INFLUENCE DE L’AGE DES ABEILLES (APIS MELLIFICA L.)
ET DE LA CHALEUR SUR LE COMPORTEMENT DE VARROA JACOBSONI OUD.
Yves LE CONTE Gérard ARNOLD Laboratoire de
Neurobiologie Comparée
des InvertébrésLN.R.A-C.N.R.S., 91440 Bures-sur-Yvette
RÉSUMÉ
L’attractivité différentielle des abeilles pour Varroa
jacobsoni
en fonction del’âge
et de latempéra-
ture, a été étudiée d’une
part
au moyen d’un testqui
met en évidence le transfert des varroasdepuis
desabeilles
parasitées
vers des abeilles indemnes et d’autre part au moyen d’un test d’olfactométrieadapté
àl’étude
comparée
des effets de la chaleur et des odeurs.Les résultats ont montré que :
1)
les varroasquittent rapidement
les abeilles naissantes pour des abeillesâgées
deplus
de 2jours ; 2)
la chaleur ambiante et la chaleurproduite
par l’abeille ont un rôle déterminant dans larépartition
des varroas sur des abeilles
d’âges différents ;
3)
des stimuluschimiques
et/ou vibratoires interviennentégalement
dans larépartition
du varroa surles
abeilles ;
4)
à latempérature
ambiante de23 °C,
uneaugmentation
de chaleur de1,2
°C est un stimulusplus
efficace que des abeilles vivantes ou que les autres stimulus testés
(chimiques, vibratoires).
INTRODUCTION
Varroa jacobsoni Oud., Acarien ectoparasite d’Apis mellifica, vivait initia- lement
enparasite équilibré
surApis
cerana, uneabeille du continent asiatique (D
ELFINADO
, 1963). Chez cette espèce, la survie des colonies n’est pas
enpéril
car
les
varroasfemelles
ne sereproduisent pas dans le couvain d’ouvrières
(K
OENIGER
etal., 1981). L’introduction d’Apis mellifica dans les pays asiati- ques, ainsi que le
commercedes essaims
etdes reines,
ontfavorisé l’infestation de
cetteespèce par Varroa jacobsoni. Les colonies d’Apis mellifica
sontdétruites après 3
ou4
ansd’infestation (R I TT ER , 1981).
La majorité des pays européens
estaujourd’hui touchée par la parasitose,
et
depuis
sonapparition
enFrance
en1982 (COLIN et al., 1983), 60 départe-
ments sont
officiellement
reconnusinfestés à la date d’août 1987 (La Santé de
l’Abeille, 1987).
Les résultats présentés ici s’intègrent dans
unprogramme de recherche qui
vise à comprendre les mécanismes impliqués dans les relations abeille-varroa,
afin de
mettre aupoint
unelutte intégrée
etainsi de limiter l’emploi des
acaricides.
Les signaux émis par l’abeille,
etqui pourraient favoriser l’attraction du varroa,
sontde plusieurs types : chimiques, thermiques, vibratoires,
etc.Les résultats établis précédemment
ontmontré
uneattraction du parasite par des abeilles à
unedistance de 0,5 à 1
cm(LE CONTE
etal., 1984). Par ailleurs, le fait que la quantité de chaleur dégagée par l’abeille varie
enfonction de l’âge (RoTH, 1965)
nous aconduit à proposer l’hypothèse que la production de
chaleur par l’abeille pourrait constituer l’un des facteurs déterminants de l’attraction de Varroa jacobsoni par celle-ci.
Les données présentées ci-dessous
concernentl’étude de l’attractivité diffé- rentielle de Varroa jacobsoni
enfonction de l’âge des abeilles, ainsi que le rôle déterminant des facteurs thermiques dans
cetterépartition.
MATÉRIELS
ETMÉTHODES
L’attraction de Varroa
jacobsoni
a étéanalysée
d’une part au moyen d’un test de choix en cagetted’élevage
permettant d’observer larépartition
des varroas dans des lots d’abeillesd’âges
différents, et, d’autre part, au moyen d’un test d’olfactométrie à diffusionpassive
des odeurs.A.
