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Effet de la secheresse sur la digestibilite in vitro, la teneur en ADF et la teneur en azote de la luzerne (Medicago sativa L.)

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Effet de la secheresse sur la digestibilite in vitro, la teneur en ADF et la teneur en azote de la luzerne

(Medicago sativa L.)

G. Lemaire, Jean Louis Durand, M. Lila

To cite this version:

G. Lemaire, Jean Louis Durand, M. Lila. Effet de la secheresse sur la digestibilite in vitro, la teneur

en ADF et la teneur en azote de la luzerne (Medicago sativa L.). Agronomie, EDP Sciences, 1989, 9

(9), pp.841-848. �hal-02726509�

(2)

Agronomie

Effet de la sécheresse sur la digestibilité in vitro,

la teneur en ADF et la teneur en azote de la luzerne

(Medicago sativa L.)

G. Lemaire J.-L. Durand 1 M. Lila 2

1 INRA, station d’écophysiologie des plantes fourragères, 86 600 Lusignan;

2 INRA, station d’amélioration des plantes fourragères, 86 600 Lusignan, France

Résumé — Les résultats d’une étude de la qualité de fourrage de luzerne, produit en conditions sèches ou irriguées,

montrent que la sécheresse provoque une augmentation de la digestibilité, corrélativement à une réduction de la teneur en ADF et un accroissement de la teneur en azote dans la biomasse aérienne, car la part des feuilles est plus élevée en culture sèche. En effet, la relation entre la composition morphologique (rapport feuilles/tiges) et le niveau de

production n’est pas modifiée. Cela explique en partie l’accroissement de la valeur énergétique du fourrage.

Les courbes de dilution de l’azote dans la matière sèche, comparées aux courbes de référence et aux témoins, révèlent, par contre, que la sécheresse tend à induire un déficit de nutrition azotée compensé ou non par l’accroisse- ment de la part des feuilles, selon le niveau de limitation de la croissance.

qualité du fourrage - digestibilité - ADF - nutrition azotée - composition morphologique - déficit hydrique

Summary — A study of the change in forage quality of lucerne grown under irrigated and non-irrigated

conditions. The study was carried out during the summers of 1982 and 1983 at Lusignan in the central western part of France. Growth curves were established during 2 or 3 successive summer regrowths by harvesting small plots

every week. The effects of water stress on dry matter yield (DM) are presented (Fig. 1) to show the intensity of the drought at each regrowth period. At each harvest date the aerial dry matter (ADM) was divided into stem and leaf components. The leaf/stem ratio (US) was then calculated. Nitrogen content (N%) was determined separately on the

leaf and stem components and also on the total ADM. The in vitro digestibility of dry matter (IVDDM) and the acid

detergent fiber content (ADF) were determined both on total aerial dry matter and on the stem component.

The change in the measured variables was expressed either in relation to time or to dry matter accumulation. This second expression allowed us to better compare irrigated and non-irrigated conditions. The US ratio decreased more

rapidly with time on irrigated than on non-irrigated lucerne. The evolution of US in relation to ADM, however, was the

same under the 2 conditions and a common relationship between these 2 variables is proposed : US

=

1.4 (ADM)-0 ss (Fig. 2). This relationship permits the US value to be predicted directly from dry matter yield whatever the water conditions are. The higher values of US observed during the drought at a given time were therefore entirely due to a

lower ADM accumulation than when water was non limiting.

The N content of ADM decreased less rapidly with time under non-irrigated conditions than under irrigated

conditions. But for the same quantity of accumulated dry matter, N content was lower in water-stressed than in well watered lucerne (Fig. 4), indicating a lower level of nitrogen nutrition. The global effect of drought on the forage

N content was therefore the result of a negative effect on the N nutrition processes which was more or less

compensated by a positive effect due to a lower dilution of N. This phenomenon allows us to explain some contradictory results in the literature which relate either positive or negative effect of water stress on the N content of harvested lucerne forage.

The water stress led to an increase in IVDDM and to a decrease in ADF content of the harvested forage (Fig. 7).

This effect can be explained by the increase in the US ratio and by an increase in the digestibility of the stem component. This increase in the digestibility of stems can be directly related to the decrease of stem dry matter. A general relationship between the IVDDM and the dry matter yield of lucerne forage in natural conditions is proposed

as an indicator for predicting forage quality.

forage quality - digestibility - ADF - nitrogen nutrition - morphological composition - water deficit

(3)

INTRODUCTION

La qualité d’un fourrage de luzerne est caractéri- sée à la fois par la digestibilité de la matière

organique, qui détermine la quantité d’énergie

fournie sous une forme digestible, métabolisable et nette au ruminant, et par la teneur en azote de la matière sèche, qui détermine en grande partie

la teneur en protéines et la valeur azotée.

