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Sur la théorie des liquides quantiques. Application a
l’hélium liquide
L. Tisza
To cite this version:
SUR
LATHÉORIE
DES
LIQUIDES QUANTIQUES.
APPLICATION AL’HÉLIUM LIQUIDE (1).
1Par L. TISZA.
Laboratoire de
physique expérimentale
duCollège
de France.Sommaire. 2014 On
propose dans ce travail une définition semi-phénoménologique des liquides quantiques, d’où découlent beaucoup de leurs propriétés thermodynamiques et hydrodynamiques. Il existe une
corrélation qualitative parfaite entre les propriétés singulières de l’He liquide, et celles du liquide de Bose-Einstein. Ce dernier est superfluide au zéro absolu. En discutant l’écoulement d’un liquide super-fluide, on trouve, au voisinage des parois solides, des particularités qui permettent de comprendre le
« grimpage » (creeping) de l’He II. Aux températures finies, le liquide de Bose-Einstein dégénéré a un
caractère hétérogène : il peut être considéré comme mélange d’une « phase superfluide » et d’une « phase
visqueuse ». L’hydrodynamique classique ne garde sa validité 2014 avec une constante de viscosité définie 2014
que sous des conditions particulières. Ces cas particuliers font l’objet du présent travail, tandis que l’hydrodynamique générale du liquide dégénéré (l’effet thermomécanique) sera l’objet de la seconde partie.
1. Introduction. ---
D’après
un. résultat bienconnu de la
mécanique statistique classique,
l’étatle
plus
stable d’unsystème
departicules
au zéro absolu est un état cristallin avec unarrangement
régulier
desparticules.
Selon une
terminologie
courante,
nousdéfinirons,
commeliquides quantique,
dessystèmes
pourlesquels
ce théorème de la
statistique
classique perd
savalidité,
qui
sont doncliquides
au zéro absolu. Suivant que lesparticules
dusystème
obéissent à lastatistique
de Bose-Einstein ou deFermi-Dirac,
nous
parlerons
d’unliquide
de Bose-Einstein oude
Fermi-Dirac,
ou brièvement : d’unliquide
de B-Eou de F-D.
On sait bien que les noyaux
atomiques
lourdset les électrons des métaux
peuvent
être considéréscomme des
liquides
de F-D. Par contre l’He formeun
liquide
deB-E,
c’est d’ailleursparmi
lesliquides
quantiques
le seulliquide
proprement
dit.L’He a deux modifications
liquides,
l’He 1 etl’He
II;
l’He II est stable au zéro absolu. Cette modificationpossède
despropriétés
singulières,
sortant du cadre deséquations
différentielles del’hydrodynamique
et de la conductibilitéthermique.
Nous nous proposons d’étudier d’abord lespro-priétés
générales
desliquides quantiques (§ 2).
Nous montrerons que cessystèmes possèdent
despropriétés simples,
découlant immédiatement de la définitionphénoménologique
duliquide,
pourvu que cette définition soitappliquée
au zéro absolu.(L’absence
totale des ondes transversales deDebye,
ladisparition
de laviscosité,
en tant que due auxforces
intermoléculaires,
etc.)
D’autre
part,
et c’estl’objet principal
de nosrecherches,
nous étudierons lesphénomènes
dedégénérescence
d’unliquide
de B-E(§ 3).
Nous montrerons auparagraphe
4 que cettedégénérescence
(1) Cf. les Notes préliminaires [ z Gl et
[ 2 ~ ].
nécessite sous certaines conditions la
généralisation
des
équations hydrodynamiques,
avec un effetthermomécanique
sesuperposant
auxphénomènes
hydrodynamiques
purs. Nous discuterons auxparagraphes
5 et6,
lesphénomènes
hydrodyna-miques
purs(viscosité, superfluidité
au zéroabsolu),
la secondepartie
de ce mémoire sera consacrée àl’effet thermomécanique qui
permet
de rendrecompte
de lasupraconductibilité thermique
et desphéno-mènes observés dans les tubes
capillaires.
Dans lesexpériences
exécutéesjusqu’ici,
l’effetthermomé-canique
étaittoujours
compliqué
par desphénomènes
hydrodynamiques (turbulence)
nepermettant
pasune étude
quantitative.
La théorieprévoit
lapropagation
d’ « ondes detempérature
» pourlesquelles
on ne rencontrera pas ces difficultés. Finalement nous discuterons les idées de F. et H. Lon-don sur lesphénomènes
detransport
dans l’He II.Il a été reconnu
depuis longtemps
que lespropriétés
remarquables
de l’ Heliquide
sont dues à des effetsquantiques.
C’est ainsi que Simon[2~]
a conclupar un raisonnement
thermodynamique
quel’énergie
cinétique
au zéro absolu de l’Heliquide (et
solide)
doit êtreexceptionnellement grande, dépassant
plusieurs
fois sonénergie
de liaison.Étant
donné quel’énergie
au zéro absoluaugmente
fortementavec la
densité,
ellejoue
le rôle d’unpotentiel
derépulsion.
On trouve en effet dans l’Heliquide
deseffets de
répulsion qui
nepeuvent
être dus auxforces de van der Waals : la distance
interato-mique
(3,5
A)
y estbeaucoup
plus
grande
que le diamètrecinétique
des atomes(rv 1,9 À).
Simona
proposé
de rendrecompte
ainsi de la stabilité del’état
liquide
de l’He au zéro absolu:Plus tard London
[17]
a estiméquelle
devait êtrel’énergie
au zéroabsolu,
étant donné le diamètre fini des atomes. Il a montré que les conditionsénergé-tiques
dans l’He sontcompatibles
avec laconception
de Simon. Son
point
dedépart
futl’hypothèse
d’un165
arrangement régulier
des atomes dansl’espace,
quoiqu’une
telle structure fût en contradiction avecl’état
liquide
dusystème.
