Lactoserum
secdans l’alimentation du Porc.
I.
-Interaction
avecle
tauxazoté du régime selon le stade de croissance
etle sexe( * )
C. FEVRIER
Françoise HOULIER J. LE MENTEC
Station de Recherches sur
l’Élevage
des Porcs,Centre national de Recherches zootechniques, LN.R.A.
7835
0 Jouy-en-Josas (France)
Résumé
L’effet du lactosérum sec sur la croissance et l’efficacité alimentaire au cours de différentes
phases d’engraissement ainsi que sur la qualité de carcasse à ioo kg a été étudié sur 72 porcs de
race Large-White (femelles et mâles castrés) nourris individuellement. Le lactosérum sec a été
employé à raison de o, 3o et 60 p. cent de la ration, en combinaison factorielle avec deux taux de
protéines : m et 18 p. cent; les protéines de substitution à celle du lactosérum étaient fournies par de la farine de hareng.
Pour la totalité de l’engraissement, les résultats obtenus avec 30 p. cent de lactosérum ont été peu différents de ceux obtenus chez les animaux témoins, tant en ce qui concerne la vitesse
de croissance et l’efficacité alimentaire que la qualité de carcasse. Avec 60p. cent de lactosérum,
la quantité d’aliment ingérée est réduite de 8 à iop. cent, la vitesse de croissance de 18 p. cent et l’efficacité alimentaire de 12 p. cent tandis que l’état d’engraissement est significativement plus faible. Ces effets du taux de lactosérum sont toutefois différents selon le stade de croissance.
En début d’engraissement, les régimes témoins et ceux contenant 60 p. cent de sérum sec ne donnent pas de résultats significativement différents entre eux alors que ceux à 30 p. cent amélio- rent significativement les performances. En période de finition (6o-98 kg), l’emploi de 60p. cent de lactosérum a un effet dépressif très important sur la croissance et l’efficacité alimentaire et les régimes en contenant 30 p. cent n’améliorent plus les performances. Le taux protéique le plus
élevé (18 p. cent), favorable dans tous les lots jusqu’à 60kg de poids vif, se révèle ensuite défavo- rable pour les lots recevant du lactosérum.
L’augmentation de la proportion de lactosérum dans la ration améliore la qualité de la
carcasse (état d’engraissement plus faible) mais davantage chez les femelles que chez les mâles castrés. Elle entraîne aussi une diminution du rendement, corrélative au développement du tube digestif (côlon et coecum).
Les effets de taux élevés de lactosérum sont discutés en terme d’utilisation énergétique du
lactose et des matières azotées, eu égard aux fermentations dues à la microflore intestinale.
(
*
) Ces travaux ont déjà fait l’objet d’une publication provisoire et partielle de FÉVRIER C., ig6g.
Utilisation du lactosérum et du lactose par le porc en croissance-finition. Journées de la Recherche Porcine
en France, gi-98 I.N.R.A. - I.T.P., éd. Paris.
Introduction
Le lactosérum de
fromagerie
est un aliment traditionnel du Porc;toutefois,
ses conditions
d’emploi
sous sa forme nativeliquide
restenttoujours
délicates.De nombreux germes
peuvent s’y développer
et modifier trèsrapidement
sa compo-sition,
lui faisantperdre jusqu’à
15p. cent de sa valeur nutritive enquelques
heuressous l’effet des fermentations gazeuses. Le lactosérum
déshydraté
élimine cesinconvénients et, au
plan expérimental,
ilpermet
un meilleur contrôle de laqualité
des aliments. Enfin on
peut
estimer que lesprincipaux
résultats obtenus sont extra-polables
aux conditionsd’emploi
du lactosérumliquide, exception
faite des effets propres del’ingestion
degrandes quantités d’eau, déjà envisagés précédemment
(RERAT
etFEVRIER, 1965; FEVRIER, 1966).
