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Évaluation de l'efficacité technique des exploitations oléicoles en Tunisie (cas de Chbika)

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Academic year: 2021

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ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ TECHNIQUE DES

EXPLOITATIONS OLÉICOLES EN TUNISIE

(CAS DE CHBIKA)

Mémoire

Sarra Ben Farah

Maîtrise en agroéconomie

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

(2)

ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ TECHNIQUE DES

EXPLOITATIONS OLÉICOLES EN TUNISIE

(CAS DE CHBIKA)

Mémoire

Sarra Ben Farah

Sous la direction de :

Lota Dabio Tamini, directeur de recherche

Nabil Amara, codirecteur de recherche

(3)

iii

Résumé

Compte tenu de l’importance du rôle joué par les exploitations oléicoles dans le développement agricole et économique en Tunisie, l’amélioration de leur efficacité doit constituer un pilier des politiques de développement.

Dans ce cadre, le présent travail de recherche vise à mesurer la performance des producteurs oléicoles dans la région de Chbika en Tunisie à travers une analyse empirique de leur efficacité technique. Pour y parvenir, un modèle de frontière stochastique de production (avec une technologie de production représentée par une forme fonctionnelle de type translog) a été spécifié, permettant à la fois d’estimer les scores d’efficacité des exploitations et de dégager les facteurs explicatifs de l’inefficacité technique. Des données d’enquêtes collectées auprès d’un échantillon de 70 oléiculteurs en 2017 dans la région de Chbika ont été mises à profit à cet effet.

Il se dégage des résultats obtenus que les exploitations retenues sont en dessous de leur frontière de production et sont caractérisés par une inefficacité technique. L’efficacité technique moyenne est de 82 % et qui indique un niveau variant entre 27 % et 92 %. Ces producteurs pourraient augmenter leur efficacité de 18% sans avoir à augmenter leurs volumes d’intrants.

Quant à l’analyse des déterminants de l’efficacité, il en découle que les variables telles que l’âge des chefs d’exploitations, le niveau d’instruction, l’accès au crédit et la proportion des arbres productifs sont significatives et influencent positivement le niveau d’efficacité technique des exploitations oléicoles à Chbika, alors que le revenu non agricole et l’accès à la terre réduisent l’efficacité technique de ces exploitations.

Ces différents résultats ont été utilisés pour dégager des implications, en termes de mesures de développement, dans une perspective d’amélioration des performances de ces exploitations.

Mots clés : Efficacité technique, analyse par frontière stochastique de production, déterminants de l’efficacité, exploitations oléicoles, Chbika (Tunisie).

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iv

Abstract

Considering the important role played by olive producing farms in agricultural and economic development in Tunisia, improving their efficiency must be a pillar of development policies.

Within this framework, the present research aims to measure the performance of olive producers in the Chbika region of Tunisia through an empirical analysis of their technical efficiency. To achieve this object, stochastic frontier productionmodel (using a translog functional form to represent the technology) has been specified, allowing both to estimate the efficiency scores of the farms and to identify the factors explaining the technical inefficiency. Survey data collected from a sample of 70 olive producers in the Chbika region in 2017 were used for this purpose. Estimated efficiency measures reveal the existence of technical inefficiencies of production in the sample. The computed average technical efficiency is 82% ranging from a minimum of 27 % to a maximum of 92 %. Estmation results from the technical inefficiency effects model suggest that variables such as the age of olive producers, level of education, access to credit and the share of productive trees are significant and influence positively the level of technical efficiency of olive producing farms in Chbika. However, non-farm income and access to land reduce the technical efficiency of these farms.

These factors are to be considered in the orientation of development policy measures with the aim to improve the performance of these farms.

Key words: Technical efficiency, stochastic frontier production analysis, efficiency determinants, olive producing farms, Chbika (Tunisia).

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v

Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Liste des graphiques ... viii

Liste des figures ... ix

Liste des tableaux ... x

Liste des abréviations ... xi

Dédicace ... xii

Avant-propos ... xiii

Chapitre 1 : Le secteur oléicole dans la région de Chbika : Potentialités, opportunités et enjeux ... 1

Introduction, mise en contexte et problématique ... 1

Objectifs de la recherche ... 16

Organisation du mémoire ... 16

Chapitre 2 : Concept d'efficacité : cadre théorique, approches empiriques D’étude, hypothèses de recherche 18 Introduction ... 18

1. Le concept d’efficacité : définition et mesure ... 19

1.1 Concept d’efficacité : définition ... 19

1.2 Concept d’efficacité vu sous l’approche de la production ... 22

1.3 Distinction entre les différents types d’efficacité ... 23

2. Les différentes approches d'estimation d'efficacité et la justification du choix de la méthode stochastique (SFA) ... 31

2.1 L’approche paramétrique ... 33

2.2 L’approche non paramétrique ... 42

2.3 DEA versus SFA ... 44

3. Le choix de l’output, les inputs et les variables explicatives de l’inefficacité ... 51

➢ La variable output ... 51

(6)

vi

➢ Les variables explicatives de l’inefficacité technique ... 53

❖ L’âge du chef d’exploitation (Z1) ... 53

❖ Le niveau d’instruction (Z2) ... 54

❖ L’accès aux crédits agricoles (Z3) ... 55

❖ La proportion des arbres productifs dans l’exploitation (Z6) ... 59

Chapitre 3 : Approche empirique pour l’estimation de l’efficacité technique des entreprises de la région de Chbika ... 62

1. La spécification du modèle ... 64

1.1 La méthode de la frontière stochastique (SFA) ... 64

1.2 Le choix des variables et la spécification du modèle ... 67

1.3 Test de spécification des hypothèses : ... 72

2 La collecte des données ... 74

2.1 Présentation de la zone d’étude ... 74

Chapitre 4 : Analyse préliminaire de la base des données collectées et résultats empiriques ... 85

Introduction ... 85

1. Analyse des résultats préliminaires : observation de données collectées ... 86

1.1. Statistique descriptive univariée : caractérisation des exploitations enquêtées ... 86

2. Mesure de l’inefficacité technique et interprétation des résultats ...108

2.1. Vérification des hypothèses de spécification du modèle à estimer ...110

2.2. Présentation et analyse des résultats de l’estimation de l’efficacité technique des exploitations oléicoles à Chbika ...111

Chapitre 5 : Pistes de réflexion, limites et conclusion ...126

1. Recommandations et perspectives de développement des exploitations oléicoles dans la région de Chbika ...126

2. Limites et voies futures de recherche ...132

3. Conclusion ...136

Référence bibliographique ... i

(7)

vii

Annexe 2 : Les principales contraintes du secteur oléicole en Tunisie ... xxv Annexe 3 : La mesure des élasticités dans les formes fonctionnelles Translog et Cobb-Douglasxxvi Annexe 4 : illustration des axiomes de convexité et de rendement d’échelle (Une DEA du type CRS et une autre du type VRS). ...xxvii Annexe 5 : Synthèse des études relatives à l’analyse de l’efficience des exploitations oléicoles ... xxviii Annexe 6 : Visualisation des principaux facteurs qui peuvent influencer l’efficacité technique des exploitations oléicoles avec leurs effets attendus (-/+) ... xxxi Annexe 7 : La distribution conditionnelle de l’inefficacité ...xxxii Annexe 8 : Localisation géographique de la zone d’étude (Chbika) en Tunisie ... xxxiii Annexe 9 : Évolution de la précipitation moyenne annuelle dans la plaine de Kairouan 1987-2013 ...xxxiv Annexe 10 : Questionnaire d’enquête ... xxxv Questionnaire d’enquête ... xxxv Annexe 11 : Les conditions d’application du test de Student ... xl Annexe 12 : Vérification des postulats de base ... xli

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viii

Liste des graphiques

Graphique 1: Écart de performance entre l’agriculture et l’industrie en Tunisie ... 4