Expériences
de choix40 abeilles
parasitées
et 40 abeilles nonparasitées,
toutesd’âge
connu, sontmarquées (extrémité
d’une aile
sectionnée)
etplacées
dans unecagette (6
cm x 5 cm x 4cm),
soit dans un volume de 120cm 3 , ce qui correspond
environ à la densité depopulation
dans la ruche.Après
un temps fixé en fonction du typed’expérience,
les varroas sont dénombrés sur chacune des 80 abeilles afin de connaître larépartition
desparasites.
Lesexpériences
sont réalisées en lumière artificielle, à unetempérature
de25 ± 0,5
°C,
et une humidité relative de 70 ± 5 %.Dans de telles
conditions, plusieurs
facteurs sont étudiés :1.
Influence
del’âge
des abeilles sur larépartition
des varroas1) Transfert spontané
des varroas sur des abeilles d’une même classed’âge
L’expérience
est réalisée avec des abeillesparasitées
et des abeilles nonparasitées
de mêmeâge.
Desabeilles naissantes, et des abeilles de 1, 2, 4, 6, 8, 10, 12 et 14
jours
sont successivement testées. Des essaispréliminaires
ont conduit à fixer la durée des tests à douze heures.2) Transfert spontané
des varroas vers des abeillesd’âges différents
Deux séries de tests sont réalisées :
I)
mise enprésence
d’abeilles naissantesparasitées
avec des abeilles de0,
1,2, 4, 6, 8, 10,
12 ou 14jours,
nonparasitées ;
2)
mise enprésence
d’abeilles naissantes nonparasitées
avec des abeilles de0, 1, 2,
4,6, 8, 10,
12ou 14
jours, parasitées.
La durée de
l’expérience
est fixée à 12 heures.II. Vitesse de
transfert
des varroasL’expérience
est réalisée avec des abeilles naissantesparasitées
et des abeilles de 5jours
nonparasitées,
en faisant varier la durée de mise enprésence
des deux groupes d’abeilles.III.
Influence
de latempérature
ambianteLe transfert des varroas des abeilles naissantes vers des abeilles de 5
jours
estanalysé
en faisantvarier la
température
ambiante. Des testspréliminaires
ont conduit à fixer la durée del’expérience
à uneheure et à douze heures. La
température
ambiante varie de 21 à34,5 °C (soit 21, 25, 28,
31 et34,5 ± 0,5 °C).
B.
Expérience d’olfactométrie
Le
dispositif
est constitué d’une boîte de Pétri en verre de 90 mm dediamètre,
dont le fond estpercé
de 4 trous de 12 mm de diamètre,placés
chacun aux quatrepoints
cardinaux et à2,2
cm du centre de la boîte.Dans
chaque
trou s’emboîte un tube de verre de 3 cm delongueur,
recouvert à ses 2 extrémités par de la gaze. Un bouchon degrillage
de0,5
cmd’épaisseur
est inséré sous la gazesupérieure
pour éviter tout contact entre les varroas et les abeilles. Les abeilles à tester sontplacées
à l’intérieur de deux destubes,
les deux autres tubes sont utilisés soit vides commetémoins,
soit avec des abeillesd’âge
différent.Ce
dispositif
a étéadapté
à l’étude des effets de la chaleur sur l’attraction du varroa. Pendantl’expérience,
desthermocouples
detype
YSI 401(précision ± 0,1 °C)
sontplacés
à l’intérieur dechaque
tube. La
température
ambiante ainsi que latempérature
des différents tubes sont relevées en débutd’expérience puis
toutes les 5 minutes.Dix varroas sont
placés
au centre de la boîte de Pétri. Le nombre de varroas situés sur la gaze dechaque
tube est relevé 1,5, 10, 15,
20 minutesaprès
leur introduction. Le pourcentage moyen desvarroas
présents
pourchaque catégorie
de tube est calculé àpartir
des 5 relevés.L’expérience
estrépétée
au minimum 4
fois,
en tournant la boîte de 45degrés
àchaque fois,
afin de limiter l’effet des facteurs d’environnement. Unpourcentage global
est établi àpartir
despourcentages
moyens(4,
auminimum).