Il est
acquis depuis longtemps (I)Ü RRWA E CH T ER ,
RANKE et HORST, 1932;I,ERO y
,
1937 )
que l’utilisationoptimale
dulactosérum,
brut ou sec, est obtenuelorsque
celui-ci intervient pour 30 à 40 p. cent de la matière sèche de la ration du porc en croissance-finition. Desproportions
inférieures améliorentdéjà
très nota-blement l’efficacité alimentaire de la ration
(O’G RADY , I9 6 3 ;
CHEEKE etal., Iq!3);
tous les auteurs s’accordent sur ce
point.
Enrevanche,
les résultats sont moins cohérents en cequi
concerne l’effet deproportions
de lactosérumsupérieures
à30
p. cent de la ration
sèche,
bien quegénéralement
elles tendent à réduire laquantité
d’alimentingérée
et la vitesse de croissance(B ECKER
etal.,
1957; DuNKix,19 6 3
b;
HANRAHAN, I9!I;Exs’rROM,
BExEVENGA etG RITMM E R , 1975 a).
Les diver-gences dans le
degré
deréponse
à l’excès de lactosérum semblent alors êtredépen-
dantes de
l’âge
ou dupoids
des porcs, de laqualité
du lactosérum et de celle des alimentscomplémentaires. Ainsi,
selon DUN KIN( I9 6 3 a)
et nos propres observations faites au cours d’uneexpérience préliminaire,
il semble que lelactosérum,
fournien
quantité supérieure
au tiers de la rationquotidienne,
soit mieux utilisé par lesporcelets
que par les porcs enpériode
de finition. Cette différence deréponse
selon
l’âge peut
être modifiée par le niveau decomplémentation
azotée de la ration.Pour des taux azotés
faibles, l’apport
de lactosérum améliore nettementl’équilibre lysine /acides
aminéssoufrés,
du fait de sa teneur enlysine qui
est presque deux foissupérieure
à celle des céréales.L’apport
dequantités
élevées de lactosérumrisque
donc deprofiter davantage
à desporcelets
en état de subcarenceprotéique, qu’au
porc en finition normalement pourvu en acides aminésindispensables.
L’objectif
de laprésente expérience
est donc d’étudier les interactions entrel’emploi
du lactosérum enproportions
élevées et variables et le niveau azoté de la ration : ceci enrapport
avec le sexe, femelle ou mâlecastré,
et le stade de crois-sance
après
le sevrage.Matériel et méthodes
L’expérience
aporté
sur 72porcelets
en nombreégal
de femelles et de mâlescastrés,
issus dutroupeau expérimental
de la Station.Ces
porcelets,
sevrés àcinq
semaines n’ont pas reçu de lactosérumjusqu’au
début de
l’expérience,
à unâge
moyen de IIsemaines et unpoids
moyen de 22kg
vif. Les
porcelets
ont alors étérépartis
en 6 lots de 12, déterminés par la combinai-son factorielle de 3 taux de lactosérum sec
(o
-30 et 60 p.cent).
Larépartition
aété faite
au
hasard àpartir
de blocs de 6 animaux de même sexe et depoids
etd’âge
voisins. Les animaux d’un même bloc étaientlogés
collectivement et alimen- tésindividuellement;
tous étaientpesés
individuellementchaque
semaine.Le lactosérum
déshydraté
par leprocédé
« SPRAY» provenait
d’unmélange
commercial de lactosérum doux de diverses fabrications
( 1 ,6 2
p. cent d’acidité titrable en acidelactique).
Sacomposition,
ainsi que celle des alimentsexpéri-
mentaux sont
rapportées
au tableau i. Les aliments étaient fournis àvolonté,
sous forme de farine humectée d’eau
extemporanément ( 3
1d’eau /kg d’aliment)
au cours de trois repas de 20à 30 minutes. Aucun autre
apport
d’eau n’était effectué.Les animaux ont été abattus à un
poids
variant entre 95 et iookg, après
unjeûne
de 14à 16 heures. Lademi-carcasse,
sanstête,
a étédécoupée
selon la méthodeparisienne
normalisée. Lespièces
ont étépesées,
ainsi que lefoie,
la rate et les reins.Les
principales
fractions du tubedigestif
et leur contenu ont étépesés.