Enprécisant
ses évaluationsénergétiques,
ilparvint
en effet à la conclusion quel’incertitude
quantique
despositions
des atomes est sigrande
que ceux-ci nepeuvent
pas être enfermésdans les domaines limités par leurs voisins
([188]
et[20~).
C’estpourquoi
il aproposé
uneapproximation
inverse : en
renonçant
à lalocalisation,
il attribuaaux atomes d’He des états
quantiques
déterminés par leurimpulsion,
comme on le fait pour lesélec-trons des métaux.
(Description
dansl’espace
desimpulsions,
au lieu del’espace
descoordonnées.)
En distribuant les atomes sur ces états selon la fonction de
répartition
deBose-Einstein,
ilparvint
à résoudre defaçon
remarquable quelques
difficultés sérieuses concernant l’Heliquide.
London mit en
rapport
latempérature
dedégéné-rescence
Tao
d’un gazparfait
de
B-E avec lepoint-1,
de l’He. La chute
rapide
del’entropie
au-dessous dupoint 7. proviendrait
ainsi de la «condensa-tion de B-E»
[dégénérescence
de la translation(2)]
et l’ordrequi règne
dans l’He II etqui
est misen évidence par la
disparition
del’entropie,
seraitun « ordre dans
l’espace
desimpulsions
« et nonpas un ordre cristallin dans
l’espace
ordinaire. Cetteinterprétation
devintpossible
par suite d’une mise aupoint
de la théorie du gazparfait
de B-E. London montra
[19]
que ladégénérescence
de ce
système
prend
brusquement
à latempérature
dedégénérescence To
la forme d’une «condensation »,
comme l’avait
prévu
Einstein[6]
et contrairementaux vues
répandues plus
tard. Enparticulier,
à cettetempérature
seprésente
une discontinuitéde la dérivée
seconde de l’énergie :
‘E
- dCj
de e la a dérivée erlvee selon seconde de e e1 énergie :
pnergle:o2E)
-B -âT’2 -
y
==
â T
(plus
précisément :
la discontinuité a lieu dans lalimite où N --7- o, V - oo,
=
const..
°’
La
conception
de London fut corroborée par le faitqu’elle
donna lapossibilité d’interpréter
les effetscinétiques
paradoxaux
de l’HeII,
commenous l’avons
indiqué
dans trois notesprélimi-naires
[26]
et1271.
Nous nous proposons ici de
préciser
les bases de cetteinterprétation.
Nous ne pouvons nous contenter de considérer le gazparfait
deB-E,
mais il faut tenircompte
du fait que notresystème
estun
liquide,
ouplus
précisément
unliquide quantique.
2. La définition des
liquides quantiques.
-Une théorieatomique
desliquides
quantiques
seheurte à de
grandes
difficultés. Nous nous servirons (2) Dans la suite nous nous servirons plutôt de l’expression« dégénérescence
», au lieu de « condensation », afin d’éviter
une confusion avec la condensation de van der Waals. Ces deux phénomènes ont d’ailleurs un caractère complémentaire. Coordonnées et impulsions se correspondent mutuellement.
donc d’une méthode
semi-phénoménologique, qui
est d’ailleurs très bien
adaptée
à notreproblème.
Nouspréciserons
la définition duliquide
quantique,
en
exprimant
concrètementqu’il s’agit
d’unliquide
au zéro absolu.
Considérons l’~’
particules
de masse m dans levolume V,
avec la densité p-1V’n, que
nousprendrons
commeparamètre.
SoientEo
(p) l’énergie
laplus
basse dusystème
pour la densité p etrfo
( r,
2, ..., 1N)
la fonction d’ondecorrespondante.
1,2,...,
N
représentent
les coordonnées des N atomes. Nousappellerons
lesystème
unliquide
quantique
s’il a les
propriétés
suivantes :x.
E 0 (p)
a un minimum pour une certainevaleur p
=oo, c’est-à-dire
Évidemment
po est la densité dusystème
au zéro absolu àpression
extérieure nulleC’est le volume
Vo
N"?
que nous considérerons podans la suite. ,
p.
Lecoefficient
derigidité
dusystème
est nul dans l’étatEo
(p 0)’ ~ o.
y. Les états excités d’une
particule,
soumise aupotentiel
de N autresparticules
constituant l’étatE 0’
o,
+
*-peuvent
être caractérisés par des vecteurs d’ondesk1, k2,
...(quasi-impulsions).
Ces étatscorrespondent
à unetranslation des
particules
dans lechamp
des autres. Discutons maintenant lespropositions x, ~,
~~.a est valable
quand
il existe des forcesd’attraction,
c’est-à-dire dans tout corps réel.
C’est la validité
de ~ qui
tranche entresystèmes
classiques
etquantiques.
’
Considérons la définition
précise
du coefflcient derigidité
donnée dans une Note récente deL. Brillouin
[5].
Brillouindistingue
d’unepart
uncoefficient de
rigidité
microscopique
déterminé par les dérivées del’énergie
suivant lescomposantes
du tenseur de déformation. Cetterigidité
est respon-sable des ondeshypersonores
auvoisinage
de la limite deDebye.
D’autrepart,
on a un coefficientmacroscopique
déterminé par les dérivées del’énergie
libre. Le coefficientmacroscopique
d’un corps solidedisparaît
aupoint
defusion,
tandis que le coefficientmicroscopique
reste fini. Parconséquent
leliquide
nepourra résister aux efforts
tangentiels macroscopiques,
mais - tout au moins au
voisinage
dupoint
de fusion -pourra être parcouru par des ondes
monoatomiques
reste environ 3 iYk auvoisinage
du
point
de fusion(3).
