• Aucun résultat trouvé

Schémas en groupes et poids de Diamond-Serre

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Schémas en groupes et poids de Diamond-Serre"

Copied!
19
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-00145173

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00145173

Preprint submitted on 9 May 2007

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Schémas en groupes et poids de Diamond-Serre

Xavier Caruso

To cite this version:

Xavier Caruso. Schémas en groupes et poids de Diamond-Serre. 2007. �hal-00145173�

(2)

hal-00145173, version 1 - 9 May 2007

Sch´emas en groupes et poids de Diamond-Serre

Xavier Caruso Avril 2007

Table des mati` eres

1 Rappel du contexte 2

1.1 La conjecture de Buzzard, Diamond et Jarvis . . . . 2

1.2 Enonc´e (vague) de la proposition 3.3.1 . . . . ´ 2

2 La th´ eorie de Breuil 4 2.1 D´efinitions . . . . 4

2.2 Description en rang 1 . . . . 5

3 La condition B’ : sch´ emas en groupes 7 3.1 L’´equivalence de Breuil . . . . 7

3.2 Sch´emas en groupes de classe J . . . . 7

3.3 Explication de la condition B’ . . . . 8

4 La condition B : relev´ es cristallins 8 4.1 Repr´esentations cristallines . . . . 8

4.2 Description en rang 1 . . . . 9

4.3 Th´eorie de Fontaine-Laffaille . . . . 9

4.4 R´eduction modulo p . . . . 10

4.5 Explication de la condition B . . . . 10

5 Preuve de la proposition 3.3.1 de [6] 10 5.1 Modules associ´es aux relev´es cristallins . . . . 11

5.2 Modules associ´es aux E-groupes G . . . . 11

5.3 Interlude : d´efaut de pleine fid´elit´e . . . . 13

5.4 Fin de la d´emonstration . . . . 15

Cette note fait suite ` a un expos´e que j’ai donn´e pour la deuxi`eme partie du groupe de travail sur les g´en´eralisations de la conjecture de modularit´e de Serre organis´e par Christophe Breuil, Guy Henniart, Ariane M´ezard et Rachel Ollivier au printemps 2007. Le th`eme de l’expos´e est la proposition 3.3.1 de [6] : il s’agit d’abord de pr´esenter le mat´eriel de th´eorie de Hodge p-adique n´ecessaire pour comprendre l’´enonc´e de cette proposition, puis d’en donner une d´emonstration.

Nous avons jug´e utile d’´ecrire ce texte car la r´edaction de [6] est souvent lacunaire ou impr´ecise et, surtout, contient une erreur : telle qu’´enonc´ee dans [6], la proposition 3.3.1 est fausse, comme l’auteur de cette note s’en est rendu compte lors de la pr´eparation de l’expos´e. Il est en fait assez d´elicat de comprendre ce qu’il faut modifier pour rendre l’´enonc´e juste, et c’est Gee lui-mˆeme qui a propos´e la bonne correction qui consiste ` a changer la d´efinition de classe J (d´efinition 3.2) en introduisant un d´ecalage d’indice. Cela fait, il n’est pas non plus imm´ediat de saisir comment les arguments de [6] s’adaptent ` a ce nouvel ´enonc´e. Cette partie du travail a ´et´e accomplie par l’auteur de cette note.

Nous pr´esentons dans ce papier la version modifi´ee de la proposition 3.3.1 accompagn´ee de sa

d´emonstration (correcte, nous l’esp´erons). Notons pour finir que Gee affirme que c’est bien cette

version modifi´ee qu’il utilise par la suite dans son article ; ainsi, la discussion pr´ec´edente ne remet

(3)

a priori pas en cause les r´esultats de [6]. Nous esp´erons que ce texte pourra ˆetre utile `a tous ceux qui veulent apprendre la th´eorie.

1 Rappel du contexte

La proposition 3.3.1 de [6] est un r´esultat de th´eorie de Hodge p-adique pure, et peut tout

`

a fait ˆetre ´enonc´ee (et prouv´ee) sans aucune r´ef´erence ` a la conjecture de modularit´e pour les corps totalement r´eels ´enonc´ee par Buzzard, Diamond et Jarvis dans [4]. Toutefois, en proc´edant ainsi, il deviendrait difficile de comprendre l’int´erˆet de cet ´enonc´e, et c’est pourquoi nous pr´ef´erons consacrer ce premier chapitre ` a un bref rappel du contexte 1 , ce qui permettra par l`a-mˆeme de fixer les notations 2 .

1.1 La conjecture de Buzzard, Diamond et Jarvis

Fixons p un nombre premier et F un corps de nombres totalement r´eel dans lequel p est non ramifi´e. Notons O F l’anneau des entiers de F et G F son groupe de Galois absolu. Fixons ´egalement F ¯ p une clˆ oture alg´ebrique du corps fini ` a p ´el´ements F p . Soit ρ : G F → GL 2 (¯ F p ) une repr´esentation que l’on supposera toujours continue, irr´eductible et totalement impaire. La g´en´eralisation naturelle de la conjecture de modularit´e de Serre est la suivante :

Conjecture 1.1. Avec les notations pr´ec´edentes, ρ est modulaire, c’est-`a-dire qu’elle est isomorphe

`a la r´eduction modulo p d’une repr´esentation associ´ee `a une forme modulaire de Hilbert.

Le travail de Buzzard, Diamond et Jarvis a consist´e ` a produire une version raffin´ee de la conjecture pr´ec´edente, dans laquelle on pr´edit en outre le poids de la forme modulaire. Pour ´enoncer cette forme plus pr´ecise, on commence par d´efinir la notion de poids utilis´ee dans ce contexte : D´ efinition 1.2. Un poids de Diamond-Serre est une (classe d’isomorphisme de) repr´esentation(s) irr´eductible(s) de GL 2 (O F /p) ` a coefficients dans ¯ F p .

Buzzard, Diamond et Jarvis d´efinissent 3 d’une part la notion d’ˆetre modulaire de poids σ (pour une repr´esentation v´erifiant les mˆemes hypoth`eses que ρ) et d’autre part un certain ensemble de poids (de Diamond-Serre) d´ependant de ρ et not´e W (ρ). Ils ´emettent alors la conjecture :

Conjecture 1.3. La repr´esentation ρ est modulaire de poids σ si, et seulement si σ ∈ W (ρ).

Ils d´emontrent de plus que la modularit´e de poids σ (pour un σ) implique la modularit´e (tout court) et que l’ensemble W (ρ) n’est jamais vide. Ainsi la conjecture 1.3 implique-t-elle la conjecture 1.1. Le r´esultat principal de [6] en est une r´eciproque partielle : sous certaines hypoth`eses suppl´ementaires sur ρ, la conjecture 1.1 implique l’´equivalence de la conjecture 1.3 pour certains poids σ, dits r´eguliers (voir d´efinition 1.4).

1.2 Enonc´ ´ e (vague) de la proposition 3.3.1

Nous commen¸cons par donner quelques indications (celles qui seront n´ecessaires pour l’expos´e) sur la d´efinition de W (ρ). Par le lemme chinois, le groupe GL 2 (O F /p) se d´ecompose comme le produit des GL 2 (k v ) o` u v parcourt l’ensemble des id´eaux premiers au-dessus de p et o` u k v d´esigne le corps r´esiduel associ´e. Tout poids σ se d´ecompose comme un produit tensoriel de repr´esentations irr´eductibles de GL 2 (k v ). La d´efinition de W (ρ) est locale en ce sens que l’on d´efinit d’abord des ensembles W v (ρ) de repr´esentations irr´eductibles de GL 2 (k v ) et que l’on convient ensuite que σ ∈ W (ρ) si, et seulement si ses facteurs locaux appartiennent tous aux ensembles W v (ρ) respectifs.

De plus, W v (ρ) ne d´epend que de la restriction de ρ au groupe de d´ecomposition en v.

1

Qui, lors du groupe de travail, a fait l’objet d’un expos´ e complet d’Ariane M´ ezard.

2

Certaines notations de [6] diff` erent de celles de [4]. Nous employons naturellement dans cette note celles de [6].

3

On donnera dans la suite de l’expos´ e quelques morceaux de ces d´ efinitions. Pour une d´ efinition compl` ete, on

renvoie le lecteur aux sections 2 et 3 de [4].

