Angleterre, tout spécialement dans la région de Newcastle ; en 1348, le premier charbon fut extrait à Zwickau en Saxe ; au siècle suivant, Saint-Etienne devint le centre d'une région charbonnière très active. A la même époque, la demande de métaux précieux, d'argent en particulier, et les besoins de la métallurgie, notamment pour la fabrication des armes, suscitèrent une grande acti- vité dans les massifs hercyniens fortement minéralisés d'Europe centrale (Harz, Erzgebirge, versant silésien des Sudètes). Des groupes de mineurs remirent en fonction- nement des carrières abandonnées et ouvrirent de nouvelles mines. Il en résulta un véritable « boom » minier à la fin du XV siècle et au début du XVI : de 1460 à 1530, la pro- duction d'argent et de cuivre quintupla en Europe centrale, celle de fer quadrupla. A la même époque, pour faire face à la demande des maîtres de forge, on se mit à exploiter le fer de la Forest of Dean, sur les confins de l'Angleterre

(7)

TABLEAU I

Evolution de la production minière depuis 1900 (en millions de tonnes)

(8)

et du Pays de Galles. Des groupes de mineurs, les bergslags, exploitaient le fer de Suède centrale, région à laquelle ils laissèrent leurs noms. Ajoutons que, au dire de Marco Polo, le charbon était déjà exploité en Chine du Nord au XIII siècle.

Avec les Grandes Découvertes, de nouvelles mines furent exploitées en Amérique andine et au Mexique ; mais ces initiatives restèrent de portée limitée. Cependant, dans la seconde moitié du XVIII siècle, s'amorça un nouveau tour- nant dans l'histoire de l'exploitation minière. Les besoins de la société industrielle naissante se firent de plus en plus importants. Aussi les tonnages extraits augmentèrent-ils sensiblement et de nouvelles mines furent-elles ouvertes, souvent dans des régions fort éloignées : des fronts pionniers se formèrent dans plusieurs régions du monde, où exis- taient quelquefois auparavant des exploitations de style artisanal. Les savants découvrirent de nouveaux métaux et mirent au point les procédés métallurgiques pour les obtenir (ainsi Sainte-Claire Deville pour l'aluminium en 1841) : aussi l'activité minière se diversifia-t-elle. Les moyens techniques d'extraction (dont les premiers forages pétro- liers vers 1860) et de transport (les premiers wagonnets furent utilisés dans les mines dès le début du XVIII siècle) s'améliorèrent. Les exploitations devinrent de plus en plus profondes ; elles commencèrent à livrer des tonnages sans cesse plus élevés.

En effet, l'activité minière, si ancienne soit-elle, n'a fourni, jusqu'au début du XIX siècle, que de très petites quantités de matériaux de construction, de combustibles et de minerais. Dans le courant du XIX siècle, de grandes mines de charbon furent ouvertes dans un grand nombre de pays. Par ailleurs, l'augmentation générale de la popu- lation et l'urbanisation demandèrent des tonnages crois- sants de matériaux de construction : ce qui suscita aussi une importante activité extractive. Mais les progrès du pétrole et des métaux non ferreux restèrent limités. En 1900,

(9)

on extrait certes 700 Mt de charbon et 70 Mt de lignite, mais seulement une centaine de millions de tonnes de minerai de fer et 22 Mt de pétrole. A cela, s'ajoutaient près de I Mt de plomb, 0,5 Mt de cuivre et quelques cen- taines de milliers de tonnes de bauxite.

De 1900 à nos jours, toutes les productions minières ont été augmentées et souvent de manière très sensible. La croissance industrielle de 1900 à 1914, les besoins suscités par la première guerre mondiale puis, dans les années 20, les nécessités de la reconstruction stimulèrent fortement et régulièrement l'activité minière. La crise de 1929 ouvrit une longue pause dans cette phase de développement.

Durant la seconde guerre mondiale la production augmenta sensiblement dans les régions qui ne furent pas touchées par le conflit, tandis qu'elle plafonna, voire diminua, dans les secteurs d'opérations militaires (Europe, partie euro- péenne de l'U.R.S.S., Asie du Sud-Est). Après 1946, on assiste à une progression généralisée de l'activité minière.

