SEMAINE 1 ALG `EBRE G ´EN ´ERALE EXERCICE 1 :
1. Soit G un groupe fini, soient x et y deux ´el´ements de G qui commutent. On note m = ω(x), n=ω(y) les ordres respectifs des ´el´ements xet y.
a.On supposemet npremiers entre eux. Montrer queω(xy) =mn.
b.On ne suppose plusmet npremiers entre eux. A-t-onω(mn) =m∨n?
2.SoitGun groupe commutatif fini. Montrer qu’il existe un ´el´ementzdeGdont l’ordre est l’exposant du groupeG(c’est-`a-dire le p.p.c.m. des ordres des ´el´ements deG).
3.SoitK un corps (commutatif), soitGun sous-groupe fini du groupe multiplicatifK∗. Montrer que Gest cyclique.
Sources : nombreuses (c’est archi-classique), parmi lesquelles Michel DEMAZURE, Cours d’Alg`ebre,
´
editions Cassini, ISBN 2-84225-000-1.
- - - - 1.a. Posonsz=xy. On azmn= (xy)mn= (xm)n(yn)m=e, doncω(z)|mn.
D’autre part, comme m∧n = 1, il existe deux entiers relatifs u et v tels que um+vn = 1 (relation de B´ezout). Alors
zum=xumyum=xumy1−vn= (xm)uy(yn)−v=eye=y
et, de mˆeme,zvn =x. Donc xety appartiennent au sous-groupe <z>engendr´e parz, mais ce sous-groupe est cyclique d’ordreω(z). On en d´eduit que les ordres dexet dey divisent l’ordre dez, donc leur p.p.c.m. divise aussi l’ordre dez, soit mn|ω(z).
Finalement, ω(z) =mn.
b.Si m∧n6= 1, on n’a plusω(xy) =m∨nen g´en´eral. En effet, dans le groupeU3={1, j, j2}, on a ω(j) =ω(j2) = 3, mais ω(j j2) =ω(1) = 1.
2.Soitnl’exposant du groupeG. D´ecomposonsnen produit de facteurs premiers :n=
k
Y
i=1
pαii. Alors, pour touti, il existe dansGun ´el´ementxid’ordrepαii : en effet, il existe au moins un ´el´ement
yi deGtel que lapi-valuation deω(yi) soitαi, c’est-`a-direω(yi) =pαiimiavecmi∧pi= 1. Alors (yimi)pαii
=e. L’ordre de l’´el´ement yimi divisepαii, donc est de la forme pβi avecβ ≤αi ; si on avaitβ < αi, alors on aurait (ymi i)pβi
=ypβimi
i =e, ce qui contreditω(yi) =pαiimi. On a donc bien ω(yimi) =pαii.
En utilisant la question1.a., par une r´ecurrence imm´ediate surk, on d´eduit que l’´el´ementy=
k
Y
i=1
ymi i
est d’ordren.
3. SoitN l’ordre du groupeG, soitnson exposant (cf. ci-dessus), soitz un ´el´ement deGd’ordren.
Par le th´eor`eme de Lagrange, on an|N.
Par ailleurs, le polynˆomeP =Xn−1 deK[X] admet au plusnracines dansKet, tout ´el´ement de G´etant racine deP, on aN ≤n.
En conclusion,n=N, doncGest cyclique (Gest engendr´e parz).
EXERCICE 2 :
Soitpun nombre premier, p≥3.
1.Combien y a-t-il de carr´es dans le corps K= Z. pZ? 2.Montrer qu’un ´el´ement xde
Z. pZ
∗
est un carr´e si et seulement si x
p−1 2 = 1.
3.Quels sont les nombres premiersppour lesquels−1 est un carr´e dans Z. pZ? 4.En d´eduire qu’il existe une infinit´e de nombres premiers de la forme 4k+ 1,k∈IN.
Source : Daniel PERRIN, Cours d’Alg`ebre, ´editions Ellipses, ISBN 2-7298-5552-1.
