OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES SUR LA BIOLOGIE D’OSMIA (CHALCOSMIA) CŒRULESCENS L.,
(HYMENOPTERA MEGACHILIDAE),
POLLINISATRICE DE LA LUZERNE
(MEDICAGO SATIVA L.)
Vorläufige Beobachtungen über die Biologie der die Luxerne bestäubenden Osmia (Chalcosmia) coerulescens L.
(Hymenoptera Megachilidae)
Jean-Noël
TASEIMurielle PICART
La6oratoire
d’Éthologie
etd’ g cologie
desInsectes, LN.R.A., 86-Lusignan
SUMMARY
PRELIMINARY OBSERVATIONS ON THE BIOLOGY OF
O S mla (Chalcosmia)
ccerulescens L. (hymenoptera, megachilidae)
POLLINATING LUCERNE
(Medicago sativa L.)
During
three years the authorinvestigated
thebiology
of anapoid Megachilidae,
commonin the district of
Lusignan :
Osmia coerulescens L. This Osmia can sometimes be seen onlucerne flowers.
The
pollen analysis
of nestsprovisions
shows that this bee collectspollen
on Labiataeand
chiefly
onPapilionaceae : Trifolium, Medicago sativa,
Lotus etc... 0. coerulescens hasone or two
generations
per year,extending
fromMay
toSeptember.
Ingreenhouse
a femalecan
lay
aboutfourty
eggs. At constant 21°C,
the adult appears 6 or 7 weeks after the egglaying.
The bee nests in holes of timber and old
buildings facing
east or south. Nest’spartitions
are built with a paste of chewed
plants (Malva moschata).
It could be
possible
to increase Osmiapopulations by settling
artificialnesting
sites andmove them in fields of lucerne sown for seed.
RÉSUMÉ
L’auteur fait part de résultats concernant trois années d’observation d’un
apoide Mega-
chilidae : Osmia coerulescens
L., fréquent
dans larégion
deLusignan.
Cette osmie se rencontreparfois
sur les fleurs de luzerne cultivée pour lagraine. L’analyse
desprovisions
de nids révèle que l’abeille récolte dupollen
delabiées,
mais surtout depapilionacées : Trifolium, Medicago sativa,
Lotus etc... 0. coerulescens a une ou deuxgénérations
par an. de Mai àSeptembre.
Enserre une femelle
pond
unequarantaine
d’ceufs. Ledéveloppement
s’effectue en 6 ou 7 semaines à latempérature
constante de 21° C.L’abeille nidifie dans des trous de
charpentes
et de vieux mursexposés
à l’Est et au Sud.Les cloisons sont édifiées avec une
pâte d’origine végétale (Malva moschata).
Onpourrait envisager
d’établir des sites artificiels de nidification ajin d’accroître lespopulations
de cetteosmie et de les
déplacer
dans deschamps
de luzerneçultivée
pour lagraine.
INTRODUCTION
Divers inventaires de la faune pollinisatrice de la luzerne
ontété établis dans plusieurs pays. Les insectes les plus efficaces
sontdes Apoidea solitaires,
fouisseurs
etterricoles, de loin les plus abondants,
etdes Apoidea occupant des cavités du sol, des vieux
murs etvieilles charpentes (L INSLEY - 1946;
L ESINS
- 1950; B OHART - 1957; M OCZAR - 1961; L ECOMTE
etT IRGARI - 1962;
O
BRTEL
etS EDIVY - 1965; TAS EI - 1970; D YLEWSKA - 1970).
Trois espèces
ontattiré l’attention des chercheurs : Nomia melanderi Cock. (Halictidae) (H ACKWELL - 1968).
Melitta leporina Panz. (Melittidae) (T IRGARI - 1968).
Megachile rotundata Fabr. (Megachilidae) (TIR!ARI - 1968).
Ces études biologiques,
entreautres,
ontpermis d’accroître artificielle-
ment
les populations de N. melanderi
etM. rotundata, grâce à l’établissement de sites favorables à leur nidification (STEPHEN - 1965, W ALSTROM
etJ ONES - 1968).
Comme
ungrand nombre de Megachilidae, M. rotundata peut loger
dans des tubes de
carton oude bois. L’aménagement des sites
estmoins complexe que dans le
casde l’espèce terricole N. melanderi. Il
nous aparu avantageux de rechercher parmi les Megachilidae pollinisateurs de la luzerne
en
France,
uneespèce nidifiant dans des nichoirs aériens
commeM. rotundata.
En France
on arencontré 6 espèces de Megachilidae : Megachile (Eutri- charea) leachella, M. centuncularis, Osmia aurulenta, 0. rufohirta, 0.
cceru-lescens (T ASEI
nonpublié)
etAnthidium punctatum (L ECOMTE
etT IRGARI 1962).