Au total, si de 1900 à 1968, la production de houille a à peine triplé, celle de lignite a été multipliée par douze et celle de pétrole par quatre-vingt-onze (et par cent pour les années 1900-1970). Durant la même période, les ton- nages de plomb livré à la métallurgie ont plus que triplé, ceux de cuivre ont décuplé et l'extraction de la bauxite a crû encore plus vite (tableau 1).

A) BILAN DE LA PRODUCTION MONDIALE Ainsi, sur les I 600 minéraux reconnus par les minéra- logistes à peine 200 font l'objet d'une exploitation et un peu plus d'une cinquantaine sont d'un intérêt notable, sinon important, pour la société industrielle. Des tonnages considérables de matériaux sont extraits chaque année. Les plus fortes quantités correspondent aux pierres, aux divers matériaux de construction et aux sables et graviers tirés

(10)

des fleuves et des rivières : vraisemblablement plusieurs milliards de tonnes. Très importants sont aussi les tonnages de minéraux utilisés comme combustibles et sources d'éner- gie. Sont ainsi extraites, en 1969, près de 2 050 millions de tonnes de houille et 825 millions de tonnes de lignite ; sont produits, la même année, plus de 2 000 millions de tonnes de pétrole et plus de 800 milliards de mètres cubes de gaz naturel. Bien plus faible en revanche est la fourni- ture de minerai d'uranium : pays socialistes exclus, elle est de seulement 17,9 Mt. Exception faite justement de l'ura- nium dont le titre est extrêmement faible, les tonnages extraits correspondent, pour les produits énergétiques, à peu de chose près au tonnage réellement employé ; notons toutefois que, pour le pétrole, les pertes diverses lors des opérations de raffinage sont de l'ordre de 10 %.

L'activité minière fournit aussi un grand nombre de mine- rais métalliques. Dans tous ces minerais, le métal se pré- sente sous des formes plus ou moins pures (minerais oxydés et minerais sulfurés) et ne représente qu'une part, le plus souvent minoritaire, et quelquefois très faible, du tonnage de minerai extrait. La teneur, c'est-à-dire le pourcentage de métal contenu dans un minerai, est fort variable selon les métaux et aussi pour le même métal. Seuls des ordres de grandeur peuvent, dans ce domaine, être avancés. Un minerai de fer pauvre renferme de 25 à 30 % de métal, un minerai riche plus de 60 et même plus de 65 %. La teneur des minerais de manganèse est de l'ordre de 50 %, celle des minerais de chrome est de 40 à 55 %. Quatre tonnes de bauxite environ sont nécessaires pour produire une tonne d'aluminium. Les autres minéraux de métaux non ferreux (cuivre, plomb, zinc entre autres) titrent de I à 5 ou 10 % et la plupart du temps de 2 à 3 % de métal.

La grande variété des teneurs d'un gisement à un autre, la fréquence des minerais polymétalliques, notamment de ceux contenant des métaux non ferreux et des métaux précieux, voire de l'uranium, la variation de la teneur dans le même

(11)

gisement rendent impossible toute comptabilisation précise des tonnages extraits. Aussi, exception faite de la bauxite, minerai d'aluminium dont la teneur est à peu près identique d'un gisement à un autre, fait-on, la plupart du temps, mention des quantités de métal contenues dans le minerai.

L'extraction du minerai de fer reste l'activité minière des- tinée à la métallurgie qui est le plus active. En 1969, plus de 380 Mt de métal ont ainsi été fournies à l'industrie, ce qui signifie que environ 700 Mt de minerai ont été extraites.

