M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
J EAN -P IERRE G INISTI
La créativité des définitions dans les systèmes para-euclidiens
Mathématiques et sciences humaines, tome 116 (1991), p. 69-88
<http://www.numdam.org/item?id=MSH_1991__116__69_0>
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LA
CRÉATIVITÉ
DESDÉFINITIONS
DANS LES
SYSTÈMES
PARA-EUCLIDIENS Jean-PierreGINISTI1
RÉSUMÉ -
Cet article considère trois sortes de calculpropositionnel
(mais surtout la troisième), àlafois
d’un point de vue
logique
et d’un point de vueépistémologique :
(1) les systèmesclassiques qui
ont lespropriétés
suivantes : (a)
chaque
axiome doit contenir seulement (ou doit être compris comme contenant seulement) destermes
primitifs,
(b) chaque définition est métalinguistique, (c) chaque définition est non créatrice ; (2) les systèmes de Le015Bnieswski quisatisfont
(a) mais ni (b) ni (c), une définition y étant intralinguistique et créatrice ; (3) les systèmes, nommés"para-euclidiens"
par l’auteur, qui peuvent obtenir desdéfinitions métalinguistiques
créatrices
grâce
au rejet de (a). Plusieurs manières de caractériser dans un systèmepara-euclidien
lespropriétés
decréativité et de non créativité d’une
définition
sontanalysées.
Plusieurs théorèmessont formulés
etprouvés.
ABSTRACT - The
creativity
of definitions in theparaeuclidean
systems.This paper considers three kinds
of propositional
calculus (butchiefly
the third),both from
alogical
pointof
view
and from
anepistemological
pointof
view : (1) the classical systems which have thefollowing
properties : (a) every axiom is to containonly
(or is to be understood as containingonly)
primitive terms, (b) everydefinition is metalinguistic, (c) every
definition
is non creative ; (2) Lesniewski’s systems whichsatisfy
(a) but neither (b) nor (c), adefinition being
thereintralinguistic
and creative ; (3) the systems, called"paraeuclidean" by
the author, which can obtain creative
metalinguistic definitions
thanks to the rejection of (a). Several mannersof
characterizing in aparaeuclidean
system the propertiesof
creativity andof
non-creativityof
adefinition
areanalysed.
Several theorems areformulated
andproved.
Dans le calcul
classique
despropositions,
la notion de définition(qui porte
alors sur lesfoncteurs)
est engénéral présentée
de la manière suivante(ou
d’une manièreéquivalente) :
Un énoncé D introduisant un foncteur
f,
nonprimitif,
à narguments,
est une définition(exactement :
un schéma dedéfinition)
relativement à unsystème
S noninterprété
du calcul despropositions
si et seulement si :( 1 ) D
est de la forme "... =d f ..."(2)
le défini(membre gauche
deD)
et le définissant(membre
droit deD)
sontexprimés
à l’aidede
métavariables,
soit parexemple P, Q,
etc.(3)
le définicomporte
n métavariables différentes et une seule occurrence def
(4)
le définissant a la forme d’une formule bien formée de S et contient exactement les mêmes métavariables que le défini.Ainsi
(P v Q)=dt-P ::> Q)
est une définition si Scomporte
lesprimitifs "-",
"::>" et si(-P > Q) désigne
une formule bien formée de S. Par abusd’expression,
enprenant
unepartie
pour le tout, nous
appellerons
souvent"symbole défini",
ou, enbref,
"défini" le foncteurf
1 Professeur à l’Université Lyon III.
(" V’
dansl’exemple)
bien que le défini soit en touterigueur
le membregauche
deD, (P v Q)
dans
l’exemple.