La seule espèce qui occupe
engrand nombre les pièges nichoirs que
nous
proposons
auxMegachilidae,
est0. ccerulescens.
Il
estbon de
noterque le genre Osmia figure très
rarementdans les
inventaires de pollinisateurs de la luzerne : B OHART (1957) signale Osmia
seclusa Sandhouse
etDiceratosmia subfasciata punctata Mich. O BRTEL
etS EDIVY
(1965)
uneespèce
nondéterminée
etI UGA
etS COBIOLA (1960) 0. cephalotes
Mor 1 et SoLmAS
etB IN (1965) 0.
aeneaF 2 .
A
notreconnaissance 0. ccerulescens n’a jamais été l’objet d’études détail- lées. Les
auteurscités dans la bibliographie donnent des indications brèves
sur
la
structuredu nid,
oules plantes butinées. Nous
avons eul’occasion
d’observer
cetteespèce pendant 3 années consécutives. En 1969, 0.
cceru-lescens
anidifié dans
unnichoir de bois placé dans le Moyen Atlas (Maroc),
et
dans le
courantdu mois de juillet,
nous avonsremarqué plusieurs femelles
en
train de polliniser des fleurs de luzerne dans la région de Rabat. En 1970
et
1971, dans la région de Lusignan, où
cetteosmie
esttrès
commune, nousavons
recueilli de nombreux renseignements
surle choix du site, la
construc-tion, l’approvisionnement du nid, le comportement de butinage
etle dévelop-
pement d’0. ccerulescens.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
I. - Le
dispositif
d’observation par «piège-nichoirs
»En 1971 nous avons
placé
dans 7 localités’proches
deLusignan,
55 nichoirs de bois(9,5
X9,5
X 15cm). Chaque
nichoir(Fig. 1)
est pourvu de 10 tubes en carton de 4 mm de diamètre et 55 mm delongueur
et de 10 Cannes de Provence(Arundo L.)
de 75 mm delongueur.
Cinq
sontpercées
de trous de 5 mm dediamètre, cinq
autres sontpercées
de trous de 8 mm.Toutes sont fendues en 2
parties longitudinales.
Ceprincipe
de nichoir est décrit par LEVIN(1957).
Les localités sont dans des fonds de vallée ou bien sur le
plateau
deLusignan (altitude :
150
m).
Dans chacune d’elles onrépartit
les nichoirs contre desarbres,
descharpentes
enbois,
des bâtiments modernes
crépis,
des bâtiments enpierres
noncrépis.
A chacune de cesplaces
nous orientons 4 nichoirs dans 4 directions : un vers
l’Est,
un vers leSud,
un versl’Ouest,
un vers le Nord. Les nichoirs sont accrochés aux
parois
de leur support à une hauteur d’1 à 2 m. Cedispositif
est mis enplace
au début du mois d’avril et il est visité par la suite une fois tous les 7jours.
Achaque
visite on note laprésence
des adultes mâles ou femelles à l’intérieur destubes,
le début deconstructions,
le nombre de cellules danschaque
nid. Tous les nids entiè-rement achevés par les femelles sont
retirés,
et leurplace
estoccupée
à nouveau par un tubevide.
Chaque
nid porte un numéro de référencequi indique
la localité où il a étéconstruit, l’emplacement, l’orientation,
le diamètre et laplace
dans le nichoir.II. -
L’élevage
en enceintefermée
Afin de
compléter
les observations par «piège-hichoirs
» dans la nature il est bon decontraindre des femelles à nidifier dans des conditions contrôlées. Nous avons ainsi élevé en
1970 et
1971,
14 femelles dans descompartiments
de serre vitrée(3
X2,5 m) possédant
untoit en pente, des volets et une porte
grillagée.
Aucunetempérature
excessive n’a été enre-gistrée
dans la serre(Maximum
absolu : 31°C,
minimum absolu : 9°C).
Un nichoir portant des 1. L’auteur roumain neprécise
pas le genre d’activité de cetteespèce :
récolte de nectar ou récoltede
pollen.
’2.
Synonyme
d’0. coerulescens L.3. Par localité on entend : une ferme ou un hameau.
tubes de carton de 4 mm de diamètre est
disposé
à 50 cm dusol,
et desplantes
fleuries en potservent aux femelles pour
approvisionner
leurs cellules. Les abeilles sont introduiteslorsqu’elles
ont commencé à construire un nid à l’extérieur. Cette méthode permet à tous les individus de nidifier très
rapidement après
leur introduction en serre.Chaque jour
tous les tubes sont visités. Dèsqu’une
femelle commence la construction d’unnid,
elleest marquée
d’une tache depeinture
sur le thorax. Les tubesoperculés
sont retirés etportés
au laboratoire. Les activités de construction et debutinage
fontl’objet
d’observations détaillées tout aulong
de la nidi- fication.III. - La détermination des
pollens
récoltés dans la natureA
chaque
visite hebdomadaire dudispositif
denichoirs,
onprélève
un échantillon de«
pain
d’abeille » dans lapremière
et la dernière cellule construites dans les nidsoperculés.