(4)

Notations A partir de maintenant, et jusqu’` ` a la fin de cette note, nous fixons une place v au- dessus de p. Ainsi nous pourrons nous affranchir des indices v. Par exemple, nous notons plus simplement k `a la place de k v : c’est une extension finie de F p dont nous d´esignons par la lettre r le degr´e. Introduisons encore quelques notations. Soit K 0 le compl´et´e de F en la place v, c’est une extension finie non ramifi´ee de Q p de corps r´esiduel k. Soit K = K 0 (π) o` u π est une racine (p r − 1)-i`eme de (−p), c’est une extension galoisienne 4 totalement ramifi´ee de K 0 . On note G le groupe de Galois de cette extension, et e son degr´e, i.e. e = p r − 1. Soit O K

0

(resp O K ) l’anneau des entiers de K 0 (resp. de K). Soient G K

0

(resp. G K ) le groupe de Galois absolu de K 0 (resp.

de K) et I K

0

(resp. I K ) son sous-groupe d’inertie. On remarque que ρ induit par restriction une repr´esentation de G K

0

(qui peut ˆetre, elle, non irr´eductible). Dans la suite, on notera simplement ρ pour ρ

|GK0

et on ne consid`erera plus la repr´esentation globale.

D´efinissons le caract`ere galoisien 5 ω : G K

0

→ k , g 7→ g(π) π o` u le calcul est effectu´e dans K puis r´eduit modulo π. Nous consid´ererons souvent ω comme un caract`ere de I K

0

(par restriction) ou de G (par passage au quotient). Soit S = Z /r Z . Fixons un plongement τ 0 : k → F ¯ p et pour tout i ∈ S, notons τ i = τ 0 ◦ Frob

−i

o` u Frob : x 7→ x p est le Frobenius arithm´etique. Pour finir, posons ω i = τ i ◦ ω pour tout i ∈ S. On a les relations τ i+1 p = τ i et ω i+1 p = ω i .

D´ efinition de l’ensemble W v (ρ) On rappelle que les repr´esentations irr´eductibles de GL 2 (k) s’´ecrivent comme suit :

O

i∈S

det a

i

Sym b

i−1

k 2 ⊗ τ

i

F ¯ p

o` u les a i et les b i sont des entiers avec 1 6 b i 6 p. On peut ´egalement choisir les a i dans l’intervalle [0, p − 1] de telle sorte que tous ne soient pas ´egaux ` a p − 1. Avec cette condition suppl´ementaire, les repr´esentations ´ecrites pr´ec´edemment sont deux ` a deux non isomorphes.

D´ efinition 1.4. Un poids de Diamond-Serre est dit r´egulier en v si, sur la description pr´ec´edente, on a 2 6 b i 6 p − 2 pour tout i ∈ S.

Il est dit r´egulier s’il est r´egulier en toutes les places v.

On suppose `a partir de maintenant de ρ est r´eductible de la forme ρ ≃

ψ

⋆ 0 ψ

′′

pour des caract`eres ψ

et ψ

′′

de G K

0

.

D´ efinition 1.5. L’ensemble W (ρ) est constitu´e des repr´esentations irr´eductibles σ de GL 2 (k) (dont on note a i et b i les entiers associ´es), telles qu’il existe J un sous-ensemble de S pour lequel les deux conditions suivantes sont satisfaites :

Condition A : ψ

|IK

0

≃ Y

i∈S

ω i a

i

Y

i∈J

ω b i

i

et ψ

|I′′K

0

≃ Y

i∈S

ω a i

i

Y

i6∈J

ω i b

i

Condition B : « ρ admet un relev´e cristallin d’un certain type. »

Pour des raisons de commodit´e qui apparaitront plus clairement vers la fin de cette note, on introduit

1

J et ¯

1

J les fonctions indicatrices respectives des ensembles J et S\J . Ainsi, par exemple, la condition A se r´e´ecrit sous la forme suivante :

ψ

|IK

0

≃ Y

i∈S

ω i a

i

+b

i1j

(i) et ψ

|I′′K

0

≃ Y

i∈S

ω a i

i

+b

i

¯

1j

(i) .

But de l’expos´ e L’objet de la proposition 3.3.1 de [6] est de donner, dans le cas des poids r´eguliers, une expression de la condition B en termes de sch´emas en groupes. Sch´ematiquement, cette proposition prend la forme qui suit :

Proposition 1.6. On consid`ere un poids σ pour lequel a i = 0 et 2 6 b i 6 p − 2 pour tout i. On fixe un sous-ensemble J ⊂ S et on suppose que la condition A est satisfaite. Alors la condition B est ´equivalente ` a la :

4

En effet, k ≃ F

pr

contient les racines (p

r

− 1)-i` eme de l’unit´ e et donc K

0

aussi.

5

Il n’est pas paru clair ` a l’auteur de cette note, si dans [6], le caract` ere ω et les ω

i

qui en d´ ecoulent sont ceux

d´ efinis ici ou leurs inverses : Gee semble dire qu’il s’agit des inverses, mais certaines utilisations qu’il en fait laisse

croire le contraire. Nous choisissons cette d´ efinition ici, car elle est plus adapt´ ee pour notre propos, et en plus en

accord avec l’expos´ e pr´ ec´ edent et les notations de [4].

(5)

Condition B’ : « ρ

|GK

est la fibre g´en´erique d’un sch´ema en groupes sur O K muni d’une donn´ee de descente de K ` a K 0 , d’un certain type. »

Evidemment, il reste ` ´ a pr´eciser le sens des deux occurrences de l’expression « un certain type » . Pour cela, on a besoin d’introduire certaines notions de th´eorie de Hodge p-adique, et notamment la th´eorie de Breuil. C’est l’objet de la section suivante. Les sections 3 et 4 sont consacr´ees respec- tivement `a l’explication des conditions B’ et B, et la proposition 1.6 est finalement prouv´ee dans la section 5.

2 La th´ eorie de Breuil

2.1 D´ efinitions

Objets d’alg` ebre lin´ eaire On fixe κ un entier compris 6 entre 2 et p − 1, ainsi que E une extension finie de F p contenue dans ¯ F p . Posons ˜ S = (k ⊗

Fp

E)[u]/u ep (o` u, rappelons-le, e = p r − 1).

Pour tout g ∈ G, on note ˆ g : ˜ S → S ˜ l’unique endomorphisme de (k ⊗

Fp

E)-alg`ebres qui envoie u sur (ω(g) ⊗ 1)u. Finalement, soit φ : ˜ S → S ˜ d´efini par l’´el´evation ` a la puissance p sur k[u]/u ep et l’identit´e sur E.

D´ efinition 2.1. On note E-BrMod κ−1 dd la cat´egorie dont les objets sont la donn´ee : i) d’un ˜ S-module libre M ;

ii) d’un sous-module Fil κ−1 M de M contenant u e(κ−1) M ;

iii) d’un op´erateur φ-semi-lin´eaire φ κ−1 : Fil κ−1 M → M dont l’image engendre M ;

iv) d’un op´erateur (k ⊗

Fp

E)-lin´eaire N : M → uM v´erifiant N(ux) = uN(x) − ux pour tout x ∈ M (condition de Leibniz), u e N (Fil κ−1 M) ⊂ Fil κ−1 M et φ κ−1 (u e N (x)) = N (φ κ−1 (x)) pour tout x ∈ Fil κ−1 M ;

v) de morphismes ˆ g-semi-lin´eaires [g] : M → M (g parcourant G) v´erifiant [id] = id et [gh] = [g] ◦ [h] pour tous g et h.

Les morphismes de cette cat´egorie sont les applications ˜ S-lin´eaires commutant `a toutes les struc- tures suppl´ementaires.

Faisons tout de suite deux remarques importantes. Primo, lorsque κ = 2, la donn´ee du N est automatique : on entend par l`a que si M est un ˜ S-module libre muni d’un Fil 1 M, d’un φ 1 et de [g] v´erifiant les conditions de la d´efinition, alors il existe un et un unique N d´efini sur ce module qui en fait un objet de E-BrMod 1 dd .

Secundo, si κ 6 κ

, on peut voir E-BrMod κ−1 dd comme une sous-cat´egorie pleine de E-BrMod κ dd

−1

grˆace au foncteur pleinement fid`ele ι : E-BrMod κ−1 dd → E-BrMod κ dd

−1

d´efini comme suit. ` A M ∈ E-BrMod κ−1 dd , on associe ι(M) = M (en tant que ˜ S-module) muni de Fil κ

−1

ι(M) = u e(κ

−κ)

Fil κ−1 M, de φ κ

−1

d´efini par φ κ

−1

(u e(κ

−κ)

x) = φ κ−1 (x) et des morphismes N et [g] qui restent inchang´es.

