É
DITORIAL Ce numéro spécial de la Revue internationale de géomatique regroupe des contributions sélectionnées dans le prolongement de la conférence internationale de géomatique et analyse spatiale SAGEO’10 (Spatial Analysis and GEOmatics) qui s’est tenue du 17 au 19 novembre 2010 à Toulouse1 sur le thème des « Outils, méthodes et modèles en géomatique pour la production de connaissances sur les territoires et les paysages ». Ce colloque, organisé par les Unités mixtes de recherche DYNAFOR2 et GEODE3 avec l’appui du GdR MAGIS4 (Groupement de recherche« Méthodes et applications pour la géomatique et l’information spatiale »), du GdR I35 (« Information, Interaction, Intelligence ») et du GdR-E S46 (Groupe de recherche européen « Spatial Simulation for the Social Sciences »), a rassemblé une centaine de chercheurs de diverses disciplines (géographie, informatique, écologie, environnement, aménagement, urbanisme…).
Le thème de la conférence a été décliné à travers cinq sessions thématiques (Analyse spatiale 2D et 3D, Simulation spatio-temporelle, Fouille de données et classification automatique, Geoweb et cartographie collaborative, Qualité, métadonnées, ontologies) regroupant 22 présentations orales, complétées par 15 posters. Les journées ont été introduites par deux conférenciers invités qui ont partagé leurs réflexions sur des enjeux importants de la géomatique : Paul Bolstad (University of Minnesota, USA) a discuté des rapports entre complexité des modèles et incertitudes sur les données dans le contexte des impacts du changement climatique et de l’utilisation des terres sur le cycle de l’eau. Robert Gilmore Pontius (Clark University, Worcester, USA), sur la base d’une analyse de treize modèles prédictifs de changements d’occupation des terres, a attiré l’attention de la communauté scientifique sur l’importance d’admettre la présence d’erreurs dans les données et les modèles, et d’expliciter les critères d’acceptabilité des modèles en relation avec la résolution spatiale des données utilisées.
La richesse et l’intérêt portés à SAGEO’10 ont également tenu à des manifestations complémentaires aux sessions de communications : des présentations sur l’état de la recherche et développement en milieu professionnel, la tenue de deux ateliers associés à des groupes de travail du GDR MAGIS (Ontologies géographiques ; SIG mobile, réseau de capteurs localisés, SIG ubiquitaires), et une table ronde consacrée à la formation à la recherche en géomatique, prenant appui sur un nombre représentatif de directeurs de Masters en géomatique, dont le Master
1. http://sageo10.univ-toulouse.fr/
2. http://dynafor.toulouse.inra.fr/
3. http://w3.geode.univ-tlse2.fr/
4. http://magis.ecole-navale.fr/
5. http://www.irit.fr/GDR-I3/
6. http://s4.parisgeo.cnrs.fr/
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com
440 RIG – 21/2011. Analyse spatiale 2D et 3D
géomatique SIGMA7 (Science de l’Information Géoréférencée pour la Maîtrise de l’environnement et l’Aménagement des territoires) porté par les deux établissements co-organisateurs de la conférence, et la spécialisation d’Ingénieur en agrogéomatique de l’École Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse8.
Seize contributions scientifiques ont été présélectionnées par le comité de programme de SAGEO’10 et leurs auteurs invités à soumettre une version complétée de leur texte. Étant donné le double enracinement de la communauté scientifique géomaticienne – thématique et informatique –, ces contributions, après processus de sélection par doubles relectures, ont donné lieu à deux numéros spéciaux dans la Revue internationale de géomatique (RIG) « Analyse spatiale 2D et 3D : de l’écologie des paysages à la modélisation de processus urbains » et dans la revue d’Ingénierie des systèmes d’information (ISI) « Géomatique et ingénierie de l’information : objets mobiles et réseaux spatiaux ».
Les six contributions retenues pour le présent numéro spécial donnent un aperçu de la recherche actuelle en géomatique et de sa diversité tout en s’attachant à des avancées d’ordre méthodologique, donc transposables à d’autres thématiques ou contextes géographiques. Au-delà de leur diversité, les articles sélectionnés se regroupent ici en deux domaines thématiques : l’écologie du paysage et la modélisation de processus urbains.
En écologie du paysage, le paysage est vu comme support et résultat d’une coévolution entre processus écologiques et activités humaines, en particulier agricoles et pastorales, et ses caractéristiques spatiales induisent des contraintes et des interactions entre objets de diverses natures (biotechniques, écologiques et sociaux), à des échelles spatiales et temporelles multiples correspondant à des niveaux d’organisation différents.