Le
dispositif
estnettoyé
entrechaque répétition,
d’abord avec undétergent (Teepol), puis
à l’alcool à70°,
et rincé ensuite à l’eau distillée. Lesexpériences
sont réalisées à la lumière naturelle et dans unehumidité relative de 60 % ± 5 %.
Des tests d’attraction et des tests de choix sont réalisés afin de déterminer la part
qu’il
convientd’attribuer
respectivement
àl’âge
de l’abeille et à latempérature.
1)
Test d’attractionDeux tubes contiennent chacun deux abeilles de même
âge.
Les deux autres, utilisés commetémoins,
sont vides.Des abeilles de deux classes
d’âge,
abeilles naissantes et abeilles de 5jours,
sont testéesséparément,
à une
température
ambiante de 24 °C.2)
Test de choixDans une
première
séried’expériences,
2 tubes contiennent deux abeilles de 5jours
et les 2 autrestubes contiennent soit 2 abeilles
naissantes,
soit une source de chaleur.Dans une deuxième série
d’expériences,
la gaze recouvrant l’extrémitésupérieure
des 4 tubes estremplacée
par un morceau depapier
d’aluminiumqui empêche
la diffusion des stimuluschimiques
volatils émis par l’abeille.
Cinq expériences
sont réalisées avec des abeilles de 2 classesd’âge
différentes : abeilles naissantes-abeilles de 1jour, émergentes-5 jours, émergentes-11 jours,
1jour-11 jours,
11jours-
30
jours.
Dans une troisième série
d’expériences,
ledispositif expérimental
étantidentique
auprécédent (deuxième expérience),
deux des 4 tubes sont chauffés à l’aide d’une résistanceélectrique placée
danschacun des tubes, les deux autres tubes contiennent chacun deux abeilles de 30
jours.
La
température
ambiante est de 23 ±0,5
°C pourchaque
série.Après
avoir établi lepourcentage global
des varroasplacés
surchaque catégorie
detubes,
les données obtenues ont été traitées par le teststatistique
decomparaison
de pourcentages(Test
t deStudent,
tables de l’écartréduit),
ou par le test duX 2
selon le cas.RÉSULTATS
A. Expérience de choix
I. Influence de l’âge des abeilles
surla répartition des
varroas1) Transfert spontané des varroas sur des abeilles d’une même classe d’âge
La répartition des
varroasdans les deux classes d’abeilles de même âge
n’est pas significativement différente (test du X 2) d’une répartition homogène (50 % des
varroasdans chaque classe) (fig. 1).
2) Transfert spontané des
varroas surdes abeilles d’âges différents
Les résultats
sontreprésentés sur la figure 1.
En présence d’abeilles d’au moins 2 jours, les
varroasquittent les abeilles
naissantes pour parasiter les abeilles plus âgées (P
<0,001).
Un faible pourcentage de
varroas(environ 20 %) passe des abeilles âgées
vers
les abeilles naissantes ; la majorité des
varroas restentdonc
surles
abeilles les plus âgées (P
<0,001). La répartition des parasites
surles abeilles
diffère significativement lorsque les abeilles les plus âgées
ont aumoins 1 jour.
En outre, si
onplace des abeilles naissantes parasitées dans
unecagette,
entre
50
et55 % des
varroasquittent les abeilles
et sedéplacent
surles parois
de la cagette après
uneheure. Certains parasites arrivent même à sortir de la cagette,
etce, quelque soit la température ambiante (de 18 à 34,5 °C). Ce phénomène
ne seproduit pas lorsque l’expérience
estréalisée
avecdes abeilles
parasitées âgées de plus de 2 jours.
