OBSERVATIONS SUR LA POLLINISATION DE LA LUZERNE PAR LES ABEILLES (APIS MELLIFICA L.) EN ZONE ARIDE
IRRIGUÉE AU MAROC
Beobachtungen über die Bestäubung der Luzerne durch die Biene
(Apis mellifica L.)
in den bewässerten Dürregebieten Marokkos
J.-N. TASEI
Laboratoire
d’Éthologie
etd’Écologie
desInsectes, L1V.R.A., 86-Lusignan
SUMMARY
LUCERNE POLLINATION BY HONEY-BEES
(Apas mellifica L.)
INIRRIGATED ARID LANDS OF MOROCCO
The
foraging
ofhoney-bees (Apis mellifaca intermissa)
was observed in October 1969 in anirrigated
lucerne field sown for seed(Medicago
sativaL.)
in the arid district of Beni Mellal(Morocco).
86
%
of the bees werepollen-gatherers.
Theirtripping
rate reached 20 percent of the visited flowers. Theforaging speed
was 4flowers /minute.
The behaviour of these
bees, nesting
in localhives,
wascompared
with the behaviour of acolony
removed from Rabat(a relatively
temperatedistrict).
Thiscolony gathered only
thepollen
of several cultivatedplants
and weeds(Zea
mais,Amaranthus, Casuarina, Picris,
Da-tura...!
RÉSUMÉ
L’auteur a observé en octobre
1969,
dans larégion
aride de Beni Mellal(Maroc),
lebutinage
des abeilles
(Apis mel l ifica intermissa)
sur une cultureporte-graines irriguée
de luzerne(Medi-
cago sativa
L.!
Les récolteuses de
pollen
de luzernereprésentaient
86%
de lapopulation
des butineuses.Le pourcentage de déclenchement était 20
%
du total des fleurs visitées. Les abeilles visitaienten moyenne 4 fleurs par minute.
Le comportement de ces abeilles issues d’un rucher local fixe a été
comparé
à celui des abeilles issues d’une rucheoriginaire
de larégion
relativementtempérée
de Rabat. Ces dernières ont recherchéuniquement
lepollen
deplantes compétitrices
cultivées ouspontanées (Zea
mais,
Amaranthus, Casuarina, Picris, Datura...)
1. - INTRODUCTION
Dans plusieurs pays, les chercheurs qui
se sontpenchés
surle problème
de la pollinisation de la luzerne
ontmontré que l’efficacité pollinisatrice de
l’abeille domestique
est assezvariable
et enmoyenne faible (B OHART , 1957
-
L ECOMTE , 1959).
Le manque d’affinité des abeilles pour le pollen de luzerne
estgénérale-
ment
expliqué par l’effet répulsif du déclenchement de la colonne sexuelle des fleurs
etpar l’absence de substances attractives qui seraient présentes
dans les pollens des fleurs compétitrices.
Tous les auteurs,
enaccord
avecV ANSELL
etT ODD (1946)
etR EINHARDT (1952) distinguent 3 catégories de butineuses :
a) les récolteuses de
nectarvieilles
et «expérimentées » qui prélèvent
le
nectarlatéralement
etdéclenchent 0 à 5 % des fleurs;
6) les récolteuses de
nectarjeunes
et «inexpérimentées » qui déclenchent 50 % des fleurs
enprélevant le
nectarpar le
centrede la corolle;
c) les récolteuses de pollen déclenchant 30 à 80 % des fleurs mais visi-
tant
2 fois moins de fleurs que les 2 premières catégories.
Les butineuses de
nectarexpérimentées, peu efficaces,
sontles plus
nom-breuses. Cependant, certaines conditions de culture
auxU.S.A.
et enHongrie
permettent
auxbutineuses de type b
et cde jouer
unrôle dans la production
de
semencesde luzerne.
Les
auteursfont état de facteurs influant
surl’efficacité
etle nombre des abeilles domestiques : abondance de la flore compétitrice, qualité
etquantité
du nectar, déplacement de ruches d’une région à
une autre etc...Au
coursde l’année 1969,
nous avonsrecueilli quelques renseignements
sur
le comportement pollinisateur de l’abeille domestique (Apis mellifica intermissa) dans les luzernières marocaines,
enévaluant l’influence de certains facteurs d’activité.