Le développement de la fourniture d'aciers spéciaux et d'aciers de haute qualité nécessite par ailleurs l'extraction de tonnages croissants de minerais contenant des métaux d'alliage : en 1969, ont été fournies plus de 7 Mt de man- ganèse, 5 Mt de chrome et près de 3 Mt de titane (pays socialistes exclus pour ce dernier métal) auxquelles s'ajou- tent 580 000 t de nickel et 59 000 t de tungstène. Au total, environ 750 Mt de minerais sont extraites chaque année pour les besoins de la sidérurgie. L'exploitation des métaux non ferreux nécessite la mise en œuvre de masses consi- dérables de minerais. Sont ainsi produites 55 Mt de bauxite.

Sont extraites près de 6 Mt de cuivre, soit l'équivalent d'environ 150 Mt de minerai, plus de 5 Mt de zinc, soit un tonnage de minerai à peu près semblable au précédent et près de 4 Mt de plomb, c'est-à-dire une centaine de mil- lions de tonnes de minerai. En y ajoutant les 230 000 t d'étain, cela revient à dire que près de 500 Mt de matériaux sont extraites chaque année pour l'élaboration des métaux non ferreux. Bien plus faible est l'extraction des métaux précieux. En 1969, la production mondiale d'argent a été de seulement 8 600 t. De leur côté, l'exploitation de l'or alluvial et l'extraction du métal ont fourni 1 461 t de métal précieux. Enfin 33 620 carats de diamants destinés à l'industrie ou à la joaillerie ont été livrés sur le marché mondial. En plein essor est l'extraction des métaux rares.

Les uns, les platinoïdes (platine, palladium, rhodium, iri- dium, ruthénium et osmium) se rencontrent à l'état natif :

(12)

on en extrait plus de 108 000 t dans le monde en 1967, dont les neuf dixièmes de platine. Les autres, le tungstène, le tantalum, le vanadium et le niobium (qu'on appelait auparavant colombium), de plus en plus demandés par la sidérurgie, sont tirés de minerais oxydés (ainsi le wolfram pour le tungstène).

Tous les produits de la mine ne sont pas destinés à la métallurgie, loin s'en faut. Le développement de la chimie, en particulier de l'industrie des fertilisants et de la fabri- cation de certains acides, a suscité le développement d'une très active industrie minière. Si l'exploitation des nitrates naturels de l'Atacama a pratiquement cessé, on extrait en 1967 près de 17 Mt de sels potassiques et, l'année précédente, plus de 85 Mt de phosphates naturels. Quant au soufre, de plus en plus demandé par l'industrie chimique, il est fourni à raison de 42 % par les pyrites, pour 40 % par du soufre natif et pour le reste par traitement des hydrocar- bures sulfureux. Au total, plus de 27 Mt de soufre ont été livrées à l'industrie en 1967.

B) LES PAYSAGES DE L'INDUSTRIE EXTRACTIVE Les conditions d'extraction des produits minéraux ne sont pas partout les mêmes. Des techniques différentes sont utilisées, d'une part pour l'exploitation des produits solides, d'autre part pour celle des liquides (ou des minéraux mis en dissolution) et des gaz. Des méthodes dissemblables sont employées pour l'extraction des richesses profondes et pour celle des ressources superficielles ou recouvertes par une faible épaisseur de morts-terrains. On n'attaque pas de la même façon un filon et un minerai sédimentaire ; plus originale encore est la recherche des ressources métal- liques recélées dans les milieux alluviaux. Aussi, n'y a-t-il pas un paysage minier type, mais plusieurs grandes familles d'activités extractives.

(13)

a) Les exploitations à ciel ouvert

I. Les dragages. — L'homme a d'abord cherché à recueillir les diamants ou les métaux précieux inclus dans les sables et les graviers des lits des cours d'eau. Cette quête des placers a été un des aspects essentiels, sinon le principal, des diverses ruées vers l'or que connut le monde dans la seconde moitié du XIX siècle. Aujourd'hui, les orpailleurs travaillant avec leur battée ont pratiquement disparu, mais l'exploitation des richesses minérales alluviales se poursuit dans quelques régions du monde. Des dragues tirent les sables aurifères des cours d'eau de l'Alaska et du Canada ainsi que de quelques rivières d'Australie, du Ghana et d'Amérique latine, du Pérou et de Colombie notamment.

