Chapitre 1 : Peut-on se faire justice soi-même ? Le « cas » Batman
Doc. 1 - “L’interrogatoire”, extrait de The Dark Knight, Christopher Nolan, 2008
Q1) Présenter le document (SANDI).
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Q2) Que penses-tu de l’attitude de Batman dans cet extrait ?
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Q3) Se comporte-t-il en héros dans cette scène ? Pourquoi ?
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Doc. 2 - La Justice existe-t-elle dans Gotham City ?
Gotham, une ville (fictive) du nord des Etats-Unis, corrompue par la pègre, par la violence et la folie. Et un semblant de justice qui prend la forme d’un justicier masqué, Batman.
Vigilantisme : l’homme masqué comme justicier
En marge du système judiciaire de Gotham, au-dessus de toute corruption, se trouve Batman. Le Justicier masqué. Le Chevalier Noir. Un « vigilante » qui rend justice aux citoyens de Gotham City et tente de défendre le peu d’ordre social restant à la métropole déchue. En ce sens, Batman est devenu l’archétype de l’auto-justice dans la culture populaire.
On parle d’auto-justice lorsqu’un individu (ou un groupe) fait exercer la loi ou un code moral particulier en dehors de toute procédure judiciaire légale, de manière généralement violente et secrète.
Cet individu est alors un « auto-justicier » ou plus simplement un « justicier » (qui n’est pas forcément masqué, et encore moins habillé en chauve-souris). L’anglicisme « vigilante » est également parfois utilisé pour les désigner.
Concrètement, le terme de justicier est généralement utilisé pour désigner un citoyen qui exécute la loi de ses propres mains lorsqu’il estime que les actions de l’autorité légale ne sont pas suffisantes. Ici, Bruce Wayne face à l’inaction et/ou l’incapacité du GCPD de Gordon décide de rendre la justice en endossant le masque de Batman.
C'est un extrait du film The Dark Knight, réalisé par Christopher Nolan en 2008.
Il présente une scène d'interrogatoire violent entre Batman et le Joker.
Batman se montre violent. Il se laisse emporter par ses sentiments (amour).
Cela peut se justifier car le Joker est un criminel.
Non, car il emploie la manière forte très rapidement (= torture).
Le Joker ne représente pas une menace, n'est pas armé. L'usage de la violence parait
disproportionnée.
Pour autant, la justice parallèle du Chevalier noir repose sur un paradoxe fondamental : elle s’arroge le droit de violer la loi au nom du maintien de l’ordre dans Gotham City.
Alors, Batman, héros ou criminel ? Une question d’autant plus compliquée que le rôle du Chevalier noir dans l’escalade de la (super-)criminalité de Gotham est plus qu’ambigu…
Les policiers de Gotham ne pourchassent pas Batman pour rien. Aux Etats-Unis comme en France, le vigilantisme est condamné par la loi lorsqu’il donne lieu à un comportement criminel, bien qu’il n’existe pas de loi pour l’interdire explicitement.
L’auto-justice est plus précisément le fait de remplacer l’État dans une action de justice, que ce soit pour l’enquête judiciaire (rechercher les preuves d’un crime), le procès (déterminer la culpabilité d’un suspect) ou l’exécution de la peine (le châtiment reçu par le coupable).
Il est illégal pour un citoyen lambda (comme Bruce Wayne) d’avoir recours à la plupart des actions nécessaires pour mener une enquête judiciaire car elles portent atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles. En effet, mener une fouille ou retenir une personne contre son gré pour l’interroger (surtout
suspendue par les pieds dans une ruelle sombre) sont des actions illégales si vous n’êtes pas policier.
En France, la séquestration est un crime puni de 20 ans de réclusion criminelle et peut cependant être portée à la réclusion à vie ou pour une période incompressible de 30 ans en cas de circonstance aggravante.
Source : https://www.justifit.fr/b/actualites/justice-gotham-city/
Q4) Selon le document 2, qu’est-ce que l’auto-justice ?
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Q5) Batman respecte-t-il la loi ? Pourquoi ?
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Q6) Avec ces deux documents, expliquez en quoi le comportement de Batman peut poser problème.
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Couverture du Comics The Dark Knight Returns, Frank Miller, 1986
L'auto-justice consiste pour une personne à rendre la justice au nom de sa propre loi,
sans forcément respecter la Loi et la Justice de la société.