L’analyse statistique
des résultats a été effectuée suivant la méthoded’analyse
de variance
appliquée
aux schémasfactoriels, après
calcul des donnéesmanquantes (S
NEDECOR
etC O C HRAN , 1967).
Résultats
Croissance et
efficacité
alimentaire l’éy
iode de 22 à 35
kg
depoids vi f (tabl. 2 )
Au cours de cette
période d’adaptation
aux nouveauxrégimes
et à laporcherie d’engraissement,
la croissance desporcelets
a été faible( 330 g /j
enmoyenne)
etles indices de consommation élevés
(tabl. 2 ).
Ceci était dîi aux mauvaises conditionsclimatiques
hivernales dans laporcherie (température
inférieure à IO OC ethygro-
métrie
supérieure
à8 5
p.cent).
Deplus
4porcelets
succombèrent depneumonie
dans 4 lots différents
(A, C,
D etF). Malgré
ces conditionsdifficiles,
l’introduction de 30p. cent de lactoséruni sec a eu une influencefavorable,
hautementsignificative
sur le niveau de
consommation,
la vitesse de croissance et l’efficacité alimentaire.De
plus,
le tauxprotéique
leplus
élevé aégalement
amélioré ces critères pour l’ensemble des lots avec ou sanslactosérum,
maisl’avantage
leplus grand
a étépour le lot recevant 30 p. IOO de lactosérum. La croissance des
porcelets
de ce lot(E)
a été alorssupérieure
de 30 p. cent en moyenne à celle desporcelets
des autreslots.
Corrélativement,
l’indice de consommation a étésignificativement
amélioré.C’est ainsi que la durée de cette
période
de croissance a été ramenée de4 8
à 30jours
tandis que l’économie d’aliment était de 20kg
environ. Il faut remarquercependant
que l’utilisation de 60p. cent de lactosérum n’a pas donné de résultatssignificativement
différents de ceux desporcelets
témoins et que l’effet du sexe a été nul.Enfin,
les conditionsclimatiques
n’ontprobablement
pas étéétrangères
à la
fréquence
desdiarrhées, particulièrement
pour les porcs recevant 60 p. cent de lactosérum sec.Période
de 35
à 60kg (tabl. 2 )
La vitesse de croissance et l’indice de consommation ont été nettement amé- liorés par
rapport
à lapériode précédente.
Ceci est dû pour laplus grande part
aux meilleures conditionsmicroclimatiques
car laquantité
moyenne d’alimentingérée
par
kg
depoids vif,
pour l’ensemble deslots,
n’a pas étéaugmentée
parrapport
à la
période précédente.
Elle acependant
été différente selon les traitements.Ainsi,
pour les lots recevant 60 p. cent de lactosérum
(C
etF),
laquantité ingérée
a étéinférieure de I p. cent à celle du lot témoin
(A
etD)
et de 15 p. cent à celle des lots recevant 30 p. cent de sérum(B
etE), indépendamment
du tauxprotéique.
Les indices de consommation de ces lots C et F ont ainsi été
augmentés
de 25p. cent vis-à-vis des lots témoins. Cetteaugmentation
étaitdéjà
sensible avec 30 p. cent de lactosérum associé à 18 p. cent deprotéine (+ 9 p. cent).
Dans tous les
lots,
l’élévation du tauxprotéique
améliore le niveau de consom- mation et,corrélativement,
la vitesse de croissance. Pour ce derniercritère,
l’amé- lioration n’est toutefoissignificative qu’entre
les deux lots ne recevant pas de lactosérum(A
etD).
Ceci se traduit par une diminution de l’indice de consommation(lot D).
Enrevanche,
celui-ci n’est pas modifié dans les lots recevant du lactosérum(B
etE,
D etF).
Femelles et mâles castrés n’ont pas eu de
comportement
différent vis-à-vis desrégimes
étudiés.Période de
finition
de 60 à9 8 kg (tabl. 2 )
Au cours de cette
période,
un porc dans chacun des lots A et C a été éliminé pour mauvaise croissance due à des ulcèresgastroesophagiens.
