LES VIANDES EXSUDATIVES
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE R. GOUTEFONGEA
Laboraloire de Recherches sur la Viande,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
INTRODUCTION.
I. - RAYI’EL DES
CARACTÉRISTIQUES
DU MUSCLE DIT « NORMAL » CHEZ LEPORC.
Consistance Rétention d’eau Coloration
pH Histologie
Qualités technologiques.
II. -
CARACTÉRISTIQUES
DE L’ÉTAT EXSUDATIF.1 °) Propriétés physiques
etphysico-chimiques.
Consistance Rétention d’eau
Techniques
faisantappel
à lacentrifugation.
Techniques
faisantappel
à lacompression.
Coloration.
Appréciation
à l’oeil.Appréciation
par détermination de la teneur enpigments.
Appréciation
par réflectométrie.pI-1.
Rapports
entre lepH,
lepouvoir
de rétention d’eau et la couleur des viandes.Température.
Histologie.
2
°) Composition chinaique.
3 0
) Conséqueizces technologiques.
III. - PHÉNOMÈNES SE PRODUISANT DANS LE MUSCLE DANS LES 24 HEURES APRÈS I,A MORT.
1
°)
Muscle noryraal.2
°) Muscle
exsudatif.
IV. - EXPLICATION DU PHÉ¡’¡OMÈ::’Œ.
1
°) Observations
expérimeniales : !luyalité
des causes exteynes.2
°) Essai
d’interp y étation
du mécanismed’a!parition :
.’Notion de choc,
d’agression :
concept del’adaptation.
Interprétations.
V. - REMÈDES DANS I,’ÉTAT ACTUEL DE NOS CONNAISSANCES.
CONCLUSION.
- ----
L’apparition
du caractère exsudatif dans la viande de porc ne constitue pas unedécouverte
récente,
comme onpourrait
lecroire ;
eneffet,
dès1 8 97 ,
onsignale
dansla littérature des porcs à « chairs
flasques, pâles,
décolorées ».(B OURRIER , I8g!).
Toutefois,
cetteaffection,
assez rarejusque-là,
a connudepuis
une dizaine d’an-nées une
importance
croissantequi justifie
un nombreimportant
d’études en raisonde ses
conséquences économiques.
Nous allons essayer de faire lepoint
de nos con-naissances à l’heure actuelle sur ce
problème.
I. - RAPPEL DES
CARACTÉRISTIQUES
DU MUSCLE DIT« NORMAL » CHEZ LE PORC
Le muscle de porc considéré comme « normal » est celui que l’on rencontre encore
à l’heure actuelle le
plus fréquemment
dans les carcasses etqui
donne les meilleursrésultats,
tant aupoint
de vue conservationqu’au point
de vue desqualités
culi-naires et
technologiques.
Ce muscle dit « normal» présente
descaractéristiques
assezprécises
dont certainespeuvent
êtrechiffrées, caractéristiques
que nous allons passeren revue en considérant que le muscle ainsi étudié
appartient
à un animal abattudepuis
a! à36
heures.1 0
)
ConsistanceElle est ferme. Le muscle offre une certaine résistance à la
pression
dudoigt ;
s’il est
séparé
de la carcasse, il conserve une formeproche
de sa forme initiale déno- tant une forte cohésion entre les faisceaux. A l’échelle de larégion musculaire,
celase traduit par une forte cohésion entre les muscles et par un maintien de la
forme ;
par
exemple,
unjambon
formé de tels musclesposé
àplat
sur une table conserve saforme propre
(fig. i).
2
°)
Rétention d’eauLe
pouvoir
de rétention d’eau d’un muscle se caractérise par lepourcentage
d’eauperdue
ougagnée
dans certainesconditions,
biendéfinies,
d’extraction oud’absorption.
Bienentendu,
lacomparaison
deplusieurs
muscles n’estpossible qu’a-
vec la même méthode. Par
exemple,
en utilisant la méthode de WISM!R-P!D!RSEN(I959)!
lepouvoir
de rétention d’eau d’une viande normale se traduit par uneperte
depoids
inférieure à 42omg/g
de muscle frais.3 0
)
Cnlovati:ouBien que le porc soit l’animal chez
lequel
on observe leplus
de variations de cou-leur d’un muscle à
l’autre,
ces variations se maintiennent dans des limites assezétroites,
du rose intense au rouge franc. 1)eplus,
un muscle donné a, engénéral,
unecouleur uniforme. Un tel muscle a une teneur en
myoglobine supérieure
à 1,2mg/g
de muscle frais.
4 °) PH
Après l’abattage,
lepH
musculaire subit une chutequi
est, dans cesmuscles,
assez
lente ;
la stabilisation de la valeur dupH
à son niveau minimum seproduit
une douzaine d’heures
après
la mort, c’est-à-dire à un moment oit larigor
mortis apratiquement
atteint saplénitude.