On remarque en particulier, que seules les structures qui ont chang´e de nom ont aussi chang´e de d´efinition ; ceci l´egitime le l´eger abus qui consiste ` a noter simplement M pour ι(M), ce que nous ferons par la suite. Signalons finalement que ι commute au foncteur T st , que nous d´efinissons ci-apr`es.

Foncteur vers Galois La cat´egorie E-BrMod κ−1 dd est munie d’un foncteur contravariant T st vers la cat´egorie des E-repr´esentations galoisiennes de G K

0

not´ee Rep E (G K

0

). Il est construit `a partir d’un certain anneau de p´eriodes. Contrairement ` a l’usage, la d´efinition de ce dernier n’est ici pas vraiment technique, puisqu’il s’agit simplement de ˆ A = O K ¯ /p hX i o` u la notation h·i fait r´ef´erence `a l’alg`ebre polynˆ omiale ` a puissances divis´ees. Cet anneau est une k[u]/u ep -alg`ebre grˆace au morphisme k[u]/u ep → A, ˆ u 7→ 1+X π

1

o` u π 1 est une racine p-i`eme de π fix´ee. Il est muni d’un id´eal Fil 1 A ˆ d´efini comme celui engendr´e par une racine p-i`eme de p, not´ee p 1 , et les puissances divis´ees γ i (X) pour i > 1. On d´efinit un op´erateur φ 1 : Fil 1 A ˆ → A ˆ semi-lin´eaire par rapport au Frobenius sur ˆ A par :

φ 1 (p 1 ) = −1 ; φ 1 (X) = (1 + X) p − 1

p ; φ 1 (γ i (X)) = 0, i > 2

6

Dans la suite de l’expos´ e, on n’utilisera que les valeurs particuli` eres κ = 2 et κ = p − 1.

(6)

o` u, bien entendu, la fraction est calcul´ee dans Z p [X] avant d’ˆetre r´eduite dans ˆ A. Pour 1 6 t 6 p−2, on note Fil t A ˆ la t-i`eme puissance de Fil 1 A ˆ et on d´efinit un morphisme additif φ t : Fil t A ˆ → A ˆ en posant φ t (x 1 · · · x t ) = φ 1 (x 1 ) · · · φ 1 (x t ) pour x i des ´el´ements de Fil 1 A. En outre, ˆ ˆ A est muni d’un op´erateur de monodromie N qui est l’unique morphisme O K ¯ -lin´eaire qui envoie γ i (X) sur (1 + X )γ i−1 (X ) pour tout i > 1. Finalement, ˆ A est muni d’une action de G K via la formule g(X ) = ω(g)(1 + X ) − 1 valable pour tout g ∈ G K

0

. Le foncteur T st s’obtient alors comme suit :

T st (M) = Hom k[u]/u

ep

,Fil

κ1

κ−1

,N (M, A) ˆ

o` u la notation signifie que l’on consid`ere les morphismes k[u]/u ep -lin´eaires compatibles `a Fil κ−1 , `a φ κ−1 et ` a N. Le groupe G K

0

agit sur ce module par la formule :

g · f : x 7→ g · f ([¯ g

−1

](x)) (1)

o` u g ∈ G K

0

et ¯ g d´esigne son image dans G. L’action de E sur T st (M) se fait, quant `a elle, par l’interm´ediaire de son action sur M.

Le foncteur ainsi d´efini T st est fid`ele. Il est aussi exact dans le sens o` u il transforme les suites exactes courtes dans la cat´egorie E-BrMod κ−1 dd (c’est-` a-dire les suites exactes courtes sur les ˜ S- modules sous-jacents qui induisent des suites encore exactes sur les Fil κ−1 ) en suites exactes courtes de repr´esentations galoisiennes. De plus, on a l’´egalit´e de dimension suivante :

dim E T st (M) = dim S ˜ M valable pour tout objet M ∈ E-BrMod κ−1 dd .

2.2 Description en rang 1

On suppose d´esormais que E contient un sous-corps isomorphe (non canoniquement) `a k. Il en r´esulte un isomorphisme d’anneaux k⊗

Fp

E ≃ E S donn´e par x⊗y 7→ (τ i (x)y) i∈S . En consid´erant les idempotents associ´es ` a cette d´ecomposition, on d´eduit que tout module sur k ⊗

Fp

E se d´ecompose de fa¸con canonique comme une somme directe de r espaces vectoriels sur E, k agissant sur cette

´ecriture diagonalement via ses divers plongements dans E.

En particulier, si M un objet de E-BrMod κ−1 dd , on peut ´ecrire : M = M 1 ⊕ M 2 ⊕ · · · ⊕ M r

o` u les M i sont des E[u]/u ep -modules libres. De mˆeme :

Fil κ−1 M = Fil κ−1 M 1 ⊕ Fil κ−1 M 2 ⊕ · · · ⊕ Fil κ−1 M r

avec u e(κ−1) M i ⊂ Fil κ−1 M i ⊂ M i . L’action de Frobenius sur k ⊗

Fp

E correspond au d´ecalage vers la droite sur E S ; on en d´eduit que l’op´erateur φ κ−1 induit pour tout i ∈ S des applications φ κ−1 : Fil κ−1 M i → M i+1 dont l’image engendre tout M i+1 . Du fait que les op´erateurs N et [g]

commutent `a l’action de E, il suit qu’ils stabilisent chacun des M i .

Soit maintenant M un objet de E-BrMod κ−1 dd qui est de rang 1 comme ˜ S-module. Dans la d´ecomposition M = L

i∈S M i , chacun des M i est libre de rang 1 sur E[u]/u ep . Ainsi, pour tout i, il existe un unique entier m i ∈ [0, e(κ − 1)] tel que Fil κ−1 M i = u m

i

M i .

Notons e 1 une base de M 1 . Posons e 2 = φ κ−1 (u n

1

e 1 ). Comme φ κ−1 : Fil κ−1 M 1 → M 2

engendre son image, e 2 forme n´ecessairement une base de M 2 . D´efinissons plus g´en´eralement par r´ecurrence e i+1 = φ κ−1 (u m

i

e i ). Chacun des e i est une base de M i et par cons´equent, on a une

´egalit´e de la forme e r+1 = ae 1 pour un certain a inversible dans E[u]/u ep .

Par ailleurs, si λ est un ´el´ement inversible de E[u]/u ep , on constate que modifier e 1 en λe 1

modifie e r+1 en φ r (λ) e r+1 et donc a en a φ

r

λ (λ) (o` u, rappelons-le, φ agit sur E[u]/u ep en laissant

fixe E et en envoyant u sur u p ). En ajustant correctement λ, on peut donc s’arranger pour avoir

a ∈ E .

(7)

Examinons maintenant l’action de la donn´ee de descente. Fixons i ∈ S. Pour tout g ∈ G, [g]

induit un automorphisme de M i . Ainsi, on peut ´ecrire [g]e i = α(g)e i pour une certaine fonction α : Gal(K/K 0 ) → (E[u]/u ep )

×

. La compatibilit´e au produit assure que α est un caract`ere. Il prend ainsi ses valeurs parmi les racines (p r − 1)-i`emes de l’unit´e dans (E[u]/u ep )

×

, dont on v´erifie facilement qu’elle sont toutes dans E . Ainsi α est un caract`ere de G ` a valeurs dans ¯ F p et, en tant que tel, il s’´ecrit comme une puissance de ω i , disons ω µ i

i

o` u µ i est d´efini modulo (p r − 1).

En ´ecrivant ` a pr´esent la commutation de [g] ` a φ 1 , on obtient la relation µ i+1 ≡ p(µ i + m i ) (mod p r − 1). Une combinaison lin´eaire judicieuse de ces relations permet d’´eliminer les µ i et conduit ` a la congruence :

p r m i + p r−1 m i+1 + · · · + p 2 m i+r−2 + pm i+r−1 ≡ 0 (mod p r − 1). (2) D´eterminons finalement l’op´erateur de monodromie. La relation de Leibniz montre que u m

i

divise N (u m

i

e i ). Comme ce dernier est ´el´ement de M i , il appartient n´ecessairement `a Fil κ−1 M i . Ainsi φ κ−1 (u e N (u m

i

e i )) = u ep φ κ−1 (N (u m

i

e i )) = 0, et donc N(e i+1 ) = 0. En r´esum´e, on vient de prouver la proposition suivante :

Proposition 2.2. Soit M un objet de E-BrMod dd de rang 1. Alors il existe des ´el´ements e i ∈ M i , des entiers m i compris entre 0 et e(κ − 1), des entiers µ i d´efinis modulo (p r − 1) et un ´el´ement a ∈ E tels que :

i) l’´el´ement e i forme une base de M i ; ii) l’´el´ement u m

i

e i engendre Fil κ−1 M i ;

iii) φ κ−1 (u m

i

e i ) = e i+1 pour 1 6 i 6 r − 1 et φ κ−1 (u m

r

e r ) = ae 1 ; iv) µ i+1 ≡ p(µ i + m i ) (mod p r − 1) ;

v) pour tout g ∈ G, [g](e i ) = ω i µ

i

(g)e i ; vi) N (e i ) = 0.