Graphique 2 : Comparaison des rendements oléicoles moyens des principaux pays producteurs au niveau mondial (2000 à 2014) ... 8

Graphique 3 : Production totale d’olives en Tunisie (1998 à 2014) ... 9

Graphique 4: Tendances en matière de superficie, rendement et production oléicoles en Tunisie, de 1990 à 2011 ... 10

Graphique 5 : Répartition de la superficie oléicole en Tunisie, par région en 2014/2015 (en pourcentage) ... 12

Graphique 6 : Production moyenne d’olives en Tunisie par district, 2016 ... 13

Graphique 7 : Rendements régionaux de la production d’olives en Tunisie, de 2008 à 2012 ... 14

(9)

ix

Liste des figures

Figure 1 : Représentation du processus de production en agriculture ... 23

Figure 2 : Illustration graphique du concept d’efficacité à partir d’une fonction de production (inputs orientés / outputs orientés) ... 25

Figure 3: Représentation graphique de l’efficacité technique pure et d’échelle... 27

Figure 4 : Représentation graphique (Farrell, 1957) de l’efficacité technique et de l’efficacité allocative (cas de deux inputs et un output). ... 30

Figure 5 : les différentes méthodes de mesure de l’efficacité ... 32

Figure 6 : Frontière de production stochastique, décomposition du terme d’erreur : cas de deux observations C1 et C2. ... 36

Figure 7 : Représentation schématique du modèle conceptuel adopté ... 61

Figure 8 : Étapes méthodologiques pour la mesure et l’analyse de l'efficacité technique ... 63

Figure 9 : Tranche d'âge des chefs des exploitations oléicoles enquêtés ... 87

Figure 10 : Pourcentage des chefs d’exploitations enquêtés, compte tenu de leur niveau d’instruction ... 88

Figure 11: Pourcentage des chefs d’exploitation suivant le nombre d’années d’expérience dans l’oléiculture ... 90

Figure 12 : Activités principales déclarées par les exploitants enquêtés ... 91

Figure 13 : Pourcentage des exploitants qui ont recours aux institutions bancaires (crédit agricole/ épargne) ... 92

Figure 14 : La répartition des exploitants enquêtés selon la taille des superficies agricoles ... 93

Figure 15 : répartition des exploitants selon les différentes cultures pratiquées ... 94

Figure 16 : Répartition des exploitations selon l’existence des superficies irrigables ... 95

(10)

x

Liste des tableaux

Tableau 1 : Comparaison de l’approche paramétrique et non paramétrique ... 46

Tableau 2 : Description d’outputs, des inputs et des variables explicatives des écarts d’efficacité ... 70

Tableau 3 : Répartition de production agricole de délégation de Chbika ... 77

Tableau 4 : Effectif et pourcentage des oléiculteurs enquêtés ... 82

Tableau 5 : Analyse descriptive de la variable expérience agricole ... 89

Tableau 6 : Normalité de la variable continue, avec le test de Kolmogorov-Smirnov ... 99

Tableau 7 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon l’âge des agriculteurs (Test t pour échantillons indépendants) ... 101

Tableau 8 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon l’expérience des agriculteurs (Test t pour échantillons indépendants) ... 101

Tableau 9 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon le crédit agricole (Test t pour échantillons indépendants) ... 102

Tableau 10 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon le niveau d’instruction (Test t pour échantillons indépendants) ... 103

Tableau 12 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon l’accès à la terre (Test t pour échantillons indépendants) ... 104

Tableau 13 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue selon l’irrigation (Test t pour échantillons indépendants) ... 105

Tableau 14 : Comparaison de moyennes de la production oléicole obtenue (LnProd) selon l’introduction d’une culture en intercalaire (Test t pour échantillons indépendants) ... 105

Tableau 15 : Résultats des tests de rapport de vraisemblance ... 110

Tableau 16 : Résultats de l’estimation des paramètres de la frontière stochastique ... 112

Tableau 17 : Élasticités des inputs à la moyenne de l’échantillon ... 114

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xi

Liste des abréviations

AFA : Agence Foncière Agricole.

CIHEAM-IAMM : Centre International de Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes - Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier.

CIRAD : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

CRDA: Commissariat Régional du Développement Agricole. CTV: Cellule Territoriale de Vulgarisation.

DGRE : Direction Générale des Ressources en Eau.

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Ha : hectare.

INS : Institut National des statistiques. Mm : millimètre.

ONH : Office National de l’Huile. SAT : superficie agricole totale. SAU : Superficie agricole utile.

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Dédicace

Je dédie ce mémoire de maîtrise

À DIEU, le tout Miséricordieux et le très Miséricordieux

À mon très cher père qui a toujours cru en moi et qui m'a toujours encouragé à poursuivre mes ambitions

mais qui n’as pas eu l’opportunité de me voir accomplir ce travail. Que Dieu t’offre le paradis.

À ma mère, qui m’a toujours supporté et qui m’a comblé d’affection et d’amour. Je ne finirai jamais de te remercier pour tes conseils et ton soutien moral.

Que Dieu te réserve la santé et la bonne vie.

Il n’y a pas de mots pour dire à quel point vous étiez une des clés de mon succès Vous resterez toujours dans mon cœur et ma pensée.

(13)

xiii

Avant-propos

Au terme de ce travail, fruit d’un cheminement académique de deux ans, j’ai le grand plaisir d’exprimer mes sentiments de gratitude à l’égard de toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à l’élaboration de ce mémoire et son aboutissement. Mes premiers remerciements vont à mon directeur de mémoire, M. Lota Dabio Tamini, pour la confiance qu’il m’a accordé et l’encadrement qu’il m’a offert tout au long de ce travail. Ses remarques judicieuses et son soutien ont été très bénéfiques et ont fondé les assises de ce mémoire.

Je désire aussi offrir mes plus sincères remerciements à M. Nabil Amara, mon co-directeur de recherche, pour sa grande disponibilité, ses précieux conseils et ses encouragements qui m’ont aidée à aller au bout de ce projet. Nos multiples échanges et commentaires pertinents ont pu m’orienter, alimenter ma réflexion, me faire progresser et ont largement contribué à l’avancement de cette recherche.

Je tiens à remercier les membres du jury, qui m’ont fait l’honneur d’accepter d’évaluer ce travail de mémoire.

Je remercie du fond du cœur ma chère famille : mes parents que j’adore, mes sœurs et mon frère pour leurs nombreux encouragements incessants et leur appui constant qui ont été déterminants dans cet accomplissement académique. J’adresse une pensée particulière à ma mère, qui a toujours été là pour moi et qui n’a pas cessé de me soutenir durant l’élaboration de ce mémoire.

Je tiens également à remercier mes amis qui m’ont toujours encouragée, à tous ceux qui m’ont entourée ces dernières années et m’ont aidée à avancer dans les moments difficiles.

(14)

xiv

Je souhaite témoigner ma gratitude à tout le personnel du CRDA et CTV de Chbika pour l’accueil et les conditions matérielles dont j’ai pu bénéficier. Je tiens également à souligner la contribution de toutes les personnes qui ont collaboré à la collecte de données, je suis très reconnaissante du temps investi et du soutien logistique déterminant dans la réalisation de la phase enquête-terrain.

Finalement, je suis redevable aux soixante-dix producteurs qui ont pris le temps de répondre au questionnaire et ont permis de rendre cette étude concrète. Sans votre participation, tout ce travail et tout l’appui dont j’ai eu la chance de bénéficier auraient été vains. Je voudrais profiter de l’occasion pour remercier le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en Tunisie et la Mission Universitaire pour le financement, accordé durant les deux années de la maîtrise, qui a été apprécié.

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1

Chapitre 1 :

Le secteur oléicole dans la région de Chbika :

Potentialités, opportunités et enjeux

Introduction, mise en contexte et problématique

Depuis l’indépendance, l’agriculture continue d’occuper un rôle crucial dans l’économie tunisienne avec près de 15 % de la population active occupée et une contribution au PIB de 9,98 % en 2016 (Banque Mondiale, 2016). L’agriculture reste donc une activité essentielle pour le développement du pays et sa protection apparaît ainsi comme une nécessité.