Le lactosérum a eu alors un effet
négatif
sur laquantité
d’alimentingérée,
la vitesse de croissance et l’indice de
consommation;
cet effet a étépratiquement proportionnel
àl’augmentation
de laproportion
de lactosérum dans la ration.Les
régimes
à m p. cent deprotéines
n’ontplus
donné de résultats inférieurs àceux en renfermant 18 p. cent : bien au
contraire, puisque
dans lesrégimes
conte-nant du
lactosérum,
l’indice de consommation a été abaissé de 7 p. cent.Les mâles castrés ont consommé
davantage
d’aliment que lesfemelles,
etleur vitesse de
croissance,
bien quesupérieure
de 15g /j
à celle desfemelles,
n’étaitpas
significativement
différente.Pour l’ensemble de la
croissance, l’emploi
de 60 p. cent de lactosérum sec a eu un effet nettementdépressif
sur laquantité
d’aliment consommé(moins
6 p.cent),
sur la vitesse de croissance(moins
8 p.cent)
et sur l’indice de consommation(plus
14 p.cent). Employé
à raison de 30 p. centseulement,
le lactosérum n’a pas niodifiésignificativement
les résultats obtenus avec lerégime
témoin n’en conte- nant pas.Globalement,
le tauxprotéique
leplus
élevé aaugmenté
le niveau deconsommation et la vitesse de croissance mais non l’indice de consommation.
Cependant
les résultats sont à nuancer,compte
tenu de l’interaction hautementsignificative
entre l’excès de lactosérum et le niveaud’apport protéique
alimentaire.La diminution du taux azoté a entraîné un effet
dépressif
sur lesperformances
des porcs témoins
(diminution
de la vitesse de croissance etaugmentation
de l’indicede
consommation),
alorsqu’elle
a eu un effetplutôt positif
dans le cas desrégimes
avec lactosérum
(non
modification de la vitesse de croissance mais diminution de l’indice deconsommation).
La consommation
d’aliment, légèrement plus
élevée chez les mâles castrés que chez lesfemelles,
n’entraîne pas de différencessignificatives
sur la vitesse decroissance ou l’indice de consommation.
Composition corporelle (tabl. 4 )
A
l’abattage,
le rendement en carcasse(poids
de la carcasse sanstête /poids vif)
nechange
paslorsque
le taux de lactosérum n’est que de 30 p. cent, mais il diminuesignificativement
de 2points
environlorsque
le taux de 60 p. cent est atteint. Cette différencepeut s’expliquer
par celle de l’étatd’engraissement
descarcasses et par le
développement
du tractusdigestif.
Caractéristiques
des carcassesL’interprétation
des résultats concernant lacomposition corporelle
est assezdélicate en raison du
grand
nombre d’effetsprincipaux,
etplus
encore de leursinteractions, statistiquement significatifs.
On ne s’attachera doncqu’à
ceux dontle seuil de
signification
atteint aumoins _=
o,oi( ** ).
L’effet du lactosérum
apparaît
rarement sans interaction avec celui des pro- téines ou du sexe.Cependant,
enrègle générale
il a entraîné uneaugmentation
dela
longueur
des carcasses et dupourcentage
delonge,
ainsiqu’une
diminution del’épaisseur
du lard(tabl. 4 ),
dupourcentage
de bardière et de panne(tabl. 4 ).
Le taux azoté le
plus
faible a eu tendance à fournir des carcassesplus
grasses que cellesprovenant
de porcs ayant reçu 18 p. cent deprotéines
dans leurrégime.
Cependant
cet effet estlargement
modulé par celui du sexequi
a eu une influenceprépondérante.
Ainsi les femelles ontprésenté
des carcassessignificativement plus longues
et d’un étatd’engraissement
inférieur à celui des castrés(moins
delard
dorsal,
moins debardière, plus
dejambon
et delonge).
L’effet du sexe est lui-même modulé non seulement par le niveau azoté du
régime,
mais aussi par le taux de lactosérum. Onpeut
ainsi observer que les castrats ont eu tendance à être d’autantplus
gras parrapport
aux femelles que le tauxprotéique
et celui du lacto- sérum étaient faibles(S
X P XLI).