Dans ces conditions, les entiers m i v´erifient automatiquement la congruence (2) et nous notons : µ fil,i = p r m i + p r−1 m i+1 + · · · + p 2 m i+r−2 + pm i+r−1

p r − 1 .

R´eciproquement, l’objet d´efini pr´ec´edemment est dans la cat´egorie E-BrMod dd .

Remarque. Dans la proposition pr´ec´edente, les entiers m i , les classes de congruence des µ i et l’´el´ement a sont uniquement determin´es. Ce n’est par contre pas le cas des e i qui peuvent ˆetre chang´es en e

i = λe i pour n’importe quel λ ∈ E (le mˆeme pour chaque e i ). On peut v´erifier de surcroˆıt qu’il s’agit l`a du seul degr´e de libert´e autoris´e.

Proposition 2.3. Avec les notations de la proposition 2.2, l’action de G K

0

sur T st (M) se fait par l’interm´ediaire du caract`ere :

λ a · ω (κ−1)(1+p+p

2

+···+p

r−1

)−(µ

i

fil,i

) i

pour tout i ∈ S. Ici, λ a est le caract`ere non ramifi´e qui envoie un Frobenius g´eom´etique sur a.

Remarque. En particulier, ω i µ

i

fil,i

ne d´epend pas du choix de i, ce qui signifie que l’on a la congruence p(µ i + µ fil,i ) ≡ µ i+1 + µ fil,i+1 (mod p r − 1) pour tout i. Ceci peut se v´erifier ais´ement par ailleurs.

D´emonstration. Nous donnons simplement quelques id´ees de la preuve. On utilise bien entendu la formule T st (M) = Hom k[u]/u

ep

,Fil

κ−1

κ−1

,N (M, A). ˆ

Notons n le degr´e de E sur k et supposons pour simplifier a engendre cette extension. Alors la famille des a j e i (0 6 j 6 n − 1, i ∈ S) est une (k[u]/u ep )-base de M et un ´el´ement de T st (M) est enti`erement d´etermin´e par les images de ces vecteurs, images qui sont soumises `a certaines relations. La premi`ere de celle-ci est N(x ij ) = 0 (puisque f doit ˆetre compatible `a l’action de N ), c’est-` a-dire x ij ∈ O K ¯ /p. Les autres relations s’obtiennent en ´ecrivant la compatibilit´e `a Fil κ−1 et φ κ−1 .

Par ailleurs, on sait que T st (M) est un E-espace vectoriel de dimension 1 et donc qu’il a mˆeme cardinal que E, c’est-` a-dire p nr . Il suffit donc, pour d´eterminer T st (M), de trouver p nr solutions distinctes pour les x ij qui s’intuitent en fait assez facilement une fois que les ´equations sur les x ij

ont ´et´e ´ecrites.

Il ne reste alors plus qu’`a comprendre l’action de Galois.

(8)

3 La condition B’ : sch´ emas en groupes

3.1 L’´ equivalence de Breuil

Appelons E-groupe sur O K un sch´ema en E-vectoriels fini et plat sur O K . Une donn´ee de descente (de K `a K 0 ) sur un E-groupe G sur O K est la donn´ee, pour tout ´el´ement g ∈ G, d’un morphisme [g] : G → G rendant le diagramme suivant commutatif :

G

[g] // G

Spec(O K )

Spec(g) // Spec(O K )

et tel que le morphisme d´eduit G → g G (o` u g G est d´eduit de G par le changement de base Spec(g)) soit un morphisme de E-groupes, le tout ´etant soumis aux relations [id] = id et [gh] = [g] ◦ [h] pour g et h dans G.

Notons E-Gr dd la cat´egorie des E-groupes sur O K munis d’une donn´ee de descente. Le th´eor`eme fondamental suivant (voir [2], [3] et ´eventuellement [7]) permet de comprendre comment les cat´egories introduites dans la section 2 interviennent dans notre propos.

Theor` eme 3.1 (Breuil). Supposons p > 2. Il existe une anti-´equivalence 7 de cat´egories Gr : E-BrMod dd → E-Gr dd qui rend le diagramme suivant commutatif :

E-BrMod 1 dd

Gr

T

st

++

W W W W W W W W W W W

Rep E (G K

0

) E-Gr dd

33

g g g g g g g g g g g g g

o` u le foncteur E-Gr dd → Rep E (G K

0

) est celui donn´e par les K-points. ¯

Remarque. Dans le th´eor`eme pr´ec´edent, la cat´egorie de modules consid´er´ee correspond `a κ = 2. En particulier, on est dans la situation o` u l’op´erateur N est d´efini de fa¸con automatique.

3.2 Sch´ emas en groupes de classe J

Soit G un E-groupe sur O K avec donn´ee de descente et M son module associ´e. On suppose que M est de rang 1, et donc qu’il a la forme donn´ee par la proposition 2.2. Appelons m i , µ et a les invariants num´eriques qui interviennent. La donn´ee des m i permet de caract´eriser les groupes

´etales et ceux de type multiplication : exactement G est ´etale (resp. de type multiplicatif) si, et seulement si tous les m i sont ´egaux ` a e (resp. sont nuls). Pour J un sous-ensemble de S, nous introduisons suivant Gee, une notion interm´ediaire entre ces deux extrˆemes.

D´ efinition 3.2. Soit J ⊂ S. Avec les notations pr´ec´edentes, on dit que G est de classe J si 8 m i = e

1

¯ J (i + 1).

Remarque. Comme e = p r − 1, les m i donn´es par la d´efinition v´erifient toujours la congruence (2).

Proposition 3.3. Fixons J un sous-ensemble de S ainsi qu’un caract`ere ψ : G K

0

→ E trivial sur I K . Alors, il existe un unique E-groupe de classe J sur O K (avec donn´ee de descente) dont la repr´esentation galoisienne associ´ee correspond ` a ψ.

7

Dans [6], Gee travaille plutˆ ot avec le foncteur covariant Gr d´ efini par Gr( M ) = Gr

( M )

o` u « ∨ » d´ esigne le dual de Cartier. Cependant, dans (la preuve de) la proposition 3.3.1, il est contraint d’utiliser la version contravariante, et c’est pourquoi nous pr´ esentons celle-ci dans cette note.

8

La formule que nous donnons diff` ere en deux endroits de celle que l’on peut lire dans [6]. Tout d’abord, nous

´ ecrivons ¯

1J

` a la place

1J

, mais cela est simplement dˆ u au fait que nous utilisons le foncteur Gr

(et pas Gr). Le

second ´ ecart est que nous appliquons cette fonction non pas ` a i, mais ` a i + 1 : cela fait par contre une diff´ erence

consid´ erable et c’est ici que r´ eside l’erreur dans [6] que nous mentionnions au d´ ebut de cette note.

(9)

D´emonstration. Comme ψ est trivial sur I K , il s’´ecrit sous la forme λ b ω n 0 o` u λ b est le caract`ere non ramifi´e qui envoie un Frobenius g´eom´etique sur b. Le r´esultat d´ecoule alors des propositions 2.2 et 2.3 : avec leurs notations, il suffit de choisir :

µ i ≡ −p i n +

r

X

j=1

p r−j

1

J (i + j + 1) (mod p r − 1)

et a = b.

Remarque. D’apr`es la th´eorie du corps de classe, l’hypoth`ese de trivialit´e sur I K est en fait au- tomatique.