Le modèle de l’agriculture tunisienne est axé essentiellement sur les petites exploitations familiales. D’après la FAO (2017), la structure des exploitations agricoles en Tunisie est caractérisée par la prédominance des petites unités, qui représentent 78 % de l’effectif total des exploitations agricoles et occupent environ 43 % de la superficie agricole totale. En 2013, 54 % des exploitations avaient une superficie de moins de 5 hectares et occupaient uniquement 11 % de la SAU et 75 % avaient une superficie inférieure à 10 hectares (FAO, 2014; APIA, 2016). Ces chiffres mettent en lumière un phénomène très important sans être récent, celui d’une agriculture qui offre la garantie d'une sécurité alimentaire future. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture affirme que « les exploitations agricoles familiales en Tunisie sont l’une des clés de la sécurité alimentaire et du développement rural durable » (FAO, 2015a, p.109).

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2

L’agriculture tunisienne a connu des mutations remarquables qui se sont traduites par une augmentation importante du nombre d'exploitations, notamment les micro-exploitations familiales. En effet, selon les enquêtes sur les structures des exploitations agricoles du Ministère de l’Agriculture, le nombre d’exploitations, estimé à près de 350 000 unités en 1962, a atteint 450 000 exploitations en 2005, pour passer à près de 540 000 exploitations en 2010 (Ministère de l’Agriculture, 2012). Le morcellement des terres et les partages successoraux entre les héritiers témoignent d'une pression de plus en plus forte sur les ressources et se traduit par la dégradation des ressources en eau et en sol (Elloumi, 2006). Un des objectifs de la politique agricole tunisienne est de stimuler la productivité de cette forme d’agriculture (Bachta, 2002). Toutefois, cette dernière, souvent présentée comme un mode de production de subsistance, est considérée comme moins productive que le mode de production capitaliste. Ceci s’explique, entre autres, par le fait que la majorité de ces exploitations sont caractérisées par la prédominance de modes de production basés sur des techniques culturales traditionnelles et peu performantes.

Selon FAO, CIHEAM-IAMM et CIRAD (2017), l'agriculture familiale se heurte à plusieurs contraintes qui freinent leur développement. D’abord, étant donné que les trois quarts du territoire de la Tunisie sont semi-arides ou arides (CNEA, 2014), les risques auxquels s’expose l’agriculture, en rapport avec les aléas climatiques, affectent négativement les cultures (par exemple, la perturbation du cycle agricole, les pertes de semences, la réduction des rendements, etc.). Ainsi, les exploitations agricoles sont appelées à relever des défis d’augmentation de productivité dans ce climat défavorable, caractérisé par une forte variabilité climatique, des déficits de la pluviométrie ainsi que des sécheresses fréquentes (Elloumi, 2006).

De surcroît, la Tunisie est en situation de stress hydrique important (Milano et al., 2013; Besbes et al., 2014). Elle est considérée parmi les pays les moins dotés en ressources hydriques dans le bassin méditerranéen (WWAP, 2014; Louati, 2011). De ce fait, l’agriculture tunisienne est confrontée à des pénuries d'eau qui accentuent le risque de la diminution de sa capacité de production et ralentit les possibilités de l'augmentation du rendement (Ben Nasr, 2015), alors que le développement socio-économique et

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l'accroissement de la population nécessitent au contraire une production plus élevée sur les plans quantitatif et qualitatif afin d’assurer la sécurité alimentaire.

Les effets conjugués de l’aggravation des pénuries d’eau, la forte variabilité climatique et la succession des années de sécheresse rendent pratiquement impossible toute augmentation du rendement. Ainsi, les performances des exploitations agricoles se trouvent modestes par rapport aux objectifs de développement agricole et rural en Tunisie.

Par ailleurs, l’efficacité d’un grand nombre d’agriculteurs reste largement tributaire des techniques culturales traditionnelles utilisées par la grande majorité des producteurs (Elloumi, 2006). L'accès aux intrants techniques (tels que les semences améliorées, les engrais et les pesticides) reste limité du fait que, dans bien des cas, les agriculteurs sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement, ne bénéficient quasiment pas des services de vulgarisation et sont rarement membres de coopératives, lesquelles distribuent souvent aux petits agriculteurs des intrants subventionnés.

Le manque d’accessibilité et de disponibilité des technologies et intrants agricoles améliorés, conjugué à des services d’appui à l’agriculture inadéquats, se reflète dans la faiblesse des rendements observée généralement. De ce fait, les agriculteurs ne sont pas souvent en mesure d'utiliser leur pleine potentialité technique (faible apport en fertilisants, faible utilisation d'herbicides et d’engrais chimiques, mécanisation limitée et pénétration réduite des innovations). Cela affecte négativement leurs ressources productives et conduit à une baisse de la production agricole, de la productivité et, par ricochet, de revenu. Un autre problème qui se pose aux petits agriculteurs et qui limite l’utilisation efficace de leurs terres reste le coût exorbitant et la disponibilité des intrants (Elloumi, 2006; Bachta et al., 2005). Généralement, avec le faible niveau de revenus, les producteurs n’ont pas les moyens financiers pour acquérir les intrants, ce qui limite leur utilisation.

De plus, les agriculteurs se trouvent, de manière générale, marginalisés du moment où il y a le risque de se voir refuser l’accès aux crédits agricoles, qui leur permettent d’améliorer les cultures et augmenter les rendements. L’insuffisance de l’accès aux crédits fait en sorte que les agriculteurs ne peuvent pas acquérir d’intrants à des prix raisonnables, entreprendre des investissements et entretenir les infrastructures existantes. Ceci justifie aussi le faible taux d’utilisation des intrants agricoles et aggrave la baisse de la performance de l'ensemble de

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l'agriculture tunisienne. Néanmoins, cet obstacle est dû principalement à l’absence de titres de propriété, un niveau d’instruction peu élevé et un faible taux d’encadrement (Albouchi et al., 2005). En plus, dans le contexte tunisien, la majorité des chefs d’exploitation sont vieux et analphabètes (Elloumi, 2006; Bachta et al, 2005). Par conséquent, il y a une limitation vis-à-vis la réception des actions de vulgarisation et la maîtrise du processus technologique (ces exploitants âgés ne savent pas utiliser les produits de traitements, méconnaissent les possibilités de choix des cultures, les systèmes d’irrigation améliorés, etc.). Ce constat tient à une multitude de contraintes, parmi lesquelles on retrouve la faiblesse d’encadrement agricole. C’est ainsi qu’en considérant les faits mentionnés ci-dessus, l’exode rural est accentué en Tunisie, principalement pour les jeunes (Bachta et al., 2005). Le graphique 1 montre une faible productivité du secteur agricole avec un taux de croissance inférieur à celui d’autres secteurs (hormis l’agriculture), notamment des industries manufacturières.

Graphique 1: Écart de performance entre l’agriculture et l’industrie en Tunisie (1988-2008)

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Le graphique 1 montre que la productivité dans l’agriculture reste inférieure à celle dans l’industrie au cours des deux dernières décennies, ce qui reflète la fragilité du secteur agricole en termes de productivité. Par conséquent, l’agriculture tunisienne sera confrontée à plusieurs défis, entre autres une nécessité accrue d‘augmenter la production agricole et la productivité afin de garantir un revenu suffisant pour les agriculteurs.

