FACULTÉ DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 A'0 99.
DE LA VALEUR
DU SIGNE DE BABINSKI
comme moyen
de diagnostic différentiel
entre les
paralysies organiques
etles paralysies fonctionnelles.
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le29 Juillet 1899
PAR
Joseph-Pierre-Marius
FAUCHÉ
Né le 27 mai 1875, au Tourne (Gironde).
aAncien Externe desHôpitauxetde laMaternitéde Bordeaux, oAncien Interne desadsiles d'aliénésdela Gironde.
Examinateurs dela Thèse :
MM. ARNOZAN, professeur, Président, MOUSSOUS, professeur, j AUCHÉ, agrégé,
j
JugesREGIS, chargé de cours, |
Le Candidatrépondra auxquestions qui luiserontfaites sur les diverses parties del'Enseignement médical.
BORDEAUX
Imprimerie J. DURAND, 20, rue Condillac.
1899
FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. de NABIAS Doyen. | M. PITRES.... Doyen
honoraire.
PROFESSEURS :
MM. MIGE AZAM DUPUY....
MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutiquegénérales.
Thérapeutique...
Médecine opératoire..
Cliniqued'accouchements..., Anatomiepathologique Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
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ARNOZAN.
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gique
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LeSecrétaire de laFaculté: LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté a arrêté que les opinions émises dans
les
Thèsesqui lui sontprésentées doivent êtreconsidéréescommepropres
à leurs auteurs, et.
qu'elle n'entend leur donnerniapprobation niimprobation.
A MON
PÈRE.
AMA MÈRE
Témoignagedereconnaissance.
A MES PARENTS
A MES AMIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR PIECHAUD
Professeurdecliniquechirurgicaleinfantile Officier de l'Instructionpublique.
A MON
PRÉSIDENT
DETHÈSE
Monsieur le Docteur ARNOZAN, Professeur de thérapeutique Of/icier de VInstructionpublique.
MONSIEUR LE
DOCTEUR DAVEZAC
Médecin desHôpitaux.
A MONSIEUR LE DOCTEUR NIGOULAU
Médecin enchef del'asiled'aliénés deCadillac.
INTRODUCTION
.11 est, en général, assez facile d'établir le diagnostic diffé¬
rentiel entre une paralysie organique et une paralysie fonctionnelle, la première s'accompagnant d'altérations caractéristiques de l'excitabilité électrique des nerfs, de
contracturestypiques, etc., tandisquel'existence de stigmates
de l'hystérie fait le plus souvent déceler l'origine fonction¬
nelle de la seconde. Il est cependant des cas, surtout au début de ces paralysies, où le diagnostic devient assez malaisé par suite de l'absence deces signes pathognomoniques.
Existe-t-i1, même dans ces derniers cas, un signe qui permette de poser un diagnosticà peu près certain? Babinski prétend avoir trouvé dans le symptôme qu'il appelle « phé¬
nomène des orteils », un élément important (fui lui permette
de différencier les paralysies fonctionnelles de celles dues à des affections du système nerveux central, surtout quand le système pyramidal est atteint.
Voyons ce qu'il entend par « phénomène des orteils ».
« J'ai observé, dit-il, que chez les hémiplégiques, l'excitation
» de la plante du pied du côté paralysé est suivie d'une
» extension des orteils au lieu de la flexion qu'on observe à
» la suite delà même excitation du côté sain; en d'autres
» termes, si on pique la plante du pied sain, on provoque,
» comme cela a lieu d'habitude à l'état normal, une flexion
» de la cuisse sur le bassin, de la jambe sur la cuisse, du
» pied sur la jambe et des orteils sur le métatarse, tandis
» qu'une excitation semblable du côté paralysé donne lieu
» aussi à une flexion de la cuisse sur le bassin, de la jambe
» sur la cuisse et du pied sur la jambe, mais les orteils, au
» lieu de se fléchir, exécutent un mouvement d'extension
» sur le métatarse. »
THÈSE FAUCHÉ 2
« Le phénomène
des orteils, ajoute Babinski, paraît être
)) sous la dépendance d'une
perturbation dans le îonction-
» nement du système
pyramidal, qu'il s'agisse d'une affection
» cérébrale ou d'une affection spinale.
Dans l'hystérie,
on ne» l'observe jamais. »
Nous aurons plusloin à
discuter la valeur de ces assertions;
auparavant :
Dans un chapitre I, en
faisant l'exposé aussi bref que
possible desparalysies organiques, nous insisterons sur la
dégénérescence
du système pyramidal dans ces paralysies.
Dans un chapitre II, nous
ferons
uneétude succincte des
paralysies
fonctionnelles, et
nousmontrerons la difficulté
qu'il y a
parfois de les différencier des précédentes.
Dans un chapitreIII, nous
rechercherons, observations à
l'appui, si le
phénomène des orteils
aréellement l'importance
que lui assigne
Babinski
commemoyen de diagnostic entre
ces deux grandes classes
de paralysies.