Ces 2 paramètres, digestibilité et teneur en

azote, sont tous deux liés à la proportion de

feuilles dans la matière sèche récoltée. Cette dernière composante, de nature morphologique, peut être exprimée par le rapport entre la masse de feuille et la masse de tige : F/T (Demarquilly, 1966). Cependant, à une même valeur de F/T, c’est-à-dire pour une même composition morpho- logique, peuvent correspondre des valeurs diffé- rentes de digestibilité ou de teneur en azote, du

fait de différences de composition chimique des

feuilles et des tiges.

Ainsi, l’effet d’une sécheresse sur la valeur ali- mentaire de la luzerne peut être analysé en étu-

diant séparément l’effet de la sécheresse sur la

composition morphologique de la plante et son

effet sur sa composition chimique (Christian et al., 1970). La teneur en azote de la plante entière

est égale à la moyenne entre la teneur des tiges

et la teneur des feuilles, pondérées par la masse relative de chacun des compartiments (F/T). De

la même manière, la teneur en ADF de la plante entière, qui détermine en grande partie la digesti-

bilité du fourrage, peut être reconstituée à partir

de la teneur en ADF des feuilles et des tiges prises séparément et de leur masse relative (Albrecht et al. 1987).

L’effet de la sécheresse sur l’évolution de F/T

a été signalé par les travaux de Vough & Marten (1971), Brown & Tanner (1983), qui ont montré

une diminution moins rapide de ce rapport au

cours de la croissance sur les plantes soumises

à un déficit hydrique. Cela se traduit naturelle- ment par une moindre diminution des teneurs en azote de la plante entière et par une moindre

augmentation de la teneur en ADF, du fait d’une

proportion accrue des feuilles dans la biomasse récoltée.

Les effets directs de la sécheresse sur la com-

position chimique des feuilles et des tiges prises séparément ont été beaucoup plus rarement

abordés. Vough et Marten (1971) puis Snaydon (1972) ont cependant mis en évidence une aug- mentation de la digestibilité des tiges, accompa-

gnée d’une diminution de leur teneur en ADF, sur des plantes soumises à un déficit hydrique en

conditions contrôlées. Par contre, ces auteurs ne

signalent aucun effet sur la digestibilité des

feuilles ni sur leur teneur en ADF.

Les effets de la sécheresse sur la teneur en azote apparaissent souvent contradictoires.

Ainsi, Vough & Marten (1971) observent soit des

augmentations, soit des diminutions de la teneur

en azote des plantes subissant une sécheresse.

Ces résultats sont semblables à ceux de Carter et Sheaffer (1983a), qui attribuent les variations de la teneur en azote à des variations de la

capacité de fixation de l’azote de l’atmosphère.

Ces différents auteurs n’ont cependant pas pris

en compte simultanément les variations de teneurs en azote de la plante entière dues aux

variations de leur composition morphologique et

aux variations intrinsèques de teneur en azote

des feuilles et des tiges.

D’autre part, les travaux de Lemaire & Salette

(1984) ont montré que pour interpréter les varia-

tions de teneur en azote il était nécessaire de tenir compte des différences de croissances.

Cela du fait de la dilution de l’azote dans la bio-

masse élaborée au cours d’une repousse, qui

conduit à une diminution de la teneur en azote d’autant plus forte que la biomasse produite est importante.

Dans le but d’analyser l’effet de la sécheresse

sur les différents composants de la qualité éner- gétique et azotée de la luzerne, nous avons mis

en place une expérimentation comprenant des parcelles sèches et des parcelles irriguées, sur lesquelles nous avons suivi simultanément, au

cours des différentes repousses, les dynamiques

de croissance en matière sèche et d’évolution des critères de qualité : évolution du rapport F/T, des teneurs en azote des parties aériennes, des feuilles, des tiges, et de digestibilité in vitro de la

plante entière et des tiges prises séparément.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

L’essai a été implanté en 1981 avec la variété Europe semée au mois d’avril à la densité de 20 kg/ha. Les

traitements secs et irrigués ont été appliqués en 1982

et 1983 sur des parcelles séparées. Pour chaque

année d’étude, chaque repousse était étudiée sur des

parcelles différentes disposées en 4 blocs aléatoires complets (Durand et al., 1989). Des prélèvements

étaient effectués chaque semaine afin d’obtenir les courbes de croissance. Chaque prélèvement corres- pondait à 2 m linéaires sur 20 cm de large (largeur

d’une ligne), récoltés à la micro-tondeuse, 6 cm au-

dessus du niveau du sol. Sur un échantillon représen-

tatif des parties aériennes récoltées (de poids frais égal à 500 g), une séparation morphologique entre

feuilles et tiges et, sur chaque composante, une déter- mination de la teneur en azote (méthode Kjeldhal)

étaient réalisées ainsi que sur un échantillon de la matière sèche aérienne non triée.

