FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1902-1903 No 42
ÉTUDE
SUR LA
PARALYSIE FACIALE CONGENITALE
Compliquée de Paralysies oculaires
o©<><><i>bo
- '' T'* \
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée et soutèiiue'publiquement le'.
12 Décembre 1902
'
: ' . l'Ai:_ '
: Î t
Léopold-Silvère-Toussaint-Louis FRANCESCHETTI
Né à Toulon (Var), le 28 septembre
1878
Élève du Service de Santé de laMarine
!MM. MOUSSOUS professeur...
LAGRANGECAUANNES agregeagrégéprofesseur j. Juges.be Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur
les
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPH1M1SRIE
DU MIDI — PAULCASSIGNOL
91 — RUK PORTE-DIJKAUX — 91 1 902
faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire,
a»
MM. MIGÉ
DUPE Y
)
> Professeurs honoraires.MOUSSOUS
\
Clinique interne
MM.
\ PICOT.
I PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Aualomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie VIAIJLT.
Physiologie ... JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecine légale MORACIIE.
Physique biologique et
électricité médicale BERGONIE.
\ii Ei 00 ti 0'] & BiX
SECTION DU MÉDECINE(PatholofJ
MM. CASSAET. |
SABRAZÈS.
HOBBS. i
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicaledes
maladies desenfants Chimiebiologique...
Physiquepharmaceu¬
tique
Pathologie exotique.
MM.
RLAREZ.
GIJILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS
FERRÉ.
BADAL.
PIECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS DENIGÈS.
SIGALAS.
LE DANTEC.
ie interne et Médecinelégale.) MM. MONGOUR.
CABANNES.
SECTIONDE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
'mm.denucé.
Pathologieexlerne< BRAQUEHAYE CHAVANNAZ.
BÉGOUIN.
Accouchements )\MM
FIEUX.
ANDERODIAS.
SECTION DESSCIENCES ANATOMIQUES ETEHYSIOI.OGIQUES
4|1 . • JMM. GENTES. I Physiologie
MM. PACHON.
Anatomie ..a rT- , . 11
I CAYALIE. HistoirenatureLe BEILUE.
SECTION DES SCIENCESPHYSIQUES y
Chimie MM. BENECH. | Pharmacie
M. DUPOUY.
ciouns i:ma»sla<:sibî^ta i at10$ :
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques MM.
DUBREU1UH.
Clinique des maladies des voies urinaires
POLSML
■Maladies du larynx, desoreillesetdunez
MOURE.
Maladies mentales REGIS.
Pathologie interne
RONDOl.
e: : : : : : : : : : : : : : : :
KW*
PRINCETEAUembryologie 1fÉr,Awrif
Ophtalmologie
rtp?FS
HydrologieetMinéralogie LAttErj .
LeSecrétaire de la Faculté: LEMAIRE.
ThèsL^nunui'som T'"1, i879, Ia Faculté a arrêté que les opinions émises dans 1
qu'elle n'entendtmue nentend leurtour ^donner
lteos
n,doivent
approbation nietre considérées
improbation.comme propres à leurs auteurs,
A MONSIEUR LE DOCTEUR
GIRARD
MÉDECIN PRINCIPAL DE LA MARINE
SOUS-DIRECTEUR DE LECOLE DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR TALA1RACH
DIRECTEUR DU SERVICE DE SANTÉ DE LA MARINE DIRECTEUR DE L'ÉCOLE PRINCIPALE DU SERVICE DE SANTÉ
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE COMMANDEUR DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MES CAMARADES DE
LA MARINE
ET DES COLONIES
A MONSIEUR LE DOCTEUR CABANNES
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
OCULISTE DES HOPITAUX
Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
ANDRÉ MOUSSOUS
PROFESSEUR DE CLINIQUE INFANTILE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
MÉDECIN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AYANT-PROPOS
Avant de commencerle
sujet de notre thèse
noustenons à
rendre un
hommage respectueux à tous
nosmaîtres de la
Faculté et des
Hôpitaux.
M.
Cabannes, professeur agrégé,
nous adonné le sujet de
cetravail, il
a été pour nous unmaître dévoué et
unami, il
nous a aidé de ses conseils éclairés, nous
l'assurons de notre profonde gratitude.
M. le Prof. Moussous nous a fait le
grand honneur d'accepter la présidence de notre thèse,
nousle remercions
sincèrement.
INTRODUCTION
Nous étudions ici la
paralysie faciale congénitale vraie,
c'est-à-dire celle
qui
seprésente chez
unmalade dont
la nais¬sance a été normale. Nous laisserons donc
complètement de
côté la
paralysie produite
par uneapplication de forceps
au moment del'accouchement,
elle est très connue et d'habi¬tude
disparaît
enquelques jours. Mais
on aremarqué
quela paralysie faciale congénitale s'accompagnait souvent de trou¬
bles de la motilité des yeux,
c'est
ce que nousenvisagerons
surtout. M. Cabannes a fait une étude intéressante de cette
question
en1900. Notre
modeste travail n'apourbut
quede
confirmerla
description des formes cliniques qu'il
asi bien
faite en nous basant sur un certain nombre d'observations nouvelles. Nous avons été
obligé quelquefois de relater des
cas dans
lesquels
aucuneparalysie des nerfs de l'œil n'était
mentionnée, ils
avaient uneimportance
pourl'étude de la
question. Nous
avons fait de nombreuses recherchesdansjles
différentes littératures
médicales,
nous avons purecueillir quelques nouvelles observations
c'est vrai : maisbien
peude renseignements
nous ont étéfournis
pourétablir l'étiologie
et la
pathogénie de la paralysie faciale congénitale.
v
CHAPITRE
PREMIER
CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES
L'histoire de la
paralysie faciale congénitale est de date
assez récente. Barthez et Rilliet,
Bouchut n'en parlent
pas dans leurs ouvrages.En 1881,
Harlan publie la première observation dans les
Transactions
of the Americ ophtalmology Society, il s'agis¬
sait d'un
jeune homme de dix-huit
ans,atteint depuis sa nais¬
sance d'une
paralysie des muscles de la face et des deux
droits externes des yeux.