La valeur du
pH
tnesurée à l’issue de cettepériode
dechute,
oupH ultime,
estvariable d’un muscle à
l’autre,
mais se maintienttoujours
entre les limites extrêmes de !,7 à6,3.
5°) Histolor;ic
Une coupe transversale montre des faisceaux musculaires
globuleux, turgescents
et un
sarcoplasme
ahondant. Une coupelongitudinale
montre des faisceauxparallèles
contenant des fibres
également parallèles,
avec une striation transversalerégulière.
6°) Qualités /f’f/n)0/!!;’!;<M
Dans le
salage
à sec, le muscle «prend
bien le sel » et se dessèche assezrapide-
ment ;
l’absorption
de sel se fait defaçon régulière
sur toute la surface.Dans les salaisons en saumure, la solution salée
pénètre
bien dans le muscle etla
dialyse
entre le suc cellulaire et la solution salée s’effectuerapidement.
Dans ces deux
procédés,
la conservation est excellente.II. -
CARACTERISTIQUES
DE1,’ÉTAr
EXSUDATIFL’état
exsudatif,
ainsi dénommé en raison de l’exsudation deliquide
hors dumuscle
qui
seproduit, s’accompagne
de certaines déviations des différentes carac-téristiques
du muscle.I°)
PROPRIÉTÉS PHYSIQUES ET PHYSICO-CHIMIQUESa)
ConsistcaraceSur l’animal vivant
(L UDVI G S E X , 1054 )
et aussitôtaprès l’abattage,
il est diffi-cile ou
impossible
de déceler le caractère exsudatif.D’après
CossARn(rc lj7 ),
un oeilaverti
peut
remarquer, au niveau de la fente entre les deuxjambons,
que les muscles Gracilis sontglobuleux
etpâles.
Nous avonségalement
observé que, trèsrapidement après
lafente,
l’examen de la surface de coupe des muscles Gliticits medius et Gluteltssu!er fccialis
rend assez biencompte
del’aspect
futur de la carcasse.Entre 12 et 2!. heures
après l’abattage,
les caractères deviennentévidents :
l’ensemble de la carcasse manque de
rigidité, (la rigo y
rnorlis semble s’établirrapide-
ment, mais elle est de courte durée et, de
plus,
peu1 >erceptible). Toutefois,
dans lescas très
prononcés
demyopathie
eisudati!-e etdépigmentaire,
les caractères de- viennent aisément décelables bien avant un tellaps
de temps.Quelques
heures sontsuffisantes.
La carcasse est donc sans
rigidité,
lesmuscles,
mous, seséparent
les uns desautres
(fig. i).
Ceci estparticulièrement
visible sur lejambon
ou ils seséparent
del’axe osseux. Le muscle
L Oll gissimus
dorsi est très affaissé. les carcassespendues
subissent même des déformations par suite de ce manque de
consistance ;
le muscle (wucilis forme un véritable bourrelet.Le tissu
conjonctif
estgorgé
d’une sérosité claire oulégèrement rosée ;
la sur- face des muscles est très humide et, parsimple pression,
on obtient un écoulementde
liquide ;
celiquide
s’écoule lelong
des carcasses et vient souiller lesparties
infé-rieures.
Tous les muscles
peuvent
ne pas être atteints au mêmedegré.
Dans les cas dedégénérescence
musculaire totale cités par LUDVIGSE:’>I(ig!4),
tous sontatteints,
maisil est des cas oit seuls certains groupes musculaires sont touchés, en
particulier
lesmuscles
LorzgLSSimus dorsi, ,Semiterzdizaostas, Semimembranoslts,
hracilis.(l,i7i)B!ic!-
SE X
.
1954 ), (L AWRI E
et al.,io,58), (I,!«-kc!, 10 0 0 ).
Il faut toutefois noter que ces
muscles, qui
sont cités comme lesplus fréquem-
ment atteints et les
plus
sensibles à ladégénérescence
musculaire, sont aussi lesplus fréquemment
étudiés.b)
Rétention d’l’aitOn a montré due la teneur
globale
en eau des viandes exsudatives n’est passupé-
rieure à celle des viandes normales
(HENRY,
Bii,i!oN- et HMwl.-B,1 ( 55 ), (Jl!sr,!
et al.,
rg6o).
On nepeut
donc pas attribuer l’écoulement deliquide
à une teneur en eausupérieure. L’origine
de cette exsudation doit donc être recherchée dans unpouvoir
de rétention d’eau
plus
faible de lapart
des viandes exsudatives.Divers auteurs ont
cherché,
sinon à mesurer lepouvoir
de rétention d’eau de laviande,
du moins à en obtenir unereprésentation permettant
de comparer des viandes de diverstypes.