La géomatique y apparaît comme une composante clé à mobiliser, sur des aspects tant méthodologiques qu’appliqués, pour mieux observer, comprendre, modéliser et piloter de tels systèmes complexes socio-écologiques, producteurs et consommateurs de ressources spatialisées. Identifier et caractériser des structures jouant des rôles spécifiques sur les agro-écosystèmes ou résultant de leur fonctionnement constituent ainsi des enjeux de tout premier plan : tel est l’objectif des deux premiers articles ciblant, l’un l’extraction des lisières forestières, l’autre la présence de motifs récurrents au sein d’un paysage :
– dans leur article « CARTOLIS : vers un outil géomatique pour identifier et caractériser les segments de lisières forestières », Audrey Alignier et al. développent une méthodologie d’identification des lisières forestières qui constituent des composants clés des paysages ruraux à l’interface entre deux milieux contrastés : les forêts d’une part, et les cultures ou prairies d’autre part. Leur approche, basée sur la combinaison de divers outils, permet de cartographier de manière automatique la variabilité des lisières sur un large territoire.
7. http://sigma.univ-toulouse.fr/
8. http://www.ensat.fr/fr/la_formation/ingenieur_ensat/l_annee_de_specialisation/
agrogeomatique.html/
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com
Éditorial 441 – Elodie Vintrou et al. montrent, dans leur article « Recherche de motifs et cartographie des surfaces agricoles. Des relevés de terrain aux données satellitaires : application au Mali », l’intérêt de la prise en compte de données spatio-temporelles multidimensionnelles pour la détection de formes récurrentes permettant de caractériser des paysages ruraux et leurs systèmes de culture.
Les quatre articles suivants sont centrés sur l’habitat et l’urbanisme. Les deux premiers sont issus des recherches effectuées autour du projet GeOpenSim destiné à proposer une plate-forme Open Source pour l’analyse et la simulation des dynamiques urbaines à l’aide de bases de données topographiques historiques :
– Florence Curie et al. proposent, dans leur article « Simulation d’un processus de densification du tissu urbain à base d’agents », un outil basé sur le formalisme multiagent pour modéliser du point de vue morphologique les propriétés auto- organisatrices des systèmes complexes urbains.
– Anne Puissant et al. soumettent, dans leur travail « Classification et évolution des tissus urbains à partir de données vectorielles », une méthode innovante de classification intégrant une conception à double niveau, habitation et îlot.
Les deux derniers articles abordent la prise en compte de la représentation 3D des bâtiments dans les règles d’urbanisme :
– Mickaël Brasebin et al. mettent en évidence, à travers leur article « Un système d’information géographique 3D pour l’exploration des règles d’urbanisme.
Application à la constructibilité des bâtiments », l’intérêt d’une formalisation des règles de construction du bâti afin de se prononcer sur le respect de celles-ci.
– Aurélie Prévost et al. proposent, dans leur article « La modélisation 3D : une nouvelle voie pour les documents d’urbanisme ? Application à l’optimisation énergétique des bâtiments », une aide à la décision intéressante en matière d’optimisation du bilan radiatif du bâti pour les communes disposant d’une base 3D.
Notre souhait est que cet échantillon de travaux récents en géomatique, sans prétendre être représentatif du secteur mais qui en donne un aperçu fort diversifié, puisse intéresser les lecteurs de la Revue internationale de géomatique. Nos remerciements s’adressent aux auteurs et aux membres du comité de lecture dont l’esprit critique et constructif a été le garant de la qualité des recherches exposées.
CLAUDE MONTEIL Institut National Polytechnique de Toulouse UMR 1201 DYNAFOR (INPT/ENSAT – INRA)
« Dynamiques et écologie des paysages agriforestiers » MARTIN PAEGELOW Université de Toulouse 2 UMR 5602 GEODE (UT2 – CNRS)
« Géographie de l’environnement »
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com
442 RIG – 21/2011. Analyse spatiale 2D et 3D
COMITÉ DE LECTURE
Jean-Paul Bord – université de Montpellier 3
María Teresa Camacho Olmedo – université de Grenade, Espagne Paule-Annick Davoine – INP Grenoble
Sophie De Ruffray – université de Rouen
Jean-Paul Donnay – université de Liège, Belgique Thierry Joliveau – université Jean-Monnet, Saint-Étienne Dominique Laffly – université de Toulouse 2
Sylvie Lardon – INRA AgroParisTech Florence Le Ber – université de Strasbourg Hélène Mathian – CNRS Paris
Claude Monteil – Institut National Polytechnique de Toulouse Martin Paegelow – université de Toulouse 2
Florence Sèdes – université de Toulouse 3 Cécile Tannier – université de Franche-Comté Cédric Wemmert – université de Strasbourg
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-rig.revuesonline.com