II. - OBSERVATIONS
PRÉLIMINAIRES
Le comportement de l’abeille domestique
aété observé dans deux loca- lités pendant les mois de juin, juillet
etaoût,
surdes surfaces de luzerne
assezréduites de l’ordre d’un hectare.
1
0 Dans la région littorale
ettempérée de Rabat,
surle domaine expéri-
mental d’El Koudia
et tout aulong de la floraison de la luzerne,
nousn’avons
jamais surpris
unindividu portant des pelotes de pollen de luzerne
oudéclen- chant
unefleur. Les butineuses visitaient la luzerne seulement pour
son nectar.Les pollens disponibles à
cetteépoque étaient fournis par
unefloraison éche- lonnée
etabondante de Composées, Papilionacées, Liliacées, Borraginacées
et
Myrtacées.
2°
Dans la région aride de Settat à Boulaouane
au coursde deux journées d’observation, à la fin du mois de juin,
surluzerne irriguée
et nonirriguée (variété Indienne)
nous avonsconstaté que certains individus déclenchaient
un
pourcentage variable des fleurs visitées. D’autre part
sur784 abeilles dénombrées, 71 portaient des pelotes de pollen (41 chargements analysés
étaient du pollen de luzerne pur exception faite de 5 constitués de pollen de
luzerne mélangé
avecdu pollen d’Eucalyptus (type gomphocephalus)
etdu pollen d’Asparagus albus. Le maximum de population
abutiné
entre9 heures
et10 heures 30. La flore environnante (Composées, Myrtacées, Heliotropiuni),
était très clairsemée.
Afin de préciser
cesindications,
nous avonsobservé de manière plus
détaillée l’activité pollinisatrice des abeilles domestiques.
III. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Ces observations détaillées ont été effectuées
uniquement
dans la fermeexpérimentale
de Deroua
près
de Beni Mellal sur leplateau
duTadla,
lors d’une floraison tardive de la luzernependant
le mois d’octobre. Lesfigures
1 et 1 bis permettent de comparer lescaractéristiques climatiques
de larégion
de Rabat à celles de larégion
de Beni Mellal. Il ressort de lacomparaison
que de mai à
octobre,
le climat de Beni Mellal estbeaucoup plus
chaud et sec que celui de Rabat. Il est considéré comme aride. Lafigure
2représente
les relevésclimatiques
relatifs à lapériode
d’observation.Les abeilles
domestiques
sont observées durant 5journées
du début à la fin de leurpériode
d’activité sur luzerne : les 7,
14, 22,
29 octobre et le 5 novembre 1969. Lechamp
d’observation est uneparcelle
de 11 ha de variété SudAfricaine, qui
a étéirriguée juste après
la dernière coupe.Les
plantes
sontplus
denses que dans les culturesporte-graines
ordinaires. La hauteur de lavégétation
est 50 à 70 cm.L’irrigation
a favorisé dans la culture ledéveloppement d’Amaranthus, Convolvulus, Picris,
etc. Lapopulation
locale d’abeilles niche dans 3 à 4 centaines de ruches enpoterie (djebaa traditionnelles) disposées
à 2 ou 300 mètres de la luzerne. Afin de récolter lepollen
ramené par lesouvrières,
nous avonstransporté
le 7 octobre en bordure duchamp
une ruche « DADANT » en bonétat,
appartenant au rucher du domaine d’El Koudia(Rabat)
et munie d’une trappe àpollen.
On sait que la trappe àpollen
a été utilisée pour étudier le comportement debutinage
de colonies d’abeillesdomestiques,
par de nombreux auteurs : HARE et
V ANSELL , (1946)
-LO UVEAUX , (1958)
-S TEUCKARDT , (1962)
- LOUVEAUX etal, (1966),
etc.Une
partie
des observations porte sur les fleurs de luzerne.L’importance
de la floraison est évaluéegrâce
au comptage des inflorescencesemprisonnées
dans un cercle de 50 cm dediamètre lancé au hasard 10 fois sur la
végétation.