Enfin, dans un
dernier paragraphe, nous poserons nos
conclusions.
Mais avant d'aller plus loin, nous sommes
heureux de
pouvoir adresser nos
remercîments les plus sincères aux
maîtres dévoués qui ont
dirigé
nosétudes médicales.
Nousremercionsparticulièrement
M. le professeur Piechaud,
dans le serviceduquel nous avons
passé
uneannée en qualité
d'externe, et dont nous
n'oublirons jamais les leçons instruc¬
tives; ainsique M. ledocteur
Davezac, médecin des hôpitaux,'
dont nous chercherons à mettre à
profit les précieux el
paternels
conseils.
Que M. le docteur
Nicoulau, médecin en chef de l'asile
d'aliénés de Cadillac, veuille bien accepter
le témoignage de
notregratitude pour
les quelques mois que nous avons passé
sous sadirection.
Nous prions M. le
docteur Mongour, médecin des hôpitaux,
qui nous a
inspiré le sujet de notre thèse, et M. Gentes,
interne des hôpitaux, qui nous a
fourni quelques documents,
- ïi -
de vouloir bien agréer l'expression de notre vive reconnais¬
sance.
Qu'il nous soit permis enfin d'adresser à M. le professeur Arnozan, qui a bien voulu accepter la présidence de notre thèse, tous nos remercîments.
CHAPITRE PREMIER
Paralysies Organiques.
Contrairement aux paralysies hystériques dont la cause intime nous est inconnue, les paralysies organiques Sont le
résultat d'une altération réelle, d'une lésion bien définie du système nerveux.
Suivant le siège de leurs lésions, on a divisé ces
paralysies
en trois grandes classes :
1°Les paralysies d'origine cérébrale;
2° Les paralysies d'origine spinale;
3° Les paralysies d'origine périphérique;
Nous ne nous occuperons pas de cette dernière classe de paralysies, car les dégénérescences du faisceau
pyramidal
que nous avons spécialement à étudier et qui se
traduisent
à l'extérieur par certains phénomènes quenous citerons plus loin, s'observent dans les deux premières classes, c'est-à-dire
dans les paralysies d'origine cérébrale et spinale.
Voyons d'abord ce qu'on entend par faisceau
pyramidal.
Le faisceau pyramidal ainsi nommé à cause de
l'importance
qu'il a dans les pyramides antérieures du bulbe, et qu'on pourrait appeler faisceau volontaire, est cette partie du système encéphalo-médullaire qui a pour rôle detransmettrela volonté des régions motrices du cerveau aux
différents
étages de la moelle épinière.Etudions brièvèïilént saconstitution : les fibres nerveuses nées dans les grandes cellules des circonvolutions motrices (frontale ascendante, pariétale ascendante, lobule paracen-
tral) ces libres descendent à travers le centre
ovale,
- 14 -
s'engagent clans la
capsule interne où elles n'occupent
queles deux tiers antérieurs de son segment postérieur;
de là le
faisceau se dirigevers l'étage
inférieur du pédoncule cérébral
dont il occupe la partiemoyenne,
il forme la partie antérieure
du bulbe rachidien, abandonne des libres aux centres
moteurs du bulbe et s'entrecroise au niveau du collet avec l'autre faisceau pyramidal pour passer
du côté opposé de la
moelle épinière. La
décussation des fibres est plus
oumoins
complète, mais la
partie la plus importante du faisceau
pyramidal, celle
qui
asubi la décussation,
occupedans le côté
opposé de la
moelle la partie la plus reculée clu cordon
latéral. Le faisceau volumineuxà la région cervicale,
diminue
en se rapprochant de la région
lombaire. Les fibres
nerveuses qui le composent entrent enrelation directe
auxdifférents
étages delà moelle, avec
les cellules motrices des
cornesanté¬
rieures de la moelle; celles-ci entrent àleur tour en
relation
avec les muscles par les prolongements
qu'elles envoient
dans les nerfs périphériques,
L'autre partie du faisceau
pyramidal,celles dont les fibres
nesont
pasentrecroisées
(faisceaux
pyramidaux de Tûrck)
occupedans la moelle
épinière la
portion interne des cordons latéraux, et
nedes-
cend pas plus bas que
la région lombaire.
En résumé, on voit que c'est par les
fibres du faisceau
pyramidal que lasubstance grise antérieure de la moelle
reçoit de l'encéphale l'ordre de
contractilité qu'elle transmet
ensuite aux muscles par
l'intermédiaire
desnerfs moteurs.
On comprend donc que la
destruction de
cesfaisceaux soit
suivie d'une diminution
(parésie)
oud'une impuissance
(paralysie) du mouvementvolontaire. On comprend aussi
que les lésions irritatives
chroniques de
cescordons (scléroses
descendantes ou scléroses
primitives)
encommuniquant à la
substancegrise antérieure une
excitabilité anormale, devien¬
nent, la cause d'une excitation musculaire anormale, d'un
tonus exagéré dont
l'intensité
oula
permanenceconstituent
la contracture.