Le
liquide
quantique
estliquide
même au zéroabsolu. Ici
l’énergie
etl’énergie
libre sontidentiques.
Ladisparition
du coefficient derigidité
implique
ladisparition
de larigidité microscopique :
lesparticules
peuvent
seréarranger
sans surmonter aucunebarrière de
potentiel.
Onpeut
exprimer
cela de lafaçon
suivante : unliquide
au zéro absolu estf orcément
unliquide parfait (4).
Le
liquide quantique
sera,d’après
oc,capable
de propager des ondeslongitudinales
deDebye,
mais,
les ondes tranversales y seront totalement
absentes,
d’après
~3.
Aux
températures
finies(T
>o) l’énergie
moyenne dusystème
contiendra donc un terme deDebye
qui
sera seulement un tiers del’énergie correspondante
du solide.Les mesures de Picart et Simon
(5)
sur la chaleurspécifique
de l’He II au-dessous de nK ont donné effectivement un termeproportionnel
à T3. De ces mesures on déduit 0 r, r 2~, cequi
est en accord satis-faisant avec la valeur 0 r-14°
qu’on
peut
tirer de lavitesse du son
[9].
Étant
donnéqu’à
densitéconstante,
leréarrange-ment des
particules
se fera sansqu’il
soit nécessaire de surmonter des barrières depotentiel,
lesmouve-ments
correspondants
nepourront
êtredécomposés
en ondes transversales de
Debye.
Cette lacune dansla
représentation
des états excités dusystème
est comblée parl’hypothèse
y,qui prévoit
une translation« libre » des atomes. Cette
hypothèse
a été formuléesous une forme
légèrement
différente
par London[18].
Aussi,
de notrepoint
de vuesemi-phénoménolo-gique,
y a le
caractère d’unehypothèse,
dont lesconséquences
sont d’ailleurs entièrement confirmées par lesexpériences
dans l’He 1 et II.Nous croyons
pourtant
que y est uneconséquence
(3) En général on peut toujours distinguer nettement entre l’état solide et liquide d’un corps en considérant les propriétés macroscopiques, telles que
rigidité
macroscopique, ordre à grande distance, ou anisotropie, etc. En particulier Landau [16]a insisté sur l’impossibilité d’une transition continue du liquide au solide, analogue à la continuité gaz-liquide. Au contraire, on peut rendre compte de certaines analogies entre solides et liquides en considérant les propriétés à petite distance : rigidité microscopique, ordre à petite distance.
J’ai précisé en partie ces idées après discussions avec M. Bauer; c f . un article prochain de ce dernier dans le Journal de Physique.
(4) Dans la théorie
cinétique
on appelle liquide parfait un liquide à rigidité microscopique nulle. (Ne pas confondreavec le liquide parfait de l’hydrodynamique à viscosité nulle. CI. plus loin). Il s’est avéré que le liquide parfait présente une
mauvaise approximation des liquides ordinaires. Le fait que ce concept s’applique rigoureusement aux liquides quantiques simplifie beaucoup la théorie de ces derniers.
(6) Je tiens à remercier M. Simon pour la communication
de ces résultats non publiés encore.
de
z3,
cequ’il
faudrait démontrer par une théorieatomique.
Une telle théorie devra tout d’abordpréciser
les conditions de validité de~.
C’est un«
problème
des n corps » essentiellementquantique,
puisque g
n’estjamais
valable dans le cadre de la théorieclassique;
il neparait
guère
abordable actuel-lement.Remarquons pourtant
que l’évaluationénergétique
de London[20]
est unpremier
pas dans cette directionet
peut
donner uneimage
intuitive des conditionsénergétiques
extraordinairesqui
règnent
dans l’Heliquide,
etqui
causent la structurelâche,
nécessaire pour la validitéde ~
et de y.3. La
dégénérescence
duliquide
de Bose-Einstein. - Nous feronsl’hypothèse simplificatrice
que
l’énergie
dusystème
est la somme del’énergie
de
Debye
et del’énergie
de translationprévue
par y, et que lecouplage
de ces deux sortesd’énergies
estnégligeable.
Il en résulte
qu’à
cetteapproximation
la fonction propre dusystème
entierpeut
s’écrirelJ!’ = ~ ( l, 2,
...,N~ûBxc~I,
2, ...~ivexe)
(3)
où ~
diffèrelégèrement
de la fonction propredo
au zéro absolu
(§2)
par suite de laprésence
desondes
longitudinales
deDebye, rfcxe correspond
à latranslation,
et 1, 2, ...,NI’..
représentent
lescoor-données des
Ncxc
atomes excités dans les différents états de translation.Le
premier
facteur de(3) dépend
des coordonnées de tous les atomeset,
par suite des interactionsimportantes régnant
dans leliquide,
nepeut
êtreécrit,
mêmeapproximativement,
commeproduit
des fonctions d’onde des atomes individuels. Par contre le deuxième
facteur,
nedépendant
que descoordonnées des atomes
excités,
peut
être écritapproximativement (sans normalisation)
dans le caslimite où une
petite
fraction seulement des atomesest excitée
(Nexc
«N) :
+. .
où
1
r(Il,
...,rl’)
sont les coordonnées desNi
, ,
atomes dans l’état
ki.
Leproduit
doit être étendu+
à tous les états
ki
et la sommation à toutes lespermutations
des atomes.L’énergie
correspondante
estEi est
l’énergie
nécessaire pour exciter un atome,
--dans l’état
ki,
tous les autres atomes étant dans l’état leplus
bas. Nousdésignerons
dans la suite les s du nom dequanta
de translation.Voici comment on
peut exprimer
dans cette167
Le
liquide
de B-E est unliquide auquel
se superpose un « gaz dequanta
de translation ». Pour des densitésfaibles
(Nexc ~ç N),
ce gazpeut
être considéré commeparfait
(formules
(4)
et(5).