Parmi les différentes méthodes
possibles,
seules sont utilisées dans lapratique
celles
qui
sont assezrapides
pourpermettre
l’utilisation engrande
série. Toutes fontappel
à l’une ou l’autre des deuxtechniques
suivantes :centrifugation
et compres- sion.7t’c/t M
!f /
MM jaisant appel à la ceiitr l ’iit,,at’ 1 ioii.
BVi ERH
iCKi, KLwcl,1~, DEATHERAGE
( 1957 )
utilisent un tubespécial
de centrifu- geuse dont lapartie inférieure,
d’un diamètre inférieur à celui de lapartie supérieure,
est
graduée
etséparée
de celle-ci par undisque
mobile en verre fritté. La viande estplacée
dans lapartie supérieure
du tube et,après
unecentrifugation
de 10 minutesà yo g, le
jus exprimé
se rassemble dans lapartie
inférieure et son volume est lu immédiatement.S
WIFT et BERMANN
(ig 5 g) mélangent
15 g de viandebroyée
à 15 ml d’eau dis- tillée. Ils laissent macérer r2 heures à o°,ajoutent
8 ml d’eau distillée etcentrifugent
2
o minutes à 15o0o t/mn. Le
liquide surnageant
est enlevé et on fait la différence dupoids
initial et dupoids
final. On admet que la moyenne des différences depoids représente
lepouvoir
de rétention d’eau et onl’exprime
enpoids / 1 5
g viande. Ceprocédé
entraîne une erreur due à laprésence
dans leliquide
décanté decomposés
extraits de la viande.
S
HERMAN
(ig6i)
utilise une méthodesemblable ;
IO g de viandebroyée
sontmélangés
à 10 ml d’eaudistillée ;
lemélange
reste W h à o° et lacentrifugation
à300o
timn
dure 20 mn. Le résultat estexprimé
selon la relation :Techniques faisant ap!el
à lacompression.
Toutes ces
techniques
dérivent de la méthode de GRAU et HAMM( 1952 ) qui
con-siste à presser l’échantillon de viande sur un
papier-filtre,
lapression
étant obtenueavec une presse à vis commandée manuellement.
GRAU et H.U1JVI
(rgj 3 )
utilisent cette méthode sur des échantillons de viande hachéeen
pressant pendant
5lîl11 sur une feuille depapier-filtre.
Ils mesurent ensuite la sur-face de la tache de
jus
ainsi obtenue parplanimétrie
et en déduisent laquantité
d’eauextraite. Ces mêmes auteurs
(GRAU
et HAMM,zgj 4 ) reprennent
la mêmetechnique
avec des échantillons non hachés et considérent la surface de la viande
après
pres- sion. I,a surface de la viande est d’autantplus grande
que lepouvoir
de rétention d’eau est élevé.N
INIVAARA et POHYA
( 1954 )
utilisent unepâte
de viande hachée etmélangée
à40p. 100
de son poids
d’eau. 300 mg de cettepâte
sont soumis à la pressependant
mn.Ils mesurent alors
planimétriquement
la surface de la tache et celle de lapâte.
Ladifférence de ces surfaces est ramenée à 300 mg et ils considèrent cette différence
comme
représentative
dupouvoir
de rétention d’eau de la viande(plus
la différence estpetite, plus
lepouvoir
de rétention estfort).
GRAU et HAMM
(i g 5 6) précisent
l’intérêt de leurméthode,
sespossibilités
et seslimites. Cette méthode est
également
utilisée par SCHON et SzosrEm( 195 R)
et SCHONet SCHEPHR
(io6o).
WI S lVIER -P
EDERSEN
(i9!<!) pèse
l’échantillon de viande avant etaprès l’opéra-
tion de pressage
(entre
deux feuilles depapier-filtre)
etexprime
la différence enmg/g
de viande initiale. Plus cette
différence, qui correspond
à l’eauperdue
par laviande,
est
importante, plus
lepouvoir
de rétention d’eau est faible.B RISK E
Y et al.
(105 9 a)
utilisent aussi une presse àvis,
mais avec undispositif permettant
de mesurer le moment ducouple appliqué.
Ilsprennent également
enconsidération la surface de la tache de
jus.
Cette méthode
présentant,
à notreavis,
l’inconvénient de nécessiter une inter- ventionmanuelle,
sourcepossible
de variation des conditions de mesure, nous avonspréféré utiliser,
dans le mêmebut,
unappareil
constitué d’uncylindre
et d’unpiston (GouTEFON&EA, ig6o).