Ona ainsi effectué 130
prélèvements.
On trouvera dans le travail de MwuRIZIO et Louv]EAux(1965)
la méthode de montage despréparations
depollens.
L’analyse microscopique
desprovisions
des cellules d’osmie nousrenseigne
sur lesplantes
butinées pour le
pollen,
les dates de récolte des diverspollens,
l’influence de la localité sur le spectrepollinique
de la récolte.IV. - Les conditions
d’élevage
des!ufs
et des larvesLes nids sont
placés
individuellement dans des tubes deplastique
dont les deux extré- mités sontpercées
et munies d’ungrillage
de laiton(4
mailles aumm).
L’aération est ainsiassurée,
et l’onempêche
laprolifération
d’unectoparasite
redoutable à cause de soncycle
dedéveloppement
très court(B ALF oun-BROWNE
F.1922) :
Melittobia acasta Walk.(Hymenoptera, Eulophidae).
Unepartie
del’élevage
est conservée dans un abri à l’extérieur dulaboratoire,
l’autrepartie poursuit
sondéveloppement
à unetempérature
constante(21° C,
28°C,
32°C)
et dans une
atmosphère
dont l’humidité relative est maintenue entre 60 et 80%.
Ledéveloppe-
ment des insectes en étuve est contrôlé tous les
jours
à la même heure. Le passage d’un stade larvaire à un autre est difficile àsaisir;
aussi onsaupoudre
trèslégèrement
les larves avec de la terre finementpulvérisée.
Cesaupoudrage
permet de connaître defaçon
très sûre le momentde la mue car il est facile de
repérer
l’élimination de la terrelorsque
l’exuvie se détache ducorps de la larve.
Après chaque
mue on effectue un nouveausaupoudrage
etc...Lorsque
leslarves ont filé leur cocon, l’observateur doit
pratiquer
une ouverture dansl’enveloppe
desoie,
afin de suivre l’évolution de l’individu
(Transformation
de la larve ennymphe
et de lanymphe
en
adulte).
RÉSULTATS
I.
-Comportement de nidification
1. Les périodes de vol.
0. ccerulescens peut nidifier de fin avril
àfin septembre. D’après F RIESE (1911)
etB ENOIST (1931)
cetteespèce vole
enmai
etjuin. En réalité il y
a4 mois de grande activité : mai, juin, juillet, août,
etc’est
enjuin que le plus grand nombre de femelles nidifie (fig. 2). Il semble que seules les températures supérieures à 19-20 °C permettent
auxosmies de voler
etd’approvisionner
les nids. En
serre,si les conditions atmosphériques
sontfavorables, les femelles
accomplissent 10 à 12 heures de travail par jour.
2. L’architecture du nid
etle comportement de construction.
Les nids observés
sontformés par des cellules disposées linéairement.
Les cloisons qui séparent les cellules
sontélevées par la femelle (fig. 3). Celle-
ci mâche des
morceauxde végétaux
etles imbibe de salive, puis édifie les cloisons qui prennent
enséchant
unecouleur
vertnoirâtre. En
serre ceciment
végétal
estfabriqué à partir de boutons de fleurs d’Onobrychis
etde Medicago
sativa, de calice
etde feuilles de Papaver
etdes folioles de Lotus. Cependant,
le végétal de loin le plus attractif
estMalva moschata L. (calice
etfeuilles).
Il arrive qu’en l’absence de
cetteespèce, l’osmie éprouve de la difliculté à construire. Une telle spécificité dans le choix du matériau de construction
se rencontre
chez Osmia lanosa (F ERTON - 1894). Cependant C HANDLER (1963) cite les genres Leonurus
etNepeta
etF RIE S E (1911) Alnus glutinosa,
comme
matériaux de construction pour 0. ccerulescens. Nous
avonsobservé la construction d’une cloison
en20
mm etcelle d’un bouchon terminal
en48
mm.La cloison
ademandé 8 allers
et retoursde la
mauve aunid, le bouchon terminal : 16. La femelle passe
enmoyenne deux fois plus de temps à déposer
la bouillie végétale dans le nid, qu’à prélever les tissus de la plante. Pendant
la construction de la cloison la femelle n’a pas butiné
uneseule fleur, alors qu’au
coursde la construction du bouchon terminal elle
apassé plus de 5
mnsur
des fleurs de Melilotus
etLotus. Comme la plupart des osmies, 0.
cceru-lescens édifie
un «pas de porte »
avantd’approvisionner
unecellule. Ce
«pas de porte »
estl’amorce de la future cloison, qui fermera la cellule après la
ponte; il peut être réduit à
une tracede bouillie végétale, formant
un anneauvert sur
la paroi du tube.