Ces formulesperdent
pourtant
leurvalidité,
si la densité du gaz devientgrande
Nexc
N N.Les états du
système
seront encore caractériséspar les nombres
Nl,
N2.. ; .,
mais(5)
présentera
seulement lapremière
approximation
dudévelop-pement
del’énergie
en fonction de ces nombresNi,
où l’on doit tenircompte
aussi des termessupérieurs.
Comme nous le montrerons dans la Note addition-nelle
I,
cette validité restreinte suffitdéjà
pourpermettre
d’appliquer
à notresystème
les résultats essentiels de la théorie de ladégénérescence
du gazparfait
de B-E[1 g].
Il existe enparticulier
unetempérature
dedégénérescence
T 0
telle quepour
T>
1~o pourT To
où A est une constante de l’ordre de
l’unité;
(6 )
estune fonction
qui
décroît de 1 à oquand
T passede
To
à o.Les
quanta
de translation donnent uneénergie
moyenne
qui s’ajoute
à celle deDebye
etqui
peut
être écrite
où é est
l’énergie
moyenne parquantum
de transla-tion. Pour T «To,
Ncxc ~ N, le
gaz desquanta
peut
être considéré commeparfait
et l’on a[61
et
[Ig]
. .1
Pour l’He II
l’énergie (7)
joue
un rôleimportant
dans la
région
T -T 0
où la formule(8)
n’estplus
valable. Nous ne nous proposons pas decal-culer
f
T
ni s(T)
dans cedomaine,
ce calculu 0 /
ne
peut
pas se faire dans le cadre d’unproblème
à un corps et n’est
guère
abordable par les méthodes actuelles. Il faudrait tenircompte
des termessupé-rieurs de
(5).
Dans ce casl’énergie
nécessaire pour exciter un atome de l’état leplus
bas à l’étatki
n’est
plus
une constante Cl’ maisdépend
aussi de larépartition
des autresatomes,
des nombresNi :
selon la
terminologie
consacrée,
lephénomène
a(6) On pourrait faire l’hypothèse : A = 2/3 et tenir compte ainsi du fait que les quanta de translation remplacent les 2 N
degrés de liberté des ondes transversales de Debye. Pourtant
nous ne voulons pas préciser la distribution exacte des degrés de liberté, d’autant moins que la valeur de A n’a aucune
importance pour nos développements. Dans la terminologie de London AN est le « nombre des atomes dans les états
de Bloch » [20]. Cependant l’évaluation de A par London est fondée sur des hypothèses qui ne sont sans doute pas
assez générales.
un caractère «
coopératif
»,qui
renforce encorecelui du gaz de B-E.
C’est ce
qu’on
a effectivement trouvé dans l’HeII,
où la chaleurspécifique
a une anomalie.Dans la suite nous discuterons surtout les consé-quences
qualitatives
de ladégénérescence, qui
nedépendent
pas de la formeparticulière
de la fonction / 7 Bf 7,
La connaissance de cette fonctionpermettrait
TOcependant
unecomparaison
quantitative
de nosrésultats avec
l’expérience.
En faisantl’hypothèse
simplificatrice: s rv kT,
on tireapproximativement
des mesures de la chaleurspécifique [12],
en lescom-parant
avec(6 b)
et(7)
la formuleempirique
Jusqu’ici
nous n’avons pas fait usage de la nature translatoire desquanta.
Les résultats obtenuspermettent
en effet desinterprétations physiques
trèsdifférentes,
comme nous allons le montrer dansun article
prochain
sur les transitionsde
secondordre.
(Ci.
aussi la théorie duferromagnétisme
deBloch,
où leferromagnétisme apparaît
comme unphénomène
dedégénérescence
de B-E dans lechamp
des ondes despin [~il.)
Rappellons
maintenant qued’après l’hypothèse
yle
quantum s
correspond
à une translation d’unatome avec la vitesse de
groupe
Cette translation se manifestera
macroscopique-ment par un tenseur de
pression
(10)
est lagénéralisation
laplus
naturelle de la formule du gazparfait
Dans le
liquide
de B-E il y a donc des tensions dues auxquanta
detranslation,
auxquelles
contri-buent seulement les atomes excités et non pas les
atomes
dégénérés.
Lorsqu’il
y aisotropie,
enparticulier
dans leliquide
au repos,(10)
et(11)
se réduisent à unepression
scalaire. Pour le gazparfait [ I g]
Dans le
liquide,
l’ordre degrandeur
de lapression
sera donné
grossièrement
par une formuleanalogue
168
quanta
de translation pexe de lapression
ordinaire duliquide
p. Unecompression
duliquide,
où le volume diminue de dVexige
le travailp d V.
Par contre le travail p,,,~ d Vcorrespond
à lacompression
desquanta
de translation à densité constante duliquide.
Nous considéreronsplus
loin ce processusen détail.
Les atomes excités se manifestent donc par
certains effets
cinétiques
(viscosité, pression) qui
leur sont propres. Il en résulte que,malgré
sonhomogénéité parfaite
dansl’espace
ordinaire,
leliquide
de B-Eprend
un caractèrehétérogène
d’origine
essentiellementquantique, qui
nepermet
pas
l’application
del’hydrodynamique classique.
4. Discussion de la validité del’hydrodyna-mique
dans leliquide
de Bose-Einstein. - Ila été mis en évidence par de nombreuses
expériences
que l’He II secomporte
dans certaines conditions d’une manièrequi
nepeut
pas être décrite dans le cadre deséquations hydrodynamiques
ordinaires.Ainsi,
tandisqu’on
est parvenu à mesurer laviscosité par la méthode du
disque
oscillant[13],
cette valeur de la viscosité -pourtant
très faible-ne
permet
pas decomprendre
lesgrandes
vitessesd’écoulement par des tubes
capillaires
très minces([ Il,
[2] et [11]).