En Afrique australe, on extrait des diamants des formations alluviales, du lit de l'Orange et du Vaal depuis 1911 et des alluvions de la plaine de Lichtenberg depuis 1926. Les dragues servent aussi pour extraire l'étain, notamment dans la péninsule malaise, particulièrement dans la vallée de la rivière Kinta, dans l'Etat de Perak. Alors qu'il y a une tren- taine d'années encore, une foule de Malais et de Chinois extrayaient ces formations alluviales avec un outillage pri- mitif, puits à balanciers et norias, cette industrie dispose aujourd'hui de puissants moyens mécaniques. En 1960, une cinquantaine de dragues, toutes aux mains de Britan- niques, fournissaient la moitié de l'étain malais et plus de 450 pompes à gravier, propriété des Chinois, livraient 40 % de la production. Cette méthode d'extraction, qu'on retrouve dans les îles indonésiennes de Bangka, de Billiton et de Singkep, exige de gros effectifs de main-d'œuvre : de 20 000 à 25 000 ouvriers en Malaisie. Tout comme les anciens placers aurifères, les gisements d'étain de l'Asie du Sud-Est montrent une grande animation. Par ailleurs, un peu partout dans le monde, de très nombreuses « gra- vières » fournissent sables et graviers tirés des formations

(14)

alluviales datant du Quaternaire ou du lit même des fleuves, dans la section où leur profil s'adoucit sensiblement.

2. Les tranchées. — Pour exploiter les charbons et les lignites enfouis sous quelques mètres ou quelques dizaines de mètres de terrains stériles il est vite apparu très avanta- geux, dans le domaine économique, de procéder à une dénudation (strip-mine) de l'horizon exploité, de façon à pouvoir entreprendre l'attaque de la couche productrice avec des engins mécaniques. Ceci suppose toutefois que la masse des terrains de recouvrement, bien souvent plus volumineuse que le tonnage utilisé, soit évacuée immé- diatement.

Aussi l'exploitation se fait-elle en deux étapes. En pre- mier lieu, des engins enlèvent les terrains superficiels et les rejettent dans la partie épuisée de la carrière, à l'opposé du front de taille. Quand le terrain de recouvrement est peu épais, l'opération est somme toute facile : on utilise des grues-pelles : c'est le cas pour l'extraction du charbon dans certains comtés du Plateau appalachien ou pour celle du manganèse de la région de Moanda au Gabon ou encore pour celle du charbon de la Luena dans le sud du Congo.

En revanche, la mise en valeur des gisements de lignite ouest-européens nécessite le déplacement de quantités beau- coup plus grandes de matériaux. Ainsi dans la plaine saxonne, il faut enlever de 30 à 5O m de terrains avant d'atteindre les couches de lignite épaisses de 8 et 12 m et séparées par une dizaine de mètres de morts-terrains. A Arjuzanx, dans le Sud-Ouest français, la couche de lignite de moins de 4 m d'épaisseur, est enfoncée à 20 m de profondeur.

Dans ces types d'exploitation, des engins mécaniques d'al- lure aérienne, surnommés « sauterelles » par les ingénieurs, et mis au point par les Allemands pour exploiter les lignites de l'Erft, près de Cologne, rejettent les déblais à plusieurs dizaines de mètres du point d'extraction. Mise à jour, la couche de charbon est attaquée à la pelle mécanique, voire

(15)

à l'explosif. Le lignite, plus meuble, peut être extrait avec des roues-pelles qui rongent peu à peu la couche de combus- tibles. L'évacuation de la production est assurée par des trains (Saxe) ou par de lourds camions ou encore par des convoyeurs roulants qui courent dans la tranchée ; cette dernière technique est du reste mieux adaptée à l'exploita- tion des formations meubles. Des fronts de taille se dépla- cent ainsi en gros parallèlement l'un à l'autre. D'apparence immuable, le paysage minier, et plus encore celui des abords de la tranchée, se modifie en fait très vite. Ajoutons que cette forme d'extraction pose de très délicats problèmes de restauration des sites.

