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Recherches sur le développement de la machoire et des dents triturantes en fonction de la capacité cranienne
PITTARD, Eugène, BAÏCOYANO, Marcelle
PITTARD, Eugène, BAÏCOYANO, Marcelle. Recherches sur le développement de la machoire et des dents triturantes en fonction de la capacité cranienne. Archives suisses
d'anthropologie générale , 1928, vol. 5, no. 1, p. 1-23
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106397
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Extrait des Archives strisses d'Anthropologie gettërale Tome
V.
Nor,
IgzS'Recherches sur le développement de la machoire
et des dents triturantes en fonction de la capacité cranienne.
par
M.
EugènePltreno,
Professeur d'Anthropologie à I'Université de Genève et
Marcelle
BeTcovaNo.Licenciée ès sciences
Le
poidsde la
mandibule,la
grandeur des surfaces triturantes des deux maxillaires ont été I'objet, par divers auteurs, de quelques recherches et I'on a comparé parfois ces valeurs pondérales, ou de surface, à la capacité cranienrie. Malhcurcusementles résultats sont encore
extrêmement restreintset il est tout à fait
désirable demultiplier
les observations dans tous les grorrpes ethniques, les sexes étant soigneusement séparés.Nous ne savons pas encore, en efiet, quelles variétés architecturales de détails ofirent les hommes entre
eux.
Pour les descriptions morpholo- giques humaines, nous en sommes restés aux grandstraits;
aux carac- tères faciles à mesurer, aux caractères descriptifs faciles à enregistrer.Envisagé comme masse le crâne proprement
dit
-
la capsule cranienne-
représentela
valeur quantitative des organes centraux deIa vie
derelation.
Il
peut nous faire connaître le volume ou le poids de I'encéphale.La
face, de son côté, représettte, en majeure partie, une valeur'quanti- tative des organes de la vie végétative (organes mécaniques de la nutrition).Et, chez elle, il y a lieu tle ct-rlsitlér'el spécialelretrt la graudeur des machoires et rles denfs. Tl est instrrrctif de comparer selon les races, les sexes, les âges
et les milieux, ces deux valeurs anatomiques représentatives de fontions
si
difiérentes.A priori on peut imaginer que, chez les races humaines les plus évoluées,
les actions combinées
qui ont
permis cette ascension dans l'échelle desI
I
i
1
ô EUGÈNE PIT-IARD ET MARCELLE BAÏcoYANo
êtres auraient conduit à une augmentation des éléments
qui
composent le système nerveux central (le conducteur même de cette haute fonction) tandis que chez les races les moins évoluées une telle augmentation préalable à I'évolution-
-
ou graduelle au fur et à mesure du développement-
ne se sera pas manifestée. Nous sommes encore très éloignés de savoir si, à taille égale, ou a poids du squelette égal, toutes les races humaines ont des capacités cérébrales semblables. certaines races de petites statures paraissent posséderde plus
grands cerveaux que ceuxqu'on
pouvaitleur
supposer-
quantitaliverneLLparlant.
C'étaitle
casde
certaines races préhistoriques, celle de I'Homo Neand,erth,nlcr,r,.sds en particulier (aumoins chez certains de ses représentants).
A taille
égale les possesseurs de grand.es capacités craniennes ont-ils tous des faces, des mâchoircsct
dcs dents de volumes égaux?Dans telle race considérée quel est l'aspect de cette comparaison lorsque nous examinons les sexes?
Et,
dans chaque sexe, lorsque nous considérons les âges?Les lois qui président au développement simultané de tous nos organes sont encore totalement obscures; elles apparaissent, parfois, désordonnées.
puelques rais de lunrière ont été projetées par ci par là, ensuite de recher- ches sur
la
croissance des enfants. Maisla
plupart de ces étudesont
été entreprises en dehoi's de toutes préoccupations ethniques; souvent par des médecins scolaires dépourvusde
soucis anthropologiques.Et
leurs résultats, malheureusement, devrontêtre
soumisà
une revision.C'est dire que toute recherche qui aura pour
but
d'établir une relation 'comparative entre les divers ordres de développement- ici,
encore une 'fôis, nous ne pouvons envisager que les développements quantitatifsdôit être
considérée comme bienvenue,à condition
cependant qu'elle-
tienne compte des facteurs différentiels que repiésentent
la
race, le sexe,et
Ie milieu.Dans une communication publiée
il y
a quelques années 1, I'un de nousavait
recherché, dans une série de crânes suisses, plusieurs des rapports indiqués dansle titre du
présent mémoire. L'hypothèse émiseà
prioriétait
celle-ci: aufur et
à mesure que s'accroissent, dansun
groupe, les1 PruAÀD etTCHERÀZ.
Congrès de Lyon, 1906, p
Dëuelo|Peneflt d,e la mand.ibule et d.es dents en lonctim de la capeci.të ct andefln . A.F.A.S,
jû-7\6.
* *
*
MACEOIRE ET DENTS TRITURANTES
facultés cérébrales des
individus, il doit se
préser.rter, comme contre partie, en raison d'uneloi
de balancement, une diminution concomitante des fontions dela vie
végétative?Une première base pour une telle supposition nous est donnée par la répartition des caractères de prognathisme
et
d'orthognathisme'associés aux développements quantitatifs craniens dans les diverses races humaines.Les races orthognathes ne présentent-elles pas, en même temps que de petites faces, de plus puissantes capacités craniennes relatives que les races prognathes?
ce que nous montrent des groupes extrêmes opposés Ies uns aux autres, Ies individus appartenant à
un
même gfoupe le montrent-ils également?Dans une agglomération ethnique donnée, les moins pourvus quantitati- tivement de matière cérébrale sont-ils, en même temps, ceux qui, parmi
les
organesde leur tête
osseuse, sont relativement les mieux pJurvus d'instruments utiles àla vie
végétative, instruments représentésici
par les organes dela nutrition,
maxillaireset
dents?Dans le
travail
indiqué ci-dessus, la recherche avait eu pour objet une série de 30 crânes provenant dela ville
de Genève. L',arrangement de ces crânes, selonla
valeur croissante deleur
capacité cranienne, avait montré, aufur
et à mesure de cet arrrangement, une valeur décroissantedu
poids dela
mandibuleet
deIa
sur{acetriturante
des dents'une
telle étudeméritait
d'être reprise sur d'autres groupes ethniques, selon la même méthode. EIle clevait être reprise si possible-
pour élargirles comparaisons
et
pour asseoir solidement des conclusions-
sur desgroupes clont les oligines ethniques étaicnt éloignées les unes les autres et dont le genre de vie, les caractérisations morphologiques et descriptives étaient très différentes. Aussi avons-nous saisi l'occasion de
la
présenceau Laboratoire d'Anthropologie de
l'université
de Genève d'une magni- fique série dc squclcttes de Boschimans-Hottentots-Griqu.as, pour reprendre cette recherche.Quelques petites diflérences de méthodes entre ces deux analyses doivent être signalées.
