FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1899-1900
IV'» 6
DE LA
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉ
présentée et soutenue
publiquement le 27 Octobre 1899
PAR
Hyacinthe PASQUIOU
Né à Paimpol
(Côtes-du-Nord), le 24 Août 1872.
/ MM. BOURSIER professeur Président.
\ DEMONS professeur )
Examinateurs de laThèse .< POUSSON agrégé /Juges.
(
DUBREUILH agrégé)
Le Candidat répondra aux
questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX —
91
1899
Faculté de médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NAHIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
B»fllOFfllKttBlUBtS
MM. M1GÉ \
A/AM
/
.DUpny > ' rotesseurs honoraires.
Moussô'us. !!!'.!!!!!"'
Clinique interne
MM.
\ PICOT.
l PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
RLAREZ.
GtJIELAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
Médecine légale Physique Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique desmaladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des maladies des enfants Chimiebiologique...
tiXUllCICld :
ie interneetMédecine légale.)
MM. Le DANTEC.
HOBBS.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
Clinique externe Pathologie et théra¬
peutique générales. VEBGELY.
Thérapeutique AKNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie N.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène. LAYET.
ACBlHOGiFS FA' section demédecine (Patholog
MM. CASSÀET.
AUCIIÉ.
SABRAZÈS.
section de chirurgie etaccouchements (MM.DENUCE. |
externe BRÂQUEHAYE |
A..pou..,lpmpnf<. (MM. CHAMBRELENT ( CHAVANNAZ. |
Accouchements.
• FIEUX.section des sciences anatomiqueset physiologiques
JMM. PRINGETEAU
| Physiologie MM. PACHON, ' CANNIEU. | Histoire naturelle BE1LLE.section dessciences physiques
MM. SIGALAS. | Pharmacie M. BARTHE.
FOUUS FOlBB'lilLUILA'IA I O BIS :
Clinique des maladiescutanées etsyphilitiques MM.
Clinique des maladies des voies urinaires Maladies du larynx,desoreilles et dunèz Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie
Le Sécrétaire dela Faculté:
t'aI h
Analomii
Physique.
DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
CARLES.
LEM AIRE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les lheses qui luisontpresenteesdoivent être considérées commepropres à leurs auteurs,et ijuelle nentendleurdonner niapprobation ni iniprobation.
A MONSIEUR LE
DOCTEUR POUS SON
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE DE BORDEAUX
CHARGÉ DU COURS DES MALADIES DES VOIES
URINAIRES
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR BOURSIER
PROFESSEUR DE CLINIQUE GYNÉCOLOGIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE
OFFICIER D'ACADÉMIE
& ''
- ■
.
INTRODUCTION
Nombreux sont les modes de traitemènt dirigés contre
l'hypertrophie de la prostate. Parmi
euxla prostatectomie
sus-pubienne paraît, aumoins
enFrance, avoir trouvé
peu departisans, etjusqu'à 1896
Desnosfut le seul des chirur-"
giensqui
employa
courammentcette opération. Depuis cette époque,
M.le
Dr Poussonpratiquait
uncertain nombre de
fois la cystotomie
sus-pubienne suivie d'excision de la
pros¬tate
hypertrophiée,
et aumois de juillet dernier il communi¬
quait à la Société de
Chirurgie les résultats de
sesinterven¬
tions. Ason tour, il montrait les avantages que
l'on pouvait
recueillir de ce procédé. Pour
aider autant
quepossible à la
vulgarisation de laprostatectomie
parla voie sus-pubienne,
convaincu du grand
bénéfice
qu'enretirent les malades,
M. Pousson a bien voulu nous donner l'idée d'en faire le sujet de notre
thèse.
Avec uneextrême obligeance dont nous ne
saurions
trop le remercier et pourlaquelle
nouslui gardons
unebien
sincère reconnaissance, il a mis à notre disposition ses observations si
précises et si concluantes qui seules donnent
quelque valeurà
notretravail.
Nous avons divisé notre sujet en cinq
articles.
Dansle
premier, nous faisons unrapide historique de la question.
Le second passe en revue
les divers types d'hypertrophie de
la prostate et des moyens
de les diagnostiquer. Dans le
troisième, nous établissons les
indications formelles de
l'intervention. Le chapitre suivant expose
la technique
opératoire.
Nous avonsréuni
entableau à la fin de notre
— 12 —
thèselesobservations que nous devons à l'amabilité de M. le Dr Pousson et y avons ajouté une personnelle. Nous termi¬
nons en exposant un résumé des résultats et en établissant les conclusions qui nous paraissentdevoir en être tirées.
Nous aurions'désiré traiter la question avec toute l'am¬
pleur qu'elle comporte et notamment fournir quelques indications personnelles sur la fréquence des saillies intra- vésicales déterminées par
l'augmentation
de volume de la prostate et montrer les déformations qu'entraînent ces saillies du côté de la vessie. Malheureusementle tempsnousa fait défaut pour entreprendre ces recherches et nous
reconnaissons combien notre travail est
incomplet.
Avant d'aborder notre sujet qu'il nous soit permis de remercier
publiquement
nos maîtres de la Faculté et desHôpitaux dont nous n'oublierons jamais les excellents conseils.