Toutes les cellules
sontapprovisionnées, mais dans 80 % des
casla der-
nière
estvide (vestibule). Les cloisons
sonttrès fines (moins de 0,5 mm) mais
leur épaisseur augmente à l’endroit où elles
serattachent
autube. Leur
conca-vité
esttournée
versla sortie. Le bouchon terminal
estplus épais que les cloisons (1 à 5 mm)
etil
estfait de la même matière que celles-ci. La longueur
des cellules varie
assezpeu pour
undiamètre donné. En moyenne pour
undia- mètre de 4
mmla longueur d’une cellule
est8,5
mm;pour
undiamètre de 7
mm :6,5
mm.Les vestibules
ontdes longueurs très variables de 6 à 70
mm.0.
ccerulescens occupe généralement
toutela place qui lui
estofferte
etles nids
contiennent
souvent6 à 8 cellules (tubes de 84
mmde longueur). On
a mêmeobtenu
unnid de 15 cellules dans
untube de 104
mmde longueur. Une femelle
peut fonder 5 à 10 nids
au coursde
savie. Un seul
auteur :M ALYSHEV (1935)
relate l’existence de nids formant des
«pseudorayons
»,composés de cellules
disposées
côteà côte
sur unmême plan.
3. La ponte.
Une femelle captive pond
enmoyenne 42 oeufs
au coursde
savie
en serre.Ce résultat
concerneles années 1970
et1971 (591 œufs). Suivant les lots de femelles,
unindividu pond de 31 à 50 oeufs. Dans les conditions naturelles
une
femelle pond 1 à 2 oeufs par jour;
en serreelle pond 1 à 6 oeufs. La ponte moyenne journalière
en serrepar femelle
est3, 4 oeufs. (Résultat
concernant119 oeufs). Les nids peuvent contenir seulement des cellules de mâles
oubien
seulement des cellules de femelles,
ou encoreles deux
sortesde cellules, celles de mâles étant les plus proches de la sortie. Le sex-ratio
esttrès variable : dans les conditions de la
serre en1970
nous avonsobtenu
enpremière généra-
tion 1 femelle pour 1,1 mâle;
en1971 : 1 femelle pour 5 mâles,
etdans les condi-
tions naturelles
en1971 : 1 femelle pour 0,6 mâle.
4. La longévité.
En
serreles femelles vivent de 30 à 60 jours. Lorsqu’elles vieillissent,
la confection des charges de pollen demande beaucoup plus de temps
etles derniers jours de leur vie
ne sontplus employés à approvisionner des cellules,
mais à construire des cloisons
oudes bouchons de manière anarchique. Les
femelles
meurentgénéralement hors du nid.
5. Le choix du site.
Les nichoirs
sonttrès inégalement occupés : 67 % d’entre
euxn’ont pas abrité de nidification, 22 ! renfermaient 2 à 8 nids, 11 % 1 seul nid. 0.
cceru-lescens préfère fonder
sesnids dans des tubes orientés
versl’Est
oule Sud.
Les nichoirs occupés par les osmies
etexposés à l’Est
et auSud contiennent
respectivement 3,1
et2,1 nids par nichoir, tandis que
ceuxqui
sontexposés
au
Nord
età l’Ouest contiennent seulement 0,6
et0,5 nid par nichoir. Les
expositions
auNord
età l’Ouest favorisent les abandons de nid,
avantmême la ponte du premier oeuf (cf. tableau 1).
Les tubes de 4
mmde diamètre abritent 64 % des nids, les tubes de 5
mm :33 %, les tubes de 8
mm :3 %. Si l’on admet que la population d’un nichoir
est
représentative de la population locale, il apparaît que
cetteosmie nidifie de
préférence dans des bâtiments
enbois. A
cesemplacements les nichoirs portent
en
moyenne 4,3 nids par nichoir. Les constructions
enpierres
noncrépies
sontmoins favorables (1,5 nid par nichoir). Les constructions modernes crépies
etles haies vives
sonttrès peu favorables
auxnidifications (0,4
et0,3 nid par
nichoir).
F
RIESE (1923) relate la découverte de nids d’0. ccerulescens dans de vieux poteaux. Il affirme que les cloisons
sont enargile. B ENOIST (1938) décrit
unenidification d’O. ccerulescens dans
unebranche de sapin creusée par
uncoléop-
tère xylophage
etM ARIKOVSKAYA (1968) signale des nidifications de
cetteespèce dans des terriers d’Osmia jagnobensis F. D’après K ROMBEIN (1967)
et
M EDLER (1967) les diamètres des nids s’échelonnent de 4,8 à 6,4
mm.F REE
et
WILLIAMS (1970)
notentqu’0. ccerulescens
atendance à nidifier
surles lieux
de
sanaissance.