La concentration du nectar en matières sèches est mesurée au réfractomètreaprès pipetage
dans une ouplusieurs
fleurs. Ces contrôles de concentration ont lieu à toutes les heures de lajournée.
On note le pourcentage des fleurs
dépourvues
de nectar.Pendant la
période d’observation,
un inventaire de la flore environnante est fait.Les
renseignements acquis
sur les abeilles portent sur les variations de l’activité de buti- nage.Chaque
heure de lajournée,
lapopulation
d’abeilles est évaluée en comptant le nombre d’individus butinant sur la bordure fleurie de 100 m delongueur
et de 1 m delargeur,
suivantla méthode d’évaluation des
populations
depollinisateurs
recommandée et utilisée parL ECOMTE , 1962; B ENEDEK ,
1970; TASEI(sous-presse).
Les individus portant deschargements
depollen
sont
comptés
à part.Quelques
abeilles sontcapturées
au cours de lajournée
pour vérifier l’identité dupollen
récolté(cf. :
ANASIEWICZetW ARAKOM S g A , 1969).
D’autre part, le comportement individuel d’une
cinquantaine
d’abeilles portant despelotes
a été observé. Nous avons
compté
le nombre de fleurs visitéespendant
250 minutes, en distin- guant les fleursvierges
et les fleursdéjà
déclenchées. La vitesse et le pourcentage de déclen- chement sont calculés àpartir
de ces comptages.Enfin,
toutes les heures, le contenu de la trappe àpollen
estprélevé, puis
triépelote après pelote.
L’identification desespèces
s’effectuegrâce
aux couleurs despelotes
et à desanalyses microscopiques
permettant de confirmer ou de rectifier le classement despelotes.
LOUVEAUX(1958)
estime que moyennant cesprécautions
lesrésultats sont
précis.
Les
préparations microscopiques
depollen
s’effectuent suivant latechnique
de MAURIZIOet LOUVEAUX
(1965) légèrement
modifiée :après lavage
dans unmélange
d’éther etd’alcool,
un échantillon du
chargement complet porté
parchaque
insectecapturé
est monté entre lame etlamelle dans une goutte de
gélatine glycérinée, légèrement
colorée à la fuchsine etliquéfiée
à lachaleur.
L’analyse
de cespréparations
s’effectue parcomparaison
avec des lames de référence faites àpartir
des étamines deplantes
fraîches.Pendant toute la durée des
observations,
latempérature
et l’humidité del’atmosphère
fontl’objet
d’unenregistrement
sous l’abrimétéorologique
de la ferme à 2 mètres au-dessus du sol.IV. -
RÉSULTATS
A.
-La floraison de la luzerne, la sécrétion de
nectarLa floraison tardive
esttrès peu abondante (19 à 25 inflorescences
aum 2 )
en
raison des températures
nocturnesbasses (fig. 2), de la forte densité des
plantes (luzerne
etadventices),
etprobablement de la longueur du jour.
La quantité de
nectarsécrétée semble être affectée par l’abaissement des
températures
nocturnes etdiurnes
au coursdu mois d’octobre. C’est ainsi que le 29 octobre 1969
nous avonspu prélever du
nectardans 18 % des fleurs (212 fleurs)
etle 5 novembre 1969 dans 8 % seulement (721 fleurs).
Les moyennes de concentration du
nectar au coursdes 4 journées d’obser-
vation
sont assezstables : 40 % - 36 % - 35 % - 43 % - 43 %. Les
con-centrations individuelles varient de 9 % à 67 %. Il existe
unecorrélation posi-
tive faiblement significative (r
=T 0,38)
entrela concentration du
nectar etla température. Entre
cetteconcentration
etle degré d’humidité de l’atmos-
phère, la corrélation négative
estsignificative
etbonne (r
= —0,54) (fig. 3).
B.
