G ERGONNE
Géométrie analitique. Recherche du cercle qui en touche trois autres sur un plan
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 289-303
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289
GÉOMÉTRIE ANALITIQUE.
Recherche du cercle qui
entouche trois
autres surun
plan
;Par M. G E R G O N N E.
CERCLE
TANGENT ATROIS AUTRES.
IL y a
environ trois ans quel’académie de Tùriii
voulutbien
rendre
public,
par la voie del’impression , un mémoire
queje
lui avais
adressé ,
et,où ,
s dans le dessein de vengercomplètement
la
géométrie analitique
dureproche qu’on
ne lui- fait quetrop
souvent de ne
pouvoir
rivaliser avec lagéométrie
pure pour, la construction desproblèmes;, j’essayais
de prouver que cettegéométrie analitique ,
convenablementmaniée ,
offrait lessolutions
lesplus directes ,
lesplus élégantes
et. lesplus simples
de - deuxproblèmes dès-long-temps- célèbres ,
etqui passent
pour difficiles :je
veuxparler
du
problème
où. ils’agit
de décrire un cerclequi
touche trois cercles donnés et de celui où il. estquestion
de décrire unesphère qui
touche
quatre sphères
données.J’écrivais pour des savans
consommés , et je
crus devoir être courteil
paraît que je
le fus un peu.trop ; plusieurs géomètres, qq
eurent con-Naissance de mon
mémoire,
me firent lereproche ,
fondé sansdoute,
que le fil’
qui
m’avaitguidd n’y
était pas assezapparent,
etd quemes calculs semblaient
plutôt
propres àlégitimer
une construction- trouvée par un heureuxhasard, qu’à
faire découvrir cette cons-truction. Il
parait
même que , par suite de mon excessiflaconisme ,
Tom.
VII , n.° X , I.er
avrilI8I7. 39
290
C E R C L É T A N G E N T
beaucoup
degéomètres
n’ont pu suivre mesméthodes
et en saisirl’esprit ;
car on est revenu encorepostérieurement
sur ces deuxproblèmes,
surlesquels pourtant j’avais
cru neplus
rien laisserà
dire.
C’est ce
qui
me détermineaujourd’hui
àreprendre
le mêmesujet,
dans la vue de ledévelopper davantage,
et de lemettre à là portée
même des commençans. Je lefais
d’autantplus
volontiersque
les
méthodes queje
mets en 0153uvre en cette rencontre meparaissent
ouvrir un nouveauchamp
despéculations
et de recherchesde nature à faire
prendre à
lagéométrie analitique
une face en-tièrement nou-velle. On verra,
je
pense, par cequi
vasuivre,
que tout, absolument tout,peut
être motivé etjustifié
dans mes pro-cèdes ;
et que , loin que mescalculs
n’aient pourobjet
que delégitimer
une constructiongraphique,
découverte al’avance,
cetteconstruction en
est’,
aucontraire ,
uneconséquence toute naturelle,
et,
pour
ainsidiré,
absolumentinévitable.
On verra enfin que cesdeux
problèmes,
surlesquels tant
d’illustresgéomètres se
sont tourà tour
exerdés , deviennent , par
les méthodesque j’y applique,
des
problèmes
depremière facilité , qui peuvent
aisément trouverplace
dans lestraités
même lesplus élémentaires.
Au
surplus ,
comme la marche des raisonnemens et des calculsest absolument la même
pour
ces deuxproblèmes, je
ne m’occu-perai uniquement
ici que dupremier :
l’autrepourra offrir
au lec-teur un moyen de s’assurer s’il a bien saisi le
procédé.
Il pourraégalement
s’exercer sur leproblème
où ils’agit
detrouver
sur unesphère,
un cerclequi
en touche trois autres , donnés sur la même,sphère ; problème que j’ai
traité par 1e6 mêmesméthodes,
à lapage 349
du IV.e volume de ce recueil.Soient c , c’ ,
c" trois cercles donnés degrandeur
et de situationsur un même
plan,
et proposons-nous de trouver unquatrième
cercle C
qui
touche à la fois ces trois-là.Il se
présente
assez naturellement dechercher
le centre et leA T R O I S A U T R E S.