Chisolm
(1882) rapporte le
casd'une femme de trente-cinq
ans,
présentant
uneparalysie faciale et une paralysie des
mouvements de latéralité. La même année
paraît l'observa¬
tion de Graefe concernant un homme
de vingt
ans ; au moment où ilnaquit
onconstata
uneparalysie faciale gauche
accompagnée d'une paralysie des droits externes, depuis
sonétat n'avait pas
changé.
Armaignac,
en188d, relate le
casd'une enfant de deux ans pi
avait uneparalysie faciale gauche et une paralysie com¬
plète
du muscle droitsupérieur du même côté. On s'était
perçude cet état au moment de sa
naissance.
Roulland
(1887), dans
untravail
surles paralysies des nou¬
veau-nés, fait mention de cette
forme, mais il dit
queles documents
sontpeunombreux à cet égard
;aussi dans West
etdans les ouvrages
allemands de Baginsky, Vogel, Runge,
Gerhardt,
comme dans Erb, on netrouve rien
surcet état
morbide. Hénocli seulement fait mention
de cette forme de
— 14 —
paralysie et dit
: «La paralysie faciale congénitale qui n'est
pas
produite
parl'application de forceps est
rare. Jene l'aivuequ'une fois
chez un garçonde dix
ans venu au monde sans secours instrumental etqui présentait depuis
sa naissanceune
paralysie du facial gauche. Toutes
les branches du nerf étaientparalysées
sansqu'il
yait j amais
eumaladiede l'oreille.L'emploi du
courantgalvanique était
resté sans effet, On trouve dans la littératureçà
etlà des
observationsanalogues,
mais
jusqu'aujourd'hui la pathogénie de
cette forme deparalysie n'est guère éclairée...
»Mœbius,
en1888,
attire l'attention sur un groupede
cas intéressants danslesquels il
yavait
undéfaut
dans les mou¬vements des yeux
combiné
à uneparalysie des muscles de la
face. Avec eux,
il
associait certains casqui
sedéveloppent
chez les
jeunes
enfants et il lesappelait
«atrophie nucléaire
•infantile». Dans tous lescas de Mœbius les muscles des yeux étaient atteints. Il
pensait bien
quele facial pouvait être seul atteint,
mais il neput
enrapporter
aucun cas.Puis paraît la
seconde observation de Ghisolm.
Toujours dans la même année, Stéphan fait
une étude sur laparalysie faciale des
nou¬veau-nés et il
rapporte
un casqu'il considère
commecongé¬
nital.
Recken
(1889) communique
uneobservation d'ophtalmo- plégie congénitale
où il yavait coexistence de paralysie
faciale.
En
1890,
Bernhardtrapporte
un cas trèsintéressant d'un
enfant de
cinq mois dont l'autopsie démontra l'existence d'un
ramollissement de forme ronde surla
moitiégauche du
noyau dupont. Les
noyauxbulbaires
étaient absolument intacts.Puis viennent une série d'observations
publiées
parFrayer (1892), Bacli (1893), Hanke (1894), Gazepv (1894). Bernhardt
et Schultz à la même
époque montrent des
casde paralysie
unilatérale.
Kunn
(de Vienne),
en1895, dans
unemonographie examine
les
paralysies congénitales des
mouvementsdes
yeux,il a
extrait et
exposé tous les
casqu'il
a putrouver dans 1 histoire
dela médecine.
Il
aréuni ainsi 73
cas ;dans 11 le facial était
atteint. Il faitune
distinction bien nette entre les
cascongé¬
nitaux etceux
qui
sedéveloppent après la naissance. Les pre¬
miers sont dus,
d'après lui, à
un «arrêt de développement
clans lavoie motrice ».
En1897,
Schmidt rapporte
un casd'absence du grand pec¬
toral associée à une
paralysie du facial et du moteur oculaire
commun.
Minor
(1897) présente à la Société de neuropathologie de
Moscouun homme de
vingt-six
ans,atteint d'une paralysie congénitale de la face
:l'auteur
penseà
unehémorragie du
noyau
du facial subordonnée à l'état d'asphyxie clans lequel
est né le malade.
Thomas,
en1898,
montredeux
casqui présentent
assez d'intérêtparce que cesont deux frères.
Procopovici,danslesMrc/^es ofophtalmology, fait paraître
en 1900 une étude sur cette
question, il
expose un cas observéà laclinique de Fuclis. Suivant l'observation clinique
et des
expériences pratiquées
surdes animaux, la lésion est
une
atrophie nucléaire. La
mêmeannée, M. le Prof, agrégé
Gahannes dans un intéressant travail réunitles observations parues
jusqu'à
cejour, il
endégage les formes cliniques qui
seront le
point de départ des articles de MM. Marfan et
Delille et
Comby,
parus en1901, dans lesquels sont exposés
plusieurs
cas de cette affection.Enfin,
l'annéedernière, Bernhardt cite deux
nouveaux cas;etM.
Lagrange, dans 1
eBulletin médical, publie
un casde paralysie
facialecongénitale compliquée d'une paralysie des
droits externes. Les faciaux
supérieurs seuls sont pris (fait pathologique bon
àretenir,
caril confirme absolument la
théorie de M. Duval au
sujet de l'origine du facial supérieur
dont les fibres seraient fournies par
le moteur oculaire
externe).