À cet effet, des politiques agricoles nationales ont été adoptées afin de mettre au point des stratégies adéquates pour promouvoir cette agriculture. Elles se sont principalement focalisées sur la mise en place d’infrastructures hydrauliques au service du développement de l’agriculture irriguée. « La mobilisation des ressources hydrauliques et l’aménagement des périmètres irrigues ont renforcé ce caractère familial et conféré au territoire national un caractère intégré » (Elloumi, 2003, p.55). Cette stratégie est supposée permettre l’atténuation des effets des aléas climatiques, l’intensification de l’agriculture et, par la suite, l’amélioration des rendements. Parallèlement, d’autres mesures d’ordre foncier ont été mises en œuvre, notamment l’insertion d’un système d'immatriculation foncière et l’apurement des anciennes tenures foncières (en les transformant en un régime de propriété privée individuelle) (Fautras, 2017). Malgré les objectifs fixés par le gouvernement et les efforts de multiples interventions des pouvoirs publics, la productivité de ces exploitations reste souvent limitée et les rendements observés restent très inférieurs aux potentialités et aux performances escomptées (Laajimi, 2007; Frija et al., 2014). Ceci laisse présager l’inefficacité de ces différentes politiques adoptées.

Il s'avère donc nécessaire de s’intéresser aux capacités productrices de ces petites exploitations agricoles et de connaître leur niveau d'efficacité technique afin de stimuler leur productivité. Cela conduit à nous questionner sur l’utilisation efficace des facteurs de production permettant ainsi à ces exploitations agricoles familiales de réduire leurs coûts de production et d’accroître leurs revenus. Par conséquent, les producteurs vont être en mesure de garantir un prix qui couvre les coûts de production, qui rémunère le capital et qui rémunère les exploitants.

À noter que cette recherche ne couvre pas tous les secteurs de production. Elle se concentre spécifiquement sur la production oléicole. Ce choix est fait pour plusieurs raisons. De prime

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6

abord, le secteur oléicole présente et un créneau important dans l'économie agricole tunisienne et à ce titre, une spéculation stratégique pour le pays.

En effet, à l’échelon mondial, comme le montre l’annexe 1, les plantations d’oliviers sont groupées essentiellement autour de la méditerranée. En Tunisie, les exploitations oléicoles sont étendues sur 1,8 millions d’hectares, avec 88 millions de pieds d’oliviers répartis sur tout le territoire (ONH, 2016). L’oléiculture s’avère d’une grande importance en Tunisie, avec près de 65 % du nombre total d’exploitants agricoles en Tunisie (ONH, 2016). Par ailleurs, l’olivier a marqué, par son ampleur géographique et historique, la vie des Tunisiens, étant donné qu’il est associé à leurs coutumes et à leurs habitudes (Kitagawa et al., 2015). « Il s’agit d’une activité synonyme d’histoire ancienne et récente de la population » (Thabet et Mahfoudhi, 2001, p. 239). Ce secteur dynamise les trois principaux secteurs économiques du pays : l’agriculture, l’agro-industrie et le commerce. En effet, non seulement la dynamique de la filière contribue au développement de l'économie du pays, mais elle développe aussi un réseau socio-économique aux niveaux local, régional et national.

En plus, l’oléiculture est une activité intensive en main-d’œuvre et fait travailler de très nombreuses familles dans les zones rurales. Elle représente ainsi « la composante principale de l’activité pour plus de 300 000 agriculteurs (d’une façon permanente ou occasionnelle), dont plus de 60 % sont de moyens ou petits producteurs » (Elfkih et al., 2013, p.14) et elle génère par la suite des effets d’entraînement sur d’autres secteurs productifs. De ce fait, elle joue un rôle de tout premier plan dans le développement régional et la stabilité des populations rurales. Par ailleurs, ce secteur oléicole occupe une place prépondérante dans le schéma de l’agriculture tunisienne, non seulement à cause de l'importance des superficies réservées à l'oléiculture, mais aussi de la contribution à concurrence de 8 % dans la production mondiale. Avec ce chiffre, la Tunisie se place au rang de deuxième producteur mondial après l’Espagne (ONH, 2016).

Ce pays méditerranéen est « le producteur et l’exportateur le plus intégré au marché mondial d’huile d’olive » (Karray et Kanoun, 2013, p.3). Les exportations de ce dernier viennent en tête des exportations agricoles totales en Tunisie, avec 45 % de l'ensemble (ONH, 2016). Durant la saison 2014/2015, la Tunisie a détrôné le leader mondial, l’Espagne, devenant ainsi le premier pays exportateur d’huile d’olive (Ministère de l’Agriculture, 2015).

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Cependant, la Tunisie s’est fait attribuer la première place en exportation d’huile d’olive au niveau mondial, non seulement parce que la production a été exceptionnelle, mais à cause d’autres facteurs : l’Espagne, premier producteur mondial, a subi la sécheresse ces deux dernières années, ce qui a eu une répercussion sur la qualité des olives. Du coup, la production espagnole a été divisée par deux (La presse, 2015). Même chose en Italie, la très large prolifération de la bactérie « Xylella Fastidiosa » en 2013 a causé la destruction de milliers d’oliviers dans ce pays (Carné Carnavalet, 2015). Par conséquent, il y a autant d'olives et donc d'huile en moins sur les marchés.

Étant donné que ces pays européens n'arrivent plus à produire autant qu’à l’habitude, le prix de l'huile d'olive a grimpé au niveau mondial. Cette envolée des prix a pesé négativement sur les capacités productives des agriculteurs les plus pauvres. Malgré les devises qu’il rapporte de ses ventes à l’extérieur, le secteur oléicole reste encore caractérisé par des rendements plus ou moins bas et faiblement maîtrisés, même dans les régions ayant le meilleur potentiel. Le graphique 2 illustre la compétitivité globale des rendements oléicoles tunisiens, sur la base des rendements moyens obtenus dans chaque pays producteur pour les dix dernières années.

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Graphique 2 : Comparaison des rendements oléicoles moyens des principaux pays producteurs au niveau mondial (2000 à 2014)

Source : FAOSTAT, 2016.

Comme le montrent les résultats du graphique 2, la Tunisie est à la traîne derrière ses concurrents de l’UE (Espagne, Italie, Grèce, Portugal) en termes de rendements oléicoles, ces dix dernières années. En effet, les causes qui expliquent le faible rendement de ce système de production sont multiples. Comme on peut le constater à l’annexe 2, il s’agit de contraintes d’ordre climatique, technique et socioéconomique. En effet, l’oléiculture tunisienne est étroitement dépendante des évènements climatiques, qui constituent un obstacle important à l’intensification. En outre, elle est sujette à des attaques par les ravageurs qui limitent le potentiel de production et déprécient les rendements (Chatti-Kolsi et al., 2016). L’évolution tendancielle de la production agricole cache aussi de très fortes variations d’une campagne à une autre. De ce fait, la productivité est irrégulière et très variable, laissant les producteurs à risque dans un état quasi-permanent de vulnérabilité. Ces variations s’expliquent en grande partie par la dominance de l’agriculture pluviale dans un contexte d’irrégularité et de baisse des précipitations ainsi que d’importantes attaques des cultures.

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Le graphique 3 présente l’ampleur des oscillations annuelles de la production totale d’olives, au cours des deux dernières décennies (1998 à 2014).

Graphique 3 : Production totale d’olives en Tunisie (1998 à 2014)

Source : FAOSTAT, 2016.

Le graphique 3 montre de forts écarts de la production oléicole d’une année à l’autre. Entre 2001 et 2003, un écart s’est également creusé. Cette période présente deux pics de production : un très faible en 2001/2002 et l’autre très élevé en 2002/2003. Toutefois, cet écart semble se stabiliser par la suite, étant donné le volume de production durant les campagnes suivantes qui fluctue assez légèrement. Selon les données de la FAO (2015b), en 2013/14, la production tunisienne est retombée à 80 000 tonnes. À l’inverse, la production pour la saison agricole 2014/2015 a atteint environ 1.4 million de tonnes d’olives, soit une croissance de 300 % par rapport à la récolte de l’année précédente. De plus, selon le Ministère de l’Agriculture (2015), « la culture de l’olivier en Tunisie est menacée, étant donné que la production risque de diminuer de moitié d’ici 2030 en raison des conditions climatiques extrêmes (des inondations aux sécheresses) ».