-La floraison des
autresplantes polliniféres
Au
coursdu mois d’octobre, les fleurs disponibles pour les abeilles
sont assez rares.Certaines poussent spontanément dans les parcelles irriguées
oule long des seguias : Solanum niger, Datura, Hirschfeldia incana, Convolvulus arvensis, filarrubium vulgare, Amaranthus albus, Amaranthus hybridus, Picris echioides, Erigeron canadense, Lactuca, Calendula, Pulicaria arabica. D’autres
sont
cultivées dan.s 2 parcelles proches de la luzerne : Gossypium, Hibiscus
cannabinus. Enfin Eucalyptus, Schinus molle, Bougainvillea, Zea maïs,
serencontrent
à la limite du domaine.
C.
-Le comportement des abeilles domestiques
La population des butineuses
adiminué progressivement du 7 octobre
au
5 novembre.
Le 7-10
ontété dénombrées
surla
zonede comptage : 200 abeilles
Le 14-10
ontété dénombrées
surla
zonede comptage : 66 abeilles
Le 22-10
ontété dénombrées
surla
zonede comptage : 28 abeilles
Le 29-10
ontété dénombrées
surla
zonede comptage : 21. abeilles
Le 5-11
ontété dénombrées
surla
zonede comptage : 17 abeilles
La figure 4
met enévidence la période d’activité de butinage
surla
luzerne :
entre9 heures 30
et14 heures 30
avec unmaximum à 10 heures 30.
Cette population d’abeilles
estconstituée de 91 % (332 abeilles) d’individus porteurs de pelotes (butineuses de pollen). Cette proportion
estrestée
assezstable
au coursdes observations,
nevariant que de 81 % à 94 %. 96 charge-
ments
de pollen
ontété prélevés
auhasard
etleur analyse
arévélé que 91 étaient composés de pollen de luzerne pur, 4 de pollen de Composées pur
et1 de pollen d’Amaranthus pur. On peut estimer à 86 % le pourcentage de butineuses récoltant du pollen de luzerne.
Le comportement individuel de butinage des récolteuses de pollen
aété
observé. Elles prélèvent le pollen de luzerne
surles fleurs déjà déclenchées aussi bien que
surles fleurs vierges qu’elles déclenchent. Elles aspirent du
nectar sur
les fleurs des 2 types
avantde gratter le pollen
avecleurs pattes.
Sur les fleurs vierges, le
nectar estrécolté de façon frontale, le proboscis
étant introduit
au centrede la corolle, mais le plus
souventl’ouvrière fait
glisser
sonproboscis latéralement
entrel’étendard
etles ailes
sansrisquer
d’écarter la carène. Certaines ouvrières semblent avoir
« unplan » de buti-
nage établi : par exemple, série de fleurs déjà déclenchées où
sontprélevés
nectar et
pollen, puis série de fleurs vierges où
estprélevé le
nectar sansdéclen-
chement, enfin série de fleurs vierges où
estprélevé le pollen après déclenche-
ment.
Lors du déclenchement,
oubien l’ouvrière aborde la fleur de façon frontale, face à l’étendard
etécarte la carène
enenfonçant
sonproboscis
aufond de
la corolle,
oubien elle aborde la fleur
enposition inversée, face à la carène,
et
écarte l’étendard qu’elle tient entre les pattes pendant qu’elle plonge
sespièces buccales dans la corolle,
oubien
encoreelle aborde la fleur perpendi-
culairement à
son axede symétrie
etprovoque le déclenchement grâce à la pression exercée par le proboscis.
Souvent, l’insecte éprouve quelques difficultés à
retirer salangue coincée
entre
l’étendard
etla colonne sexuelle qu’il vient de déclencher. Pendant 250 minutes, 50 ouvrières
ontvisité 1 045 fleurs. La vitesse de butinage
estdonc de 4,1 fleurs par minute. 62,7 % des fleurs visitées étaient vierges, 37,3 % étaient déjà pollinisées. Les ouvrières
ontdéclenché 31,4 % des fleurs vierges, soit 19,8 % du total des fleurs visitées. La vitesse de déclenchement
est
de 0,8 fleur par minute. Les variations individuelles de comportement du lot d’abeilles observées
sontreprésentées par les histogrammes de fréquence
de la figure 5.