— 15 -
En effet, les contractures musculaires passagères ou perma¬
nentes, accompagnées le plus souvent de l'exagération des
réflexes tendineux, de trémulations (trépidation épileptoïde, rotulienne) sont pour ainsi
dire
lacaractéristique
deslésions
irritatives des faisceaux pyramidaux. Si les troubles moteurs
de paralysie et de contracture peuvent
exister
enmême
temps ou se succéder à des degrés
divers,
etsi
onles
trouvesouvent associés, bien qu'ils soient le résultat, la paralysie,
d'une lésion destructive, et la contracture d'une lésion irrita- tive, c'est que ces deux genres de lésions sont réalisés dans
le processus de la sclérose.
Ceci exposé, voyons ce qui se passe dans les paralysies d'origine cérébrale.
Qu'elles soient dues à une hémorragie ou au ramollisse¬
ment cérébraux, ces paralysies succèdent d'une façon géné¬
rale, tantôt à une attaque d'apoplexie, tantôt elles s'établissent
d'emblée sans apoplexie et mettent quelquefois plusieurs
heures à se compléter. Etant donné le trajet du faisceau pyramidal, il est facile de comprendre que la variété de paralysie que nous observerons sera l'hémiplégie, totale ou partielle suivant l'étendue des lésions, variable dans son intensité (pouvant aller depuis la simple parésie
jusqu'à la
perte absoluedes mouvements) ; la face est souventmaisnon toujours atteinte, contrairement à ce qu'on observe dans l'hémiplégie hystérique où la face reste presque toujours
indemne.
La durée de cette hémiplégie est fort variable; après quel¬
ques semaines le mouvement reparaîtdans la jambe, puis
dans le bras ; on voit desgens guérir après deux ou trois attaques ; certains restent flasques, mais cette hémiplégie flasque est très rare. Le plus souvent il s'établit deux à trois
mois après le début de l'hémiplégie une contracture progres¬
sive, permanente, localisée aux membres paralysés, plus ou moins accusée, et due à la sclérose descendante du faisceau pyramidal contenu dans le cordon latéral de la moelle épinière, sclérose consécutive elle-mêmeà une lésiondestruc-
— 16 -
tive de l'expansion cérébrale
du faisceau pyramidal. Cette
contractures'accompagne souvent
d'exagération des réflexes,
detrépidation épileptoïde, etc.;
symptômes
que nous avonscités plus haut comme un
indice d'altération du système
pyramidal dans lesparalysies organiques
;elle peut guérir,
mais cela estrare, car elle persiste leplussouvent,
diminuée,
il est vrai, mais elle n'en persiste pas
moins.
L'hémianesthésie que l'on observe souvent
dans les
para¬lysies hystériques est un
symptôme
assez rarede l'hémi¬
plégie que nous
étudions
;mais
onle constate quelquefois.
Il en est de même des troubles trophiques qui sont rares dans les paralysies
hystériques.
Nous venons d'exposer le tableau
général des paralysies
d'origine cérébrale; nous
allons maintenant donner
une rapide vued'ensemble sur lesparalysies d'origine spinale.
Les paralysies d'origine
spinale
sontdues
à unealtération
delà moelle épinière elle-même; (pie cette
altération soit le
résultat d'une lésion trâumatique ou d'une
compression
(mal de Pott), ou qu'elle résulte d'une processusde sclérose
primitive soit systématique(sclérose latérale amyotropbique),
soit diffuse ef interstitielle (sclérose en
plaques),
ouenfin
qu'elle soitconsécutive
à unelésion aiguë de la moelle
(myélites
aiguës),
ou à unelésion chronique (myélites chro¬
niques).
Suivant le siège deces lésions
spinales,
onobservera tantôt
une paralysie des quatre
membres (région cervicale) tantôt
cl le plus souvent une
paraplégie (région dorso-lombaire).
Quelquefois on n'observera
qu'une hémiplégie spinale,
comme cela s'est vu dans certaines lésions traumaliques qui
n'intéressaient qu'une moitié de la
moelle.
Le début de ces paralysies est variable ;
tantôt la perte des
mouvements survient brusquement; tantôt elle est
précédée
de douleurs, de fourmillements et de crampes dans
les
mem¬bres qui vont être atteints ; dans ce
dernier
cas, onvoit les
membres inférieurs (nous prenons les
paraplégies
pour exemple) s'affaiblir peu à peu pour enarriver dans certains
cas à la paralysie complète.
