Somme de sous-espaces vectoriels
Dans toute la suite (E , +, .) désigne un
K-espace vectoriel avecK=
Rou
Cde dimension n. Je rappelle que la somme (ou somme directe) de 2 sevs a été traitée en Sup. Il s’agit ici d’une somme de n sev avec n ≥ 3. Certains résultats sont identiques, d’autres non, avec le cas n = 2.
Théorème et définition : Soient (F
i)
1≤i≤pune famille de sevs de E. On appelle somme des F
iet on note F
1+ · · · + F
pou même
Ppi=1
F
il’ensemble de toutes les sommes
©f
1+ · · · + f
p, ∀ 1 ≤ i ≤ p, f
i∈ F
i ª. C’est un sous-espace vectoriel de E et c’est même le plus petit (au sens de l’inclusion) sev de E contenant tous les F
i.
Remarques
• Définition analogue au cas p = 2.
• On a donc F
1+ . . . F
p⊃ F
iet même (comme c’est le plus petit) si un sev G vérifie G ⊃ F
ipour tout i , alors G ⊃ F
1+ · · · + F
p.
• Si les F
isont de dimension finie, on n’a pas de formule (au programme de PSI !) comme pour p = 2 (formule de
Grassmann1dim(F
1+ F
2) = dim(F
1) + dim(F
2) − dim(F
1∩ F
2)). Néanmoins on a que F
1+ · · · + F
pest de dimension finie et dim(F
1+ · · · + F
p) ≤ dim(F
1) + · · · + dim(F
p).
Démo : On montreF1+ · · · +Fp=Hsev deEpar la méthode générale :
• H∋0car0=0+ · · · +0 et 0∈Fi.
• Soientα,β∈Keth,h′∈H. On a donch=h1+ · · · +hp,h′=h1′+ · · · +h′pavechi,h′i∈Fi.
αh+βh′=(αh1+βh′1)+ · · · +(αhp+βh′p). On abienαhi+βhi′∈Fi carFi est un sev, et doncαh+βh′∈H.
Théorème et définition : : Soient (F
i)
1≤i≤pune famille de sevs de E . La somme F
1+· · ·+F
pest dite directe et on la note F
1⊕ . . . ⊕ F
pssi l’une des propriétés équivalentes suivantes est vérifiée :
(i)
Pour tous f
i∈ F
i, f
1+ · · · + f
p= 0 =⇒ f
1= · · · = f
p= 0.
(ii)
(en dimension finie) dim(F
1+ · · · + F
p) = dim(F
1) + · · · + dim(F
p)
(iii)
Pour tout x ∈ F
1+ · · · + F
p, il existe des uniques f
i∈ F
itels que x = f
1+ · · · + f
p.
Remarques
• Pour p = 2 on a aussi la condition équivalente F
1∩ F
2= {0}. Attention ! pour p ≥ 3 cette condition F
i∩ F
j= {0} (avec i ̸= j ) est nécessaire mais n’est plus suffisante.
• Donc, quand la somme est directe (des ⊕ ), on a dim(F
1⊕ . . . ⊕ F
p) = dim(F
1) + · · · + dim(F
p).
• F
1+ · · · + F
pet F
1⊕ . . . ⊕ F
psont les mêmes sevs ! sauf que la deuxième expression en dit plus sur l’ev F
1+ · · · + F
pet qu’on n’a pas le droit de l’écrire si la somme n’est pas directe.
Démo : (i)=⇒(iii)L’existence des fi résulte de la définition de la somme. Je rappelle que la méthode générale pour démontrer l’unicité est de supposer qu’on en a 2 et de démontrer qu’ils sont égaux. Supposons doncx=f1+ · · · +fp= f1′+ · · · +fp′ avecfi,fi′∈Fi. Par soustraction, (f1−f1′)+ · · · +(fp−fp′)=0. Or par stabilité par +,fi−fi′∈Fi. L’hypothèse (i) amène alorsfi−fi′=0 soitfi=fi′.