D.
-La récolte de pollen des abeilles provenant de la région de Rabat
Le 7-10-69, jour d’installation de la ruche,
aucuntransport de pollen n’est
observé. Puis
sontdénombrées :
-
le 14-10 : 156 pelotes
-
le 22-10 : 606 pelotes
-
le 29-10 : 530 pelotes
-
le 5-11 : 596 pelotes
Aucune pelote de pollen de luzerne n’est recueillie dans la trappe, bien que la taille des pelotes observées
surles abeilles locales soit normale. Les
pollens rencontrés appartiennent
auxplantes suivantes : Convolvulus
-Gossypium — Picris
-Lactuca
-Ze.a - Eucalyptus
-Amaranthus
-Solanum — Erigeron
-Datura
-Hirschfeldia
-Hibiscus - Bougainvillea -
Casuarina
-2 plantes indéterminées.
La figure 6
met enévidence les différentes quantités de pelotes récoltées
suivant l’espèce de plante. Les 5 pollens principaux
sont :Zea maïs, Casua- rina, Amaranthus, Picris
etDatura; Zea
maïsétant de loin le plus abondant.
Le tableau 1 indique l’évolution des proportions de la récolte de
ces5 pollens,
entre
le 14-10
etle 5-11. Notons que la récolte
sur maïscroît régulièrement
jusqu’à représenter près des 3/4 des pelotes. La récolte
surAmaranthus
suit
uneévolution inverse. Quant
aupollen de Casuarina d’ordinaire relati-
vement
peu récolté, il représente la moitié du
contenude la trappe le 22-10.
L’analyse du relevé horaire de la trappe apparaît
surla figure 4. En
moyenne, la majeure partie des pollens
estrécoltée
entre9 heures 30
et12 heures
30
avec unmaximum d’activité
entre9 heures 30
et10 heures 30. Cependant,
V. - DISCUSSION
Notre évaluation moyenne de la concentration du
nectarde luzerne
correspond à celles de Y ANSELL
etT ODD (1946)
etde P ETKOV (1967). Ces
auteurs constatent
aussi qu’il existe
unecorrélation négative
entrela
concen-tration
etl’humidité de l’air
etdu sol. Cependant, le rôle joué par la
concen-tration dans l’attractivité du
nectarpour les abeilles
estjugé négligeable par P
EDERSEN (1953), tandis que Y A 1V SELL
etT ODD (1946) estiment que les luzernes peu irriguées
ont un nectarconcentré attirant
unplus grand nombre de buti-
neuses
de pollen. Nous
nepouvons pas porter de jugement
carla concentration n’a guère varié du premier
audernier jour d’observation. Nous pouvons seulement affirmer que la
variationde la concentration
au coursde la journée
n’influe pas
surla fréquentation des fleurs par les butineuses (fig. 4).
La quantité de
nectar estconsidérée
comme unfacteur important de
l’attractivité des fleurs (V ANSELL , 1941 - P EDERSEN , 1953). Pour le premier
de
cesauteurs,
ce sontdes températures de 26-32° C qui permettent la sécré- tion la plus abondante; pour le second, c’est
unbon ensoleillement qui favorise
la production du
nectar.Il
estpermis de penser que la diminution du nombre de butineuses pendant le
moisd’octobre
estdue à l’abaissement des tempé-
ratures
qui
aralenti la sécrétion de
nectar.De même,
onpeut supposer que la floraison d’été bénéficiant de températures élevées fournit
un nectarplus
abondant
etattire
unplus grand nombre de butineuses de pollen.