Ces
paraplégies peuvent rester flasques, ou être accompa¬
gnées de
contractures
; on aalors afïaire à ce qu'on appelle
les
paraplégies spasmodiques, ainsi nommées à cause de la
présence
de
cescontractures accompagnées d'exagération des
réflexes tendineux, de
trépidation épileptoïde, etc. ; tous
symptômes
indiquant l'altération des faisceaux pyramidaux
et qui
finissent à disparaître plus tard avec les progrès des
lésions médullaires, ■
Il n'est pas rare
dans
cesparalysies d'observer au bout
d'un certain tempsdes
troubles des sphincters (anal, urétliral)
quand
l'altération atteint le rendement génito-criirai dans la
région
lombaire;
quecette altération siège pi'iniitivénïént
dans cette partie de
la moelle
ouqu'elle l'ait atteint par un
processus de
dégénérescence descendante.
Les troubles trophiques et
vaso-moteurs s'observent assez
souvent dans ces paralysies, nous verrons
dans le chapitre
suivant qu'il en est pas
ainsi dans les paralysies hystériques.
Tels sont, rapidement
décrits, les principaux caractères
des paralysies
organiques
; nousavons vu le rôle important
qu'y jouait
le système pyramidal et les phénomènes^ par
lesquels il
traduisait
audehors son altération, nous allons
maintenant faire l'étude aussi brève que
possible des para¬
lysies
fonctionnelles et voir s'il n'existe pas des cas où ces
deux grandes classes
de paralysies peuvent, à un certain
moment de leur évolution, présenter
quelques difficultés à
être différenciées.
CHAPITRE II
Paralysies fonctionnelles.
Les paralysies fonctionnelles sont caractérisées, comme le motl'indique, parla perte plus ou moins complète desmouve¬
ments due à un trouble purement dynamique, contrairement
aux paralysies organiques dont la caractéristique est l'exis¬
tenced'uneperturbation plus ou moins importantedans l'état statique ou anatomique du systèmenerveux.L'hystérie,étant, de toutes les grandes névroses, celle dans laquelle on a le plus souvent observé des troubles de la motilité, (les paraly¬
sies hystériques ont été notées 139 fois sur 430 malades par
Briquet) c'est la paralysie hystérique que nous choisirons pour type de notre description.
Dans quelques cas, les paralysies hystériques succèdent à
une attaque; d'autres fois elles peuventapparaître en dehors
de tout phénomène convulsif; le plus souvent un trauma¬
tisme, mêmeléger, uneémotion, une frayeuren sont la cause déterminante.
Leur début est, en général, lent et graduel, précédé de fourmillements et d'engourdissement ; parfois, mais plus rarement, elles ont un débutbrusque,accompagnéde pertede connaissance, simulant, às'y méprendre, une attaque d'apo¬
plexie.
Tbus les muscles peuvent être atteints, suivant les circons¬
tances; et il en est peu donton n'ait eu l'occasion de signaler
la paralysie dans quelques observations; les viscères eux- mêmes ne sont pas à l'abri de ces paralysies; la vessie, l'in¬
testin, l'œsophage, le pharynx peuvent être frappés.
— 19 —
La marche de ces paralysies est
essentiellement variable;
elles s'accompagnent souvent
d'anesthésie
oude contracture;
elles sonl des plus mobiles, se
déplaçant facilement
sousl'influence de l'auto-suggestion, ou
des aimants (transfert):
tantôt elles apparaissent et
disparaissent très facilement,
tantôt elles obligent les
malades
àgarder le lit pendant des
mois et quelquefois plus
d'un
an,semblant vouloir durer
indéfiniment. De plus la suggestion peut
faire
ungrand rôle
dans leur production.
Elles peuvent affecter
plusieurs formes: tantôt la forme
hémiplégique ou
paraplégique; tantôt, mais plus rarement,
la forme monoplégique.
L'hémiplégie
hystérique, qui, dans certains
cas,et très diffi¬
cilement différenciée de l'hémiplégie organique, se
distingue
en général parles
particularités suivantes
:1° La face est le plus souvent respectée
dans l'hémiplégie
hystérique; mais laparalysie faciale est simulée
par un spasme glosso-labié du côtéopposé (Charcot). Lombroso, Ballet,
Pitres, Bâbinski, ont
toutefois montré qu'il pouvait exister
dans l'hystérie une
véritable paralysie faciale, siégeant
uniquement, comme
celle de
causeorganique centrale,
surle
facialinférieur, respectant les
muscles du front et l'orbiculaire
des paupières.
2° Aux membres, la contracture est précoce,
apparaît dès
le début de la paralysie; — ou
bien elle n'existe
pas :la
para¬lysie reste flasque. Il en est tout
autrement de la paralysie
organique qui flasque au
début, s'accompagne
aubout de
quelquessemaines de contracture
du membre supérieur et du
membre inférieur; ce dernier se raidit dans
l'extension
etle
malade ne peut marcher qu'en
fauchant.
3" L'hémiplégie
hystérique s'accompagne ordinairement
d'hémianesthésieou d'hémihypoesthésie qui se
limite absolu¬
ment à la ligne
médiane du
corps.4° Les troubles trophiques portant sur
les muscles
oula
peau sont très rares.