Nous nous souviendrons toujours de l'amabilité avec
laquelle notre ami le D1' Michel, aide de
clinique
de M. le DrPousson, s'est mis à notre disposition pour mener à bien notre tâche.Il nous reste maintenant à remercier M. le Prof. Boursier qui nous a fait le grand honneur
d'accepter
de présidernotre thèse. Nous lui en sommes profondément recon¬
naissant.
I
Historique.
L'hypertrophie
de la prostate, dit 'Filiaux, est
undes acci¬
dentsqui
contribuent le plus à assombrir la vieillesse de
l'homme. Il n'est dès lors pas surprenant que
de
touttemps
les chirurgiens se soient
préoccupés de rechercher les
moyens deTendre
moins pénible
pourles malheureux
que frappe cetteaffection la dernière étape de leur existence.
Dans cesdernières années surtout, le
problème
dutraite¬
ment dô
l'hypertrophie prostatique
asubi
unregain d'ac¬
tualité. De nouvelles méthodes ont surgi, et un instant, à la
suite de la communication de Ramm (de
Christiania)
etdes
nombreux faitsqui ont suivi, on a pu
croire
quela solution
était trouvée. Malheureusement l'enthousiasme du début a été de bien courte durée, et, sans vouloir ici faire
le procès
de ces
procédés,
il nousest permis cependant de dire
queni
la castration, ni les interventions nées
de cette dernière
: angio-neureçtomie etvasectomie,ne paraissent avoir réalisé
les espérances qu'on
avait fondées
surelles. S'il faut
en juger par le peu de caspubliés depuis
un an,il semblerait
qu'en France, du moins, on
n'a guère plus
recoursà
ces modes de traitement.Plus ancienne de date, l'opérationque nous
allons étudier
a été au moins chez nous très peu pratiquée. Et
cependant
l'idée de s'attaquer
directement à l'obstacle qui barre la
route au cours des urines est une
conception de la chirurgie française.
Boyer, Mercier, Le Roy
d'Etiolles essaient de
secréer
une voie en perforant undes lobes de la prostate et imaginent
— u —
à cet effet des instruments spéciaux. A cette tunnellisation (iutlirie propose de substituer l'incision de la
prostate et Mercier invente dans ce but un sécateur rappelant par sa
disposition
unbrise-pierres.
Civiale propose également uninstrument devant pratiquer l'incision d'avant en arrière.
Mais bientôt cetteincision parait insuffisante et l'on préco¬
nise l'excision des masses
prostatiques.
A la prostatotomie succédait la prostatectomie.Jacobson,
Le Roy d'Etiolles essayent la ligaturecontre les tumeurs pédiculées. Mercier invente un emporte-pièce.Malheureusement,
si l'idée était bonne les moyensemployés
pour la réaliser étaient défectueux. Agissantpar la voie urétrale, les praticiens allaient forcément à•l'aveugle
: aussi ces opérations, sans règles précises, étaient-elles suivies de résultatsdéplorables
:hémorragies
souvent fatales; résultatsincomplets
ou nuls.Frappés
de cesinsuccès,
leschirurgiens français
ne son¬gèrent plus à utiliser ce mode d'intervention. Abandonnée par nous la méthode futreprise à
l'étranger,
surtout par leschirurgiens
anglais et américains. Ceux-ci comprirent que l'idée était bonne, mais que le moded'application
était seul défectueux.Aussi,du jour où, grâce àPetersen,
la taille sus-pubienne put être pratiquée sans crainte de blesser le pli
péritonéal,
du jour surtout où, grâce àl'antisepsie,
les lésions du péritoine perdirent deleur gravité, leschirurgiens
tels que Mac Gill, Schmidt, Kummel songèrent à utiliser la voie sus-pubienne pour arriver à l'organe prostatique.
Mac Gill notamment a contribué dans une
large
mesure â la vulgarisation de la prostatectomie sus-pubienne, si bien qu'àl'étranger-on désigne fréquemment l'opération
sousson nom. Déjà, en 1887, cechirurgien
avait pratiqué cette intervention dans 33 cas. D'autreschirurgiens
fournirent de leurcôtédesstatistiques
fortimportantes.
Belfield en afourniune de 133 cas. Mansell-Moulin rapporte 94 cas. Keyes
cité
12cas.
Trendelenburg
5. Wishard 12. Et à côté de ces statis¬tiques, qui
s'imposent
parlenombre,combiensontfréquents
— 15 —
les casisolés que l'on, pourrait recueillir dans la littérature médicale
étrangère
de ces dernières années.En France, malgré la multitude desfaits qui,
chaque
jour,venaient plaider la valeurdelaprostatectomie, on se montra peu enthousiaste. Si bienquedansla thèse de Vignard, parue
en 1890 et qui constitue cheznous lepremier travail d'ensem¬
ble sur la question, l'auteur n"a pu recueillir qu'une obser¬
vation
française
due à M. leProf. Guyon. Les conclusions de Vignard n'étaient pas de nature à changerl'opinion
qu'ons'était faite sur la prostatectomie. A notre avis, le jugement qu'il a porté sur cetteopération est
beaucoup
trop sévère. Si l'onanalysesoigneusementles faits rapportés danscette thèseon se convainc facilement que bien des observations de¬
vaientau contraireentraîner une confiance plus grande en la valeur de la méthode. Souvent
l'opération
avait été suivie d'une amélioration des symptômes généraux et locaux.Souvent aussi on pouvait constater que le cathétérisme était devenu à la suite plus facile.
