Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Gazette des beaux-arts
(Paris. 1859)
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Cliché E. Diuel. PANORAMA DU MONTK-COELIO, A K OM K
. l'Ait' M. L. MAINSSIBTJX
(Snlon d'Automne.)
LES SALONS
DE
1913
LE SALON D'AUTOMNE
liUS T[•: I)F KKMHti
PLATRE I'AH M. A.-.I. IIALOU (Salon d'Automne.)
Le Salon
d'Au-tomne, qui dès sa
naissance
s'était
vutrès violemment atta-qué, fut décidément
jugé l'an
dernier par
quelques personnes esthétiquement « bien pensantes » comme l'abomination de la désolation dressée aux portes mêmes du
tem-ple académique. Des
complots se
tramèrent
dans les couloirs de la
Chambre et de l'Hôtel de Ville.
Et pourtant
, malgré ces conjurés, malgré
les fabricants d'automobiles qui le forcèrent à
retarder
son ouverture solennelle,le Salon d'Automne est rené à la vie.
Lesmenaces passées lui ont suggéré quelques mesures.Le Comité a prié M. Sembat d'écrire en tète du catalogue une manière de
plaidoyer; il a invité des maîtres patentés pour lui
servir
degarants
rencon-trait
deshéritiers
de latradition
et des âmes angéliques. Al. Chéret<* envoyade
charmantes
Mascarades etM. Maurice Denis,futur
membrede
l'Institut,
une Annonciation
qui estun
chef-d'oeuvre. Afin detranquilliser
lesesprits
craintifs, le «tapissier
» dispersa les « fauves » àtravers
les salles. Levisiteur
est si bien habitué àleurs
rugis-sements
qu'il
les entend à peine et, sileur
langagen'est
pas beaucoupplus
intelligible
quejadis,
du moins a-t-il cesséd'être
stupéfiant.Malgré la
variété
desmanières
qui frappe aupremier
abord, onreconnaît entre
ces oeuvres desrapports communs.
Tous,peintres
ou
sculpteurs, croient
àl'Art,
ils ycroient
comme àune
religion etcertains
mêmes comme àun
mystère. Reproduirenaïvement
lesbords
d'une rivière,
lestraits d'un
visage, les pétalesd'une
Heur,laissons cola aux photographes
amateurs.
Plus de ces effets facilesd'ombre et do
lumière qu'on nommait
clair-obscur, plus de cette copie servile dela
matière
où secomplaisaient
Decamps etChardin;
plus de ces
tours
demain,
do ces moyens qui finissentpar
êtrepris
pour
la fin. Réduisons la technique auminimum
et ne fixons pasl'attention sur
ce quin'est
pas l'essentiel.Il ne
s'agira
pas nonplus d'exprimer
des idées ou dessentiments
:M. Marcel Lenoir érige
un
Crucifiéparmi
des masques et desdan-seurs, mais il
recourt
presque seul aux symboles; pas davantage decombiner des scènes de
genre,
même avecune intention satirique,
comme M. Chapuy ou M. LePetit.
Lepeintre n'a
pas besoin, commele
prétendaient
les théoriciens du xvm° siècle finissant,d'être un
K philosophe », c'est-à-dire d'avoir étudié les passions
humaines.
Lespersonnages,
aujourd'hui,
semblentvolontairement ignorer
non pasle
rire
ou leslarmes,
mais lesourire
el la mélancolie; ils sont devenus impassibles,ont
conquisl'ataraxie.