Quant à la
paraplégie hystérique, elle s'accompagne d'une
— 20 —
contracture ou fugace, ou très précoce; dans ce dernier cas, tes maladesne peuventdétacher les pieds du sol ; elless'avan¬
cent en frottant les genoux l'un.contre l'autre. Contrairement à ce qu'on observe dans la plupart des cas de paraplégie par lésion organique de la moelle, les réflexes sont normaux ; il
ne se produit pas d'eschare sacrée, et les troubles rectauxou vésicaux sont très rares. L'anestliésie occupe les deux mem¬
bres inférieurs et se limite nettement à leur racine.
Après cet exposé sommairedes signes propres aux para¬
lysies fonctionnelles et aux paralysies organiques, il semble qu'il soit toujours facile d'établir un diagnostic ferme entre elles deux. Il n'en est pas toujours ainsi. Ne s'aecorde-t-on pas
en effet à dire qu'il est parfois difficile de distinguer à la première période l'hémiplégie organiquedont les réflexessont
encore généralement normaux de l'hémiplégie hystérique-
surtout quand les principaux stigmatesde la névrose, cette grande simulatricedes maladies, sonttrès difficiles à déceler
ou font même défaut. Aussi conçoit-on, dans ce dernier cas, l'utilité d'un signequi puisse nous renseigner sur l'intégrité
du faisceau pyramidal, attendu que la paralysie hystérique,
résultant vraisemblablement, d'après Lépine, du défaut de
contact des prolongements dendritiques des neurones céré¬
braux, ne s'accompagne d'aucune lésion anatomique de ce faisceau ou d'une autre partie du système nerveux, contraire¬
ment à ce qui a lieu dans les paralysies organiques d'origine
cérébrale ou spinale.
Si donc, comme leprétend Babinski, il fautqu'il existe une
perturbation du système pyramidal pour que le [phénomène
des orteils puissese produire, nous ne devrons pas enobserver
l'existence dans les paralysies hystériques pas plus que chez
les individus normaux, et le seul fait de l'observer chez un
sujet paralysé des membres inférieurs devra faire songer à
une perturbation pyramidaleet parsuite à uneparalysie orga¬
nique. C'est ce que nous allons discuter dans le chapitre
suivant.
CHAPITRE III
Etude de la valeur du signe de
Babinski.
C'est en février1896, dans unenote à la Société de
Biologie,
que Babinski fit connaître pour
la première fois le phéno¬
mène des orteils et indiqua la valeur
séméiologique qu'il
pouvait avoir dans certains cas.Nous
avonsexposé plus haut
la descriptionque
Babinski fait de
cephénomène qui consiste,
avons-nous vu, en une perturbation dans le
réflexe cutané
plantaire.« Il m'a été donné, dit-il, dans cette note, d'observer ce
» trouble dans des cas d'hémiplégie récenteremontant à
quel-
» ques jours seulement,
ainsi
quedans des
casd'hémiplégie
» spasmodique de plusieurs
mois de durée; je l'ai constaté
» chez des malades qui étaient incapables de
mouvoir volon-
» tairément les orteils comme aussi chez des sujets qui pou-
» vaient encore faire exécuter aux orteils des mouvements
» volontaires. J'ai aussi observé, dans plusieurs cas de para-
» plégie curale due à une
lésion organique de la moelle,
une» extension des orteils à la suite de la piqûre de la
plante,
» maiscomme en pareil cas il n'y a paschez
le malade même
» de point de comparaison, la réalité
d'un trouble est moins
» manifeste. »
En résumé, conclut-il, « le mouvement
réflexe consécutif à
» la piqûre de la plante du
pied
peutsubir, dans les
para-» lysies crurales reconnaissantpourcause une
affection
orga-» niquedu système nerveux
central
, nonseulement,
comme)) on le sait, une modification dans son intensité,
mais aussi
» une perturbai iondans sa forme. »
— 22 -
Comme on le voit, dès 4896, Babinski, signalait le phéno-
mène des orteils comme pouvant être un signe des paralysies
crurales d'origine organique centrale.
En septembre 1897, au Congrès de neurologie tenu à
Bruxelles. Babinski précisedavantage.
« Dans certaines affections de la moelle ou du cerveau,
» dit-il, le mouvement normal de flexion est remplacé par
» unmouvementd'extension soit des cinq orteils, soit du pre-
» mier seul. On l'observe dans les myélites tranverses et le mal
» de Pott; c'est surtout dans la paraplégie spasmodique qu'il
» est bien net. Si la paralysie est unilatérale, c'est du côté
)) malade que se produit l'extension;de l'autre côté, le réflexe
» reste normal. Dans l'hémiplégie par ramollissement ou
)) hémorragie, on peut l'observer quinze à vingt heures
» après l'accident et il est mêmeplus net que plus tard. C'est
» un élément de diagnostic important dans les affections du
» système nerveux central surtout quand le système pvra-
» midal est atteint. On nel'observejamais dans
l'hystérie.