Quoiqu'il
en soit, leschirurgiens français
continuèrent à s'abstenir. Seul Desnos,■ * ne selaissant• pas influencerpar une conception apriori,
essaya de contrôler la valeur de la pros¬tatectomie, et, frappé des heureux résultats qu'elle lui don¬
nait, il ne tarda pas à en devenir l'ardent défenseur. Dans diverses communications au Congrès de chirurgie de 1895,
au
Congrès
de Moscou en août 1897, il appelle l'attentionsur la prostatectomieet s'efforce d'en démontrer les avantages.En 1895, son opinion
s'appuyait déjà
sur un ensemble de 22 cas qui lui avaient donné les résultats suivants : 2 morts,une aggravation, \ états stationnaires, 15 améliorations ou
guérisons. En 1897, outre sa communication au Congrès de
Moscou,
paraissaitsous son inspiration la thèse de M. Pré- dal. C'est là un excellentplaidoyer
en faveur de la prostatec¬tomie, d'autant meilleur que l'auteur ayant aidé directement M. Desnos dans ses diverses
opérations
ne parle que des choses qu'il a vues, etque les malades dont il rapporte les observations ont été suivis par lui après l'intervention. Et- 16 -
pour donner à ses conclusionsplus de valeuren dehors des 19 faits personnels qu'il apporte, il réunit un ensemble de 34observations empruntées aux auteurs américains ou an¬
glais.
Enfin,au mois dejuilletdernier, M. leProf, agrégé Pousson
a appelé denouveau l'attention surla prostatectomie. Depuis
deux ans environ M. Pousson avait eu l'occasion depratiquer
un certain nombre de foiscetteopération, etce sontles résul¬
tatsdecesfaitsqu'il a apportés à laSociété de Chirurgie, à la séance du 12juillet. Ses observations sont venues confirmer quelques-uns des avantages mis en lumièrepar les auteurs ayant déjàtraité la question, tels que: facilité plus grande du cathétérisme, retour spontané delà miction. Maisil asurtout appelé l'attention sur les changements qu'entraîne
l'opéra¬
tion dans la configuration des vessies dans
lesquelles
font hernie ces masses prostatiques. Il a montré comment, par la régularisationapportée
au réservoir urinaire, on peut enrayer les phénomènes infectieux survenant chez ces ma¬lades du fait d'une
disposition
quinepermetpas l'évacuation totalesoit spontanée, soitprovoquée de son contenu.II
Des divers
types
quepeut revêtir l'hypertrophie de la
prostate.Des changements
quepeuvent apporter à la configuration de la cavité vésicale certaines
de ces formes. Des moyensde diagnostic.
Une des formes les plus fréquentesque peut revêtir l'hy¬
pertrophie de la prostate, c'est l'augmentation de volume uniforme, symétrique,
régulière
de la glande. Dans ces cas, la prostate subit un développement surtout accusé du côtédu rectum. C'est alors que le toucher rectal nous
révèle
l'existence d'une masse de consistance ferme parfois,
plus
souvent molle, dont la configuration généralerappelle
l'as-,
pect de l'organe normal. Ces formes peuvent amener un res¬serrement du canal, mais il n'existe pas àproprementparler
de déformation de l'urètre.
Parfois, et le fait est assez fréquent, il peut se produire sur un point de la glande une prédominance de
l'élément
hyper- trophique qui peut donner lieu à une saillieintra-vésicale.
Cette sailliepeut se produire, soit sur la ligne médiane, soit
sur les parties latérales. Le
plus
souvent, cette tumeur se trouve rattachée au restede la glande sans ligne de démar¬cation;
quelquefois elle
estreliée à l'organe
par une partie rétrécie, par un véritablecollet.
A côté de cette
première variété,
il en est une autre oùl'hypertrophie
semble avoirporté
uniquement sur un pointde la glande, ordinairement sur le lobe moyen. Les altéra¬
tions isolées à ce lobe sont extrêmementimportantes à con¬
naître,car ce sont les formes qui paraissent relever plus spécialement de la
prostatectomie.
Dans ces cas, si l'on pra-Pas. 2
tique le
toucher rectal,
souventl'on constate
quela saillie de
la prostate est
très
peu apparentedu côté du rectum, qu'elle
ne-forme pas de
relief
biensensible.
Etcependant les
symp¬tômes que présente
le malade offrent
uneintensité qui n'est guère
en rapport avecles constatations fournies
parle doigt
explorateur. Sichez
cesmalades
onessaie de
passer une sonde, son introduction peut êtretrès difficile.
Souvent 011neréussit le cathétérisme qu'à l'aide d'une sonde molle, qui,
mieux que les sondes rigides
à béquille, s'adapte
aux irrégularités, aux contours de la traversée prostatiquedu
canal. Il semble que
l'urètre
ait subi un mouvementde
tor¬sion. une inclinaison dans le sens de la saillie prostatique,
d'où ces déviations, en forme d'S, médianes et latérales que peut présenter
l'urètre à
ce niveau.Le plus ordinairement dansce cas c'est
le
lobe moyenqui
parait s'êtrehypertrophié seul.
