Universit´ e Lyon 1
Pr´ eparation ` a l’Agr´ egation de Math´ ematiques Pr´ eparation ` a l’´ ecrit d’Analyse et Probabilit´ es Ann´ ee 2013-2014
Interpolation. Convolution
Exercice 1. (Lemme des trois droites de Hadamard ) Soit f : B → C une fonction continue , o` u B d´ esigne la bande verticale {z ∈ C ; Re z ∈ [0, 1]}. On suppose en outre que f est born´ ee sur B et holomorphe sur la bande ouverte ˚ B. On note M 0 , resp. M 1 , un majorant strictement positif de |f| sur la droite ı R , resp. sur la droite 1 + ı R . L’objectif est de montrer l’in´ egalit´ e
|f(z)| ≤ M 0 1−Re z M 1 Re z , ∀ z ∈ B.
a) En introduisant une fonction auxiliaire appropri´ ee, montrer que l’on peut supposer sans perte de g´ en´ eralit´ e que M 0 = M 1 = 1. On fait cette hypoth` ese d´ esormais.
b) D´ emontrer le r´ esultat en supposant de plus que lim
|z|→∞ |f(z)| = 0. [Indication : utiliser le principe du maximum (cf Rudin, th´ eor´ eme 10.24 p. 254).]
c) Pour tout n ∈ N ∗ , on pose f n (z) = f (z) e z2/n e −1/n . Montrer que f n rel´ eve du cas pr´ ec´ edent et conclure.
Exercice 2. (Th´ eor` eme d’interpolation de Riesz-Thorin) Soient (Ω, µ) et (U, ν ) deux espaces mesur´ es, et des op´ erateurs lin´ eaires continus
T 0 : L p0(Ω, dµ) → L q0(U, dν), de norme M 0 , T 1 : L p1(Ω, dµ) → L q1(U, dν), de norme M 1 ,
(U, dν), de norme M 0 , T 1 : L p1(Ω, dµ) → L q1(U, dν), de norme M 1 ,
(U, dν), de norme M 1 ,
pour p 0 , q 0 , p 1 , q 1 ∈ [1, +∞], p 0 6= p 1 . On suppose que T 0 et T 1 co¨ıncident sur F := L p0(Ω, dµ) ∩ L p1(Ω, dµ). L’objectif est de montrer que T := (T 0 ) |F = (T 1 ) |F se prolonge en une (unique) application lin´ eaire continue
(Ω, dµ). L’objectif est de montrer que T := (T 0 ) |F = (T 1 ) |F se prolonge en une (unique) application lin´ eaire continue
T e : L p (Ω, dµ) → L q (U, dν) , de norme M ≤ M 0 1−θ M 1 θ , pour 1
p = 1 − θ p 0 + θ
p 1 et 1
q = 1 − θ q 0 + θ
q 1 , quel que soit θ ∈]0, 1[.
a) On note q 0 l’exposant conjugu´ e de q, d´ efini par 1
q 0 = 1 − 1
q . On note aussi hh, gi = Z
U
h(y)g(y) dν d` es lors que cette int´ egrale a un sens, c’est-` a-dire si hg ∈ L 1 (U, dν). Mon- trer qu’il suffit de v´ erifier l’in´ egalit´ e|hT f, gi| ≤ M 0 1−θ M 1 θ , quelles que soient les fonctions
´ etag´ ees f : Ω → C et g : U → C telles que kf k Lp(Ω,dµ) = kgk L
q0
(U,dν) = 1.
b) Pour f : Ω → C et g : U → C ´ etag´ ees et pour 0 ≤ Re z ≤ 1, on pose 1
p(z) = 1 − z p 0
+ z p 1
, 1
q(z) = 1 − z q 0
+ z q 1
,
ϕ(x, z) = f (x)|f (x)| p/p(z) − 1 , ψ(y, z) = g(y)|g(y)| q 0 /q(z) 0 − 1 .
