Universit´e Blaise Pascal,
U.F.R. Sciences et Technologies,
D´epartement de Math´ematiques et Informatique
Pr´ eparation au CAPES de Math´ ematiques
Ann´ ee 2008-2009
Quelques notions de base de la g´ eom´ etrie affine
Franc ¸ois Dumas
Ce document n’est pas un cours. Sans chercher `a ˆetre complet sur les sujets abord´es ni
`a pr´esenter des exemples diversifi´es de mise en œuvre ou d’applications, il tente simplement de r´esumer les notions les plus ´el´ementaires d´evelopp´ees lors des enseignements classiques de g´eom´etrie de licence. C’est un outil destin´e aux ´etudiants pr´eparant le CAPES afin de les aider dans leur travail personnel.
La mati`ere des divers paragraphes ne saurait en aucun cas constituer le d´eveloppement d’une le¸con sur le sujet ; il manque pour cela tous les exemples, les applications, l’introduction motiv´ee des notions, la mise en perspective du contexte retenu,... qui font la qualit´e d’un expos´e de CAPES. En revanche, les pages qui suivent peuvent ´eventuellement permettre de resituer le contenu des le¸cons et dossiers d’oral, d´evelopp´e g´en´eralement `a un niveau
´el´ementaire, dans un contexte th´eorique plus vaste et plus conceptuel. Il ne s’agit pas bien sˆ ur de faire r´ef´erence de fa¸con explicite et syst´ematique `a ce cadre th´eorique g´en´eral dans les expos´es, mais d’acqu´erir sur les situations particuli`eres ´etudi´ees le recul math´ematique n´ecessaire pour assurer des pr´esentations pertinentes, coh´erentes et bien organis´ees.
A ce titre, ce document peut aussi contribuer `a avoir une vision synth´etique claire des connaissances mobilisables pour la recherche et la r´edaction des probl`emes d’´ecrit. Il ne traite que de g´eom´etrie affine g´en´erale. Il pourra ˆetre ´eventuellement compl´et´e par un r´esum´e de mˆeme nature sur la g´eom´etrie euclidienne.
Ce texte a ´et´e r´edig´e dans une certaine hˆate. Il contient n´ecessairement des erreurs, des coquilles, des impr´ecisions, des points `a am´eliorer. Je vous remercie par avance de bien vouloir me les signaler.
Francois.Dumas@univ-bpclermont.fr http://math.univ-bpclermont.fr/∼fdumas
version du 25 septembre 2008, corrections au 25 octobre 2010
Universit´e Blaise Pascal, Pr´eparation au CAPES de Math´ematiques
Fran¸cois Dumas ann´ee 2008-2009
Quelques notions de base de la g´ eom´ etrie affine
1 Espace affine
D´ efinition. Un espace affine sur R est la donn´ee d’un triplet form´e par:
(i) un R -espace vectoriel E, (ses ´el´ements sont des vecteurs; on les notera par des lettres minus- cules surmont´es d’une fl`eche − → u , − → v , − → w , . . .; en particulier le vecteur nul sera not´e − →
0 );
(ii) un ensemble non-vide E, (ses ´el´ements sont des points; on les notera par des lettres majuscules A, B, C, M, N, P, . . .);
(iii) une application E × E → E, (A, B) 7→ −−→
AB satisfaisant les deux axiomes suivants:
(A1) ∀ A ∈ E, ∀ − → u ∈ E, ∃ ! M ∈ E, −−→
AM = − → u , (A2) ∀ A, B, C ∈ E , −→
AC = −−→
AB + −−→
BC (relation de Chasles).
Terminologie. Dans la d´efinition pr´ec´edente, on dit par abus de langage que E est un espace affine sur R , et que E est le R -espace vectoriel associ´e `a E. On dit que E est un espace affine de dimension finie n lorsque le R -e.v. E est de dimension finie n. Au niveau du CAPES, on travaillera presque toujours dans un espace affine de dimension 2 ou 3.
Remarques. Les observations pratiques suivantes d´ecoulent directement de la d´efinition.
• Nullit´ e d’un vecteur. ∀ A, B ∈ E, [ −−→
AB = − →
0 ] ⇔ [ A = B ] .
En effet: d’apr`es (A2),−→
AA=−→
AA+−→
AA, donc−→
AA=−→
0 . R´eciproquement, si−→
AB=−→
0 , alors−→
AB=−→
AA, ce qui impliqueB=Apar unicit´e dans l’axiome (A1).
• Oppos´ e d’un vecteur. ∀ A, B ∈ E, −−→
BA = − −−→
AB .
En effet: −→AB+−→
BA=−→
AA=−→ 0 .
• R` egle du parall´ elogramme.
∀ A, B, C, D ∈ E, [ −−→
AB = −−→
CD ] ⇔ [ −→
AC = −−→
BD ] .
Cela r´esulte imm´ediatement de (A2); ´ecrire les d´etails `a titre d’exercice.
Figure
• L’axiome (A1) ´equivaut au fait que, pour tout point A fix´e dans E, l’application ϕ
A: E → E d´efinie par M 7→ −−→
AM est bijective ; sa bijection r´eciproque est alors l’application ψ
A: E → E d´efinie par − → u 7→ ψ
A( − → u ) := l’unique point M ∈ E tel que −−→
AM = − → u .
• L’axiome (A1) ´equivaut aussi au fait que, pour tout vecteur − → u fix´e dans E, l’application τ
−→u: E → E d´efinie par A 7→ τ
−→u(A) := l’unique point M ∈ E tel que −−→
AM = − → u , est bijective. Cette
application est appel´ee la translation de vecteur − → u (voir plus loin).
Commentaire. Lorsque−→
AB=−→u, on dit que le couple de points (A, B) est unrepr´esentantdu vecteur
−
→u, dans lequelAest l’origineetBl’extr´emit´e. Tout autre couple de points (C, D) tel que−→u =−−→
CDest un autre repr´esentant de−→u. La translation de vecteur−→u est l’application qui, `a tout pointA, associe le pointBqui est l’extr´emit´e de−→u lorsque son origine est enA.
Le point de vue retenu dans ce document d´efinit un espace affine `a partir de la notion suppos´ee connue d’espace vectoriel. On peut envisager une autre pr´esentation consistant `a partir intuitivement d’un en- semble de pointsE, et `a consid´erer dansE ×Ela relation dite d’´equipollence, d´efinie par: (A, B)∼(C, D) lorsqueABDC est un parall´elogramme. On v´erifie que c’est une relation d’´equivalence, et un vecteur est alors d´efini comme une classe d’´equivalence pour cette relation [i.e.−→
ABest l’ensemble des couples de points (C, D) ´equipollents `a (A, B), de sorte que l’on retrouve bien la r`egle du parall´elogramme]. Il s’agit ensuite de r´ecup´erer g´eom´etriquement les diverses op´erations sur les vecteurs correspondant `a la structure d’espace vectoriel.