Dans les recherches faites en vue du premier
travail, la
surfacetritu-
rante n,avait été mesurée qu'àla
mâchoire inférieure, sur le seul groupe clestrois
molaires vraies. Aujourd'hui nous avons été plusloin.
NousJ
{<**
il T
l
4
EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BATcoYANoavons mesuié
la
grandeur des deux mâchoires, selon leurs dimensions antéro-postérieureet
transverse,le
poids mandibulaire,la
surfacetritu-
rante des trois molaires vraies à chaque mâchoire; puisla
longueur et la largeur de chacune de cestrois
dents, égalementaux
deux mâchoires.chacun de ces éléments anatomiques est ainsi représenté numériquement;
et
leur ensemble même-
constituant presque complètementle
groupe mécanique des fonctions de mastication-
a été rapporté àla
valeur dela
capacité cranienne.Dans cette sér'ie de crânes, Griquas Hottentots
et
Boschimans, toutesles
têtes osseuses, malheureusement,ne
sont pas conservées dans leur totalité.Beaucoup
ont
une face fracturée,ou
bienla
mand.ibule est absente,ou
encore une certaine quantité d.e dentsont
disparu.. chez d'autres ce sont les écailles craniennes elles-mêmes qui sont en mauvais état, cequi
empêche de calculerIe
développement cérébral.Après toutes les éliminations obligatoires, nous avons pu conserver par devers nous
une
sériede 87
crânes se décomposant d.era
façon sui- vante:15 crânes de Griquas.
rz
crânes de Hottentots.6o crânes de Boschimans (provenant de divers tieux).
Sur 87 crânes, 5z seulement possèdent les deux mâchoires, g3 seulement
ont
encorele
groupe complet destrois
molaires supérieures. Trente- quatre mandibules seulement offraient à nos observations Ie groupe intact de leurs trois molaires vraies.La
capacité cranienne a été calculée à I'aide d"ela
grenaille de ptomb, selonla
méthode de Broca. Le's mesures des mâchoireset
d.es dents ont été effectuées avec un compas glissière dont les pointesont
été amincies pour leur permettre de s'introduire entre les couronnes.Les mesures de
la
mâchoire supérieure ont été les suivantes: diamètre antéro-postérieur pris du bord incisif à l'épine palatine; diamètre trans- verse représentantla
valeur maximum d'écartementde ltarc
maxillaire(il
est généralementà la
hauteur des deux dernières molaires).Le groupe des trois molajres supérieures a d'abord été mesuré, comme
un
bloc rectangulaire, dans ses deux dimensions horizontales: antéro-* i.
*
l
MACI{OIRE ET DENTS ÎRITURANTES 5
postérieure
et
transversale; puis,. nous avons mesuré chaque molaire elle-même, dans ses deux dimensions horizontales principales.La
mandibule a été mesurée seulement dans le sens transversalet
les molaires vraies de cette mâchoire ont été I'objet des mêmes mensurations que cellesde la
mâchoire supérieure.La surface d.e la mâchoire supérieure a été calculée
- iI
s'agit là d'une évaluation grosso tnod.o, destinée simplement à être comparée à elle-même chez tous les individus de cette série-
en multipliant lesdeux
dimen- sions: antéro-postérieureet
transverse indiquées ci-dessus.La
surfacetriturante
offerte par les trois molaires: to dela
mâchoire supérieure; zo de la mâchoire inférieure, a été obtenue comme s'il s'agissait d.,un rectangle régulier. Le poids mandibulaire a été calculé en ajoutant chaque foisqu'il
manquait des dents,le
poids approximatif de celles-ci (obtenu après de multiples pesées), cequi
nousa
permis (puisque les crânes avaient déjà été pesésau
préalable) de calculer l',indice cranio- mandibulaire (Manouvrier)et
aussi I'indice mandibulo-cérébral, puisclu'à I'aide de l'indice cubique nous pouvons connaltre la valeur de la capacité cranienne approximative.I. - Observations relatives
àla grandeur
des dents.Nous avons indiqué ci-clcssus comment les mesures dentaires
ont
été prises.Pour
chaque mâchoire nous avons établi ies rapports suivants:ro groupe des incisives-canines comparé
au
groupe des prémolaires;20 groupe des incisives-canines comparé au groupe des molaires;
30 groupe des prémblaires comparé à celui des molaires.
I-es grandeurs absolues de ces divers groupes
et
ces rapportsont
été étudiés dans les deux mâchoires.Les résultats de ces divers examens se résument ainsi. (Nous les expo- sons d,abord pour eux-mêmes, avant de passer
à leur
relation avec la capacité cranienne):r. A la
mâchoire supéricurcle
groupe des incisives-canines représen,teune longueur plus grande que celle occupée
par le
groupe dentaire de mêmetype à la
mâchoire inférieure.La
différence de longueur est en moyenne de o cm.6. Elle peut atteindre exceptionnellement un centimètre.z. A
La mâchoire supérieurele
groupe des prémolaires posséde unI
I
l
I I
I i
I
I
6
pueÈNn prrrARD ET MARcELLT raïcovaNodiamètre antéro-postérieur plus
petit
que celui du même groupe dentaire dela
mâchoire inférieure.Par
contre,le
diamètre transverseest
plus, grand. Autrement dit, les prémolaires supérieures sont-
nous consid.éronsici le groupe
-
moins longues et plus larges que les prémolaires inférieures.3.