Ce type de définition peut être dit"métalinguistique" (et
même si(2)
n’est pasexigé)
car le défini et lesymbole "=a f’ n’appartiennent
pas àS ;
D porte sur les formules deS ; "_~" peut
se lire"abrège"
ou "récritplus
commodément".D’autre
part,
dans la théorie formelle de ladéfinition,
il y a, de manièregénérale,
deuxpropriétés
fondamentales et habituellement recherchées : lapropriété
d’éliminabilité dudéfmi,
lapropriété
de non créativité de la définition. En termesintuitifs,
et relativement à unlangage
formel
donné,
selon lapremière
la définition doit donner les moyens deremplacer
le défini parson définissant dans tout contexte
d’emploi (supposé extensionnel)
du défini. Cette mesure estnaturelle,
même parrapport
auconcept
usuel de définition. Pour que "Paris est lacapitale
de laFrance" soit une
définition,
il faut que dans tout contexted’emploi
de "Paris"(ou
au moins dansun
type
de contexte biendélimité,
seulsupposé
encause)
"Paris"puisse
êtreremplacé
par"capitale
de la France"(et
inversement pour assurer l’identité dessens).
C’est
pourquoi,
à la définition onjoint
deuxrègles d’emploi (traitées
comme si elles étaientdes
règles
dedéduction),
autorisant leremplacement
d’une formule ou d’une sous-formuleayant
la forme du définissant par une formuleayant
la forme du défini(règle
deréduction)
et leremplacement
d’une formule ou d’une sous-formuleayant
la forme du défini par une formuleayant
la forme du définissant(règle d’expansion).
Dansl’exemple donné,
cesrègles
seront :(les points
desuspension figurant
le reste éventuel de laformule,
ilspeuvent
être sansobjet).
Cette
position,
à vraidire,
n’est que l’une des trois au moinsqu’il
estpossible
deprendre.
On
peut
soutenir en effet :(oc)
aucunerègle
n’estrequise
pour les définitionspuisque
le défini est unesimple
commoditétypographique
horssystème,
selon laconception classique (celle
desPrincipia Mathematica, qui
d’ailleurs ne se donnent pas ces
règles).
On laisse à laprocédure
un caractèreinformel,
on évitede lui donner la formulation
logique
d’unerègle,
contrairement à cequ’on
fait pour lesprocédures
de substitution et de détachementqui
interviennent dans lesystème lui-même,
etjustement
parce que la défmition ne doit pas yintervenir ;
((3 )
si onestime, cependant,
que laprocédure
gagne à êtreexplicitée
etprécisée
sous la formed’une
règle,
onpeut
considérer que c’est la définition elle-mêmequi
constituecelle-ci,
que "...=df ..." a le sens "...
peut
êtreremplacé
par ...(et
viceversa)".
Le moded’expression
de cetterègle indique
encorequ’il s’agit
d’unerègle
dechangement
de notation et non d’unerègle
dedéduction ;
(Y) lorsqu’on
se donne desrègles
de réduction etd’expansion,
la définition est au contraire traitée comme un schémad’expressions
additionnelles dont la formeexige
desrègles appropriées puisque
lesrègles
de substitution et de détachement nepermettent
pas deremplacer
l’un par l’autre le défini et le définissant.
Par
(~3)
et(Y),
ons’approche
deplus
enplus
d’une autreconception
de ladéfinition,
cellede
Lesniewski,
dont nousparlerons ci-dessous,
où une définition est unaxiome,
de factureparticulière,
dont l’introductionexige
desrègles
idoines de déduction. Nous avonsadopté
ici laposition (Y) - qui
conserve le caractèremétalinguistique
aux définitions - parce que dans unsystème
considérésyntaxiquement,
c’est-à-dire en l’absenced’interprétation,
touterègle
constitue une transformation
typographique
designes,
etqu’on
ne peut doncdistinguer
cellesqui
obtiennent des véritésimpliquées
et cellesqui
obtiennent desexpressions
formulantdifféremment un même contenu.
Adopter (ou)
ou((3 )
conduit à renoncer à l’idéequ’un système
noninterprété puisse s’adjoindre
desdéfinitions,
cequi
limite indûment ici lepoint
devue
syntaxique.
Laisser en outre, comme avec(oc),
uneprocédure
relativement informelle parcequ’elle
se formule en dehors dusystème
proprement dit devrait amener aussi à laisserinformelles toutes les
règles
de déductionpuisque
celles-cin’appartiennent
pas nonplus
à lalangue-objet,
bienqu’elles
portent sur des formules de lalangue-objet.