6. Le butinage
etl’approvisionnement du nid.
a) Le butinage
en serre.Onze familles de plantes, représentées par 25 espèces,
sontproposées
aux
femelles :
-
Boraginaceae : Myosotis sp.
-
Umbelliferae : Heracleum sp.
-
Papaveraceae : Papaver sp.
-
Rubiaceae : Galium sp.
-
Malvaceae : Malva moschata.
-
Compositae : Sonchus asper, Lapsana communis, Pterotheca sp.
-
Cruciferae : Sinapis sp.
-
Ranunculaceae : Ranunculus acris.
-
Hypericaceae : Hypericum perforatum.
-
Labiatae : Salvia pratensis, Glechoma hederacea.
-
Papilionaceae : Hedysarum sp., Onobrychis sativa, Melilotus alba,
M. arvensis, Trifolium repens, T. pratense, T. hybridum, Medicago sativa,
Vicia
cracca,V. sepium, Lotus corniculatus, Coronilla varia.
Aucune des 9 premières familles n’est visitée par 0. ccerulescens qui
butine seulement
surSalvia, Glechoma
et surtout surles papilionacées (excepté Hedysarum). Melilotus alba
estla plante la plus attractive. Les
autrespapi-
lionacées
sont enmoyenne d’attractivité égale
ettrès sensiblement inférieure à celle du mélilot. La rapidité de butinage
est10,3 à 11,3 fleurs par minute chez Lotus, Onobrychis, Coronilla; 13 à 14,2 fleurs par minute chez Trifolium
et
Melilotus; 9,7 à 10,2 fleurs par minute chez Medicago sativa. Pratiquement
100 % des fleurs de luzerne visitées
sontdéclenchées. Les durées de voyages de
butinage varient de 3 à 15 minutes (moyenne calculée
sur100 voyages : 9
mm24 s).
b) L’approvisionnement des cellules
en serre.Une cellule
estapprovisionnée
enmoyenne
aubout de 3 heures de buti- nage. L’approvisionnement nécessite
unevingtaine de voyages. Le poids
moyen d’une provision de
«pain d’abeille » dans
unecellule
est75 mg (93
cellules examinées). Les poids extrêmes
sont47
et127 mg. La
teneur en eaudes provisions
est28 % du poids frais. La femelle qui vient de garnir
sabrosse
entredans
sonnid la
têtela première
etrégurgite
nectar etsécrétion
salivaire pendant
unevingtaine de secondes, puis elle
sortdu nid
ety pénètre
à
nouveauà reculons pour décharger le pollen. Cette deuxième opération occupe
la femelle 20 à 30 secondes.
c) Le butinage dans la
nature.L’analyse microscopique des provisions d’0. ccerulescens révèle que 14
espèces de plantes appartenant
auxfamilles des labiées
etdes papilionacées,
sont
butinées pour le pollen. Les chiffres
entreparenthèses accompagnant les
noms
de plantes ci-dessous, indiquent les fréquences de
rencontrede chaque espèce de pollen, c’est-à-dire le nombre de préparations microscopiques (sur
un
total de 130),
contenant unquelconque pourcentage de
cetteespèce :
-
Papilionaceae : Trifolium repens (59), Medicago sativa (49), Trifo-
lium pratense (49), Lotus corniculatus (46), Sarothamnus sp. (21), Onobrychis
sativa (8), Vicia sp. (6).
-
Labiatae : Calamintha clinopodium (26), Teucrium scorodonia (19), Stachys sp. (8), Brunella vulgaris (5), Ajuga reptans (5), Glechoma hederacea (2),
Lamium purpureum (2).
Ces données confirment
etprécisent les résultats obtenus
en serre :0.
ccerulescens récolte le pollen de préférence
surles papilionacées. Les labiées
doivent être considérées
commedes plantes secondaires. Les quatre espèces
les plus fréquemment visitées à Lusignan
sont :Trifolium repens, Medicago
sativa, Trifolium pratense, Lotus corniculatus. Si l’on s’en tient à la termino-
logie de L INSLEY (1958)
et auxdéfinitions de R OBERTSON (1925). 0.
cceru-lescens
estpolylectique 1 , mais
soncomportement
esttrès proche des espèces oligolectiques 2 .