3.3 Explication de la condition B’

Prenons pour E un corps suffisamment grand pour que ρ se factorise par GL 2 (E). On suppose qu’il existe un sous-ensemble J de S pour lequel la condition A est satisfaite avec a i = 0 et 2 6 b i 6 p − 2 pour tout i. D’apr`es la proposition 3.3, il existe un unique E-groupe G

(resp. G

′′

) avec donn´ee de descente de classe J (resp. de classe S\J ) dont la repr´esentation galoisienne associ´ee s’identifie ` a E(ψ

) (resp. E(ψ

′′

)) via un isomorphisme f

(resp. f

′′

). La condition B’ s’exprime alors comme suit :

Condition B’ : Il existe un E-groupe G avec donn´ee de descente qui s’ins`ere dans une suite exacte courte 0 → G

→ G → G

′′

→ 0 et un isomorphisme G K

0

-´equivariant f : G( ¯ K) → E 2 (ρ) (o` u E 2 (ρ) est la repr´esentation de dimension 2 donn´ee par ρ) s’ins´erant dans un diagramme commutatif :

0 // G

( ¯ K) //

f

G( ¯ K) //

f

G

′′

( ¯ K) //

f

′′

0

0 // E(ψ

) // E 2 (ρ) // E(ψ

′′

) // 0

4 La condition B : relev´ es cristallins

4.1 Repr´ esentations cristallines

Posons O L = W (E) et L = O L [1/p]. Consid´erons le produit tensoriel K 0 ⊗

Qp

L et munissons-le d’un endomorphisme φ agissant comme le Frobenius sur K 0 et comme l’identit´e sur L. Comme pr´ec´edemment, on a un isomorphisme d’anneaux K 0 ⊗

Qp

L ≃ L S et l’op´erateur φ correspond par cet isomorphisme au d´ecalage vers la droite.

D´ efinition 4.1. Un L-module filtr´e est un (K 0 ⊗

Qp

L)-module libre D muni d’un op´erateur φ- semi-lin´eaire φ : D → D et d’une filtration par des (K 0 ⊗

Qp

L)-sous-modules (pas n´ecessairement libres) Fil t D exhaustive et s´epar´ee.

Soit D un L-module filtr´e. Il lui est associ´e deux invariants num´eriques. Le premier est son nombre de Newton, not´e t N (D), et est d´efini comme la pente de φ sur la puissance ext´erieure maximale de D consid´er´e comme K 0 -espace vectoriel. Le second est son nombre de Hodge, not´e t H (D), et est d´efini comme l’unique saut de la filtration sur la mˆeme puissance ext´erieure maximale.

On dit que D est faiblement admissible si t H (D) = t N (D) et si pour tout D

⊂ D stable par φ et muni de la filtration « intersection » , on a t H (D

) 6 t N (D

). Fontaine construit un foncteur pleinement fid`ele :

V cris : {L-module filtr´es faiblement admissibles} → Rep L (G K

0

)

d´efini par V cris (D) = Hom K

0

,Fil

·

,φ (D, B cris ) o` u B cris est un anneau de p´eriodes dont la d´efinition

est par exemple donn´ee dans [5]. Le foncteur V cris est de plus exact dans le sens o` u il transforme

suites exactes courtes en suites exactes courtes, une suite de L-modules filtr´es ´etant dite exacte si

elle induit pour tout t une suite exacte sur les Fil t . Finalement, l’image essentielle de V cris constitue

par d´efinition ce que l’on appelle les repr´esentations cristallines.

(10)

4.2 Description en rang 1

De l’isomorphisme K 0 ⊗

Qp

L ≃ L S , il r´esulte que tout module sur cet anneau s’´ecrit canonique- ment comme une somme directe de r espaces vectoriels sur L. En particulier, si D est un L-module filtr´e, on peut ´ecrire :

D = D 1 ⊕ D 2 ⊕ · · · ⊕ D r et Fil t D = Fil t D 1 ⊕ Fil t D 2 ⊕ · · · ⊕ Fil t D r (3) pour tout t. Les Fil t D i forment alors une filtration d´ecroissante exhaustive et s´epar´ee de D i . De plus le Frobenius induit par restriction des applications φ : D i → D i+1 .

Supposons ` a pr´esent que D est de rang 1. Les D i qui interviennent dans la d´ecomposition pr´ec´edente sont des L-espaces vectoriels de dimension 1. Soient e

1 une base de D 1 , e

2 = φ(e

1 ), e

3 = φ(e

2 ), etc. Comme e

1 et e

r+1 sont tous les deux des bases de D 1 , on a e

r+1 = λe

1 pour un certain λ ∈ L . Par ailleurs comme D i ´etant de dimension 1, il existe un unique entier m i tel que Fil t D i = D i si t 6 m i et Fil t D i = 0 sinon. La condition de faible admissibilit´e se traduit ici simplement par l’´egalit´e :

v(λ) = m 1 + m 2 + · · · + m r

o` u v est la valuation sur L normalis´ee par v(p) = 1. Ainsi, on peut ´ecrire λ = p m

1

+···+m

r

x o` u x est un ´el´ement inversible de O L . On a ainsi obtenu une description compl`ete de D. On peut la rendre un peu plus sym´etrique comme le r´esume la proposition suivante :

Proposition 4.2. Soit D un L-module filtr´e faiblement admissible de rang 1 sur K 0 ⊗

Qp

L. Alors, il existe des entiers m i , un ´el´ement x inversible dans O L et des e i ∈ D tels que :

i) pour tout i ∈ S, e i forme une base de D i ;

ii) pour tout i ∈ S , Fil t D i = D i si t 6 m i et Fil t D i = 0 sinon ; iii) pour 1 6 i 6 r − 1, φ(e i ) = p m

i

e i+1 et φ(e r ) = xp m

r

e 1 . D´emonstration. Il suffit de poser e i = p m

i

+m

i+1

+···+m

r

e

i .

Remarque. Les entiers m i et l’´el´ement a sont uniquement d´etermin´es. De plus, les m i sont reli´es `a des invariants plus usuels, puisque ce sont les oppos´es des poids de Hodge-Tate de la Q p -repr´esentation associ´ee `a D par le foncteur V cris .

4.3 Th´ eorie de Fontaine-Laffaille

L’un des buts de la th´eorie de Fontaine-Laffaille est de d´ecrire les r´eseaux stables par l’action de Galois dans les repr´esentations cristallines en terme de modules filtr´es. Pour y parvenir, la m´ethode consiste `a d´efinir des ´equivalents de ces r´eseaux dans les modules filtr´es faiblement admissibles dis- cut´es pr´ec´edemment. On aura cependant besoin d’une hypoth`ese suppl´ementaire sur la filtration : on demande qu’elle soit concentr´ee en bas degr´e. Plus pr´ecis´ement, Fontaine et Laffaille posent la d´efinition suivante :

D´ efinition 4.3. Soit D un L-module filtr´e. On suppose Fil 0 D = D et Fil p−1 D = 0. Un O L -r´eseau de D est la donn´ee d’un sous-(O K

0

Zp

O L )-module M de D v´erifiant :

i) M [1/p] = D ;

ii) pour tout t, l’application φ t = p φ

t

envoie Fil t M = M ∩ Fil t D dans M ; iii) P p−2

t=0 φ t (Fil t M ) = M .

Remarques. On n’a fait aucun hypoth`ese de faible admissibilit´e dans la d´efinition pr´ec´edente. En r´ealit´e, l’existence d’un r´eseau poss´edant ces propri´et´es est ´equivalente `a la faible admissibilit´e de D.

Le prototype de modules filtr´es de rang 1 donn´e par la proposition 4.2 admet le r´eseau ´evident M = P r

i=1 O L e i .

Par ailleurs, B cris contient lui aussi une structure enti`ere qui consiste en un sous-anneau A cris

(voir [5] pour une d´efinition) qui permet de relier les r´eseaux d´efinis pr´ec´edemment aux r´eseaux galoisiens. Pr´ecis´ement, consid´erons D un L-module filtr´e faiblement admissible tel que Fil 0 D = D et Fil p−1 D = 0 et notons V = V cris (D). On associe alors ` a tout O L -r´eseau M ⊂ D la repr´esentation :

T cris (M ) = Hom

OK0

,Fil

·

,φ (M, A cris )

(11)

qui est un r´eseau (au sens usuel) dans V . Fontaine et Laffaille montre que cette recette ´etablit une bijection entre les r´eseaux de D et les r´eseaux de V stables par Galois. De plus, ils prouvent que le foncteur T cris est lui aussi exact.

4.4 R´ eduction modulo p

Consid´erons D un L-module filtr´e. ` A un O L -r´eseau M ⊂ D, il est possible d’associer un objet de E-BrMod p−2 dd qui calcule la r´eduction modulo p de T cris (M ). Ceci se fait par les formules suivantes :

M = ˜ S ⊗

OK

0⊗ZpOL

M ; Fil p−2 M =

p−2

X

t=0

u et S ˜ ⊗

OK

0⊗ZpOL

Fil p−2−t M φ p−2 = P φ t ⊗ φ p−2−t ; N = N ⊗ id ; [g] = ˆ g ⊗ id pour tout g ∈ G

o` u par d´efinition φ t : u et S ˜ → S ˜ est l’unique application φ-semi-lin´eaire qui envoie u et sur 1. Le fait que M calcule la r´eduction modulo p de T cris (M ) signifie que l’on a une identification canonique T cris (M )/pT cris (M ) ≃ T st (M).