Onpourrait
estimerqu’il n’y
a pas de différence entre(P)
et(Y)
dès lorsqu’on
considère toutes les transformationsautorisées
comme étant relatives ausystème
noninterprété,
et donctypographiques jusqu’à
l’intervention
de lasémantique,
mais(Y) présente
l’intérêt de ne pas restreindre une définition auseul
remplacement
mutuel d’un défini et d’un définissant.Puisqu’on peut
faire aussi usage d’un défini dans unesubstitution,
il doit faire comme tell’objet
d’une introduction(malgré l’imperfection
que constitue à cetégard
saprésentation contextuelle).
Par abus commode
d’expression,
à nouveau, nous dirons souvent "définition" pourdésigner
l’énoncé et ses deux
règles d’emploi,
et nous entendrons par"usage
de la définition" tous les moyensqu’elle
donne de traiter d’undéfmi,
ycompris
celui de le faire intervenir dans la formulequ’on
substitue à unevariable,
dans le cas où l’ondispose
d’unerègle
de substitution. D’autrepart,
pour une formulequi comprend f,
nousappellerons "définissant",
en un sens un peuélargi
du mot,l’expression
obtenueaprès
usage de larègle d’expansion
sur toutes lesoccurrences
de f 2.
Selon la seconde
propriété,
celle de noncréativité,
et relativement à une théorie déductivedonnée,
la définition ne doit paspermettre
d’obtenir un théorèmeexprimé
enprimitifs qui
nepourrait
pas être obtenu sans son usage. Ladéfinition,
autrementdit,
ne doit pasajouter
à ce quenous pouvons prouver
quand
nous utilisons seulement la locutionoriginale.
Notons que l’interdit neporte
pas sur les théorèmescomportant
undéfini,
évidemmenttoujours impossibles
sans faire usage de la définition. Notons aussi que si le
problème
porte sur l’élimination dudéfini,
c’est pour assurer lalégitimité
d’une éliminationqui
enpratique
sera celle du définissant :"Paris" allant
remplacer "capitale
de la France". Nousappellerons "systèmes
enrichi"(on
ditaussi "extension par
définition")
ce que devient unsystème
donnéquand
on luiadjoint
unedéfinition
(ou
une défmition deplus).
Les deux
propriétés
d’éliminabilité et de noncréativité
ne doivent pas être confondues. Ellessont en réalité
indépendantes
l’une de l’autre."Éliminable" signifie qu’on
peutremplacer
danstoute formule du
système
enrichi le défini par uneexpression
enprimitifs,
mais c’estévidemment en faisant usage de la définition et de ses
règles d’emploi ;
"non créatrice"signifie qu’on
n’estjamais
contraint de recourir à la définition et à sesrègles d’emploi
pour obtenir un théorèmequelconque
enprimitifs (le
défini est en sommeplus
fortement éliminable que selon lapremière propriété).
On sait établir que les clauses(1) - (4),
avec lesrègles
de réduction etd’expansion
satisfont pourf
à lapropriété
d’éliminabilité.Si
l’objectif logique
est d’assurer l’éliminabilité dudéfini,
il ne s’ensuit pas que l’intervention du défini soit sansimportance.
Tout aucontraire,
c’est parce que le défini estimportant (ou
dans la mesure où ill’est) qu’il importe
aussi de leremplacer
par une formulequi
devient son
définissant,
car on montre ainsi que la théoriequ’il
fallait faire du défini estdéjà faite,
et par unelangue qui
neparaissait
pas d’abord en avoir les moyens.Il
peut
semblerplus paradoxal
de tenir pour désirable la noncréativité,
mais c’est le caractèremétalinguistique
de la définition(le
faitqu’elle
est relative et non inhérente ausystème) qui, ordinairement,
la rend telle.Lesniewski
adéfendu,
àl’opposé
de laposition classique,
uneconception
tout autre,qu’on peut
nommer"intralinguistique",
pourlaquelle
la défmition devientun énoncé
appartenant
ausystème.