29Irayon
du cercle demandé.Mais ,
comme on sait faire passer unecirconférence par trois
points donnés ,
il seprésente
aussi asseznaturellement de chercher trois
points
de lacirconférence
de cecercle. Nous allons même voir bientôt que ce dernier moyen de solution mérite la
préférence
sur lepremier.
Parmi les
points
de la circonférence du cerclecherché ,
il y ena trois
qui
se fontparticulièrement
remarquer : ce sont ceux t,t’ ,
t" où cette circonférence doit être touchée par les trois cerclesdonnés ;
voilà donc lespoints
de cette circonférence que nous sonimes naturellement invités à découvrir.Notre problème
se trouve donc ainsi ramené au suivant :Trois
cercles c , c’ , c"
étant donnés degrandeur
et de situationsur un
plan ;
déterminer enquels points
t,t’ , t"
ils doivent être touchés par unquatrième
cercle Cqui
les touche tous trois.Mais il n’est pas difficile de voir que , pourvu que l’on sache
trouver le
point
de contact de C avec l’unquelconque
descercles donnés,;
enrépétant
successivement le mêmeprocédé
pour chacun de cescercles ,
leproblème
se trouvera résolu.Au moyen de cette remarque , notre
problème
se trouva ramèneau suivant :
Trois
cercles c , c’ , c"
étant donnés degrandeur
et de situationsur un même
plan ,
déterminer enquel point
l’un d’eux est touchépar un
quatrième
cercle Cqui
les touche tous trois.Il nous est facile de prononcer
présentement
sur le méritedes,
deux modes de solution que
nous
avons d’abordindiqués.
Pour
parvenir
à la résolutioncomplète
d’unproblème,
ily a
inévitablement à exécuter un certain nombred’opérations qui
dé-pendent
de la nature de ceproblème
etqu’on
nesaurait ,
avectoute l’adresse
possible , abréger
et réduire indéfiniment.Or ,
dèsqu’on
a le centre et le rayon du cerclecherché,
leproblème
est’à peu
près résolu ; donc ,
la recherche de ce centre et de ce rayondoit compter t-oute la somme de constructions que la résolution du
problème , simplifiée
autantqu’elle peut l’être , peut exiger.
292
CERCLE TANGENT
Au
contraire ,
si nous avons les.points
de contact du cercle cherchéavec les trois cercles
donnés,
leproblème
ne sera pas encore com-platement résolu,
et il nous restera encore à faire passer un cercle par troispoints
donnés ;donc,
il faudra moins faire pourpa,rvenir jusque;-là
que pour arriver a la solutioncomplète
duproblème
donc enfin , il doit être
plus
facile de trouver lespoints
de contact ducercle cherché avec les trois cercles
donnés, y qu’il
ne-leserait de
trouverle centre et le rayon de ce cercle.
A
plus
forte raison devra-t-il êtreplus
facile de trouver un, deces
points
de contact que deles
trouver toustrois, puisque , ce point
trouvé, on n’aura encore exécuté que le tiers de la cons-truction nécessaire pour le.s trouver tous
trois ; puis donç
que , lors-qu’ils
sont connus 3 leproblème
n’est pas encorecomplètement
ré-solu ,
onpeut présumer,
avecbeaucoup
devraisemblance ,
que larecherche
del’Fun
d’eux ne comportera pas même le tiers de la com-plication
totale duproblème proposé (*).
Occupons-nous
doncde,
larecherche
dupoint t"
où le cercle C touche le cercler.-
Un point
est.déterminé ,
sur unplan , lorsqu’on
connaît deuxlignes,
droites oucourbes ,
surlesquelles
il doit se .trouver.(*) On peut établir , en
principe , qu’ea général ,
ii doit être d’autantplus
fcile de rameper un problème à un autre que la solution de celui-ci est
plus
difficile ; pourvu cependant que le dernier soit , s’il est permis de s’exprimer ainsi, sur la route du premier. Ainsi, parexemple ,
il estbeaucoup
plus aiséd’aller de Dunkerque à Amiens que de Dunkerque à Collioure, parce que Amiens se trouve sur la route de
Dunkerque
à Collioure , et fort loin de cettedernière ville. Mais ,
quoique
Berlin soit fort loin .deCollioure,
il estbeaucoup plus
court d’aller deDunkerque à
Collioure que deDunkerque à
Berlin ; parce que Berlin est tout-à-fait hors de la routequi joint
ces deux villes.Si Viete et Newton sont parvenus très -
simplement à
ramener leproblème qui
nousoccupe a
celui oùil s’agit
de décrire un cerclequi ,
passant par unpoint donné , touche deux autres cercler donnés , c’est que ce dernier
problème
est presque
aussi
difficile à résoudre que lepremier.