- - - - 1. Soit G =
Z. pZ
∗
le groupe multiplicatif des ´el´ements non nuls du corps K = Z. pZ. L’application q : x 7→ x2 est un endomorphisme de ce groupe G et Kerq = {−1,1} : en ef- fet, {−1,1} ⊂Kerq, −1 6= 1 car p >2 et le polynˆome X2−1, `a coefficients dans le corpsK, admet au plus deux racines dans ce corps.
On a donc|Kerq|= 2, d’o`u |Imq|= |G|
|Kerq| =p−1
2 . En rajoutant l’´el´ement 0 qui est son propre carr´e, on d´enombre p+ 1
2 carr´es dans Z. pZ. 2.Six=y2avecy∈G=
Z.
pZ ∗
, alors x
p−1
2 =yp−1= 1 car|G|=p−1 (th´eor`eme de Lagrange).
Les carr´es deG(qui sont au nombre dep−1
2 d’apr`es la question1.) sont racines de l’´equation(E): x
p−1
2 −1 = 0 ; mais cette ´equation admet au plus p−1
2 racines dans le corpsK. L’´equation(E) admet donc exactement p−1
2 racines dansK qui sont les carr´es de
Z. pZ
∗
. 3.Etant donn´e quep >2 (donc−16= 1 dans Z.
pZ), on a les ´equivalences
−1 carr´e ⇐⇒ (−1)
p−1
2 = 1 ⇐⇒ (−1)
p−1
2 = 1 ⇐⇒ p−1
2 pair ⇐⇒ p≡1 modulo 4.
4.Soitn∈IN∗, montrons qu’il existe des nombres premiers congrus `a 1 modulo 4 qui sont plus grands quen.
Pour cela, posons A= (n!)2+ 1.
Tout diviseur premier p de A v´erifie p > n (les nombres premiers p tels que p ≤ n divisent (n!)2 = A−1). Soit pun tel diviseur (il en existe au moins un) ; on a (n!)2 ≡ −1 modulo p, donc−1 est un carr´e dans Z.
pZ, doncp≡1 modulo 4. CQFD
EXERCICE 3 :
1. Soit A un anneau principal, soit K son corps des fractions. Pour tout polynˆome P non nul de A[X], on note c(P) -contenu deP- le pgcd des coefficients du polynˆomeP (c’est un ´el´ement de Ad´efini “`a association pr`es”, c’est-`a-dire `a multiplication pr`es par un ´el´ement inversible de l’anneauA). Le polynˆomeP deA[X] est ditprimitifsic(P) = 1 (ses coefficients sont premiers entre eux dans leur ensemble).
a.Montrer que le produit de deux polynˆomes primitifs deA[X] est primitif. Que vautc(P Q) si P et Qsont deux polynˆomes non nuls deA[X] ?
b. Soient P et Q deux polynˆomes de A[X], premiers entre eux dans A[X] (leurs seuls diviseurs communs sont les ´el´ements inversibles de l’anneau A[X], c’est-`a-dire...?). Montrer qu’ils sont premiers entre eux dans l’anneauK[X].
2.Soient P et Qdeux polynˆomes de C[X, Y] = C[X][Y], premiers entre eux dans C[X, Y].
a.D´emontrer l’existence d’un polynˆome D non nul de C[X] et de deux polynˆomesAetBde C[X, Y] tels que
D(X) =A(X, Y)P(X, Y) +B(X, Y)Q(X, Y). b.Montrer que le syst`eme(S):
(P(x, y) = 0
Q(x, y) = 0 a un nombre fini de solutions dans C2. Sources :
• Daniel PERRIN, Cours d’Alg`ebre, ´Editions Ellipses, ISBN 2-7298-5552-1 ;
• FRANCINOU et GIANELLA, Exercices de Math´ematiques pour l’Agr´egation, Alg`ebre 1, ´Editions Masson, ISBN 2-225-84366-X.
• ENS Lyon/Cachan, ´epreuve du concours MP*, session 2000.