CHAPITRE II
ÉTIOLOGIE
Les observations de
paralysie faciale congénitale
que nous étudionssont au nombre de29, ainsi réparties: Bernhardt, 5
;Comby, 3; Thomas, 2; Procopovici, 2: Chisolm, 2;
Gazepy, 2; Schapringer, 1; Grœfe, 1
;Harlan, 1: Frayer, 1:
Recken,
1 ;Minor,
1 ;Stéphan, 1: Schultze, 1; Mœbius, 1;
Remack,
1;Armaignac, 1
;Marfan et Delille, 1: Lagrange, 1.
Dans 16 cas,
les hommes
sont atteints ;dans 11, il faut
noter le sexe féminin ; dans 2 cas le sexe
n'est
pasindiqué (Bernhardt
etScliultze).
I/âge des malades
au momentoù l'affection
aété observée
varie de
quelques jours (Comby) à cinquante
ans(Mœbius).
Les antécédents héréditaires sont
nuls, à part quelques
cas : alcoolisme chez la mère
(Minor)
;maladie mentale chez
le
père (Remack); épilepsie chez
unetante (Bernhardt); trou¬
bles nerveux chez le
père
etla mère (Marfan et Delille); anté¬
cédents
névropathiques dans toute la famille (Lagrange).
L'affection n'est pas
héréditaire, elle est rarement fami¬
liale : les cas de Thomas concernent deux frères, ceux
de Gazepy,
une sœuret
unfrère.
Les autres enfantssont en bonne santé et
paraissent être
bien constitués, il y a
quelques exceptions: ainsi des frères
ou sœursdu malade ont été atteintsd'accidents
méningitiques
(Lagrange), de psychose (Bernhardt). Trois enfants étaient
morts enbas
âge dans la famille dn malade de Thomas, l'un
d'euxavait un
pied mal conformé.
La grossesse
de la mère évolue bien, dans aucune obser¬
vationon 11econstate de fausses couches. La mère
est effrayée
par un
chien dans les
casdeLagrange et Procopovici. Thomas
rapporte les deux faits suivants
:1°
unefemme qui pendant
sa grossesse
assista à l'évolution d'une paralysie faciale
chez sa mère mit
quelque temps après
aumonde
un enfant atteint de la même affection;2°
unemère raconte,
pour
expliquer l'état de
sesenfants,
quependant la
grossesse desonpremier fils elle fut très affectée
enécoutant
unpasteur
dansune
église qui était incapable de
remuerles muscles de
la face.
Après la naissance de
sonsecond fils, elle fut très
enpeine de
savoir s'il était né avecla
mêmeparalysie
;il
enfut
de même pour ses
autres enfants, mais rien
11e seproduisit.
Trois enfants sont morts
jeunes
;la mère
aprésenté des crises
nerveuses
pendant la période de gestation (Marfan et Delille).
L'accouchement se fait à terme,
sauf deux fois où il
alieu
à
sept mois (Procopovici), huit mois (Marfan et Delille)
;il
est normal, à
part le
casde Goniby où il dure soixante-huit
heures. Dans une seule observation
(Minor) Tentant était né
en état
cTasphyxie.
hest évident que,
d'après
cesquelques considérations, nous
possédons peude faits
pourétablir l'étiologie de la paralysie
faciale
congénitale.
F.
CHAPITRE III
SYMPTOMATOLOGIE
Comme M. le Prof,
agrégé Gabannes,
nousdistinguerons
deux formes
cliniques de paralysie faciale congénitale
:1° la
forme bilatéraleavec la totalité ou presque
totalité des mus¬
cles atteints ;
2° la forme unilatérale.
Ces deux formes sont
accompagnées très souvent par des
troubles des mouvements des yeux ;
toutes les observations
les mentionnent sauf le cas de Marfan et Delille.
La
paralysie peut être totale
oupartielle, chez le malade cle
Remack elle est limitée au menton.
Lorsque les parents accompagnent les jeunes malades, 011 lorsque les malades viennent eux-mêmes, ils prétendent que
de tout
temps ils ont présenté les mêmes symptômes, c'est-à-
dire un
visage lisse,
sansrides dans
un cas, unedéviation
de la face dans une autre, ou
enfin
uneimpossibilité de fer¬
mer les
paupières
: cesont les premiers symptômes qui révè¬
lent cette affection.
1° Forme bilatérale.— Elle est
remarquable comme aspect
clinique.
Dans les observations de Thomas,
Schapringer, Harlan, la
paralysie est totale, la figure est
comme unmasque sans
expression, les mouvements du front sont impossibles, l'oc¬
clusion des
paupières est incomplète et quelquefois nulle ;
pendant
cemouvement lesglobes oculaires sont tournés en
haut, la
paupière supérieure est relâchée, la paupière infé-
rieure
complète
sonéversion et Tépiphora devient
encorepins
manifeste. « La
face, au-dessous de l'os malaire,
est comme affaissée,aplatie
:petit et grand zygomatique, élévateur
propre delà lèvresupérieure, élévateur
communde l'aile du
nezet
delà lèvre
supérieure, transverse du
nez,orbiculaire des
lèvres sontimmobiles sans action ». Aucune contraction ne semontredans le rire ou le
pleurer
;la gêne respiratoire, les
troubles del'olfaction existent par
suite de l'affaissement
des narinesau moment de
l'inspiration
;la lèvre supérieure
ne
peut être relevée
;les commissures des lèvres tombent des
deux côtés de la face ;dans le
casde Graefe elle tombe
un peuplus du côté droit, le malade
nepeut siffler ni souffler,
il prononce
difficilement
les labiales, et même dansle
casde
Thomasil est dansl'impossibilité complète de les
prononcer.Les muscles du menton sont aussi
paralysés (Thomas, Pro- copovici, Pécliin).
La
paralysie
peutêtre partielle, seul l'orbiculaire des
pau¬pières
estpris dans les deux
casde Gazepy
;le sillon
naso- labialdroitpersiste (Procopovici)
;les muscles du menton (Mœbius), le platysma myoïdes, les frontaux (Thomas) sont
indemnes.Cette
diplégie faciale
avecparalysie prédominante de l'or¬
biculairedes
paupières et du frontal s'accompagne 11 fois
sur 14 de troubles dans la motilité des yeux.