Ces tendances
générales
nes’appliquent
toutefois pas exactement de la même manière selon lespièces
de la carcasse. Ainsi lepourcentage
dejambon
a été davan-tage
influencé par le sexe que par les traitements alimentaires. Ceux-ci ont eu uneinfluence
plus marquée
sur lalonge
et labardière,
et seul le taux de lactoséruma eu une influence
significative
sur lepourcentage
de panne,qui
diminue à mesureque le taux
augmente.
Une anomalie à ces tendances
générales peut
toutefois être observée avec les mâles castrés recevant 30 p. cent de lactosérum sec et m p. cent deprotéines,
dont l’état
d’engraissement
a été anormalement élevé. Ilss’opposent
ainsi à ceuxrecevant la même
proportion
de lactosérum mais 18 p. cent deprotéines,
lesplus
maigres parmi
tous les castrats(S
X P XLq).
Poids des viscères
L’élévation
du taux azoté durégime
de I à 18 p. cent a entraîné une augmen- tationsignificative
dupoids
du foie de 7,9 p. cent, ainsi que dupoids
des reins(de
z3,g p.cent).
Mais lelactosérum,
même au taux leplus
élevé n’a eu aucun effetsignificatif,
pasplus
que le sexe(tabl. 6).
Le tube
digestif
a été divisé en troisparties : l’estomac, l’intestin grêle
et legros intestin
comprenant
lecôlon,
le caecum et le rectum(tabl. 7 ).
Après
14 à 16 heures dejeûne,
on observe encore des différencessignificatives
dans le
poids
des fractions du tubedigestif
et de leur contenu. L’alimentation au lactosérum aaugmenté
lepoids
de l’estomac et de son contenu, mais le taux pro-téique
n’a eu aucune influence. Les mâles castrés ontprésenté
un estomacplus
volumineux et
plus
lourd que celui des femelles et la différence avec celles-ci aété accentuée chez les porcs recevant du lactosérum.
Le
poids
vide de l’intestingrêle
n’a pas été modifié par les différents traite- ments; enrevanche,
celui des contenus aaugmenté régulièrement
avec la teneuren sérum du
régime.
Mais c’est au niveau du gros intestin que le lactosérum a induit les différences lesplus importantes. Ainsi,
sonpoids
vide aaugmenté
de 23 p. centsous l’effet de l’introduction de 30 p. cent de lactosérum et de
4 8
p. cent pour 60 p.cent. Le niveau
d’apport
azoté n’a eu aucune influence sur laquantité
de contenudu gros
intestin,
mais enrevanche,
celle-ci a varié selon le sexe.Ainsi,
chez les mâlescastrés,
laquantité
laplus importante correspond
à 30 p. cent de sérum sectandis que chez les
femelles,
ellecorrespond
à 60 p. cent de sérum.Discussion
Une
première
remarques’impose
sur le niveaugénéral
de croissance et surl’efficacité alimentaire moyenne
qui
sont relativement médiocres. Les causes en sont, ainsi que cela a étémentionné,
des conditionsmicroclimatiques
défavorablesen
période d’adaptation
et un niveau de consommation relativement peu élevéen raison du
dispositif
d’alimentation individuelleemployé. Malgré
ces conditionsdéfavorables,
les résultatscomparatifs
entre les lots restent intéressants.En accord avec les résultats anciens :
DÙ RRW AEC H TE R ,
RANKE et HORST(
193
2);
LEROY( 1937 );
BECKER et CLL.( 1957 );
DUNKIN( I g58);
ouplus
récents :HA NR A H A
N
( 1971 ); E KS T R O M ,
BENEVENGA et GRUMMER(1 975 a
etb);
nos résultatsconfirment la valorisation
optimale
du lactosérum pour un taux d’introduction de 30p. cent dans la ration du porc en croissance-finition. Chez leporcelet
au débutde la
période d’engraissement,
nos résultats sontplus
favorables que ceux de KRInER et al.( I94 g), qui
limitaientl’apport
de lactosérumà 4
p. cent, ou ceux de BECK E
Ret al.