Iyapression
est obtenue par lepoids
dupiston,
mais sonmode d’établissement
(chute
dupiston
d’une hauteurconstante) permet
d’éliminerles influences non contrôlables dues à une
opération
manuelle. Nous avonspressé
par cette méthode des échantillons de viande entre deux feuilles de
papier-filtre
et, en mesurant la
quantité
d’eauexprimée
parpesée
et parplanimétrie
des tachesde
jus,
nous avons obtenu entre les deux séries de mesure un coefficient de corré- lation de :r = -E- o,gi ± o,oi
significatif
à I’ --- oloi.WiE RB
iCKi et DEATHERAGE
( I g 5 8)
utilisent une pressehydraulique
et étudientl’influence de la
pression
sur laquantité
d’eau extraite. Ils observent que la courbe de laquantité
d’eau extraite en fonction de lapression présente
despaliers (fig. 2 ).
Ils en déduisent que la
pression
de travailoptimum
est de 50np.s.i.
et letemps
depression,
i mn.BuiSKEY et al.
(ig6o a)
utilisentégalement
cetteméthode,
de même que LrRi3m, ZESSIN
, WiLSON
(rg62),
mais ces derniersremplacent
la commande manuelle de la pressehydraulique
par une commandeélectrique.
Cossa
RD
(ig 57 ) emploie
une méthode différentequi
a l’inconvénient de nécessiter desquantités
assezimportantes
de muscle. 2!o g de viande sont hachéspuis pressés
et on mesure la
quantité
de sérosité extraite. Les résultats obtenus par cette méthodeen
comparant
un muscle normal et exsudatif sont les suivantes :Le tableau i
donne,
sous une formeschématique,
lescaractéristiques
de cha-cune des méthodes utilisées.
Tous les résultats obtenus par ces diverses méthodes ne
peuvent
évidemmentpas être
comparés
entre eux ; ils n’ontqu’une
valeur relative et seule lacomparaison
des résultats obtenus par une même méthode avec des viandes de diverses
qualités
aune
signification.
WISMER-PEDERSEN(r 95d ),
parexemple,
trouve que la rétention d’eauoptimum correspond
à uneperte
depoids
de4 61 mg/g
au pressage. Il observeaussi,
en
comparant
des résultats avec les notes degoût
et de texture attribuées par unjury,
que la viande estacceptable
pour uneperte
depoids
variant de 400 à 5jomg ; g.
Nous avons
comparé
une méthode basée sur lacentrifugation
à une méthodebasée sur la
compression (GouTEFO&dquo;lGEA, 19 6 3 ).
Les résultats ne nouspermettent
pas de trancher en faveur de l’une ou l’autre.
c)
ColorationLa coloration des viandes
peut
êtreappréciée
de diversesfaçons.
A ppréciation
l’!il.- Cette
appréciation peut
se fairesimplement
en classant les muscles en caté-gories
de couleur.HENRY, Bm,i,ow, HAOUZA
( 1955 )
classent leurs carcasses en 3catégories :
i. Viandes bien
pigmentées,
2
. Viandes rouge
rosé,
3
. Viandes blanc rosé.
1,.-B&dquo;’
RIE et GATHEKUM
(m 3f >a)
utilisent une échelle allant de o(blanc)
à 6(très rose) .
Le muscle exsudatif
apparaît
essentiellementpâle,
cequi
a d’ailleurs fait donner le nom de « porcs blancs » aux porcs atteints demyopathie
exsudative. Cette absence decoloration,
ou coloration trèspâle, peut
intéresser tous les groupes musculaires(cas
dedégénérescence
musculaire totale deI jUDVIGSEN )
ou seulement certains d’entre eux ; le muscleLongissimus
dorsi estparmi
les muscles lesplus fréquemment
cités. I’ar contre, les muscles se trouvant
près
d’un axe osseux(par exemple
dans lejambon)
conservent souvent une couleur normale. Cecipourrait
être àrapprocher
de l’observation de Cai,r,ow
(r 93 6)
selonlaquelle
lepH
des muscles estplus
élevéau
voisinage
de l’os en raison d’un effettampon possible
de lapart
des substances minérales osseuses ; onpourrait
donc voir là une influence dupH
sur la couleur.Cependant,
ces muscles voisins de l’axe osseux, de colorationplus foncée,
contiennent nettementplus
depigment
que les musclespâles,
cequi explique,
au moins engrande partie,
la différence de couleur.On peut trouver tous les
degrés
dedécoloration, depuis
le rouge assez vifjus- qu’au
rose trèspâle
presque blanc enpassant
par le blancjaunâtre
et même legrisâtre (COSSARD, 1957 ) (I,umnGSi:V, 1054 ).
La teinte
peut également
varier dans un mêmemuscle,
soitbrusquement (cas
des viandes
bicolores),
comme souvent dans le semitelldillosliS(ME SEE
etc!l., 19 6 0 )
ou
graduellement.