2 Sous-espace affine
Soit E un espace affine sur R , d’espace vectoriel associ´e E.
D´ efinition. Une partie F de E est un sous-espace affine de E lorsqu’il existe un point A dans F tel que l’ensemble des vecteurs −−→
AM pour M d´ecrivant F soit un sous-espace vectoriel de E.
Il en r´esulte en particulier qu’un sous-espace affine n’est jamais vide, et que E lui-mˆeme est un sous-espace affine de E. Le point fondamental est que le sous-espace vectoriel dans la d´efinition ci-dessus ne d´epend en fait pas du point A.
Proposition et d´ efinition. Soit F un sous-espace affine de E ; il existe un sous-espace vectoriel F de E tel que, pour tout A ∈ E, on ait F = { −−→
AM ; M ∈ F }. On dit que F est le sous-espace vectoriel directeur du sous-espace affine F, ou encore que F est dirig´e par F .
Preuve. Par hypoth`ese, il existe A∈ F tel queϕA(F) est un ss-e.v. de E. FixonsB∈ F quelconque et montrons queϕA(F) =ϕB(F). On a −→
AB=ϕA(B) ∈ϕA(F). Quel que soitM ∈ F, les vecteurs
−−→AM et−→
AB appartiennent `aϕA(F) qui est un sous-espace vectoriel, donc−−→
BM =−−→
AM−−→
AB∈ϕA(F).
Ceci prouve que ϕB(F) ⊆ϕA(F). Pour la r´eciproque, notons que l’on a aussi −−→
AM+−→
AB ∈ ϕA(F);
il existe doncN ∈ F tel que−−→
AM+−→
AB =−−→
AN donc −−→
AM =−−→
AN −−→
AB =−−→
BN ∈ϕB(F). On conclut
ϕA(F)⊆ϕB(F), d’o`u l’´egalit´e voulue. ut
R´eciproquement, la donn´ee d’un sous-espace vectoriel de E et d’un point de E d´etermine un sous- espace affine de E :
Th´ eor` eme et d´ efinition. Soient E un sous-espace vectoriel de E et A un point de E. Il existe un unique sous-espace affine F de E tel que A appartienne `a F et tel que F soit le sous-espace vectoriel directeur de F. On dit que F est le sous-espace affine de E passant par A et dirig´e par F .
Preuve. Posons F=ϕ−1A (F) ={M ∈ E;−−→
AM ∈F}. On a A∈ F puisque−→
AA=−→
0 ∈F; de plus, par construction, ϕA(F) =F, doncF est un ss-e.a. dirig´e par F. Pour l’unicit´e, soit F0 un ss-e.a. deE passsant parAet dirig´e parF. D’apr`es la proposition pr´ec´edente, cela signifie queϕA(F0) =F. Mais alorsϕA(F) =ϕA(F0) impliqueF=F0 par bijectivit´e deϕA. ut
En r´ esum´ e, si F est un sous-espace affine de E et si F est le sous-espace vectoriel directeur de F :
• ∀ A ∈ F , F = { M ∈ E ; −−→
AM ∈ F } et F = { −−→
AM ; M ∈ F },
• ∀ A ∈ F , ∀ − → u ∈ F, ∃ ! M ∈ F , − → u = −−→
AM ,
• ∀ A ∈ F , ∀ B ∈ F , −−→
AB ∈ F .
On a une notion naturelle et ´evidente de dimension d’un sous-espace affine, la dimension de F ´etant
d´efinie comme la dimension du sous-espace vectoriel F de E directeur de F . En particulier, si E est
de dimension finie n, on a dim E = dim E = n et dim F = dim F ≤ n pour tout sous-espace affine
F de E. Il r´esulte ais´ement des propositions pr´ec´edentes que, si F et F
0sont deux sous-espaces affines, on a:
[ F
0⊆ F ] ⇒ [ dim F
0≤ dim F ], ainsi que [ F
0⊆ F et dim F
0= dim F ] ⇒ [ F
0= F ].
Un sous-espace affine de dimension 0 est un singleton {A} form´e d’un seul point de E. Un sous- espace affine de dimension 1 s’appelle une droite affine. Un sous-espace affine de dimension 2 s’appelle un plan affine. Dans le cadre de la g´eom´etrie du CAPES, on retiendra que:
− si l’on travaille dans un espace affine E de dimension 2, les sous-espaces affines sont: les singletons (form´es d’un seul point de E), les droites affines contenues dans E, et le plan E lui-mˆeme;
− si l’on travaille dans un espace affine E de dimension 3, les sous-espaces affines sont: les singletons (form´es d’un seul point de E), les droites affines contenues dans E, les plans affines contenus dans E, et l’espace E lui-mˆeme.
3 Parall´ elisme
Soit E un espace affine sur R , d’espace vectoriel associ´e E.
D´ efinition. Soient F et F
0deux sous-espaces affines de E, de sous-espaces vectoriels directeurs respectifs F et F
0. On dit que F et F
0sont parall` eles lorsque F = F
0. On note alors F//F
0. En particulier, deux sous-espaces affines parall`eles sont n´ecessairement de mˆeme dimension. Il est facile de v´erifier que le parall´elisme est une relation d’´equivalence dans l’ensemble des sous-espaces affines de E.
Proposition. Deux sous-espaces affines parall`eles sont n´ecessairement ´egaux ou disjoints.
Preuve. Consid´erons comme ci-dessusF//F0, avecF=F0. SiFetF0ne sont pas disjoints, consid´erons A∈ F ∩F0. AlorsFetF0passent tous les deux parAen ´etant dirig´es par le mˆeme sous-espace vectoriel F=F0. On d´eduit de l’unicit´e dans le th´eor`eme de la section 2 queF=F0. ut
Attention, la r´eciproque est trivialement fausse en g´en´eral ! Dans un espace affine de dimension 3, deux droites qui ne sont pas incluses dans un mˆeme plan sont forc´ement disjointes sans ˆetre parall`eles. Il y a cependant des arguments de dimensions qui permettent des r´esultats partiels:
Observation pratique.
− Si E est un plan affine, deux droites affines D et D
0de E sont parall`eles si et seulement si elles sont ´egales ou disjointes.
− Si E est un espace affine de dimension 3, deux plans affines P et P
0de E sont parall`eles si et seulement s’ils sont ´egaux ou disjoints.