Regardez les femmes que M. Renaudotpeint
dansleurs chambres
aux nuances tièdes :qui
pourrait deviner
les mouvements deleur
àme? Lors même queles artistes
traitent
a des sujetsd'histoire
», etqu'ils paraissent
plus voisins des
littérateurs, leur inspiration
reste identique. Dans/
l'Annonce faite à Marie,par
M. Maurice Denis, lecontentement
pai-sible et candide nous est moins suggéré
par
le jeu desacteurs
quepar
lacomposition,
par
les nuances,par
les détailsingénieusement
inven-tés : tel ce massif
d'hortensias
épanouis. M. Desvallières ne chargepas les petites figures de la Visitation de nous signifier
leur
joie, ilconfie ce soin aux
teintes
éclatantes et précieusesdont
il couvre satoile. Les
illustrateurs
eux-mêmes délaissent les études d'expression :LE SALON D'AUTOMNE 501
à nous imposer l'émotion
par
legroupement
des acteurs, le dessindu décor et des
encadrements
et, dans sa Chronique deParis,
désireéquilibrer
des masses etmontrer
dans les mouvements de la fouled'élégantes arabesques. M. P.-E. Colin, dans ses boison camaïeu, est
soucieux de bien
grouper,
comme M. Carlègle dedéterminer
deslignes gracieuses. Les paysages eux-mêmes semblent
atteints
d'indif-férence. Le tempsn'est
plus desgrands
effets romantiques : M.Gro-peano est presque seul à se préoccuper des apparences fugitives.
Cliché E. Uruct.
L'ANNONCIATION, FAR M. MALRICK DEN 1S
(Salon d'Automne.)
Partout ailleurs,
le ciel, laterre
et l'eau seprésentent
sousun
aspectd'éternité.
Pour
beaucoup, en effet, lanature
estun
motifd'inspiration
qu'il
faut simplifier. Identifierl'art
et la décoration, voilà bien ceque
veulent,
consciemment ounon,
laplupart
des exposants. C'estpourquoi leur
impassibilité no les mène pas à la doctrine del'art
pour
l'art;
ilsdésirent embellir
la vie etdonner
commeun
beaudécor à toutes nos actions. Même chez les
héritiers
del'impression-nisme, nous découvrons cette tendance. L'impressionnisme
cher-chait
àreproduire
lanature
dans sa réalité scientifique; la lumièreétait vibration
: il fallaittrouver un
équivalentpictural;
la tonalitédes ombres complétait la tonalité des
parties
claires ettoutes
deux, en se reflétant, reflétaient lestonalités
voisines : ilfallait découvrir
un moyen de composer, sans les
mêler,
cesteintes
ondoyantes.Cer-tains artistes croient toujours
à lalégitimité
d'un
pareil
effort; mais ils neplantent plus
leur
chevalet auhasard
de lapromenade,
ils composent etprétendent
exécuterune
oeuvre décorative. M.Diriks,
poète des
nuages
et de lamer,
sait à merveillejouer
avec les refletsde la
lumière impalpable;
M.Altmann
éclaire de sescouleurs
lescanaux
de Nemours; M. Le Petit,par
delarges
touches donnel'im-pression de l'espace étendu
sur
cetterivière.
M.Bonnard, plus
fidèleencore à la
technique impressionniste, emplit
cette salle àmanger
du
papillotement
des chaudesjournées
d'été. M. Lebasque exposedes figures
lumineuses.
M. Ch. Guérinrend
lamatière
moelleused'un
tapis et M.d'Espagnat
enveloppe et caresse de tons rosesl'épi-derme de ses femmes.
Pour atteindre
à l'effet décoratif, les moyens sont divers. Lesuns,
qui
sesouviennent
de la fresque,atténuent
leurs tonalités.
M. Zaknous offre des paysages aux tons
amortis
; M. Gottlieb conçoit mêmeses
portraits
sous la forme décorative.D'autres,
lesplus nombreux,
font appel aux combinaisons de couleurs. Dans son <cKyrie Eleison »,
M. Desvallières nous
montre,
devantune Jérusalem blanche
où sepose
un
cielnoir, un
BonLarron
lie devin au
côtéd'un
Christ
bla-fard,
cependant
que desburnous s'éloignent
et que des voiles rosess'agitent.
Sans doute celarron
qui secontorsionne pour
recevoiravec le
dernier soupir
lepardon du Sauveur,
ce ciellourd
de colèreet cessilhouettes chargées
d'oripeaux éclatants témoignent
biend'un
tempérament romantique;
mais ces oppositions de couleurs et delignes
prouvent
aussi le goût de la décoration. Dans laFuite
enEgypte
ou la Visitation, nous avons constatéun accord entre
lesteintes
et lesujet,
mais changez cespetits personnages,
lescouleurs
réjouissent toujours par leur
préciosité, legs de Gustave Moreau àM. Desvallières.