293
A
TROIS AUTRES.
Or,
pour lepoint t" ,
nous conn-aissonsdéjà
une telleligne :
c’est
la circonférence c" ; il n’estdonc plus question
que d’en trouver une autre.Notre
problème
se trouve donc ainsi ramené au suivant :Trois
cercles c, c’ ,
c" étant donnés degrandeur
et de situationsur
unplan ,
trouver uneligne qui coupe c"
aupoint
t" où il esttouché par un
quatrième cercle C , qui
touche à lafois
les troispremier
Mais il est essentiel de remarquer que ce dernier
problème est indéterminé , puisqu’un
mêmepoint peut
être déterminéd’une
In- finité de manières diflérentes par l’intersection de deuxlignes.
C’estde la même manière que ,
lorsqu’on
a deuxéquations
entre deuxinconnues x et y , on
peut remplacer
ces deuxéquations
d’uneinfinité de manières
différentes ,
par lesystème
de deux autreséquations ayant
lieu en mêmetemps qu’elles,
et donnant consé-quemment
les mêmes valeurs pour les deux inconnues(*).
Rapportons
les données et les inconnues duproblème à
deuxaxes
rectangulaires.
Si nousn’aspirions qu’à
laplus grande symétrie possible ,
noussupposerions
ces axe-s absolumentquëlconques. Si ,
au
contraire,
nousn’aspirions qu’à
lasimplicité
nouspourrions placer l’origine
au centre de l’un de nos cercles et fairepasser
l’undes axes
’par
le centre de l’un des deux autres.Mais pour
concilier,
autantqu’il
estpossible ,
lasimplicité
avecla
symétrie,
nous nous bornerons àplacer
le centre de l’un de nos(*)
Nous n’hésilonspas .à regarder
.cette substitutiond’équations
les unes auxautres, sur
laquelle
les traités élémentaires sont loin d’insister aussi fortementqu’ils le devraient , comme un des plus puissans moyens de l’analise et de la
géométrie. C’est
ellequi
fait, en particulier , presque tout le mérite de la discussion deslignes
et surfaces -du second ordre , exposée à la page 61 du V.e volume de ce recueil , ainsi que de la théorie de leurspôles
que l’onrencontre à la page
293
du tome III.e.294 C E R C L E TANGENT
cercles à Forigine y
en donnant d’ailleurs aux axe$ unedirection
quelconque
parrapport
aux deux autres.Quant
auchoix
du cerclequi
aura son centre àl’originel
il nepourrait
êtredouteux ;
et on sent que ce doit être c"puisque joue
un tôleparticulier,
dans leproblème auquel
nous avonsréduit le
problème proposé.
Soient donc
respectivement
r ,r’ ,
rll les rayons descercles c , c’ , c" ; soient a, b
les coordonnées du centrede c ,
et soienta’ , b’
celles du centre de el.Soit R
le rayon inconnu du cercleC,
et soientA ,
B les coor-données inconnues de son centre. Soient enfin x ,
y
les coordonnées inconnues dupoint t" où
C touchec" ;
cequi
donnera une pre-1 mièreéquation
Supposons ;
pour fixer lesidées ,
que tous les contactsdoivent
êtreextérieurs ;
U faudra pour cela que la distance du centre de C- au centre de chacun descercles c , c’ , c" soit égale
à la sommede leurs rayons ce
qui
donneraet telles sont les,
équations qui
résoudraient leproblème;
si nousvoulions
prendre
pou.r inconn ues les coordonnées du centre et lerayon
du cercle cherché.Avant d’aller
plus loin ,
nous observerons que , dans le cas où te cercle C devraitenvelopper quelqu’un
descercles c , c’ , c" ,
ouen être
enveloppé,
ce serait la dIfference des rayons, et non leur somme ,qui
devrait êtreégale
à la distance descentres ; il faudrait
A TROIS
AUTRES 295
donc
changer
lessignes
dequelques-uns
des rayons r ,r’ ,
r" ,ou bien
changer quelque
part lesigne
de R. On peutobserver,
au
surplus
que chacun des binômesR+r , R+r’ , R+r"
se trou- vantélevé au quarré,
l’un de ceschangement équivaut à l’autre
et l’on voit
qu’en variant,
de toutes les manièrespossibles,
lessignes
de r ,r’ , r" ,
leproblème
aura 8solutions.,
comme il estBâilleurs aisé
de s’enconvaincre ,
enremarquant
que le cercle cherchepeut envelopper
tous les cercles donnés ou les touchertous extérieurement ; qu’il peut, de
troismanières , envelopper l’un d’eux
et toucher les deux autres
extérieurement ;
etqu’il peut également,
de trois
manières,
toucher l’un d’eux extérieurement etenvelopper
les deux
autres.