Preuve. Soient DetD0deux droites dans un plan affine E. La proposition pr´ec´edente montre l’un des sens de l’´equivalence, et il est trivial queD=D0impliqueD//D0. Il s’agit donc de montrer queD∩D0 =∅ impliqueD//D0. Pour cela, supposons queDetD0 ne sont pas parall`eles. Les droites vectorielles D etD0 dirigeantDetD0 respectivement sont donc distinctes. Il en r´esulte que si l’on choisit −→u ∈D et
−
→v ∈D0non-nuls, ils ne sont pas colin´eaires, donc forment une famille libre du plan vectorielE, et donc une base deE. PrenonsA∈ DetA0∈ D0. Il existeλ, µ∈Rtels que−−→
AA0=λ−→u+µ−→v. Commeλ−→u ∈D etA∈ D, il existeM ∈ D tel que−−→
AM =λ−→u. Donc −−−→
A0M =−−→
AM−−−→
AA0 =λ−→u −λ−→u −µ−→v =−µ−→v. On a ainsi−−−→
A0M ∈D0, ce qui, puisqueA0∈ D0, impliqueM ∈ D0. On conclut queM ∈ D ∩ D0, ce qui ach`eve la preuve du premier point. La preuve du second point est laiss´ee au lecteur. ut
Figure Figure
Commentaire. Une propri´et´e fondamentale dans la formulation axiomatique de la g´eom´etrie classique est l’axiome (ou postulat) d’Euclide :
siDest une droite etAun point n’appartenant pas `aD, alors il passe parAune droite et une seule parall`ele `aD.
Dans la mesure o`u ˆetre parall`ele signifie avoir le mˆeme sous-espace vectoriel directeur (ici la mˆeme droite vectorielle directrice), cet ´enonc´e “traditionnel” est une formulation du th´eor`eme fondamental de la section 2. Et elle est de ce fait valable pour tout sous-espace affine. Par exemple:
siP est un plan et Aun point n’appartenant pas `aP, alors il passe parA un plan et un seul parall`ele `aP.
4 Base affine
Soit E un espace affine sur R , d’espace vectoriel associ´e E.
Proposition. Une intersection de sous-espaces affines, `a condition qu’elle soit non vide, est un sous-espace affine, dirig´e par l’intersection des sous-espaces vectoriels directeurs.
Preuve. Soit (Fi)i∈I une famille de sous-espaces affines deE. Pour touti∈I, notonsFile sous-espace vectoriel directeur deFi. On sait queF=∩i∈IFiest un sous-espace vectoriel deE. PosonsF =∩i∈IFi
et supposons queF 6=∅. PrenonsA∈ F quelconque. Parce queϕA est injective (car bijective), on a ϕA(∩i∈IFi) =∩i∈IϕA(Fi), c’est-`a-direϕA(F) =F. CommeF est un sous-espace vectoriel deE, ceci
prouve queF est un ss-e.a. deE dirig´e parF. ut
Il en r´esulte (suivant un argument classique en math´ematiques !) que, pour toute partie non-vide X de E, on peut consid´erer le sous-espace affine hX i d´efini comme l’intersection de tous les sous- espaces affines de E contenant X . On v´erifie de fa¸con imm´ediate que c’est le plus petit sous-espace affine de E contenant X . On l’appelle le sous-espace affine de E engendr´ e par X .
Le th´eor`eme ci-dessous donne une description explicite du sous-espace affine engendr´e par un nom- bre fini de points.
Th´ eor` eme. Soient A
0, A
1, . . . , A
pdes points distincts de E, avec p ≥ 0. Le sous-espace affine engendr´e par {A
0, A
1, . . . , A
p} est ´egal au sous-espace affine de E passant par A
0et dirig´e par le sous-espace vectoriel de E engendr´e par { −−−→
A
0A
1, −−−→
A
0A
2, . . . , −−−→
A
0A
p}. Il est de dimension ≤ p.
Preuve. PosonsX={A0, A1, . . . , Ap}. SoitF le sous-espace vectoriel deEengendr´e par lespvecteurs {−−−→
A0A1,−−−→
A0A2, . . . ,−−−→
A0Ap}. Notons F le sous-espace affine de E passant par A0 et dirig´e par F. On aF =ϕ−1A0(F). En particulierX ⊆ F. Soit maintenant Hun sous-espace affine deE contenant X. Son sous-espace vectoriel directeurH =ϕA0(H) contient les vecteurs−−−→
A0A1,−−−→
A0A2, . . . ,−−−→
A0Ap, donc le sous-espace vectoriel qu’ils engendrent. AinsiF est un sous-espace vectoriel deH. On en d´eduit que ϕ−1A0(F)⊆ϕ−1A0(H), c’est-`a-direF ⊆ H. On a ainsi montr´e que le sous-espace affineFcontientX et est inclus dans tout sous-espace affine deE contenantX. On conclutF=<X>. ut
En r´esum´e et en pratique:
Un point M de E appartient au sous-espace affine engendr´e par A
0, A
1, . . . , A
p⇔ ∃ (α
1, . . . , α
p) ∈ R
p, −−−→
A
0M =
p
P
i=1
α
i−−−→ A
0A
iIl est clair que, dans ce th´eor`eme, A
0peut ˆetre remplac´e par n’importe lequel des A
i. La question qui se pose alors est celle de savoir si la famille de vecteurs X
0= { −−−→
A
0A
1, −−−→
A
0A
2, . . . , −−−→
A
0A
p} est libre ou non, dans la mesure o` u il est clair que:
[X
0libre] ⇔ [X
0base de F ] ⇔ [dim F = p] ⇔ [dim F = p].
L`a encore, c’est une propri´et´e qui ne d´epend pas du choix de A
0, comme le montre le lemme suivant.
Lemme. Soient A
0, A
1, . . . , A
pdes points de E deux `a deux distincts. Les conditions suivantes sont
´equivalentes:
(i) la famille X
0= { −−−→
A
0A
1, −−−→
A
0A
2, . . . , −−−→
A
0A
p} est libre dans E ; (ii) pour tout 0 ≤ j ≤ p, la famille X
j= { −−−→
A
jA
0, . . . , −−−−−→
A
jA
j−1, −−−−−→
A
jA
j+1, . . . , −−−→
A
jA
p} est libre dans E;
(iii) aucun des points A
in’appartient au sous-espace affine engendr´e par les p autres points.
Preuve. Supposons X0 libre, et fixons 0 < j ≤ p. Soient λ0, . . . , λj−1, λj+1, . . . , λp ∈ R tels que P
i6=j
λi−−−→
AjAi = −→
0 . En d´ecomposant −−−→
AjAi =−−−→
AjA0+−−−→
A0Ai, il vient: ` P
i6=j
λi´−−−→
AjA0+P
i6=j
λi−−−→
A0Ai =→− 0 . Parce queX0est libre, on d´eduitP
i6=j
λi= 0 etλi= 0 pour tout 1≤i≤pdistinct dej. D’o`u finalement λi= 0 pour tout 0≤i≤pdistinct dej. Ceci prouve que (i)⇒(ii), et donc (i)⇔(ii).
