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Chapitre 8

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Texte intégral

(1)

Chapitre 8

Corps finis et leur clôture algébrique

Version du 1erdécembre 2004

Erratum. Dans la version du 22 novembre du Chap. 7, au début de la démonstration du théorème d’Artin, il n’est pas évident a priori quedimLK soit finie. Par consé- quent, il faut remplacer les deux premières lignes de la p. 123 par : “Posonsn=|G|.

D’après la proposition 7.5.3, on adimLKn. Supposons que dimLK > n. Alors, posantr=n+1, il existe des élémentsε1, . . . , εrLlinéairement indépendants sur K”, et les trois dernières lignes de la p. 123 par : “Cette contradiction montre que l’hypothèse dimKL > n est impossible. On a donc dimKL =n, ce qui prouve le point 1).” De plus, toujours p. 123, deux lignes en dessous du système(∗), supprimer les mots : “Supposonsr > n.”

8.1 Cardinal et groupe multiplicatif d’un corps fini

Soit k un corps fini. Son sous-corps premier est fini donc, d’après le paragraphe 7.1.2, k est de caractéristique p > 0. On identifiera son sous- corps premier à Fp = Z/pZ. Tout corps contenant k a même sous-corps premier, donc est aussi de caractéristiquep.

Lemme 8.1.1 Soient k⊆k0 deux corps finis, de cardinal q et q0 respective- ment.

1) Soit n= [k0 :k]. Alors q0 =qn.

2) Par conséquent, si p = car(k) et m = [k : Fp], alors q = pm et q0 =pmn.

(2)

Démonstration. 1) Comme k0 est fini, c’est un k-espace vectoriel de di- mension finien. Alorsk0 =kn commek-espace vectoriel, et donc|k0|=|k|n. Ceci prouve 1).

Le même argument appliqué àFp ⊆kmontre queq=pm, d’où le lemme.

¤

Corollaire 8.1.2 Sikest un corps fini de caractéristiquep, alors le cardinal dek est une puissance de p.

Théorème 8.1.3 (Groupe multiplicatif d’un corps fini)

Soit k un corps fini de cardinal q = pn. Le groupe multiplicatif k× = k\ {0} est un groupe cyclique d’ordre q−1.

Démonstration. k× est un groupe abélien fini ; c’est donc un Z-module de type fini et de torsion. D’après le théorème de structure des modules de type fini sur un anneau principal, il existe des entiersd=d1 ≥ · · · ≥dr>1 tels quedi divise di−1, pour i=r, r−1, . . . ,2et

k×=Z/d1Z⊕ · · · ⊕Z/drZ.

Alors, d’une part, |k×| = dd2· · ·dr et, d’autre part, tout élément x k× vérifiexd= 1. Or, commek[X]est intègre, le polynômeXd1a au plus d racines dans k. Il en résulte que r = 1 et k× = Z/dZ est cyclique, d’ordre d=|k×|=q−1. Ceci prouve le théorème.¤

8.2 Endomorphismes de Frobenius

8.2.1 La formule du binôme

Soientk, n deux entiers tels que0≤k≤n. On rappelle la définition du coefficient binomial : µ

n k

:= n!

k!(n−k)!.

(On le note aussiCnk.) C’est le nombre de façons de choisirkéléments dans un ensemble àn éléments. Pour k= 0 ou n, ceci vaut1. On rappelle aussi la formule de Pascal (pourk≥1) :

µn k

=

µn−1 k

¶ +

µn−1 k−1

.

(Quand on prendkéléments dans{1, . . . , n}, on peut ou bien prendre, ou ne pas prendre, n.) On rappelle aussi la formule du binôme, valable dans tout anneau commutatif.

(3)

Lemme 8.2.1 (Formule du binôme)

SoitA un anneau commutatif et a, b∈A. Pour tout n≥1, on a :

(a+b)n= Xn i=0

µn i

aibn−i.

Démonstration. Par récurrence surn, en utilisant la formule de Pascal.

¤

Lemme 8.2.2 Soit p∈N un nombre premier. Alors p divise ¡p

k

¢ pour tout k= 1, . . . , p1.

Démonstration.p divisep! =k!(p−k)!¡p

k

¢et est premier aveck!(p−k)!, donc divise ¡p

k

¢.¤

8.2.2 Les morphismes Frp et Frpn

Proposition 8.2.3 (L’endomorphisme de Frobenius Frp)

SoitK un corps de caractéristique p >0. Alors l’application x7→xp est un endomorphisme du corps K, noté Frp. De plus, si K est fini, alors Frp est un automorphisme de K.