M. Laprade aussi croit à la
vertu
décorative de lacouleur.
Cespersonnages Louis XIV
dansant
devantun
fond deverdure,
quis'éclaircit
jusqu'au
jaune,
ces nymphes, cachées dans lesroseaux,
valent
moinspar leurs
gestes quepar
leur
rapport
avecun
ensemble coloré. Nous expliquons ainsi desimperfections
de dessinvoulues,
et sans voir
cependant
ce queperdraient
en beauté cesharmonies,
si les
bras
de ces nymphes ou les jambes de cetAmour étaient plus
LE SALON D'AUTOMNE 503
vivacité des tons. Le
charme
aigu de ses petites toilesn'est
pasmoindre
que celui de ses 'grandstableaux
de la Société Nationale,les paysages de M.
Francis Jourdain procurent
unplaisir
plus calme,Cliché E. Druct. LE COLLIER D'AMBRE, PAR M. H. LEBASQUE
(Salond'Automne.)
mais de même
nature. Pareillement
Mme Agutte juxtapose des fleurs violettes,un
vasejaune, un
tapis rouge.Certains artistes, moins épris de couleur, pensent
qu'une
habile compositionleur fournira
l'effet cherché. Ils veulent satisfaire l'oeilpar l'équilibre
des masses etl'harmonie
des lignes.M.Jules Flandrin
précé-dentés, avec cet
Été
où deux personnages,l'un
debout,l'autre
assis, se groupaient si bien, avec cette Chaîne de Belledone où les
montagnes en s'abaissant semblaient suivre un rythme.
Aujourd'hui,
dans sa Fantaisie sur le prélude de Nijinski, nous voyons sept jeunes
filles danser au pied des saules avec la grâce des Heures Borghèsc.
M. Jules
Flandrin,
malgré sa libre technique, estun
classique. Domême M. Dusouchet, dont les compositions semblent destinées à
illustrer
les églogues de Virgile ou de Théocrite. M. Girieud exposeune Toilette de Vénus : la disposition de ces nudités, analogue à
celle des Baigneuses de 1910, est habile, mais pourquoi cette
pein-CliehéE. Druet.
LA VISITATION, PAR M. GEORGE DESVALLIÈRES
(Salond'Automne.)
turc
lissée, cosmétiquée, ces teintes douteuses? Nous préférons deM. Girieud ses paysages méridionaux. C'est encore dans ce groupe
que nous pouvons
ranger
M. Urbain, dont le Tennis estheureuse-ment agencé, ou M. Rougeot, dont nous avons loué déjà les
natures
mortes.
D'autres
croient
mieux obtenir cet effet décoratifpar
unesysté-matisation. M. Vallotton dessine
très
exactement ses personnageset ses plantes, puis indique les
traits principaux
avec des lignes bien nettes. Quelques peintresrésolument déterminent
les plans etdétachent les volumes. Nous avons dit, lors du Salon des Indépen-dants, ce qu'ils doivent à Cézanne. Us se complaisent aux paysages
de
montagne;
les collines deviennent des pyramides ou des troncsde cône; les branches
s'élancent
à la façon depalmes;
lesperson-nages sont
simplementéquarris;
les tonalités s'assourdissent afin dene pas
troubler
notre attentionpar un
éclattrop
vif. Alors que lesLE SALON D'AUTOMNE 505
très
simples et confient à notre sensation visuelle le soin de nousaffecter, ces
derniers,
moins sujectifs, font appel à nos souvenirstactiles,
croient
à la réalité de lanature
el veulent nousréjouir par
la contemplationde ses formes élémentaires. C'estpourquoi, lorsqu'on
observe certaines de ces toiles où la
nature
estplutôt
signifiée quereprésentée,
on y découvrenéanmoins un
vrai caractère de réalité.M. P. Brune
montre
des Maisons lyonnaises etnul
sujet ne pouvait mieux seprêter
à cette sorte de « cubisme » réaliste ; deCliché14. DrueL.