Songain
leplus
immédiat est de traiter dans lesystème
lui-même des définis
qui,
dans laposition classique,
lui demeurent extérieurs. Pour l’essentiel(mais
sans tenir
compte
del’aménagement
nécessaire desrègles
dedéduction),
onremplace
alors lesigne "=df"
par un foncteurprimitif
dusystème pouvant
enjouer
le rôle(l’équivalence " * ",
par
exemple,
de la manière laplus naturelle),
on conserve les clauses de formation des2 C’est aussi en un sens
élargi
du mot quel’expression (PJQ)
est dite "formule", voir ci-dessous.défmitions,
mais en yremplaçant
"métavariables" par "variables" et en modifiant(1) qui devient,
dans notre
exemple (1’) :
D est de la forme "... ae..." ; c’est
une nouvelle thèse de S.Chaque
définition se
comporte
donc comme un axiome additionnel(à
constructionparticulière),
etcomme dans le cas des axiomes
proprement dits,
parconséquent,
la créativité devientdésirable 3
Si dans cette
conception,
la définition semble neplus
rester elle-même et serapprocher
dustatut de
l’axiome,
en retrouvant, d’ailleurs certainesexpressions
courantes(comme lorsqu’on
dit que l’axiome d’associativité définit la structure de
monoïde),
dans lesconceptions plus classiques,
on l’a vu, la définition serapproche
aussi d’un autre statut, à savoir de celui desrègles.
C’est le propre d’unedéfinition,
sansdoute,
d’être tiré tantôt versl’un,
tantôt versl’autre,
et encorequ’il
y ait entre axiome strictement dit etrègle
strictement dite desintermédiaires,
comme ceux constitués par les schémas d’axiomes. Unecomparaison
desmérites
respectifs
de ces deuxconceptions
n’est pas notreobjet
mais nous chercherons si l’onpeut
obtenir une définition à la foismétalinguistique
et créatrice.Nous prouverons
d’abord,
et en traitantjustement
les définitions comme desexpressions métalinguistiques :
THÉORÈME T .
Pour toutsystème
S du calcul despropositions
dont l’ensemble desprimitifs comporte "> ",
dont les axiomes sont des loislogiques
et sont formulés en utilisant seulement desprimitifs,
dont lesrègles
de déduction sont larègle
de substitution I-Pj [n] :
1- P.[n / Q],
et la
règle
de détachement I-P. ,
1-P. ~ P. :
1-P. ,
aucune définitionajoutée
à cesystème
en formant par là une extension S’ deS,
respectant les clauses(1) - (4)
etpossédant
lesrègles
de réduction etd’expansion,
n’est créatrice.Ces conditions sont celles de tous les
systèmes classiques
du calcul despropositions,
àquelques
variantesprès, auxquelles, d’ailleurs,
le théorèmeprécédent
serévèlera,
une foisgénéralisé, également applicable.
Preuve. Soit le
symbole f
défini par un énoncé de forme(Pf Q)
= f ... satisfaisant les clauses(1) - (4),
et soitQ’
un théorème de S’ ne comprenantpas .
SoitPl’ P2,
...,Pn
une preuve de
Q’
dans S’. Celasignifie
quePn
estQ’
et quechaque étape Pi
de la preuve a l’une desjustifications
suivantes :(1) Pi
est un axiome de S’(les
axiomes de S’ sont les axiomes deS)
(2) Pl,
résulte d’une formulePj
et d’une formulePk
de forme(Pj::> Pi)
par détachement(k,j i)
i i(3) Pi
résulte d’une substitution dansPj G i)
(4) Pi
résulte d’unremplacement
d’une formulei)
de forme(PfQ)
par son définissant(par exemple
une formule de forme(-P > Qj,
si "~" est l’un desprimitifs
deS’,
ou((P ~ Q) ~ Q)
si "-" n’est pas unprimitif
deS’,
lesprimitifs
de S’ étant lesprimitifs
deS) (5) Pi
résulte d’unremplacement
d’une formulePj (j i)
ayant la forme du définissant def
par son défini
(Pf Q)
(6) Pi
résulte duremplacement
dans une formulePj (j i)
d’une occurrence d’une sous-formule de
P. ayant
la forme du définissant def
par une formuleayant
la forme de son défini(7) Pi
résulte duremplacement
dans une formulePj (j i)
d’une occurrence d’une sous-formule de
Pj
de forme(Pf Q)
par son définissant.3
Rappelons qu’une
définitionintralinguistique,
comme(pyq)
z (-p> q), et la définitionmétalinguistique correspondante,
ici (P v Q) =d f (-P > Q), (en supposant dans les deux cas que les foncteurs utilisés dans la définition, et comme ils le sont, soientacceptables)
n’ont pastoujours
la même force déductive. Enparticulier,
une définition
intralinguistique
peut être créatrice alors que la définitionmétalinguistique
qui lui correspond estnon créatrice, par rapport au même système d’axiomes et de règles ; voir notre premier article dans ce numéro.