Une observation de même naturedoit
être exprimée pour ce qui touche aux molaires vraies. Le groupe de ces trois dents àla
mâchoire supérieure est moins long et plus large qu'à ta mâchoire inférieure.Il
résulte desfaits
ci-dessus quela
surfacetriturante
clu groupe des molaires est nettement plus grand à la mâchoire inférieure qu'à la mâchoire supéricurc.4.
Lorsqu'enfin on examine comparativement non plus les groupes des molaires vraies, mais, individuellement, les trois dents qui les composent, on constate aussi quela
troisième molaireest plus
volumineuseà
la mâchoire inférieure qu'àla
mâchoire supérieure.II. - La grandeur
desmâchoires
et des dents enfonction
dela
capacité cranienne.I.
Les crânes ayant été rangés selon Ia valeur de ra capacité croissante, nous constatons que les deux diamètres principaux dela
mâchoire supé-rieure,
antéro-postérieuret
transversal,présentent d,une
manière chaotique leurs variations individuelles.Il
ne semble pas, à première vue, 'qu'un ordre quelconque préside au développement de ces diamètres.une même constatation s'impose pour ce qui concerne la surface même de cette mâchoire (surface toute approximative d'ailleurs, avons-nous dit, obtenue en multipliant les deux diamètres principaux de cet organe, sans
tenir compte de sa courbe elliptique). Rien n'apparaît clairement par cette mise en parallèle de deux grandeurs simples.
Mais
si au lieu de
considérer seulement les grandeurs absolues nous examinons les rapports de celles-ci-
la surface de la mâchoire par exemple-
à la capacité cranienne, nous constatons aussitôt qu'un ordre s'établit, qu'une relation se présente entre ces deux grandeurs:la
surface de la mâchoire diminue aufur et à
mesure que croîtla
capacité cranienne.Les chiffres suivants démontrent cette affirmation dans les trois groupes humains étudiés
ici:
Griquas, Hottentots, Boschimans.Il
s,agit, en l,espècede crânes masculins.
MACHOIRE ET DENTS TRITURANTES
TABLEAU I
CaPacités
Griquas (
de rzoo cc.à
r32o cc.( de 475
cc.à
r5o5 cc.Hottentots (
de rz55 cc.à
r3z5 cc.(
de r35o cc.à
1565 cc.Boschimans
(
de ro8o cc.à tz75
cc.(réunis) (
de r3oo cc.à
1655 cc.Rapport de la surface de la mâchoire supérieure à la capacité cranienne
z6.z 22.5
oc 25.6 2r.9
7
25.
La
valeur de ce rapport est ptus faible chezle{
crânes de plus forte capacité.On remarquera
la
répétition de ce decrescendo à chaque fois que nous passonsd'un
groupe ethniqueà
l'autre,qu'il
s'agisse d'rine petite série comme les Griqpas,ou de
groupes relativement norribreux comme les Boschimans (oh nous opposons deux contingents de z7 individus chacun).Ce que nous constatons est donc bien une réalité
et
non une apparence statistique.Pour afûrmer nos conclusions nous avons
fait
les mêmes opérations sur les divers groupes Boschimans eux'mêmes. Nous donnonsici les
seulsrésultats des rapports, sans rappeler les chifires des capacités.
TABLEAU II
Boschirnans.
Abris sous roches Dunes de sable Colonie du Cap Bosch. du I{alahui
23.5 25.2 25
25.820 z3.r 43 4.8
Les résultats sont très nets.
Ainsi, quatorze groupes examinés comparativement nous ont tous, sans
exception, apporté
la
même conclusion.Chez les crânes des Boschimans, dcs l{ottcntots, dcs Griquas, la surface de la mâchoire supérieure diminue au
fur
et à mesure que croît la capacité cranienne.Ce phénomène dont
la
valeur phiiosophiquepeut déjà être
soulignée est-il inhérentà
chaque sexe?B
6
B EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BAÏCoYANo
Nous n'avons pu considérer les sexes séparément que dans deux de nos séries, et encore chez les Griquas cette comparaison est-elle assez fragile.
Voici la
réponse. Les groupementsont été
constitués dans les mêmes conditions que ci-dessus.TABLEAU
IIi
Rapport d,e
la
surface d,ela
tniîchoiye supériewreà ta
capacité crqnienn,e'
ch,cz l,esarâ,nes des d.eu.x. sexas,
Hommes Femmes
Griquas 26.5
aa a 4.).-)
25.6 25.2 26.4
Boschimans 25.3 24.7
23.o
Les deux sexes présentent
le
même phénomène. Toutefois celui-ci est moins net chez les femmes des Griquas que chez les hommes. Mais, on peut, si l'on veut, ne pas tenir compte des rapports fournis par ces crânes Griquas, cette série étant numériquement faible. Celle des Boschimans, par contre, assure plus de stabilité à nos résultats.En
ne gardant par devers soi que cette dernière série on constate que les crânes féminins sont plus favorisés que les crânes masculins;ils
ont une plus petite mâchoire supérieure par rapport à leur capacité ou, si l'on veut,ils
contiennent un cerveau plus volumineux par rapport àla
grandeur deleur
mâchoire que les crânes masculins.cette
comparaison entre les sexes confirme les conclusions exprimées ci-dessus à l'aide des seuls crânes masculins.Il
est, en outre, intéressant d.e constater qu'il n'est point besoin de constituer de grosses séries-
oîr la neutralisation <1es écarts individuels est facile-
pour que le phénomène apparaisse.D'un
autre côté, cequi vient
d'être observé chez les Boschirnans, lesHottentots
et
les Griquas confirme les résultats queI'un
de nous avait autrefois obtenu sur une série cIe crânes suisses.Swrface d,e la mâchoire swpériewre.
z.
Quand nous comparons la surface de la mâchoire supérieure, selon Ia capacité croissante des crânes considérés, nous obtenons des résultats assez chaotiques. Dans certains cas cette surface diminueavec la
capacitécroissante (petits groupes des Griquas et des Hottentots). Dans d'autres cas,
elle augmente (groupe plus important numériquement des Boschimans).