Les provisions
sontconstituées de
uneà cinq espèces de pollen. Le plus fréquemment
on rencontredes mélanges de deux espèces. Les provisions
uniflorales proviennent seulement de 6 espèces : Trifolium pratense, Saro- thamnus, Trifolium repens, Medicago sativa, Lotus corniculatus, Onobrychis
sativa. Les pollens de labiées
sontmélangés à
ceuxdes papilionacées
surtouten
début
etfin de saison, lorsque les fleurs de trèfles, de luzerne
etde lotier
sont
plus
rares.Les spectres polliniques diflèrent d’une localité à
une autre.Dans chacune apparaissent deux
outrois pollens dominants. Ces dominances
sont
probablement dues à l’abondance relative de deux
outrois plantes
auxenvirons immédiats des nichoirs.
Peu de renseignements
surles plantes visitées par 0. ccerulescens pro- viennent d’autres
auteurs :F RIESE (1911) signale
cetteespèce
surAjuga
et
Lotus; Cavxo (1950)
surPhiladelphus, Salvia, Trifolium
etVicia
auxU.S.A.,
surMalva, Lamium
etTaraxacum
enFrance; IuGn (1962)
surPrunus
cesarus et
Onobrychis sativa : C HANDLER (1963)
surLeonurus
etNepeta.
On peut penser que si 0. ccerulescens nidifie à proximité d’une grande
surface de luzerne, elle
atendance à visiter uniquement la luzerne. Dans
cettehypothèse
nousestimons le travail de pollinisation théorique d’une femelle
au cours
d’une journée. On suppose qu’un individu approvisionne
unecellule
par jour
avecdu pollen de luzerne,
etdéclenche 10 fleurs par minute. Cela
représente 180 minutes de butinage, soit 1 800 fleurs déclenchées par jour.
En admettant que chaque gousse contienne 5,5 graines
etque 1 000 graines pèsent 2,4 g, chaque femelle
estresponsable de la production de 23,7 g de
graines de luzerne par jour. T IRGARI (1968) estime par la même méthode qu’une
femelle de Melitta leporina Panz. produit 5,7 g de graines par jour. En effet, d’après
cetauteur, M. leporina n’approvisionne qu’une cellule par jour,
et unegrande habileté à récolter le pollen de luzerne lui permet de constituer la pro- vision de pollen
en96 minutes de butinage. C’est donc
uneespèce moins
efficace qu’0. coerulescens, bien que déclenchant la luzerne à la vitesse de 10 fleurs minute.
II.
-Développement
1. Les stades de développement. (Tableau 2).
Nous donnons ici les résultats obtenus
avecdes individus mâles à diapause imaginale. A la température
constantede 21 0 C, le développement de l’oeuf
1.
polylectique : qui
récolte lepollen
sur desplantes
appartenant àplusieurs
famillesbotaniques.
2.
oligolectique : qui
récolte, defaçon
constante, lepollen
sur uneespèce
deplante
ou surplusieurs
espèces
appartenant à la même famillebotanique,
même enprésence
d’autres sources depollen.
à l’adulte dure environ 7 semaines. A 28 0 C, la durée de développement n’est
que de 23 jours. 32 0 C
est unetempérature critique : les durées du développe-
ment
s’échelonnent de 26 à 70 jours
etla mortalité
esttrès élevée 1 .
A 21 0 C l’incubation demande de 3 à 5 jours (moyenne 4,3). Puis
sesuccè-
dent 4 stades larvaires, le dernier étant poilu
commechez
tousles Megachili-
dae. Les deux premiers stades durent chacun de 1 à 2 jours, le troisième de 2 à 3
jours
etle quatrième de 14 à 20 jours. Ce dernier stade larvaire comprend trois phases : la phase d’alimentation (3-6 jours), la phase de filage du
cocon(4-8 jours)
etla phase immobile
ouprénymphale, précédant la
muenymphale (4-9 jours). La larve s’alimente seulement pendant la première moitié de
sonexistence, soit de 8 à 12 jours. La nymphe, immobile, couchée
surle dos
etla
tête tournée
versla sortie,
commela prénymphe,
estentièrement blanche
pendant 2-3 jours, puis
sesyeux
sepigmentent pendant 10
ou12 jours, enfin,
les mandibules puis le
restedu corps noircissent progressivement pendant
4-8 jours jusqu’à la
mueimaginale. En résumé, le stade oeuf dure 4,3 jours,
le stade larve : 23 jours, le stade nymphe : 23 jours. Dans les conditions
natu-relles, à
unetempérature moyenne de 14,7 0 C, le développement dure 68 jours;
à
unetempérature moyenne de 17° C, 55 jours.
2. La deuxième génération.
Lorsque le développement
alieu
sous unetempérature
constantesupé-
rieure à 20 0 C,
oubien lorsqu’il
alieu dans les conditions naturelles,
on constatequ’une partie des individus arrivés
austade adulte, émerge 5 à 8 jours après
la
mueimaginale,
etqu’une
autrepartie
reste en cocon et ne sortqu’après
avoir subi
unepériode de froid. Seuls les oeufs pondus
enmai donnent
tousdes insectes de deuxième génération. Toutes les femelles
etseulement
unepartie des mâles issus de la ponte de juin donnent
unvol de deuxième géné-
ration. Les oeufs pondus
enjuillet, août
etseptembre donnent
tousdes osmies
à diapause imaginale. En fait, dans la nature, la ponte tardive de la fin d’été donne des individus hibernant à l’état de nymphe.