Étant
donné que cet écoulement n’est paslaminaire,
il estimpossible
d’en déduire des valeurs de la viscosité. Mais l’écoulement n’est pas turbulentnon
plus
et ses loisprésentent
unegrande
variétésuivant les conditions
expérimentales.
Ainsi cesphénomènes
sortent de toutefaçon
du cadre del’hydrodynamique
ordinaire.[Cf.
surout le travail détaillé d’Allen et Misener[2] (7)].
Cette non-validité des
équations
hydrodynamiques
est d’autant
plus
surprenante
que celles-ci ont été établies sous des conditions trèsgénérales.
En effet la démonstration élémentaire des
équa-tions
hydrodynamiques
est fondée surl’hypothèse
suivante : le fluide en
question
estpartagé
en élé-ments devolume,
dont les masses sont considéréescomme des masses
ponctuelles,
soumises aux loisde la
mécanique
dupoint
matériel. La forceagissant
sur ce
point
est enpremière
approximation
égale
au
gradient
de lapression.
En deuxièmeapproxima-tion,
on admet en outre que la substance estcarac-térisée par un coefficient de
viscosité,
déterminant la force due au cisaillement.Cette démonstration cesse d’être
valable,
si la substance contenue dans un élément de volumesubit des
changements
au cours du processusmême;
il n’est
plus permis
alors de la considérer encore comme une masseponctuelle
sans structure. C’estce
qui
seproduit
parexemple
dans le cas de certains colloïdes et cristauxliquides qui
subissent unchangement
de structure lors de l’écoulement : (7) Je tiens à remercier 11I. AIIen pour la communication de ses résultats avant publication.il n’est pas
possible
de leur attribuer une constante de viscosité.Quant
auliquide
de B-Edégénéré,
nous avonsdiscuté au
paragraphe précédent
son caractèrehétérogène.
Une fraction desatomes,
la «phase
excitée » est en translation
thermique,
tandis que pcur l’autrefraction,
la «phase dégénérée
», cette translation estgelée.
Si la vitesse des atomes excitésest
répartie
d’unefaçon
anisotrope,
il en résulteforcément des vitesses moyennes différentes pour les deux
phases.
En
plus,
si lesystème
absorbe de lachaleur,
unepartie
des atomes fait une transition de laphase
dégénérée
à laphase
excitée,
et inversement s’ildégage
de la chaleur. La substance contenue dansun élément de volume n’aura évidemment pas la
structure invariable nécessaire pour être considérée
comme une masse
ponctuelle.
Pour rendre
compte
de cesphénomènes,
lagéné-ralisation la
plus
simple
del’hydrodynamique
consiste àremplacer
la
substance de l’élément devolume;
non par unpoint,
mais par deuxpoints,
correspondants
aux deuxphases. Quoique couplés
d’unefaçon
déterminée,
cespoints
auront engénéral
des vitesses différentes
(vitesses
différentes des deuxphases). L’augmentation
du nombre desdegrés
de libertéhydrodynamiques
qu’on
obtient ainsi estjuste
suffisante pour rendrecompte
despropriétés
singulières
de l’He II.La différence
d’énergie
entre les deuxphases
estégale
àl’énergie
de translationthermique (énergie
anomale).
Donclorsque
les vitesses moyennes des deuxphases
sontdifférentes,
il en résulte untransport
d’énergie,
lié au mouvement de laphase
excitée. Enparticulier
une source(divergence)
de laphase
excitéesera aussi une source de chaleur. Nous
appellons
cephénomène
« l’effetthermomécanique ».
L’objet
de notrehydrodynamique
généralisée
seconfond avec l’étude de cet effet.
Dans le cas
particulier
où les vitesses des deuxphases
sontégales,
on retombe surl’hydrodynamique
ordinaire. On verra que cela ne se
produit
pas si leliquide
est en mouvement d’ensemble(écoulement),
mais seulement s’il est au repos et si les courantspeuvent
être considérés comme depetites
corrections. C’est ainsi que lapropagation
des ondes sonores neprésente
pas depropriétés
anomales[g].
, Les
équations
hydrodynamiques
gardent
une
validité
apparente
etpermettent
la définition d’une constante de viscosité dans certains cas, même si lesvitesses des deux
phases
ne sont pas forcémentidentiques.
C’est cequi
est réalisé dans deuxdispo-sitifs de mesure de la viscosité : io la méthode de la chute d’une
sphère
dans leliquide (Stokes);
’2° la méthode dudisque
oscillant. On verraplus
loin que, dans ces cas, la vitesse de la
phase
dégénérée
est
partout
nulle et ladivergence
du courant de laphase
excitéedisparaît.
Il en résultequ’il
ne se169
ni effet
thermomécanique.
Nous montrerons auparagraphe
suivant que cette valeur de la viscositéet surtout sa variation avec la
température
peuvent
être estimées à l’aide de nos
hypothèses,
en accord excellent avec les mesures.Nous discuterons au
paragraphe
6 lesphénomènes
hydrodynamiques
purs au zéroabsolu,
où leliquide
redevienthomogène
et où l’effetthermomécanique
disparaît.
La discussion de l’effet
thermomécanique,
del’hydrodynamique
généralisée,
est réservée pourla seconde
partie
decet article.
5. La viscosité du
liquide
de B-E. - On saitbien que la viscosité est due à deux mécanismes
cinétiques
essentiellement différents. Lepremier
mécanisme estresponsable
de la viscosité des gaz de faible densité et consiste dans untransport
d’impulsion
par la translationthermique
des molé-cules : c’est ce que nousappellons
brièvement la viscositécfnétique.