MACHOIRE ET DENTS TRITURANTES 9
un
tel résultat n'a rien qui nous déçoive. Nous savons que, d'une manière générale, les grands crânes s'associentà
de grandes faces. Nous sommeslà devant une loi de développement normal et nous trouvons la vérification de tels
faits
à l'examen comparatif de tous nos organes'Les chiffres que nous avons obtenus lors de cette comparaison sont les suivants:
TABLEAU IV
Moyennes d,es surlaces d,e l,a rnâ,choire swperieureL rangées sel,om La capacité croissamte
Griquas
Hottentots
33 cm265 32.8
33.cm23r 32.52
Boschimans 3ocm2.14 32.r9
i
t{
T{ottentots
Capacités craniennes
I2OO cc.-r33o cc.
I43O cc.-rsro cc.
tz85
cc.-t325 cc.r38o cc.-r565 cc.
ro8o cc.-r295 cc.
r3oo cc.-r655 cc.
RaDoorts grandeur des 3 tnolaires vraies de la ' ' Ërachoire suPéiicure au D A P'
59.4 56.2 58.o 54.o 56.6 54.4
Dans les deux premiers groupes
la
valeur dela
surfacé dela
mâchoire diminue aufur et
à mesure dela
capacité cranienne croissante.c,est la série des Boschimans qui renverse cet ordre. Nous n'insistons pas.
3.
Nous avons calculé alors le rapport de la grandeur des trois molaires vraies de la mâchoire supérieure, réunies en un seul groupe, à la longueur maximum dela
mâchoire, représentéepar le
diamètreallant du
point alvéolaire à I'extrémité de i'épine palatine.Nous voyons diminuer
la
valeur de ce rapport aufur et à
mesure dela
capacité cranienne croissanteet
cela dans les trois groupes ethniques considérés.voici
les résultats (les groupements des capacités ne sont plus les mêrnes quetout
à l',heure parce que toutes les mâchoires supérieures n'ont pas conservé les trois molaires vraies et qu'il a fallu opérer de nouveaux arrangements) :TABLEAU
VGriquas
1 cette surlace a été obtenue, gfo$soffiodo, en multipliant les deux diamètres principaux; lorrgueuralvéo1o-
Boschinurs
{
t
Dalatite et diamèLle transvdse maximum.
les suivæts:
*;i,I;;;";;;";";àiîiei"" a"i"b,i-ats selon les groupes que I'on sart' Les xésultats ont été
Boschimans abris-sous-roches: 3;o? et-;;.;tB;æniti"ri'a". àun"s de sable: 3o.2 et 30.97; Boschimans de la Colonie du Cap: zg,4g et 34.oo; Boschimans du Kalahæi: 30 8 et 33'5'
Io EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BATcoYANo
Nous constatons que
si la
surface absolue dera
mâchoire supérieure n'obéit pasà
uneloi
de décroissance régulière aufur et à
mesure de la capacité cranienne croissante,le
rapport dela
grandeurtriturante
destrois
molaires vraies comparéeà
cette surfacedu
maxillaire,puis à
la capacité cranienne, diminue à mesure que nous constatons une augmentation dela
masse encéphalique. Aucune exception ne se présente.4.
Nous avons cherché quel rapport on obtenait en comparant les surfaces triturantes: d'abord destrois
molaires vraies inférieures,puis des trois molaires vraies supérieures, àla
capacité cranienne de chacun des crânes examinés.Il était
intdrcssant de savoir commeut se courpor.Laientà
cet égard chacune des deux surfaces triturantes en question au fur et à mesurede l'accroissement de l'encéphale. Dans re tableau qui
va
venir les sexesn'ont
pas été séparés.TABLEAU VI
Rapport de la grand,eur tritwrante d.es trois mor,aires vraies d.e chaque mâchoire
Griquas
à la
capacité cran'ienne.Capacités Mâchoire supérieure Mâchoire inférieure
rzoocc.-r3oocc. z.5o
z.6zI23occ.-r5rocc. 2.r2
2.O4Hottentots
Boschimans
Hotten
rz85cc.-r3z5cc.
r3Bocc.-r565cc.
roBocc.-r3oocc.
r3oocc.-r655cc.
2,56 2,06
2,45 2,o4
o40 2,3o
2.76 z.rB
Il
faut remarquer que si, pour les Griquaset
les Hottentots, nous ne pouvons utiliser que de petits groupes d'individus (de 6à
ro),ii
n,en estplus de même pour le groupe des Boschimans oir dans ra première colonne nous trouvons 37 individus
et zz
dansla
seconde.Nous avgns.réuni, pour un essai, les Hottentots et les Boschimans en un seul contingent. cette nouvelle comparaison donne le résultat que voici:
TABLEAU VII
Capacité Mâchoire supérieure llâchoire inférieure
ro8o-rzg5cc. 2.46
z.8or3oo-r6oocc. 2.a4
z.rgMACHOIRE ET DENTS TRITURANTES I1 Les quatre séries ci-dessus fournissênt des résultats identiques: au
fur
età
mesure dela
capacité cranienne croissante onvoit
diminuerla
surface triturante relative des trois molaires vraies et cela aussi bien à la mâchoire supérieure qu'àla
mâchoire inférieure.Et nous ajoutons cette conclusion à celle qui a été exprimée tout à l'heure
.à propos de la surface même de la mâchoire supérieure: les individus à plus grands cerveaux ont des mâchoires relativement plus petites
et ils ont
à"huqo" mâchoire, les surfaces triturantes des trois molaires vraies relati- vement plus petites que les individus
à
cerveaux moins développés.Mais ce tableau conduit à une autre remarque'
une
recherche précédente nousavait
amené à constater que la surface triturante du groupe des trois molaires vraies était plus grande à la mâchoire inférieure qu'à la mâchoire supérieure. Le tableauVI
confirme ce résultat,mais
il
faut ajouter l'observation que voici: ce caractère est surtout marqué dans les crânes de faibles capacités.Au fur et
à mesure que croissent les capacités, les deux surfaces triturantes en question tendent à rapprocher leurs grandeurs (sauf cependant dans le groupe des Hottentots).un
simple calculfait
avec les éléments contenus dansle
tableauvI
convaincra le lecteur.Il y
a même un cas-
celui des Griquas-
otr dansle
groupe desplus fortes capacités crâniennes la surface triturante de la mâchoire supé-
rieure I'emporte sur celle de
la
mâchoire inférieure 1'On remarquera eficore dans le tableau
VI
que, chez les crâncs dc faibie capacité,il
existe entre e11x rrne plus grande difiérencedesurfacetriturante, .entre les trois molaircs supérieureset
inférieuies, que chez les c'rânes de plus forte capacité cranienne. Les surfaces de la mâchoire inférieure demeu- rent toujours plus grandes, mais la valeur de l'écart entre les deux surfaces diminue en passant des faibles capacitésauk
plus fortes capacités' On prendratrès
nettement consciencede
ce phénomèneen
consultant les derniers éléments du tableauvII
otr nous avons réuni les l{ottentots et les Boschimans dc façon à éliminer les facteurs individuels trop extraordinaires' Dans cette série composée, la valeur de l'écart est de 34 chez les crânes de 'plus fortes capacités.