Ettantôt il apparaît
sous forme de tumeurqui rappelle l'aspect du colutérin
;d'autres
fois, c'est une simple valvule quise dégage decelobe
etvient
au moment des contractions de la vessie obturer, sous forme de clapet, l'orifice vcsical, empêchant l'issue
de
l'urine au dehors. Et dans ce cas, plusl'individu
pousse,plus il fait
effort et plus la fermetureest
hermétique, l'application de la
valvule sur le col devenant plus
complète.
Ce sont ces lan¬guettes que Amussat désignait sous le nom
de valvule pylo-
rique, Lieutaud de luettevésieale. Enfin dans
un cas nousavons vu cette saillie
présenter
l'aspect, d'une brioche, un aspect enbissac. De tout temps,l'on
s'estdemandé quelle
étaitla fréquence cle l'hypertrophie de ce lobe médian. Mais
les auteurs semblent être en désaccord sur ce point. Pour quelques-uns, ce serait une disposition rare; pourd'autres,
et notamment pour les chirurgiens qui ont eu l'occasion d'opérer un certain nombre deces formes, ce serait une dis¬
position fréquente.
Les
statistiques
de Thompson, Civia le, Dupuvtren accu¬sent le lobe médian
hypertrophié
dans 150/0 des cas seule¬ment.
— 19 —
Sur les 28pièces du musée Civiale, Vignard n'a trouvé que 12 cas
d'hypertrophie
du lobe moyen.Watson dit que dans 28 30des cas on trouve robstruction
au col etdans 10/20 seulement lelobe médian seraiten cause.
Pour Fenwick, 00 0/0 des obstructions prostatiques sont dues au lobe médian.
Belfield, sur63 cas opérés, montre que
37/63
offrent une tumeurmédiane.Kummel croit
l'hypertrophie
du lobe médian pluscom¬munequ'on nesuppose.
Wolsey
pose les conclusionssuivantes :1" L'accroissement intra-vésicalde laprostaten'estpas tou¬
jours la cause de l'obstruction,
quoique
ce soit leplus
sou¬vent le cas. Il nécessitealors
l'opération.
2° La portion médiane joueun rôle en formant valve dans la majorité des cas.
3° Les lobes latéraux sont souventdes facteurs importants
à la fois intra etextra-vésicaux,maissurtoutintra-vésicaux.
D'après Lagoutte, sur 53 malades opérés dans le service de M. Poneet, c'est à peinesi
l'hypertrophie
du lobe médiana été rencontrée deux ou trois fois.
Dans les recherches faites par Prédal, à la Faculté ou à Bicètre, sur des cadavresd hommes figés de
quarante-cinq
a soixante-douze ans, recherches qui ont porté sur 91 sujetsau moins :
Agedessujets. Nombre. Hypertrophiesconsultées.
15 à 55ans 50 à 55 —
55 à 60 —
69 à 65 -
65 à 72 —
dans 64 cas, on voit que
l'hypertrophie
prostatique existe.Et si l'on examine la forme
d'hypertrophie
présentée par ces individus, on arrive, d'après Prédal, aux conclusionssuivantes : •
10
— âô -
«1°
L'hypertrophie du lobe
moyen,seule
ouassociée, est la
plus fréquente.
»2° Plus le malade estjeune, plus
l'hypertrophie
ade ten¬
dance à se trouver seulement localisée au
lobe médian de
la prostate. »
Nous aurions voulu
pouvoir founïr à notre tour
une statistiquepersonnelle
surla fréquence de
cesdéforma¬
tions, mais le temps ne nous a pas
permis d'accomplir
ces recherches. Mais nous avons demandé à M. le Dr Poussonde vouloir bien nous donner son opinion
à
cesujet. Or,
sans pouvoir nous
fournir de chiffres précis, M. Pousson
croit cependant que
l'hypertrophie du lobe médian, soit
seule,soitassociée,se rencontreplus
souvent qu'on
nel'a dit.
D'après
lui,à
mesure queles chirurgiens auront soin de
pratiquer
chez tout prostatique les modes d'exploration que
nous examinerons toutà l'heure, ils seconvaincront davan¬
tage de la fréquence
de
cessaillies intra-vésicales.