PANNEAU DÉCORATIF, PAR M. P. LAPRADE
(Salon d'Automne.)
cette série de formes simples,
sobrement
colorées, se dégageune
impression de morne
tristesse
qui est bien celle de Lyon. Nousretrouvons,
chez M. Vives Apy, les mêmes qualités vigoureuses.Pre-nons
comme exempleun
des nus de M. Voguet : une femme estassise, penchée en avant, les jambes croisées. Les bras, la tête, les
seins,
tous
les membres sont exactement construits ; lacouleur
souligne encore les
plans; reculons-nous,
et nousadmirerons
la solidité décorative de cette étude. Considéronsun autre nu,
celui deM. Guillon : ici la
manière
est différente; des séries parallèles detouches colorées
s'alignent,
s'imbriquent;
à distance toutes sede
déterminer
les formes premières du corpshumain,
nous leretrou-vons dans la Femme en rouge de Mlle Anne Rice ou dans les
Lavan-dières de M. Marchand. Aussi, lorsque des
artistes
commeMM.Du-noyer de Segonzac, Luc-Albert Moreau ou M. de la Fresnaye, lequel
d'ailleurs
estun
coloriste, s'évadenthors
du « cubisme », oncom-prend tout
le profitqu'ils
onttiré
deleurs
exagérations mêmes. Lesens du relief est si vif chez certains, chez M. Dorignac, en
parti-NATURE MORTE, PAR M. H. GAULET
(Salond'Automne.)
culier, que ses figures, même obscurcies au point de devenir presque des silhouettes, conservent
leur
volume. Voyant combien la ligne exacte évoque les plans qui ladéterminent,
ils se laissentprendre
alors au charme décoratif de la lignepour
elle-même : on s'en aperçoit dans les dessins de MM. Voguet, Luc-Albert Moreau ouHoward.
Ces recherches de couleur, de volume et de ligne finissent, en s'associant,
par
conduire certainsartistes
hors de la théorieun
peu étroite du décorpur,
vers une sorte de simplification à la foisréa-liste et décorative. M. Picart-Ledoux suit cette voie; sa figure de
LE SALON D'AUTOMNE 507
par
la fermeté du modelé, lavigueur
sobre de la couleur,l'atmo-sphère qui
l'entoure,
nous pouvons lamettre
à côtéd'autres
figuresde MM. Voguet ou H. Doucet. Dans
la nature
morte de M. II. Gaulet,.une
des meilleures, de ce Salon, nousdistinguons.le bonheur
de lacomposition, les
harmonieux rapports
de couleurentre
les pommesvertes et le tapis rouge, la
sûreté d'un
modelé simplificateur, bref,à la fois le sens de la réalité et celui de la décoration.Si l'on observe
L HEURE SACREE, PAR M. F. HODLER
(Salon d'Automne.)
-les paysages de MM. Le Bail, Piet, II. Doucet et
surtout
les vues duPalatin romain
de M. Mainssieux, saisissantespar
la sobriété deleur
facture et la puissance de
leur
effet, nous reconnaissonsune
com-mune
tendance à concilier lacouleur,
la composition, le relief, àdonner par
les moyens les plusréduits
l'impression del'atmosphère,
en
un mot à suggérer la réalité.
Ainsi ces décorateurs, après avoir simplifié couleurs, lignes et
volumes, après avoir failli séparer
l'art
de lanature,
laretrouvent,
lui rendent
la solidité qu'elle avait perdue jadis, sans lapriver
depro-phétiser : au moins nous semble-t-il qu'elle
sortira plutôt
desrecherches de MM. Marquet, Picart-Ledoux, Voguet, Gaulet, Doucet,
Mainssieuxou Manguin que des combinaisons stériles où
s'attardent
MM. Gleizes et Metzinger.
Le
peintre
suisse Hodler,très
populaire dans les paysgermani-ques, a envoyé
plusieurs
morceaux décoratifs :l'un
énorme,
destinéà un Rathaus,
s'intitule
Unanimité.Pour
M. Hodler la répétition estla
principale
cause duplaisir
: tous ces conjurés, divisés en deuxgroupes égaux, lèvent semblablement leurs bras ; dans l'Heure sacrée,
quatre jeunes
femmesrépètent
des gestessymétriques;
dans Amour,deux couples sont étendus au bord de la mer. Cette composition
théorique,
qui doitplaire
aux Allemands et qui nous semble assezartificielle, ne fait pas la
valeur
décorative de ces oeuvres; elles la doiventplutôt
aux couleurs à la fois claires et chaudes,aux
formesnettement
indiquées. Aussi cette Femme en bleu nous charme-t-elleplus que toutes ces répétitions.