Dire que la définition de
f
n’est pas créatrice pourQ’ signifie qu’il
existe une preuve deQ’
dont aucuneligne
necomprend f,
c’est-à-direqui
n’utilise pas lesprocédures (4) (5) (6) (7)
ni aucune substitution introduisant une formulecomportant f,
c’est-à-dire une preuve deQ’
dans S. Nousappellerons
"substitution restreinte" une substitution dont le substitut necomporte
que desprimitifs.
On
peut
obtenir cette preuve enremplaçant chaque symbole
définif présent
dansPl, P2, ..., Pn
par son définissant car il estpossible
de montrer que si la preuveP1, P2, ..., Pn
obtientQ’
en faisant usage def,
c’est-à-dire dansS’,
alorsP’¡, P’2,
...,P’n
obtientégalement Q’
sans faire usage de
f,
c’est-à-dire dans S(en
écrivantP’i,
etc., les formulesP., Pj,
etc.quand
tous les définisqui s’y
trouvent éventuellement sontremplacés
par leursdéfinissants
respectifs, P’i
étant donc la formulation enprimitifs,
etqui
estunique,
dePi, P’~
dePj, (P’j
~P’i)
de(P. ::> P.),
etc.(1)
siPi
est un axiome deS’, il
est aussi un axiome de S et il est formulé enprimitifs,
doncp’.
=Pi
(2)
siPi
résulte d’une formule P. et d’une formulePk
de forme(P.
~Pi)
par détachement(k,j i),
alorsPli
résulte d’uneformule
P. et d’une formuleP’ de
forme(P§ > Pli)
pardétachement. Cette
propriété
est évidente carl’application
de larègle
de détachementdépend
seulement de la forme du schéma )-
P.,
t-(P. P.) :
F-Pi ,
et non des contenus dePj
et deP.
pourvuqu’à chaque
occurrencede
P.corresponde
une même formule etqu’à chaque
occurrence de
Pi corresponde
aussi une mêmeformule,
cequi
esttoujours
satisfaitquand
P.
etPi , qui respectent
parhypothèse
ceprincipe,
deviennentP§
etP’i
(3)
siPi
résulte dePj
parsubstitution,
disons deP. [~ / N],
alorsP’i
résulte dePj
parsubstitution,
à savoir deP" [n / N’],
N’ étant ledéfinlissant
deN,
si Ncomporte f, ou
N lui-même si N necomporte pas f.
Eneffet,
comme larègle
de substitution nepeut porter
quesur des variables et comme
P.
et P’. ont les mêmes variablespuisqu’il
y atoujours
les mêmesvariables dans le définissant
et dans le
défini par la clause(4)
et par lesrègles d’emploi
de ladéfinition,
n se trouve dansP’j
comme dansPj. Or,
comme la formule substituée à n dans P’. est, à la formulationprès
enprimitifs,
la formule substituée à n dansPj,
il s’ensuit quePd
i estidentique
àP.
i à la formulationprès
enprimitifs.
(4)
et(7)
deviennent sansobjet puisqu’on
asupprimé
toutsymbole f
de la preuve.(5)
siPl
i résulte d’unremplacement
d’une formulePj (j i) ayant
la forme du définissant def
par sondéfmi,
ou(6)
siPi
résulte duremplacement
dans une formuleP. (j i)
d’une occurrence d’une sous-formule de
Pj ayant
la forme du définissant def
par une formuleayant
la forme de sondéfini,
on
n’applique
aucun de cesremplacements
et on conserve dans la preuve la formuleP..