II. Vitesse de transfert des
varroasLes
varroaspassent rapidement des abeilles naissantes
versles abeilles de 5 jours (Fig. 2) ; ainsi après
uneheure d’expérience, 70 % des
varroas setrouvent
surles abeilles de 5 jours. Si l’expérience
estprolongée pendant
24 heures
ou48 heures,
onobtient alors
unerépartition homogène des
varroas, mais les 2 lots d’abeilles
ontalors atteint respectivement l’âge de 1
ou2 jours
et6
ou7 jours.
III. Influence de la température ambiante
Le pourcentage de transfert des
varroasà partir des abeilles naissantes
vers
les abeilles de 5 jours diminue lorsque la température ambiante augmente
(Fig. 3). Une répartition homogène des
varroas entreles deux catégories
d’abeilles d’âges différents est obtenue à partir d’une température ambiante de
30 °C environ, pour
unedurée d’expérience supérieure à
uneheure.
B. Tests d’olfactométrie
Au
coursde
cesexpériences, les
varroasqui
sontdéposés
au centrede la
boîte de Pétri,
ont uncomportement de recherche permanent
ets’arrêtent
fréquemment pendant quelques secondes. S’ils
sontattirés par
untube
et soncontenu, ils
sedéplacent alors
surla gaze
ets’immobilisent.
La quantité de chaleur produite par
uneabeille
estcalculée
endivisant
l’augmentation de chaleur dans le tube par le nombre d’abeille (2).
1) Test d’attraction
Les
varroas sontattirés par les abeilles à
unedistance minimale de 0,5 à 1
cm.L’attraction par les abeilles de 5 jours
estsignificativement plus impor-
tante
(Test t, P
<0,001) que celle exercée par les abeilles naissantes (Tabl. 1).
La chaleur produite par les abeilles de 5 jours (en moyenne 1,5 degré par rapport
autémoin)
estplus importante que celle produite par les abeilles naissantes (en moyenne 0,7 degré).
En outre, il apparaît que 80 % des
varroasenviron
ontfait leur choix
après 5 minutes d’expérience.
2) Test de choix
Les abeilles de 5 jours attirent significativement plus les
varroasque les abeilles naissantes. On observe
unedifférence de production de chaleur de
1,3 °C
entreles deux catégories d’abeilles (Tabl. 2).
Si les tubes
sontbouchés,
cequi bloque la diffusion des stimulus chimi- ques émis par les abeilles
sansempêcher la diffusion de la chaleur, l’attraction des
varroas versles tubes
contenantles abeilles d’âges différents
estsignificati-
vement
plus grande lorsque la différence de chaleur à l’intérieur des tubes est
en
moyenne supérieure
ouégale à 1,8 °C par rapport à la température
ambiante (Tabl. 3).
De même les tubes chauffés
sontplus attractifs que les tubes fermés
contenantles abeilles (Tabl. 4)
et unedifférence de température d’au moins
+1,1 °C attire les
varroaspréférentiellement
auxdifférents stimulis émis par
les abeilles dans
cesconditions expérimentales.
A la température ambiante de 23 °C,
unedifférence de température de
+
1,2 °C
enmoyenne, créée par
une sourcede chaleur,
estsuffisante pour attirer les
varroaspréférentiellement
auxtubes
ouvertscontenant les abeilles (Tabl. 5).
DISCUSSION-CONCLUSION
Selon les stades, les
varroas se trouventsoit
surles abeilles adultes, soit
sur
le couvain (larves
etnymphes). Les femelles
varroaspénètrent dans les
cellules
contenantdes larves d’abeilles quelques heures avant leur operculation (I
FANUDIS
, 1983). Le couvain de mâles
estinfesté environ 8 fois plus que celui
d’ouvrières (S CHULZ , 1984 ; S ULIMANOVIC
etal., 1982).