( I957 ), qui
le limitaient à Io p. cent. Ils montrent que le tauxoptimum
pourrait être,
sur leplan nutritionnel, supérieur
à 30p. centjusqu’à
35kg
depoids
vif.
Cependant,
en raison desproblèmes d’hygroscopicité,
demottage
et dedureté,
la limitetechnologique
d’introduction dans les alimentscomplets,
reste fixée àI
o p. cent au maximum dans les aliments
granulés.
Ceproblème
ne se poseplus
si le lactosérum est utilisé directement en alimentation
liquide,
et desproportions beaucoup plus importantes
de la matière sèche totale de la rationpourraient
êtreatteintes. Il
apparaît
toutefois au vu des résultats de cetteexpérience
que le lacto- sérum est de moins en moins bien valorisé à mesure que saproportion augmente
dans la ration et que le porcprend
dupoids.
Au
plan
de l’utilisationénergétique,
il est concevable que lelactosérum,
em-ployé
au taux de 30 p. cent dans laration,
soit utilisé pour laplus grande partie après hydrolyse
du lactose englucose
etgalactose
par la muqueuse intestinale.Mais dès ce taux, une fermentation intestinale du lactose n’est pas à écarter car
le
développement
du grosintestin, siège privilégié
de cesfermentations,
est aug- menté de 24p. cent parrapport
au témoin. I>eplus,
avec uneproportion
de 2g p.cent de lactosérum sec
(F RIEND ,
Cu:!wrn-Gx.aM etN ICHOLSON , 19 6 3 ;
EI,SDEN et(il., 1946)
ou de lactose(K IM ,
BENEVENGAetG RUMM E R , I g 7 6),
on observe une modi-fication de la
répartition
des acidesorganiques
dans le tubedigestif.
Pour desproportions
de lactosérumplus élevées,
les processus fermentatifs doivent nécessai- rement devenirplus importants puisqu’il n’y
a pasd’adaptation
de la lactase(EKSTROM,
BENEVENGA etG RUM MER,
1975a etb;
FEVRIER etAUMAITRE, 1978).
Ces processus
s’accompagnent
d’unehypertrophie
du côlon et surtout du caecum,ce
qui
est très connu chez les rats(1, AWREN cE
etal., I g56; FOURNIER,
SUSBIELI,Eet B!scol,-I,!v!RS.!c, ig5g; FEVRIER et RERAT,
19 6 4 )
etégalement
bien montré chez le porc(Sx!3R!R
et DUNKIN,19 68; FEVRIER,
COLLET et BOURDON,1973).
Ces fermentations
s’accompagnent
aussi de modifications de l’utilisation des nutrimentsénergétiques,
tout d’abord par une baisse de l’utilisationdigestive
de
l’énergie
et desprotéines
sous l’effet du lactose(C ARR
etD UNKIN , I g6g;
RERATet
BOURDON,
I974: PAi!s etEwav, I g 7 6;
FEVRIER et BOURDON, nonpublié)
par- tiellementcompensée
par une amélioration du coefficient de rétention azotée(RE R
AT
etBO URD O V ,
1974; FEVRIER et BOURDON, nonpublié).
Le rendement del’énergie digestive
enénergie
métabolisable est encoreamoindri,
parl’augmen-
tation des fermentations gazeuses
productrices
deCO,,
CH4 ouH 2
selon la naturedes germes
présents
dansl’intestin,
et éventuellement par uneperte
degalactose
par voie urinaire. La nature des
produits
terminaux formés(acides
grasvolatils,
acide
lactique,
acideacétique)
entraîne encore une diminution du rendement del’énergie
métabolisable enénergie
nette pour le porc comme pour le rat(J W T scH,
SC HI E
MANN et HOFFMANN,
I gôg;
VERMOREI, etA UR O U SSE AU , 197 o)
et laquantité d’énergie
fixée estplus
faible pour unequantité équivalente d’énergie
métabolisa- ble. Ces faitspeuvent
ainsiexpliquer
que la vitesse de croissance soit réduite de21 p. cent en
période
de finition avec 60 p. cent de lactosérum alors que la diminu- tion de laquantité quotidienne
d’alimentingéré
n’est que de 7 p. cent.L’action des fermentations n’est toutefois pas
indépendante
du niveau azoté.Ainsi l’effet de l’acide
acétique
surl’augmentation
de la rétentionazotée,
chez le rat, est-il d’autantplus marqué
que le tauxprotéique
estplus
élevé(V ERMOREI ,
et
A UROUSS E AU , 1970 ).