Il s’ensuit que
P’l, P’2,
...,P’n
est une preuve deQ’ qui
n’utilise que lesrègles
desubstitution et de détachement. La définition de
f
n’est donc pas créatrice dans la preuve deQ’.
D’autrepart,
comme la démonstration deTi
n’aporté
que sur une définitionquelconque
etsur une preuve
quelconque
d’un théorèmequelconque
enprimitifs,
aucune définition dansaucune preuve d’un théorème
quelconque
enprimitifs
ne sera créatrice relativement autype
dessystèmes considérés4.
4 On remarquera que la preuve ne consiste pas à faire usage seulement de la
propriété
d’éliminabilité du défini,mais à établir surtout que la démonstration de Q’ reste correcte
après
avoir fait usage de cettepropriété.
Notre démonstration tire
parti,
mais en la modifiant et en l’adaptant, d’une démonstration de V.F.Rickey
qui porte sur la non créativité de toute définitionintralinguistique
d’une certaine formejointe
à certain type de systèmes, voir [8], 282-284. Le problème de savoir si une définition D est créatrice ou non créatrice ne se poseOn a
supposé, toutefois, qu’un
seul foncteur défini intervenait dans la preuve deQ’
etqu’il
était
binaire,
mais si ce n’est pas le cas, la démonstrationqui précède
se modifie d’une manière naturelle. On asupposé, enfin,
larègle simple
de substitution(la règle
nes’applique qu’à
uneseule variable à la
fois)
et desrègles simples
deremplacement (on
ne modifiequ’une
seuleoccurrence à la fois des formules en cause, par
règle
de réduction ou parrègle d’expansion),
mais la preuve
s’adapterait
aussi auxrègles
de substitutions simultanées et deremplacements multiples.
On peut avoir le sentiment que la preuve
P’1, P’2, ..., P’n
utilise la définitionpuisqu’on
l’obtient de
P1, P2, ..., Pn
enremplaçant
des formules oùf apparaît
par leurdéfinissant,
mais en réalité ce n’est
là qu’un
moyen pour identifier une preuvequi, elle-même,
ne fait pasusage de
f,
àpartir
de toute preuvequi
en ferait usage.On a
supposé,
enplus,
que l’ensemble desprimitifs comportait
et cela afin depouvoir
recourir à la
règle
de détachement laplus classique.
Enréalité,
lesystème peut utiliser,
outre larègle
desubstitution,
unerègle
de détachement de la forme ~P F- (Pj
EPi) :
J-Pi ,
sil’ensemble des
primitifs comporte
"=" 1- P. ,
I-Y Pi) P. ,
si l’ensemble desprimitifs comporte
"v" et"_n,
etc.(voire plusieurs
de cesrègles),
mais il est facile de voirque la démonstration faite à
l’égard
du détachementclassique
conviendra encore. Nousappellerons T’1
lagénéralisation
deTi
à ces différents cas. La démonstration conviendrait même à touterègle qui
ne serait pas de détachement mais dontl’application dépend seulement,
au sens
qui
a étéexpliqué,
de la forme du schéma.Les théorèmes
Ti
etT’1
nesignifient
pas,cependant, qu’il
n’existe pas desystème propositionnel
à définitionmétalinguistique créatrice,
maisqu’il
n’en existe pasquand
ondemeure dans le cadre
classique. Or,
s’il estintéressant,
à certainségards,
comme on l’a vu,d’avoir aussi des
systèmes
à définitionintralinguistique
etcréatrice,
il estégalement
intéressant à certainségards,
comme nous le montrerons, d’avoir dessystèmes
à définitionmétalinguistique
et créatrice. On
peut
chercher à les obtenir en s’affranchissant de telles ou telles conditions surlesquelles
repose la démonstration deTl,
parexemple
l’unicité du définissant attribué à undéfini
donné,
l’éliminabilité dudéfini,
etc.(bien
que ces modifications ne soient pas sanscontreparties indésirables).