Supposons maintenant qu’il existe 0≤i≤ptel queAiappartienne au sous-espace affine engendr´e par A0, A1, . . . , Ai−1, Ai+1, . . . , Ap. Alors, pour tout 0≤j 6=i≤p, il existe des coefficients αk ∈Rpour 0≤k6=i, k6=j≤ptel que−−−→
AjAi=P
k
αk
−−−→AjAk, ou encoreP
k
αk
−−−→AjAk−−−−→
AjAi=−→
0 , ce qui prouve que la famille Xj est li´ee. Par contrapos´ee, ceci montre que (ii) ⇒(iii). La r´eciproque s’obtient par des
calculs analogues. ut
D´ efinitions. Une famille X de p + 1 points deux `a deux distincts de E est dite affinement libre si elle satisfait les conditions ´equivalentes de la proposition pr´ec´edente.
Lorsque X est affinement libre, on dit que X est une base affine du sous-espace affine F = hX i engendr´e par X .
{A
0, A
1, . . . A
p} est une base affine
du sous-espace affine F ⇔ ∀ M ∈ F , ∃ ! (α
1, . . . , α
p) ∈ R
p, −−−→
A
0M =
p
P
i=1
α
i−−−→
A
0A
iIl est clair dans ce cas que F est de dimension p (puisque X
0est alors une base du sous-espace vectoriel F directeur de F ), et que l’on peut remplacer A
0par n’importe lequel des A
i.
• Un premier cas particulier. Prenons deux points A et B distincts dans E. Alors X = { −−→
AB} est libre, donc le sous-espace affine engendr´e par X = {A, B} est de dimension 1: on l’appelle la droite affine passant par A et B , not´e (AB). En particulier, deux points sont toujours align´es.
La droite affine (AB) est dirig´ee par la droite vectorielle ∆ de base { −−→
AB}. On a pour tout M ∈ E:
[A, B, M align´es] ⇔ [M ∈ (AB)] ⇔ [ −−→
AM ∈ ∆] ⇔ [{ −−→
AB, −−→
AM } li´ee] ⇔ [∃ λ ∈ R , −−→
AM = λ −−→
AB].
[A, B, M non align´es] ⇔ [{A, B, M } affinement libre].
• Un second cas particulier. Prenons trois points A, B, C non align´es dans E. Alors X = { −−→
AB, −→
AC}
est libre, donc le sous-espace affine engendr´e par X = {A, B, C} est de dimension 2: on l’appelle le plan affine passant par A, B et C, not´e (ABC ). En particulier trois points sont toujours coplanaires.
Le plan affine (ABC) est dirig´e par le plan vectoriel Π de base { −−→
AB, −→
AC}. On a pour tout M ∈ E:
[A, B, C, M coplanaires] ⇔ [M ∈ (ABC)] ⇔ [ −−→
AM ∈ Π]
⇔ [{ −−→
AB, −→
AC, −−→
AM } li´ee] ⇔ [∃ λ, µ ∈ R , −−→
AM = λ −−→
AB + µ −→
AC ].
[A, B, C, M non coplanaires] ⇔ [{A, B, C, M } affinement libre].
Figure Figure
5 Coordonn´ ees et repr´ esentations param´ etriques des sous-espaces affines Soit E un espace affine sur R de dimension finie n, d’espace vectoriel associ´e E.
D´ efinitions. Un rep`ere cart´esien de E est un couple R = (O, B) form´e par un point fix´e quelconque O ∈ E , appel´e l’origine du rep`ere, et une base B = ( − → e
1, . . . , − → e
n) de E.
Pour tout point M ∈ E , les composantes du vecteurs −−→
OM dans la base B sont appel´ees les coor- donn´ees cart´esiennes du point M dans le rep`ere R. On note: M (x
1, . . . , x
n). Ainsi:
[ M(x
1, . . . , x
n) dans le rep`ere (O, − → e
1, . . . , − → e
n) ] ⇐⇒ [ −−→
OM = P
ni=1
x
i− → e
i].
Pour tout 1 ≤ i ≤ n, soit A
ile point de E tel que −−→
OA
i= − → e
i. Comme B = { −−→
OA
1, −−→
OA
2, . . . , −−→
OA
n} est libre, la famille de n + 1 points X = {O, A
1, A
2, . . . , A
n} est affinement libre. Comme de plus B engendre l’espace vectoriel E, le sous-espace affine de E engendr´e par X n’est autre que E lui-mˆeme.
En d’autres termes, X est une base affine de E.
Une cons´equence triviale mais tr`es utile pratiquement est que:
si M(x
1, . . . , x
n) et N (y
1, . . . , y
n) dans le rep`ere R = (O, B), alors les composantes du vecteur −−→
M N = −−→
ON − −−→
OM dans la base B sont (y
1− x
1, . . . , y
n− x
n).
Le rep`ere R = (O, B) avec B = ( − → e
1, . . . , − → e
n) ´etant fix´e, consid´erons un sous-espace affine F de E, de dimension p, passant par un point donn´e A, et dont le sous-espace vectoriel directeur F est donn´e par une base C = {− → v
1, . . . , − → v
p}. Chaque − → v
ise d´ecompose dans B en − → v
i= α
i,1− → e
1+ α
i,2− → e
2+ · · · α
i,n− → e
n, avec α
i,j∈ R pour tout 1 ≤ j ≤ n et tout 1 ≤ i ≤ p. Donc, pour λ
1, . . . , λ
p∈ R , on a:
p
P
i=1
λ
i− → v
i=
p
P
i=1
λ
i nP
j=1
α
i,j− → e
j=
n
P
j=1
pP
i=1
λ
iα
i,j− → e
j. Notons A(a
1, . . . , a
n), de sorte que pour tout M (x
1, . . . , x
n), on a −−→
AM =
n
P
j=1
(x
j− a
j) − → e
j. L’´equivalence (M ∈ F ⇔ −−→
AM ∈ F ) devient donc : M ∈ F ⇐⇒ ∃ λ
1, . . . , λ
p∈ R , x
j= a
j+
p
P
i=1
λ
iα
i,jpour tout 1 ≤ j ≤ n (∗)
On dit que les relations (∗) constituent une repr´esentation param´etrique du sous-espace affine F dans le rep`ere R. Les relations (∗) traduisent que (λ
1, . . . , λ
p) sont les coordonn´ees du point M de F dans ce rep`ere (A, C) de F.