Chez les abeilles adultes, il semble que les acariens infestent à la fois les ouvrières
etles mâles (S CHNEIDER , 1985). Toutefois étant donné le nombre très
supérieur d’ouvrières par rapport
auxmâles dans
unecolonie, les
varroas serépartissent évidemment beaucoup plus
surles ouvrières.
Chez celles-ci, la répartition des
varroasn’est pas homogène mais dépend
de l’âge. Les résultats présentés ici confirment les résultats préliminaires qui
avaient montré que les
varroasétaient peu attirés par les abeilles naissantes,
mais préféraient des abeilles âgées d’au moins deux jours (LE CONTE et al.,
1984).
Chez des ouvrières encagées de plus de deux jours, la répartition des
varroas ne
semble pas dépendre de l’âge des abeilles. Par contre, dans la ruche, les acariens semblent préférer les nourrices
auxbutineuses dans plus de
60 % des
cas(S CHNE ID ER , 1985 ; K RAUS
etal., 1986).
Au laboratoire, les études olfactométriques
ontmontré que les
varroasétaient attirés à
unedistance comprise
entre0,5
et1
cmaussi bien par les insectes (ouvrière, mâle, reine) que par la cire provenant du nid à couvain
oudes opercules (LE CONTE
etA RNOLD , 1986).
La reconnaissance de l’hôte (abeille), et qui plus
est de
son stade (larve, adulte)
et de
son sexe (ouvrière, mâle), implique l’utilisation par le
varroa
d’au moins trois types de signaux, des signaux chimiques, thermiques et/ou
vibratoires.
Les facteurs chimiques interviennent puisque
nonseulement la cire du nid
à couvain
etla cire d’opercules des cellules qui contiennent le couvain
sontattractives, mais également des ouvrières et des mâles
morts(LE CONTE
etal., 1984). Les facteurs attractifs
contenusdans la cire peuvent d’ailleurs provenir
des abeilles elles-mêmes. En outre, des ouvrières nourrices mortes demeurent
plus attractives que des butineuses
mortes(K RAUS
etal., 1986).
Des signaux vibratoires interviennent également, mais
ne sontpas prédo-
minants dans l’attraction des
varroaspar l’abeille (LE CONTE
etA RNOLD , 1986).
Les facteurs chimiques
etvibratoires
nesemblent cependant pas être seuls
en cause
dans l’attraction des
varroas.Ainsi, si les
varroas ontle choix
entreun
compartiment
contenant uneabeille (âgée de 30 jours)
et uncompartiment
contenant
uniquement
une sourcede chaleur supérieure d’au moins 1,2 °C à la
chaleur produite par l’abeille, environ la moitié des
varroas sedirigent dans le compartiment le plus chaud
et10 % dans celui
contenantl’ouvrière. Ce choix
se
produit aussi bien lorsque l’abeille est séparée du
varroapar de la gaze, qui
laisse passer les signaux chimiques, thermiques
etvibratoires émis par l’abeille,
que lorsque l’ouvrière
estséparée du
varroapar
unécran de papier d’alumi-
nium qui
nelaisse passer que les signaux thermiques
etvibratoires.
Les facteurs thermiques
sontdonc susceptibles de jouer
ungrand rôle lors
de l’attraction du
varroapar l’abeille. Ainsi, lorsqu’on parasite des abeilles naissantes
avecdes
varroas etqu’on introduit ensuite des abeilles plus âgées,
les
varroasquittent
enmoins d’une heure les abeilles les plus jeunes tant que la température ambiante
estinférieure à 28 °C. Par
contrequand la tempéra-
ture est
supérieure à 28 °C, la répartition devient homogène
entreles abeilles d’âges différents. Le passage des
varroas surles abeilles plus âgées serait dû,
au
moins
enpartie, à des facteurs thermiques.