Ainsi donc, mieux que les petits crânes, les grands crânes tendent à harmo- niser les éléments dont ils sont composés, à équilibrer toutes leurs parlies.
Iil
poussant unctcllc
recherche, d'un côté chez les petits crânes,et,
de 1'autre, chez les grands crânes d'un même groupe ethnique, nous arriverions1 D,ailleurs un tel résultat particulier peut provenir de ce que cette série des Griquasn'est compÔsée
"" p"tit-r-"Àti" a,ioaitidor.b., àars d" teliès.ci.constanceé on sait I'importânce que peuvent iouer, cànpositio" drune moyenne, certains caractères individuels exceptionnels'
que par dans la
12
EUGÈNE PÏTTARD ET MARoELLE BATcoYANopeut-être à constater des degrés de disharmonie facio-cranienne plus accusés chez les individus de plus petites tailres de chaque race que chez les individus de plus haute taille. c'est 1à une recherche intéressante
q*e
l'esthétique elle-même pourrait envisager. Maisil
s'agit drune étude à faire ailleurs et sur des documents plus variés eT plus nombreux.rII. - Observations
d?aprèsle poids mandibulaire.
Dans les diverses séries que nous mettons en comparaison nous consta- tons avec évidence que le poids moycn dc ra mandibule cli'rirrue au fur et à mesure que
croit la
capacité cranienne.ce
poids mandibulaire diminue également aufur et
à mesure que croit Ie poids du crâne. La tableauvrrl
va nous démotrtr.er ces faits.
TABLEAU VIII
Crânes mascul,ins
Griquas
{ Hottentots
{
Boschi-"rrs {
Capacités.
r3ro-r33occ.
I34o-r4g5cc.
r'z95-tgz5cc 1355-r565cc rroo-r325cc I4oo-r520cc
- Poids moyen Rap. du p. nrand. Rap.
dela mandibule. au poidsdu crâne. 'à 83
gr.
r4.o84
gr.
r3.2t6.z r4.7 94 gr
79 gf
r3.g r3 98 gr
Bo gr
du P. mandibul.
la cap. crân.
6Bz 5.55
7.70 5.77 6.8r 5.44
on
pourra faire cette première constatation quele
poids absolu de la mandibule est plus considérable chez les crânes de faibles capacités que chez les autres.Il n'y
a que les Griquas qui montrent une égalité de poids âans les deux séries établies selonla
capacité croissante, maisil
faut cons-tater que dans ce groupe la différence entre les capacités minima et maxima sont beaucoup plus faibles que dans
les
autres groupes.Le rapport du poids mandibulaire au poid.s du crâne ne présente aucun à
coup en passant des plus faibles aux
plus fortes
capacités. Les crânes contenant des cerveaux volumineux ont les valeurs de ce rapport toujours plus petites. Le rapport du poids mandibulaire àla
capacité cranienne est toujours de plus petite valeur dans les crânes de plus fortes capacités. En. MACHOIRE ET DENTS TRITURANTES T3
examinant,les écarts qui existent entre les valeurs afférentes aux plus fortes
et
aux plus faibles capacités dans les trois groupes ethniques considérés,on constatera encore que c'est dans les cas de forts écarts de capacité que nous trouvons les plus nettes différences dans les valeurs des rapports.
Le tableau
VIII
montre donc de plusieurs façons que ies hommes qui ont de grands cerveaux et par conséquent de grands crânes, ne possèdent que des mâchoires de faible Poids.Voyons ce qui se passe, à cet égard, chez les femmes:
TABLEAU IX
Crâ.nes fémini'ns
Griquas
Capacités
1200 cc, tz45-tz8occ.
roSo-rzr5cc.
T225-r445cc.
Poids moyen de la mandibule
78
gr.73 gt.
Râp. du P. mandib. RaP.
au poids du c!âne à la
12.9 12.o
4.4
.r2.o
du P. mandib.
cap. craniôn'
6.5o 5.74
5.go Boschimans 5.59
lrlous obtenons une confirmation géirérale de ce
qui a
été dtt ci-dessusau sujet des irâries masculins.
Il
n'y a que le poicls moyen absolu de la mandi- bule chez les Boscfiimans qui, plus élevé chez lcs crânes féminins de plusforte
capacité,soit
une exceptionaux
résultats fournispar les
crânes masculins. Mais tous les rapporis (tupoids du crâne et à la capacité cranienne) sont, pour les crânes féminins, dans le même ordre de valeur que ceux des crânes masculins.I. Le
tableauvIII
nousa
donnéle
poids absolude la
mandibuleselor les plus faibles et les plus {ortes capacités craniennes. ce poids mérite d,être mieux connu
qu'il
ne I'est dans les divers groupes ethniques. Maisit
est bien entendu quela
connaissancedu
poids mandibulaire nécessite,pour avoir toute
sa signification,la
connaissance corrélativedu
poidstotal
du squelette. D'une manière générale les populations de petite taille doiverrt avuir uu poitls mandibulaire absolu pluspctit
que les populations de haute stature. Les moyennes des poids mandibulaires, dans notre série d.e Hottentots, de Boschimans et de Griquas réunis, est corpprise-
selonles groupes de capapité cranienne
-
entreun
minimum de 79 grammes (Boschimans) et un maximum de 98 grammes (Hottentots')68 gr.
72 gr.