On constateque
les
mouvementsde latéralité
sontgênés
ouimpossibles
; les droits externes droit etgauche sont
para¬lysés (Harlan, Frayer, Schapringer, Graefe, Gazepy, Proco¬
povici). Les
yeux sont en convergence,il n'y
a pasde diplopie, les
droits internes ne sont pasordinairement atteints,
niais dans un cas deGazepy le droit interne de l'œil
droitest atteint. Dansun autre cas de
Gazepy, les droits supérieurs
étaientparalysés. Enfin toute la musculature
externe des yeux
peut être atteinte (3
cas :Recken, Frayer et
Pécliin).
Les
pupilles
sontnormales, l'acuité visuelle peut être dimi¬
nuée
(Harlan, Mœbius, Gazepy)
:astigmatisme, myopie.
— 20 —
hypermétropie (Procopovici, Gazepy). Il existait
de la scléro- choroïditepostérieure chez
lepremier malade de Gazepy.
La
langue est
rarementdéviée,
sauf dansle cas de Proco¬povici où
on constate enplus
que samoitié gauche
estplus petite
quela moitié droite.
On nepeut rien signaler du
côté du voile dupalais, la mastication
est bonne engénéral, les
dents
peuvent
êtreirrégulières et
même manquer(absence
des molaires
supérieures, Procopovici,
—mauvais développe¬
ment,
Thomas)
;les
autresrégions du
corps neprésentent
pas
de paralysie, seul le
malade de Mœhius avait une para¬lysie radiale d'origine saturnine
enplus.
Lasensibilité de la face est atteinte dans un seul cas,
celui
deGazepy, il
y a unehémianesthésie
de la moitié droite de la tête.L'ouïe et le
goût sont
engénéral
normaux.Grade et Gazepy les
ont trouvés atteints.Enfin, dans
cette forme deparalysie faciale congénitale
on constate souvent d'autres malformations. La malade de Pro¬copovici était rachitique, les jambes étaient incurvées
;celle
de
Gazepy présentait
uneconformation
vicieusede l'index et
dupetit doigt des deux mains,
unesynclactylie des médius
aux deux
pieds,
uneparésie du sphincter de la vessie. Cer¬
tains cas coïncidaient avec un
épicanthus double (Schaprin-
ger,
Procopovici),
une absence bilatérale oufaible développe¬
mentdes caroncules
(Schapringer, Ghisolm), du repli semi-
lunaire,
luettefendue, lobule
de l'oreillebifide (Thomas),
malformation
légère de la dernière phalange de l'index gau¬
che, poitrine
en entonnoir(Schapringer).
L'intelligence est
presquetoujours normale. L'état général
bondansla
plupart des
cas(constitution scrofuleuse, Gazepy;
enfant
cliétive, Procopovici
; crampestétaniques, Bernhardt;
légères attaques épileptiformes, Gimfe).
2° Forme unilatérale. — Nous avons réuni 15
observations
de cetteseconde variété de
paralysie faciale congénitale.
Cette
paralysie est aussi fréquente à droite qu'à gauche.
Elle
peut atteindre les deux
branches dufacial (Bernhardb
3cas;
Stéphan, Schultze, Gomby, 3 cas; Marfan et Delille).
Son caractère
le plus frappant est la déviation des traits. La pointe du
nezet la commissure labiale sont déviées du côté
sain. Les rides du front,
les plis de la face sont marqués du
côtésain,
effacés du côté malade. Elle est
encorecaractérisée
par
le lagophtalmos paralytique, l'abaissement de la commis¬
sure
labiale, l'impossibilité de fermer complètement l'œil, de
rireou de
grimacer du côté malade.
Certains muscles
peuvent être respectés, les muscles de la
lèvre inférieure et surtout du menton
(Minor, Bernhardt, Lagrange)
;le grand zygomatique, le platysma (Minor, Ber¬
nhardt)
;les muscles du menton seuls peuvent être atteints (Remack).
De même que
dans la forme bilatérale,
onconstate des
troubles des mouvements des yeux,
mais ici ils sont moins importants.
Les mouvements de latéralité sont rarement
gênés (Ber¬
nhardt), il existe quelquefois
uneparésie cle
cesmouvements
s
accompagnant de
secoussesnystagniformes (Schultz, Bernhardt). Le droit
externe estparalysé dans deux
casde
Bernhardt. La malade de
Lagrange présentait du strabisme interne,
enfin dans l'observation de Bemack ilexistait
unptosis
bilatéral trèsmarqué,
avecgêne dans les mouvements d'élévation
duglobe de l'œil. Le droit supérieur gauche est
atteint dans le cas
d'Armaignac.
On nepeut
rien
mentionnerdu
côtéde la
convergence,les pupilles réagissent normalement, l'acuité visuelle est
nor¬male.
Stéphan
a trouvé dans un cas quele réflexe cornéen
,Jtait aboli du côté
paralysé.
Lutin dans 9 observations on ne trouve rien du côté
des
yeux
(Minor, Stéphan, Bernhardt, Marfan et Delille, Comby).
La sensibilité est normale. Dans un cas
cependant, Ber-
uhardt trouve une liémianesthésie
compalète de la moitié paralysée
aveckératiteneuro-paralytique. Dans
unautre cas
de
Bernhardt
on observait unejoue plus
creuseet un os
- 22 —
malaire moins saillant.
Stéphan signale
uneparalysie du
voile clu
palais et de
la luette et une acuité auditive bien diminuée du côtéparalysé et
normale du côté sain.Examen
électrique.
—L'examen électrique
est trèsimpor¬
tant dans cette
question, il
nousrenseigne
surl'état
de la fonction musculaire aupoint de
vuesymptomatique, il
nous éclaire pourle diagnostic
et nous montre lepronostic.