De telles modificationsdans la forme de la prostate
entraî¬
nent du côté de l'intérieur de la vessie des
déformations
extrêmement importantes. Ces
déformations peuvent inté¬
resser soit le col, soit le bas-fond
de la vessie. Du côté du col,
il peutexister une
saillie pédiculée qui, lorsque la vessie se
contracte,vient se rabattre comme un
volet
surl'orifice in¬
terne de l'urètre et empêcher
l'issue. Cette disposition
se retrouve dans les Observations VII et X, ainsi que le prou¬vent les dessins exécutés par notre
maître et
que nous re¬produisons au
tableau des observations. Et
cequi montre
bien l'influence de la contraction vésicale sur le degré
de
fermeturedu col, c'est que ces
malades
nepouvaient arriver
à uriner que dans la position
accroupie, position dans la¬
quelle le relâchement
de la paroi abdominale amenait
unediminution de l'énergie contractile
de la vessie. Mais
cescas sont assez rares. ,
Plus souvent, il existeun épaississement, une
tuméfaction
considérable de la.lèvre inférieure du col due à la saillie en massedu lobe médian sous cette lpvre. Cette déformation
n'entraîne pas par
elle-même d'obstacle à l'émission de
l'urine, car l'orifice ducol ne se trouve pas
obturé. Mais, fait
important, du fait de cette tumeurle col
setrouve surélevé,
et cettesurélévation déterminela production
d'un cul-de-sac,
d'un bas-fond entre le col et la paroi
postéro-inférieure de la
vessie. Le diamètrevertical de ce bas-fond est d'autant
plus
grand quel'embouchure de l'urètre
setrouve reportée plus
en avant. Son diamètre antéro-postérieur varie
suivant la
longueurdurelief intra-vésical. Nous
verrons,dans le cha¬
pitre suivant,
quelles sont les conséquences à déduire de ces
faits au point de vue
de la prostatectomie. Cette disposition
peut être la conséquence, non
seulement de l'hypertrophie
du lobe médian, maisaussi de
l'hypertrophie d'une des
par¬ties latérales de la glande.
Parfois,ce n'est plus une
portion de la prostate qui fait
saillie, c'est la glande tout
entière
qui s'avance dansl'inté¬
rieur de la vessie. Dans cescas, il y a formation d'un
diver-
ticule plus prononcé, d'un
véritable
sinus rétro-prostatique.Enfin, dansquelques cas, le relief prostatique est tel quela cavité vésicale setrouve pour ainsi dire cloisonnée çlans le
sensantéro-postérieuren deux compartiments, uninférieur,
un supérieur.
Tous ces faits présentent une importance considérable.
Ainsi que nous le verrons
dans le chapitre
suivant, c'est d'eux quelaprostatectomie
tire sesprincipales
indications.Enrésumé, déformation soit du col, soit du bas-fond,ou des deux à la fois, tel est le résultat de l'existence des saillies intra-vésicales.
Puisque la prostatectomie devra
tirer
ses indications deces diversesdéformations, il est absolument nécessaire que nous puissions les diagnostiquer cliniquement. Gela est-il possible ? Assurément, et pour cela on peut avoir recours à divers moyens.
Celui qui clonnele plus de
précision
c'est,sans aucun doute, la cystoscopie. Grâce aux perfectionnements apportés à l'instrumentation, cetexamen révèle très facilement l'exis-— 22 —
tencedecessaillies. Et pour*celui qui a un peu l'habitude du maniement du
cystoscope,
non seulement il pourra recon¬naître ces saillies, mais encore apprécier exactement leur volume, leur mobilité, leur pédiculisation. Le seul désavan¬
tagede ceprocédé, età notreavis il estconsidérable,c'est que lacvstoscopie estune méthodequi nepeut êtreà la portée de tout le monde. Exigeant une instrumentation spéciale, une
source d'électricitéque l'on ne peut toujours avoir, cetexa¬
men nepourra être pratiqué que parquelques-uns.
Il faut donc aumédecin des moyens plus pratiques, plus simples, etceuxque nous allons examiner offrent ces condi¬
tions. Ces moyens, indiqués par M. Poussori, sont au nom¬
bre de deux: 1° le cathétérisme
vés'ical
avec l'explorateurmétallique
à petite courbure ;2° le toucher rectal combinéaupalper
hypogastrique.
C'est par eux que ce maître a pu, dans les diverses observations que nous rapportons, faire le diagnostic. L'examen cystoscopique n'est pour lui qu'une méthode decontrôle, et rares sont les cas où la cvstoscopiea mis en défaut les données acquises parl'exploration.
Voicisa manière de procéder:
« Il faut, dit-il,
après
avoir introduit l'explorateurdans la vessie, le retirer légèrement, de manière à accrocher les lèvres du méat interne. Si celui-ci n'est pasdéformé, on peut imprimer à l'instrument unmouvement de rotation completsur son axe sans qu'il soit nécessaire de le faire pénétrer davantage dans la cavité vésicule. Si, par contre, des saillies le rendent irrégulier, le mouvement de rotation ne peut s'exécuter qu'à condition que l'explorateur soit enfoncé suffisamment pour les doubler. L'existence, la situation, le volume et la forme des exubérances déformant le col étant ainsi constatées, la profondeur du bas-fond est évaluée par¬
la hauteur à laquelle il faut relever la poignée de l'instru¬
ment pour que son bec en atteigne le plancher, presque
toujourssillonné de colonnes et dedépressions alternatives.
C'est au cours de cette manœuvrequel'on a chance de sentir le contact révélateurdes concrétions et des calculs qui se
développent
et se cachent si souvent en arrière de l'obstacleprostatique.
Quelquefois aussi, en raison de leur enclave¬ment entre les lobes de la glande et les parois de la vessie,
ces formations
lithiasiques échappent
àl'exploration
la plusminutieuse. »
A ce mode d'examen, il faudratoujours associer le toucher rectal combiné au palper
hypogastrique.