Démonstration.Il est clair que1p = 1et(ab)p =apbp pour touta, b∈K.

L’égalité (a+b)p = ap +bp résulte de la formule du binôme et du lemme précédent. Donc, Frp est un morphisme de corps deK versK, c.-à-d., un en- domorphisme de corps deK. Il est bien sûr injectif, comme tout morphisme de corps. Par conséquent, si K est fini, Frp est bijectif donc un automor- phisme deK.¤

Corollaire 8.2.4 (Les endomorphismes de Frobenius Frq=Frpn) Soient K un corps de caractéristique p > 0 et n 1. L’application Frnp :=Frp◦· · ·◦Frp (nfois), qui à toutx associexpn, est un endomorphisme du corps K. On le note aussi Frpn ou Frq si q =pn. Si K est fini, c’est un automorphisme de K.

Démonstration.Ceci résulte immédiatement de la proposition précédente.

¤

Corollaire 8.2.5 Soient p un nombre premier, n 1 et q = pn. Alors p divise ¡q

i

¢pour tout i= 1, . . . , q1.

(4)

Démonstration. Plaçons-nous dans le corps K = Fp(X) des fractions rationnelles surFp et notons π la projectionZFp. D’une part, on a

(1) (1 +X)q =

Xq i=0

π(

µq i

¶ )Xi.

D’autre part, comme Frq =Frnp est un endomorphisme deK, l’on a

(2) (1 +X)q= 1 +Xq.

En comparant(1)et(2), on obtient que¡q

i

¢0mod.p, pouri= 1, . . . , q−1.

Ceci prouve le corollaire.¤

8.3 Existence et unicité des corps F

pn

Lemme 8.3.1 SoientK un corps etτ un endomorphisme deK. Alors l’en- semble des éléments invariants

Kτ :={x∈K (x) =x}

est un sous-corps de K.

Démonstration.C’est clair.¤

Théorème 8.3.2 (Existence et unicité de Fq)

Soient p un nombre premier, n 1 et q = pn. Soit K un corps de dé- composition sur Fp du polynôme Xq−X. Alors, |K|= q. Réciproquement, tout corps fini à q éléments est isomorphe à K. Par conséquent, il existe à isomorphisme près, un unique corps fini àq éléments. On le noteFq ouFpn. Démonstration. Soit K un corps de décomposition du polynôme Q :=

Xq−X sur Fp. Le polynôme dérivéQ0 égale −1donc n’a pas de racines en commun avecQ. Par conséquent, d’après la proposition 7.6.2, Qaq racines distinctes dansK.

Or, le point-clé est que ces racines sont exactement les solutions de l’équationxq =x, c.-à-d., les éléments de K fixés par l’endomorphisme Frq. Par conséquent, ces racines forment un sous-corps K1 de K, de cardinal q.

Comme, par hypothèse,K est engendré par ces racines, on obtientK =K1, et doncK est de cardinalq. Ceci prouve le point 1).

Réciproquement, supposons queLsoit un autre corps fini de cardinalq.

D’après le théorème 8.1.3, le groupe multiplicatif L× est cyclique, d’ordre q−1. Donc, tout élémentx∈L× vérifie

xq−1 = 1 et donc xq=x.

(5)

Donc, tout élément de L = L× ∪ {0} est une racine du polynôme Q = Xq−X. Comme |L| = q, alors Q a toutes ses racines dans L, et puisque leur ensemble égale L tout entier, L est un corps de décomposition de Q sur Fp. Par conséquent, d’après le théorème 7.3.3, Lest isomorphe à K. Le théorème est démontré. ¤

Théorème 8.3.3 (Existence et unicité des extensions FqFqn) Soient p un nombre premier,q=pd et q0 =pn deux puissances de p.

1) S’il existe une extension Fq Fq0 alors q0 est une puissance de q, c.-à-d., nest un multiple de d.

2) Réciproquement, si n = rd, c.-à-d., si q0 = qr, alors le corps Fq0 contient un unique sous-corps de cardinalq; c’est le sous-corps des invariants de Frq.

Démonstration.1) On a déjà vu (lemme 8.1.1) que si Fq Fq0 alorsFq0 est un Fq-espace vectoriel de dimension finier, d’oùq0 =qr, c.-à-d.,n=dr.

