L ECTURE CRITIQUE
Quel que soit le média…
Alain Jaillet
Manuels scolaires et films pédagogiques, Sémiotique des médias éducatifs L’Harmattan, 2006
Cet ouvrage a été publié voici trois ans déjà. Ses objectifs, tels qu’analysés ici par Bruno De Lièvre pour Distances et savoirs, doivent toutefois l’affranchir quelque peu du temps qui passe et ancrer un discours rhétorique quel que soit le média.
Dans cet ouvrage, Alain Jaillet nous présente en huit chapitres d’une trentaine de pages une analyse de la mécanique qui nous permet de mieux appréhender la signification des médias pédagogiques. Pour illustrer sa réflexion, il se penche plus particulièrement sur la construction médiatique des manuels scolaires et des films pédagogiques.
Le premier chapitre, de manière assez classique mais pertinente, précise ce qui peut être considéré comme faisant partie de la famille des médias pédagogiques. Du manuel scolaire à l’écran d’ordinateur en passant par le film, l’ensemble mis en scène dans la salle de classe, chacun est décrit avec ses spécificités.
Le cœur de l’ouvrage se situe dans les deux chapitres suivants. En effet, on y trouve, dans le chapitre deux, les fondements théoriques qui justifieront la démarche d’analyse mise en œuvre dans la suite de l’ouvrage. L’approche mise en évidence se réfère au modèle de Hall, un anthropologue de la communication. Si, selon Alain Jaillet, les idées de cet auteur ne sont pas suffisamment exploitées, elles lui semblent cependant adéquates dans la mesure où elles permettent de dépasser les aspects culturels pour mieux comprendre comment fonctionnent les médias pédagogiques.
Associé au linguiste Trager, Hall pourra donner sa pleine mesure et, ensemble, ils développeront un modèle dans lequel ils articuleront dix systèmes de communication primaire. Le chapitre trois fera le pont entre cette base théorique forte et la sémiotique en optant pour la voie médiane qui oscille entre l’impérialisme des réponses toutes faites fournies par chacun des modèles et la dépendance à une solution unique forcément restrictive. Une fois le pont édifié, les concepts essentiels qui permettront de réaliser les analyses des manuels et des films pédagogiques sont décrits avec précision pour devenir opératoires.
Dans les chapitres quatre, cinq et six, ces concepts sont appliqués et mis à l’épreuve du terrain : celui des manuels scolaires allemands et français. Une démarche rigoureuse et fouillée nous permet de vérifier la pertinence de la démarche
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336 D&S – 7/2009. TICE et distances
d’analyse. Le lecteur trouve dans ces pages des exemples concrets qui permettent de comprendre et de valider les intentions de l’auteur.
Le chapitre sept procède de la même logique et met à l’épreuve les principes développés de manière toute aussi précise mais cette fois concernant le film pédagogique. Ses spécificités sont mises en avant mais aussi mises en relation avec les analyses précédentes en insistant sur l’intérêt d’une telle démarche d’analyse pour identifier les invariants du plus important à identifier, à savoir le sens. Ce qui importe est que le message pédagogique puisse rejoindre l’apprenant au travers de la formalisation adoptée, au-delà des variantes culturelles.
L’ensemble aboutit à la mise en évidence d’un discours rhétorique (Chapitre huit) quel que soit le média, quelle que soit la langue. Alain Jaillet veut nous aider à mieux comprendre la démarche de conception pédagogique telle qu’elle peut être appliquée aux outils technologiques de notre époque, il nous dévoile la rhétorique sous-jacente aux médias pédagogiques. Pour ce faire, il utilise la forme
« pertinente » et les mots « adéquats » pour le dire.
Bruno DE LIÈVRE Université de Mons bruno.delievre@umh.ac.be
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