Dans certainsmuscles,
une coupeperpendiculaire
aux fibresmontre un
dégradé
allant du rouge au blanc(CossaRV, H )5 7 ),
M’Is-!NIER-PEDERSE-,
( IC )59)
utilise l’échelle de notationreprésentée
tableau 2où les couleurs sont classées en groupes notés de o,j à 5.
- Le
jugement
de la couleur àl’œil peut
aussi se faire parcomparaison
à unegamme d’étalons colorés
(C I , AUSEN
etTHO!s!:! , HJ59 ).
Mais il est difficile de comparer la couleur d’échantillons de structure différente et deplus
il est nécessaire d’avoirun
éclairage
standard et des couleurs-étalons stables.Cette méthode
peut
être améliorée encomparant
la couleur de la viande à la couleurcomposite
donnée par la rotationrapide
de secteurs de couleurs définies(HENRY,
BRATZLER,1 <j 60 ) .
On fait varierl’importance
relative des différents secteursjusqu’à
l’obtention de lacorrespondance
avec la couleur de la viande. La couleurse définit alors par les
pourcentages
de surface de chacun des secteurs colorés.- Une autre méthode est celle utilisée par les Stations de testage
anglaises (Tinto1neter LOL’iIJOnd).
On détermine par tâtonnements le filtrequi, superposé
àun fond blanc
translucide,
donne à l’œil la mêmeimpression
colorée que laviande,
le filtre et la viande étant éclairés par la même source lumineuse.
Appréciatioll
de la couleurpar
déternzination de la tc-raeur iiipigmelds,
BVIS!ŒR-PEDERSE?-;
(H)59)
utilise la méthode de I&dquo;!!’km;( 1050 )
pour déter-miner la teneur totale en
pigments
du muscle. Il en déduit quel’impression
decouleur à l’oeil
dépend
non seulement de la teneur enpigments,
mais aussi de la structure de laviande ;
cette structure étant en liaison avec lepouvoir
de rétention d’eau de la viande et sonpH.
’BVis:MER-PHnHRSKx observe que les viandesayant
un 1>on
pouvoir
de rétention d’eau ont une couleur assez soutenue, même avec uneteneur en
pigments
relativementfaible ;
par contre, les viandesayant
un faiblepouvoir
de rétention d’eau ont une couleur assezpâle
avec une teneur enpigments normale,
mais ont une couleur normale si la concentration enpigments
est forte.B!2E-S!znrH
( I g 4 <S)
et HAMM( l ()5j)
estiment que la teneur enmyoglobine
dumuscle
pâle
est normale, mais que la décoloration est une apparence due aupH
acide de cette viande : une viande à bas
pH
sembleraitplus
claire en raison de la structure serrée(structure
à l’échellemoléculaire,
donc différente de la « structure »grossière,
telle que l’onpeut l’apprécier
à l’œil etd ui elle,
par contre, sembleplus
lâche
lorsque
lepH
estfaible) provoquant
une réflexion de la lumière sur les couchessuperficielles
dumuscle,
tandisqu’une
viande àpH élevé, possédant
une telle struc-ture
plus lâche, apparaîtrait plus
foncée en raison de lapénétration
enprofondeur
des rayons lumineux et de leur réflexion à travers une couche
pigmentaire plus épaisse.
SC
HAPIRA et DREYFUS
( 1952 ) estiment,
par contre, que la décoloration des musclesmyopathiques
est due à une baisse du taux dem y oglobine ;
mais ils’agit-
là de
myopathie
humaine.SC AIFF
E
(ig, 55 )
dose lepigment
total(myoglobine
!-hémoglobine)
et mesurele
pH
de 3 muscles : muscle Semitendinosus,
muscle Semi J1,enbranoslIs et muscle Rectusfemoris 4 8
heuresaprès l’abattage.
Il observe que la teneur enpigment
croîtquand
lepH
s’élève(tabl. 3 ).
B
RISKEV et al.,
( y 6o a)
ne trouvent pas de différencessignificatives
entre lesteneurs en
myoglobine
d’un même musclepris
dans desjambons
dequalités
diffé- rentes, mais observent de très nettes différences entre des muscles de couleur(observée
à
l’oeil)
différente(tabl. 4 ).
Nous avons observé que la teneur en
myoglobine
varie d’un muscle à l’autre à l’intérieur d’un même porc et même à l’intérieur d’un même muscle(de o,!6 mg/g
de tissu frais à
1 , 2 6 mg/g
pour 2portions
du Semirnembravtosais).
Nous avonséga-
lement noté que ces différences de teneur en
myoglobine correspondent
à des diffé-rences de couleur
(appréciée
àl’oeil), (M ES r,E
etal., rg6o).
Il semble donc que
l’impression
colorée ressentie par l’cxil soit la résultante de deux éléments : la teneur enpigments
et la structure del’échantillon,
chacun de ces élémentsayant
sonimportance.