- - - - 1.a. Posons P =
m
X
i=0
aiXi et Q =
n
X
j=0
bjXj, supposons-les tous les deux primitifs. Si le produit P Q n’´etait pas primitif, il existerait un ´el´ement irr´eductible (ou “premier”) p de l’anneau A divisant tous les coefficients deP Q, `a savoir tous lesck = X
i+j=k
aibj. Commepne divise pas tous les coefficients de A, soit i0 le plus petit indice i pour lequelp ne divise pas ai, soit de mˆeme j0= min{j∈[[1, n]] ; bj 6∈pA}. On a alors
ci0+j0 = X
i+j=i0+j0
aibj =ai0bj0+X
i<i0
aibi0+j0−i+X
j<j0
ai0+j0−jbj.
L’´el´ement irr´eductiblepdivise les deux derni`eres sommes et diviseci0+j0, il divise donc aussi le produitai0bj0, donc il divise l’un des facteurs, ce qui est absurde.
On a utilis´e ici le lemme d’Euclide, valable dans tout anneau principal (ou, plus g´en´eralement, factoriel) : si pest irr´eductible etp|ab, alorsp|a oup|b.
Il est clair que, si a∈AetP ∈A[X], alorsc(aP) =a c(P).
Si P etQsont deux polynˆomes quelconques, on peut ´ecrireP =c(P)·P0 etQ=c(Q)·Q0, o`u P0et Q0sont primitifs ; alors P0Q0est primitif et
c(P Q) =c c(P)c(Q)·P0Q0
=c(P)c(Q)c(P0Q0) =c(P)c(Q).
b. Soient P et Q deux polynˆomes de A[X], premiers entre eux dans A[X] (leurs seuls diviseurs communs dansA[X] sont les ´el´ements inversibles de l’anneauA). Il s’agit de montrer qu’ils sont premiers entre eux dansK[X], c’est-`a-dire que leurs seuls diviseurs communs dansK[X] sont les constantes (´el´ements deK). ´EcrivonsP=c(P)·P0etQ=c(Q)·Q0avecP0etQ0primitifs. Soit Dun diviseur commun `aPetQdansK[X] : il existeRetSdansK[X] tels que
(P = DR Q = DS(*).
On peut ´ecrireD=d1
d2
D0avecd1∈A,d2∈Apremiers entre eux, etD0∈A[X] primitif : pour cela, on r´eduit au mˆeme d´enominateur les coefficients deD, ce qui donneD= ∆
b avec ∆∈A[X] et b ∈A\ {0}, puis D = c(∆)
b D0 avec D0 primitif, et on simplifie ´eventuellement la fraction c(∆)
b :
Par exemple, avecA=ZetK= Q, on a 6 7+3
8X+15
4 X2= 3
56(16 + 7X+ 70X2)et le polynˆome entre parenth`eses est primitif dans Z[X].
De mˆeme,R= r1 r2
R0 etS= s1 s2
S0 avecR0et S0dansA[X], primitifs. Le syst`eme(*)se r´e´ecrit alors sous la forme d’´egalit´es dans A[X] :
(d2r2c(P)·P0 = d1r1D0R0 d2s2c(Q)·Q0 = d1s1D0S0
. (∗∗)
Les polynˆomes D0R0 et D0S0 ´etant primitifs d’apr`es a., en ´egalant les contenus dans (**), on obtient
(u d2r2c(P) = d1r1
v d2s2c(Q) = d1s1, o`u u et v sont deux ´el´ements inversibles de l’anneau A. En r´einjectant dans(**), cela donne
(P0 = u D0R0 Q0 = v D0S0
, donc le polynˆome D0 ∈A[X] divise, dans A[X], les polynˆomesP0etQ0; il divise donc aussi les polynˆomesP =c(P)·P0 etQ=c(Q)·Q0,
doncD0 est une constante (inversible dansA) et D= d1 d2
D0est une constante (´el´ement deK), ce qu’il fallait d´emontrer.