2) Réciproquement, supposons n=dr, c.-à-d., q0 =qr. D’après le théo- rème précédent, le polynôme

Xq0−X =Xqr −X

est scindé dans Fq0 et ses racines, deux à deux distinctes, sont exactement les éléments de Fq0. D’autre part,

Xqr −X = Xq−X+Xq2 −Xq+· · ·+Xqr−Xqr−1

= Xq−X+ (Xq−X)q+· · ·+ (Xq−X)qr−1.

DoncXq−XdiviseXqr−Xet a aussi toutes ses racines dansFq0. Ces racines sont exactement les points fixes dans Fq0 de l’endomorphisme de Frobenius Frq, donc forment un sous-corpsK de cardinalq, isomorphe àFq.

Enfin, supposons que L soit un autre sous-corps de Fq0 de cardinal q.

D’après le théorème 8.1.3, le groupe multiplicatif L× est cyclique, d’ordre q−1. Donc, tout élément x∈L× vérifie

xq−1 = 1 et donc xq =x.

Par conséquent, les éléments de L = L×∪ {0} sont exactement les racines dansFq0du polynômeXq−X. Il en résulteL=K. Le théorème est démontré.

¤

(6)

8.4 Groupe de Galois de F

qn

sur F

q

Lemme 8.4.1 SoitG un groupe fini.

1) Pour tout sous-groupe H, on a |G|=|H| · |G/H|. En particulier, |H|

divise|G|.

2) Soit g G. L’ensemble {n Z | gn = 1} est un sous-groupe non- nul de Z, donc de la forme dZ, pour un certain d 1, appelé l’ordre de g. On a d = 1 g = 1. Le sous-groupe de G engendré par g est égal à {1, g, . . . , gd−1}; il est de cardinal det isomorphe à Z/dZ. En particulier, d divisen.

Démonstration. On rappelle que G/H désigne l’ensemble des classes à gauchegH. C’est un ensemble fini, puisqueGest fini. De plus, deux classes distinctes gH 6= g0H sont disjointes. En effet, sinon il existerait h, h0 H tels que gh=g0h0, et l’on aurait gH =g0H. De plus, chaque classe gH est de cardinal|H|, puisque l’application H 7→ gH, h 7→ gh est une bijection.

DoncG est la réunion disjointe de |G/H|classes, chacune de cardinal |H|.

Le point 1) en résulte.

Soit g ∈G. On pose g0 = 1. Comme G est fini, les élémentsgk, k 1, ne peuvent être tous distincts. Donc il existe r < s tels que gr = gs, d’où gs−r= 1. Ceci montre que l’ensemble

{n∈Z|gn= 1}

n’est pas réduit à {0}. Comme gmgn =gm+n, on voit que cet ensemble est un sous-groupe non nul deZ, donc est de la formedZ, pour un uniqued≥1, et le reste du point 2) s’obtient facilement.

¤

Théorème 8.4.2 (L’isomorphisme Gal(Fqn/Fq)=Z/nZ)

Soit q une puissance d’un nombre premier p et soit n 1. L’extension Fq Fqn est galoisienne. Son groupe de Galois Gal(Fqn/Fq) = AutFq(Fqn) est un groupe cyclique d’ordren, engendré par l’automorphisme de Frobenius Frq.

Démonstration. Fqn est un corps de décomposition du polynôme Q = Xqn−XsurFp, donc a fortiori surFq. De plus,Qa des racines distinctes dans Fqn (puisque Q0 =−1) donc est, a fortiori, séparable sur Fq. Donc, d’après le 2ème théorème fondamental (7.4.4), l’extensionFqFqn est galoisienne.

De plus, d’après le théorème d’Artin (7.5.4), on a

|Gal(Fqn/Fq)|= [Fqn :Fq] =n.

(7)

D’autre part, Frq est un Fq-automorphisme de Fqn, c.-à-d., un élément de G=Gal(Fqn/Fq); soit dson ordre. L’égalité Frdq =idFqn équivaut à

∀x∈Fqn, x=Frdq(x) =xqd.

Comme le polynôme Xqd−X a au plusqn racines, ceci entraîne qued≥n.

Par conséquent,d=net le sous-groupe cyclique deGengendré par Frqégale G. Ceci achève la preuve du théorème.¤

8.5 Théorème de l’élément primitif, et polynômes irréductibles sur F

q

On rappelle (cf.7.7.2) qu’une extension k⊂K est dite simple s’il existe ξ ∈K tel que K =k(ξ); dans ce cas, on dit que ξ est un élément primitif de K surk.