Trois rétrospectives accompagnent ce Salon : celle d'Amédée Joyau, dont nous voyons des
gravures bretonnes,
deJ.
Lopisgisch,auteur
de vues du Loing et de pointes sèches originales et celle deFrançois
Bonhomme, le «peintre
forgeron ». Nous ne pouvons quedire ici
l'intérêt
de cette dernière et renvoyer aux excellents articlesque M.
Schnerb,
son actiforganisateur
(qui exposed'intéressants
paysages corses)lui
a consacrés dans la Gazette, cette année même.Les théories nouvelles
ont
transformé le système de décorationthéâtrale.
Lesartistes
neprétendent
plusdonner l'illusion
de lanature
et combiner des trompe-l'oeil; ilsadoptent
unparti pris
desimplicité et de couleur. MM. Dethomas, Drésa, Desvallières, Piot,
ont tous
accepté ce principe dansleurs
maquettes du Théâtre des Arts.Nous
retrouvons
ce souci chez lesinventeurs d'aménagements.
Usse
répartissent
en deux groupes. Lesuns
d'accord avec MM. Majorelleou Gauthier,
aiment l'honnêteté
naïve des bois sansmaquillage;
ce sont MM. Abel
Landry, Jallot, Francis Jourdain,
ou Dufresne. D'autresrecherchent
des effets de couleur. Us se défendentd'imiter
les Bavarois, les ballets russes, les meubles Louis-Philippe et le xvnic siècle; consciemment ou non, ils s'en
souviennent pourtant.
LE SALON D'AUTOMNE 509
ne
vient-il
pas de Munich? Ces rouges, ces verts éclatants,apparurent
au Ghâtelet; les formes de telle chaise, nos
grand'mères
lescon-naissaient;
lesintérieurs
de M. Groult ont subi l'influence du styleEmpire,
comme ceboudoir
dû à MM. Sue etPalyart
rappelle,par
sa tapisserie en dôme, son
mobilier
aux courbesarrondies
et lespanneaux argentés
de M. Sert,certains intérieurs
Louis XV; enfin,qui ne
percevra
desrapports entre
le xvme siècle et M. Drésa? Maispourquoi
s'en défendent-ilspuisqu'ils ont
assimilé tousces élémentsCliché E. Druet.
SALLE A MANGER, PAR M. JAULMES
(EN COLLABORATION AVEC MM. DAMON ET BERTEAUX) (Salon d'Automne.);
et composé des
intérieurs
gais etoriginaux?
M.Jaulmes
exposeune
salleàmanger
blanche etverte,
ornée depeintures;
M.Mallet-Stevens,
un hall
rouge et blanc. Sans doute ces meublessont
par-foisplus pittoresques
que beaux, mais remercionsleurs auteurs
de nous
donner notre
joiequotidienne.
A ce
milieu
nouveaus'adaptent
lesarts
« décoratifs». Lesreliures
de M. A. Mare
sont
éclatantes comme sesarchitectures;
les cuirs de->
M"e de Félice se
teignent
derouge;
les coussins de Mmc Myrtille sont brodés delaines
vives, et les projets d'étoffes de M"e Laliquesont
d'une somptuosité rare.