A ppréciation de
la couleurpar véflectvométrie.
Cette dernière méthode a
l’avantage
de ne pas utiliser l’oeil de l’observateur et elle est donc réellementobjective ;
deplus,
elle rendcompte
de la couleurréelle,
c’est-à-dire de la résultante de la teneur enmyoglobine
et de la structure.Cette
méthode, qui
consiste en la mesure dupourcentage
de lumière réfléchie par l’échantillon à diverseslongueurs d’onde,
a été utilisée enparticulier
par FEWSON et KiRSAMMER(io6o),
BRISKEY et WiSMER-PEDERSEX(io6i a)
et OT!o( 10 6 2 ).
La coloration
pâle
des muscles exudatifs est donc due à deux causes : d’unepart,
à une teneur moindre enmy oglobine
et, d’autrepart,
à l’influence dupH
sur lastructure de la surface de la viande.
d)
LepH
Actuellement, le
pH
du muscle esttoujours
mesuré par insertion directe des électrodes(électrode
deverre)
dans le muscle et les méthodes de mesure surbroyât
ou macérat de muscle ne sont
pratiquement plus
utilisées.Le
pH
des viandes exsudatives est anormalement bas. Onpeut
considérer que lepH
des viandes de porcnormales,
à la fin de larigor mortis,
estcompris
entre5 ,8
et
6, 3 ;
or, dans des musclesexsudatifs,
cepH
estcompris
entre 5,2 et 5,7 et mêmeparfois
inférieur à 5,2. Il estcependant
rarement inférieur à 5, cequi
différenciebien,
avec d’autrescaractères,
les viandes exsudatives des viandes « fiévreuses » oit lepH
s’abaisse souventà et
même moins(COSSARD,
H)57, DRIEUX,1044 ).
I)ivers auteurs ont donné des chiffres concernant le
pH
des viandes exsudatives :HENRY,
BILLON, HAOUZ A( I q 55 ), comparant
lespH
de 34jambons après ri{;or movtis,
obtiennent des valeurs moyennes de 5,05 pour lesjambons
non exsudatifset bien
pigmentés
contre 5,2! pour lesjambons
exsudatifs de couleurpâle.
Mais lesmuscles sur
lesquels
lepH
estpris
ne sont pasprécisés.
LurviGSEN(m l j4)
mesurele
pH
du muscleLoiigissiinits
dorsi de 3 porcs normaux et de 3 porcs atteints dedégénérescence
musculaire totale 40 minutesaprès l’abattage.
Il obtient les valeurs suivantes :- Porcs normau! :
6, 4 -6,3-6,4.
- Porcs atteints : j,3-j,j-j,?j. 1
/UDV IG S E
N
( 1955 c)
note despH
de 5, à j,5 pour des viandes exsudatives 30minutesaprès
la mort contre6,i
à6,6
pour des viandes normales. I,AwRW etal., (rg5!) obtiennent,
en mesurant lepH après rigor mortis,
une valeur moyenne de 5,
1 avec des valeurs extrêmes de
4 , 7 8
et 5,5 chez des porcs exsudatifs. Il note aussi que les muscles lesplus
sensibles sont le muscleLonr;issimus
dorsi et le muscle Semi- membranosus. Mais il ne semble pas que d’autres muscles aient été étudiés.On observe
toujours
chez le porcquelques
variations depH
d’un muscle àl’autre
( 2
à 3 dixièmesd’unité),
mais les variations sont bienplus importantes
chez lesporcs à muscles exsudatifs et, de
plus,
on y trouve, cequi
n’existe pas chez les porcsnormaux, des différences de
pH importantes
à l’intérieur d’un même muscle.1,
AWRIE et al.
( 105 8)
trouvent que dans le muscle Semimernbranosus deux déter- minations depH
« ultimen (pH après rigov mortis),
faites à i cm l’une del’autre,
donnent des valeurs
respectives
de 4,94 etj , 5 6
,cette différence depH
est accom-pagnée
d’une nette différence de coloration(blanc
etrose).
On observe aussi que, en
général,
lepH
est un peuplus
élevé auvoisinage
d’un axe osseux, en même
temps
que la couleur y estplus intense ; CALLOW ( 193 6)
pense que cette élévation de
pH
est due à l’action neutralisante des substancesosseuses sur l’acide
lactique
dumuscle,
alors que B!2!-S!tmTH( I g 4 X)
estime que leprincipal
facteur de variation dupH
à l’intérieur du muscle est la teneur en tissuconjonctif.