Pour cela, il faut d'abord évacuer complètement le contenu vésical. Puis, le malade étant placé dans le décubitus dorsal, son bassin étant relevé par un coussin placé sous les fesses, on lui re¬commande de respirerlentement etlargement, de
façon
que la paroi abdominale soitdansle relâchementle pluscomplet.L'index de la main droiteest alors introduit dans le rectum et l'on essaie de remonter aussi haut que possible, de façon
à ce que le doigt, dépassant le bord supérieurde la prostate, vienne se mettre en contact avec la paroi de la vessie. Puis, de la main gauche, les doigts dirigés verticalement, 011
déprime lentement et progressivement la paroi abdominale.
On peut arriver ainsi à percevoir,
lorsqu'il
y a saillie, une tumeur qu'une pression des doigts de la main gauche re¬foulevers le doigt placé dans le rectum. Chez les individus à paroi abdominale très épaisse, ou chez ceux qui présentent
une inflammation trop violente de la vessie, cette explora¬
tion 11e sera pas toujours possible. Cependant les cas sont rares où en procédant lentement et avec un peu d'habileté et d'habitudeon n'arrive pas à obtenir le résultat cherché.
III
Des Indications de la
Prostatectomie.
L'étude que nous venons
de faire des déformations prosta¬
tiques va nous
permettre d'établir les indications de la pros¬
tatectomiesus-pubienne.
La plupart
des
auteursont essayé de montrer la valeur de
cette opération en
comparant
sesrésultats
avecceuxdes
divers modes de traitementdiriges contre
l'hypertrophie de
la prostate. Cette
façon d'envisager la question
ne nous paraît pas exacte.L'emploi du cathétérisme répété et de la
sonde à demeure, la castration, Pangio-neurectomie, etc.,
sont des
procédés généraux susceptibles d'être employés
dans toutesles formes d'hypertrophie de la prostate.
Entre
euxle parallèle peut être établi, mais
il
ne peutsefaire
entreces méthodes générales et la prostatectomie qui, elle, est
une opération
à indications déterminées, applicable seule¬
mentà certainstypes d'hypertrophie. On a été aussi
amené
à envisager la valeur de la
prostatectomie
commeméthode
de cure radicale de l'augmentation de volume de la prostate.
On a voulu demander à l'opération plus
qu'elle
nepouvait
donner. Pour qui connaît la
pathogénie des accidents du prostatisme,
il estfacile de comprendre
quela suppression
même
complète
de laglande
nesaurait, dans tous les
cas, donner lieu à l'issuecomplète
et spontanéede l'urine. Il fau¬
drait pour cela quele
muscle vésical pût
recouvrerdu même
coupson entière
contractilité,
que sescontractions
nefus¬
sent pas affaiblies parla dégénérescence
scléreuse de la fibre
musculaire. La véritable cure radicale de l'hypertrophie prostatique serait dans lacure
radicale de la sclérose, dans
— 26 —
la possibilité
d'enrayer
cette loiphysiologique
qui fait qu'àmesure que nous vieillissons nos organes s'usent, les éléments contractiles perdent de leur énergie, la moelle son
pouvoir excito-moteur. Et c'est dans ce sens que nous devons comprendre cette parole du professeur Guyon :« Il
n'y
a et il ne saurait exister de traitementradical del'hyper¬
trophiedelà prostate. »
Les divers traitements dirigés contre
l'hypertrophie
de la prostate ne peuvent êtreque des moyenspalliatifs.
Ils doi¬vent surtout parer aux complications qui d'ordinaire sur¬
viennent à une époque de l'évolution de l'affection. Or, ces
complications sont d'ordre infectieux, et cette infection trouve sa cause provocatrice dans l'évacuation
incomplète
du réservoir vésical. Il se fait une rétention parfois totale
d'emblée,
parfois seulement partielle, à la faveur delaquelle la vessie se congestionne. Qu'à ce moment survienne une causeoccasionnelle,
uncathétérisme septique, et l'infectionva s'établirsur ce terrain préparé. Primitivement vésicale, cette infection peutde la vessie remonter
jusqu'au
rein et c'est alors cette complication qui commandera le pronostic.Nous devrons donc nous efforcer delutter contre cette infec¬
tion vésicale secondaire. C'est à la disparition de tous les facteurs susceptibles de la provoquer, c'est à toutes les causes empêchant l'évacuation totale, soit spontanée, soit
provoquée,
que le traitements'adressera.Pourluttercontre la rétention, soit
complète,
soit incom¬plète, il semble que nous soyons suffisamment armés. Le
cathétérisme,
la ponction et même la cystotomie ne rem¬plissent-ils pas ce rôle ? Est-ce que l'ouverture haute de la vessienotamment, ne permet pas de donner issue à l'urine,, de drainercettecavité de
façon
quel'urine nepuisse séjour¬ner
longtemps
dans son intérieur Oui. cela est vrai si l'onenvisage
les cas où la vessie ne se trouve pas déformée, où elle constitue une cavité à parois régulières, lisses, sans saillies et sans diverticulum. Dans ces cas, il n'est pas nécessaire pour drainerla vessie d'avoir recours à une opé-ration. Avec une certaine habitude on arrive à peu
près
toujours à pratiquer lescathétérismes
enapparenceles plus
difficiles. Dans ces cas, disons-nous, l'emploi de
la sonde
suffira à assurer une évacuation suffisante.