En particulier, consid´erons χ : G K

0

→ L le caract`ere qui correspond via V cris `a l’objet D de la proposition 4.2. Comme G K

0

est un groupe compact, il prend ses valeurs dans O L

×

, et on peut consid´erer ψ sa r´eduction modulo p ; c’est un caract`ere ` a valeurs dans E et un calcul direct `a partir de ce qui pr´ec`ede montre qu’il s’exprime comme suit :

ψ = λ ¯ x · ω 1 m

1

ω 2 m

2

· · · ω m r

r

(4) o` u λ x ¯ est le caract`ere non ramifi´e de G K

0

qui envoie un Frobenius g´eom´etrique sur l’image de x ∈ O

×

L dans E .

4.5 Explication de la condition B

On consid`ere E suffisamment grand pour que ρ se factorise par GL 2 (E). On suppose qu’il existe un sous-ensemble J de S pour lequel la condition A est satisfaite avec a i = 0 et 2 6 b i 6 p − 2 pour tout i ∈ S . D’apr`es la formule (4), il existe un unique L-module filtr´e D

(resp. D

′′

) de rang 1 tel que :

• la r´eduction modulo p d’un r´eseau galoisien ` a l’int´erieur de V cris (D) est isomorphe `a E(ψ

) (resp. E(ψ

′′

)) par un morphisme not´e f

(resp f

′′

) ;

• les invariants associ´es ` a D

(resp. D

′′

) par la proposition 4.2 sont tels m i = b i

1

J (i) (resp.

m i = b i ¯

1

J (i)) et x est un repr´esentant de Teichm¨ uller.

La condition B s’exprime alors comme suit :

Condition B : Il existe un O L -r´eseau M (inclus dans un L-module filtr´e D) qui s’ins`ere dans une suite exacte courte 0 → M

′′

→ M → M → 0 et un isomorphisme G K

0

-´equivariant f : T cris (M ) → E 2 (ρ) (o` u E 2 (ρ) est la repr´esentation de dimension 2 donn´ee par ρ) s’ins´erant dans un diagramme commutatif :

0 // T cris (M

) //

f

T cris (M ) //

f

T cris (M

′′

) //

f

′′

0

0 // E(ψ

) // E 2 (ρ) // E(ψ

′′

) // 0

Remarque. Il est ´evidemment possible d’utiliser l’´equivalence de cat´egories V cris (ou T cris ) pour exprimer la condition B simplement en termes de repr´esentations cristallines.

5 Preuve de la proposition 3.3.1 de [6]

On conserve l’extension E/ F p suffisamment grande pour que ρ se factorise par GL 2 (E). On fixe

des entiers b i compris entre 2 et p − 2 (en particulier, on notera que cela implique p > 5), et un

(12)

sous-ensemble J de S. On suppose que ρ v´erifie la condition A avec a i = 0 pour tout i ∈ S (et les b i pr´ec´edents). Le but est donc de prouver que les conditions B et B’ expliqu´ees dans les sections pr´ec´edentes sont ´equivalentes. Notons pour cela M

et M

′′

les O L -r´eseaux qui apparaissent dans la d´efinition de la condition B’. Notons ´egalement G

et G

′′

les E-groupes avec donn´ee de descente qui apparaissent dans la d´efinition de la condition B et M

et M

′′

les objets de E-BrMod 1 dd associ´es.

Si x est un ´el´ement de E, d´esignons par ˜ x ∈ O L son repr´esentant de Teichm¨ uller, et si x est un

´el´ement, appelons x la fonction de domaine S qui associe x ` a r et 1 aux autres ´el´ements. Avec ces notations, il existe a et b dans E tels que l’on ait les descriptions explicites qui suivent :

 

 

M

i = E[u]/u ep · f ¯ i

Fil 1 M

i = u e

1

¯

J

(i+1) M

i φ 1 (u e ¯

1J

(i+1) f ¯ i ) = a(i) ¯ f i+1

[g]( ¯ f i ) = ω µ

′ i

i (g) ¯ f i

 

 

M

′′

i = E[u]/u ep · e i

Fil 1 M

′′

i = u e

1J

(i+1) M

′′

i φ 1 (u e

1J

(i+1) e i ) = b(i)e i+1

[g](e i ) = ω µ

′′

i

i

(g)e i

o` u : µ

i =

r

X

j=1

p r−j

1

J (i + j + 1) − b i+j

1

J (i + j)

µ

′′

i =

r

X

j=1

p r−j

1

¯ J (i + j + 1) − b i+j

1

¯ J (i + j)

et : 

 

 

M i

= O L · F ¯ i

Fil t D

i = D

i pour t 6 b i

1

J (i) Fil t D

i = 0 pour t > b i

1

J (i) φ( ¯ F i ) = ˜ a(i)p b

i1J

(i) F ¯ i+1

 

 

M i

′′

= O L · E i

Fil t D i

′′

= D

′′

i pour t 6 b i ¯

1

J (i) Fil t D i

′′

= 0 pour t > b i ¯

1

J (i) φ(E i ) = ˜ b(i)p b

i

¯

1J

(i) E i+1

5.1 Modules associ´ es aux relev´ es cristallins

La proposition suivante donne la forme g´en´erale d’un M qui intervient dans la condition B : Proposition 5.1. Il existe, pour tout i, une O L -base (E i , F i ) de M i et des Λ i ∈ O L avec Λ i = 0 si i 6∈ J et

i) Pour tout i ∈ S, Fil t M i = M i pour t 6 0 et Fil t M i = 0 pour t > b i . ii) Si i ∈ J , Fil t M i = O L F i pour 0 < t 6 b i .

Si i 6∈ J , Fil t M i = O L E i pour 0 < t 6 b i .

iii) φ(E i ) = ˜ b(i)p b

i

¯

1J

(i) E i+1 et φ(F i ) = ˜ a(i)p b

i1J

(i) (F i+1 − Λ i+1 E i+1 ).

De plus, le morphisme N

′′

→ N (resp. N → N

) est donn´e sur cette description par E i 7→ E i

(resp. E i 7→ 0, F i 7→ F ¯ i ).

D´emonstration. Bien sˆ ur, les E i sont ceux qui proviennent de M

′′

. La condition sur la filtration d´etermine les F i lorsque i ∈ J. Par ailleurs, la condition sur φ, coupl´ee au fait que Λ i s’annule pour i 6∈ J , d´etermine la valeur de F i en fonction de F i−1 lorsque i 6∈ J. Ainsi lorsque J 6= ∅, tous les F i

sont d´etermin´es et il est imm´ediat de v´erifier qu’ils satisfont toutes les propri´et´es de la proposition.

Supposons J vide. Soit F 1

un relev´e quelconque de ¯ F 1 . D´efinissons F 2

= φ(F 1

), F 3

= φ(F 2

) et ainsi de suite. H´elas, on n’a pas n´ecessairement comme cela F r+1

= ˜ aF 1

. Toutefois, la r´eduction de cette ´egalit´e dans N

est v´erifi´ee et donc on a F r+1

= ˜ aF 1

+ βE 1 pour un certain β ∈ O L . Les

´el´ements :

F 1 = F 1

+ β

˜

a − ˜ b p b

1

+···+b

r

E 1 ,

F 2 = φ(F 1 ), etc. r´epondent alors ` a la question (notez que le d´enominateur est bien inversible car b 1 + · · · + b r > 2r > 1).

5.2 Modules associ´ es aux E-groupes G

On souhaite maintenant parvenir ` a une description explicite analogue pour les objets qui inter-

viennent dans la condition B’. La donn´ee d’un E-groupe (avec donn´ee de descente) qui s’ins`ere dans

une suite exacte 0 → G

→ G → G

′′

→ 0 est ´equivalente ` a la donn´ee d’un objet M ∈ E-BrMod 1 dd

s’ins´erant dans la suite exacte 0 → M

′′

→ M → M

→ 0. Cherchons ` a d´eterminer la forme de ces

M.

(13)

Choix d’un relev´ e compatible ` a la donn´ ee de descente Fixons g un g´en´erateur de G.