La digestibilité in vitro (méthode Tilley et Terry, 1963) ainsi que les teneurs en ADF (Van Soest, 1963)

ont été mesurées pour les repousses de 1983 et sur

(4)

une repousse en 1982, pour les tiges et pour la matiè-

re sèche aérienne.

L’irrigation était effectuée de manière à maintenir l’humidité du sol proche de la capacité au champ.

Deux tubes d’accès pour la sonde à neutrons étaient

placés dans chaque parcelle, nous permettant de

mesurer la consommation d’eau hebdomadaire pour les différents traitements (Lemaire et Roberge, 1980).

RÉSULTATS

Effefs de la sécheresse sur les courbes de croissance

La Figure 1, reprise de Durand et al. (1989),

montre l’effet de la sécheresse sur les niveaux de consommation en eau et sur la croissance en

matière sèche pour les différentes repousses étudiées. Trois repousses ont été affectées par la sécheresse en 1982 et une en 1983. L’intensité de la sécheresse a varié considérablement d’une

repousse à l’autre, atteignant parfois un taux de

satisfaction des besoins en eau de moins de 50%, ce qui s’est traduit par une croissance qua- siment nulle au cours de la seconde repousse de 1982.

Effet de la sécheresse sur la composition morphologique (rapport FIT)

La diminution du rapport feuilles/tiges au cours

de la repousse est plus faible dans les parcelles

sèches que dans les parcelles irriguées, ce qui,

pour la luzerne, est un résultat classique (Vough

& Marten, 1971; Snaydon, 1972; Brown & Tan-

ner, 1983; Carter & Sheaffer, 1983a). Il est cependant nécessaire de vérifier si cet effet de la sécheresse s’explique en totalité par la diminu- tion de la biomasse, conformément au modèle

proposé par Lemaire et al. (1985).

La Figure 2 représente l’évolution du rapport F/T au cours des différentes repousses, exprimé

en fonction de la biomasse produite. En condi-

tions irriguées, ce rapport évolue selon une loi de

où MSA est la matière sèche aérienne (en t.h

a -i) .

Le coefficient d’allométrie de cette relation

(0,56) est très proche de la valeur de 0,63 déter- minée par Lemaire et al. (1985). Cette relation

indique que le rapport entre les vitesses relatives

de croissance des feuilles et des tiges,

reste constant au cours d’une repousse et iden-

tique d’une repousse à l’autre. Ce rapport infé-

rieur à 1 traduit le fait que la masse de feuilles augmente moins vite que la masse de tiges.

La Figure 2 montre que la sécheresse n’affec-

te pas cette relation d’allométrie, qui semble

(5)

avoir une valeur très générale en couvert dense (Brown & Tanner, 1983). Ainsi, l’augmentation du rapport F/T en situation sèche résulte exclusive- ment du ralentissement de la croissance.

Effet du déficit hydrique sur la teneur en

azote

L’évolution de la teneur en azote pour les diffé- rents traitements et pour les différentes repousses est représentée sur la Figure 3. On

constate que, en règle générale, l’effet de la sécheresse se traduit par une moindre diminution des teneurs en azote au cours de la croissance.

A une même date, les parcelles ayant été affec- tées par la sécheresse ont des teneurs en azote

plus élevées que les parcelles irriguées. Cela

confirme les résultats de Cole et al. (1970), Snaydon (1972), Carter & Sheaffer (1983a), qui

ont montré que la sécheresse avait tendance dans certains cas à augmenter la teneur en

azote de la luzerne alors que dans d’autres situa- tions, ces teneurs n’étaient pas augmentées ou

étaient même réduites.

Si l’on analyse l’évolution des teneurs en

azote en fonction de la biomasse aérienne élabo-

rée au cours d’une repousse (Fig. 4a), on consta-

te que, pour une même production de matière

sèche aérienne, les parcelles ayant subi un défi- cit hydrique ont, en général, des teneurs en

azote plus faibles que les parcelles irriguées cor- respondantes. Nous pouvons suivre l’évolution de la sécheresse sur les courbes de dilution.