La durée journalière du butinage
estlongue
etcomparable à celle qu’OBRTEL
etS EDIVY (1965)
ontobservée, soit environ 8 heures
avec unmaximum d’activité
enfin de matinée. Le pourcentage des butineuses de
pollen
est assezexceptionnel si
onle compare
auxdonnées de divers
auteurs.Comme le remarque R EINHARDT (1952)
cesbutineuses n’ont pas le compor-
tement
de déclenchement stéréotypé des abeilles solitaires (Megachile, Eucera, Melitta, Andrena, etc.), qui visitent seulement les fleurs vierges
etqui adoptent obligatoirement la position frontale
surles fleurs. Selon le
mêmeauteur, il existe certaines abeilles qui récoltent à la fois le pollen
etle
nectar et ont unpouvoir de déclenchement inférieur à celui des butineuses de pollen. Cette description semble correspondre à
notretype de butineuses. La rapidité de butinage de
nosabeilles
estinférieure à celle des butineuses de
nectarévaluée à 10-15 fleurs /mn. (R EINHARDT , 1952 - L ECOMTE , 1959, etc.)
età celle des
butineuses de pollen évaluée à 6-7 fleurs !mn (V ANSELL
etT ODD , 1946...).
Le pourcentage des déclenchements qu’elles provoquent
estaussi inférieur à celui des butineuses de pollen
etdes butineuses de
nectar «inexpérimentées
»(M
OCZAR
, 1961 - Bo,lTtis, 1966) mais supérieur à celui des butineuses de
nectar«
expérimentées
».L’efficacité pollinisatrice des abeilles domestiques de la
région de Beni Mellal
estmodeste
mais nonnégligeable si l’on
tientcompte des possibilités d’accroître le nombre de butineuses par
unapport de colonies dans les champs de luzerne.
Le comportement de la colonie originaire de la région de Rabat, opposé à
celui des ruches locales, peut
êtreexpliqué. Les observations de LouvEAUx
et
al. (1966)
ont mis enévidence l’existence d’écotypes
conservantaprès déplacement dans
unerégion étrangère, leurs caractéristiques de butinage adaptées
aurégime bioclimatique d’origine. L’existence d’un
«écotype Rabat »
et
d’un
«écotype Beni Mellal » n’est qu’hypothétique. H ARE
etV ANSELL (1946) recommandent
eneffet de
nepas
sefier
auxrésultats obtenus à partir
d’une seule ruche
etd’une seule année. Quant à L OUVEAUX (1958) il signale
le comportement
«individualiste n vis-à-vis des plantes pollinifères, des ruches
appartenant à
unrucher d’une
même racegéographique. On
constateque certaines ruches
ont uneaffinité marquée pour
unpollen
ou unefamille de
plantes
etque
cetteaffinité
se conserved’une année à l’autre (LouvEAUx, 1967). D’autre part, des expériences entreprises
auxU.S.A.
ontdémontré
que l’affinité pour le pollen de luzerne
est uncaractère héréditaire, indépendant
du caractère
«affinité pour le
nectar » etprobablement supporté par plusieurs gènes (N YE
etM ACKENSEN 1965 - M ACKENSEN
etN YE , 1966). Le déplacement
de colonies sélectionnées pour la récolte du pollen de luzerne d’une région
favorable à
unerégion défavorable à
cetterécolte atténue
maisn’efface pas le caractère
«affinité pour le pollen de luzerne » (NYE
etM ACKENSEN , 1970).
Avec les réserves émises plus haut,
notrehypothèse
estla suivante : il
existe unécotype d’abeille domestique dans la région relativement humide de Rabat qui n’a pas d’affinité pour le pollen de luzerne, d’autres écotypes,
dans les régions arides de Settat
etde Beni Mellal qui
ont uneaffinité certaine pour
cepollen.
VI. - CONCLUSION
En 1969, dans les régions de Settat
etde Beni Mellal, la luzerne bénéficie de l’action pollinisatrice des abeilles domestiques locales. La population des
ouvrières récoltant le pollen représentait :
- en
juin, à Settat 9 % des butineuses,
- en
octobre, à Beni Mellal, 86 % des butineuses.
A Beni Mellal, les caractéristiques du butinage étaient les suivantes :
-
Durée d’activité journalière : 8 heures
avec unmaximum
entre9 heures
30
et 12heures 30.
-
Vitesse de butinage : 4 fleurs par minute.