Malgré l'importance du secteur oléicole en Tunisie sur les plans sociohistorique, économique et environnemental, le rendement oléicole ne fait que diminuer depuis plusieurs décennies.

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Cette contradiction constitue le principal problème de la Tunisie. Cette chute de rendement est d’autant plus dramatique si l’on analyse le graphique 4, qui montre les tendances en matière de superficie et rendement oléicoles en Tunisie, de 1990 à 2011.

Graphique 4: Tendances en matière de superficie, rendement et production oléicoles en Tunisie, de 1990 à 2011

Source : DGPA, 2013, tiré de FAO, 2015b.

D’après le graphique 4, durant la période allant de 1990 à 2012, un certain nombre d’évolutions apparaissent en particulier : la progression des superficies allouées à la production oléicole (elles étaient, en 1990, de près de 158 milliers d’hectares, et de 180 milliers en l’an 2011), à laquelle s’oppose la chute des rendements (allant de 165 tonnes par hectare en 1990 à près de 123 tonnes par hectare en 2011). Ces tendances semblent mettre en évidence la situation inquiétante du secteur oléicole en Tunisie. Les données sur le niveau du rendement moyen, qui a une tendance à la baisse depuis des décennies, reflètent le niveau d’inefficacité des exploitations oléicoles.

En outre, il convient de préciser que l’impact des problèmes sociaux qui ont surgi, notamment dans les régions défavorisées du centre, a eu des cortèges d’implications en termes de griefs politiques et d’instabilité politique, économique et sociale. Parmi les causes de ce déséquilibre socio-économique, nous pouvons citer la détérioration des conditions de vie de la population tunisienne, l’accroissement de la pauvreté qui touche davantage le milieu rural

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que le milieu urbain et l’augmentation du prix des produits de base (notamment celui de l’huile d’olive, des céréales, du lait, etc.), enregistrée lors de la période précédant le changement politique survenu en janvier 2011 (Ben Romdhane, 2010). Dans ce contexte déséquilibré, les populations de ses zones défavorisées (du Centre et du Sud en particulier) ont été sévèrement exposées aux risques de pauvreté et de migrations interrégionales accrues vers les grandes villes, notamment la ville de Tunis.

L’activité agricole se trouve alors menacée dans sa viabilité socio-économique. Par conséquent, le secteur oléicole en Tunisie, parmi d’autres secteurs, est appelé actuellement à assurer l’équilibre régional en termes de stabilité politique et sociale, surtout dans les zones les moins favorisées.

La région de Chbika (Kairouan) a été choisie comme région d’étude. Le choix d'une telle région semi-aride se justifie par l’importance du secteur agricole dans son économie régionale. En effet, cette région de la Tunisie centrale est restée à dominance agricole et rurale malgré sa proximité des grandes villes côtières (Tunis, Nabeul, Hammamet, Sousse). Selon le recensement général de la population, effectué par l’INS en 2014, la délégation de Chbika compte 35 308 habitants, dont 32 387 habitants vivant en milieu rural et pratiquant l'agriculture, soit 92 % de la population totale. L’agriculture demeure l’activité la plus importante dans cette zone, en dépit de certains problèmes climatiques et édaphiques qui surgissent de temps à autre tels que la salinité des sols, l’érosion et surtout le manque d’eau qui a engendré une surexploitation des nappes (Poussin et al., 2007).

Cette région présente aussi les mêmes éléments de problématique générale que la Tunisie dans son ensemble : rareté de la ressource et dominance des exploitations familiales. Soixante-dix pour cent des exploitants pratiquent une agriculture familiale dans des unités de production ne dépassant pas les 10 ha et près de 5 000 agriculteurs cultivent moins de 2 hectares (CTV de Chbika, 2014). Cette activité agricole permet de garantir des revenus à des exploitants agricoles pauvres en majorité.

Ce choix est justifié, entre autres, par le fait que les superficies oléicoles les plus importantes sont situées sous ce type de climat semi-aride. Au niveau du Chbika, l’arboriculture, principalement l’olivier, est très importante et occupe une très grande superficie. Elle s’étend sur 27 600 ha, soit 67 % de la superficie agricole totale (CTV de Chbika, 2014), faisant d’elle

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la culture dominante dans cette zone. Cette culture s’adapte bien au climat semi-aride, notamment à l’irrégularité des précipitations qui varient entre 200 mm et 400 mm (Touhami, 2013), aux grandes plages de température (des étés secs et des hivers humides) et à la forte évaporation qui peut atteindre 1600 mm/an.

Si on regarde maintenant ce qu’il en est sur le plan régional, on voit que la production oléicole est concentrée dans la région du Centre, qui représente les deux tiers de la production nationale en moyenne (FAO, 2015b).Les gains de production enregistrés dans cette région permettent d’augmenter l’exportation et l‘offre locale Le graphique 5 montre la prédominance de la surface oléicole du Centre avec 82 % de la superficie nationale en 2015. Ensuite, viennent le Sud et le Nord avec respectivement 13 % et 5 %. Le graphique 6 fait ressortir également les disparités en matière de production oléicole moyenne des oliveraies en fonction des régions. On observe que la région du Kairouan est classée parmi les premiers producteurs d’olives au niveau national avec une moyenne de 50 000 tonnes en 2016. Les amples écarts entre les régions sont révélateurs d’une grande hétérogénéité en termes de productivité.

Graphique 5 : Répartition de la superficie oléicole en Tunisie, par région en 2014/2015 (en pourcentage)

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Graphique 6 : Production moyenne d’olives en Tunisie par district, 2016

Source : ONAGRI, 2016.

On constate une disparité régionale, étant donné que l’État favorisait la plantation des oliviers dans des régions, au détriment d’autres régions. Comme nous venons de le voir dans les deux graphiques 5 et 6, les régions du Centre, souffrant de problèmes climatiques, contribuent pour 82 % à la production nationale d’olives, alors que dans les régions du Nord, où les conditions climatiques sont nettement favorables, le secteur olivier est pratiquement marginalisé (Karray et Kanoun, 2013; FAO, 2015b). Ceci ne fait que détériorer la situation du secteur oléicole surtout en termes de performances productives. Par conséquent, on pourrait penser que ce fait reflète une incohérence interne au niveau des politiques agricoles mises en place et l’absence de synergie de la politique agricole tunisienne avec les autres politiques sectorielles. Ceci provient en fait d’un héritage de mauvaises orientations en matière de politique de développement rural.

Par ailleurs, les défis du secteur agricole en général, et du secteur oléicole en particulier, peuvent être relevés par la mise en place de politiques agricoles recherchant une croissance durable et inclusive et misant sur la mise en place de politiques adéquates.

Cependant, les politiques actuelles ne sont pas parvenues à assurer, dans les régions du Centre, un bon niveau de rendement par rapport aux autres pays concurrents. Le graphique 7 illustre bien cette disparité des rendements entre les régions de la Tunisie, durant la période 2008-2012 :

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Graphique 7 : Rendements régionaux de la production d’olives en Tunisie, de 2008 à 2012

Source : DGPA, 2013, tiré de FAO, 2015b.

D’après le graphique 7 ci-dessus, les rendements régionaux moyens des oléicoles dans le Centre, notamment dans Chbika, restent faibles (0.45 tonne à l’hectare) en comparaison avec la région du Nord (en moyenne 0.82 tonne à l’hectare sur les trois dernières années), d’autant plus qu’il faut noter que le rendement national moyen est très proche de celui observé au niveau du Centre, étant donné que ce dernier pèse le plus dans la moyenne nationale (FAO, 2015b). Le graphique 8 suivant rend compte de la faiblesse des rendements au niveau de la région du Kairouan, par rapport aux autres régions du Centre en Tunisie.

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Graphique 8 : Les rendements par gouvernorat en 2015/2016

Source : DGEAD, 2016, tiré de ONAGRI, 2016.