Choisissons f 1 ∈ M un relev´e de ¯ f 1 appartenant ` a l’image de φ 1 . On a une ´ecriture de la forme : [g](f 1 ) = ω µ

′ 1

1 (g)f 1 + se 1

pour un certain s ∈ E[u p ]/u ep . Remplacer f 1 par f 1 + δu pn e 1 modifie s en s + δ[ω µ

′′

1

+pn

1 (g) −

ω µ

1

1

(g)]u pn . Ainsi d`es que pn 6≡ µ

1 −µ

′′

1 (mod p r − 1), on peut choisir α de sorte `a ´eliminer le terme en u pn dans s. Par cons´equent, si l’on d´esigne par n l’unique entier de [0, p r − 1[ congru `a µ

′ 1−µ′′1

p

modulo (p r − 1), on peut choisir f 1 de sorte ` a avoir : [g](f 1 ) = ω µ

′ 1

1 (g)f 1 + α(g)u pn e 1 (5)

avec α(g) ∈ E. Lib´erons g. Utilisant la relation [gh] = [g] ◦ [h], on s’assure que l’´egalit´e (5) est valable pour tout g ∈ G pour une certain fonction α : G → E soumise `a la relation :

α(gh) = ω µ

′ 1

1 (g)α(h) + ω µ

′ 1

1 (h)α(g) pour tous g et h dans G. Autrement dit la fonction β = αω

−µ

′ 1

i v´erifie β(gh) = β(g)+β(h). Comme G est d’exposant p r − 1 premier ` a p et que E est de caract´eristique p, la seule solution est d’avoir β = 0, et par suite α = 0.

Au final, on a prouv´e le lemme suivant :

Lemme 5.2. Il existe f 1 ∈ φ 1 (Fil 1 M) relevant f ¯ 1 et v´erifiant : [g](f 1 ) = ω µ

1

1

f 1

pour tout g ∈ G. De plus, f 1 est d´efini ` a addition pr`es d’un ´el´ement de la forme αu pn e 1 pour α ∈ E et n l’unique entier de [0, p r − 1[ congru ` a µ

1−µ

p

′′1

modulo (p r − 1).

Forme de la filtration Rappelons que la suite 0 → Fil 1 M

→ Fil 1 M → Fil 1 M

′′

→ 0 est exacte.

Ainsi Fil 1 M 1 est engendr´e par u e

1J

(2) e 1 et par un relev´e de u e ¯

1J

(2) f ¯ 1 qui appartient `a Fil 1 M 1 . Supposons dans un premier temps que 2 6∈ J. Un relev´e de u e f ¯ 1 est alors par exemple u e f 1 : c’est bien un ´el´ement de Fil 1 M 1 puisque u e M ⊂ Fil 1 M. Ainsi Fil 1 M 1 est engendr´e par e 1 et u e f 1 . Supposons maintenant que 2 ∈ J. Un relev´e dans Fil 1 M 1 de ¯ f 1 s’´ecrit f 1 +se 1 avec s ∈ E[u]/u ep . Ainsi Fil 1 M 1 est engendr´e par f 1 + se 1 et u e e 1 . On peut ´evidemment choisir s de degr´e strictement inf´erieur `a e. Calculons :

[g](f 1 + se 1 ) = ω µ

1

1

(g)f 1 + ˆ g(s)ω µ

′′

1

1

(g)e 1 = ω µ

1

1

(g)(f 1 + se 1 ) + h ˆ g(s)ω µ

′′

1

1

(g) − ω µ

1

1

(g)s i e 1 . Comme Fil 1 M 1 est stable par l’action de G, cet ´el´ement doit ˆetre dans Fil 1 M 1 , ce qui implique que le facteur entre crochets est nul (puisque l’on a suppos´e s de degr´e strictement inf´erieur `a e).

Cette condition se r´e´ecrit ˆ g(s) = ω µ

′ 1−µ′′1

1 (g)s. Ainsi si n 2 est l’unique entier de [0, p r − 1[ congru `a µ

1 − µ

′′

1 modulo (p r − 1) (on rappelle que e = p r − 1), on a n´ecessairement s = λ 2 u n

2

avec λ 2 ∈ E.

Donc :

Lemme 5.3. Si 2 6∈ J, le sous-module Fil 1 M 1 est engendr´e par les deux ´el´ements e 1 et u e f 1 . Si 2 ∈ J , il existe λ 2 ∈ E tel que Fil 1 M 1 soit engendr´e par les deux ´el´ements u e e 1 et f 1 +λ 2 u n

2

e 1

o` u n 2 est l’unique entier de [0, p r − 1[ congru ` a µ

1 − µ

′′

1 modulo (p r − 1).

Pour les M

i

, i > 1 Posons ` a pr´esent f 2 = φ 1 (u e f 1 ) si 2 6∈ J et f 2 = φ 1 (f 1 + λ 2 u n

2

e 1 ) sinon. Il est clair que f 2 se r´eduit sur ¯ f 2 dans M

′′

. De plus, en utilisant la commutation de [g] et φ 1 , on obtient :

[g](f 2 ) = ω µ

2

2

(g)f 2

(notez que ω µ

i

i

ne d´epend pas de i). En r´eappliquant l’argument de la preuve du lemme 5.3, on voit

que Fil 1 M 2 est engendr´e par e 2 et u e f 2 si 3 6∈ J , ou sinon par u e e 2 et f 2 + λ 3 u n

3

e 1 avec λ 3 ∈ E,

0 6 n 3 < p r − 1 et n 3 ≡ µ

2 − µ

′′

2 (mod p r − 1).

(14)

Ainsi de suite, on construit f 3 , f 4 , etc., jusqu’` a arriver ` a f r+1 . Malheureusement, rien ne nous dit que celui-ci est ´egal ` a af 1 . Cependant l’image de f r+1 dans M

′′

est bien a f ¯ 1 , d’o` u f r+1 = af 1 + se 1

pour un certain s ∈ E[u]/u ep . On doit par ailleurs avoir : [g](f r+1 ) = ω µ

′ 1

1 (g)f r+1

d’o` u l’on d´eduit que s = βu pn (β ∈ E) o` u n est celui du lemme 5.2. Ce mˆeme lemme nous pr´ecise que l’on peut modifier f 1 en lui ajoutant une quantit´e de la forme αu pn . Voyons comment cela modifie f 2 .

Si 2 6∈ J , il est facile de voir que f 2 n’est pas modifi´e. Ainsi en rempla¸cant f 1 par f

r+1

a , on peut supposer que β = 0, c’est-` a-dire que f r+1 = af 1 . De mˆeme, si J 6= S, on peut reprendre tout le raisonnement pr´ec´edent en commen¸cant non pas ` a 1 mais ` a un entier i 0 tel que i 0 + 1 6∈ J .

Supposons donc J = S. Dans ce cas, µ

1 = P r

j=1 p r−j (1 − b j+1 ) et µ

′′

1 = 0. On en d´eduit la valeur de n 2 :

n 2 = p r − 1 −

r

X

j=1

p r−j (b j+1 − 1)

ce qui donne en particulier n 2 ≡ −b 1 (mod p). D’autre part, pn ≡ n 2 (mod p r − 1) (puisqu’ils sont tous les deux congrus ` a µ

1 − µ

′′

1 ). ´ Ecrivons pn = n 2 + q(p r − 1) avec q > 0. R´eduisant cette ´egalit´e modulo p, il reste q ≡ n 2 ≡ −b 1 (mod p) et donc en particulier q ne peut valoir ni 0, ni 1. Ainsi q > 2, ce qui implique que f 2 n’est pas modifi´e lorsque l’on ajoute ` a f 1 une quantit´e de la forme αu pn . On conclut comme pr´ec´edemment.

Conclusion Au final, la structure de M est donn´ee par la proposition suivante :

Proposition 5.4. Avec les notations pr´ec´edentes, il existe, pour tout i une (E[u]/u ep )-base (e i , f i ) de M i et des ´el´ements λ i ∈ E tels que λ i = 0 si i 6∈ J et :

i) [g](e i ) = ω µ

′′

i

i

(g)e i et [g](f i ) = ω µ

i

i

(g)f i pour tout i ∈ S ;

ii) Fil 1 M i est engendr´e par e

i = u e

1J

(i+1) e i et f i

= u e

1

¯

J

(i+1) f i + λ i+1 u n

i+1

e i o` u n i+1 est le reste de la division euclidienne de µ

i − µ

′′

i par p r − 1 ;

iii) φ 1 (e

i ) = b(i)e i+1 , φ 1 (f i

) = a(i)f i+1 ; iv) N (e i ) = 0, N(f i ) = − b(i−1) a(i−1) n i λ i u pn

i

e i .

De plus, le morphisme M

′′

→ M (resp. M → M

) est donn´e sur cette description par e i 7→ e i

(resp. e i 7→ 0, f i 7→ f ¯ i ).

