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Recommandations et perspectives de développement des exploitations oléicoles dans la

Dans une économie tunisienne, ouverte sur l’extérieur, dont le principal moteur à la croissance est l’exportation, la filière oléicole continue à jouer un rôle prépondérant. Dans ce contexte, elle constitue l’une des filières prioritaires sur laquelle des interventions accrues par diverses institutions nationales doivent s’organiser en vue d’assurer sa rentabilité. À cette

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fin, cette section est proposée pour développer des propositions d’actions futures, en vue d’assurer le renforcement des performances des exploitations oléicoles en milieu rural à Chbika (Tunisie) et dans le but de les rendre plus compétitives à moyen et long terme.

Premièrement, les plans d’actions prioritaires doivent être axés sur la formation agricole des oléiculteurs qui constitue un des éléments déterminants pour améliorer le niveau d’efficacité productive de leurs exploitations. Cela signifie, entre autres, de s’assurer d’ouvrir l’accès à une formation agricole professionnelle et spécialisée, qui favorise le processus d’apprentissage, notamment en techniques de production et en bonnes pratiques agricoles (telles que, les techniques de récolte et taille améliorées, les techniques permettant une utilisation optimale des engrais, les méthodes d’irrigation adéquates, les exigences du calendrier cultural, etc.).

Dans cette optique, il est important aussi de promouvoir l'éducation de base en vue d’une meilleure réceptivité des nouvelles technologies de production. Autrement dit, une bonne gestion des exploitations agricoles basée sur les connaissances scientifiques et le savoir-faire productif est indispensable pour assurer une production agricole optimale et exploiter les potentialités de rendement. Ceci peut être opéré grâce aux actions de vulgarisation et aux séances de sensibilisation pour les agriculteurs, et ce par l'intermédiaire des acteurs de développement agricole (CRDA, CTV). Ainsi, nous attendons à ce qu'un appui technique des oléiculteurs incite à une meilleure allocation des ressources et, par ricochet, à une meilleure productivité.

Par ailleurs, il va de soi que pour être efficace, cette mesure devrait également être assortie d'une action visant à faciliter la subvention ainsi que l'accessibilité des petits oléiculteurs aux intrants, tels que l'engrais, les plantations, les fertilisants et les petits équipements agricoles. L’appui aux producteurs en intrants et matériels agricoles, ainsi que leur accompagnement sur le plan technique, permettra d’améliorer leur compétitivité à long terme grâce à une amélioration de la valeur ajoutée de la production.

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Cependant, à cause d'une trésorerie insuffisante, ces exploitants n'ont pas les moyens financiers d'acheter les actifs nécessaires et ne se permettent pas d’investir dans l’oléiculture. Du coup, cela ne peut aboutir qu’au faible niveau de production. En d'autres termes, pour faciliter l’accès à l’approvisionnement en matériels et intrants avec des circuits adaptés, il est important de mettre en place des incitatifs économiques (par exemple, des programmes de microcrédits et de prêts renouvelables) à la portée des producteurs, particulièrement à ceux qui ont tendance à rencontrer des difficultés à obtenir des crédits bancaires, afin de garantir la disponibilité et l’accessibilité de ces produits à tous les oléiculteurs.

De surcroît, pour pallier au problème du vieillissement des plantations, qui est assez marqué au niveau de la région de Chbika (Tunisie), des politiques doivent être menées pour promouvoir le rajeunissement des oliveraies. Ceci pourrait augmenter considérablement le rendement des olives et le revenu des oléiculteurs dans la région. La réussite de cette mesure demande une implication gouvernementale accrue et des moyens financiers pour remplacer les anciennes oliveraies peu productives.

En plus, des actions pourraient être menées dans le domaine de la recherche-développement, qui constitue la clé de la croissance de la productivité agricole et le développement de l’application de nouvelles idées et de nouvelles technologies (par exemple, la recherche de nouvelles variétés locales adaptées aux conditions édaphiques et climatiques de la région, le développement des traitements phytosanitaires plus résistants aux maladies et parasites, la diffusion des nouvelles technologies de production, etc.).

Toujours dans la continuité des actions, les stratégies doivent être orientées surtout sur la facilitation à l’accès aux ressources productives, telles que la terre et le crédit. D’une part, il sera important d’instaurer un environnement institutionnel favorable par la promotion des microcrédits et des programmes d'assurances au bénéfice des agriculteurs. Ceci permettra de faciliter l’accès de ces petits oléiculteurs aux services financiers et augmenter leurs chances d’accéder aux crédits de campagne, avec des taux d'intérêt bonifiés et des procédures de garantie assouplies, à la fois de la part du secteur public et du secteur privé, et par conséquent les aider à accroître leur potentiel de production. Les interventions en faveur de l'accès au

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crédit peuvent permettre de favoriser ainsi l'épargne, l’investissement et subséquemment l'amélioration et la modernisation du système de production.

D’autre part, analyser les questions de politique foncière, relatives à l’accès à la terre, est de plus en plus exigé. En effet, le problème de la sécurisation foncière est une problématique importante pour le développement agricole. L’absence des titres fonciers des exploitations agricoles entraîne des difficultés d’accès au crédit en milieu rural. Donc, il est indispensable d’attribuer des titres fonciers aux propriétaires qui serviront de garantie pour la banque afin de se faire octroyer le crédit. En outre, les exploitations ont tendance à se morceler davantage avec le temps, dû essentiellement au phénomène d’héritage, d’où l’intérêt majeur d’une politique publique qui limiterait le morcellement au niveau de la région. Dans un tel contexte, nous comprenons l’importance de la mise en place d’une politique foncière par l’Agence Foncière Agricole (AFA), et ce, en concertation avec les différents intervenants (l’Institut de l’Olivier, de l’Office National de l’Huile, de la Direction Générale de la Production Agricole, le Ministère de l’Agriculture).