La faiblesse des rendements, à laquelle s’ajoutent des coûts de production parfois élevés (notamment ceux de la mécanisation, de l’achat des intrants et surtout de la main-d’œuvre permanente et occasionnelle), engendrent des valeurs ajoutées insuffisantes. De ce fait, la nécessité d'améliorer l'efficacité technique au niveau de ces exploitations agricoles est de plus en plus accentuée. Pour cela, l'amélioration de la performance agricole, en termes d’efficacité technique, est devenue par conséquent une obligation absolue pour les exploitants agricoles, ainsi que pour les décideurs. C’est dans ce contexte de faiblesse du rendement que nous nous proposons de mener cette étude. L’estimation de l’efficacité technique des exploitations agricoles a fait l’objet de plusieurs travaux, entre autres en Tunisie (Bachta et Chebil, 2002; Dhehibi et al., 2007; Albouchi et al., 2007; Naceur et al., 2010; Chemak, 2010; Chebil et al., 2013, Dhehibi et al., 2012; Chemak et Dhehibi, 2012; Chebil et al., 2013). Néanmoins, l’originalité de ce présent travail de recherche se trouve dans le fait que dans la littérature, « le manque d‘études prospectives et de diagnostics stratégiques dans le secteur oléicole, a traduit l’absence de stratégies de long terme pour le développement de la filière » (Karray et Kanoun, 2013, p.40). C’est dans cette perspective que ce mémoire de recherche propose l’analyse d’un diagnostic plus approfondi, dans le but de chercher une meilleure valorisation du secteur oléicole en Tunisie. De fait, cette étude constitue une contribution aux débats actuels sur l’efficacité technique du secteur oléicole, notamment en Tunisie.

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Objectifs de la recherche

Au regard de cette mise en contexte, le présent travail de recherche a pour finalité d'alimenter la réflexion sur l'efficacité technique des exploitations oléicoles dans la délégation de Chbika, au centre de la Tunisie. L’idée est d’expliquer la situation présente des exploitants oléicoles dans ce pays au fort potentiel agricole, mais souffrant de problèmes structurels profonds. Nous tenterons de déterminer quels sont les exploitants où l’on retrouve les effets les plus significatifs en matière d’inefficacité technique. Nous essayerons ensuite d’identifier les facteurs qui ont le plus d’impacts sur les inefficacités observées.

Les principaux objectifs poursuivis sont donc les suivants :

1- Déterminer les scores d’efficacité technique dans les exploitations oléicoles à Chbika en Tunisie;

2- Identifier quels sont les facteurs explicatifs des niveaux d’inefficacité technique de ces exploitations (l’âge de l’exploitant, la taille de l’exploitation, le niveau d’éducation de l’exploitant, le recours au crédit agricole, le mode de faire-valoir, la main-d’œuvre familiale et salariale, etc.);

3- Suggérer des mesures d’amélioration du niveau de l’efficacité du secteur oléicole de la zone étudiée qui devraient permettre de concilier une amélioration de la productivité des facteurs et de la production, et donc de l’économie régionale et nationale.

Organisation du mémoire

Pour répondre adéquatement aux objectifs de recherche, le reste de ce mémoire est structuré de la façon suivante. Dans la première partie, nous avons exposé la problématique et les objectifs. Dans la deuxième partie, consacrée à la revue de littérature, nous nous penchons sur les facteurs qui sont à l’origine des inefficacités techniques. Nous nous penchons aussi sur les différences qui existent entre les principales méthodes de mesure (paramétrique ou non paramétrique) et nous analysons les articles qui ont déjà été réalisés sur le concept

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d’efficacité technique. Pour ce qui est de la troisième partie de ce travail, elle porte sur la méthodologie qui a été utilisée pour procéder à l’analyse. Nous présentons les indicateurs qui ont été choisis et les raisons qui ont motivé ce choix, les bases de données qui ont été utilisées, ainsi que le cadre d’analyse. Dans la quatrième partie de ce travail, nous présentons les résultats de l’analyse. Ces résultats permettent de déterminer s’il existe des inefficacités techniques au niveau des exploitations oléicoles dans la région de Chbika (Tunisie). Nous procédons aussi à l’analyse des effets des facteurs explicatifs sur les exploitations. Enfin, dans la cinquième et dernière partie du mémoire, nous revenons sur les résultats obtenus, les limites de notre étude et les voies de recherche intéressantes à creuser dans le futur. Bien entendu, on ne peut conclure ce chapitre sans mettre en évidence les mesures et les pistes de réflexion à proposer pour améliorer l’efficacité technique des oléiculteurs de la région de Chbika.

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Chapitre 2 :

Concept d'efficacité : cadre théorique, approches

empiriques D’étude, hypothèses de recherche

Introduction

Dans le contexte actuel marqué par la recherche d’une plus grande compétitivité, l’approche économique de l’efficacité technique est de plus en plus prise en compte par les scientifiques et constitue un des principaux sujets de l’économie de la production. La mesure de l’efficacité s’inscrit dans le cadre d’une meilleure utilisation des ressources productives afin de réaliser des économies et maximiser les gains de productivité.

Durant les dernières décennies, des études sur l'efficacité technique ont retenu une attention considérable et cela à peu près dans tous les champs d'activité économique, notamment dans le secteur de l’éducation (Ruggiero et Vitaliano, 1999; Abbott et Doucouliagos, 2003; Waldo, 2007; Kirjavainen, 2007), de la santé (Ferrier et al., 2006; Clement et al. 2008; Yougbare et Teghnem, 2016), de l’agriculture (Nuama, 2006; Chogou et al., 2017), des transports (Rivera, 2004; Baumstark et al., 2005), de l’utilisation des ressources énergétiques (Ghali et al., 2014), de la microfinance et des banques (Igue, 2006; Soulama, 2008; El Moussawi et Obeid, 2010; Bannour et Labidi, 2013; Cornée et Thenet, 2017), des industries manufacturières (Lesueur et Plane, 1995; Cling et al, 2005; Agbodji, 2010), etc.

Une variété d’approches théoriques a été développée et utilisée dans diverses études empiriques pour estimer des frontières de production et « étudier l’échec des producteurs

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dans la réalisation du même niveau d’efficacité » (Battese 1992, p.159). Nous allons donc nous pencher sur le résultat des recherches existantes autour de ce concept.

Rappelons que l’objectif poursuivi dans ce mémoire de recherche est l’évaluation du niveau d’efficacité technique des oléiculteurs dans la région de Chbika et l’identification de l’effet des facteurs explicatifs des écarts d’efficacité technique entre ces exploitations. Selon Bégin (2014, p.9), « l’étude de l’efficacité technique est d’un grand intérêt autant pour les entreprises que pour les gouvernements à travers l’orientation des politiques vers l’amélioration de l’utilisation des facteurs de production ».

Le présent chapitre s’articulera autour de trois sections. Dans un premier temps, il sera question de proposer une synthèse des différents concepts et considérations théoriques attachés à la notion d’efficacité des exploitations agricoles en particulier. Ensuite, dans un deuxième temps, l'attention sera portée sur la présentation des principales approches et méthodes d’estimation utilisées pour mesurer l’efficacité technique, en l'occurrence l’approche paramétrique et celle non paramétrique. Cette partie permet donc de justifier le choix méthodologique qui sera appliqué ultérieurement dans notre étude, en Tunisie (Chbika). Finalement, la troisième partie de cette revue de littérature sera dédiée à l’identification des facteurs explicatifs les plus influents sur l’inefficacité technique des entreprises oléicoles. Ceci permettra d’énoncer les hypothèses qui seront mises à l'épreuve dans le présent mémoire.

1. Le concept d’efficacité : définition et mesure

1.1 Concept d’efficacité : définition

Dans la littérature économique, la notion d’efficacité est abondamment utilisée pour permettre de mesurer de la performance des unités de production. Il est donc important de comprendre pourquoi cette question d’efficacité est progressivement devenue pertinente au niveau du secteur agricole en particulier.