Son ordre degrandeur
est donnépar
la formule connueoù p
est ladensité, v
la vitesse moyennethermique
et 1 le lihre parcours moyen des molécules. Pour un1
gaz idéal de Boltzmann on a 7/ T2 et par
consé-quent
d-rildt
> o.Par
contre,
dans les états condensés de lamatière,
les molécules sont entravées dans leur libremouve-ment et c’est un autre mécanisme
qui joue
le rôleprincipal.
Il n’en existe pas encore de théoriesatis-faisante
(Cf .
pourtant
[23]),
mais ses traits essentielspeuvent
être résumés ainsi dans notreterminologie :
Si l’on
applique
auliquide
un efforttangentiel,
celui-ci tend à
s’évanouir,
car leliquide
nepossède
pas de
rigidité
macroscopique.
La vitesse de ceprocessus, vitesse de
relaxation,
dépend
de larigidité
microscopique.
Il en résulte une viscosité que nousappellerons
pourabréger
la viscositédynamique. (Nous
soulignons
ainsil’importance
des forces intermoléculaires dans cemécanisme.)
La viscosité des
liquides
ordinaires(classiques)
provient
essentiellement de ce dernier - surtoutau
voisinage
dupoint
de fusion. Leur viscositédynamique
estprédominante
et l’on a, pour tous Ies esliquides
lqul es eclassiques,
d ’r
o.c l o.
On
peut
prévoir
que lesliquides quantiques
secomporteront
autrement. En effet ils sont caractérisésd’après
par ladisparition
totale de larigidité
-même
microscopique.
Parconséquent,
leur viscositédynamique
est nulle.Mais la translation
thermique
des atomes excitésprévue
par y donnera un efforttangentiel
(10)
et par
conséquent
une viscositécinétique.
Nous
appliquerons
la formule(14)
auliquide
de B-E pour obtenir une évaluation
grossière
dela loi de variation de la viscosité avec la
tempé-rature.
Nous attribuons aux atomes excités
(quanta
detranslation)
un libre parcoursindépendant
de latempérature,
déterminé par les chocs contre des atomes den’importe quelle phase.
Ladissipation
desquanta
de translation par ondes deDebye
n’a pas lieu enpremière approximation,
comme nous le montrerons dans la Note additionnelle II.Nous admettons pour la vitesse moyenne des atomes excités la valeur
approchée jj rv t /’
-2013
enBi rn
négligeant
les faibles effets de ladégénérescence
sur la vitesse moyenne et les différences entre l’état réel du gaz des
quanta
de translation et l’état idéal. Cetteapproximation
est d’autantplus légitime
que l’effetprincipal
de ladégénérescence
qui
commencebrusquement
à T ==T 0
est relatif au nombre des atomes excités(condensation).
On aura, eneffet,
pour
T ~
T o
pour
T ~ T 0
pexe (T 0) == Po la
viscosité est donc continue aupoint/.
En nous servant de la formule
empirique (9)
pour le cas de l’He II(tiré
des mesures de la chaleurspécifique),
nous obtenons :pour l’He 1
pour l’He II
Cette
loi
de variation avec latempérature
esten excellent accord avec les mesures exécutées par la méthode du
disque
oscillant[ 13]
par Keesomet Mac
Wood,
entre n K et4~ K
(CI. fig. 1 ).
Cesmesures donnent donc une confirmation directe de
notre
hypothèse -
etjustifient
aussi notre distinctionnette entre les viscosités
cinétique
etdynamique.
C’est cette dernière
qui
causel’augmentation
forte de la viscosité desliquides
ordinairesquand
latempérature
diminue.Pour T = o la viscosité est nulle
d’après (15 b) :
le
liquide
de B-E estsuperfluide
au zéro absolu,. Ce fait est vérifié non seulement par lesexpériences
citées
plus
haut,
mais mieux encore par lesexpé-riences d’écoulement et de «
grimpage »
que nousallons discuter
plus
loin.Du
point
de vuemicroscopique,
lasuperfluidité
La
comparaison
avec
leliquide
de F-D est inté-ressante. La viscositécinétique
de celui-ci tendpour T -~ o vers une limite finie
où vo est la vitesse limite de Fermi
(fig.
I).
Fig. i , - variation de la viscosité avec la température pour :
- - -
gaz parfait classique,
2013.2013.2013 liquide de F-D (schématique),
20132013201320132013 liquide de B-E d’après (16), où l’on a fixé le
para-mètre 1 par la mesure pour T = 4o~
o points fournis par les mesures de Keesom et et Mac Wood [13].
Le
liquide
de F-D n’est donc passuperfluide,
mais évidemment sa viscositédynamique (rigidité
microscopique) disparaît.
Ce fait estd’importance
dans la discussion de l’existence des niveaux de rotation des noyaux lourds[2 5].
6. La
superfluidité
duliquide
de B-E auzéro absolu. - Nous
avons
déjà
insisté sur lefait que
l’hétérogénéité
duliquide dégénéré
de B-E nepermet
pasl’application
deséquations
hydrodyna-Fig. ~. -Répartition
miques
à l’écoulement de schématique desvitesses celiquide.
Il y apourtant
lors de l’écoulement tur-
uneexception :
leliquide
bulent :
... redevient
homogène
aua.
dans un
liquide vis-zéro
absolu,
quand il
n’y
queux;
a plus d’atomes
excités,
b dans un liquide super-
a plus a omes
excItes,
fluide. ni par
conséquent
d’effetthermomécanique.
L’effetthermomécanique
dans l’He IIdisparaît
sensiblement àpartir
de0,8~2013o,g~K.
La conductibilitéthermique
devient normale[i5]
et ce
liquide
secomporte
doncpratiquement
déjà
auxtempératures
accessibles comme unliquide
homogène
superfluide.