• Exemple. Pla¸cons-nous dans un espace affine E de dimension 2 rapport´e `a un rep`ere ;
une repr´esentation param´etrique de la droite passant par A(a
1, a
2) et de vecteur directeur − → v (α
1, α
2) est : n
x1=a1+λα1
x2=a2+λα2
, avec λ ∈ R .
• Exemple. Pla¸cons-nous dans un espace affine E de dimension 3 rapport´e `a un rep`ere ;
− une repr´esentation param´etrique de la droite passant par A(a
1, a
2, a
3) et de vecteur directeur
−
→ v (α
1, α
2, α
3) est :
x1=a1+λα1x2=a2+λα2
x3=a3+λα3
, avec λ ∈ R .
− une repr´esentation param´etrique du plan passant par A(a
1, a
2, a
3) et dirig´e par le plan vectoriel de base {− → v , − → w } avec − → v (α
1, α
2, α
3) et − → w (β
1, β
2, β
3) est :
x1=a1+λα1+µβ1
x2=a2+λα2+µβ2
x3=a3+λα3+µβ3
, avec λ, µ ∈ R .
6 Equations cart´ esiennes des sous-espaces affines
Soit E un espace affine sur R de dimension finie n, d’espace vectoriel associ´e E. On fixe un rep`ere cart´esien R = (O, B) d’origine O ∈ E avec B = ( − → e
1, . . . , − → e
n) une base de E.
D´ efinition. On appelle hyperplan affine dans E tous sous-espace affine de E de dimension n − 1.
Dans un plan affine, les hyperplans sont les droites affines. Dans un espace affine de dimension 3, les hyperplans sont les plans affines. Le sous-espace directeur H d’un hyperplan affine H est un sous-espace vectoriel de dimension n − 1 de E, i.e. un hyperplan vectoriel. Le th´eor`eme ci-dessous est fond´e sur le fait bien connu en alg`ebre lin´eaire (cons´equence ´evidente de la formule du rang) que les hyperplans vectoriels sont les noyaux des formes lin´eaires non-nulles.
Th´ eor` eme.
(i) Pour tout hyperplan affine H de E, il existe (a
1, . . . , a
n, a
n+1) ∈ R
n+1avec (a
1, . . . , a
n) 6=
(0, . . . , 0), tel que H soit l’ensemble des points M (x
1, . . . , x
n) de E v´erifiant:
a
1x
1+ a
2x
2+ · · · + a
nx
n+ a
n+1= 0 (∗∗)
(ii) R´eciproquement, si (a
1, . . . , a
n, a
n+1) ∈ R
n+1tel que (a
1, . . . , a
n) 6= (0, . . . , 0), l’ensemble des points M (x
1, . . . , x
n) de E v´erifiant (∗∗) est un hyperplan de E.
PreuvePour montrer (i), soitHun hyperplan affine. Son ss-e.v. directeurHest un hyperplan vectoriel deE; donc il existe une forme lin´eaire non-nullef:E→Rtelle queH= Kerf. Si l’on note (a1, . . . , an) les composantes def dans la base duale{e∗1, . . . , e∗n}deE∗, on a (a1, . . . , an)6= (0, . . . ,0) et, pour tout
−
→u(y1, . . . , yn), on peut calculer:
f(−→u) =
n
P
i=1
aie∗i(−→u) =
n
P
i=1
aie∗i
`Pn
j=1
yj−→ej´
=
n
P
i=1 n
P
j=1
aiyje∗i(−→ej) =
n
P
i=1
aiyi.
DoncHest l’hyperplan vectoriel deEd’´equationa1y1+· · ·+anyn= 0 dansB. SoitB(b1, . . . , bn)∈ H.
On a: [M(x1, . . . , xn)∈ H]⇔[−−→
BM ∈H]⇔[a1(x1−b1) +· · ·+an(xn−bn) = 0 ], d’o`u le r´esultat en posantan+1=−(a1b1+· · ·+anbn).
Pour (ii), supposons donn´e (a1, . . . , an, an+1) ∈ Rn+1 avec (a1, . . . , an) 6= (0, . . . ,0) et notons H l’ensemble des pointsM(x1, . . . , xn) v´erifiant (∗∗). SoitB(b1, . . . , bn)∈ H; (il en existe toujours car l’un au moins desaiest non-nul). Commea1b1+· · ·+anbn+an+1= 0, on a pour toutM(x1, . . . , xn)∈ E:
[M∈ H]⇔[a1x1+· · ·+anxn+an+1=a1b1+· · ·+anbn+an+1]⇔[a1(x1−b1) +· · ·+an(xn−bn) = 0].
Ceci signifie queM ∈ H´equivaut `a−−→
BM ∈Kerf, o`u l’on notef la forme lin´eairef=a1e∗1+· · ·+ane∗n, qui est non-nulle d’apr`es l’hypoth`ese sur lesai. En notantHl’hyperplan vectoriel KerfdansE, on a finalement: M∈ Hssi−−→
BM∈H, ce qui prouve que Hest le sous-espace affine passant parB et dirig´e
parH, donc queHest un hyperplan affine. ut
La relation (∗∗) est appel´ee une ´equation cart´esienne de l’hyperplan H dans le rep`ere.
Comme on l’a vu dans la preuve, H est dirig´e par l’hyperplan vectoriel H dans E d’´equation a
1x
1+ a
2x
2+ · · · + a
nx
n= 0 dans la base B. On en d´eduit imm´ediatement:
Corollaire. Soient H et H
0deux hyperplans de E d’´equations a
1x
1+a
2x
2+ · · ·+ a
nx
n+ a
n+1= 0 et a
01x
1+ a
02x
2+ · · · + a
0nx
n+ a
0n+1= 0 respectivement. Alors:
H // H
0si et seulement s’il existe λ ∈ R , λ 6= 0, tel que a
0i= λa
ipour tout 1 ≤ i ≤ n.
H = H
0si et seulement s’il existe λ ∈ R , λ 6= 0, tel que a
0i= λa
ipour tout 1 ≤ i ≤ n + 1.
? Cas des droites en dimension 2. On suppose E de dimension 2, rapport´e `a un rep`ere cart´esien.
Une ´equation cart´esienne d’une droite affine D de E est de la forme ax + by + c = 0 avec (a, b) 6= (0, 0) .
Une base de la droite vectorielle ∆ dirigeant D est alors {− → u } avec − → u (−b, a).
Exemples d’applications.(Ecrire `a titre d’exercice le d´etail des calculs correspondants).