Non, car il fait usage de violence, de torture, de séquestration alors que seuls les policiers peuvent arrêter et interroger les suspects, et seuls les juges peuvent les juger.
Batman agit au-dessus des Lois et personne ne semble pouvoir le contrôler.
Il fait le travail de la Police.
Chapitre 1 : Peut-on se faire justice soi-même ?
Doc. 1 - Le braquage du bijoutier de Nice en 2013
Le 11 septembre 2013, un bijoutier niçois, Stephan Turk, se fait braquer par deux jeunes gens casqués et vêtus de noir à l’ouverture de sa boutique le matin. Sous la menace d’un fusil à pompe, ils le frappent à coups de poing et de pied, lui demandant d’ouvrir le coffre. Le commerçant s’exécute et les deux malfaiteurs s’emparent de 30 000 euros de bijoux, avant de repartir sur un scooter volé. Le bijoutier, qui a déjà subi un vol en 2012, attrape son pistolet semi-automatique, sort sur le seuil de sa bijouterie, et fait feu à trois reprises dans le dos de ses agresseurs pour immobiliser le scooter.
Antony Asli, l’un des deux braqueurs, est touché et décède de ses blessures quelques heures plus tard. Le deuxième braqueur parvient à s’enfuir mais sera retrouvé par la police et mis en examen. Le bijoutier Stephan Turk est aussi mis en examen pour « homicide volontaire » et risque la prison. Il a recueilli des centaines de milliers de témoignages de soutien sur internet, ce qui crée la polémique. En avril 2016, le braqueur survivant a été condamné à 15 ans de prison.
En mai 2018, Stephan Turk est condamné à 5 ans de prison avec sursis.
a) Extrait d’un article du magazine Valeurs actuelles du 27 septembre 2013 :
« Multirécidiviste, itinéraire d’un enfant braqueur : déjà condamné 14 fois pour vols, Anthony Asli, le braqueur, est décrit par sa famille comme quelqu’un de «
merveilleux et plein de vie ». La presse lui a consacré des portraits extrêmement bienveillants. Mais le casier de ce
« gitan » sédentarisé révèle un tout autre visage : le parcours de cette « graine de violence » est édifiant.
b) Extraits d’un article du journal Le Monde du 17 septembre 2013 :
« Sur la photo que tend son frère, Anthony Asli a un visage de poupon, joufflu et enjoué. Sa soeur et son père évoquent un « gamin », un « petit » qui réfléchit avec retard après avoir d’abord pensé à rire. Ses copains s’indignent du fait qu’à la télévision on dépeigne
Anthony en « pur malfrat », en « bandit ». Ils sont écoeurés que le bijoutier Stephan Turk n’ait pas été placé en détention provisoire. »
Doc. 2 - L’affaire Jacqueline Sauvage : « Le 10 septembre 2012, à son domicile, Jacqueline Sauvage charge le fusil familial et tue son mari Norbert Marot de trois coups de fusil dans le dos. Elle affirme l’avoir fait pour protéger ses quatre enfants de menaces proférées par son mari la veille. Ce meurtre s’inscrit aussi dans un contexte de 47 années de violences conjugales et familiales (injures, coups, menaces…). Jacqueline Sauvage était une femme battue par un mari connu pour sa brutalité. Norbert Marot avait aussi commis des violences et des abus sexuels sur ses propres filles. Jacqueline Sauvage est mise en procès pour homicide volontaire et la légitime défense est rejetée car son coup de fusil ne répondait pas à une « menace immédiate ». La Cour d’Assises la condamne à 10 ans de prison en octobre 2014, peine confirmée en appel en décembre 2015. La Cour a considéré que l’accusée, femme active et intelligente, aurait pu porter plainte ou fuir. Une campagne de soutien à Jacqueline Sauvage s’organise alors avec des
associations, des médias, des personnalités… qui réclament le pardon pour cette femme battue. Le 31 janvier 2016, le président Hollande lui accorde la grâce présidentielle partielle : elle reste considérée comme coupable, mais sa peine de prison est réduite ce qui lui permet de demander une « liberté conditionnelle » (sortie de prison anticipée sous certaines conditions). Mais les tribunaux ont rejeté sa demande : Jacqueline Sauvage restera en prison. Le 28 décembre 2016, François Hollande lui accorde une grâce présidentielle totale et Jacqueline Sauvage est libérée.