La première génération nidifie de mai à la mi-juillet. La deuxième géné- ration, qui nidifie de la mi-juillet à la fin-septembre semble beaucoup moins prolifique que la première. Nous
avonsremarqué que les insectes donnant
une
deuxième génération,
sedéveloppent plus rapidement que les individus à diapause (6 à 7 jours de plus, à 21 0 C. Observations portant
sur50 individus).
3. L’hibernation
etla réactivation
enconditions contrôlées.
Les insectes adultes
sontélevés à la température
constantede 21 0 C
1. Les observations concernant les durées de
développement
à 210C, 28oC, 32oC, portentrespective-
ment sur 18, 15, 11 individus.
pendant le mois qui suit la
mueimaginale, puis ils subissent pendant 5 mois
une
température de 3-4° C. Ils émergent après 20 jours de réactivation à 21° C.
4. La mortalité.
Une partie de la mortalité : 34 % des individus
en1970, 40 %
en1971,
n’est due ni
auparasitisme, ni à des champignons microscopiques. Elle
sur-vient
auxstades : oeuf, nymphe,
et surtoutlarve. La mortalité due
auparasi- tisme, calculée seulement
en1971, représente 16 % des individus. Quatre espèces parasitent 0. ccerulescens dans la région de Lusignan :
uncoléoptère :
Trichodes sp. (Cleridae!;
undiptère Drosophilidae : Cacoxenus sp. (probable- ment); deux hyménoptères : Melittobia
acasta etSapyga quinquepunctata (Sapygidae). Les diptères occupent les cellules d’osmie précocement
enmai.
Les Sapyga, volant
enjuillet
et enaoût,
sontde loin les parasites les plus
abondants.
K
ROMBEIN (1962
et1967)
atrouvé des acariens : Chaetodactylus Krom- beini, ainsi que des Melittobia
acastadans des cellules d’O. ccerulescens. GRANDI
(1959
et1961) donne
uneliste d’hôtes des nids de
cetteosmie : Ccelioxys
argentea, Chrysis dichroa, Eurytoma modularis, Kaltenbachia dentata, Hoplo-
ryptus signatorius, Miltogramma murinum, Ptinus sexpunctatus.
CONCLUSION
A la suite de
cesobservations préliminaires dans la
nature et enconditions
contrôlées
nousdevons souligner quelques points importants de comporte-
ment et
de physiologie d’0. ccerulescens.
1. Bien que de nombreuses analyses microscopiques de provisions
contenues
dans les nids témoignent de la récolte fréquente de pollen de luzerne,
cette
osmie
se trouve rarementdans les champs de luzerne. Cette rareté
estprobablement due,
oubien
aumanque de sites de nidification naturels,
oubien à leur éloignement des champs. On peut
eneffet supposer que l’osmie
a un
rayon d’action
assezfaible
etqu’elle
nes’éloigne guère de
sonnid lorsque
des fleurs attractives
asseznombreuses
sontproches de
sonhabitat. On peut aussi expliquer l’absence d’0. ccerulescens dans certaines
zonespar le fait
qu’elle
ne trouvepas la plante (Malva moschata) utilisée pour construire
sonnid.
2. Les plantes compétitrices de la luzerne
sontdes labiées
et surtoutd’autres papilionacées (Trèfles, lotier...). Des études ultérieures pourraient
conduire à l’analyse détaillée du choix de l’espèce botanique par la femelle.
3. Une deuxième génération atardive
estconstituée par les individus issus d’oeufs pondus
auxmois de mai
etjuin. Les insectes issus de la ponte des mois de juillet, d’août
etseptembre
restent endiapause
etn’émergent
que l’année suivante. Les modalités de l’induction de
cettediapause,
enparti-
culier l’action des photopériodes croissantes
etdécroissantes,
restentà élucider.
4. La préférence de l’espèce pour les cavités forées dans le bois, les Cannes de Provence
etles tubes de carton,
etla tendance des femelles à nidifier près
de l’endroit de leur naissance, laissent entrevoir la possibilité d’accroître
etde déplacer des
«pseudocolonies
»d’O. ccerulescens
en vuede polliniser la
luzerne à graines.
La biologie d’0. ccerulescens offre d’intéressants sujets d’étude dans les domaines de l’éthologie, la physiologie
etla recherche appliquée.