Théorème 8.5.1 On considère une extension Fq Fqn. Soit ξ un généra- teur du groupe multiplicatif F×qn.

1) Fqn =Fq[ξ], c.-à-d., ξ est un élément primitif.

2) Le polynôme minimalIrrFq(ξ) est de degrén.

Démonstration.1) est clair carFq[ξ]contient{1, ξ, ξ2, . . . , ξqn−1}=F×qn, ainsi que 0, donc égale Fqn. Le point 2) en découle car le degré de IrrFq(ξ) est le degré sur Fq de Fq[ξ] =Fq, qui égalen.¤

Corollaire 8.5.2 Pour tout corps finiFq, et toutn≥1, il existe dans Fq[X]

au moins un polynôme irréductible unitaire de degrén.

Définition 8.5.1 Pour toutd≥1, notonsI(d, q)l’ensemble des polynômes irréductibles unitaires de degré ddansFq[X]et posonsi(d, q) =|I(d, q)|.

Théorème 8.5.3 Pour toutn≥1, on a

(1) Xqn−X =Y

d|n

Y

P∈I(d,q)

P.

Par conséquent,

(2) qn=X

d|n

d i(d, q).

(8)

Démonstration. Fixons n 1. On va démontrer le théorème en trois étapes.

1. SoientddivisantnetP ∈I(d, q). Le corps de ruptureFq[X]/(P)est de degrédsurFq, donc est isomorphe à Fqd. Par conséquent,P a au moins une racineα dansFqd. Comme, d’après le théorème 8.4.2, l’extensionFq Fqd est galoisienne, alors P = IrrFq(α) est scindé sur Fqd. Par conséquent, P divise le polynôme

(∗d) Xqd−X= Y

x∈Fqd

(X−x).

De plus, on a vu dans la preuve du théorème 8.3.3 que Xqd −X divise Xqn −X. Ceci découle aussi de l’inclusion Fqd Fqn (établie en 8.3.3), et de l’égalité

(∗n) Xqn−X= Y

x∈Fqn

(X−x).

Donc, P divise Qn := Xqn −X. Ceci montre que Qn est divisible par le terme de droite de(1).

2. Réciproquement, soit R un facteur irréductible, unitaire, de degré d, deQn dansFq[X]et soit αune racine de R dansFqn. AlorsR =IrrFq(α) et doncdegFq(α) =d. Par conséquent, on a

Fqd =Fq[α]Fqn,

et, d’après le théorème 8.3.3, ceci entraîne que d | n. Ceci montre que Qn n’a pas d’autres facteurs irréductibles que lesP ∈I(d, q), pourd|n.

3. Enfin, les facteurs irréductibles de Qn sont tous de multiplicité 1, puisqueQn a des racines simples, d’après (∗n). Ceci prouve l’égalité (1)du théorème, et l’égalité(2)en découle en prenant les degrés. ¤

Théorème 8.5.4 (Description des polynômes irréductibles sur Fq) SoitP ∈I(d, q) et soitα Fqd une racine de P. Alors,

(3) P = (X−α)(X−αq)· · ·(X−αqd−1).

En particulier, l’orbite deα sous Gal(Fqd/Fq) a exactementd éléments.

Démonstration. D’après le théorème 8.4.2, l’extension Fq Fqd est ga- loisienne, de groupe

G:=Gal(Fqd/Fq) ={1,Frq, . . . ,Frd−1q } ∼=Z/dZ.

(9)

D’autre part, d’après la proposition 7.4.1, l’on a : P =IrrFq(α) = Y

β∈Gα

(X−β).

Comme degP = d, l’orbite a d éléments ; elle est donc formée des élé- ments α, αq, . . . , αqd−1, qui sont deux à deux distincts. Ceci prouve le théo- rème. ¤

8.6 La clôture algébrique de F

q

8.6.1 Corps algébriquement clos

Définition 8.6.1 Soit k⊆K une extension de corps et soit P ∈k[X]non constant. On dit queP est scindé dansK[X], ou sur K, siP se décompose dansK[X]comme produit de facteurs du premier degré, c.-à-d.,

P =c(X−α1)· · ·(X−αd),

d= degP,c est le coefficient dominant deP, et lesαi sont dansK (pas nécessairement distincts).

Définition 8.6.2 Un corpsK est dit algébriquement clos si toutP ∈K[X]

non constant a au moins une racine dans K.

Lemme 8.6.1 Si K est algébriquement clos, tout P K[X] non constant est scindé.