3. Les carrières. — La carrière est un paysage minier bien plus fréquent que le précédent. La quasi-totalité des maté- riaux de construction, autres que les sables et les graviers, est extraite dans des carrières ; sont aussi obtenus de cette façon des tonnages croissants de bauxite, notamment aux Antilles, de minerai de fer (dans le monde intertropical surtout) et de métaux non ferreux. De gigantesques escaliers échancrent ainsi la zone minéralisée, que cette dernière affleure ou qu'elle ait été découverte après enlèvement d'un revêtement superficiel (roche, formation superficielle). Des pelles mécaniques enlèvent le minerai qui est ensuite chargé sur des trains ou des camions. L'exploitation est ainsi de plus en plus élargie. Quand la dénivellation entre les gra- dins d'exploitation et le niveau du sol environnant est faible, comme dans les grandes carrières de l'Afrique cen- trale ou de la région du Lac Supérieur, les voies ferrées s'avancent jusqu'au front de taille et les wagons sont remplis par les excavatrices. Quand la différence d'altitude est plus forte, que la carrière soit trop profonde ou que la montagne exploitée soit trop abrupte, le train ne peut plus venir jusqu'au point d'extraction du minerai. On recourt alors à des moyens de transport mieux adaptés aux fortes pentes.

Tantôt des camions effectuent un carrousel continu trans-

(16)

portant le minerai jusqu'aux postes de chargement ferro- viaires : ainsi au Cerro Bolivar vénézuélien. Tantôt des convoyeurs à bande rachètent une dénivellation de quelques dizaines de mètres, voire de plusieurs centaines de mètres, quand la construction de route à flanc de montagne appa- raît difficile sinon impossible, en tout cas très coûteuse.

Sont acheminés de cette façon les fers du Mont Nimba au Libéria et le manganèse de Moanda au Gabon méridional.

Toutes les carrières ne présentent pas la même physio- nomie et la topographie environnante permet de distinguer quelques grands types. Les carrières de matériaux de construction éventrent sur quelques mètres ou quelques dizaines de mètres de dénivellation le flanc d'un coteau ou d'une montagne. Du même type, mais à plus grande échelle, sont les grandes exploitations de minerai de fer du monde intertropical, le Bong Range et le Mont Nimba au Libéria, la Kedia d'Idjil en Mauritanie et le Cerro Bolivar de l'Oré- noque entre autres ; une partie du minerai de fer de Laponie suédoise est extraite dans des conditions de site analogues.

Sur les plateaux d'Afrique centrale, les carrières de Kolwezi, de Ruwe, de Musonoi et de Kamoto au Katanga, celles de Nchanga et de Ndola en Zambie, sont de longues fosses de forme grossièrement rectangulaire interrompant la mono- tonie de la pénéplaine africaine. D'aspects assez proches des précédentes sont les grandes carrières de minerai de fer du Lac Supérieur (Mesabee, Vermilion, Cuyuna) et celles qui s'égrènent dans le Priedneprovnie ukrainien, de Krivoi Rog à Dnieprozerjinsk. Plus remarquables encore sont les grands entonnoirs miniers, tels la mine de Mount Isa, dans l'ouest du Queensland et, à plus forte raison, les vastes amphithéâtres, de forme elliptique, de Bingham dans l'Utah, de Morenci dans l'Arizona, et de Chuquicamata dans l'Ata- cama. Dans les montagnes du désert chilien, les vues d'avion révèlent à environ 2 000 m d'altitude un des paysages miniers les plus fantastiques du monde : par une quinzaine

(17)

de marches gigantesques, on s'enfonce de plus de 350 m dans une carrière longue de plus de 3 500 m et atteignant au maximum 1 800 m de largeur.

b) Les mines

S'il est vrai que le Big Hole de Kimberley, la fameuse cheminée volcanique diamantifère, fut exploité à ciel ouvert jusqu'à une profondeur de 400 m et que, nous l'avons vu, la carrière de Chuquicamata est presque aussi profonde, ce sont là des exceptions. Pour atteindre les minéraux solides enfouis profondément, l'homme creuse des mines. L'exploi- tation des ressources minières profondes marque moins sensiblement le paysage que l'extraction des richesses super- ficielles. Les mines, au sens étroit du terme, ne se remarque- raient pas dans le paysage, n'étaient les installations de surface. Plus remarquables encore sont les déblais de morts-terrains, les terrils : ils se dressent au-dessus de la plaine flamande ; d'autres semblent perchés, pleins de menaces, au-dessus des vallées encaissées du Pays de Galles méridional ; d'autres encore ceinturent l'aggloméra- tion de Johannesburg.