Si P et Qsont deux polynˆomes de A[X], le lecteur montrera facilement (le plus dur a ´et´e fait) l’´equivalence entre les assertions :
(i) : P et Qsont premiers entre eux dansA[X]; (ii) :
(c(P) etc(Q)sont premiers entre eux dansA P etQsont premiers entre eux dansK[X] .
2.a. Appliquons la question 1.b. avec A = C[X] et K = C(X). Les polynˆomes P et Q, pre- miers entre eux dans A[Y] = C[X, Y], sont aussi premiers entre eux dans K[Y] = C(X)[Y].
CommeK = C(X) est un corps, l’anneau K[Y] est principal et on peut appliquer l’identit´e de B´ezout : il existe des polynˆomes U et V dans C(X)[Y] tels queU P +V Q= 1. On peut ´ecrire U(X, Y) =
m
X
i=0
Ui(X)Yi et V(X, Y) =
n
X
j=0
Vj(X)Yj, les Ui et les Vj ´etant des ´el´ements de C(X) ; si on note D(X) le ppcm des d´enominateurs de ces fractions rationnelles Ui et Vj, on peut ´ecrire U(X, Y) = A(X, Y)
D(X) et V(X, Y) = B(X, Y)
D(X) , o`u A et B sont des polynˆomes de C[X, Y], et on a ainsi
A(X, Y)P(X, Y) +B(X, Y)Q(X, Y) =D(X).
b. Si le couple (x, y)∈C2 v´erifie le syst`eme(S), alorsx est racine du polynˆomeD (il y en a un nombre fini). Les ind´etermin´eesX etY jouant le mˆeme rˆole, il y a aussi un nombre fini de valeurs possibles dey, donc de couples (x, y).
EXERCICE 4 : Un th´eor`eme de Sylow
SoitGun groupe fini, d’ordren=pαmavecppremier et p∧m= 1.
On noteX l’ensemble des parties deGde cardinalpα, etY l’ensemble des sous-groupes deGd’ordre pα.Le but du jeu est de montrer queY 6=∅, et plus pr´ecis´ement que le nombre de sous-groupes deGd’ordrepα(lesp-Sylow deG) est congru `a 1 modulo p.
Pour cela, on fait op´ererGsurX par translation `a gauche : sig∈Get E∈X, on pose g·E=gE={ga; a∈E}.
1.SoitE∈X. Montrer que son stabilisateurSE={g∈G|g·E=E}est de cardinal au plus ´egal `a pα.
2.SoitE∈X. Montrer que le cardinal du stabilisateurSE est ´egal `apα si et seulement siE est une classe `a droite modulo un sous-groupe d’ordrepα(c’est-`a-dire E=H·xavecx∈GetH ∈Y).
3.Montrer que|X|est congru `a m|Y| modulop.
4.Montrer que|X|est congru `ammodulop.
5.Conclure.
Source : Daniel PERRIN, Cours d’Alg`ebre, ´editions Ellipses, ISBN 2-7298-5552-1.
- - - -
1. Les translations ´etant des permutations de G, si E ∈ X, on a bien g ·E ∈ X, c’est-`a-dire
|g·E| = |E| = pα. De plus, avec E ∈ X, les ´egalit´es e·E = E et (gh)·E = g·(h·E) sont imm´ediates, on a donc bien une action du groupe Gsur l’ensembleX.
Soit E ∈ X, soit a ∈ E donn´e ; si g ∈ SE, alors ga ∈ g·E = E, donc g ∈ Ea−1. On a donc SE⊂Ea−1, o`uaest un ´el´ement quelconque deE, d’o`u|SE| ≤ |Ea−1|=|E|=pα.
Rappelons que le stabilisateur SE d’un ´el´ement E de X est un sous-groupe de G (v´erification imm´ediate).