Démonstration.Par récurrence surd= degP. C’est clair si d= 1. Sup- posons d≥2 et l’assertion établie en degré< d. Soit P ∈K[X]de degréd.

Comme K est algébriquement clos, P possède dans K au moins un racine α, donc se factorise en P = (X−α)Q, avec Q∈K[X]de degré d−1. Par hypothèse de récurrence,Qest scindé dans K[X], et donc il en est de même de P

Définition 8.6.3 Soitk⊆K une extension de corps. On dit queK est une clôture algébrique de k si K est algébriquement clos et si tout élément de K est algébrique surk.

(10)

8.6.2 Le corps Fp

Soit (mi)i≥1 une suite d’entiers 1 tendant vers +∞ et “suffisamment divisible” au sens suivant : pour tout i≥1,mi divise mi+1, et idivise mi. On peut prendre, par exemple,mi =i!.

Posons K0 =Fp et pour tout i≥1, soit Ki un corps de décomposition surKi−1 du polynôme

Xpmi −X.

Alors,Ki =Fpmi et on a une suite croissante K0 ⊆K1 ⊆K2 ⊆ · · · On noteFp la réunion desKi.

Proposition 8.6.2 (Premières propriétés deFp)

1) Pour tout d≥1, Fp contient un unique sous-corps de cardinal pd; on le noteraFpd(Fp).

2) Fixons r 1 etq =pr. On a Fp=S

n≥1Fqn!(Fp).

Démonstration. 1) Soient d 1 et q = pd. Par hypothèse, d divise md donc

Fpd Fpmd Fp.

De plus, le polynôme Xq−X a toutes ses racines, deux à deux distinctes, dansFq, et ces racines sont exactement les éléments de Fq.

Par conséquent,Fq est l’unique sous-corps deFp de cardinalq. En effet, si L en est un autre alors, comme le groupe multiplicatif L× est cyclique d’ordre q 1, les éléments de L sont exactement les racines dans Fp du polynômeXq−X, c.-à-d., les élément de Fq. Ceci prouve le point 1).

2) Pour tout d≥1, notons simplementFpd l’unique sous-corps de Fp de cardinalpd. Par définition, l’on a

Fp =[

i≥1

Fpmi.

Fixonsq =pr et montrons que

(∗) [

i≥1

Fpmi = [

n≥1

Fqn!.

Pour tout i 1, on a Fpmi Fqmi!, puisque mi divise mi!. Ceci prouve l’inclusion ⊆. Réciproquement, soit n 1. par hypothèse, i = rn! divise mi =mrn!et doncFqn! Fpmrn!. Ceci prouve l’inclusion⊇, et donc l’égalité dans(∗). La proposition est démontrée.¤

(11)

Théorème 8.6.3 (Existence et unicité d’une clôture algébrique de Fq)

1) Fp est une clôture algébrique deFq, pour tout q=pd. 2) Toute clôture algébrique de Fq estFq-isomorphe à Fp.

Démonstration.Fixonsq =pdet désignons parFql’unique sous-corps de Fp àq éléments.

1) Soitx Fp. Il existe i≥1 tel quex Fpmi, et doncx est algébrique sur Fp, et a fortiori sur Fq. Donc, pour prouver 1), il suffit de montrer que Fp est algébriquement clos. Soit P =a0+a1X+· · ·+adXdFp[X], non- constant. Il existe i≥1 tel quea0, . . . , ad ∈Ki = Fpi. Soit Ki0 un corps de décomposition deP surKi et soit r = [Ki0:Ki]. AlorsKi0 est isomorphe au sous-corps Fpnir de Fp et doncP est scindé sur ce sous-corps, a fortiori sur Fp. Ceci prouve que Fp est une clôture algébrique deFq.

PosonsK=Fpet, pour toutn≥1, désignons parKnl’unique sous-corps de K de cardinal qn!. Ainsi, K1 est le corps Fq considéré dans le théorème, et l’on a, d’après la proposition précédente,

(1) K = [

n≥1

Kn.

Considérons une extension Fq L et supposons que L soit une clôture algébrique de Fq. Comme L est algébriquement clos, le polynôme Qn :=

Xqn! −X ∈L[X]est scindé ; et comme ses racines sont simples,L contient un sous-corps de cardinal qn!. En raisonnant comme dans la preuve de la proposition précédente, on obtient que L contient un unique sous-corps de cardinal qn!, dont les éléments sont les racines dansLde Qn. Notons-le Ln. En particulier, L1 égaleFq, identifié à K1.