Lesverreries
de M. Marinots'égaient
domotifs
très simples;
les services de table de M. Marcel Goupy etde M. Luce
montrent
la même flore stylisée et les mêmescouleurs
claires. Chez les céramistes, M. Massoul aime les bleus chauds,
MM. Rumèbe et Dhomme les décorations
un
peulourdes;
M. Lenobleorne ses grès
d'incisions
parfois colorées. M. Decorchemont compose des pâtes deverre
aux tons précieux; M.Dunand
étalesur
la panse deses\vases métalliques
de finsornements géométriques qui
res-semblent 'aux écailles des
aryballes corinthiens;
MM. Bablet, Rivaudet Vallois
apportent
desbijoux
sobres ou colorés.Les
recherches
dessculpteurs
ne sont pas moins diverses. Tandis que M. Baffierexprime
le caractère de ses paysansberrichons,
queM. C. Lefèvre compose
un
délicatportrait
féminin
et que M. Halouse
plaît,
dans untrès
joli bustede femme,àindiquer
le modelé, presquel'épiderme,
que M. Gonzalezbaigned'ombres
ses masques en cuivrerepoussé,
d'autres,
comme MM. Bouchard, Efimor, Kafkainsistent
davantage
sur
lesplans
et les masses. M. Quillivic simplifie plusencore : sa Veuve d'Audierne, est
admirable
de sobriété et de justesse. * M. Duchamp-Villon va plus loin : il juxtapose des sortes debosses qui
forment par leur réunion un
habile schéma de lanature.
M. Diederich expose des Lévriers aux formes simplifiées; les courbes sont
gracieuses;
mais pourquoi une tête est-elle si mal attachée? Laligne, voilà ce que
désirent atteindre
avec des procédésplus
clas-siques MM. Desruelles, Halou, Eldt ou Popineau. Quelques
étran-gers, sous prétexte de simplifier, nous
présentent
des pastiches àpeine déguisés de la Grèce archaïque ou de l'Egypte.
Une exposition rétrospective des oeuvres de Rodo de Niederhàu-sern occupe la rotonde
centrale.
Cefut un sculpteur magnifiquement
doué. Comme Carpeaux, dont il fitun
buste et dont l'Ugolin,par
samasse générale,
inspira
peut-être lepetit
bronzeintitulé
Famille, ilaime la
nature,
seplait
aux effets de modelé et sculpte avecplaisir
des torses
féminins.
Venu àl'époque
de Carrière et de Rodin, ilgoûte non moins les
jeux
de lalumière atténuée,
envelopped'ombre
la figure de sonAndante et
montre
le sens du mystère dans ses Initiés, dans la Désespérance ou la Mélancolie. Il sait aussicombiner
leslignes les plus
harmonieuses
: sa Danseuse enterre
cuite ou sesBai-gneuses le
prouvent;
ilrend
à merveille l'expression de ses modèles; il est capable de puissance contenue dans son Jérémie et demouve-ment
romantique,
comme dans Vénuspassant
devant le Soleil. Illaisse après lui
une
oeuvre durable.Une exposition d'objets populaires russes complète cet ensemble.
LE SALON D'AUTOMNE 511
l'Exposition
tenue
en décembre 1911 à l'Académie des Beaux-Artsde
Saint-Pétersbourg,
les oeuvres semblent avoir été recueilliesun
peuau hasard
des bonnes volontés. C'estplutôt
une exhibitionqu'une
exposition.Nous disions après
les Salons d'été quels caractères
communs
nous avionscru
ydis-tinguer
:un
mêmegoût de la simplicité
dans le dessin, la
cou-leur
et la composition,un
mêmeamour
de labelle
matière honnête,
une
même recherchedu style
conduisant
àun
nouveau classi-cisme. Le Salond'Au-tomne ne nous
contre-dit pas : lamajorité
des
artistes
est fidèle à une discipline; lapolychromie
n'exclut
pas
l'harmonie
descouleurs,
la systémati-sation nedétruit
pas lavérité
; le reliefengen-dre la ligne, et le
dé-cor
la
composition.Nous
distinguons
chezbeaucoupde
jeunes un
art
sobre, volontaire, solide, à la foisdéco-ratif
et réaliste et,de-JÉRÉMIE PLEURANT SUR JÉRUSALEM
STATUE EN PLATRE, PAR RODO DE NIEDERHAUSERN
(Salon d'Automne.)
vant leurs
efforts, nous comprenonsqu'il
seraitinjuste
de douter etque,
malgré
lessingularités
de quelquesindividus
ou lesimitations
de quelques suiveurs,
l'art frad^ais^'arde
sous son aspect nouveauses qualités