-
Pourcentage de déclenchement : 20 % du total des fleurs visitées
(30 % des fleurs vierges visitées).
Dans la région de Rabat, les abeilles domestiques n’ont
eu aucuneactivité pollinisatrice
surla luzerne. On suppose que l’aridité des régions de Beni
Mellal
etSettat
estplus favorable à la pollinisation de la luzerne par l’abeille
domestique que le climat plus tempéré de la
zonelittorale de Rabat. La chaleur rend
eneffet plus attractives les fleurs de luzerne
enaccroissant la sécrétion du
nectar etla sécheresse des
terrains nonirrigués
nepermet pas le dévelop-
pement de plantes pollinifères compétitrices. Une affinité génétique des éco-
types de régions arides pour le pollen de luzerne pourrait aussi jouer
unrôle.
Sur
cedernier point, des questions
restent ensuspens :
-
Le comportement de la ruche de Rabat transportée à Beni Mellal
est-il représentatif de celui de
«l’écotype Rabat » ?
-
Ce comportement est-il le
même enjuillet
et enoctobre
et se conserve-t-il d’une année à l’autre ?
-
Les écotypes des régions arides conservent-ils leur comportement
après déplacement dans
unerégion littorale ?
L’e!cacité pollinisatrice de l’abeille domestique
surla luzerne dans
cer-taines régions du Maroc devrait susciter des recherches nouvelles, afin
d’élucider le problème des
racesgéographiques marocaines
etde justifier
ou non
l’emploi de ruches originaires d’une région bioclimatique différente
de celle où
se trouvela luzerne à polliniser.
Reçu
pourpublication en juin
1971.Eingegangen
im Juni 1971.REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier M. MATHEZ
(I.S.C. Rabat) qui
a déterminé lesplantes
récoltées surle terrain d’observation. Je remercie M. LouvEAux
(I.N.R.A., Bures-sur-Yvette)
et Mme VANC
AMPO
(Laboratoire
dePalynologie
deMontpellier, C.N.R.S.)
pour l’aide reçue lors de l’ana-lyse
despréparations polliniques.
ZUSAMMENFASSUNG
Die fehlende Affinität der
Honigbiene (Apis mellifica L.)
zumLuzernepollen
wirdallge-
mein mit dem beim « Aufklinken » der Blüten verursachten Rückstoss der Staubfäden und mit dem Fehlen attraktiver Substanzen im Pollen der Luzerne erklärt. Unter
gewissen
landwirt-schaftlichen
Bedingungen
können die Sammelbienen bei derSamenbildung
der Luzerne eine Rollespielen (B OHART 1957,
LECOMTE1959).
Wir konnten
einige Erfahrungen
über dasBestäubungsverhalten
vonApis mellifica
inter-missa in den marokkanischen Luzernefeldern sowie über
gewisse,
dieSammeltätigkeit
beein-flussende Faktoren sammeln.
In der
gemässigteren Küstenregion
von Rabat wurden dieHonigbienen
niemals beim« Aufklinken » von Luzerneblüten und auch nicht beim Bilden von Pollenhöschen aus Luzer-
nepollen
beobachtet. ImDürregebiet
vonSettat,
dasweniger
reich anPollenspendern
ist,hatten nahezu 10
%
der die Luzernebefliegenden
Bienen Höschen ausLuzernepollen.
1. - Material und Methoden
Eingehende Beobachtungen
wurden auf demVersuchsgut
von D6roua in der Nähe vonBeni Mellal
(Tadla)
beispäter
Blütezeit der Luzerne im Oktoberdurchgeführt.
Die Bienenwurden an fünf
Tagen,
am 7., 14., 22., 29. Oktober und am 5. November 1969 auf einer 11 ha grossen bewässerten Fläche beobachtet(Südafrikanische Art).