D´emonstration. On a d´ej` a tout prouv´e sauf la forme de l’op´erateur de monodromie. Comme κ = 2, il suffit de v´erifier que le N de la proposition prolong´e par la relation de Leibniz v´erifie N (M) ⊂ uM et commute `a φ 1 . La premi`ere condition est ´equivalente ` a n i > 0 pour tout i ∈ S, et en ´ecrivant explicitement la relation de commutation, on montre que la seconde condition est impliqu´ee par les in´egalit´es pn i > e pour tout i ∈ S.

Nous reportons la preuve de ce deuxi`eme ´enonc´e combinatoire (qui implique `a l’´evidence le premier) `a une sous-section ult´erieure (lemme 5.10).

5.3 Interlude : d´ efaut de pleine fid´ elit´ e

Oublions un instant le fil de la d´emonstration pour nous concentrer sur une question diff´erente.

Soient A et B deux objets de E-BrMod κ−1 dd de rang 1. On note a i , α i et α fil,i (resp. b i , β i et β fil,i ) les invariants num´eriques associ´es ` a A et B par la proposition 2.2, et A i (resp. B i ) une base correspondant `a ces invariants. En particulier, tout au long de cet interlude, les a i et les b i n’ont aucun rapport avec ceux que l’on manipulait jusqu’` a pr´esent.

Proposition 5.5. On conserve les notations pr´ec´edentes et on suppose donn´e un isomorphisme f : T st (B) → T st (A). Alors, il existe un morphisme non nul (dans la cat´egorie E-BrMod κ−1 dd ) A → B si, et seulement si β fil,i > α fil,i pour tout i ∈ S.

Le cas ´ech´eant, il existe λ ∈ E tel que le morphisme f ˆ : A → B d´efini par A i 7→ λu β

fil,i−αfil,i

B i

satisfasse T st ( ˆ f ) = f .

(15)

D´emonstration. Le fait que T st (A) soit isomorphe ` a T st (B) entraˆıne, grˆace `a la proposition 2.3, d’une part que les ´el´ements de E associ´es ` a A et B par la proposition 2.2 co¨ıncident, et d’autre part que la congruence α i + α fil,i ≡ β i + β fil,i (mod p r − 1) est satisfaite.

Soit ˆ f : A → B un morphisme non nul dans la cat´egorie E-BrMod κ−1 dd . L’image de A i est n´ecessairement de la forme s i B i avec s i ∈ E[u]/u ep . Si l’un des s i est nul, la condition de commu- tation `a φ κ−1 implique que s i+1 l’est ´egalement, et par r´ecurrence que ˆ f est lui aussi nul. Comme ce cas a ´et´e exclu, tous les s i sont non nuls. Notons v i la « valuation u-adique » de s i : c’est un entier compris entre 0 et ep − 1. En utilisant ` a nouveau, la commutation `a φ κ−1 , on obtient les relations v i+1 = pv i + pa i − pb i . Celles-ci forment un syst`eme qui se r´esout ais´ement et conduit `a v i = β fil,i − α fil,i . Ceci d´emontre le sens direct de l’´equivalence de la proposition.

Pour la r´eciproque, on consid`ere le morphisme d´efini ˆ f

par A i 7→ u β

fil,i−αfil,i

B i . Pour tout i, on a par hypoth`ese 0 6 a i 6 e(κ − 1) 6 e(p − 2). On en d´eduit :

α fil,i 6 e(p − 2)(p r + p r−1 + · · · + p)

p r − 1 = ep(p − 2) p − 1 < ep

pour tout i. De mˆeme β fil,i < ep, d’o` u il suit que la diff´erence β fil,i − α fil,i est elle aussi strictement inf´erieure ` a ep. Ainsi le morphisme ˆ f

est non nul. Il reste ` a v´erifier qu’il commute aux structures suppl´ementaires, mais cela ne pose plus aucune difficult´e particuli`ere. (Pour la donn´ee de descente, il faut utiliser la congruence α i + α fil,i ≡ β i + β fil,i (mod p r − 1).)

Reste ` a prouver la derni`ere assertion. La preuve de la proposition 2.3 (dont nous avons seulement expliqu´e les id´ees) montre en fait que T st ( ˆ f

) est un isomorphisme. Comme T st (A) et T st (B) sont des E-espaces vectoriels de dimension 1, on a n´ecessairement f = λT st ( ˆ f

) pour un λ ∈ E . Il suffit donc de poser ˆ f = λ f ˆ

.

Remarque. Quitte ` a modifier la base A i , on peut supposer dans l’´enonc´e de la proposition que λ = 1. C’est ce que nous ferons par la suite.

L’´enonc´e suivant montre mˆeme que dans le « mauvais » cas de la proposition, la situation n’est pas d´esesp´er´ee :

Proposition 5.6. On conserve les notations pr´ec´edentes et on suppose toujours donn´e un iso- morphisme f : T st (B) → T st (A). Alors il existe un objet C de E-BrMod κ−1 dd et des morphismes f ˆ

A

: A → C et f ˆ

B

: B → C induisant des isomorphismes via T st et tels que T st ( ˆ f

A

) ◦ T st ( ˆ f

B

)

−1

= f . D´emonstration. Evidemment si ´ β fil,i > α fil,i pour tout i ∈ S, il suffit de prendre C = B, ˆ f

B

= id et d’appliquer la proposition 5.5 pour obtenir ˆ f

A

. De mˆeme, si α fil,i > β fil,i pour tout i ∈ S, on peut conclure avec C = A.

Lorsque les r-uplets (α fil,i ) et (β fil,i ) ne sont pas comparables, c’est plus compliqu´e. L’id´ee consiste `a construire un C dont les invariants associ´ees γ fil,i v´erifient γ fil,i = max(α fil,i , β fil,i ). Pour y parvenir, on pose n i = 1 p max(β fil,i −α fil,i , 0) et c i = a i +pn i −n i+1 . Ces nombres sont toujours des entiers, car on voit directement sur la d´efinition que α fil,i et β fil,i sont des multiples de p. Montrons que c i est positif ou nul. Cela ne pose pas de probl`eme si n i+1 = 0. Si par contre n i+1 > 0, on a n i+1 = β

fil,i+1−α

p

fil,i+1

puis :

a i + pn i > a i + β fil,i − α fil,i = b i + β fil,i+1 − α fil,i+1

p = b i + n i+1 > n i+1

la premi`ere ´egalit´e se v´erifiant simplement en rempla¸cant α fil,i , etc. par leurs d´efinitions. De mˆeme, on prouve c i 6 e(κ − 1) : si n i = 0, le r´esulat est imm´ediat et sinon on ´ecrit :

a i + pn i = a i + β fil,i − α fil,i = b i + β fil,i+1 − α fil,i+1

p 6 b i + n i+1 6 e(κ − 1) + n i+1 .

(En r´ealit´e, on a mˆeme obtenu min(a i , b i ) 6 c i 6 max(a i , b i ).) Un calcul simple montre par ailleurs que les γ fil,i associ´es aux c i v´erifient γ fil,i = α fil,i + pn i = max(α fil,i , β fil,i ), c’est-`a-dire la condition rechech´ee. D´efinissons ` a pr´esent γ i = α i + α fil,i − γ fil,i ∈ Z /(p r − 1) Z et C l’objet de E-BrMod κ−1 dd associ´e aux nombres c i , γ i et ` a l’´el´ement de E correspondant ` a A (ou ce qui revient au mˆeme,

`

a B). La proposition 2.3 montre que T st (A) et T st (C) sont isomorphes et il ne reste plus, pour

conclure la preuve, qu’`a appliquer deux fois la proposition 5.5.

Références

Documents relatifs

Par conséquent, pour pouvoir simplier le terme u n-2 de l’égalité 3, il convient de multiplier l’ensemble de la ligne par

duales, de trivialisation (leur définition est plus faible que celle des suites analogues de D.F. H o l t ) , une suite étant équivalente à 0 si elle est triviale ou cotriviale ;

L’accès aux archives de la série « Publications du Département de mathéma- tiques de Lyon » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation

Dans une file d’attente de n personnes, r´ esultant de la distribution au hasard de ces personnes, se trouvent deux amis Jean et Paul.. Quelle est la probabilit´ e que Jean soit

[r]

Calculer l’esp´ erance de

On appelle matrice unité d’ordre n la matrice I, carrée d’ordre n dont tous les coefficients sont nuls sauf ceux de la diagonale principale (éléments a ii ) qui sont égaux à

Dans cet exercice, il convient de se montrer précis et rigoureux quant à l’ordre d’établissement des résultats requis (monotonies puis différence tendant vers