Nous conserverons néanmoins lesigne positif
auxtrois rayons , en nous
rappelant,
dans le résultatfinal, qu’ils peuvent
être
indifféremment positifs
etnégatifs.
Lorsque
la mise enéquation
d’unproblème
conduit immédiate..;ment à
plusieurs équations
entreplusieurs inconnues ;
lapremière
chose
qu’il
faut faire est d’examinersi,
en combinant ceséquations
entre
elles ,
d’une manièreconvenable ,
on nepeut pas
en déduirequelques
autresplus simples ; car,
c’est souvent là un moyentrès-
propre à
simplifier
la recherche dont ons’occupe.’
En
appliquant
ces réflexions auxéquations ( 2, 3 , 4 ) ,
onvoit sur-le-champ qu’on simplifiera
notablement les deuxpremières,
enleur substituant leurs différences avec la
troisième , lesquelles sont,
en réduisant et
transposante
On
peut
encoreintroduire,
dans ces dernièreséquations ;
unesimplification très-propre
à faciliter l’élimination de R entre elleset
l’équation (4) :
c’estd’y
introduireR+r" , qui
entre seuldans
celle-ci ;
ellesdeviendront ainsi
296 C E R C L E T A N G E N T
telles sont
donc ,
avecl’équation (4),
leséquations
lesplus simples qu’on puisse employer pour parvenir
aux coordonnées du centre etau rayon du cercle
cherche.
Mais ce ne sont
point
ces coordonnées et ce rayon que nousnous sommes déterminés à
prendre
pour inconnues : ce sont leseoordonnées x,
y dupoint
de contact t" de C avec c" , entrelesquelles
nous avonsdéjà l’equation (I).
Cherchons donc à lier ces nouvelles inconnues avec l’es inconnuesdes équations ( 4, 7, 8 ),
afin, de
pouvoir
éliminer ces dernières.Or,
lepoint t"
est enligne
droite avecl’origine
et le centreC ,
d’où il suitqu’on
doit avoirSi
présentement
en élimineA , B , R+r"
entre lesquatre équa-
fions
(4, 7 , 8,- 9 ), l’équation
en x et yqui
en résultera seracelle
d’une
certaineligpe quL
coupera- le cercle donné CIl aupoint
cherché t".
Si cette
équation
était tropcompliquée,
onpourrait
tenter de-la
simplifier à l’aide
del’équation (I) qui,
pour. lepoint
cherch-ét",
doit avoir lieu en mêmetemps qu’elle ,
cequi
reviendrait à substituer à làligne
cherchée une autreligne plus simple, coupant ,
comme
elle ,
le cercle c" aupoint
tll.Mais rien
n’empêche d’effectuer
cette combinaison dàns le courant même de.l’élimination,
afin d’en- rendre le résultat leplus simple possible.
Onpeut
remarquer d’ailleurs que nous avonsproprement
cinq
inconnuesA , B , R , x ,
y, liées par leséquations ( I , 4 ,
7 ,
À
TROIS AUTRES.
2977 , 8 , 9 ) ; et
queconséquemment
nous pouvons faire de ceséquations , qui
ont lieu en mêmetemps,
telle combinaisonqu’il
nousconviendra.
Des équations ( 4 , 9 )
on tireou
plus simplement ,
euayant égard
al’équation (I),
substituant
cesvaleurs
dans leséquations ( 7 , 8 ),
elles deviendrontd’où l’on. tire
enfin ,
par l’élimination deR+r" ;
Telle est donc
l’équation d’une ligne qui coupe
le cercle C11 anpoint
cherchét" ; puis
donc que cetteéquation
est dupremier degré seulement,
laligne
dont ils’agit
est uneligne
droite.Mais une
ligne
droite coupe un cercle en deuxpoints ;
et il im-porte
desavoir ,
avant d’allerplus loin , quels problèmes
résoudrontces deux
points.