Nous l'étudierons dans les deux formes deparalysie faciale congénitale.
19 observations mentionnent l'état
électrique des
musclesparalysés. En général la fonction
est entièrement abolie.Quelques muscles cependant
sontsimplement parésiés,
d'autres sont normaux : le
platysma
etles
muscles de derrière l'oreille(Thomas), les
muscles del'angle droit de la bouche
etdu menton ainsi que
le releveur
droit de l'aile du nez(Proco- povici)., les
muscles frontaux(Péchin), les muscles
tirant en bas etendehorsles commissures labiales(1
casde Bernhardt),
l'orbiculaire des
paupières, l'élévateur
de la lèvresupérieure
et del'aile du nez,
les
muscles du menton(1
casde Ber¬
nhardt)
.Dans la
paralysie unilatérale, l'excitabilité
estnormalepourune
partie de
l'orbiculaire despaupières et la moitié infé¬
rieure du côté droit
(Minor), elle est diminuée
pourles
muscles des lèvres et du menton àdroite
(1
casde Bernhardt).
Le facial
supérieur
est la branche laplus souvent atteinte.
La réaction de
dégénérescence
estnulle.
Telle est la
symptomatologie des deux formes cliniques
de
paralysie faciale congénitale,
CHAPITRE IV
ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
Nous avons vuque
la paralysie faciale congénitale est une
affection
qui s'accompagne d'un bon état général, par suite la
littérature médicale
rapporte
peude cas de nécropsies. Nous
enavons
cependant trouvé quatre, dus à Siemerling, Heubner,
Bernhardt et Marfan et Delille.
Siemerling fait l'autopsie d'un homme qui avait eu une
paralysie faciale congénitale
avecptosis, il trouve les noyaux
des IIIe etVIIe
paires
normaux,mais l'examen microscopique
montrela
dégénérescence de certaines cellules des deux côtés.
C'est la seule lésion
qu'il constate.
Dans son cas de
paralysie faciale congénitale, accompagnée
de
paralysie de l'oculo-moteur externe et du trijumeau,
Bernhardt a pu
faire l'autopsie. A l'examen du cerveau il
constata deux
foyers de ramollissement, un superficiel sur le
côté droit du
pont,
unautre plus étendu sur le tubercule
quadrijumeau droit. Les
noyauxbulbaires étaient absolument
intacts.Aucun
renseignement n'est donné sur l'état des nerfs
périphériques.
Heubnera
remarqué à l'autopsie l'absence des noyaux de
laIIIe
paire
àdroite
et àgauche,
uneatrophie bien marquée
du facial
gauche
etuneatrophie légère du facial droit.
L'intéressante
observation de MM.Marfan et Delille
iournit les
renseignements les plus précis sur 1 état des
noyaux des nerfs
paralysés. A gauche, ils sont normaux et
— 24 —
bien
développés
;à droite,
le noyaudu facial
est àpeine
visible, et son examenmicroscopique décèle
laprésence
depetites cellules espacées,
etc.,parties claires,
et de taches diffuses dues à ladisparition d'un
certain nombrecle cellules.Les nerfs
facial,
auditif et intermédiaire deWrisberg sont plus grêles du côté paralysé et
mêmeatrophiés dans
certainspoints.
Nous n'avonspas
de renseignements
surl'état
des nerfspériphériques et des
muscles: mais l'étudeanatomo-patholo- gique des ôphtalmoplégies congénitales peut être rapprochée
en ce moment de l'étude de la
paralysie faciale congénitale.
On pense que ces
deux affections
sontproduites
parle même
processus,
la localisation
seule les différencie.Étudions
donc lesrenseignements anatomiques
surl'état des muscles
etdes
nerfs dans les cas
d'ophtalmoplégie congénitale. Ce chapitre
ne pourra
paraître complet qu'en agissant ainsi.
Le muscle releveur de la
paupière supérieure droite est
très peu
développé, à gauche il n'a
pasété découvert (au¬
topsie faite
parHenck). Le
muscle droitsupérieur est mince
comme une
membrane,
le droit inférieur est très court,épais
et
dur,
les nerfs de l'orbite sont intacts(même observation).
Dans un cas de Hotz, concernantun strabisme inférieur avec
ptosis, le droit supérieur était représenté
par unebande
fibreuse.
Baumgarten
a constaté queles deux droits internes
n'étaient constitués que par
des faisceaux fibro-membraneux,
les caractères du tissu musculaire avaient
disparu. Les mus¬
cles
peuvent
même manquer,les études de Mackenzie, Wrisberg, Klinkoch
etLelison
nous lemontrent. Ainsi, les
muscles ont des anomalies de structure ou sont
complète¬
ment absents. Thomas
rapporte
quel'examen microscopique
a été fait dans un cas, et lui a
permis de constater les mêmes
lésions que
dans l'atrophie musculaire progressive.
Henck, dans
son troisièmecas dont il apratiqué l'autopsie,
constate que
les nerfs de
l'orbite sontd'apparence normale ;
il n'a pas
examiné les
nerfs destinés aux musclesdes
yeuxdans le
trajet intra-cranien, et il ne dit rien de l'examen
microscopique qui,
sansdoute, a été oublié.
Les nerfs
oculo-moteur et abducteur avaient l'apparence dégainé fibreuse dans le cas de Cerutti. Seiler observe dans
un casl'absence
de
tousles nerfs à droite, du pathétique et
del'oculo-moteur
à gauche.
CHAPITRE Y
PATHOGÉNIE
Comme les
autopsies de paralysie faciale
sont très rares, laquestion de pathogénie
est encorepleine d'obscurité.
Henck a constaté des anomalies de
l'appareil musculaire.