C’est ainsiqu’on peut
s’affranchir del’obligation, acceptée
pourT1,
d’écrire les axiomes en
primitifs,
etpermettre
que l’un d’entre eux au moinscomporte
un définiau moins.
Beaucoup
desystèmes, justement,
utilisent cette liberté et onpeut
alors se demander si dansces
systèmes
les définitions demeurent non créatrices.Certes,
il faut commencer parsouligner qu’un
telproblème
n’a pas de sens parrapport
à laconception classique :
l’écriture del’axiome comportant
un défini est unesimple
abréviation pour celle de l’axiomeexprimé
à l’aide des seulsprimitifs
etqui
est celuiauquel,
enréalité,
on serapporte. Toutefois,
il convient de se demanderce
qui
résulterait de l’abandon de cetteposition (parfaitement
satisfaisante à unpremier plan),
c’est-à-dire si on traitait les
systèmes
d’axiomes de cetype
exactement "comme ils sont écrits".La
question
a été soulevée par une série d’articles de E.Z. et E.A.Nemesszeghy qu’on
trouveracités dans la
bibliographie.
Ces auteursétablissent,
en faisant usage d’unmodèle,
que lapas, à vrai dire, dans la
conception
la plus"classique",
(~x),puisque
les modifications introduites par D sontsupposées pouvoir
être purementscripturaires (métalinguistiques
au sens leplus
fort, c’est-à-dire (a)extralinguistiques
par rapport à S, (b) portant sur les formules de S, (c) ne constituant pas, néanmoins, unelangue
formelle reconnue comme telle). Leproblème
de la créativité de D suppose reconnue, au contraire, cettelangue
formelle dont S’ est lesystème
(et bien que l’intérêt portetoujours
sur S). On ne dira pas, toutefois : "D est créatrice (ou non créatrice) dans S", car D n’est pas dans S, ni - quand D estmétalinguistique -
"D estcréatrice (ou non créatrice) dans S’ " car D n’est pas non
plus
dans S’, mais "D est créatrice (ou non créatrice)relativement à S", ou "D est créatrice (ou non créatrice) pour S". On entend par là que le
système
enrichi de la définition et de sesrègles d’emploi
(maisqui
demeurent dans lamétalangue)
enrichit aussi(respectivement,
n’enrichit
pas)
l’ensemble des thèses en primitifs obtenues dans S.définition de "~" dans les
Principia
Mathematica est créatrice si les axiomes sont considérés à lalettre,
dans la formulation donnée par Whitehead et Russell où "~" est utilisé concurremment auxprimitifs
dusystème
"~" et "v".Soit,
enbref, (et
en sous-entendant "1- Ildésormais),
le calcul despropositions
dans lesPrincipia
Mathematica(PM,
ensigles),
pour lapartie qui
nousintéresse,
dans ses deux formulations : àgauche
lesystème
nommé"système
I" par E.Z. et E.A.Nemesszeghy (voir [4]),
avec "les axiomes[et
lesrègles]
comme ils sontécrits",
à droite lesystème III,
dans lamême
nomenclature,
avec les axiomes et lesrègles
comme ils sontsupposés
et traités par Whitehead etRussell,
au centre lapartie
commune.Soit la thèse de E.Z. et E.A.
Nemesszeghy :
la définition de "> " est créatrice pour lesystème I,
où les axiomes sont traités "comme ils sont écrits".La méthode consiste à comparer le
système
1 avec un autresystème,
nommé"Ia", qui
comporte les mêmes axiomes et les mêmes
règles
de déduction que lesystème I,
mais pourlequel
la définition de ":D " ne vautplus,
cequi impose
que " :> " soitparmi
lesprimitifs
à côtéde
"~",
"V’. On établit d’abord que dansIa,
~p vp n’est pas déductible.Considérons en effet les tables suivantes où 2 est la valeur
désignée :
On vérifie
qu’elles
constituent un modèle des axiomes dusystème la,
stables parrapport
auxrègles
de substitution et de détachement(les
axiomes et les théorèmes obtenus par ces deuxrègles prennent
seulement la valeur2),
mais la formule -p vpprend
la valeur 1lorsque v(p)
= 0. Elle n’est donc pas déductible dans la parsubstitution,
détachement. Elle n’est pas déductible nonplus
en faisant usage desprocédures
deremplacement
mutuel de P ~Q
et de-P v
Q qui
sont invalidées(ainsi, p >
q et -p v qprennent
pourv(p)
=v(q)
= 0 desvaleurs
différentes). Or,
on sait que dans lesystème I,
-p v q est déductible et comme la seule "différencesignificative"
entre lessystèmes
1 et la est que la définition de ">" vaut5 Dans PM, les définitions peuvent sembler
exprimées
à l’aide de variables et non de métavariablespuisqu’elles emploient
les mêmes lettres p, q, etc., que cellesqui figurent
dans les thèses dusystème (lesquelles
ne sont pas des schémaspuisque
larègle primitive
de substitution leur estrapportée).