D’autre part, soit x L. Par hypothèse, x est algébrique sur Fq; soit d = degFq(x) son degré. Alors le sous-corps Fq[x] de L est de cardinal qd, donc est contenu dansLd (puisque ddivised!). Par conséquent, on a

(2) L= [

n≥1

Ln.

Montrons maintenant, par récurrence sur n, qu’on peut prolonger l’identifi- cation L1 =K1 =Fq en unFq-isomorphisme τn:Ln Kn.

Supposons l’assertion établie au crann. Commençons par remarquer que τn(Qn+1) =Qn+1, puisque les coefficients deQn+1 sont dans Fp. Observons ensuite que, comme Ln+1, resp. Kn+1, contient Ln, resp. Kn, et est formé

(12)

des racines de Qn+1 dans L, resp. K, alors Ln+1, resp. Kn+1, est un corps de décomposition deQn+1 sur Ln, resp. Kn. Par conséquent, d’après le 1er théorème fondamental 7.3.5, τn se prolonge en un Fq-isomorphisme τn+1 : Ln+1 Kn+1.

On obtient ainsi une suite infinie(τ1, τ2,· · ·) d’isomorphismesτn:Ln Kn, tels queτ1 =idFq et

(3) ∀r≥n, τr|Ln =τn.

On définit alorsτ :L→K par la formule : τ(x) =τn(x) six∈Ln. Ceci est bien défini d’après (3). Il est alors clair que τ est un morphisme de corps, donc est injectif. De plus, son image contientKn, pour toutn≥1, donc égale K. Par conséquent, τ est un Fq-isomorphisme de L sur K. Le théorème est démontré.¤

8.6.3 Clôtures algébriques en général

Dans le cas des corps finis, on a pu démontrer explicitement, de façon constructive, l’existence et l’unicité d’une clôture algébrique. En fait, on peut démontrer ce résultat pour un corps arbitraire, en utilisant des arguments de théorie des ensembles et le lemme de Zorn. C.-à-d., on a le théorème ci-dessous. On renvoie à [Ja2, §8.1] ou [Dou], tome 2, §5.2 pour une démons- tration, et à [La, §VII.2] pour une autre.

Théorème 8.6.4 (Théorème de Steinitz)

Tout corps k admet une clôture algébrique, unique àk-isomorphisme près.

Remarque 8.6.1 On verra plus loin que le corps C des nombres com- plexes est algébriquement clos. Ceci peut se démontrer, par exemple, par des méthodes d’analyse élémentaire, ou bien en utilisant la théorie de Ga- lois. D’autre part, on a les résultats ci-dessous.

Proposition 8.6.5 (Fermeture algébrique de k dans K) Soitk⊂K une extension de corps. L’ensemble

Kalg/k ={x∈K|x est algébrique surk}

est un sous-corps de K, appelé la fermeture algébrique de k dans K.

Démonstration. Posons K0 = Kalg/k. Il est clair que 1 K0. Soient x, y∈K0. Alors la sous-algèbre k[x]est un corps, de degréd= degk(x) sur k. Commeyest algébrique surk, il l’est aussi surk[x]et donc la sous-algèbre

(13)

k[x, y] = k[x][y] est un corps, égal à k(x, y), et de degré f = degk[x](y) sur k[x]. Donc,

[k(x, y) :k] = [k(x, y) :k(x)][k(x) :k] =f d <∞.

Comme k(x, y)contient x+y etxy, ces deux éléments sont algébriques sur k, c.-à-d., appartiennent à K0. Ceci montre queK0 est un sous-corps de K.

¤

Théorème 8.6.6 Soitk⊆Lune extension de corps. On supposeLalgébri- quement clos. Posons

k=Lalg/k={x∈L|x est algébrique sur k}.

Alors k est une clôture algébrique dek.

Démonstration. D’après la proposition précédente, k est un corps, al- gébrique sur k. Montrons que k est algébriquement clos. Soit P = a0 + a1X+· · ·+adXd∈k[X]. Comme lesai sont algébriques surk, le sous-corps K =k[a0, . . . , ad]est de degré finin surk, d’après la proposition 7.2.5.

D’autre part, comme L est algébriquement clos, il existe α L tel que P(α) = 0. Alorsαest algébrique surKet doncK(α)est de degré fini, disons r, surK. Alors

rn= [K(α) :k] = [K(α) :k(α)][k(α) :k],

d’où [k(α) : k]<+∞. Donc α est algébrique sur k, c.-à-d., appartient à k.