Mais considérons les cas où, par suite
d'une évolution
intra-vésicale de
l'hypertrophie,, la vessie
setrouve déformée,
constituant une cavité anfractueuse. Dans notre chapitre précédent, nous avons montré,
d'après des statistiques,
queces dispositions nesont pas rares
et
cesont elles qui créent
surtout les chances d'infection. Comme nous l'avons vu, il y a dans ces cas non
seulement déformation du col, mais
encore surélévation de l'embouchure de l'urètre dans la vessie, disposition
créant
unbas-fond,
unesorte de cul-de-
sac. Il faut empêcher le séjour
de l'urine dans
cecul-de-sac,
car, sous l'influence d'une inflammation, elle
risquerait de
s'altérer, de devenir muco-purulente. Et de ce foyer
l'infec¬
tion a toutes chances de gagner le rein par voie ascen¬
dante. C'est, en effet, à ce niveau que s'ouvrent les uretères
dont lesorifices, souvent dilatés par paralysie du sphincter,
offrent pour ainsi dire une bouche béante à l'infection. C'est
par le reinque succombent les prostatiques, d'où nécessité urgente de faire disparaître le foyer infectieux intra-vésical qui le menace à tout instant.
Comment procéder à cette
désinfection
? Comment empê¬cher la stagnation del'urine ? La difficulté de l'évacuation
totale par la sonde estdue à «
la mise
en perce» trop haut dela vessie. Cependant, si le
bas-fond
estlargement
ouvert ducôté de la vessie, si la sonde peut contourner facilement le
col peu développé, on pourra
recourir
aucathétérisme,
en ayantsoin de le pratiquer dans laposition verticale,
oubien
si on le fait dans le décubitus dorsal en déprimant forte¬
ment la région
hypogastrique.
Deslavages antiseptiques
ac¬compagneront le
cathétérisme.
Mais envisageons les cas où soit l'un des lobes prostati¬
ques, soit la prostate en masse, pousse dans l'intérieur de la vessie un prolongement considérable, surplombant le bas-
— 28 —
fond et donnant lieu à une anfractuosité, à un sinus rétro- prostatique. Dans ces cas, la sonde à demeuré est impuis¬
sante, quel que soit l'artifice employé, à vider l'urine qui
séjourne
dans ces sortes de cryptes. L'examen des figures qui accompagnent nos observations en témoigne suffisam¬ment.
L'ouverture de la vessie à l'hypogastre peut-elle assurer cette évacuation? Pas davantage. La cystotomie
n'est
autre chose qu'un drainage vésical. Or, lorsque nous désironsdrainer unecavité, unfoyer quelconque, notre premier soin n'est-il pas de régulariser ce foyer, de faire disparaître
toutes les cloisons, toutes les brides qui peuvent retenir der¬
rièreelles les liquides. Ouvrir la Vessie pour fournir une voie de dérivation à l'urine, c'est là seulement le premier temps d'une opération qui,pour être efficace,devra enmême temps s'assurer que la cavité est bien uniforme,qu'iln'existe pas de vides, de coins où l'urine peut stagner. La cystotomie
en un mot nedoit être que le premier tempsde la prostatec- tomie. Quand lesdifficultés du cathétérisme nous forcent à recourir à l'ouverturevésicale, oubien lorsque des accidents infectieux imposent cette conduite, presque toujours cela tient à des déformations. De sorte que l'on peut dire que chaque fois que la nécessité s'impose de faire la cystotomie, il y a aussi indication à la prostatectomie. Même chez les malades où il n'existe pas de saillie, il sera utile d'agir sur l'urètre prostatiquepour permettre le cathétérismeetnepas condamner le malade à vivreavec un méat hypogastrique.
Comme on le voit, le champ de la prostatectomie doit s'élargir de toutes les indications qui donnentlieu à la cysto¬
tomie.En régularisant la cavité vésicale,en faisantdisparaître
tous les diverticules qui retiennent l'urine, elle permet un drainagecomplet, efficace. C'est donc le danger d'infection qui crée la principale indication de la prostatectomie.
IV
Moyens d'aborder la prostate. La Prostatectomie
sus-pubienne est la méthode de choix. Technique
opératoire.
Trois grandes voies nous
permettent d'aborder la pros¬
tate : voie urétrale, voie
périnéale
etvoie sus-pubienne.
La voie urétrale est celle qui fut
employée
parMercier,
LeRoy
d'Etiolles. Complètement abandonnée après eux, cette
voie a été reprise de nos
jours
parBottini, qui
asubstitué
aux branches coupantes
des branches galvano-caustiques.
Entre les mains de hauteur, cette méthode
aurait donné,
paraît-il, desrésultats satisfaisants. Mais
sansvouloir con¬
damner un procédéque nous ne
connaissons
pas,il
noussemble cependant qu'il est bien
difficile de faire
parla voie
urétrale rien de bien précis, onmarche un peu
à l'aveugle à
travers unevoie aussi obscure, aussi étroite que
celle qui
suit le canal urétral de l'homme.