Reçu
pourpublication en février
1972.Eingegangen
im Februar 1972.REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier M. DESMIERDE CHENON
(I.N.R.A.) qui
a identifié 0. c!erulescens.ZUSAMMENFASSUNG
Verf. berichtet über
biologische Beobachtungen
an Osmia coerulescens. Obwohl diese Art nur selten in den Luzernefeldernangetroffen wird,
bestäubt sie die Luzerne. Sie nistet in grosser Zahl in hohlenRohrstengeln (A RUNDO L.).
55
Nistanlagen
inRohrstengeln
undPapphülsen,
die an verschiedenen Plätzen in derUmgebung
vonLusignan
errichtetwurden,
wurden einmal wöchentlichaufgesucht,
ausserdemwurden 1970 und 1971 14
gezeichnete
Weibchen im Gewächshausgehalten.
DieEntwicklung
vom Ei bis zur
Imago
wurde im Brutschrank bei konstantenTemperaturen
beobachtet.Die von den Bienen
eingetragenen
Pollen wurdenmikroanalytisch
bestimmt und zwar an Proben des sogen.Bienenbrotes,
diejeweils
zwei Zellen eines Nestes entnommen wurden.Osmia coerulescens
fliegt
von EndeApril
bis EndeSeptember.
Während der MonateMai, Juni, Juli, August
herrscht besonders lebhafteTätigkeit.
Im Gewächshaus schwankt die Lebensdauer der Weibchen zwischen 30 und 60
Tagen.
EinWeibchen
legt
durchschnittlich 42Eier;
eins bis sechs Eiertäglich.
Unter natürlichen Bedin- gungen sind esdagegen
nur 1-2 Eier. Das Geschlechterverhältnis erscheint rechtvariabel;
manchmal
überwiegen
dieMännchen,
zuzeiten die Weibchen. Zum Nestbaubevorzugt
Osmiadie Ost- und Südfassaden nicht verputzter
Gebäude,
vor allem von Holzbauten und Löchervon 4 mm Durchmesser. Die Nester werden linear
angelegt.
Die Scheidewände und Verschluss-propfen
bestehen aus einemgrünlichen
Mörtelpflanzlichen Ursprungs (Malva
moscata -Malvaceae).
Die durchschnittlicheLänge
der Zellebeträgt 8,6
mm bei einem Durchmesservon 4 mm.
Zwei Pflanzenfamilien werden ihres Pollens wegen
beflogen :
Labiatae und besondersPapilionaceae.
Osmia coerulescensgehört
zu denArten,
die Pollen auf einer Vielfalt verschie-dener Pflanzenfamilien sammeln. Bei ihr
geht jedoch
die Tendenzdahin,
sich aufeinige wenige
Familien zu beschränken. Die amhäufigsten gesammelten
Pollen stammen von Tri-folium
repens, T. pratense,Medicago
sativa und Lotus cornulatus. Im Gewächshaus scheint Melilotusal6a,
der in derUmgebung
vonLusignan
nichtvorkommt,
stärkereAnziehungskraft
zu besitzen als die vorerwähnten Pflanzen. Die
beflogenen
Labiaten sind :Calamintha,
Gle-choma, Stachys, Lamium, Teucrium, Brunella, Ajuga.
ZurVersorgung
einer Zelle sind durch- schnittlich 20Sammelflüge
= 3 Arbeitsstundennotwendig.
DieSammelgeschwindigkeit
schwankt zwischen 10 und 14 Blüten in der
Minute, je
nach Pflanze. In der Minute werden 10 Luzerneblüten von einer Osmia «aufgeklinkt
».Die
Entwicklung
vom Ei bis zurImago
dauert 6-7 Wochen bei 21° C undungefähr
23Tage
bei 28° C. Vier Larvenstadien werdendurchlaufen;
wie bei allenMegachilidae ist
das 4.Stadium behaart. Im
Juli
erscheint einezweite, weniger
fruchtbare Generation. Aus den vonden Weibchen der 1. Generation
später
als Juniabgelegten
Eiern entstehenImagines,
dieeine
Diapause
durchmachen.Es
gelang
uns, eine Anzahl von Osmien während derDiapause schlüpfen
zulassen,
indemwir sie 5 Monate bei 3-4° C überwinterten und danach bei 21° C reaktivierten. Die Sterblich-
keitsrate,
durch unbekannte Ursachen während derEntwicklungszeit bedingt, bewegtsich
zwischen 34 und 40
%.
1971 verursachten Schmarotzer16,5 %
der Verluste. Der amhäufigsten
vorkommende Schmarotzer ist
Sapyga quinquepunctata
F.(Sapygidae).
In nicht zu ferner Zukunft dürfte es
möglich sein,
durch Errichten künstlicherNistplätze
für Osmia coerulescens den
Samenertrag
der Luzerne zuverbessern,
so wie es in U.S.A. mitMegachile
rotundatagemacht
wurde.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUE9
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