T4 EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BATCOYANO
Il
faudrait pour établir des comparaisons raisonnables, mettre, en regard de ces chiffred, ceux mesurés sur des populations de stature égaleà
celle des Boschimans-Hottentotset
appartenant comme ceux-cià
des groupes humains peu évolués--
car le degré de civilisation sembre un facteur consi- dérable à invoquer en I'espèce.Malheureusement, le nombre des indications d.e ce genre est extrêmement restreint.
c'est tout au
plussi,
dans son Lehrbuchfûr
Anthropologie, R. Martin relève une quinzaine de groupes humains dont nous connaissonsle puitls tle la mandibule, et la plupart d'entre eux sont des -Européens.
Il
rappelle les chiffres pr.rhliés par' Ivlanouvrier concernant les Hindous, lcs Indiens mexicains, les Néo-calédoniens, les Nègres du Darfour, et
il
ajoute les Australiens (Brackebùsch), les Japonais (Pelletier), les Malais (Bartels).Il
est diffrcile pour nous de trouver, dans cette inventaire, d.es élémentsde
comparaisons. Les faibles poids relatifs des Hindouset
des rndiens mexicains sont dus aufait,
sans doute, que ce sont Ià des populations depetite
taille.I1 a été impossible de connaître le poids mand.iburaire de
toutes
lestêtes osseuses composant
la
série présentement étudiée; nous avonsdit
que plusieurs d'entre elles sont dépourvues deleur
mandibule; d,autrepart,
nous n'avons conservé le poids mandibulaire que des seuls crânes dont nous avionspu
mesurerla
capacité.or,
une certaine quantité de ces têtes osseuses,trop
détériorées, ne permettaient pasd'obtenir
celle-ci. Voici tout de
même quelqueschifires
intéressants:TABLEAU
X
Poids de la mandibule.
Hommcs,
Griquas Hottentots
Boschimans, Dunes de Sabie Boschimans, Colonie du Cap Boscirimans
du
KalahariToutes les femmes Boschimanes
84
gr. r
90gr.
g8r gr.
470_sÎ
.5
78
gr.
3Fommes.
72 gt.
370
gr.Le
minimum masculina
été obtenusur
unetoute petite série
dequatre crânes. En réunissant toutes les femmes boschimaues
dont
nous avons mesuré pondéralementla
mandibule, nous en trouvons16;
leurMACHOIRE ET DENTS TRITURANTES 15 poids mandibulaire moyen est de 70 grammes.
En
réunissant les trois séries masculines des BoschimansIa
moyenne deleur
poids mandibu- laire est de 76 gr. 8.Si nous comparons les trois groupes ci-dessus au seul groupe africain
dont
nous connaissonsle poids
mandibulaire,nous
constatons une immense clifférencede poids au détriment
des crânes Boschimans,Hottentots et
Griquas (différenceentre le
maximumde notre
sérieet le
poids mand"ibulaire des Nègresdu Darfour 17 8r' r).
Mais nous savonsque
cesNigritiens du Darfour sont
desindividus de
hautestature dont Ie
squeletteest
puissamment développé.Le
poids mandibulaire moyen des Boschimansest peu
élevé;il
serapproche de celui
ofiert
par les Européens en général, mais les Euro- péensen
généralsont plus
grands que les Boschimans.On voit
de nouveau surgirici Ia
question dela
place évolutive occupée, dans l'en- semble d.es hommes, par les groupes que nous étudions. Mais ce sont làdes questions que nous n'avons pas à discuter ici.
un
dernierpoint: la
différence sexuelledu
poids mandibulaire chez les Boschimans est de 6 gr. B, au bénéfice des hommes'z.
L'indice cranio-mandibulaire est le rapport du poids dela
mandi- bule au poids du crâne.Il
a déjà été étudié par plosieurs auteurs selon les sexes. Manouvrier, notamment,a
pubtié des chifires comparatifs' Ceuxqu'il a
indiquéspour
les ,Parisiens masculins(r3.4)
estun
peu inférieur à ceux que nous avons obtenus. Dès quel'on quitte
les popu-lations
européennespour
s'adresserà
des populationsdont i'état
dccivilisation est
considérécomme étant plus inférieur
quele
nôtre nous voyons s'élever les valeurs de ce rapport.voici
quelques chiffres empruntés égalementà
Manouvrier:TABLEAU XI
I nd,i c e cv ani o -n't and'i bulcir e
Hommes Fe1Êmes
Indous, castes inférieures Indiens mexicains
Néo-Calédoniens
et
Néo-Hébridais Nègresdu
Darfour14.3 j-5.0r
Au
surplus,si les
Indouset
les indigènes américainsdu
Mexiquen'apparaissent pas comme appartenant
à
des groupes ethniques de14.8 14.57
r6.68 16.79
16 EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BATCoYANO
haute stature
il
n'en est pas de même cres deux derniers groupes de cepetit
tableau.Nous n'avons encore
qu'à
peine effleuré- par Ia
construction de quelques-uns de nos tableaux- la
comparaison sexuelle des divers rapports envisagés dans.ce mémoire.il
est nécessaire d'examiner celle-cid'un
peuplus
près.On sait
combien, dans plusieursde
ses détails, l'architecture féminine est autre que cefle des hommes.Il est
certainqu'il y
a parfois plus de différence entre res caractères morphologiques offertspar les
deux sexesd'une
mêmerace
qu'entreles
caractères morpholrrgiqnes présentés par deux raccs divcrscs.Nous avons donc repris, en utilisant les mêmes données que ci-dessus, toute une série de comparaisons entre les crânes masculins et les crânes féminins. Mais comme nos séries sont de valeurs numériques très inégales quant
aux
sexesqui y sont'inclus
nous nravons conservépar
devers nous quela
série desBoschim surtout
- et
celle des Griquas.Parfois même nous ne pourrons
utiliser
quela
série d.es Boschimans.puelques valeurs seulement,
parmi celles
exposées ci-dessus, repa-raltront
pour ces comparaisons. Les autres sont les résultats de calculs nouveaux.En premier lieu voici les rapports entre les sexes du poids du crâne, du poids de
la
mandibule, del'indice
cranio-mandibulaireet
de I'indice mandibulo-cérébral.une
telle comparaisonn'a
pu être tentée que chez les Boschimans dont la série est assez grande pour que tous ces caractères puissent être envisagés. Nos groupes sont rangés selonla
valeur crois- sante deIa
capacité cranienne.TABLEAU XII
Hommes P. de la mandibule Capacités
r roo-r325cc.