A l'heure actuelle, la chirurgie, enhardie par
la sécurité
que procure
l'asepsie, accorde
avecraison la préférence
auxprocédés qui permettent de voir, de diriger les
manœuvresexécutées. Aussi est-ce à la voie périnéale ou à la
voie
sus- pubienneque l'ondonne la préférence. Nous n'avons
pasla
prétention de
refaire ici le parallèle entre les avantages de
l'une oude l'autre. Il est acquis que lorsque nous
voulons
aborder la vessie, c'est à la voie haute que nous aurons
à
recourir; la taille
sus-pubienne, et
pasn'est besoin de le dé¬
montrer, estincontestablement supérieure à
la taille péri¬
néale. Or, nous avons vu, en étudiant les déformations
di¬
versesproduitespar
l'hypertrophie,
que cesont les formes à
— 30 -
tendances intra-vésicales qui constituent les véritables indi¬
cations de la prostatectomie ; c'est le col vésieal, c'est la partie inférieure de la vessie qu'il faut régulariser, qu'il faut dégager.
C'est le bas-fond de la vessie, c'est le sinus
rétro-pros¬
tatique qu'il importe de pouvoir
apprécier
afin d'en amener la disparition, afin de le nettoyer, dele gratter, de supprimer à sonniveau toutes les chances d'infection. Dans cebas-fond nous trouveronsparfoisdes formationslithiasiques cachées, ignoréeset qu'il faut enlever. Nous devons donc nous com¬portercomme si nous voulions agir uniquement sur la ves¬
sie, comme si nousvoulions attaquer une tumeur vésicaleà point d'implantation sur le col.
D'ailleurs, par la taille sus-pubienne il nous sera possible d'agir, si nous le
jugeons à
propos, sur l'ensemble de lamasseprostatique qui est extra-vésicale. Nous pourrons fa¬
cilement exécuter une tranchée, au thermo-cautère par
exemple, dans la portion médiane de la glande, de façon à élargir, à régulariser l'urètre prostatique. Cette conduite a d'ailleurs été suivie dans un cas par M. Pousson et le ma¬
lade a pu pendant
quelque
temps uriner seul. Plus tard, ilest vrai, il afallu recourir à la sonde rectiligned'abord, cou¬
dée ensuite. Mais dans ce cas nous nous demandons si le résultatn'eut pas été meilleur si l'on avait eu soin aussitôt
après
l'opération de placerune sonde à demeure, de façon à diriger le travail de cicatrisation.Ces indications étant posées, comment allons-nous prati¬
quer la prostatectomie sus-pubienne. Avant d'opérer, il est des soins préliminaires qu'il faut remplir. Ordinairement,
nous aurons à intervenir chez des malades dont la vessieest
infectée, dontles urines sont troubles. Il faut dès lors au¬
tant que possible commencer par soigner la vessie. Pendant quelques jours,on fera deux ou trois lavages quotidiens de la cavité vésicale soit avec une solution boriquée, soit (et de préférence)avecla solution de nitrate d'argent à 20/00. Et/en raison desdéformations qui existent, il faudra, le liquide
étant introduit, malaxer la vessie soitpar riiypogastre
seul,
soit par le toucher
rectal combiné
aupalper hypogastrique,
de façon
à
ce quele liquide pénètre partout, qu'il vienne
baigner toutes les
portions de la paroi de la vessie. En même
temps, on pourra donner
à l'intérieur quelques antisepti¬
ques tels que : acide
benzoïque, salol. Ces individus offrant
fréquemment de laconstipation,
ondevra plusieurs jours de
suite administrer deslavements afin de débarrasser, de net¬
toyer
l'ampoule rectale autant
quepossible. Enfin, la veille
dujour de l'opération, le
malade
serapurgé et l'on s'occu¬
pera de la toilette
de la région hypogastrique. Après l'avoir
rasée, lavée,brossée,onyappliquera un
pansement humide.
Le moment venu d'opérer, toutes
les précautions d'asepsie
étant prises,on fait un
dernier lavage de la vessie
aunitrate
d'argent, puis on introduit dansla cavité vésicale
une cer¬taine
quantité d'eau boriquée qu'on laisse à demeure. La
distension produite par une
faible quantité de liquide est
suffisante pour faire saillir la
vessie
et remonterle cul-de-sac péritonéal
;il n'est
pasnécessaire d'employer le ballon de
Petersen.
Alors seulement on commencera à endormir le malade, de façon à ce que ces
soins préliminaires
neprolongent
pasle
tempsopératoire.
Lavessie
sera ouverteconformément
aux règles généralesde la taille sus-pubienne.
Deuxfils
de soie placésdansl'épaisseur des lèvres vésicules serviront à
sou¬lever la vessie. Celle-ci sera d'abord asséchée, puis à l'angle supérieur de
la plaie
onplacera
unécarteur. A cet effet,
M. Pousson a fait construire un écarteur
électrique
qui, éclairant parfaitementl'intérieur vésical,
permetd'apprécier
tous les détails de son contenu: forme, volume de la saillie prostatique,
dimensions, aspect du bas-fond.
Surles parties
latérales, on placeégalement
deux écarteursajourés
cons¬truits également sur. les
indications de
M. Pousson. Ces écarteurs ont l'avantage de bien tendrela paroi inférieure de la vessie et de ne pas gêner les manœuvres intra-vésicales.Le champ vésical bien