C’est particulièrement net sur les Figures 4 (b à f), les traitements secs et irrigués sont compa- rés, pour chacune des repousses, au modèle

correspondant à la courbe de dilution à azote

non limitant (Lemaire et al., 1985) :

où N% est la teneur en azote de la matière sèche et MSA la quantité de matière sèche en

tonnes par hectare.

Rappelons que cette relation n’est pas valable pour des quantités de matière sèche aérienne inférieures à 1 t/ha (%N ne tend évidemment pas

vers l’infini quand la biomasse tend vers 0). Ainsi

que l’indiquent Salette & Lemaire (1981), les pre- miers stades de croissance suivant immédiate- ment la coupe ne doivent pas être pris en comp-

te dans ce modèle, qui surestime la teneur en

azote dans ces stades particuliers.

Les courbes établies pour les parcelles irri- guées sont en règle générale plus ou moins bien superposables à la courbe de référence, tandis que les parcelles sèches présentent des teneurs

en azote inférieures à la teneur optimale corres- pondante. Selon Lemaire & Denoix (1987), et par

analogie aux peuplements de graminées, cela

doit être interprété comme la conséquence d’une

limitation de la nutrition azotée induite par la sécheresse.

Cette limitation se manifeste simultanément

ou postérieurement à la réduction de la vitesse de croissance des parties aériennes, selon les repousses. Cette limitation de la nutrition azotée intervient au niveau de la plante entière, alors

même que le rapport F/T est accru, ce qui tend à réduire les différences de teneur en azote constatées au niveau des parties aériennes.

Les données publiées par Carter & Sheaffer

(1983a) ont été reportées sur la Figure 4a. Ces

auteurs exprimaient l’impossibilité de discerner

un effet net de la sécheresse sur la teneur en

azote, car les teneurs de tous les traitements étaient très voisines. En fait, on voit bien que le modèle de dilution de l’azote permet au contraire

de mettre en évidence un déficit de nutrition azo-

tée très important pour les parcelles cultivées

sans irrigation. Ainsi, à l’effet de la sécheresse

sur la croissance en matière sèche de la luzerne

se superpose un effet sur sa nutrition azotée par

réduction de la fixation symbiotique. La sensibili-

té de la fixation d’azote à la sécheresse a par

(6)

ailleurs été mesurée chez d’autres légumineuses (Sprent, 1976; Durand et al., 1987) ou chez la

luzerne (Carter & Sheaffer, 1983b; Wery, 1987).

Si on analyse séparément la teneur des

feuilles et des tiges, on met en évidence l’effet

intrinsèque de la sécheresse sur l’alimentation en azote des feuilles et des tiges. On voit sur la

Figure 5 que les teneurs en azote des feuilles et des tiges ne sont limitées que pour des niveaux d’alimentation hydrique très faibles, correspon-

dant à une réduction de la croissance très impor-

tante.

Ainsi, au niveau de la biomasse aérienne, on

peut expliquer les effets contradictoires de la

(7)

sécheresse sur la teneur en azote relevés dans la littérature : un effet négatif qui est concomitant d’une réduction de la croissance en matière sèche, et un effet positif par le biais d’un accrois- sement du rapport F/T, lui-même conséquence

de la diminution de la croissance.

L’importance de la composition morphologique

sur l’évolution des teneurs en azote est illustrée par la Figure 6, où celle-ci est mise en relation

avec le pourcentage de feuilles dans la biomasse aérienne. En combinant les relations (1) et (2),

on obtient la relation :

où F/MSA est la part des feuilles dans la matière sèche (0<F/MSA<1 ).

Les points expérimentaux obtenus en culture irriguée se regroupent bien autour de cette rela-

tion représentée sur la Figure 6, à l’exception des points correspondant aux stades précoces (F/MSA >0,65), pour lesquels le modèle de dilu- tion de l’azote ne s’applique pas. On observe au

cours des repousses en situation sèche une

diminution plus rapide des teneurs en azote que celle impliquée par la diminution progressive de

la part des feuilles dans la constitution de la bio-

masse aérienne. Il y a bien un effet direct de la sécheresse sur la teneur intrinsèque en azote du fourrage.