Pour celarappelons-nous
que nous avons écrit noséquations primitives
dansl’hypothèse
que tous les contacts étaientextérieurs,
et que nous avons observé que l’onpasserait
de cettehypothèse
aux autres par lesimple changement des signes
de r,rI, r" ,
ce
qui peut
avoir lieu de huit manières différentes.Tom. VII.
40
298 CERCLE TANGENT
Mais il est aisé de
voir,
par la forme del’équation (I0) , qu’elle
ne
change
paslorsqu’on
ychange
à la fois lessignes
des troisrayons
d’où il résulte que les huit cas que
présentent
les variations designes
deces trois rayons ne peuvent lui faire
prendre
quequatre formes
diffé-rentes ; et que , sous
chaque forme ,
elle résout deuxproblèmes
absolument
opposés ;
èlle résoutdonc ,
sous la formequ’elle
aIci ,
et le cas où le cercle cherché doit toucher extérieurement les
trois
cercles
donnés ,
et le cas où il doit lesenvelopper
tous.On
pourrait présentement,
par la combinaison deséquations ( I , I0), parvenir
aux valeurs descoordonnées x,
y dupoint tll ;
ces valeursseraient
compliquées
deradicaux ,
et on les construirait par lesprocédés
connus.
Mais ,
nous allons bientôt voirqu’il
s’en faut que ce soit là -le meilleurparti
àprendre,
Lorsqu’un point
estdonné
par deuxéquations
entre ses coordon-nées,
au lieu de résoudre ceséquations , il
est souventincornpa-
rablement
plus
commode de construire leslignes qu’elles expriment
et dont l’intersection doit
déterminer
lepoint cherche.
Nous pouvons donc réduire la recherche du
point
t" à la cons-- truction des
lignes représentées par
leséquations ( I , to) ;
maisla
première
est toute construite : c’est la circonférencedonnée c" ;
il ne
s’agit
donc que deconstruire l’autre,
Pour
construire cette’ droite ,
onpourrait chercher ’les longueurs
des segmens
qu’elle détermine
sur les axes , et construire ensuiteces deux segmens mais ce n’est
point
encore là le meilleurparti
à
prendre (*).
(*) Ceux
qui prétendent
contester à lagéométrie analitique l’avantage
d’offrirdes constructions
simples
etélégantes
se fondentprincipalement
sur ce. que.quelque
attentionqu’on
apporte à bien choisir les axes des coordonnées , cesaxes sont , le
plus
souvent, deslignes
tout-à-faitétrangères
auproblème qu’il
s’agit de résoudre.« Qu’il soit
question ,
parexemple,
disent-ils , de décrire un cerclequi
toucheA TROIS AUTRES.
299Pour construire une
droite,
il est nécessaire et il suffit de con- ,naître deux
points
de sadirection ;
on sait d’ailleursqu’on
reconnaîtqu’un point
est sur une droitelorsque
ses coordonnées rendent,identique l’équation
de cette droite.Donc,
si l’on trouve deux relations entreret y en
vertu des-quelles l’équation
d’une droite devienneidentique ;
les valeurs dex et r déduites de ces relations seront les coordonnées d’un
point
fde cette droite.
Or ,
on a deux manières biensimples
de rendreidentique l’équa-
tion
(I0);
lapremière
est de supposer ses deux membresnuls ;
laseconde est de les rendre
égaux
à l’unité.On obtient ainsi les deux
couples d’équations
n à la fois trois cercles- donnés. Lesz données naturelles du
problème
sont les" rayons des cercles donnés et les distances entre leurs centres
pris
deux à deux :" ses inconnues naturelles -sont le- raypn du
cercle cherche
et les- distances de" son centre aux centres des cercles donnés ".