Ceci montre quek est algébriquement clos. Le théorème est démontré. ¤ En admettant pour le moment le fait queCsoit algébriquement clos, on obtient ainsi le corollaire suivant.

Corollaire 8.6.7 Le corps Q := {z C | z est algébrique sur Q} est une clôture algébrique de Q.

(14)
(15)

Table des matières

1 Anneaux, idéaux, localisation 1

1.1 Anneaux et corps . . . 1

1.2 Idéaux, idéaux premiers et maximaux . . . 3

1.3 Anneaux quotients . . . 5

1.3.1 Anneaux non-commutatifs et idéaux bilatères . . . 8

1.4 Anneaux de fractions, localisation . . . 9

1.4.1 Le cas intègre . . . 9

1.4.2 Le cas général . . . 12

2 Modules et produit tensoriel 15 2.1 Modules : définitions . . . 15

2.2 Modules quotients . . . 18

2.3 Modules de type fini . . . 19

2.4 Modules quotients associés à un idéal bilatère . . . 21

2.5 Groupes ou modules d’homomorphismes . . . 23

2.5.1 Applications à valeurs dans un A-module . . . . 24

2.5.2 Morphismes de A-modules . . . . 24

2.6 Produits et sommes directes . . . 25

2.7 A-modules libres et A-modules sans torsion . . . . 30

2.8 A-modules libres de type fini, invariance du rang . . . . 34

2.9 Lemme de Zorn et existence de sous-modules maximaux . . . 36

2.9.1 Le lemme de Zorn . . . 36

2.9.2 Sous-modules maximaux des modules de type fini . . . 37

2.10 Produit tensoriel . . . 38

2.10.0 Remarque préliminaire . . . 39

2.10.1 Applications bilinéaires . . . 39

2.10.2 Définition du produit tensoriel . . . 41

2.10.3 Propriétés du produit tensoriel . . . 43

(16)

3 Algèbres, polynômes, algèbres de type fini 49

3.1 Algèbres et extension des scalaires . . . 49

3.1.1 Algèbres . . . 49

3.1.2 Extension et restriction des scalaires . . . 49

3.1.3 Localisation de modules . . . 51

3.1.4 Produit tensoriel de A-algèbres . . . . 52

3.2 Algèbres de polynômes et algèbres de type fini . . . 53

3.2.1 Monoïdes et algèbres associées . . . 53

3.2.2 Algèbres de polynômes . . . 54

3.2.3 Algèbres de type fini . . . 56

4 Anneaux et modules noethériens 57 4.1 Modules noethériens . . . 57

4.2 Anneaux noethériens . . . 59

4.3 Le théorème de transfert de Hilbert . . . 60

4.4 Un résultat d’Artin et Tate . . . 61

4.5 Divisibilité, éléments irréductibles . . . 62

5 Anneaux euclidiens, principaux, factoriels 65 5.1 Anneaux principaux et anneaux euclidiens . . . 65

5.2 Propriétés de l’anneauA[X] . . . 66

5.3 Anneaux factoriels . . . 67

5.3.1 Anneaux factoriels, lemmes d’Euclide et Gauss . . . . 67

5.3.2 Les anneaux principaux sont factoriels . . . 70

5.4 Valuations, PGCD et PPCM . . . 71

5.4.1 Valuations . . . 71

5.4.2 PPCM et PGCD . . . 73

5.4.3 Le théorème de Bezout . . . 74

5.5 Le théorème de transfert de Gauss . . . 75

5.5.1 Énoncé du théorème . . . 75

5.5.2 Contenu d’un polynôme . . . 76

5.5.3 Preuve du théorème de transfert de Gauss . . . 78

6 Modules sur les anneaux principaux 79 6.1 Idéaux étrangers et théorème chinois . . . 79

6.2 Annulateurs et décomposition de modules . . . 83

6.2.1 Annulateurs et modules de torsion . . . 83

6.2.2 Décomposition des modules de I-torsion . . . . 84

6.2.3 Décomposition primaire des modules de torsion sur un anneau principal . . . 86

(17)