Toutefois,
la valeur dupH
ultime ne suffit pas pour caractériser l’état exsudatif.En
effet,
onpeut
trouver des carcassesd’aspect
très différent ayant despH
ultimestrès
voisins ;
enfait,
de nombreux auteurs ont observé que la vitesse de chute dupH après l’abattage
étaitbeaucoup plus caractéristique
de l’état exsudatif que la valeur dupH
ultime.L
AWRIE
(ig6o)
note que pour un mêmepH
ultime, le caractère exsudatif estnet pour l’échantillon dont la chute de
pH
estrapide,
alors que l’échantillon à chute depH
lente estnormal ;
il observeégalement
que dans des conditions iden-tiques
detempérature
et d’anaérobiose, letemps
mis par des muscles pour passer d’unpH
de6, 7
à 5,5peut
varier dusimple
autriple,
cequi
va depair
avec undegré
d’exsudation d’autant
plus
élevé que la vitesse de chute dupH
estrapide.
ÀÀ&dquo;
I S3II£R -P f il) É R S
IiN
(r< 3 jg)
compare l’état des carcasses(en
mesurantle pouvoir
de rétention
d’eau)
24 heuresaprès l’abattage,
c’est-à-dire à un moment où l’état exsudatif apris
toute sonampleur,
aupH
mesuré 4j minutesaprès l’abattage appelé pHr.
Il constate queplus
lepHz
estfaible,
c’est-à-direplus
lepH
a chutérapidement, plus
le caractère exsudatif est accentué.WiSMKR-PKDE R
SHx et BRISKEY
(io6i il)
étudient la chute dupH post-morfem
dans divers muscles parenregistrements
à4 °C.
Ils classent les courbes obtenuesen 4
catégories (fig. 3 ) :
r. Chute
graduelle
et lentejusqu’à
unpH
ultime de!,7-6,3.
2
. Chute
graduelle
à environpH
5,7en 8 heures avec unpH
ultime de 5.3 à j,!.3
. Chute relativement
rapide
à environpH
5.5 en 3 heures avecun pH ultime
de
j,3-J!6.
4
.
Chute
trèsrapide
àpH
5,1-5,4 en i h 30 et ensuite remontée à5, 3 —5,6.
Les carcasses des porcs dont les muscles donnent des courbes
d’enregistrement
de
pH
dutype
4correspondent
à des carcasses classées « ezsudatives » par unjuge-
ment
subjectif.
Un utilisant une
technique analogue,
nous avons obtenu des résultats sensible- mentidentiques (fig. 4 ) (CHARPENTIER, C;ouT!t!owr!!, 1003 l!).
B EXDAEE
, H AUJJXD ,
WiSMER-PEDERSEx( I q6 2 )
classent les porcs dont ilssuivent le
pH pendant
2-) heures(sur
un échantillon de muscleLor2gissivttus
dorsimaintenu à
37 °C)
en deuxcatégories :
Catégorie A :
LepH
décroît à la vitesse de 0,25unité heure jusqu’à pH 6, puis
cette vitesse croît ào,fij
unité heure et sestabilise,
lepH
ultime est atteinten 4 h 30.
Catégorie
B : LepH
décroît à la vitesse de i,o5unité/lieure,
lepH
ultimeest atteint en 2 h 30.
I,e
pH
ultime est le même pour les 2catégories :
5,3c!.Il ressort donc des travaux de tous ces auteurs que,
plus
que la valeur dupH ultime,
c’est la vitesse de chute dupH qui
caractérise l’état exsudatif.e) Rapports
entre lepH,
lefi<>11<!<>ir
de rétention d’eauet lca couleur des viandes
I,es viandes exsudatives étant caractérisées par un bas
pH ultime,
unpouvoir
de rétention d’eau faible et une coloration
pâle,
divers auteurs ont étudié lesrapports
entre ces
caractéristiques
de la viande.BV IS1BIER -P
EDERSEX
( 1950 )
observe que lepouvoir
de rétention d’eau décroîtavec le
pH.
S WI
FT et BERMAx
(ig 5 c»
trouvent, mais chez leboeuf,
un coefficient de corré- lation r = + 0,9!! ± , 0,028 entre lepH
et lepouvoir
de rétention d’eau. Ce coeffi- cient estsignificatif
à I’ = o,oi.N
IINIVARAet 1’OHVA
( I o, 54 ),
étudiant lepouvoir
de rétention d’eau de la viandeen fonction du
pH,
observentqu’il
passe par un minimum pour unpH égal
aupoint iso-électrique
desprotéines
de la viande( 5 , 3 environ).
Cecipourrait
suffire àexpliquer
le caractère exsudatif des viandes à bas
pH.