•Condition d’alignement. SoientA(α, β) etB(α0, β0). Pour toutM(x, y), on a:
(M, A, B) align´es ⇔ {−−→
AM ,−→
AB}li´e ⇔ ˛
˛
˛
x−α α0−α y−β β0−β
˛
˛
˛= 0 ⇔ (β0−β)x+ (α−α0)y+ (α0β−αβ0) = 0 , ce qui, pourA6=B, donne une ´equation de la droite (AB). Ou encore, en remarquant que les points sont align´es si et seulement si leurs coordonn´ees v´erifient une ´equation de droite:
(M, A, B) align´es ⇔ ∃a, b, c∈R, (a, b)6= (0,0),
ax + by +c= 0
aα + bβ +c= 0 aα0+bβ0+c= 0 ⇔
˛
˛
˛
˛
x y 1 α β 1 α0β01
˛
˛
˛
˛
= 0.
•Position relative de deux droites. Soient deux droitesDetD0 d’´equations respectivesax+by+c= 0 eta0x+b0y+c0= 0. Notons (S) le syst`eme nax + by+ c = 0
a0x+b0y+c0= 0, etδ=˛
˛a b
a0b0
˛
˛son d´eterminant.
(i) (Dparall`ele `aD0) ⇔ (∃λ∈R∗, a0=λa, b0=λb) ⇔ (δ= 0).
−Si l’on a aussic0=λc, les deux ´equations sont ´equivalentes, doncD=D0.
−Sinon, (S) n’est pas compatible, doncD ∩ D0=∅.
(ii) (Dnon parall`ele `aD0) ⇔ (δ6= 0) ⇔ (D ∩ D0={Ω}) avec Ω“
bc0−b0c
ab0−a0b,aab0c−ac0−a0b0” .
• Condition de concours de trois droites. Soient trois droites D, D0 et D00 d’´equations respectives ax+by+c= 0,a0x+b0y+c0= 0 eta00x+b00y+c00= 0. On suppose que les trois droites sont deux `a deux non parall`eles, c’est-`a-dire queab0−a0b,a0b00−a00b0eta00b0−a0b00 sont tous les trois non-nuls. On dit qu’elles sont concourantes lorsqu’elles se coupent en un mˆeme point, c’est-`a-dire lorsque leurs trois points d’intersection deux `a deux sont confondus ; ceci ´equivaut `a dire que les coordonn´ees du point d’intersection Ω deDetD0 (voir ci-dessus) sont solutions de l’´equation a00x+b00y+c00 = 0. Il vient apr`es calcul:
(D,D0,D00 concourantes)⇔(˛
˛
˛
a b c a0 b0 c0 a00b00c”
˛
˛
˛= 0 ).
? Cas des plans en dimension 3. On suppose E de dimension 3, rapport´e `a un rep`ere cart´esien.
Une ´equation cart´esienne d’un plan affine P de E est de la forme
ax + by + cz + d = 0 avec (a, b, c) 6= (0, 0, 0) .
Une base du plan vectoriel Π dirigeant P est {− → u , − → v } avec − → u (−b, a, 0) et − → v (−c, 0, a).
Exemples d’applications.(Ecrire le d´etail des calculs correspondants et faire des figures).
•Condition de coplanarit´e. SoientA(α, β, γ), B(α0, β0, γ0), C(α00, β00, γ00). Pour toutM(x, y, z), on a:
(M, A, B, C) coplanaires ⇔
˛
˛
˛
˛
x−α α0−α α00−α y−β β0−β β00−β z−γ γ0−γ γ00−γ
˛
˛
˛
˛
= 0 ⇔
˛
˛
˛
˛
˛
x y z 1 α β γ 1 α0 β0 γ0 1 α00β00γ00 1
˛
˛
˛
˛
˛
= 0 ce qui, quand{−→
AB,−→
AC}est libre, donne en d´eveloppant une ´equation du plan passant parA, B, C.
•Position relative de deux plans. Soient deux plansPetP0d’´equations respectivesax+by+cz+d= 0 eta0x+b0y+c0z+d0= 0. Notons (S) le syst`emen
ax + by + cz + d= 0
a0x+b0y+c0z+d0= 0, etµ=`a b c
a0b0c0
´sa matrice.
(i) (P parall`ele `aP0) ⇔ (∃λ∈R∗, a0=λa, b0=λb, c0=λc) ⇔ (rgµ= 1).
−Si l’on a aussid0=λd, les deux ´equations sont ´equivalentes, doncP=P0.
−Sinon, (S) n’est pas compatible, doncP ∩ P0=∅.
(ii) Supposons que rgµ6= 1. Les deux plansPetP0 ne sont donc pas parall`eles. Comme (a, b, c)6=
(0,0,0)6= (a0, b0, c0), on a rgµ6= 0, donc rgµ= 2. Donc l’un au moins des 3 mineursab0−a0b, bc0− c0b, ca0−c0aest non-nul. Il en r´esulte en particulier queP ∩ P06=∅.
En effet, si par exempleab0−a0b6= 0, l’ensemble des solutions de (S) est{(x(z), y(z), z) ;z∈ R}, avecx(z), y(z) donn´es par les formules de Cramer dans le syst`emenax + by = −cz − d
a0x+b0y=−c0z−d0 . D`es lors,P ∩P0est un sous-espace affine dirig´e par le ss-e.v. Π∩Π0. Or−→u(x, y, z)∈Π∩Π0si et seulement si (x, y, z) est solution du syst`eme homog`ene (S0)nax + by+ cz = 0
a0x+b0y+c0z= 0. On a rg(S0) = rgµ = 2 donc l’espace vectoriel des solutions de (S0) est de dimension 3−2 = 1. On conclut que Π∩Π0est une droite vectorielle, donc queP ∩ P0est une droite affine.
On retiendra que: l’intersection de deux plans affines non parall`eles est une droite affine.
? Cas des droites en dimension 3. On suppose E de dimension 3, rapport´e `a un rep`ere cart´esien.
Proposition. D est une droite affine de E si et seulement s’il existe (a, b, c) et (a
0, b
0, c
0) deux triplets lin´eairement ind´ependants dans R
3, et deux scalaires d, d
0∈ R tels que D soit exactement l’ensemble des points M (x, y, z) dont les coordonn´ees sont solutions du syst`eme (S) suivant:
n
ax + by + cz + d = 0a0x+b0y +c0z+d0 = 0
, avec (a
0, b
0, c
0) 6= λ(a, b, c) pour tout λ ∈ R , (a, b, c) 6= (0, 0, 0).
PreuveUn sens r´esulte de ce que l’on vient de voir `a la fin du paragraphe pr´ec´edent. R´eciproquement, soientDune droite affine,Aun point deDet−→u un vecteur non-nul de la droite vectorielle ∆ dirigeant D. On peut compl´eter−→u en une base{−→u ,−→v ,−→w}deE. On introduit le plan P passant parAet de sous-espace vectoriel directeur le plan vectoriel Π de base{−→u ,−→v}. De mˆeme, soit P0 passant par A et de sous-espace vectoriel directeur le plan vectoriel Π0 de base{−→u ,−→w}. On a{−→u ,−→v ,−→w}libre, donc Π6= Π0, doncPnon parall`ele `aP0. D’apr`es ce que l’on a vu pr´ec´edemment,P ∩ P0est alors une droite affine, dirig´ee par la droite vectorielle Π∩Π0. CommeA∈ P ∩ P0et−→u ∈Π∩Π0, on conclutP ∩ P0=D.