I4oo-r52occ.
P. du crâne
6oo gr. 4
6rz
gr.92
gt.79
8r.Femmes
Ind. cranio- mandibulaire
r3.g r3.o
Ind. mandibulo- cérébral
6.3r 5.44
roSo-rzr5cc. 4gr
gfrz2;-a34;cc.
5BS gr13.4 12.o
5.go 5.59 68 gr.
72
91.Dans chacun des groupes comparés le poids absolu du crâne masculin l'emporte sur
Ie
poidsdu
crâneféminin. Il
en est de mêmedu
poids absoiu dela
mandibule.MACIIOIRE ET DENTS TRITURANTES 17
Dans les deux sexes, les groupes de faibles capacités craniennes ont
un
indice cranio-mandibulaire plus éievé que les groupes de plus forte capacité.L'indice
mandibulo-cérébralse
présentedans les
mômesrelations.
Les
femmesont un indice
cranio-mandibulairemoyet 'itz.7)
pluspetit
que celui des hommes (r:.S).
Parrapport
au poids de leur crâne,le
poids deleur
mandibule estplus faible
que celui dela
mandibule masculine.L'indice manclibulo-cérébral moyen (5.74) des femr4es, plus faible que celui des homrnes (5.88) montre que, relativement à Ia capacité cranienne,
la
mandibule fém.inine est moins développée quela
mandibulc mascu- linc.Pour continuel sur une base plu.s précise cette compa-raison morpho- physiologique erri.re
les
sexesnous
avonschoisi une constante:
Ia capacité cranienne. Malheureusement,pour qu'un pafeil
desideraturnsoit
réalisable aupoint
de vue pù notre espritle
souhaite,il
faudraitavoir
par
devers soi de grandes séries de crânes masculins et féminins, afin de pouvoiry
choisir une quantité suffisante de capacités semblables- ou très
rapprochées.D'un autre
côté, comme nous avons voulu sauvegarderautant
que possible les subdivisions ethniques (ou peut- être simplement géographiques) consa.crées par le musée de Cape Town, untel
choix clevenait encore plus difûcile. Nous n',avons guère le moyen, a.vec ces petits groupes de constituer deux séries numériquement assez fortes.C'est
ainsi qu'un
seul ensemble ethnique, celui des Boschimans du Kalahari, nousa
permis demettre
en comparaison, surla
base de la capacité cranienne, quelques crânes masculinset
féminins.De cette
série nous avonssorti les
crânesdont les
capacités sont compriseseît.e
rzoo cc,et
tzgo cc. Nous en avons trouvé cinq du sexe masculinet six
du sexe féminin.La
moyenne de ces capacités rappro- chéespeut
êtr-e considérée comme l'équirralentd'une
constante dansles deux
sexes.voici les résultats
comparatifsque,
dans ces circonstances, nous avons obtenus:TABLtrAU
XiII
Rap. du P. mand.
à la capacité
6.62 6.oo I{ommes
Femmes
Poids mandibulaire
79 g1 63 gr
Rap. du P. mand. au poids du crâte
r3.g r3.o
rB
EUGÈNE PITTARD, ET MARcELLE BATcoYANoune première constatation:
A
capacité cranienne égale ie poids mandi- bulaire des hommes est absolument plusfort
que celui des femmes. ce n'est paslà
une conclusion banale.La
différenceest
trèsnette.
Nous n'osons pas, documentés par de si petites séries,émettre des interprétationsqui
ne seraient pas assurées de I'avenir. Mais ona tant
parlé dela
face relativement puissante des femmes qu'il .vaudraitia
peine de reprendre, sur la base de cette constante <capacitér, et dans divers groupes ethniques dont on aurait de grandes séries des deux sexes, d.e telles comparaisons.saus doure, nous pensons bien que le poid.s moyen absolu des crânes masculins doit être plus fort que celui des crânes féminins, mais
la
diffé- rence sexuelle paraît grande.L'indice cranio-mandibulaire est d'une vareur plus élevée chez les crânes masculins des Boschimans
du
Kalaharique
chez les crânes féminins du même groupe, ce qui est une confirmationde
ce qu'ont montré les chiffres de la première colonne du tableauXIIL
Ici les valeurs masculines et fémi- nines sont très rapprochées,ce qui
indique quetout
de mêmele
poids mandibulaire féminin relatif demeure malgrétout
assez haut.Quant au rapport du poids mandibulaire à la capacité
il
est nettement pius considérable chez les hommes. A capacité cranienne égale-
ou a peude choses près
-
les hommes ont une mandibule prus lourde que celle des femmes deleur
groupe ethnique.Sur ia base de la même constante
-
capacité cranienne égale dans lesdeux sexes
-
nous avons encore analysé quelques autres rapports dans ces deux séries sexuelles. I1 s'agit toujours dela
série des Boschimansdu
Kalahari.TABLEAU XIV
Honrmes Femmes
Rap. surf. mâch, sup à la capacité
26.o7 25.45
Rap. surf. 3 mol. sup.
à la capacité
2.56 2.64
Rap. surf.3 mol. iDf à la oapacité
o â.)
z.6r
A
capacité cranienne égale ies crânes féminins ont une moindre surface de Ia mâchoire supérieure que les crânes nrasculins. Le rapport d.e Ia surface triturante des trois molaires supérieures est un peu plus élevé chez elles que chez les crânes masculins. Par contre, àla
mâchoire inférieure cette même surface triturante est plus petite chez ]es crânes féminins que chezles crânes masculins.
Ce déséquiiibre des surfaces triturantes à la mâ-choire supérieure et à la
MACHOIRE ET DENTS TRITURANTES r9 mâchoire inférieure chez les crânes féminins, comparéS aux crânes mascu- lins, mériterait aussi drêtre examiné de plus près à l'aide de fortes séries, dans tous les grouPes ethniques.
3.