Du reste, l'exploitation souterraine n'est pas toujours totalement indépendante de l'extraction à ciel ouvert. Dans nombre de gisements, l'exploitation, commencée à ciel ouvert, est poursuivie sous terre. Ce fut le cas dans plusieurs gisements charbonniers de l'Europe occidentale (Ruhr méri- dionale, bassins périphériques de la Chaîne pennine). Ail- leurs, les deux types d'extraction sont encore menés de pair.

Ainsi, on extrait, depuis une quinzaine d'années, du fer de Laponie suédoise dans des installations souterraines alors que l'exploitation en carrière était la seule pratiquée auparavant. Sur le Plateau appalachien, les Américains ont mis au point une méthode d'extraction très originale pour attaquer les veines de charbon recouvertes de morts-terrains trop épais pour justifier la dénudation. A partir des fronts

(18)

de taille des tranchées d'exploitation, une sorte d'énorme tarrière, de 0,40 m à 1,30 m de diamètre, est enfoncée d'une soixantaine de mètres dans l'horizon charbonnier (auger mine). A mesure que l'engin s'enfonce, à l'image d'une vrille, le charbon est rejeté. Un convoyeur en assure alors l'évacuation. Ailleurs, on creuse des galeries s'ouvrant sur le fond de la carrière : ainsi, à Chuquicamata, pour l'exploi- tation des minerais sulfurés profonds.

L'extraction en profondeur proprement dite n'est pas menée de la même façon, selon la topographie et la profon- deur de l'horizon producteur. Quand ce dernier affleure à flanc de colline ou sur un versant comme le long des vallées lorraines, celles de l'Orne et de la Fentsch entre autres, ou le long des vallées du Plateau appalachien en Pennsylvanie, le minerai est extrait le long d'une galerie et acheminé le plus souvent par gravité le long d'un plan incliné jusqu'à une usine utilisatrice ou un point de char- gement (drift mine). De même, on parvient par une galerie doucement inclinée aux couches productrices peu profondes (slope mine). Pour atteindre les combustibles et les minerais enfouis à plusieurs centaines, voire à plus de 1 000 m de profondeur, on creuse des puits (toujours deux pour un même poste d'exploitation, pour assurer la ventilation), des- quels partent des galeries qui sont colmatées quand la formation minéralisée est enlevée. L'exploitation profonde est, sinon plus difficile, tout au moins plus coûteuse, quand les horizons producteurs sont peu épais : l'abattage méca- nique est alors considérablement gêné et de grosses quantités de morts-terrains doivent être extraites : c'est le cas notam- ment pour la plupart des houillères d'Europe occidentale et du Japon, ainsi que de celles des Provinces maritimes du Canada. Les forts pendages, les dressants et les gîtes filo- niens subverticaux, tel celui de Kipushi au Katanga, créent des conditions d'exploitation encore plus délicates. Dans les mines les plus profondes, comme les mines d'or du Witwa- tersrand où les mineurs descendent à 1 800 m, les fortes

(19)

chaleurs rendent le travail très pénible. En surface l'exis- tence d'une exploitation minière se marque dans le paysage par la présence des chevalements abritant les installations de remontée des hommes et du minerai, par l'existence d'aires de stockage et de chargement des minéraux, quelque- fois même par la présence d'un port minéralier ou d'une gare de chargement. L'empreinte minière sur le paysage est donc minime. Souvent elle est masquée par l'urbanisation que les industries dérivées de l'exploitation minière ont suscitée : ainsi dans les grandes régions charbonnières européennes.