" Mais , aux distances ,entre les centres ,
la. géométrie analitique
substitûe leurs" coordonnées qui sont des données et des inconnues factices et
arbitraires ; et
" de là vient la
complication
des- constructions qu’on en déduit ".Nous conviendrons volontiers de tout cela ; .mais voilà aussi peurquoi nous
ne réputons bonnes les constructions déduites de la géométrie analitique , qu’au-
tant qu’on est
parvenu à
les rendre tout-à.-faitindépendantes
de la situation desaxes ; voilà
pourquoi
nous nousefforçons
de prouver , par desexemples- ,
que lagéométrie analitique ,
convenablementemployée
peut toujours en offrir de telles ; et qu’alors elles- sont biensupérieures ,
pourl’élégance
et lasimplicité
à celles de la
géométrie pure ,
ou même de ce que M. Carnotappelle géo-
métrie mixte.
300
C E R C L E TANGENT
Donc les valeurs de x
et y ,
y déduites deséquations ( II , I2 ) ,
sontles coordonnées d’un
point
de la droite(I0) ;
et il en est de mêmedes valeurs de x
et y
déduites deséquations ( 13 , ï4 ).
On
pourrait
donc chercher ces deuxsystèmes
de valeurs et lesconstruire ;
on aurait ainsi deuxpoints
-de la droite(I0), qui
setrouverait par là
complètement
déterminée. Mais onpeut
faire mieuxencore.
Pour déterminer le
point exprimé
par leséquations (
II ,12),
ce
qu’il y
a de mieux à faire est de construire les droites que ces deuxéquations représentent ,
etqui ,
par leurintersection ,
déter-mineront le
point
cherché. On enpeut
dire autant dupoint
donnépar les
équations ( I3, I4 ) , lequel
ne sera autre quel’interseçtion
des droites que ces deux
équations représentent.
Tout se réduit donc à savoirquelles
sont lesquatre
droites quereprésentent
leséquations
( II,
12 ,13 , 14 )-
Mais,
comme il est d’ailleurs évident que lesdroites ( I2, 14)
sont situées par
rapport
auxcercles c’ , c" ,
de la mêmema-
nière que le sont les droites
(
11 ,13 )
, par rapport aux cerclesc, CIl; il nous suffira de nous occuper de ces
dernières ,
que l’on reconnaît d’ailleurs pour des droitesparallèles
entre elles et per-pendiculaires
à la droitequi joint
les centres des deux cercles.Nous pouvons remarquer , en outre , que
l’équation (i i)
devientl’équation (13),
en ychangeant respectivement
xet y
en a-x etb-y , et
snpermutant
entre eux les deux rayons r ,r" ,
d’où.il est facile de conclure que
la droite (13)
est , par rapport au cercle c , cequ’est
la droite(n)
parrapport
au cercle c". Toutse réduit donc à savoir
quelle
est cette dernière droite.On sait
qu’en prenant
sur le cercle c" unpoint
dont les coor-données
soient x’,y’,
et soientconséquemment
liéespar
la relationl’équation
de latangente à
ce cercle en cepoint
estA T R O I S A U T R E S.
30Iet
cettetangente
estindéterminée , puisque x’ et y’
ne sont liésque par
l’équation (m). Si ,
pour ladéterminer ,
on veutqu’elle
touche aussi le
cercle c ,
il faudraexprimer
que laperpendiculaire
abaissée sur elle du centre de ce cercle est
égale à
son rayon ,cp
qui donnera
ou, en
ayaht égard à l’équation (m) ,
C’est donc en combinant entre elles les
équations (m n) qu’on
obtiendra les coordonnées du
point
où latangente
commune à c etc" touche
c" ;
et,puisque l’équation (m)
est du seconddegré,
ily aura deux
pareilles tangentes
jetconséquemment deux pointe
de contact.
Mais ,
au lieu de résoudre leséquations (m n)
ilreviendra
aumême,
et il seraplus commode,
de construire lesdeux lignes qu’elle exprime ,
etdont
les intersectionsdonneront
lespoints
de contactdemandés ; puis
donc que l’une(m)
estle
cercle c" lui -même,
J’autre(n) qui
est dupremier degré
doit être celle d’une droitequi joint
lespoints
où il est touché par lestangentes
communes àce
cercle et à c ; or,
(a)
est la même chose que(II); donc (II)
estl’équation
de la corde de contact avec c" destangentes
communeà c et
c" ;
donc(13)
estl’équation
de la corde de contact desmêmes tangentes
avec c ; donc enfin(I2)
et.(14)
sont les cordes decontact
avec
c" et c’
destangentes
communes à cesdeux cercles.