2.• SiE=HxavecH ∈Y, alors
g∈ SE ⇐⇒ gE=E ⇐⇒ gHx=Hx ⇐⇒ gH =H
mais, H ´etant un sous-groupe, cette derni`ere condition ´equivaut `a g ∈H. On a alorsSE =H, d’o`u|SE|=pα.
•Si|SE|=pα, alorsSE est un sous-groupe d’ordrepα, posonsH=SE∈Y. Si on se donnea∈E, on a H ⊂Ea−1 d’apr`es la question1., d’o`u H =Ea−1 (´egalit´e des cardinaux), doncE=Ha: E est une classe `a droite moduloa.
3. Les ´el´ements deX de la formeHx avecH ∈Y et x∈Gsont au nombre de m|Y| : chaque sous- groupe d’ordrepα, s’il en existe, d´efinitmclasses `a droite distinctes et deux sous-groupes distincts ne peuvent engendrer une mˆeme classe `a droite (supposonsH1x1=H2x2, alorsx1=ex1∈H2x2, doncx1x−12 ∈H2 puisx2x−11 = (x1x−12 )−1∈H2et enfinH1=H2x2x−11 =H2).
Les autres ´el´ements EdeX ont un stabilisateur SE dont le cardinal est strictement inf´erieur `apα, mais divise pαm (car les stabilisateurs sont des sous-groupes deG), donc |SE| est de la forme pkd, avec 0≤k ≤α−1 etd| m. Ils ont donc une orbite dont le cardinal (qui est l’indice du stabilisateur), [G:SE] =pα−km
d, est multiple dep.
Les orbites deX sous l’action deGpar translation `a gauche ´etant deux `a deux disjointes, on d´eduit
|X| ≡m|Y|modulop.
4. Le cardinal de X ne d´epend que de l’ordre du groupeG et non de sa structure : c’est le nombre de parties `a pα ´el´ements d’un ensemble `a n = pαm ´el´ements. On peut donc supposer ici que G= Z
nZ. Dans ce cas, G, cyclique d’ordrepαm, admet un unique sous-groupe d’ordre pα, donc|Y|= 1 et|X| ≡mmodulop.
Cette question est d’ordre purement combinatoire : il s’agit de prouver que, pourppremier,α∈IN et m∧p= 1, on a Cppααm ≡m modulo p. Si quelqu’un a une d´emonstration ´el´ementaire de ce r´esultat, je suis preneur...
5. On a m|Y| ≡mmodulo pd’apr`es les questions3. et 4. Commem et psont premiers entre eux, on peut simplifier cette congruence : il reste|Y| ≡1 modulop, ce que l’on voulait prouver et, en particulier, |Y| 6= 0.
EXERCICE 5 :
SoientA etB deux polynˆomes non nuls de C[X], d’´ecriture factoris´ee A=a
m
Y
i=1
(X−αi) ; B=b
n
Y
j=1
(X−βj). On appeller´esultantdes polynˆomes AetB le nombre
Res(A, B) =anbm Y
1≤i≤m 1≤j≤n
(αi−βj).
Si A= 0 ouB= 0, on pose Res(A, B) = 0.
1.On suppose B6= 0, soitRle reste de la division euclidienne deAparB. Montrer que Res(A, B) = (−1)mnbm−deg(R)Res(B, R).
2.Que vaut Res(A, A0) ? Dans quel cas est-il nul ?
3. Ecrire une condition n´ecessaire et suffisante pour que le polynˆomeA=X5+pX+q(avecpet q r´eels) admette trois racines r´eelles distinctes.
Source : Jean-Pierre ESCOFIER, Th´eorie de Galois, ´editions Masson, ISBN 2-225-82948-9.
