Journal de Gyn´ ecologie Obst´ etrique et Biologie de la Reproduction (2013) 42, 195—196
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
LETTRE À LA RÉDACTION
Présentation clinique inhabituelle d’un cancer de la vulve
Unusual clinical presentation of a cancer vulva
Les tumeurs malignes de la vulve sont généralement bourgeonnantes, ulcérées et ou infiltrantes [1]. La hantise du cancer doit être toujours présente à l’esprit, devant toute lésion vulvaire. De ce fait, il ne faut pas hésiter à faire des biopsies de toute lésion de la vulve pour confirmer ou infirmer un cancer. Ainsi, l’aspect de lésions vésiculeuses au cours d’un cancer de la vulve est inhabituel. Nous rappor- tons une observation d’un cancer de la vulve très agressif, dont l’aspect était vésiculeux « en grappe de raisin », chez une femme de 72 ans.
Patiente âgée de 72 ans, mère de deux enfants. Elle était mariée à trois reprises. Le premier mariage était précoce à l’âge de 15 ans. Elle était ménopausée depuis 20 ans.
La patiente présentait depuis trois ans un prurit vulvaire, pour lequel elle n’avait jamais consulté. Depuis deux mois apparaissaient des lésions vulvaires, qui étaient au début localisées et rapidement extensives pour atteindre toute la région vulvaire. L’examen montrait des lésions vulvaires, étendues au mont du pubis, aux grandes et petites lèvres, au clitoris et au vestibule et aux plis de l’aine. Les lésions étaient érythémateuses, papuleuses, vésiculeuses et rapi- dement extensives. Elles donnaient un aspect « en grappe de raisin » ou « en bouquet » (Fig. 1 et 2). L’examen au spé- culum montrait une extension de la tumeur au tiers inférieur du vagin. Des biopsies vulvaires et cervicales objectivaient un carcinome épidermoïde moyennement différencié et infiltrant au niveau de la vulve. Une vulvectomie totale avec colpectomie et curage ganglionnaire inguinale superficiel et profond étaient réalisés. L’examen anatomopatholo- gique montrait un carcinome épidermoïde moyennement différencié ulcéré et infiltrant le chorion profond qui intéressait la totalité de la vulve et du clitoris. Il était noté de nombreux emboles néoplasiques. Les limites tumorales étaient situées à deux centimètres. Le curage ganglionnaire ramenait 14 ganglions, dont huit étaient positifs. Les suites opératoires étaient simples. La patiente était sortie à j21 du postopératoire. Une récidive locale était notée deux mois après l’intervention, elle était traitée par exérèse chirur- gicale. Le bilan d’extension montrait, un moins après, une image en lâcher de ballons, en faveur de métastases secon- daires. Le décès était survenu deux semaines par la suite.
Figure 1 Lésions vulvaires, érythémateuses, papuleuses et vésiculeuses, étendues au mont du pubis, aux grandes et petites lèvres, au vestibule et aux plis de l’aine.
Vulvar lesions, erythematous, papular and vesicular bodies at mount pubis, the labia majora and minora, the vestibule and the folds of the groin.
Le carcinome épidermoïde est le type histologique le plus fréquemment retrouvé au cours des cancers vulvaires.
Il est du aux humains papilloma virus oncogènes [1]. Les autres types histologiques sont rares, ils sont représentés par le carcinome basocellulaire, le mélanome, les carci- nomes à petites cellules et les sarcomes [2]. Ils se présentent généralement sous une forme bourgeonnante, ulcérée et ou infiltrante [3]. L’aspect de lésions vésiculeuses au cours d’un cancer de la vulve est inhabituel. Le praticien, s’il n’est pas vigilant, peut être orienté potentiellement, vers une étio- logie plutôt infectieuse, plus que tumorale, d’où l’intérêt de pratiquer des biopsies systématiquement, comme c’est le cas de ce type de lésion. Le carcinome épidermoïde évolue lentement et reste souvent à localisation locoré- gionale. Les métastases à distances sont rares [4]. Dans notre cas, l’évolution était rapidement extensive en deux mois. Le pronostic était mauvais dans notre cas, avec de ce type de cancer est généralement meilleur, avec surve- nue de métastases pulmonaires en lâcher de ballons. Ainsi,
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http://dx.doi.org/10.1016/j.jgyn.2012.09.017
196 Lettre à la rédaction
Figure 2 Les mêmes lésions vulvaires que la Fig. 1, un mois avant, montrant la rapidité d’extension.
The same as Fig. 1 vulvar lesions, a month before, showing the rapid extension.
nous pensons que le carcinome épidermoïde de la vulve dans sa forme vésiculeuse, serait extensif et agressif et s’accompagne d’éléments de mauvais pronostic, rendant le pronostic mauvais.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Références
[1] Mulvany NJ, Allen DG. Differentiated intraepithelial neoplasia of the vulva. Int J Gynecol Pathol 2008;27:
125—35.
[2] Leroy JL, Vinatier D, Collier F, Thomas P. Diagnostic d’une néoplasie intraépithéliale vulvaire (VIN). Gynecol Obstet Fertil 2008;36:190—9.
[3] Carter JS, Downs LS. Vulvar and vaginal cancer. J Obstet Gynecol Clin North Am 2012;39:213—31.
[4] Smith JS, Backes DM, Hoots BE, Kurman RJ, Pimenta JM.
Human papillomavirus type-distribution in vulvar and vagi- nal cancers and their associated precursors. Obstet Gynecol 2009;113:917—24.
H. Boufettal
∗Z. Jeddaoui F. Hussein S. Mahdoui M. Noun S. Hermas N. Samouh Service de gynécologie - obstétrique « C », faculté de médecine et de pharmacie, université Ain-Chok, centre hospitalier universitaire Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
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