On introduit des ´equations cart´esiennes deP et deP0 pour achever la preuve. ut
On dit que (S) est un syst`eme d’´equations cart´esiennes de D dans le rep`ere. Il exprime que: toute droite affine de E est (d’une infinit´e de fa¸cons) l’intersection de deux plans de E.
Exercices d’application.(Ecrire le d´etail des calculs et faire des figures).
• Position relative d’une droite et d’un plan. SoientDune droite etP un plan dansE. En utilisant des ´equations cart´esiennes, montrer que les seuls cas possibles sont:
−la droite vectorielle ∆ dirigeantDest un sous-espace vectoriel du plan vectoriel Π dirigeantP ; dans ce cas : ou bienD ⊂ P, alorsD ∩ P=D;
ou bienD 6⊂ P, alorsD ∩ P=∅;
−la droite vectorielle ∆ n’est pas un sous-espace vectoriel de Π ; dans ce casD ∩ Pest un singleton.
• Position relative de deux droites. Soient DetD0 deux droites dansE. En utilisant des ´equations cart´esiennes, montrer que les seuls cas possibles sont:
−les droitesDetD0 sont confondues, alorsD ∩ D0=D;
−les droitesDetD0 sont parall`eles mais non confondues, alorsD ∩ D0=∅;
−les droitesDetD0 ne sont pas parall`eles, alors: (D ∩ D0=∅) ou (D ∩ D0) est un singleton.
7 Barycentre
Soit E un espace affine sur R , d’espace vectoriel associ´e E. La notion de barycentre d’une famille de points est un outil essentiel du travail dans les espaces affines, dont le rˆole est comparable `a celui de combinaison lin´eaire d’une famille de vecteurs dans le cadre des espaces vectoriels.
Th´ eor` eme. Soit A = (A
i, α
i)
1≤i≤nune famille finie de points pond´er´es, (ceci signifie que, pour tout 1 ≤ i ≤ n, A
iest un point de E, et α
iest un r´eel appel´e le poids ou la masse affect´e `a A
i). On pose : σ = P
ni=1
α
i, appel´ee la masse totale de la famille. On suppose que σ 6= 0 ; alors il existe un unique point G de E v´erifiant l’une des conditions suivantes ´equivalentes:
(1)
n
P
i=1
α
i−−→ GA
i= − →
0 , (2) ∃ M
0∈ E , −−−→
M
0G = 1 σ
n
P
i=1
α
i−−−→ M
0A
i, (3) ∀ M ∈ E, −−→
M G = 1 σ
n
P
i=1
α
i−−−→ M A
i.
Preuve. Soitfl’applicationE →Ed´efinie parf(M) =Pn i=1αi
−−−→M Aipour toutM∈ E. PourM, N ∈ E, on af(M)−f(N) =Pn
i=1αi
−−−→M Ai−Pn i=1αi
−−→N Ai=Pn
i=1αi(−−−→
M Ai+−−→
AiN) =Pn i=1αi
−−→M N. On retient:
pour tousM, N ∈ E, f(M)−f(N) =σ−−→
M N. (*) Il en r´esulte quef est injective (en effetf(M) =f(N)⇒−−→
M N=σ1(f(M)−f(N)) =−→
0 ⇒M =N).
− On montre que les 3 assertions sont ´equivalentes. SiGv´erifie (i), on af(G) =−→0 ; d’apr`es (*) on a alorsf(M) =f(G) +σ−−→
M G=σ−−→
M Gpour toutM ∈ E, donc (iii) est v´erifi´e. Il est clair que (iii)⇒(ii).
Enfin, siGv´erifie (ii), on a d’apr`es (*): f(G) =f(M0) +σ−−−→
GM0=σ−−−→
M0G+σ−−−→
GM0=−→ 0 .
− On montre l’existence deG. SoitA∈ Equelconque; alors pour le vecteur 1σf(A)∈E, il existeG∈ E tel que−→
AG=σ1f(A). En utilisant (*), il vient: f(G) =f(A) +σ−→
GA=σ−→
AG+σ−→
GA=−→ 0 .
− On montre l’unicit´e deG. SiG0 est un autre point deE v´erifiant (i), on af(G) =−→
0 =f(G0), d’o`u
G=G0 par injectivit´e def. ut
D´ efinition. Sous les hypoth`eses du th´eor`eme pr´ec´edent, le point G est appel´e le barycentre du syst`eme de points pond´er´es (A
i, α
i)
1≤i≤n. On le note:
G = Bar(A
i, α
i)
1≤i≤nou G = Bar
Aα11, ... α, ... Aii, ... A, ... αnn,
Homog´en´eit´e du barycentre. Il est clair que, pour toutλ∈R∗, Bar(Ai, λαi)1≤i≤n= Bar(Ai, αi)1≤i≤n. Donc, quitte `a multiplier chaque poids par σ1, on peut toujours supposer queσ= 1.
Un cas particulier important est celui o` u les masses sont toutes ´egales. Par homog´en´eit´e, on peut les prendre ´egales `a 1. La somme des masses est n 6= 0, ce qui autorise la d´efinition suivante.
D´ efinition. Soient A
1, . . . , A
ndes points de E. Le barycentre G = Bar(A
i, 1)
1≤i≤nest appel´e l’isobarycentre du n-uplet (A
1, . . . , A
n). Il est d´efini par:
∀ M ∈ E, −−→
M G = 1 n
n
P
i=1
−−−→ M A
i, ou encore
n
P
i=1
−−→ GA
i= − → 0
Comme Bar(A
i, 1)
1≤i≤n= Bar(A
s(i), 1)
1≤i≤npour toute permutation s de {1, 2, . . . , n}, on peut parler de l’isobarycentre des points A
1, A
2, . . . , A
n, ind´ependamment de l’ordre des points.
L’isobarycentre de 2 points deE s’appelle leur milieu. SiA, Bsont deux points deE, [I milieu de (A, B) ]⇐⇒[−→
IA+−→
IB=−→
0 ]⇐⇒[−→ AI=−→
IB]
• La propri´et´e suivante, ´evidente mais pr´ecieuse sur le plan pratique, indique que l’on peut regrouper les points par paquets, et que le barycentre global est alors le barycentre des barycentres partiels, affect´es des sommes partielles des masses correspondantes.