Montrer que l’expression F (z) = hT ϕ(·, z), ψ(·, z)i d´ efinit une fonction F v´ erifiant les hypoth´ eses du lemme des trois droites de Hadamard.
c) Conclure.
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Quelques d´ efinitions. Pour des fonctions f, g : R n → C , on pose (f ∗ g)(x) =
Z
R
nf (x − y)g(y)dy
pour tout x ∈ R n tel que l’int´ egrale (par rapport ` a la mesure de Lebesgue) ait un sens. Dans tout ce qui suit, D ( R n ) d´ esigne l’ensemble des fonctions de classe C ∞ ` a support compact dans R n , et pour toute partie A de R n , 1 A d´ esigne la fonction caract´ eristique de A, valant 1 dans A et 0 en dehors.
Exercice 3. (Construction de
plateaux
) On commence par se placer dans R (cas n = 1).
a) Pour tout a > 0 on d´ efinit H a := 1
a 1 [0,a] . Soit (a n ) n≥0 une suite sommable de nombres strictement positifs. On pose u n = H a0 ∗ H a1 ∗ . . . ∗ H an. Montrer que (u n ) converge uniform´ ement vers une fonction positive u ∈ D ( R ) telle que R
∗ . . . ∗ H an. Montrer que (u n ) converge uniform´ ement vers une fonction positive u ∈ D ( R ) telle que R
R u = 1.
b) Montrer que pour un intervalle I ⊂ R bien choisi, v = 1 I ∗ u v´ erifie : (i) v ≥ 0 ;
(ii) v = 1 au voisinage de 0.
c) Avec v comme dans la question pr´ ec´ edente, soit w(x) = v (kxk), x ∈ R n (avec k k la norme euclidienne). Montrer que w ∈ D ( R n ).
d) Montrer qu’il existe un noyau r´ egularisant, c’est-` a-dire une fonction ρ ∈ D ( R n ) telle que : (i) ρ ≥ 0 ;
(ii) supp ρ ⊂ B(0, 1) ; (iii) R
R
nρ = 1.
Si ρ est un noyau r´ egularisant, on pose ρ ε (x) = ε −n ρ(x/ε), ε > 0. Quelles sont les propri´ et´ es de ρ ε ?
e) Soit K ⊂ U ⊂ R n , K ´ etant un compact, U un ouvert. Montrer qu’il existe ψ ∈ D ( R n ) telle que :
(i) 0 ≤ ψ ≤ 1 ; (ii) ψ = 1 sur K ; (iii) supp ψ ⊂ U .
Exercice 4. (Convolution dans les espaces L p )
a) Soient f, g ∈ L 1 ( R n ). Montrer que f ∗ g ∈ L 1 ( R n ) et kf ∗ gk L1 ≤ kfk L1kgk L1.
kgk L1.
b) Soient f ∈ L 1 ( R n ) et g ∈ L p ( R n ) avec 1 ≤ p ≤ ∞. Montrer que f ∗ g ∈ L p ( R n ) et kf ∗ gk Lp ≤ kfk L1kgk Lp. [Indication : utiliser le cas p = 1 et l’in´ egalit´ e de H¨ older.]
kgk Lp. [Indication : utiliser le cas p = 1 et l’in´ egalit´ e de H¨ older.]
c) (in´ egalit´ e de Young) Soient f ∈ L q ( R n ) et g ∈ L p ( R n ) avec 1 ≤ p, q ≤ ∞ et 1 p + 1
q ≥ 1.
Montrer que f ∗ g ∈ L r ( R n ) et kf ∗ gk Lr ≤ kfk Lqkgk Lp, avec 1 r = 1
kgk Lp, avec 1 r = 1
p + 1
q − 1. [Indication : utiliser le cas q = 1, r = p, le cas r = ∞, q = p 0 , et le th´ eor` eme d’interpolation de Riesz-Thorin.] Montrer que f ∗ g = g ∗ f .
d) Soient f ∈ D ( R n ) et g ∈ L 1 loc ( R n ). Montrer que f ∗g ∈ C ∞ ( R n ) et que ∂ α (f ∗g) = (∂ α f)∗g pour tout n-uplet α.
e) Pour f ∈ L 1 loc ( R n ), On d´ efinit supp f comme le plus petit ferm´ e F tel que f = 0 p. p. en dehors de F .