Ce point semble confirmé par le fait que les abeilles naissantes produisent
moins de chaleur que les abeilles plus âgées. L’augmentation de la production
de chaleur
enfonction de l’âge de l’abeille
estconforme
auxdonnées de Roth
(1965). Dans nos expériences, à la température ambiante de 23 °C,
une abeille
naissante fait
monterla température de 0,28 °C
enmoyenne dans
sonenceinte, alors que pour
uneabeille âgée de 11 jours, l’augmentation
estde 0,65 °C. De même, lorsqu’on donne
aux varroasle choix
entredes abeilles de 11 jours
etdes abeilles de 30 jours, qui produisent
uneaugmentation de température de 1,1 °C par abeille, les
varroas sedirigent
versles abeilles les plus âgées.
Les résultats apparaissent
encontradiction
avec ceuxobtenus
avecdes abeilles vivant
encolonies où les nourrices (en général âgées de 3 à 12 jours)
sont
plus attractives que les butineuses (en général âgées d’au moins 21 jours) (K
RAUS
etal., 1986). Mais la contradiction n’est peut être qu’apparente
car cesauteurs
n’ont pas mesuré la quantité de chaleur dégagée comparativement par les nourrices
etles butineuses.
Le thermopréférendum du varroa, qui
estcompris
entre31,3 °C
et34,2 °C
selon la température ambiante (LE CONTE
etA RNOLD , 1986), correspond bien
à la température du couvain (34 °C pour le couvain d’ouvrière
et31 °C pour le couvain de mâle)
età la température du corps des ouvrières (32,4 °C
surle
thorax
et31 °C
surl’abdomen) (H E rrrxtcH, 1980). Les résultats
contenusdans
ce
travail montrent que les
varroas sontcapables de détecter
unedifférence de
température de 1,1 °C.
Chez l’acarien Ornithodoros concanensis, la température (40 °C) semble
être le principal stimulus qui déclenche l’attraction
versl’hôte (oiseau, chauve- souris) à.
unedistance de 1 à 2
cm,alors que la géotaxie négative
etla perception
sonorede l’hôte semblent impliquées dans la recherche de l’hôte à
plus longue distance (jusqu’à 12 à 15 m). Chez les Ixodoidae, la chaleur
etl’odeur seraient également les principaux stimulus responsables de la percep- tion de l’hôte par
cesacariens (B ALASKOV , 1972 ; W EBB , 1979).
Chez certains acariens, des sensilles thermoréceptrices
sontprésentes
surles
tarsesdes pattes antérieures (W ALLADE
etal., 1981).
Chez le
varroa,des recherches anatomiques
etélectrophysiologiques
sontactuellement
en courspour
mettre enévidence les thermorécepteurs.
Le fait que, dans
unepopulation d’abeilles naissantes, 50 % des
varroasquittent les abeilles quelle que soit la température ambiante semble indiquer
soit
uneabsence d’attraction, soit
unerépulsion des
varroaspour
cesjeunes
abeilles. Des stimulus
autresque la chaleur pourraient donc être impliqués.
Il convient maintenant de déterminer
avecprécision la
nature etl’impor-
tance
relative des
autrestypes de signaux émis par les abeilles,
enfonction du
sexe, du stade
etde l’âge, qui interviendraient dans l’attraction de
varroa.Parmi ceux-ci, les stimulus chimiques
etles stimulus vibratoires jouent proba-
blement
unrôle important (LE CONTE
etA RNOLD , 1986).
Reçu
pourpublication
en mai 1987.Accepté
pourpublication
en août 1987.REMERCIEMENTS
Les auteurs remercient MM. Y.
B OUCHERY ,
P. ROBERTet M. STENGEL de la Station deZoologie
del’LN.R.A. de
Colmar,
ainsi que M. R. CANTENEUR pour leur accueil et leur aide au cours de ce travail.SUMMARY
THE EFFECTS OF BEE AGE AND OF HEAT ON THE PARASITIC BEHAVIOR OF VARROA JACOBSONI
The difference in attractiveness of bees of different ages to Varroa mites and the
significant
role ofheat on the movement of mites among bees were studied
through
two different behavioral tests :- in the first test the passage of mites from a group of 40 bees to another group of 40
unparasitized
bees was observed
(Tab].