Die dort vorhandenen Bienen stammten aus einem 300 m vom Feld entfernten Bienenstand. Am 7. Oktober stellten wir eine Dadantbeute mit Pollenfalle aus einem Bienenstand von Rabat am Rande des Feldes auf.Ein Teil der
Beobachtungen bezog
sich auf die Luzerneblüten :Entwicklung
der Dichteder Blütenstände sowie der Konzentration des Nektars in der Trockenmasse. Ferner wurde stündlich die Anzahl der Sammelbienen auf einem blühendem Streifen von 100 X 1 m
gezählt (s.
LECOMTE 1962 und BENEDEK1970).
Weiter berechneten wir den Anteil der Bienen mit Höschen ausLuzernepollen
undanalysierten
das Sammelverhalten von 50 Arbeiterinnen.Schliesslich wurde stündlich der Inhalt der Pollenfalle entnommen, Höschen für Höschen
ausgelesen
undanalysiert.
DiePollenbestimmung
wurde nach der Methode von MAURIZIO und LOUVEAUX(1965) ausgeführt.
Während derBeobachtungszeit
wurdenTemperatur
undLuftfeuchtigkeit
in der Wetterhütteregistriert.
2. -
Ergebnisse
- Die Dichte der Blütenstände blieb sehr
gering (19
auf 25m 2 ).
- Die von den Blüten
abgesonderte Nektarmenge
schien mit abnehmendenNachttempe-
raturen
geringer
zu werden(Abb. 2).
Die Durchschnittskonzentration des Nektars hat sich kaum verändert(35
- 43%).
ImTagesablauf
verändert sich die Konzentrationumgekehrt proportional
zurLuftfeuchtigkeit (Abb. 3).
- Die Zahl der Sammelbienen
verringerte
sich vom 14. Oktoberab,
der Anteil der Pollen-sammlerinnen blieb
jedoch
stabil(81-94 %).
- Die
Sammelgeschwindigkeit betrug
4 Blütenje
Minute. 20%
der besuchten Blüten wurden «aufgeklinkt
»(Abb. 5).
- Die Pollenfalle
ergab
eine ziemlich magere Ausbeute(Maximum
= 606 Pollenhöschenam
Tag)
und enthielt keineinziges Luzernepollenhöschen.
Am Bienenstock wurdenfolgende
Pollenarten
gesammelt :
Leitpollen :
Zeamais, Casuarina, Amaranthus,
Picris und Datura.Begleitpollen : Convolvulus, Hibiscus, Gossypium, Lactuca, Erigeron, Eucalyptus,
Sola-num,
Hirschfeldia, Bougainvillea (Abb.
6 u.7).
Diese Pflanzen wurden auf dem Gut gezogen, oder sie wuchsen auf den bewässerten Par- zellen.
3. -
Schlussfolgerungen
Es muss eine Korrelation zwischen der Abnahme der
Sammeltätigkeit
derHonigbiene
auf der Luzerne im Verlauf der
Beobachtungszeit
und dem mit dem nächtlichenTempera- turrückgang
verbundenen Absinken der Nektarsekretion bestehen. Der Anteil der Pollen- sammlerinnen war ausnehmendhoch,
dieSammelgeschwindigkeit
und der Prozentsatz des«Aufklinkens
» jedoch
ziemlichgering (s.
REINHARDT1952,
LECOMTE1959,
VANSELL und TODD1946,
Moczaa 1961usw...).
Wir vermuten, dass die Trockenheit der Gebiete von Settat undBeni Mellal die
Bestäubung
der Luzerne durch dieHonigbiene
mehr als dasgemässigtere
Klima von Rabat
begünstigt.
Verschiedene Faktoren können imDürregebiet
eine Rollespielen :
die von der Luzerne
abgesonderte Nektarmenge
istgrösser,
diePollenquellen
sindweniger zahlreich, eine genetische
Affinität derÖkotypen
der Bienefür denLuzernepollen
in den Trocken-gebieten
kann ebenfalls vonBedeutung
sein(L OUVEAUX 1967,
NYEu. MACKENSEN1970).
Daszuletzt
Angeführte
bedarf noch desBeweises,
denn es wäreleichtfertig, aufgrund
eineseinzigen Beobachtungsjahres
und des Verhaltens eines einzelnen Volkes eineSchlussfolgerung
zuziehen.
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