Les observationslui montrent que
les muscles
innervéspar le même nerf ne sont pastous atteints,
et queles paralysies
musculaires des muscles de l'œil seules
existent; il
en con¬clut que
les lésions
musculaires sansparticipation clu
sys¬tème nerveuxcentral ou
périphérique peuvent expliquer cet
état. Les cas de
Gazepy indiquent cependant
quele système
nerveux
peut être
mis en cause,puisqu'il existe d'autres
troubles
congénitaux. Une
observation que nousn'avons
pas purapporter
nousapprend
quela paralysie faciale n'était
pas
seule,
elle étaitaccompagnée de troubles de développe¬
ment de certains muscles des autres
parties du
corps,et
même le
grand pectoral
était absent.D'après Mœbius,
cette affection est sous ladépendance du
système
nerveux,elle
serait due à uneatrophie des noyaux
bulbaires;les
altérations musculaires ne seraient quesecon¬daires.
Les idées de Kunn sur la
pathogénie cle l'ophtalmoplégie
congénitale pourraient s'appliquer
aux casde paralysie
faciale
congénitale. Cet
auteur pense queles systèmes mus¬
culaire et nerveux
présentent
un arrêt dedéveloppement.
Pour
expliquer
cefait,
il considèrel'appareil moteur de l'œil
commeune
chaîne à plusieurs articles : si une chaîne ne se développe
pas oune se développe qu'incomplètement, la
fonction sera
supprimée, et cependant on pourra constater
l'intégrité du tissu musculaire ou nerveux. Cette hypothèse
est basée sur
deux observations de Léonowa, où malgré
l'absence du
système
nerveuxles muscles étaient normale¬
ment
développés.
Gourfein assimile
les
casd'ophtalmoplégie congénitale
à des cas
d'amyotrophie héréditaire semblables aux types
décrits par
Leyden, Cliarcot, Marie; à l'appui de sa thèse
il
invoque
«la coexistence du nystagmus, l'aplatissement
des arcades sourcilières,
l'amblyopie plus
oumoins forte et
un certain
degré d'excavation avec pâleur du disque opti¬
que. »
Nous faisons un
simple rapprochement en donnant l'opi¬
nion de Gourfein, les
symptômes qu'il cite ne se rencontrent
jamais dans la paralysie faciale congénitale.
Enfin Thomas donne les résultats
d'un
examenmicrosco¬
pique des muscles paralysés, dans lesquels furent trouvées
les mêmes lésions que
dans l'atrophie musculaire progres¬
sive : la fibre musculaire était
diminuée de volume, la stria-
tion était conservée.
Geyl trouve dans un cas que la paralysie
estdue àune bride
amniotique.
CHAPITRE VI
DIAGNOSTIC
—ÉVOLUTION
Le
diagnostic de
cette affection est basé sur les caractères suivants :Tous les malades disent que
leur
état a été aperçujuste
au moment de 1accouchement.L'origine congénitale est
unpremier
caractère. Les autres consistent dansl'intégrité
com¬plète
ouparésie
de certains muscles coïncidant avec uneparalysie partielle
du facial ; laparalysie est aussi bilatérale.
Il existedes troubles
fonctionnels correspondant
auxmuscles paralysés. Très
souvent le facialsupérieur
estatteint.
On ne confondra pas
la paralysie faciale congénitale
avecl'hémiatrophie faciale congénitale
:celle-ci
débute pardes
troubles sensitifs : la peau, au bout de
quelque temps, s'atro¬
phie.
Cetteatrophie s'accompagne parfois de chute des che¬
veux du même côté,
d'atrophie des
musclessous-jacents,
de
microphtalmie,
d'arrêt dedéveloppement du squelette de
la
lace,
deplaques sclérodermiques, de troubles
vaso-mo¬teurs. Ces caractères permettront de faire le
diagnostic.
Dans
quelques
cascependant la paralysie faciale congéni¬
tale
peut
saccompagner d'atrophie musculaire et d'affais¬
sement consécutif des tissus ; 011
pourrait
penseralors à une trophonévrose,
mais les troubles fonctionnelsd'origine mus¬
culaire,
le volume normal des os nepermettront
pasde se tromper.
Le
diagnostic
sera hésitantquand des troubles
vaso-mo-teurs seront rencontrés
dans la paralysie faciale
oudes phé¬
nomènes de
paralysie dans l'hémiatrophie. Mais ces cas sont
très rares, et
d'habitude le diagnostic est facile à faire.
Un
diagnostic plus difficile à faire est le diagnostic anato- mique. La paralysie était-elle périphérique ou centrale ?
Divers auteurs
pensent qu'elle est d'origine périphérique.
Mann, Kortum et
Colin ont observé des
casoù les branches
du nerf étaient atteintes à des
degrés différents, et même
certains muscles étaient intacts
(orbiculaire des paupières,
élévateur de la lèvre
supérieure, élévateur de la lèvre infé¬
rieureet del'aile du
nez).
Mais,
en1894, Bernhardt admet
uneorigine nucléaire. 11 appuie
sonopinion
surles raisons suivantes
:absence de
contracture,
de tressautements fibrillaires, d'exagération de
l'excitabilité
réflexe, de mouvements associés
seproduisant
dansles muscles encore actifs de la moitié atteinte
du visage,
dansles tentatives de mobilisation volontaire.
Laffection reste
stationnaire, sauf quelques exceptions:
dans le cas de
Lagrange, le facial supérieur semblait s'être régénéré
etpermettait l'accomplissement de la fonction; d'un
autre
côté, l'enfant
meurt(Observation de Marfan et Delille),
1alimentation est
impossible
;elle est défectueuse, les en¬
tantsont alors une santé très délicate ;
le lagophtalmos
para¬lytique
amène desulcérations de la cornée et quelquefois la
perte
complète de l'oeil (Comby).
OBSERVATIONS
Observation I
(Marfan etArmandDelille, Presse médicale, 31 juillet 1901.) Le 7 janvier 1901, on apporta à l'hôpital des Enfants-Malades une fillette de trois mois et demi qui était atteinte d'uneparalysie faciale datant de la naissance, et qui présentait en outre tous les symptômesde
l'atrepsie.