Whitehead et Russell (suivis par E.Z. et E.A.Nemesszeghy)
écrivent (p ~q) =
(-p vq)
Df, (à laponctuation près)
mais c’est parce que les variables de lalangue-objet
leur servent aussi de noms pour despropositions quelconques
de lalangue-objet,
c’est-à-dire font officeégalement -
de manièreambiguë -
de métavariables. C’estpourquoi,
d’ailleurs, PM peutappliquer
ladéfinition de "i>" à toute formule
implicative,
à p ~ p, parexemple,
et non seulement à p ::> q.pour le
premier
et non pour lesecond,
c’est que celle-ci intervient dans toute preuvequ’on peut
donner à -p v q dans le
système
I. Elle y est donccréatrice6.
Un traitement
apparenté (dans
une brèverecension)
est dû àRescher 7 ,
sur lesystème
d’axiomes suivant de
Gôtlind,
disonsG,
dont lesprimitifs
sont"-",
"~" etqui comporte
ladéfinition
(P ~ Q)
_~(-P v Q).
A propos du
problème
de savoir siB3
estindépendant,
Rescher remarque que les tables ci- dessous(où
0 est la valeurdésignée)
établissent la nécessité d’utiliser la définition de "~ "dans toute preuve de
B3
obtenue àpartir
deB1, B2e B4*
Il semble raisonner
implicitement
de la manière suivante(sur
lepoint qui
nousimporte) : (1)
les tables constituent un modèle des axiomesBI’ B2’ B4
et des théorèmes obtenus d’eux par substitution et détachement(ils prennent
tous la seule valeur0),
(2) B3 , prenant
la valeur 2lorsque v(p)
=2,
n’est pas déductible par substitution etdétachement de
B2, B4,
(3)
on connaît une déduction deB3
àpartir
deBI’ B2’ B4
et faisant usage de la définition de"~ ". Cet usage est donc essentiel.
Si on traitait de la
formule p ~
p en l’écrivant enprimitif,
-p v p, et si onajoutait
unetable
appropriée
pour"~",
parexemple
on
pourrait
établir àpartir
des tables de Rescher que la définition de "~ " est créatrice pour lesystème
G(si
on traite les axiomes "comme ils sontécrits"),
selonl’argumentation
desNemesszeghy :
Soit Ga un
système qui
diffère de G en ce que sesprimitifs
sont"N", "v",
"~ " et où la définition de "~" ne vautplus.
Il suffitd’appliquer
àGa,
aux tablesprécédentes, qu’on
peut luirapporter
et à G le raisonnementappliqué
ausystème la,
aux tables concernées et ausystème
I. Dans le cas deGa,
la formule -p y p n’est pas un théorème obtenu par substitution et détachement carlorsque v(p) = 1, v(-(P vp))
=1,
ni par uneprocédure
deremplacement
mutuel de P ~Q
et de -PvQ qui
est invalidée(ainsi p >
q et ~pv q).
1 1 1 1111
Comme dans le
système G,
-p v p estdéductible,
la définition de est créatrice pour G.6 Notons que pour le système III (PM tel
qu’il
estpensé),
la définition de "~ " n’est pas créatrice, commenotre théorème
T’1
suffit à le prouver.7 Voir [6]. Cette référence est donnée par V.F. Rickey, voir [7],179.