Ensuite, sur le plan institutionnel, nous notons une insuffisance, voire un manque de coordination et de concertation entre les structures concernées par le développement agricole, qui sont peu efficaces et souffrent d’une insuffisance de moyens (matériels, humains et financiers) pour assumer leur principal rôle, celui d’appui et de soutien des agriculteurs. En plus, l’absence des organisations oléicoles défendant les intérêts des producteurs fragilise le secteur de l’olivier, ceci pouvant être dû à l’absence d’un processus de mise en réseau entre les différents acteurs de la filière qui marque le manque de cohérence et d’articulation des interventions.

Une solution potentielle à ces enjeux serait la mise en place d'une meilleure coordination (verticale et horizontale), entre les différents intervenants de la filière oléicole. La synergie et la cohésion de leurs actions de développement s’avère une condition nécessaire et indispensable afin de à solidifier les rapports verticaux et horizontaux, et donc parvenir à intensifier les efforts de promotion du secteur oléicole. Ainsi, « le modèle linéaire, consistant à décider des politiques de développement de la filière au sommet, doit être remplacé par un

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modèle basé sur les réseaux, l’interaction et la participation à tous les niveaux » (Karray, 2012, p.27).

Ajoutons aussi que les producteurs à des difficultés de circulation dues à la déficience des infrastructures routières, la déstructuration de certains réseaux et l’éloignement entre les structures d’aval et d’amont (coopératives, huileries, marchés locaux, etc.). Donc, l’amélioration de la circulation agricole, visant à résoudre les coûts de transaction ajoutés aux investissements dans les infrastructures routières, y compris des routes agricoles favorables aux déplacements des agriculteurs vers les marchés, porte à croire que le prix d’olives national va être, à moyen et long terme, plus compétitif.

La diminution des coûts de transaction, soit à cause des interventions de l’État (telles que les routes, les infrastructures rurales, la diffusion de certaines technologies), soit à cause d’une organisation plus efficiente de la filière (organisations de producteurs), pourrait à long terme permettre de meilleures conditions aux producteurs.

Finalement, la forte concentration géographique de la production d'olives en Tunisie rend cette dernière plus fragile face aux risques des aléas climatiques et aux défis environnementaux liés à l'intensification de la production oléicole. Des fluctuations importantes des volumes offerts annuellement pourraient donc être observées. De même, les mauvaises pratiques agricoles sont en grande partie responsables de la dégradation actuelle de l’environnement. Toutes ces contraintes sont des difficultés auxquelles les exploitations oléicoles doivent tenir compte pour assurer la durabilité des ressources naturelles à long terme. Donc, il est important d’organiser un système de protection sociale contre les grands risques auxquels peuvent être confrontés les producteurs. De plus, il s’agit d’amener ces producteurs à adopter des pratiques d’exploitation durable pour une meilleure utilisation des ressources au profit des générations futures.

À moyen et long terme, ces multiples actions pourraient se révéler très efficaces dans le développement agricole en général et la promotion du secteur olivier en Tunisie en particulier, afin d’optimaliser le rendement des exploitations oléicoles et d’améliorer leur

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efficacité. Dès lors, les gains de productivité du secteur oléicole sont la clé pour créer de nouvelles perspectives d’emploi, accroître les revenus et donc offrir un meilleur avenir pour les oléiculteurs tunisiens.

Si les soutiens fournis par l’État (l’intensification de l’assistance technique, la subvention de l’engrais, la vulgarisation du système oléicole intensive, etc.) sont maintenus, nous pouvons nous attendre à moyen terme à une amélioration de la productivité du secteur. À la longue, nous prévoyons observer une augmentation de l’exportation à mesure que la production oléicole augmente. En effet, avec la part de marché que gagneraient les producteurs locaux et l’augmentation de leur production, ils seraient en mesure de réaliser des économies d’échelle. Dans ce sens, la stratégie nationale de développement de l’oléiculture en Tunisie vise à augmenter la production moyenne de l’huile d’olive de 180 à 250 mille tonnes annuellement (Ministère de l’Agriculture, 2015).

Toutefois, il est difficile d’évaluer de manière précise le degré de la mise en œuvre de ces recommandations. Par conséquent, il faut vérifier que leur suivi soit assuré pour obtenir des résultats satisfaisants et afin d’amener rapidement les correctifs, si cela est nécessaire. Il semblerait également intéressant d’approfondir la question du financement à mettre en œuvre pour permettre d’opérationnaliser ces actions. Ceci relève de la responsabilité du gouvernement, et ce, évidemment avec une participation active du secteur privé, qui doit définir des choix stratégiques et mettre en place un fond d'aide et de soutien aux investissements agricoles.

Nous rappelons que l’intérêt fondamental de cette analyse est surtout d’aider les décideurs à éclairer les principales variables sur lesquelles ils peuvent agir pour améliorer l’efficacité productive du secteur oléicole. Dès lors, en fonction d’une analyse attentive des problèmes, nous avons pu dégager des pistes de solutions contextualisées et des moyens futurs qui peuvent être suggérés pour l’amélioration du degré actuel de l’efficacité technique et le renforcement des performances des exploitations oléicoles en Tunisie, objectif ultime de notre analyse.

Par ailleurs, au terme de ce travail, il paraît utile, dans les sections suivantes, d’aborder quelques limites de l’étude et de synthétiser quelques conclusions qui permettent d’éclairer les objectifs de recherche.

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