Effets d’un déficit hydrique sur la valeur énergétique du fourrage

Les teneurs en ADF du fourrage et la digestibilité

in vitro sont représentés sur la Figure 7. On

constate une diminution de la teneur en ADF du

fourrage ainsi qu’une augmentation de la digesti-

bilité. Il s’agit principalement d’une diminution de la digestibilité des tiges, accompagnée d’une augmentation du rapport F/T. On remarque que les teneurs en ADF de début de repousse sont toutefois un peu plus faibles que celles générale-

ment indiquées (Vough & Marten, 1971), mais

sans que cela puisse être imputé à la sécheres-

se. Pour la digestibilité, ces résultats sont en

accord avec ceux de Snaydon (1972), qui indi- quait des augmentations de l’ordre de 5%. Carter

& Sheaffer (1983a) cependant n’ont mesuré de

tels écarts que pour des sécheresses très mar-

quées.

La relation entre la digestibilité des tiges et la

teneur en ADF a été estimée en culture sèche et

en culture irriguée.

Le test de parallélisme indique que les pentes

sont différentes avec une probabilité de 10%.

Cela indique qu’en culture sèche, vers la fin de la repousse et à même teneur en ADF, les tiges ont

tendance à être moins digestibles qu’en culture irriguée. Cette tendance, même faible, montre qu’il n’est pas possible d’utiliser une relation

unique pour estimer la digestibilité à partir de l’analyse de l’ADF. Des études spécifiques

seraient nécessaires pour établir comment le

déficit hydrique peut modifier cette relation (arte-

(8)

fact lié au broyage, composition chimique de la

fraction d’ADF, propriétés mécaniques des parois).

La relation entre la digestibilité (ou la teneur

en ADF) de la matière sèche (feuilles et tiges) et

le pourcentage de feuilles dans la biomasse aérienne indique, que la digestibilité, et par même la valeur énergétique du fourrage, dépend

directement de sa composition morphologique (Fig. 9). La correspondance entre ces résultats et

ceux de Vough & Marten (1971), qui donnent

simultanément le pourcentage de feuille et la

digestibilité, est d’ailleurs remarquable. Cette dépendance n’apparaît pas davantage modifiée

par la sécheresse qu’elle ne l’était dans l’étude

de ces auteurs. Cela nous permet de proposer

une relation unique entre la proportion de feuilles dans la biomasse aérienne et la digestibilité de

cette biomasse :

DIG

=

65,2 x %F + 36,5 R 2

=

0,857 (5)

En utilisant le rapport F/T, cette équation

devient :

En conséquence, en combinant (1) et (6), on

obtient la relation univoque entre la digestibilité

et la biomasse aérienne :

où MSA est en tonnes par hectare et DIG en

pour cent.

Cette équation pourrait permettre une estima-

tion directe de la digestibilité de la luzerne à par- tir des mesures de production de matière sèche, quel que soit le niveau d’alimentation hydrique. Il

faudrait cependant valider une telle relation à l’ai-

(9)

de de données complémentaires et indépen-

dantes.

CONCLUSION

Cette analyse confirme, y compris en conditions hydriques limitantes, le rôle prépondérant que

joue la composition morphologique de la luzerne dans la détermination de la qualité.

Pour une même biomasse produite, le rapport

F/T est le même en culture sèche et en culture

irriguée. La digestibilité des tiges est liée négati-

vement à la biomasse de tiges. Il s’en suit une

très forte corrélation positive entre la digestibilité

des tiges et le rapport F/T. Ainsi, ce rapport détermine directement la digestibilité de la bio-

masse : d’une manière directe du fait de la plus grande proportion de feuilles et d’une manière corrélative par le fait que les rapports F/T élevés correspondent à des entrenoeuds courts et peu

lignifiés. Il est remarquable alors de constater qu’une même relation puisse rendre compte à la fois de l’évolution de la digestibilité due à l’âge et

de celle due à la croissance. Cela pose le problè-

me de l’échelle de temps de référence vis-à-vis de l’évolution de la qualité. Les échelles basées

sur les stades phénologiques de la mise à fleur

ne semblent pas les plus pertinentes, spéciale-

ment en situation de sécheresse, l’on constate

au contraire, chez les luzernes pérennes en

repousses estivales, une accélération de la florai-

son et une moindre diminution de la digestibilité.

Des études analytiques à l’échelle cellulaire devraient permettre de préciser le degré de liai-

son existant entre les processus élémentaires de croissance et l’évolution histochimique des parois.

Les teneurs en azote des tiges et des feuilles peuvent être significativement réduites en cas de

déficit hydrique. Pour une même composition morphologique, la teneur en azote de la biomas-

se aérienne peut ainsi être également diminuée

par la sécheresse. Cela n’a pas d’influence notable sur la digestibilité, car celle-ci dépend

peu de la teneur en azote chez la luzerne.

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