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Selon la théorie économique, le concept efficacité fait référence à l’optimum de Pareto1 (Chemak et Dhéhibi, 2010). L’efficacité en agriculture peut être définie comme « le niveau auquel les producteurs arrivent à réaliser le meilleur résultat avec les ressources disponibles dans l’exploitation et les technologies données » (Adjognon, 2009, p.27). Donc, elle traduit le rapport entre les résultats attendus et les résultats atteints. Ceci signifie qu’elle décrit l’optimisation des moyens utilisés afin de maximiser le profit et garantir une plus grande compétitivité. En d’autres termes, elle donne une indication sur la capacité des entreprises à utiliser une technologie existante de la manière la plus adéquate (Ghali et al., 2014). L’efficacité est alors perçue au sein des différentes analyses recensées comme un élément de mesure de la performance des unités de production, tout comme le rendement et la productivité. Selon Saucier et Brunelle (1995), la notion d’efficacité englobe les concepts de productivité et de rendement.

De ce fait, la mesure de la performance n‘est plus limitée seulement à la seule dimension financière (basée sur des comparaisons selon le coût moyen, le rendement, la productivité), mais aussi elle est évaluée par la capacité d’un système de production de produire « au mieux » par la mise en œuvre de l’ensemble des moyens de production (Coelli et al., 1998). C‘est dans ce contexte qu‘apparaît le concept de l’efficacité technique.

La partie suivante a pour objectif la présentation, dans une perspective historique, des grandes étapes de la genèse du concept d’efficacité. Plusieurs auteurs identifient la période des années 60, comme étant celle où l’ensemble des secteurs ont connu d’importants changements structurels. En effet, un regain d’intérêt de ce concept au cours de cette période, occasionné par la poussée technologique et l’émergence de l'innovation technologique qui a été intégrée au sein du processus de production des firmes, a été remarqué. Ceci a amené les chercheurs à étudier les impératifs d'une utilisation efficiente des nouvelles technologies de production (Amara et Romain, 2000). Avant cette période, « la possibilité que les entreprises puissent exploiter leurs ressources de manière inefficace était implicitement écartée des études empiriques » (Amara et Romain, 2000, p.1). Ce n’est qu’au cours des années quarante que le concept d’efficacité commence à apparaître dans la littérature avec les travaux de Carlson (1939), Hicks (1946) et Samuelson (1947).

1 En économie, l’optimum de Pareto est un état dans lequel on ne peut améliorer le bien-être d’un individu sans détériorer celui de l’autre.

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Dès lors, la notion d’efficacité a fait l’objet d’une multitude d’études et de recherches scientifiques. En effet, plusieurs auteurs ont alors tenté successivement, pendant plus d’un demi-siècle, d’éclaircir ce concept. Debreu (1951), Koopmans (1951), Shephard (1953), Farrell (1957) étaient les premiers à s’intéresser au concept d’efficacité. Leurs travaux sont considérés comme le point de départ de la construction du concept.

Koopmans (1951) était le premier à proposer une mesure du concept d'efficacité, relative à l’analyse de la production. Il a proposé une formalisation de l’efficience technique qui permet de décomposer l’efficience technique en une efficience d’échelle et une efficience technique pure

Debreu (1951) était le premier à le mesurer empiriquement, à travers les coefficients d’utilisation des ressources (des mesures de ratio extrant-intrant) pour décrire le maximum d’une réduction équiproportionnelle de tous les inputs permettant au processus de production de subsister. Quant à Shephard (1953), il a introduit la fonction distance input qui permet de mesurer l’inefficacité en prenant en compte la possibilité d’intégrer des processus de production multi-output.

Farrell (1957), dans son article2, est arrivé à fournir un outil de raisonnement théorique fondé sur le concept microéconomique du taux marginal de substitution. C’est ainsi qu’il a été le premier à définir clairement le concept d'efficacité économique et à le diviser en deux termes : efficacité technique et d’efficacité allocative. C’est ce qui est adopté aujourd’hui par la littérature économique qui identifie trois formes d’efficacité dans les activités productives, notamment l’efficacité technique, allocative et économique (Amara et Romain, 2000). Avant d’expliciter le cadre conceptuel qui guide notre travail de recherche, il nous semble pertinent d’exposer sommairement les fondements théoriques.

2Article : « The Measurement of Productive Efficiency » de Farrell publié en 1957 et s’inspirant des travaux de Koopmans et de Debreu.

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1.2 Concept d’efficacité vu sous l’approche de la production

L’objectif assigné à cette partie consiste, dans un premier temps, à retracer de manière approfondie le fondement théorique du concept de l’efficacité.

« Selon la théorie microéconomique traditionnelle, le concept d’efficacité n’est pas pris en compte dans les travaux empiriques, car les producteurs sont supposés être rationnels dans leurs prises de décision et agissent dans un seul but du gain économique (maximisation de profit) » (Ngom et al., 2016, p.9). Cette hypothèse de l’omission de l’efficacité suppose que chaque exploitant se trouve toujours sur la frontière de production.

Les producteurs sont toujours à la recherche des méthodes qui conduisent à atteindre la production maximale, et donc éliminer ou réduire leurs inefficacités techniques. Cependant, généralement, cela ne vérifie pas les études antérieures, entre autres celles de Bachta et Chebil 2002 ; Albouchi et al. 2007; Dhehibi et al. 2007; Dhehibi et Telleria 2012; Chemak et al. 2010; Chemak et Dhehibi 2010; Naceur et al. 2010; Chebil et al. 2013, Chebil et al., 2016, qui montrent des scores d’efficacité technique faibles dans différentes exploitations du territoire tunisien. Face à ce constat préoccupant, on se demande, dans notre étude, si les exploitations agricoles tunisiennes à Chbika sont techniquement efficaces ou non. Par ailleurs, la nécessité d’un cadre analytique se pose avec acuité pour décrire et expliquer la raison des échecs ou succès de la performance de ces exploitations.

En théorie microéconomique, on peut mesurer l’efficacité d’une firme à travers l’approche de production. Le concept de l’efficacité productive ou technique est présenté dans la définition même de la fonction de production (Chaffai, 1997; Chebil et al., 2013).

La fonction de production spécifie les quantités maximales d’outputs accessibles pour tout niveau des inputs, et pour tout niveau de l’output, les quantités minimales nécessaires à leur obtention (Thiry et Tulkens, 1988). C’est ainsi que l’efficacité d’une unité de production établit alors une relation technique entre les paniers d’inputs et les différents niveaux d’outputs qu’on peut obtenir à l’issue du processus de production. Le rapport qui existe entre les inputs et l’output peut être caractérisé par la technologie de production. On procède à une approche qui tente de modéliser cette technologie de production afin d’identifier les combinaisons productives optimale. Ceci nous amène à effectuer une analyse à travers un

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indicateur de performance productive qui est l’efficacité technique, nécessitant l’estimation d’une frontière de production.

Par souci de simplification, nous illustrerons dans la figure 1 la configuration dans laquelle l’output s’obtient à travers la combinaison de plusieurs inputs.

Figure 1 : Représentation du processus de production en agriculture

Source : Auteur, 2017; tiré de la théorie de la production.

Les contraintes imposées à la production découlent de la rareté des ressources, ce qui implique une grande attention quant à leur utilisation. Ainsi, la firme maximisera sa production ou minimisera l’utilisation de ses moyens de production, tout en veillant à une meilleure utilisation de ces ressources à travers une allocation efficace au sens de Pareto.

1.3 Distinction entre les différents types d’efficacité

De nombreux auteurs nous ont révélé l’existence de plusieurs types d’efficacité : l’efficacité technique, l’efficacité d’échelle, l’efficacité allocative. Notons que l‘efficacité économique correspond aux produits des deux types d’efficacité réunis (efficacité technique et allocative) (Lovell, 1993; Coelli et al., 1998 et Amara et Romain, 2000). Une exploitation agricole est considérée comme économiquement efficace « si elle est à la fois techniquement efficace et alloue de manière efficace ses ressources productives » (Hanafi, 2011, p.11).