Celui-ci étant alors très voisin dupoint iso-électrique
desprotéines,
ces dernières ont unpouvoir
de rétention d’eau minimum.BRISIŒY et BVISlBŒR-PEIJERSE:-i’
( I q6 I a)
notent quelorsque
lepH
chute assezlentement
(pH
5,! atteint en S heuresaprès l’abattage)
pour atteindre 5,3-5,7 à 24heures,
lepouvoir
de rétention d’eau(mesuré
parpression
selon la méthodeindiquée
par !!-IS-.BIER-PEDFR.I;E-1!( I C) 59 )).
au bout de 24 heures, estreprésenté
parune
perte
d’eau de 420mg ’go Lorsque
lepH
chute à 5,5 en 3heures et atteint5,3—5,6 après
24heures,
cettequantité
d’eau extraite passe à,!6o mg g. Enfin, lorsque
lepH
chute à 5,1 en i h 30 et atteint
5 , 3 - 3 ,6 après
24heures, on obtient unequantité
d’eau extraite de 5!0-55o mg g.
Nous avons étudié les relations entre
pH, pouvoir
de rétention d’eau etcouleur,
en travaillant sur 288 échantillons de muscles provenant de 18 porcs
(B IESLE
etal., ig6o).
Nous avons obtenu, pour l’ensemble des
échantillons,
les coefficients de corré- lationglobaux
suivants :r i
0,73
(significatif
à I’= 0 , 01 )
entre lepH
et laquantité
d’eau libre.+
0,34(significatif
à Ilo,oi)
entre lepH
et la teneur enmyoglobine.
Mais,
en calculant ces coefficients de corrélation par porc, nous avons obtenu des valeurs très variables s’échelonnant :de : r I
= - 0 , 2 6 (non significatif) à r,
- -o,S 9 (significatif
à P =0 , 01 ),
pour le coefficient de corrélation entrepH
etquantité
d’eau libre.et de : r2 = —
0 ,
07
(non significatif)
à rz = + 0,c)0(significatif
à P =o,oi),
pour le coefficient de corrélation entrepH
et teneur enmyoglobine.
Ceci
permet
de penser que, selon ledegré
del’affection,
les3 critères
considérésne sont
peut-être
pas atteints avec la mêmeintensité ;
chez des porcs normaux, les3 caractères
n’étant pas affectés et chez des porcs àmyopathie
exsudative etdépigntentaire
nette, ces mêmes caractères étant atteints à undegré élevé,
on aurait des coefficients de corrélation élevés. Chez des animauxprésentant
le caractère exsudatif avec une intensité moyenne, par contre, lepH,
lepouvoir
de rétention d’eau et la teneur enmyoglobine pourraient
être affectés à desdegrés
différentset ceci entraînerait l’obtention de coefficients de corrélation faibles.
D’autre
part,
si on considère les animaux dans les musclesdesquels
lepH
et la teneur enmyoglobine
sont liésétroitement,
on observe que lespentes
des droites derégression
sont très variables. Cecipeut
êtreexpliqué
par une sensibilitéplus grande
dupH
aux conditionsprécédant l’abattage ;
onpeut
en effet penser que, si lepH peut
varierrapidement
sous l’effet de causesdiverses,
la teneur en myo-globine
doit demanderbeaucoup plus
detemps
pour évoluer.f) Température
La
température
interne des muscles s’élève un peuaprès l’abattage.
Le maxi-mum est atteint en i heure environ
après l’abattage, puis
on assiste à une décroissancerapide.
La valeur du maximum estsupérieure
à!o°C
dans les musclesexsudatifs,
alors
qu’elle
reste inférieure à cettetempérature
dans les muscles normaux. Deplus
dans les muscles
exsudatifs,
cettetempérature
se maintient à son maximumpendant plus longtemps ( 2 heures),
mais chuteplus rapidement
ensuite.(B RISKEY
et WrsMER PEDERSEN
,
ig6i a).
Cephénomène
est engénéral interprété
comme uneconséquence
d’une
glycolyse
anaérobie(qui
est trèsexothermique) plus
intense dans les muscles exsudatifs(3IcLouGHi,ix
etGor,vsF!cw, I ()6 3 ).
g) Histologie
HENRY, BILI,O,,&dquo;, HAOUr9
( 1055 ) prennent
des échantillons de in. Gluteussuper fi-
cialis et font des coupes transversales et
longitudinales
parrapport
à la direction desfibres ;
encomparant
des coupes de ntuscle normal et de muscleexsudatif,
ils fontles remarques suivantes :
Cou!es
transversales.- Faible
grossissement :
x 70 : peu de différences.- Fort
grossissement :
X 340 : les faisceauxqui
sontglobuleux
etturges-
cents dans les viandes normales sont
polygonaux
et rétractés dans les viandes exsu-datives où le
sarcoplasme
est moins abondant.Coupes longitudinales.
- Faible
grossissement :
X 70 : lesfaisceaux,
au lieu d’êtrerectilignes,
sontplissés longitudinalement (aspect
envagues).
- Fort