Antécédents héréditaires. — Le père, ouvrier électricien aux
tramways, est un homme violent, trèsnerveux, maisqui neparaîtpas
alcoolique.
Lamèreestimpressionnable,
sujette à des pertes de connais¬sance. Elle a déjà eu un enfant qui est mort de convulsions, à l'âge de
six semaines. On ne retrouve pas de traces de syphilis dans le ménage.
Notre malade estvenue au monde après une grossesse difficile,pendant laquelle la mère aété
fatiguée
etsujetteà des crisesnerveusesouà des pertes de connaissance plusfréquentes.
Antécédents personnels. — Après cette grossesse pénible,
l'enfant
est née avant terme, à huit mois. L'accouchement a été naturel, les suites de couches ont été bonnes. A lanaissance, l'enfant était très
ché-
tive; elle ne pesait que 1750grammes. Dès qu'elle vintau
monde,
on remarqua la déviation des traits qui révélait laparalysie faciale. La
mère a essayé de lui donnerlesein, maisl'enfant, enraison de
la
para¬lysie, étaitincapable de téter ; par contre, elle prit bien
le biberon. On
lui donna donc toutes les deux heures un biberon renfermant trois
cuillerées à soupe de lait stérilisé et trois cuillerées à soupe
d'eau de Vichy.
La nuit, l'enfantprenait deux biberons ; elle eut, dansles
pre¬miers
jours,
cinq à six selles par jour, jaunâtres oupresqueblanches.
Puis la diarrhée cessa et la fillette augmenta de
poids
;la diarrhée
31
reparut
de
tempsà autre. Néanmoins l'enfant continua, paraît-il, à
prospérer;mais trois semaines environ avant
sonentrée à l'hôpital,
elle eut des vomissements, une diarrhée plus abondante ; en
même
temps,ellese mit
à
tousser.A
partirde
cemoment, elle dépérit rapide¬
ment, etonla conduisit à l'hôpital.
Asonentrée, étant âgée de trois mois et demi,
elle
nepèse
que 3kilogrammes : habitus atrepsique, sellesdyspeptiques; température
normale; auscultation négative.Maiscette atrepsique vulgaire présentait deux
particularités
remar¬quables: louneparalysie faciale complète du
côté droit
;2°
unemal¬
formation dupavillonet du conduit de l'oreille du même
côté.
La paralysie facialeest manifeste au repos ; mais ses
signes s'accu¬
sentquand l'enfant crie ou pleure. Dansla moitié droite
de la face,
tousles sillonsnormaux sont effacés
(front, joue, lèvre, menton); les
pau¬pières de l'œil droit sont toujours ouvertes, et cette
inocclusion
persistantea déjà engendré des ulcérations de lacornée. Pas
de larmoie¬
ment;la boucheest fortement attirée parla commissure
labiale gauche.
Lajoueestflasque; la succion du sein a été impossible,-
celle du bibe¬
ronestrelativementfacile; la luettene paraîtpasdéviée.
L'examen électrique pratiqué par M. Larat a montré
l'absence
com¬plèted'excitabilité du nerf et de contractilité des muscles, aussi bien
avec les courants galvaniques qu'avec les courants faradiqucs.
C'est
commesile tronc du facialeût été complètement détruit. Les
muscles
dumenton sontaussiparalysés que ceux de la partie
supérieure de la
face.
Iln'ya aucunsigne de paralysie des muscles oculaires : les mouve¬
ments duglobe et ceux de lapupille sontnormaux ;il n'ya pas
de
stra¬bisme.
La sensibilité à la piqûre de la moitié droite de la face nous a paruégaleà celle de la moitiégauche.
La motilité etla sensibilitédes membres sont normales.
Lepavillon de l'oreille droite est réduit à un petit moignoninforme.
' estune membrane enroulée, formant un bourrelet demi-circulaire
ouvertenbas;lelobule etletragus font défaut. En soulevant
le bour-
1elet,ondécouvrel'entonnoirde la conque qui conduità un
cul-de-sac
encombré de débrisépidermiques. M. Cuvillier, qui. a bien
voulu
exa-— 32 —
miner l'oreille, a enlevé ces débris et a fini par trouver le petitorifi.ee d'un canaldans lequel s'engage un stylet de 1 millimètrede large,qui s'enfonce jusqu'à 1 centimètre environ : il bute contre une surface
osseuse dénudée, sans qu'il ait rencontré de membrane tympanique.
L'apophyse
mastoïde du côté droitsembleun peu plus aplatieque celle du côtéopposé.Bien que nous n'eussionsjamaisrencontré descas dece genre,ilnous sembla qu'un seul diagnosticétait possible : arrêt de développement de l'oreille externe et de l'oreille moyenne; corrélativement, absence de développement du nerf facial et paralysie faciale totale. L'idée d'une paralysie facialeobstétricaledevait être rejetée, puisquel'accouchement avait été facile et s'étaitterminé rapidement sans applicationdeforceps.
L'atrepsie dont la filletteprésentait des signes dès son arrivée fit de rapides progrès. Malgré la rigueuravec laquelle fut institué l'allaite¬
ment artificiel, malgré l'absence de troubles digestifs sérieux, le poids diminua, des râles crépitants furententendus à la base des deuxpou¬
mons, le sclérème apparutaux membres inférieurs, etl'enfant succomba
en hypothermie dix jours aprèsson entrée àl'hôpital.
Autopsie.— L'autopsie a révélé les lésions quel'on rencontre chez
les nourrissons atteints de dyspepsie chronique et d'atrepsie. 11est inutile de les décrire. Je noterai seulement l'existence d'une broncho¬
pneumonie à noyaux discrets, disséminésauxdeux bases, lésion càpeu près constante chez les atrepsiques.