Montrer que suppf est bien d´ efini.
Si f est continue, montrer que supp f co¨ıncide avec {x ; f (x) 6= 0}.
Si f , g sont comme dans a) ou b) ou c), alors supp f ∗ g ⊂ supp f + supp g.
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Exercice 5. (Densit´ e dans L p ) On travaille dans R n muni de la tribu de Lebesgue L n et de la mesure de Lebesgue λ n .
a) Soient B ⊂ R n un bor´ elien tel que λ n (B) < ∞ et ε > 0. Montrer qu’il existe ζ ∈ D ( R n ) et un bor´ elien A tels que :
(i) |ζ − 1 B | ≤ 1 A ; (ii) λ n (A) < ε.
[Indication : utiliser l’exercice 3 e) et le fait que la mesure de Lebesgue est r´ eguli` ere.]
b) Montrer que l’on peut remplacer
bor´ elien
par
Lebesgue mesurable
dans la question pr´ ec´ edente.
c) Soit 1 ≤ p < ∞. L’ensemble C c ( R n ) des fonctions continues ` a support compact est dense dans L p ( R n ) (cons´ equence du th´ eor` eme de Lusin, voir [Rudin, Th´ eor´ eme 3.14 p. 84]).
Peut-on en dire autant si p = ∞ ?
d) Soient ρ ε le noyau r´ egularisant de l’exercice 3 d), et f ∈ L p ( R n ) avec 1 ≤ p < ∞. Montrer que f ∗ ρ ε → f dans L p , puis que f ε := (1 B(0,1/ε) f) ∗ ρ ε ∈ D ( R n ) et tend vers f dans L p . e) Pour ε > 0, justifier qu’il existe ψ ε ∈ D ( R n ) telle que :
(i) 0 ≤ ψ ε ≤ 1 ;
(ii) ψ ε (x) = 1 si |x| ≤ 1/ε ; (iii) ψ ε (x) = 0 si |x| ≥ 2/ε.
Montrer que, pour 1 ≤ p < ∞ et f ∈ L p ( R n ), ψ ε · (f ∗ ρ ε ) → f dans L p quand ε → 0.
f) Montrer que, pour f ∈ L ∞ ( R n ), on a ψ ε · (f ∗ ρ ε ) → f dans L ∞ quand ε → 0 si et seulement si f = g p. p., avec g ∈ C( R n ) telle que lim
|x|→∞ g(x) = 0.
g) Soient f ∈ L p ( R n ) et g ∈ L q ( R n ) avec 1 ≤ p < ∞ et q l’exposant conjugu´ e de p. Montrer que f ∗ g co¨ıncide presque partout avec une fonction continue.
Exercice 6. (Partition de l’unit´ e) Soient K, U 1 , . . . , U l ⊂ R n , avec K compact, U j ouvert, ∀ j , et K ⊂ U 1 ∪ . . . ∪ U l . Montrer qu’il existe ψ j ∈ D ( R n ), j = 1, . . . , l, telles que :
(i) 0 ≤ ψ j ≤ 1 ; (ii) supp ψ j ⊂ U j ; (iii) X
ψ j (x) ≤ 1, avec ´ egalit´ e si x ∈ K .
Exercice 7. (Classe de Schwartz ) On note S ( R n ) l’ensemble des fonctions ϕ ∈ C ∞ ( R n ) telles que :
p αβ (ϕ) = sup
x∈ R
n|x β ∂ α ϕ(x)| < ∞, ∀ (α, β) ∈ N n × N n , o` u x β := x β 11... x β nn, ∂ α ϕ := ∂ x α1
, ∂ α ϕ := ∂ x α1
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