En débutd’engraissement,
le tauxprotéique
élevépermet
une amélioration
significative
desperformances
dans tous leslots,
en accord avecla couverture des besoins en acides aminés essentiels. Par la
suite,
un tauxprotéique
élevé reste favorable pour les lots sans lactosérum et devient
plutôt
défavorable pour les lots avec lactosérum. Onpeut
ainsi supposer que, pour cesderniers,
unepart plus importante
desprotéines
est désaminée pour laproduction d’énergie,
sans
pouvoir
toutefois compenser laperte
de rendementénergétique
dans les ré-gimes
à 60 p. cent de lactosérum. Cettehypothèse pourrait expliquer également
les différences de
réponse
entre mâles castrés etfemelles,
notamment au niveau de lacomposition corporelle,
alors que les vitesses de croissance ne sont pas diffé- rentes. I,e besoin enénergie
nette des castrats étantplus
élevé que celui des femelles(D ESMOULIN
, ig6g)
onpeut
supposer que la fraction desprotéines
utilisée à desfins
énergétiques
par les castrats estplus
élevée que chez les femellesqui
se re-trouvent donc de fait avec un
rapport (protéines disponibles
pour lasynthèse / énergie nette) plus
élevé que les mâles castrés. Les femelles ont ainsi unequalité
de carcasse
qui
s’amélioreplus rapidement
que celle des mâles à mesure que le taux de sérumaugmente.
Cette
hypothèse
estcompatible
avec le fait que les mâles castrés recevant 30p. cent de lactosérum et i8 p. cent de
protéines présentent
une meilleurequalité
de carcasses que ceux des autres lots
(carcasse plus longue
et étatd’engraissement plus faible)
carl’apport énergétique
est peu modifié parrapport
au témoin etsupérieur
à celui durégime
à 60p. cent desérum,
avec unéquilibre
en acides aminésdisponible
pour lasynthèse protéique
améliorépuisque
le niveauprotéique
durégime
est trèssupérieur
à celui nécessaire aux besoins.Un autre
aspect
de l’effet de doses élevées de lactosérum est la diminution de laquantité quotidienne
d’alimentingérée.
Cecipeut
êtrepartiellement
uneconséquence
de laplus
faible vitesse de croissancequi
diminue le besoinénergétique quotidien,
mais onpeut également
penser à unaspect spécifique
du lactosérumsur
l’appétit
par sonapport
minéral. A faibledose,
il aurait un effetappétent,
alors
qu’à
dose élevée son effet seraitplutôt répulsif
en raison de la teneur élevéeen sel de sodium
( 0 , 75
p. cent deNa)
et depotassium ( 2 , 2
p. cent deK).
Laprésence
des minéraux du lactosérum aurait un effet
dépressif
sur l’utilisation desrégimes
chez le rat, selon D9rrWr, et HARVEY
( 1947 ). Cependant,
chez le porc, des travauxantérieurs n’ont pas
permis
de mettre cet effet en évidence(FEVRIER,
COLLET etBOURDON, 1973 )
et cetteexpérience
ne nouspermet
pas nonplus
de conclurepuis-
que nous avions
pris
soin de réaliser des alimentstémoins,
riches enminéraux,
où la farine dehareng apportait
du sodium et dupotassium
enquantité importante,
comme le
lactosérum,
avec unapport
d’eau limité à 31 /kg
d’aliment.Conclusion
Pour être valorisé dans les meilleures conditions sur le
plan nutritionnel,
le lactosérum devrait être utilisé enproportion
décroissantedepuis
le sevragejusqu’à l’abattage,
parexemple
de 5o p. cent à 20 p. cent de la ration sèche. Ceci est bien entendu irréalisable avec du lactosérum natifliquide
dont latrop grande
dilutionne
permet
pas d’atteindreplus
de 20 p. cent de la rationaprès
sevrage maispeut
en revanche constituer
jusqu’à
60p. cent de la rationaprès adaptation
descapacités d’ingestion
des porcs.L / emploi
du lactosérum sec étantaujourd’hui
exclu de l’ali-mentation du porc à
l’engrais
pour des raisonséconomiques,
ilparaît
intéressant de proposer unemploi
de lactosérum concentré(entre
200et 5oo g/1)
dont la conser-vation est
plus
aisée que celle du lactosérum natif et leprix beaucoup plus
faibleque celui du lactosérum sec.