Par ailleurs, l'homme a créé des paysages miniers au milieu de régions rurales, cela non seulement dans les pays sous- développés, mais aussi dans les pays industriels : Campine et Limbourg, marge septentrionale de la Ruhr vers Dins- laken, plateau lorrain autour de Briey.

c) L'extraction des corps liquides et gazeux Plus discrète encore est la marque dans le paysage de l'extraction des hydrocarbures et de certains soufres (pro- cédé Frash). A vrai dire, cette activité extractive n'est pas une activité minière, ou tout au moins est une forme très particulière de celle-ci : des sondes descendent à plusieurs centaines, voire à plusieurs milliers de mètres de profondeur pour atteindre l'horizon producteur. L'homme n'entre donc pas directement en contact avec les ressources minérales ; dans certains cas l'extraction s'effectue même sans main- d'œuvre.

En surface, les installations sont très simples et souvent peu apparentes. Typiques à cet égard sont les paysages engendrés par l'extraction des hydrocarbures, encore qu'ils ne soient pas partout analogues. Le derrick, tour métallique de laquelle est effectué le forage, a longtemps été le symbole de l'extraction pétrolière. Des « forêts » ou des « avenues » de derricks se dressent ainsi sur les lourdes coupoles anti- clinales qui émergent de la presqu'île de Bakou, au cœur

(20)

des villes de l'Oklahoma central (Tulsa, Oklahoma City) et au voisinage de la côte orientale du lac de Maracaïbo.

Occupant peu de place à la surface du sol, l'extraction du pétrole et des hydrocarbures s'intègre en effet facilement dans les paysages urbains, tout comme dans les campagnes les plus densément cultivées (plaine hollandaise). L'em- preinte est du reste bien plus faible dans les gisements les plus récemment mis en valeur : une simple vanne d'environ un mètre de hauteur, l'arbre de Noël, signale alors la pré- sence d'une exploitation pétrolière. Cette empreinte est, à vrai dire, d'autant plus faible que les puits, gros produc- teurs, sont espacés de plusieurs centaines de mètres, voire de quelques kilomètres, les uns des autres. Dans la région du Golfe persique qui, par sa production pétrolière, est devenue une des principales régions minières du monde, le paysage désertique n'a guère été transformé...

(21)
(22)

1971. — Imprimerie des Presses Universitaires de France. — Vendôme (France)

ÉDIT. N° 31 620 IMPRIMÉ EN FRANCE IMP. N° 22 459

(23)

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia

‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Références

Documents relatifs

On considère uniquement les pertes : pour n=1, donner une modélisation (sous forme d’automate à états fini) d’un canal avec pertes (en considérant les messages de M). !m)

Le compte de distribution du revenu en nature ( R), présente une mesure plus large du revenu des ménages que le RDB en intégrant les flux correspondant à des transferts sociaux

Près de 35 000 employés travaillent pour le 1 er groupe automobile mondial qui fabrique au Japon, environ 2 millions des 9 millions de véhicules vendus en 2007.. Si le groupe

L’une d’entre elles (la troisième, au total) était ainsi libellée : « 3) L’article 5 de la directive 2001/29 doit-il être interprété en ce sens que le fait pour

Ce paradigme propose de supporter la construction de syst`emes complexes par la compositions de sous-syst`emes de complexit´e maitris´ee (“diviser pour mieux r´egner”). La

كيهان ،رطاخملا ظوظح نم صيلقّتلل رخآو ٍناّبر نيب لَمعتسُت ًةديحو ًةغل تايضتقملا كلت اذهو ،ةيرق وأ ةنيدمب ّصاخ مَلع مسا بناج ىلإ لمعتسُي ٍّيوغل ريغ ٍريفشت

Description activité : Deux oiseaux partent en même temps de deux tours de hauteur différente, à la même vitesse pour se rencontrer à terre au même moment.. Connaissant la

Hocevar, “A reduced complexity decoder architecture via layered decoding of LDPC codes,” in IEEE Workshop on Signal Processing Systems, SIPS 2004, Oct.. Veidenbaum, “Guest