Nous avons complété notre anaiyse en examinant comparativement dans les deux sexes les rapports entre eux des divers groupes dentaires.Ceux que nous avons chprché
ont
été les suiva4ts: rapportdu
groupeincisives-canines augroupe prémolaires; rapport du groupe incisives-canines
au
groupe molaires vraies;rapport du
groupe prémolairesau
groupemolaires. Ces divers rapports 'ont été rangés selon I'ordre croissant r1e la capacité cranienne
et nor
plus à capacité cranienne égale dans les deux sexes. La série des Hottentots ne comptant que quelques crânes féminins ceux-cin'ont
pas été examinés.'TABLEAU XV
Rapport de grandeur des groupes dentaires ci-dessous:
Gnrç'uas: Hotnmes
Incis. canines
mâchoire sup
mâchoire inf
mâchoire sup.
mâchoire inf
mâchoire sup.
mâchoire inf
Capacité
ia
moins fortela
plus fortela
moins fortcla
plus forteprémolaires
3.og .)'JJ
2.r 2.r5
Ilommes 2.99 3.r2 z.z6 z.?6
Incis. canines
- -"l"tr*
T,4 r.'+7
t.o2 ï.o7
Prémolaires
o.46 o.45 o.46 o.41
.46 .46 39
l
I
Fernmes
la
moins forte 1a plus fortela
moins fortela
plus forteBoscnrueNs
la
moins fortela
plrrs forfeIa
moins fortela
plus forter,4 r.415
o.96 o'965
o o
o.
{
t
I.38 r.34
o'94
o.99 43
oî
mâchoire sup.
la
moins forteIa
pius forte2.96 2.85
r.36 r.65 o.9r
o.95 EUGÈNE PITTARD ET MARCELLE BAÏcoYANo
Fenotnes
o.46 o.45
mâchoire inf
La grandeul du groupe incisives-canines comparé à celui des prémolaires est manifestemerit, par rapporL à la capacité cïanienne, plus considérable
à ia
mâchoire supérieurequ'à la
mâchoire inférieure. Les deux séries ethniques nous montrent un même résuitat et celui-ci est identique chez les hommeset
chez les femmes.Une semblable conclusion s'impose pour ce qui concerne la comparaison
du
même groupe incisives-canines aux molaires vraies.La
grandeur de ce groupe est plus considérableà la
mâchoire supérieure.On peut hésiter en examinant le tableau général quant au résultat du troisièrne rapport. Celui-ci paraît presque égal chez les Griquas hommes.
Il
est encore en faveur de ia mâchoire supérieure chez les Boschimans du sexe masculin et, toujours chez les Boschimans,il
est aussi en faveur dela
mâchoire supérieure chez les crânes féminins.Pour des comparaisons sexuelies plus détailiées, nous ne conserverons
par
devers nous que les Boschimans (les crânes Griquas féminins sont pour cette analyse en trop petit nombre).Le
rapport incisives-canines sur prémolaires est, dans chaque groupe de capacité, de valeur plus faible chez 1es crânes féminins. cette conclusion s'impose pour les deux mâchoires. L'écart sexuel en faveur d.es hommes est de o.3o pour la mâchoire supérieure .et de o.eo pour la mâchoire infé- rieure.Le
raoport .incisives-canines sur molaires vraies ne montre pas, entre les sexes, une différenciation aussi nette. Quant au rapport prémo- laires sur molairesil
est presque égal dans les deux sexes pour ce quiconcerne la mâchoire supérieure.
Il
est de valeur plus élevée chez les {emmespour ce
qui
concernela
mâchoire inférieure.'Evidemment, la signification de toutes ces relations serait beaucoup plus intéressante si nous pouvions, comme nous l'avons
dit
ci-dessus, rapporter àun
caractère commun-
qui seraitla
cap.acité cranienne-
towtes,cescomparaisons. Mais
le
nombre des crânes, dans les deux sexes, est trop petit pour tenter de tels parallèles.la
moinsforte
2.r3la
phisforte
2.rgo.42 o.44
MACHOIRE ET DENTS TRITURANTES 2l
Y. Résumé et Concl'wsions
chez les Boschimans, Hottentots
et
Griquas examinés dansle
présent mémoire, le groupe dentaire composé par les incisives et les canines de la mâchoire supérieure occupe une plus grande place, permet une plus grande surface, quele
même groupeà la
mâchoire inférieure.La
différence de longueur entre ces deux groupes est en moyenne de o cm' 6'Le groupe des prémolaires a un diamètre un peu plus petit à la mâchoire supérieure qu'à la mâchoire inférieure; mais
il a,
par contre, un diamètre transverse plus grand; autrementdit
les prémolaires sont moins longues et plus larges à la mâchoire supérieure qu'à la mâchoire inférieure.Dans le groupe des molaires vraies la troisième dent est plus volumineuse à la mâchoire inférieure qu'à la mâchoire supérieure.
Le développement de la mâchoire supérieure est en raison inverse de la grandeur cérébrale.
Il
diminueau fur et à
mesure que croîtla
capacitécranienne et cela aussi bien chez les Boschimans que chez les Hottentots et les Griquas. Ce caractère a même été observé à I'intérieur des petits groupes de Boschimans, dont ia série générale est composée, et
il
existe aussi bien chez les cfânes férninins que chez les crânes masculins. Âvcc toutefois cette différence que les crânés férrtinins sont plus favorisés que lcs crânes masculins.Lorsqu'on examine le rapport de grandeur des trois molaires vraies de la mâchoire supérieure
à la
capacité cranienne, nousle
voyons diminuerde valeur
-
dans les trois groupes ethniques considérés-
au fur et à mesurede Ia capacité cranienne croissante'
Ainsi donc le bloc
triturant
de la mâchoire supérieure diminue de gran- deur au fur et à mesure que croissent:et la
surface même de la nrâchoire supéricure et la capacité cranienne.Le
bloc fourni par les trois molaires dela
mâchoire inférieuresuit
la même loi de décroissance au fur et à mesure que croît la capacité cranienne.Les individus qui ont de grands cerveaux ont donc des mâchoires rela- tivement plus petites, comme
ils
ont aussi des surfaces triturartttls relal"i- vement plus petites que les individusà
cerveaux moins développés. trn outre, chez les individus de ce dernier groupe,la
surfacetriturante
destrois molaires marque, plus nettement qu'ailleurs, une plus grande surface à Ia mâchoire inférieure qu'à la mâchoire supérieure.