1-5,Fig. 1-3).
Bee ages, time ofexperiment
and room temperature were variedduring
the test ;- the second
experiment
was conductedusing
an olfactometer withpassive
diffusion of odor. It wasmade of a Petri dish
pierced
with 4 holes at the bottom. Aglass
tube closed at the bottomby
apiece
ofgauze and at the top
by
apiece
of gauze and apiece
of aluminumfoil,
was encased in each hole.According
to theexperiment,
some tubes contained bees, some were warmed and others were empty(controls).
Mites wereplaced
in the center of the Petri dish. The number of mites found on each category of tubes was counted in relation to time. Thermicsounding
lines were used to check tube temperature.Results showed that :
1)
Varroa mites leavenewly emerged
beesrapidly
in order to go to2-day-old
bees.2)
Room temperature and temperatureproduced by
bees have a determinant role on mite move- ment among bees of different ages.3)
At room temperature(23 °C),
an increase of 1.2 °C in tubes is more attractive to Varroa thanliving
bees and more attractive than other stimuli(chemical, vibratory, thermic, etc.) produced by
bees.4)
Chemical or/andvibratory
stimuli seem to be involved in the movement of mites among bees.ZUSAMMENFASSUNG
EFFEKT VOM ALTER DER BIENEN UND VON
WÄRME
AUF DAS PARASITIERUNGSVERHALTEN DER VARROA-MILBEDurch zwei verschiedene Verhaltenstests wurde der Unterschied in der Attraktivität von Bienen verschiedenen Alters auf Varroa-Milben sowie der Einfluß von Wärme auf die
Verteilung
der Milben auf den Bienen untersucht :Im ersten Test wurde das
Überwechseln
der Milbe von einerGruppe
von 40 Bienen auf eine andereGruppe
von 40unparasitierten
Bienen beobachtet(Tab. 1-5,
Abb.1-3).
Während der Versuche wurden Alter derBienen,
Versuchsdauer undUmgebungstemperatur
verändert.Beim zweiten Test wurde ein Olfaktometer mit
passiver Verteilung
des Geruches benutzt. Es bestand aus einerPetrischale,
deren Boden mit vier Löchern versehen war. Injedes
der Löcher wurde ein Glasröhrcheneingesetzt,
das an seiner unterenÖffnung
mit einem StückGaze,
an seiner oberenÖffnung
mit einem Gazestück und einer Aluminiumfolie verschlossen war. Je nach demVersuch,
enthielten die RöhrchenBienen,
oder sie wurdengewärmt
oder sie blieben als Kontrolle leer und unbehandelt. In die Mitte der Petrischale wurden die Varroa-Milben gesetzt. Die Zahl der Milben injeder Kategorie
vonRöhrchen, abhängig
von der Zeit, wurdegezählt.
DieTemperatur
in den Röhrchen wurde mitTemperaturfühlern
gemessen.Die Resultate
zeigen folgendes :
1)
Die Varroa-Milben wechseln rasch von frischgeschlüpften
zu zweiTage
älteren Bienen über.2)
DieUmgebungstemperatur
und die von Bienen erzeugte Wärme haben einen entscheidenden Einfluß auf dieVerteilung
der Milben auf Bienen verschiedenen Alters.3)
Bei einerUmgebungstemperatur
von 23 °C ist eineErhöhung
von 1 °C an den Röhrchen für die Varroas stärker attraktiv als lebende Bienen oder andere Reize(chemisch, Vibration,
thermischusw.),
die von Bienen erzeugt werden.
4)
Chemische oder/und Vibrationsreize scheinen bei derVerteilung
der Varroa-Milben auf Bienenbeteiligt
zu sein.BIBLIOGRAPHIE
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