1. Hermann Günther Grassmann: allemand (1809-1877). Fondateur du calcul tensoriel et des espaces-vectoriels.
Démo : (iii)=⇒(ii)Supposons doncEde dimension finie, donc lesFiaussi et considérons l’applicationϕdeF1×· · ·×Fp dansF1+· · ·+Fpdans qui à (f1, . . . ,fp) associef1+· · ·+fp. L’applicationϕest bien définie, linéaire et par hypothèse (iii) on aexactementqueϕest bijective (je vous laisse y réfléchir). Par isomorphisme on a donc,dans le cas somme directe, dim(F1+ · · · +Fp)=dim(F1× · · · ×Fp)=dim(F1)+ · · · +dim(Fp) (c’est du cours de Sup).
(ii)=⇒(i)Considérons la même applicationϕ. L’hypothèse (ii) nous donne dim(F1+· · ·+Fp)=dim(F1×· · ·×Fp). Par suite, comme les evs de départ et d’arrivée ontmêmedimension,ϕest un isomorphisme ssiϕest injective ssiϕest surjective.
Orϕest clairement surjective : si on prendy=(f1, . . . ,fp)∈F1× · · · ×Fpalorsyest l’image parϕdex=f1+ · · · +fp. Par conséquent,ϕest injective, soit Kerϕ={0}. Je vous laisse réfléchir au fait que ceci estexactementle (i) !
Théorème : Soient (F
i)
1≤i≤pdes sevs de E de dimension finie, alors on a E = F
1⊕ . . . ⊕ F
pssi l’une des conditions équivalentes suivantes est vérifiée :
(i)
Pour tout élément x ∈ E , il existe des uniques f
i∈ F
itels que x = f
1+ · · · + f
p.
(ii)
dim(E) = dim(F
1) + · · · + dim(F
p) et pour tous f
i∈ F
i, f
1+ · · · + f
p= 0 =⇒ f
i= 0 pour tout i .
(iii)seulement pour p = 2 dimE = dim F
1+ dim F
2et F
1∩ F
2=
©0
ª.
Démo : Considérons le morphismeϕ:F1× · · · ×Fp−→E, (f1, . . . ,fp)−→f1+ · · · +fp. Par définition de la somme dep sous-evs, Imϕ=F1+ · · · +Fp.
(i)=⇒(ii)ϕest bijective par hypothèse. Par suite dimE=dim(F1×· · ·×Fp)=dimF1+· · ·+dimFp. Elle est injective donc Kerϕ⊂©
0ª
ce qui s’écritϕ(f1, . . . ,fp)=f1+ · · · +fp=0=⇒ f1= · · · =fp=0.
(ii)=⇒(i)L’hypothèse sur la dimension nous amène dim Imϕ=dimE, soit Imϕ=Epar l’inclusion etϕsurjective et l’autre hypothèse comme vu plus haut est exactement Kerϕ⊂©
0ª
, soitϕinjective.ϕest alors bijective, d’où l’existence et l’unicité d’un antécédent (f1, . . . ,fp) dexparϕqui signifie exactement(i)
Remarques
• Je rappelle que si f a pour valeurs propres distinctes
λ1, . . . ,
λp, f est diagonalisable ssi Ker (
λ1I d − f ) ⊕ . . . ⊕ Ker (
λpI d − f ) = E.
Exercice :
: Soit E un
R-ev de dimension finie n.
Alors (e
1, . . . , e
n) est une base de E ssi Vect (e
1) ⊕ . . . ⊕ Vect (e
n) = E.
Je ne le traite pas mais vous fait remarquer que le = équivaut à générateur et le ⊕ équivaut à libre.
Exercice 2 :
: E de base (e
1. . . e
n), G
i= Vect (e
k)
k̸=i) H
i= { f ∈
L(E ) / Ker f ⊃ G
i}. Etablir
L(E) =
n
M
i=1