La vitesse d’écoulement d’un
liquide superfluide
est déterminée
uniquement
par une résistancetur-bulente. Cet écoulement sera
pourtant
différent del’écoulement turbulent d’un
liquide
ordinaire. Lasuperfluidité,
ensupprimant
les corrélations entre lesvitesses,
même àpetite
distance,
change
essentiel-lement le caractère de la turbulence. Enparticulier,
dans le cas d’unliquide
visqueux,
on atoujours
aux
parois
solides une couche laminaire mince(couche
limite dePrandtl),
où la vitesse tend verszéro. Dans le cas du
liquide superfluide,
iln’y
a pasde couche laminaire.
Cette « turbulence moléculaire » n’a pas encore été étudiée
jusqu’ici.
Onpeut
prévoir
pourtant
que si les couchessuperficielles
sont encore dans ce cas lesiège
d’effetsparticuliers,
ces derniers seront inverses deceux que
présentent
lesliquides visqueux.
Larésis-tance
(dissipation d’impulsion)
a pour cause les tour-billons désordonnés. Dans la couchesuperficielle
lacomposante
normale de la vitessedisparaît.
La résis-tance due à cette « turbulencesuperficielle
à deuxdimensions » sera donc
plus
faible que la turbulence à trois dimensions » : : la vitesse d’écoulement seraplus grande
à laparoi qu’au
centre(fig. 2).
Nous n’avons pas encore calculél’importance
de
cettedifférence de vitesse mais nous
espérons
y revenirprochainement.
Les mesures d’écoulement exécutées
jusqu’ici
ne
peuvent
servir à unecomparaison
immédiate avec la théorie : latempérature
a ététoujours
au-dessus de io
K,
où le caractère de l’écoulement estbeaucoup plus complexe.
Nous les discuterons dans la secondepartie
de cet article.Seules les mesures à des
températures
assezbasses
pourront
mettre en évidence lespropriétés
quantitatives
de l’écoulementsuperfluide.
L’effet
particulier
desparois
solides sur unliquide
superfluide
se manifeste leplus
nettement dans lesingulier phénomène
degrimpage (creeping)
de l’He II.Déjà Kamerlingh
Onnes[10 a]
avait observé que les niveaux de l’He II dans deuxrécipients s’égalisent
mêmequand
ceux-ci ne sont pas reliés par destubes,
mais il n’a pas cherché à
expliquer
cephénomène.
Plus tard Rollin
[2il
et[22]
a démontréqu’il s’agit
de couchessuperficielles
mobiles,
grimpant
à laparoi
et obéissant ainsi à une traction due selon ledispositif expérimental,
soit à uneévaporation
enhaut,
soit à une couche descendant de l’autre côté(siphon).
Ce
phénomène rappelle
immédiatementl’image
dynamique
desphénomènes capillaires
développée
parGuye
(C f .
parexemple,
Handb. d.Phys..,
VII,
p.
370) :
l’ascension d’unliquide
à uneparoi
qu’elle
mouille
partout,
peut
être considérée comme unéquilibre
dynamique
entre le «grimpage
» etl’évapo-ration au bout de la
paroi.
La vitesse de ce processusest déterminée par la
gravité
et par la viscosité duliquide.
Elle seranégligeable
dans les casordinaires,
mais aura des valeurs considérables pour un
liquide
superfluide.
La vitesse y sera déterminée par la171
d’une théorie
plus
détaillée consisterait surtout dans le calcul de cette turbulence.Les
propriétés
quantitatives
duphénomène
degrimpage
ont été étudiées récemment par Kikoinet Lasarew
[ 1
]
et surtout par Daunt et Mendels-sohn[]
et[8].
Cesexpériences
ont été faites aussi àtempératures
au-dessus de i°K;
nous yrevien-drons dans la seconde
partie.
Notes additionnelles.
1.
Résumons brièvement les traits essentiels de la démonstration de la
condensation
du gazparfait
de B-E
d’après
London[19],
pour montrer dansquelle
mesure il estlégitime
del’appliquer
auliquide.
Considérons le gaz à volume constant. La fonction de
répartition
estoù ~
est lepotentiel chimique
et se détermine parla relation
Soit ’£0
== 0 le niveaud’énergie
leplus
bas. On apour T
== 0 : ~
= o. Pour destempératures
finies ~
= oest un
point singulier
de(2)
et ausside
la sommed’états
(« partition
function»)
dusystème,
et l’on atouj ours ~
o.Une « condènsation » a
lieu
dans le cas où il existedéjà
unetempérature
finieT 0
pourlaquelle ~
devientnul.
(Plus précisénxent i
devient
de l’ordre de gran-deur de1/N
et s’annule parconséquent
dans
la limite : N --~ oo V -~ ce,Nl
V = const. Pour lesdétails du passage à la limite
c f .
London[19]).
Les fonctionsthermodynamiques
dusystème
consistent,
dans ce cas, en deux
parties analytiquement
diffé-rentes. On a, en
particulier,
’
pour
pour
où la sommation n’est pas étendue
au niveau le
plus
bas.Nd~
= N -Nexc
atomes sontdégénérés,
« condensés », dans l’état leplus
bas.Cette discontinuité se
comprend
dupoint
de vuemathématique
commeconséquence
dela singularité
de
(2)
pour s
= o. Celle-cicorrespond
dans lelangage
de lathermodynamique
au fait que lesétats i >
o deviennent instables à cause del’exis-tence de la «
phase
condensée au pourlaquelle
:- o(8).
Le cas de la
dégénérescence
progressive
sansdiscontinuité se
présente
comme un casparticulier
pour
lequel To
= o.To
peut
ètre déterminé à l’aide de(2),
si l’onremplace
la somme par uneintégrale
en admettant pour la densité des niveauxg (E) dE rv .::0152-J d.::.