- - - -
1. Notons d’abord que Res(A, B) = (−1)mn Res(B, A) = (−1)deg(A)·deg(B)Res(B, A), puis que Res(B, A) = bm an Y
1≤i≤m 1≤j≤n
(βj −αi) = bdeg(A) ·
n
Y
j=1
A(βj). Or, de A = BQ+R, on d´eduit queA(βj) =R(βj) pour toutj∈[[1, n]], donc
Res(A, B) = (−1)mnRes(B, A)
= (−1)mnbdeg(A)·
n
Y
j=1
A(βj)
= (−1)mnbdeg(A)·
n
Y
j=1
R(βj)
= (−1)mnbdeg(A)−deg(R)·
bdeg(R)·
n
Y
j=1
R(βj)
= (−1)mnbdeg(A)−deg(R)·Res(B, R).
Le r´esultant de deux polynˆomes peut ainsi se calculer par l’algorithme d’Euclide ; c’est l’algorithme le plus efficace.
Remarque. SiB=λ(constant), alors Res(A, B) =λm=λdeg(A).
2.On a vu Res(A, B) = (−1)deg(A)·deg(B)Res(B, A) =adeg(B)
m
Y
i=1
B(αi), o`u lesαisont les racines deA.
Ainsi,
Res(A, A0) =am−1·
m
Y
i=1
A0(αi).
Or,A0=a·
m
X
i=1
Y
j6=i
(X−αj)
et, pour touti∈[[1, m]],A0(αi) =a·Y
j6=i
(αi−αj), donc
Res(A, A0) =a2m−1
m
Y
i=1
Y
j6=i
(αi−αj)
= (−1)
m(m−1)
2 a2m−1 Y
i<j
(αi−αj)2.
Le r´esultant de A et A0 (aussi appel´ediscriminant du polynˆomeA) est nul si et seulement siA admet une racine double, c’est-`a-dire si et seulement si A∧A06= 1.
La d´efinition exacte du discriminant du polynˆomeAest D(A) = 1 a (−1)
m(m−1)
2 Res(A, A0).
3.On a Res(A, A0) =Y
i<j
(αi−αj)2, o`u lesαi(1≤i≤5) sont les racines deA.
D’autre part,A0 = 5X4+p, le reste de la division euclidienne deAparA0 estR=4
5pX+q, celui de la division de A0 par R est une constante λ que l’on d´etermine en posant X = −5q
4p dans l’identit´eA0=RQ+λdoncλ=A0
−5q 4p
= 3125q4+ 256p5
256p4 . Finalement, Res(A, A0) = 54Res(A0, R) = 54
4p 5
4
Res(R, λ) = 54 4p
5 4
λdeg(R)= 256p5+ 3125q4. On en d´eduit d´ej`a queAadmet une racine double si et seulement si
256p5+ 3125q4= 0. Par ailleurs,
• siAadmet cinq racines r´eelles (non n´ecessairement distinctes), alors Res(A, A0) =Y
i<j
(αi−αj)2≥0 ;
• siAadmet une racine r´eelleaet deux couples (b, b), (c, c) de racines conjugu´ees, alors Res(A, A0) = (b−a)2(b−a)2(c−a)2(c−a)2(b−b)2(c−b)2(c−b)2(c−b)2(c−b)2(c−c)2
= 16 (Imb)2(Imc)2|b−a|4|c−a|4|c−b|4|c−b|4≥0.
• siAadmet trois racines r´eellesa,b,c et un couple (d, d) de racines conjugu´ees, alors
Res(A, A0) = (b−a)2(c−a)2(d−a)2(d−a)2(c−b)2(d−b)2(d−b)2(d−c)2(d−c)2(d−d)2
= −4 (Imd)2(b−a)2(c−a)2(d−a)2|d−a|4|d−b|4|d−c|4≤0, l’in´egalit´e ´etant stricte lorsque les racines r´eellesa,b,csont distinctes.
La condition recherch´ee est donc
256p5+ 3125q4<0.
EXERCICE 6 :
Dans cet exercice, on admet que, pour toutppremier, le groupe multiplicatif
Z. pZ
∗
des ´el´ements non nuls du corps Z.
pZest cyclique(cf. exercice1).
Soit n un entier,n ≥2. On dira quen v´erifie la propri´et´e(F) si, pour tout entier relatif a, an est congru `a amodulon.