6.3 Modules de type fini sur un anneau principal . . . 89

6.3.1 Les résultats fondamentaux . . . 90

6.3.2 Réduction des matrices sur un anneau principal . . . . 92

6.3.3 Démonstration du point 1) du théorème fondamental . 98 6.3.4 Décomposition en somme de modules monogènes . . . 98

6.3.5 Unicité des facteurs invariants . . . 100

7 Extensions de corps et théorie de Galois 103 7.1 Sous-corps premier et caractéristique . . . 103

7.1.1 Les corps fondamentauxQetFp . . . 103

7.1.2 Sous-corps premier et caractéristique . . . 104

7.2 Extensions, éléments algébriques ou transcendants, degré . . . 106

7.2.1 Généralités sur les extensions . . . 106

7.2.2 Éléments algébriques ou bien transcendants . . . 107

7.2.3 Degré d’une extension . . . 108

7.3 Corps de rupture et corps de décomposition . . . 110

7.3.1 Corps de rupture d’un polynôme . . . 110

7.3.2 Corps de décomposition d’un polynôme . . . 111

7.4 L’arrivée des groupes . . . 114

7.4.1 Le groupe des k-automorphismes d’une extension . . . 114

7.4.2 Polynômes et extensions séparables . . . 116

7.4.3 Extensions galoisiennes . . . 117

7.5 Sous-corps invariants et correspondance de Galois . . . 120

7.5.1 Indépendance des caractères . . . 120

7.5.2 Invariants d’un groupe fini : théorème d’Artin . . . 122

7.5.3 Un rappel sur les groupes . . . 124

7.5.4 Le couronnement : correspondance de Galois . . . 125

7.6 Séparabilité . . . 127

7.6.1 L’opérateur de dérivation . . . 127

7.6.2 Racines multiples et séparabilité . . . 128

7.7 Clôture normale, théorème de l’élément primitif . . . 129

7.7.1 Clôture normale ou galoisienne . . . 129

7.7.2 Extensions simples, éléments primitifs . . . 130

8 Corps finis et leur clôture algébrique 133 8.1 Cardinal et groupe multiplicatif d’un corps fini . . . 133

8.2 Endomorphismes de Frobenius . . . 134

8.2.1 La formule du binôme . . . 134

(18)

8.2.2 Les morphismes Frp et Frpn . . . 135

8.3 Existence et unicité des corpsFpn . . . 136

8.4 Groupe de Galois deFqn surFq . . . 138

8.5 Théorème de l’élément primitif, et polynômes irréductibles sur Fq . . . 139

8.6 La clôture algébrique deFq . . . 141

8.6.1 Corps algébriquement clos . . . 141

8.6.2 Le corps Fp . . . 142

8.6.3 Clôtures algébriques en général . . . 144

(19)

Bibliographie

[] Voici une bibliographie provisoire (elle aussi en évolution au fil du texte).

[AM] M. Atiyah, I. G. Macdonald, Commutative algebra, Addison-Wesley, 1969.

[Art] E. Artin, Galois Theory, nouvelle édition, Dover, 1998.

[Bla] A. Blanchard, Les corps non commutatifs, P.U.F., 1972.

[BAlg] N. Bourbaki, Algèbre, Chapitres 4 à 7, Masson, 1981.

[BM] J. Briançon, Ph. Maisonobe, Éléments d’algèbre commutative (ni- veau M1), Ellipses, 2004.

[Die] J. Dieudonné, Cours de géométrie algébrique, tome 2, P.U.F., 1974.

[Dou] A. Douady, R. Douady, Algèbre et théories galoisiennes (2 tomes), Cedic Fernand Nathan, 1977.

[Esc] J.-P. Escofier, Théorie de Galois, Dunod, 2000.

[Ja1] N. Jacobson, Basic algebra I, W. H. Freeman & Co., 1974.

[Ja2] N. Jacobson, Basic algebra II, W. H. Freeman & Co., 1980.

[Kri] J.-L. Krivine, Théorie des ensembles, Cassini, 1998.

[Ku] E. Kunz, Introduction to commutative algebra and algebraic geome- try, Birkhäuser, 1985.

[La] S. Lang, Algebra, Addison-Wesley, 1965. Traduction française de la 3ème édition : Algèbre, Dunod, 2004.

[Laf] J.-P. Lafon, Les formalismes fondamentaux de l’algèbre commutative, Hermann, 1974.

[Pe1] D. Perrin, Cours d’algèbre, E.N.S.J.F. 1981, et 3ème édition, Ellipses, 1996.

[Pe2] D. Perrin, Géométrie algébrique - Une introduction, Inter Éditions/- CNRS Éditions, 1995.

(20)

[Sa] P. Samuel, Théorie algébrique des nombres, Hermann, 1967.

[SD] H.P.F. Swinnerton-Dyer, A brief guide to algebraic number theory, C.U.P., 2001.

Références

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