Cependant,
si le lactosérum natif estdisponible
facilement à unprix
avanta-geux on
peut
être tenté d’en faire consommer degrandes quantités,
même si lerendement
énergétique
est moins bon. Ilapparaît
en effet que son influence surla
qualité
de carcasse nepeut
être que favorable.Enfin,
si l’on utiliseplus
du tiersde la ration sous forme de matière sèche de lactosérum il conviendra d’être attentif à une
juste
couverture des besoins en acidesaminés,
sans excèsprotéique
car,en
période
definition,
ilpeut
avoir un effet partrop négatif
sur la croissance et l’efficacité alimentaire.Accepté pour pubtication en janviev z!78.
Summary
Use
of
driedwhey
inpig
diets.I. - Interaction with the
dietary protein
levelaccording
tog y owth stage
and sea-Seventy-two Large White piglets (36 castrated males and 36 females), weighing initially
22kg and fed individually, were used to study the effects of dried whey (0,30 and 60 per cent
of
the diet combined with two crude protein levels: i and i per cent - Table z ) on growth rate, feed efficiency (weight gain /feed intake) and carcass quality at slaughter (98 kg).
From 22 to 35kg, a whey level of 30per cent led to a significant improvement of these parameters, whereas the results obtained with 60 per cent were not different from those of the control group (Table 2). The protein level of 18 per cent significantly improved growth and feed efficiency whether the piglets received whey or not.
From 35to 60kg, the growth of the pigs receiving 30 per cent dried whey was not different
from that of the controls any more, whereas that of the pigs receiving 60per cent was significantly
reduced. The effect of protein was still marked, but the high levels only significantly
improved
the feed efficiency when the diets did not contain any whey.
From 60 to 98 kg, the growth rate decreased with increasing levels of whey in the diet.
Furthermore, an increase in the protein level led to a deterioration of the feed efficiency obtained
with whey containing diets.
Thus, the utilization of whey by the animals decreased with age. As for the whole fattening period (zz-95kg - Table 3) a rise in the crude protein level favourably affected growth and feed efficiency in the control groups, but had no effect on growth in the presence of 60 per cent whey
and led to a significant lowering of feed efficiency.
Use of 60per cent whey (Table 4) significantly reduced the dressing percentage at slaughter
and led to a hypertrophy of the digestive tract, particularly marked at the level of the colon and
caecum (Tables 6 and 7).
Carcass fatness decreased with increasing amounts of whey and this was particularly evident
for the highest level. However, the reduction of fatness was more rapid in the females than in the castrated males which, at equivalent growth rates, remained fatter than the females (Tables
4 and 5)
At the level of 30 per cent, the utilization of whey energy was only slightly different from that of the equivalent maize-starch-herring meal association, the lactose being hydrolysed and
used as source of glucose. Beyond the level of 30 per cent whey, the hypertrophy of the caecum
and colon clearly revealed the existence of large fermentative processes leading to production
of gas and organic acids. Thus, the production of net energy was considerably reduced since,
between 60 and 98 kg the growth rate decreased by 24 per cent while the daily feed intake was
only reduced by per cent. The consequence of this was also the obtention of leaner pigs. Ac- cording to the negative and significant interaction between high whey and protein levels, a mini-
mum supply of protein should be recommended (12-13 per cent), corresponding to a suitable
satisfaction of the requirements for limiting essential amino acids.
Références
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