» Par ce qu'on vient de lire, il est facile de se rendre compteque Babinski considère le phénomène des orteils comme un
signe qui permette d'éliminer d'emblée les paralysies hysté¬
riques, quand il se produit, puisque, selon lui, on ne le
constate jamais dans l'hystérie.
Dans une de ses cliniques de juillet 1898, à l'hôpital de la Pitié, Babinski s'étend longuement sur la valeur sméiolo- gique du signe des orteils. Après en avoir donné une longue définition, il fait connaître la technique qu'on doit suivre
pour le bien observer.
« Il importe, dit-il, que les muscles du pied et de la jambe
» ne soient pas en état de contraction, et pour obtenir ce
» résultat il est bon de ne pas prévenir le sujet de l'expé-
» riencequ'on se propose de pratiquer et de lui faire fermer
» les yeux. La jambe doit être légèrement fléchie sur la
)> cuisse, et le pied reposera sur le lit par son bord externe
» ou bien sera privé de tout appui, la jambe étant relevée et
» soutenue par l'expérimentateur. Le membre inférieur étant
» placé dans cette
attitude,
onattendra
pourprocéder à
» l'excitation que les muscles
paraissent bien relâchés.
a II n'est pas indifférent
d'exciter légèrement
ouénergi-
» quement, de chatouiller
simplement
oude piquer la plante
» du pied. Ce dernier mode
d'excitation est nécessaire chez
» certains sujets pour faire apparaître un
mouvement réflexe
» des orteils; mais, par contre, il donne
lieu chez d'autres
» individus à des mouvements si vifs des divers segments
» des membres inférieurs, qu'il est difficile
de les analyser;
» en pareille conjoncture, le sens
du mouvement des orteils
)> peut être impossible à déterminer, et,
lorsqu'on le perçoit,
» il est encore permis de se
demander s'il s'agit bien d'un
» mouvement réflexe ou d'un mouvement volontaire, ques-
» lion importante à
résoudre,
caril
està peine besoin de
» faire remarquer que si, à
l'état normal, le réflexe cutané
» plantaire ne se manifeste
jamais
par uneextension des
» orteils, ce mouvement pourrait être
exécuté consécutive-
» ment à la piqûre de la plante
du pied
par unacte de la
» volonté; il faut, dans descas dece genre,
renouveler l'exci-
» tationen lapratiquant
superficiellement.
« Il y aencore une cause d'erreur
d'observation à signaler.
)) Les orteils suivent nécessairement le pied dans le mouve-
» ment de flexion qu'il exécute sur la
jambe à la suite de
» l'excitation de la plante; si donc le mouvement
de flexion
» sur le métatarse fait défaut, ainsi que cela a lieu
parfois,
» les orteils, entraînés passivement vers
la partie antérieure
» de la jambe, peuvent donner à un
observateur inattentif
» l'illusionqu'ils exécutent un mouvement
d'extension
surle
» métatarse. Pour éviter cette cause d'erreur, il faut avoir
» soin d'examiner la région de
l'articulation métalarso-
» phalangienne du gros
orteil, afin de voir comment
se» comportent la phalange et le métatarse
l'une
parrapport à
» l'autre. »
Nous ferons remarquer en passant que
l'exécution de cette
technique réclame de la part de
l'observateur
unedélicatesse
parfois extrême pour juger du degré
d'excitation qui convient
'le mieux à tel on tel sujet selon son
excitabilité plus
oumoins prononcée.
Dans cette même clinique, Babinski passe
rapidement et
méthodiquement en revueles affections dans lesquelles
on peut observerle phénomène des orteils.
C'est d'aborddans l'hémiplégie
organique quelle qu'en soil
la cause
(hémorragie, ramollissement
ounéoplasme)
; que l'hémiplégie soil de dateancienne
aveccontracture et exagé-
ralion des réflexes tendineux, ou qu'elle soit récente,
flasque
avec les réflexes tendineuxnormaux, affaiblis ou abolis ; c'est même dans ce dernier cas que l'extension des
orteils
serait selon lui, plus marquée. Il
prétend aussi l'avoir
observé deux t'ois dans des hémiplégies anciennes flasques
avec abolition des réflexes rotuliens.
Il l'aurait également
constaté dans quelques
casde méningo-ençëphalite diffuse,
avecparésie des membres infé¬
rieurs et exagération des
réflexes tendineux
;dans
un cas d'épilepsiepartielle, immédiatement après la crise
;dans
uncas de méningite
cérébro-spinale
aveccontracture des
membres inférieurs, exagération des réflexes
tendineux et
trépidationépileptoïde du pied.