Proposition (associativit´e du barycentre). Soit A = (A
i, α
i)
1≤i≤nune famille finie de points pond´er´es de masse totale P
ni=1
α
inon-nulle. Notons G son barycentre. On suppose que, pour un entier 1 ≤ p < n, on ait P
pi=1
α
i6= 0, et on consid`ere le barycentre partiel G
0= Bar
A1, A2, ... Ap
α1, α2, ... αp
. Alors:
G = Bar
A1, ... Ap, Ap+1, ... An
α1, ... αp, αp+1 ... αn
= Bar
G0, Ap+1, ... An
α1+···+αp, αp+1 ... αn
.
Preuve. −→0 =
n
P
i=1
αi
−−→GAi=
p
P
i=1
αi
−−→GAi+
n
P
i=p+1
αi
−−→GAi=`Pp
i=1
αi
´−−→GG0+
n
P
i=p+1
αi
−−→GAi ut
?Exemple d’application. DansE suppos´e de dimension≥2, soientA, B, Ctrois points non align´es, et A0, B0, C0 les milieux respectifs de (B, C),(C, A),(A, B). Par associativit´e, l’isobarycentre du triangle (A, B, C) estG= Bar`A, B, C
1, 1, 1,
´= Bar“
C0, C 2, 1,
”
, de sorte que−−→
CG= 2−−→
GC0, d’o`uG∈(CC0). De mˆeme G∈(AA0) etG∈(BB0). On a prouv´e: les trois m´edianes d’un triangle se coupent en l’isobarycentre (ou centre de gravit´e) du triangle, situ´e au tiers de chacune d’elles `a partir du cˆot´e.
? Exercice d’application. De la mˆeme fa¸con, montrer que, dans E suppos´e de dimension ≥ 3, pour A, B, C, D quatre points non coplanaires, les 3 droites passant par le milieu d’une des 6 arˆetes du t´etra`edre et le milieu de l’arˆete oppos´ee se coupent en l’isobarycentreGdu t´etra`edre. Montrer queG est aussi le point de concourrance des quatre droites joignant chaque sommet au centre de gravit´e du triangle oppos´e.
• On donne maintenant une caract´erisation en terme de barycentre de la notion de sous-espace
affine, que l’on peut r´esumer en disant qu’un sous-espace affine est une partie stable par barycentre.
Proposition. Soit F une partie non-vide de E. Les deux conditions suivantes sont ´equivalentes:
(i) F est un sous-espace affine de E;
(ii) le barycentre de toute famille finie de points pond´er´es de F appartient encore `a F.
Preuve. Supposons (i). NotonsF le sous-espace vectoriel directeur deF. Soit (Ai, αi)1≤i≤nune famille finie de points pond´er´es dansF telle queσ=α1+· · ·+αn 6= 0. Le barycentreGdes (Ai, αi) v´erifie
−−→M G= σ1Pn i=1αi
−−−→M Ai pour tout M ∈ E. SiM ∈ F, on a −−−→
M Ai∈F pour tout 1≤i≤n. Donc−−→
M G
´etant combinaison lin´eaire des−−−→
M Ai, on a−−→
M G∈F. CommeM∈ F, ceci implique queG∈ F.
Supposons (ii). ChoisissonsA∈ F. Il s’agit de montrer que F :={−−→
AM;M ∈ F}est un sous-espace vectoriel deE. Pour cela, consid´erons −−→
AM ,−−→
AN ∈F quelconques, avec M, N ∈ F, etα, β ∈R. Soit Gle barycentre de (A, M, N) affect´es des coefficients (1−α−β, α, β), dont la somme est non-nulle.
D’apr`es l’hypoth`ese (ii), G ∈ F. Par d´efinition du barycentre, −→
AG =α−−→
AM+β−−→
AN. Mais −→
AG ∈F puisqueG ∈ F. On a ainsi v´erifi´e que: α−−→
AM+β−−→
AN ∈ F, ce qui prouve que F est un sous-espace
vectoriel deE, et donc queF est un sous-espace affine deE. ut
• On termine par une formulation en termes de barycentre de la notion de base affine.
Proposition. Soit X = (A
0, A
1, . . . , A
p) une famille affinement libre de points de E. Soit F le sous-espace affine de E engendr´e par X . Alors:
∀ M ∈ F , ∃ ! (α
0, α
1, . . . , α
p) ∈ R
p+1,
p
P
i=0
α
i= 1 et M = Bar(A
i, α
i)
0≤i≤p.
Preuve. Comme on l’a vu `a la section 4,X est une base affine deF, etX={−−−→
A0A1,−−−→
A0A2, . . . ,−−−→
A0Ap} est une base du sous-espace vectorielF deE directeur deF. SoitM ∈ F. Donc −−−→
A0M ∈ F. Soient (α1, . . . , αp) les composantes de−−−→
A0Mdans la baseX. Soitα0 = 1−Pp
i=1αi. On a−−−→
A0M =Pp i=0αi
−−−→A0Ai
etPp
i=0αi= 1. L’unicit´e desαir´esulte de la libert´e deX. ut
La base affine X de F est parfois appel´e un rep` ere barycentrique de F, et les r´eels (α
0, α
1, . . . , α
p) sont appel´es les coordonn´ ees barycentriques du point M de F relativement `a X .
Par exemple, l’isobarycentre G d’un triangle (A, B, C) a pour coordonn´ees barycentriques (
13,
13,
13) dans la famille affinement libre (A, B, C). De nombreux exercices de g´eom´etrie affine se r´esolvent d’autant plus simplement que l’on choisit un rep`ere barycentrique bien adapt´e au probl`eme.
8 Convexit´ e
Soit E un espace affine sur R , d’espace vectoriel associ´e E.
D´ efinition. Soient A, B ∈ E. On appelle segment d’extr´emit´es A et B , not´e [A, B], la partie de E form´ee des barycentres des deux points A, B pond´er´es par des masses positives dans R .
Fixons O ∈ E quelconque. Alors:
( M ∈ [A, B] ) ⇐⇒ ( ∃ α, β ∈ R
+, α + β > 0, (α + β) −−→
OM = α −→
OA + β −−→
OB ) . Les r´eels t =
α+ββet 1 − t =
α+βαappartiennent `a [0, 1] ⊂ R .
( M ∈ [A, B] ) ⇐⇒ ( ∃ t ∈ [0, 1], −−→
OM = (1 − t) −→
OA + t −−→
OB ) . En choisissant O = A, on obtient:
( M ∈ [A, B] ) ⇐⇒ ( ∃ t ∈ [0, 1], −−→
AM = t −−→
AB ) .
Il en r´esulte en particulier que [A, B] = [B, A] et [A, A] = {A}.
Figure