On obtientoù
To
estfini,
on a une condensationdiscontinue,
sil’intégrale (~1)
estconvergente,
c’est-à-dire pour cr> ~, tandis quel’intégrale
estdivergente
pour a-
1 :alors
T 0 ==
o et l’on a unedégénérescence
progressive
sans discontinuité.
On obtient ainsi une discontinuité pour le gaz
parfait
à trois dimensions(u = 3/2)
mais nonpour le gaz à deux dimensions
(a-::= i).
Il est
remarquable
que ladivergence
éventuelle de(4)
provient uniquement
de la limite inférieure : z - o, c’est-à-dire 8 2013~ o. Parconséquent,
l’existence de ladiscontinuité
dépend
seulement de la distribution des niveauxd’énergie
lesplus
bas.C’est cette
circonstance
qui
permet
l’extensionde
ces résultats auliquide
de B-E. Dansl’approxi-mation du
paragraphe
3(indépendance
entrel’énergie
deDebye
et celle desquanta
detranslation)
onintro-duit pour ces derniers un
potentiel chimique
j.
~
= ocorrespondra
de nouveau à l’étatcomplè-tement
dégénéré
et sera unpoint singulier
de la somme d’états.L’énergie E
desquanta
sera une certainefonc-tion de k2
(par
suite del’isotropie
duliquide)
et l’onaura pour les
faibles
valeurs de k la formuleen
négligeant
les termessupérieurs.
Il estdonc
raisonnable d’admettre que la
répartition
des niveaux lesplus
bas(5)
sera la même que dans le casdu gaz
parfait
à troisdimensions,
cequi implique
- comme nous venons de le voir - l’existence
d’une
température
de condensation finieTo.
Par
contre,
on nepeut
pas discuter lespropriétés
du
système
auvoisinage
deTo
à l’aide del’inté-grale
(4).
Dans ce cas les termessupérieurs
de la formule(5)
duparagraphe
3 sont à considérer(interaction
desquanta,
«coopérativité
» duphéno-mène)
et même la formule(1)
de B-Eperd
sa(8) L’importance d’une telle singularité a été soulignée dans la théorie de lYlayer-Born-Uhlenbeck sur la condensation
validité. Il n’est pas
légitime
de rendrecompte
de l’anomalie 1. par unsimple
choix d’une constante(par
exemples
=5)
[20]
tout en restant dans le cadre d’unproblème
à un seul corps.II.
Nous allons montrer que la
dissipation
desquanta
de translation par ondes deDebye
n’a pas lieu aupremier
ordre(interaction
d’unquantum
de transla-tion et d’unquantum
deDebye).
Donnons auquantum
de translation la valeurapproximative
Écrivons
pour le «rayonnement o
d’unquantum
deDebye
par un atome excité la conservation de laquantité
de mouvement et del’énergie
- >
où Pl’ V2 sont les vitesses du
quantum
de translation avant etaprès
le processus(VI> V2);
CD,V;,""
sontfréquence
et
vitesse duquantum
deDebye
émis.6 est
un vecteur unité dans la direction d’émission. Cesrelations
nous donnentet par
conséquent
Le processus de
dissipation
a donc lieu enpremière
approximation
seulement si la vitesse duquantum
de translation estplus grande
que celle du son. Mais en’ ry
nxoyenne b -
l‘2
est du même ordre degrandeur
»i
que la vitesse du son dans l’état gazeux, elle est donc
toujours inférieure
à la vitesse du son dans leliquide
(sauf
aupoint critique,
oùliquide
et gaz secon-fondent).
Enparticulier
pour l’HeII,
on a T =2,19°,
donc inférieur au
point critique
Ter
= a~.(A suivre.)
Manuscrit reçu le ? 3 octobre 1939.BIBLIOGRAPHIE.
[1] J. F. ALLEN et A. D. MISENER, Nature, 1988, 141, p. 243. [2] J. F. ALLEN et A. D. MISENER, Proc. Roy. Soc., 1989, 172,
p. 467.
[3] E. BAUER, M. MAGAT et M. SURDIN, J. de
Physique,
1986, 7, p. 441.[4] H. BETHE et A. SOMMERFELD, Handb. d. Phys., XXIV-2, p. 601.
[5] L. BRILLOUIN, Raman Jubilee vol., 1938, p. 251. [6] A. EINSTEIN, Berl. Ber., 1925, p. 3.
[7] J. G. DAUNT et K. MENDELSSOHN, Nature, 141, p. 911
et 1938, 142, p. 475.
[8] J. G. DAUNT et K. MENDELSSOHN, Proc. Roy. Soc., 1939, 170, p. 423.
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[10] B. KAHN et G. E. UHLENBECK, Physica, 1938, 5, p. 399.
[10 a]
H. KAMERLINGH ONNES, Trans. Farad. Soc., 1922,n° 53, 18.
[1] P. KAPITZA, Nature, 1938, 141, p. 74.
[12] W. H. KEESOM et A. P. KEESOM, Physica, 1935, 2,
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[13]
W. H. KEESOM et MAC WOOD, Physica, 1938, 5, p. 737. [14] A. K. KIKOIN et B. S. LASAREW, Nature, 1938, 142,p. 289.
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[22] B. V. ROLLIN et F. SIMON, Physica, 1939, 6, p. 219.
[23] Second Report on Viscosity, Amsterdam 1938. EYRING et collab., J. Chem. Phys., 1936, 4, p. 283 et 1937, 5, p. 726.
[24] F. SIMON, Nature, 1934, 133, p. 529; Z. f. Phys., 1923, 16, p. 197.
[25] E. TELLER et J. A. WHEELER, Phys. Rev., 1938, 53, p. 778.
[26] L. TISZA, Nature, 1938, 141, p. 913.