C'est surtout dans les paralysies
spinales spasmodiques,
quelle qu'ensoit la
cause(lésion traumalique, compression
de la moelle par mal de Pott,
méningomyélite, myélite trans¬
verse, sclérose en plaques,
syringomyélie, sclérose latérale amyotrophique), qu'on observe, suivant lui, le phénomène
des orteils plus prononcé encore que
dans l'hémiplégie d'ori¬
gine cérébrale.
Ill'a constaté également dans
quelques paraplégies flasques
avec affaiblissement ou abolition des réflexes
tendineux
; ainsi que dans plusieurscasde maladie de Friedreich.
Par contre ildit ne l'avoir jamais observé dans
les
para¬lysies hystériques à
l'orme hémiplégique
ouà forme paraplé¬
gique, qu'elles
fussent flasques
ouaccompagnées de contrac¬
ture.
Aussi à la fin de cette leçon, Babinski
déclare-t-il
quedans
tous les cas où il a observé le phénomène des orteils, il l'a
considérécommeétanten relationavec uneperturbation dans
le fonctionnement du systèmepyramidal,relation soit incontes¬
tablement établie par l'ensemble clinique ou par un examen
nécroscopique ultérieur, soit très probable, soittout aumoins possible, et il affirme qu'il n'a pas observé une seule fois ce
signe chez un sujet où le système pyramidal fût sûrement en état d'intégrité.
Ce sont ces considérations, basées sur des observationsque
nous reproduirons un peu plus loin, qui l'ont amené à conclure que le phénomène des orteils peut, en permettant d'écarter l'hypothèsed'hystérie, faire déceler la natureorga¬
nique d'une hémiplégie récente, cette dernière ressemblant singulièrement à cettepremière période, à l'hémiplégiehysté¬
rique, par suite de l'état des réflexes tendineuxqui sont alors
normaux ou affaiblis et qui ne fournissent par conséquent
aucun indice sur l'état du système pyramidal.
Avant de passer aux observations nous nous permettrons de faire une remarque personnelle : on ne s'explique pas à priori pourquoi le phénomène de flexion qu'on observe à l'état normal serait remplacé par un phénomène d'extension quand il existe une perturbation du système pyramidal ; on
s'expliquerait mieux une modification dans l'intensité qu'on
ne conçoit ce changement dans la forme du réflexe, cette substitutionde l'extension à la flexion.
Nous allons maintenant citer des observations sur lesquelles
nous nous baserons pour établir nos conclusions.
thèse fauché
Observation I.
(Babinski.)
Femme atteinte
d'hémiplégie organique gauche due à une
lésion del'hémisphère
cérébral droit, remontant à trois ans; la
paralysieoccupe
le membre inférieur, le membre supérieur et la
face,elle estplus
prononcée
aumembre supérieur qu'au membre
inférieur; toutefois les
mouvements volitionnels des orteils sont
presque
complètement abolis; c'est à la face que la paralysie est
le moins accentuée; la
malade marche
enfauchant, les membres
sontcontracturés et les réflexes
tendineux sont très exagérés.
I)u côté droit,le chatouillement
de la plante du pied donne lieu
à une flexion des orteils; du
côté gauche, il détermine une
extensionqui est plus
forte dans les deux premiers que dans les
troisderniersorteils.
Observation II.
(Babinski.)
Femme présentant une
hémiplégie gauche de deux ans de
durée, dont les
caractères sont semblables à ceux que nous
avonsrelevé chezlamalade
précédente, sauf que les mouvements
volitionnels des orteils sont assez
étendus, et qui est aussi incon¬
testablement de nature
organique. On constate ici un mouve¬
ment réflexe normal du côté
droit et
uneextension des orteils à
lasuite de l'excitation de la
plante du pied gauche.
Observation III.
(Babinski.)
Femme frappée il y a un an
d'une hémiplégie droite, et un
mois après d'une
hémiplégie gauche. Là encore il existe des
caractèresobjectifs, tels que
l'exagération notable des réflexes
tendineux, la trépidation
épileptoïde, etc., etc., qui permettent
d'affirmer qu'il s'agit
d'une lésion organique. L'extension des
orteils peut être
provoquée des deux côtés, mais elle est plus
prononcéeà
droite, où la paralysie est plus marquée.
- n —
Observation IV.
(Babinski.)
Femme atteinte d'une paraplégie spasmodique avec exagéra¬
tion notable des réflexes tendineux et trépidation épileptoïde du pied, quiparaît due à une plaque de sclérose occupantla région dorso-lombaire de la moelle. Le phénomène des orteils est ici
encore plus accentuéque chez les malades des observations pré¬
cédentes. L'extension esttrès forteaux cinq orteils.
Observation V.
(Babinski).