302
C E R C L E TANGENT
Voici donc à
quoi
se réduit la construction duproblème.
Soientmenées les
tangentes
communes extérieures à nos trois cerclespris
deux à
deux, et les
cordes de contact de cestangentes
avecchaque
cercle. Les deux cordes
de
contact sur c secouperont en M
etleurs
parallèles
sur cl et c" en N. Les deux cordes decontact
surc’
couperont
’en MI et leursparallèles
sur cIl et c en NI. Les deuxcordes de contact sur c" se couperont en M" et leurs
parallèles
sur C et c’ en N..
Soient menées
MN , M’N’ ,
M"N". MN coupera c en t et 03B8 ; M’N’coupera CI
en t/et 03B8’ ;
et M"N"coupera
c" en tll et 03B8".Faisant
ensuite
passer deuxcercles ,
l’unpar t ,
t’ ,t" ,
J’autre
par 03B8 , 03B8’ , 03B8" ,
ces deux cerclesrempliront
les conditionsdu
problème.
On
peut
remarquer, ausurplus ,
que les centres de ces deux cercles seront faciles àdéterminer ;
car ils se trouveront à l’inter- section des droites menées des centrés des cercles donnés soit auxtrois
points
t,t’, t",
soit aux troispoints a , 0/ ,
03B8".On se convaincra
facilement y d’après
tout’ cequi
a été dit ci-dessus ,
que pour obtenir les six autres solutions dont leproblème
est
susceptible ,
il nes’agit que de substituer , tour-à-tour ,
à deux descouples
detangentes
extérieures lescouples
detangentes qui
se croisent entre les deux cercles
qu’elles
touchent à la fois.En vain
objecterait-on
que ,lorsque
deux des" cercles donnés sontl’un dans
l’autre ,
en tout ou enpartie ,
cesconstructions
sont endéfaut , ,puisqu’alors
’ils n’ontplus
de tangentes intérieures communeset peuvent
’même n’enpoint
avoir d’extérieures : on peut observeren effet
qu’alors
même lesdroiteà (I
I ,I2, I3, I4 )
ne cessentpoint
pour cela d’êtreréelles,
etpeuvent toujours
être construites.On
peut
même définir les droites( II , I3 ) , indépendamment
detoute considération de
tangentes,
en disant que ce sont des cordesayant pour pôle
commun le centre de simiHtude de c et c".On
peut’
modifier un peu- les constructionsauxquelles
nousvenons de
parvenir de
la manière suivanteA
TROISAUTRES. 303
Au
lieu de supposer les deux membres del’équation (I0) égaux
à l’unité,
onpeut
les supposerégaux
àdeux ;
cequi
donneraéqnations qui pourront remplacer
leséquations (I3, I4),
etqu’on
teconnaîtra aisément
(Annales,
tom.VI ,
pag,.329) pour celles des axes
radicaux,
tant des deux cercles c et c" que des deux cercles etc" ;
lepoint qu’elles détermineront
sera donc le centre radical destrois
cercles ;
et nous lereprésenterons
par 0.On pourra donc
remplacer, par la
recherche de cepoint O,
celledes
points N, N’ , N" ;
de sortequ’en
menantsimplement OM , OM’, OM",
elles détermineront sur c ,cl, c",
les sixpoints
t,03B8, t’, 03B8’, t", 03B8".
Ceci prouve au
surplus,
que les droitesMN , M’N’,
M"N" con-courent en un même
point, qui
est le c-entre radical des trois cercles.Cette seconde -construction
n’est guère plus simple que la première ;
mais elle a le
précieux avantage
sur .clle des’appliquer
littéralement à la recherche d’un cerclequi
en touche trois autres sur la sur-face
de lasphère ( Voyez Annales ,
tom.IV,
pag.3 49 ).
On
déduira
de toutceci
la construction des neuf autresproblème5
de
Viète
p ensupposant successivement
les rayons descercles nuls
ou
infinis,
On
traitera
exactement de la mêmemanière, et
par les mêmesprincipes y
leproblème
où il seraquestion
de décrire unesphère qui
en touchequatre
autres, situées d’une manièrequelconque
dansl’espace ;
et onparviendra à
des constructions tout-à-faitanalogues.
Dans un
prochain
article nous donnerons un nouvelexemple , non
moins