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a. Notion d’efficacité technique

La notion d’efficacité technique avait déjà fait l’objet de nombreuses investigations théoriques. Nous procédons ainsi à une recension des définitions successives dont a fait l’objet ce concept.

L'efficacité technique se définit comme la capacité de la firme à exploiter les ressources de façon optimale. Selon Ghali et al. (2014), l’efficacité technique concerne la capacité de l’exploitation à éviter le gaspillage par une bonne gestion des ressources disponibles. Dans le même sens, Djimasra (2009) la décrit comme étant la capacité d’une entreprise à produire de façon efficace avec les ressources nécessairement limitées dont elle dispose. Pour Farrell (1957), ce concept est mesuré à partir des meilleures pratiques dans le secteur. Autrement dit, il mesure comment une exploitation valorise les intrants qui entrent dans le processus de production de manière optimale.

Une unité de production est techniquement efficace lorsqu’elle se situe sur la frontière, c’est-à-dire qu’elle consiste à réaliser le plus possible niveau d’outputs pour un niveau d’intrants donné (orientation-output, la maximisation de l’output) ou bien elle consiste à utiliser le moins d’inputs possible pour un niveau de production donné (orientation-input).

L’efficacité technique est mesurée par l’écart existant entre le niveau de production observé et le niveau d’output optimal déterminé par la frontière de production. La figure 2 présente une illustration graphique de l’efficacité technique (cas d’une fonction mono-output/mono-input).

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Figure 2 : Illustration graphique du concept d’efficacité à partir d’une fonction de production (inputs orientés / outputs orientés)

Source : inspiré de Farrell, 1957; Miri, 2014.

La fonction de production est définie comme étant une fonction reliant la combinaison de tous les points efficaces. L’écart par rapport aux meilleures pratiques fournit le degré d’(in)efficacité d’une firme. La figure 2 montre que les exploitations numérotées 1, 2, 3, et 4 sont techniquement efficaces puisqu’elles se situent directement sur la courbe frontière de la fonction de production. Cependant, l’exploitation 5 présente une inefficacité étant donné qu’elle se situe en dessous de la frontière de production. Donc, le producteur aurait la possibilité d’employer moins d’inputs utilisés sans pour autant réduire le niveau d’output produit en passant de xEXP 5 à x′EXP 5 (orientation-input) ou bien augmenter le niveau d’output obtenu en gardant les mêmes niveaux d’intrants constants en passant donc de yEXP 5 à yEXP 5′ (orientation-output).

L’efficacité technique se décompose à son tour en efficacité technique pure (ETP) et efficacité d’échelle (EE) (Latruffe et Piet, 2013). Cette décomposition se fait selon l’hypothèse faite sur la nature des rendements à l’échelle. L’efficacité d’échelle renseigne sur le niveau optimal de la taille de l’exploitation. Ainsi, elle permet d’évaluer si les rendements

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d’une exploitation sont croissants, constants ou décroissants3. Elle traduit donc l’adéquation d’une unité de production à son échelle optimale. L'échelle optimale est entendue ici comme étant la meilleure situation à laquelle peut parvenir l'unité de production en augmentant proportionnellement la quantité de tous ses facteurs. L’efficacité technique pure, quant à elle, renseigne sur la manière dont les ressources de l'unité de production sont gérées (Latruffe, 2010; Blancard et al., 2013). Dans le cas des rendements d’échelle constants, on suppose qu’une augmentation dans la quantité d’inputs consommés mènerait à une augmentation proportionnelle dans la quantité d’outputs de produits. Dans le cas des rendements d’échelle variables (croissants ou décroissants), en revanche, la quantité d’outputs produits est considérée pour augmenter plus ou moins proportionnellement que l’augmentation dans les inputs. La figure 3 fait la distinction entre l’efficacité technique pure et l’efficacité d’échelle.

3Les rendements sont croissants si la production augmente plus vite que les facteurs de production. On parle d’économies d’échelle lorsque tous les intrants sont doublés et la production fait plus que doubler.

Les rendements sont dits décroissants lorsque la production augmente par un moindre multiple que celui qui est appliqué à tous les facteurs de production. On est en présence de déséconomies d’échelle lorsque les quantités d’intrants sont doublées et que la production augmente par un multiple inférieur à deux. Enfin, les rendements sont dits constants lorsque la production varie dans la même proportion que les facteurs de production.

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Figure 3: Représentation graphique de l’efficacité technique pure et d’échelle

Source : Coelli et al. 1998, Albouchi et al., 2004.

Sur la figure 3, l’exploitation A est techniquement inefficace par rapport à l’exploitation B, qui correspond à la taille optimale, étant donné qu’il est possible de produire la même quantité d’output avec moins d’intrant. L’inefficacité technique pure correspond au rapport 𝑋𝐴′

𝑋𝐴et l’inefficacité d’échelle est mesurée par le rapport 𝑋𝐴′′

𝑋𝐴′. Le produit de ces deux

inefficacités correspond à l’inefficacité technique total au point A, et se mesure par le rapport 𝑋𝐴′′

(42)

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b. Notion d’efficacité allocative

Le concept d’efficacité allocative se réfère aux prix relatifs des facteurs de production (travail, capital, herbicide et fertilisant). Il consiste à mesurer, pour un niveau de production donné, les proportions dans lesquelles les facteurs de production sont utilisés et de choisir la combinaison d’inputs de façon à minimiser leur coût. Selon Piot-lepetit et Rainelli (1996), l’efficacité allocative se définit par la façon dont l’entrepreneur fixe les proportions entre les différents intrants participant à la combinaison productive en se basant sur leurs prix respectifs.

c. Illustration des types d’efficacité

La figure 4 ci-dessous, proposée par Farrell (1957), illustre la distinction entre les types d‘efficacité, pour le cas où il existe deux facteurs de production (le travail L et le capital K). L'isoquant SS' représente la frontière de production qui est définie comme étant l’ensemble des combinaisons d’input qui sont techniquement efficaces pour un niveau output donné. Les points situés au-dessus de l’isoquante caractérisent les firmes non efficaces. La droite (AA') représente graphiquement le rapport des prix des inputs déterminés par le marché (la courbe d'isocoût). Ainsi, le point Q représente une firme techniquement efficace, utilisant les deux facteurs de production dans le même rapport que la firme située au point P. Tous les points situés sur la frontière de production sont techniquement efficients, et ont un score d’efficacité technique égal à 1 alors que tout point à l’intérieur de l’isoquant est techniquement inefficace pour ce niveau de production. L‘efficacité technique de l'exploitation au point P est donnée par le rapport OQ

OP, qui varie entre zéro et l’unité. Les firmes efficaces ont un rapport égal à 1, et celles dont le ratio est inférieur à 1 doivent baisser l’intrant utilisé de (1 −OQ

OP). Par exemple, si le ratio est de 0,85 il faut diminuer l’intrant de 15 % pour devenir efficace et se positionner sur la courbe.

Bien qu’ils soient techniquement efficaces, tous les points sur l’isoquant ne sont pas allocativement efficaces. L’efficacité allocative est mesurée par l’écart entre le coût de production et l’efficacité technique. En effet, et même si l'efficacité technique est de 100%

Figure

Graphique 1: Écart de performance entre l’agriculture et l’industrie en Tunisie   (1988-2008)
Graphique 2 : Comparaison des rendements oléicoles moyens des principaux pays  producteurs au niveau mondial (2000 à 2014)
Graphique 3 : Production totale d’olives en Tunisie (1998 à 2014)
Graphique 4: Tendances en matière de superficie, rendement et production oléicoles  en Tunisie, de 1990 à 2011
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