1.Montrer lepetit th´eor`eme de Fermat: tout nombre premierpv´erifie la propri´et´e(F).
On appellenombre de Carmichaeltout entierncompos´e v´erifiant la propri´et´e(F).
2. Soit n un entier sans facteur carr´e, n≥2. Soit m un entier (m ≥2) tel que, pour tout diviseur premier pden, p−1 divise m−1. Montrer queam est congru `a a modulonpour tout entier relatifa.
3.Soitn=p2mavecppremier etm∈IN∗ ; v´erifier (1 +p m)n ≡1 modulon.
4. Montrer qu’un entier n≥2 v´erifie la propri´et´e (F)si et seulement si n est sans facteur carr´e et p−1 divisen−1 pour tout diviseur premierpden.
Source : Michel DEMAZURE, Cours d’Alg`ebre, ´editions Cassini, ISBN 2-84225-000-1.
- - - -
1.Sia∈Zn’est pas multiple dep, alors sa classe de congruence modulop(notons-laa) est un ´el´ement du groupe multiplicatif
Z. pZ
∗
d’ordrep−1, doncap−1 = 1, c’est-`a-dire ap−1≡1 modulo p, d’o`uap≡amodulop.
Siaest multiple dep, on a ´evidemmentap≡a≡0 modulop.
2.Il faut montrer quen|am−a; mais, par hypoth`ese, nest le produit de ses facteurs premiers, qui sont deux `a deux premiers entre eux. Il suffit donc de prouver que tout diviseur premierpden diviseam−a(nest le p.p.c.m. de ses diviseurs premiers).
Soit doncpun diviseur premier den.
. siaest multiple dep,am−aest multiple dep(´evident)
.sian’est pas multiple dep, on aap−1≡1 modulopd’apr`es la question1.. Commem−1 = (p−1)k aveckentier naturel,am−1= (ap−1)k est aussi congru `a 1 modulo p, doncam≡amodulop.
Le lecteur en d´eduira par exemple que a13 ≡ a modulo 35 pour tout entier relatif a, et donc a12≡1modulo35pour tout entierapremier avec35. L’exposant du groupe
Z. 35Z
∗
, d’ordre ϕ(35) = 24, des ´el´ements inversibles de l’anneau Z.
35Zest12, puisqu’on peut voir qu’il existe des ´el´ements d’ordre12 exactement, par exemple la classe de2.
3.Si n=p2m, alors
(1 +p m)n= 1 +np m+
n
X
k=2
Cnk(p m)k .
Chaque terme de cette derni`ere somme est divisible parp2m2donca fortioriparn=p2m, donc (1 +p m)n ≡1 modulon.
4. • Supposonsn sans facteur carr´e tel que ∀p∈ Pn p−1 | n−1 (Pn : support premier den).
Alorsnv´erifie la propri´et´e(F)d’apr`es la question2.
• Soitnv´erifiant la propri´et´e(F).
Alors n est sans facteur carr´e : par l’absurde, si on avait n = p2m avec p premier, l’entier a= 1 +p m v´erifieraitan≡1 modulon d’apr`es la question3., ce qui contreditan ≡amodulo n.
Ecrivons n = p1. . . pm (produit de nombres premiers distincts). Pour tout i ∈ [[1, m]], soit ai
un entier dont la classe modulo pi est un g´en´erateur du groupe cyclique
Z. piZ
∗
. D’apr`es le th´eor`eme chinois, il existe un entier a tel que a ≡ ai modulo pi pour tout i.
Par hypoth`ese, an ≡ a modulo n ; comme a∧n = 1 (a n’est divisible par aucun des pi), on peut “simplifier cette congruence par a” et an−1 ≡ 1 modulo n d’o`u, a fortiori, an−1 ≡ 1 modulopi pour touti, doncan−1i ≡1 modulopi.
Cela implique que n−1 est multiple de l’ordre deai modulopi, c’est-`a-dire pi−1 |n−1, ce qu’il fallait d´emontrer.