Lesconditions dans lesquelles a été pratiquée l'autopsie
n'ont
pas permis de disséquer la face. Mais nous avons pu enlever lerocher, le
cerveau, la protubéranceet le bulbe. Disons d'abordque nous avonspu constaterl'absencedu tronc du facialpériphérique dans son
trajet extra
etintra-pétreux.
La coupe du rocher aété pratiquée par M. Tramond,
préparateur
d'ostéologie à la Faculté de médecine. Elle n'a permis dereconnaître
aucunedes parties constituantesde l'oreille. La caisse manque
complè¬
tement; le trou stylo-mastoïdienetle conduit du nerffacial font
défaut.
L'oreille interne n'est pas reconnaissable, ainsi que le trou
du nerf
acoustique. En un mot, le rocher est représentépar une
petite masse
osseusedanslaquelle on n'a pu retrouver les organes
qu'il renferme a
l'état normal.
Lecerveau nous a paru
normal. En examinant la protubérance
annu¬laire,onretrouve
l'origine apparente des deux nerfs de la VIIe paire.
Agauche,la
disposition
estnormale
;à droite,
onvoit trois faisceaux
correspondantà la
sortie des nerfs auditif, facial et intermédiaire de
Wrisberg; mais ilssont
sensiblement plus grêles qu'à gauche, et il sem¬
blequ'ils
s'atrophient ensuite,
car onperd
presquetout de suite leur
trajet à labase
du crâne.
M.P.-Armand Delille s'est chargé de l'examen
histologique
pourrechercherl'état des noyaux
d'origine.
Exâmenhistologique de la
protubérance annulaire.
—Les coupes
lesplus intéressantes de la
protubérance sont les
coupestransversales
quipassentau niveau desnoyaux
de l'oculo-moteur externe et du facial.
Cescoupesont été colorées avec
la méthode de Nissl. En les examinant
àl'œilnu partransparence, ontrouveque
les deux moitiés
nesont pas
tout à faitégales: la partiedroite
de la préparation paraît avoir des
dimensionslégèrement inférieuresà
celles de la moitié gauche. Avec
unfaiblegrossissement, on voit qu'à gauche
les
noyauxsont
normauxet
biendéveloppés ; à droite, le noyau cle
la VIe paire est à
peuprès
sem¬blableàcelui du côtégauche,
cependant il semble
queles cellules sont
unpeu moins nombreuses. Quantau noyau du
facial droit, il
està peine
visible: encherchant aupoint
symétrique du
noyaugauche,
ondistin¬
guequelques cellules étalées,trèsespacées,
plus petites
queles symétri¬
quesetplus faiblementcolorées. A un plus
fort grossissement (Obj. 7,
oc.I de
Leitz),
onconstatel'intégrité des grandes cellules qui composent
le noyau du facialgauche et
celui de l'oculo-moteur externe du même
côté, lasubstance chromatophiley est
nettement colorée; à droite, le
noyau de la VIe paire paraît
normal; mais dans le
noyaudu facial, on
neretrouvequequelques rares
cellules, petites, espacées, quoique peu
d entreellesprésentent de lachromatolyse; on
voit dans les espaces
clairs qui séparentces cellules des taches
diffuses, faiblement colorées,
quisemblent être le vestige de cellules
disparues.
En somme,l'aspectdu noyau
facial droit est très analogue à celui
quel'onobserve dans les noyaux moteurs
après
unesection ancienne
°u unedestructionpar compression
de leurs nerfs.
Iles altérations du noyau sont
visibles
surles
coupespassant à diffé-
lents niveaux des noyaux des
nerfs de la VIe
etVIIe paire. Partout*
F. 3
- 34 —
ladifférenceentre le noyau facial droit etle noyau facial gauche saute
auxyeux; de plus, surles coupes passant au niveaudu genoudu nerf facial et sur celles qui passent par les différents points de son trajet
intra-protubérantiel,
il est possible de constater,particulièrement 'par les colorations au carmin aluné ou au picro-carmin,queles fibres du facial gauche forment un faisceau plus développé et plus visibleque cellesdu facial droit.L'examen des diverses coupes portant sur diversétages du mésocé- phale nous a montré l'intégritédes noyaux autresque ceux du facial droit, en particulier les noyaux de l'auditifsontnormauxà droite età gauche.
Observation II
(Lagrange, publiéein travail du DrCabannes, Rev. neurol.,nov. 1900.) MargueriteL..., trois ansetdemi, habitantArès
(Gironde).
Sonpère,
âgé de trente-six ans, est bien portant; il n'est ni nerveux, ni alcoo¬lique. Sa mère, âgée de trente-quatre ans, estnerveuse; ellen'a
jamais
eu de crises de nerfs. Le grand-père maternel est mort
tuberculeux à
l'âgede trente-deux ans, aprèsun an de maladie; il était très nerveux;lagrand'mère maternelle a actuellement cinquante-huit ans,
elle
a eu des crises hystériques. Iln'y
arien de spécial à noter dansles
ascen¬dants paternels; il n'y a pas eu de casde vésanie ou destrabisme
dans
lafamille.
Lapetite malade a eu trois frèresou soeurs. Deux sont morts enbas âge, l'un de méningite à deux ans, l'autre d'accidents
convulsifs (téta¬
nos?) à
cinq
jours. lia troisième, âgée de onzeans, n'est pas nerveuse, elle ne louchepas.Notre malade est née à terme,sans forceps;
l'accouchement
aete
rapide. Au cours de la grossesse, au huitième mois, sa mère
aurait ete effrayée
par un chien. Elle attribue à cette peur lamaladie de
son enfant. Cettte dernière aété nourrie au biberon; ellea eula rougeole
etlacoqueluche, mais elle n'a jamais fait de maladie grave.
Elle lou¬
chait en naissant et son strabisme est depuis resté
toujours stationnaire.
Actuellement, ce qui frappe aupremier examen de