Homme atteint de mal de Pott avec gibbosité occupant la partie moyenne de la région dorsale. Il est entré dans le service il y a un an, età cette époque il présentait, outre quelquestrou¬
bles vésicaux et rectaux, une paraplégie spasmodique avec exa¬
gération des réflexes tendineux et épilepsie spinale qui l'immo¬
bilisait au lit et le mettait dans l'impossibilité absolue desetenir
debout; l'excitation de la plante du pied provoquait alors, d'une façon constante, l'extension des orteils. Depuis, les troubles se sont progressivement atténués, et actuellement cet homme est en état de se tenir debout et de faire quelques pas; toutefois, l'exagération des réflexes tendineux etla trépidationréflexe per¬
sistent. L'excitation de la plante du pied détermine maintenant d'abord de la flexion des orteils, mais, si cette excitation est
répétée plusieurs fois de suite, les orteils, à un moment donné,
s'étendent au lieu de se fléchir.
Observation VI.
(Babinski.)
Homme atteint d'hémiparaplégie spinale avec anesthésie croisée, consécutive à une blessure de la moelle par arme à feu.
Du côté gauche, quiest le siège d'une paralysie spasmodique, la piqûre de la plante du pied donne lieu à une extension des orteils. Du côté droit, où il existe aussi, mais à un degrébien
moins élevé, destroubles de la motilité, l'excitation de la plante
du pied détermine une extension très légère dugros orteil.
— 28 —
Observation YII.
(Barinski.)
Femme de vingt-six ans,
atteinte de tabès et de méningo-
encéplialite diffuse,
le tabès étant caractérisé par de l'atrophie
papillaire du
côté droit, le signe de Kobertson, des douleurs ful¬
gurantes, l'absence
des réflexes des tendons du triceps brachial,
et laméningo-encéphalite
diffuse
semanifestant par des troubles
psychiques, du
tremblement des lèvres et de la langue, de l'em¬
barras de la parole.
L'extension des orteils est ici des plus
nettes.
Observation VIII (Personnelle.)
Léopold R...,
soixante-deux
ans,restaurateur, atteint depuis le
mois dejuin 1896
d'hémiplégie gauche. On ne relève dans ses
antécédentspersonnels aucune
maladie
grave;pasde syphilis; il
n'ajamais
présenté de trouble du côté du système nerveux; il nie
tout excès alcoolique.
Dansla nuit du 11juin 1896, il fut
frappé subitement d'hémi¬
plégie gauche
présentant les caractères suivants : paralysie
complète du bras
gauche, parésie du membre inférieur gauche,
paralysie de laface.
Il resta deux mois sans pouvoir marcher.
Peu à peu,le membre
supérieur et le membre inférieur gauches
furent envahis par une contracture assez
prononcée, qu'on
observe encore actuellement,
accompagnée de l'exagération des
réflexes tendineux et d'une légère
trépidation épileptoïde de la
jambe gauche;
le malade
nemarche que très difficilement. Son
hémiplégieparaît bien être
de nature organique, vu les caractères
de son évolution et l'absence de fout stigmate
hystérique.
L'excitation de la plantedu
pied gauche
provoque uneexten¬
sion tiès nette du gros orteil; les autres
orteils restent abso¬
lumentimmobiles. La même excitation
pratiquée
sousla plante
du pied droitproduit une
flexion très nette des cinq orteils.
Observation IX (Personnelle.)
Salle 12, lit 20. Paul G..., soixante-treize ans, atteint
depuis
octobre 1897 d'hémiplégie droite. Rien de particulier à signaler
dans ses antécédents personnels, si ce n'est des habitudes alcooliques; pas desyphilis.
Au moisd'octobre 1897, en se levant, il se sentitpris dans tout
le côté droit d'une faiblesse extrême qui alla en s'accentuant
pour aboutir, dans la journée, à une paralysie complète
du
membre supérieur et du membre inférieur droits; la face ne
fut
pas épargnée. Au bout de quelques
semaines, la contracture
envahitprogressivement les membres
paralysés. Actuellement,
cette contracture persiste, accompagnée de l'exagération
du
réflexerotulien, etdetrépidationépileptoïdede lajambedroite. Le malade, depuis le début de son affection, est incapable de mar¬
cher. Pas de traces destigmates hystériques.
Cette hémiplégie paraît donc de nature organique pour les
mêmesraisons que nous avons indiquées dans l'observation pré¬
cédente.
L'excitationde la plante du pied droit provoque l'extension
despremier, deuxièmeet troisième orteil; laflexion du quatrième
et du cinquième.
La même excitation de la plante du pied gauche provoque la
flexion des cinq orteils.
Observation X (Personnelle.)
Salle 13, lit 26. D.P..., quarante-huitans,atteinted'hémiplégie droite, datant du 7 avril dernier.
Rien de particulier à signaler dans les antécédents de cette malade; elle n'ajamais eude crises nerveuses.
Dans la matinée du 7 avril dernier, elle ressentit dans le membre supérieur et dans le membre inférieur droits une fai¬
blesse qui ne fitque s'accroîtrepour enarriver, dès le lendemain,