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HALTE À LA SPÉCULATION

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Septembre 1988 CENTRE FRIBOURGEOISDE Trimestriel N° 78 DOCUMENTATION PEDAGOGIQUE

Guillaume Ritter 1835 - 1912 f f ëmm À

,&j»i MÊÊ

HALTE À LA SPÉCULATION

(2)

Sommaire VIE CULTURELLE ;

p. 4 Un Belluard nommé désir Gérard Bourgarel DOSSIER SPECULATION :

7 Quand les promoteurs débarquent les paysans plient bagage 10 L'initiative Ville-Campagne 11 Les citadins financent leur

insécurité !

12 Mécanismes de la spéculation en Vieille-Ville

16 De Stäubli en Kleinert

18 Le cas du "Moderna" à Pérolles 20 Aux quatre coins du canton 22 Conclusion

PATRIMOINE :

23 Givisiez, massacre à la tron¬

çonneuse Gérard Bourgarel 28 Qui êtes-vous Guillaume Ritter

COUVERTURE : En 1910, le barrage de Pérolles, construit en 1870/72 par Guillaume Ritter.

Crédit photographique :

Primula Bosshard, Fribourg : p. 23

Eliane Laubscher, Fribourg : p. 5 haut, 9, 15 Bruno Maillard, Corminboeuf : p. 4 et 5 bas

Bibliothèque Nationale, Berne (Mme Silvia Schneider) : p. 31-35 Autres documents anciens : Archives Pro Fribourg

Dessin de Roland Ansermet, Grez-sur-Loing

Imprimerie Mauron + Tinguely & Lâchât S.A. Fribourg Tirage: é'ooo ex.

Christoph Allenspach

Gérard Bourgarel Christoph Allenspach Gérard Bourgarel

PRO FRIBOURG Secrétariat: Stalden 14, 1700 Fribourg CCP 17 - 6883-3, Fribourg Cotisation :

Ordinaire: 28 fr.; de soutien 38 fr. avec l'édition de langue allemande (4 numéros par an) supplément 14 fr. Tarif réduit: 18 fr.

(étudiants, apprentis, 3

e

âge)

(3)

PRÉSENCE À L'ACTUALITÉ

Cette double exigence nous guide. Nous continuons la chronique des heurs et malheurs de notre patrimoine culturel, commencée il y a 25 ans. Nous présentons de manière vivante Guillaume Ritter, ce personnage qui, pour un peu, a failli bouleverser notre ville et la propulser prématurément au 20e siècle. Son chef-d'oeuvre, la grande halle du Plateau de Pérolles, est

toujours en sursis. Qu'on sache au moins qui en était l'auteur.

Le saccage du manoir de Givisiez vient fort malencontreusement rappeler que la protection du patrimoine est bien fragile dans notre canton. L'affaire de la démolition de l'église de Villa- repos n'était donc pas un accident, mais bien la pointe de l'iceberg. Quand le conservateur, les autorités communales et cantonales, ne donnent pas l'exemple, comment attendre des par¬

ticuliers qu'ils respectent lois et règlements ?

Le corps de ce cahier est consacré à un sujet d'actualité brû¬

lante : la prochaine votation des 3 et 4 décembre sur l'initia¬

tive Ville-Campagne. Elle répond à une situation de crise dans le domaine du logement et des prix des terrains tant agricoles que constructibles.

Il n'est pas dans nos habitudes de participer directement à une campagne de votation. Il faut remonter à 1969, pour le suffrage féminin, et à 1981 pour "Etre solidaires". Il y a de nouveau urgence, face à la vague de spéculation qui ébranle notre pays, de préserver deux biens essentiels : la terre au paysan et le logement au citadin.

L'initiative Ville-Campagne a pour but de remettre de l'ordre là où règne le désordre le plus complet. On peut avoir des opi¬

nions divergentes quant à l'opportunité des moyens qu'elle pré¬

conise. On ne peut que se retrouver unis quant à la gravité de la situation que traverse notre pays. Alors qu'on parle d'inté¬

gration européenne, l'écart se creuse avec nos voisins et la Suisse devient un îlot de vie chère. La spéculation attèint chez nous un record et rend notre situation fragile. C'est fina¬

lement l'ensemble des producteurs paysans et des citoyens qui doivent en supporter les conséquences et alimenter ces surcoûts qui ne remplissent les poches que d'une infime minorité.

Notre choix est clair. Nous prenons les devants face aux énormes moyens qui seront engages contre une initiative qui est vérita¬

blement en mesure de bloquer la spéculation: C'est ça ou rien !

Gérard Bourgarel

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Belluard La Cuvée 88, sous le signe du

"Crépuscule", a réservé des moments forts, de Nicole Mos-

soux à Rachel Rosenthal et du Wissel Theater (page précéden¬

te) aux Polonais du Drugie Studio Wroclawskie qui ont monté avec des artistes suis¬

ses "Elijah" de Martin Buber.

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Un Be 11uard nommé désir

La question n'est pas tant de savoir si le BELLUARD 89 aura lieu ou pas, mais bien de se demander si une pause sabba¬

tique, un temps de réflexion ne s'avère pas nécessaire.

Cette suite de créations sans cesse re¬

nouvelées s'est faite constamment sur la corde raide, sans jamais pouvoir compter sur des arrières assurés. Ap¬

plaudissons le tour de force, mais n'at¬

tendons pas que les acrobates malgré eux se cassent la figure.

Dans la préparation de spectacles et, à plus forte raison, d'un festival, tout se joue sur la durée et non sur l'improvisation. C'est à longueur d'an¬

née qu'il faut nouer des contacts, ré¬

pondre rapidement aux lettres, retenir des dates, préparer un budget et, à chaque fois, repartir à zéro. C'est impossible sans une solide intendance.

Chaque année, c'est la règle au Bel- luard, un nouvel animateur reprend les choses en mains. Encore faut-il que son temps, son énergie ne soient pas' accaparés par les tâches ingrates de papivore et de quémandeur, au détri¬

ment de l'élan créateur.

Le Belluard est un lieu théâtral pri¬

vilégié. Toutes les troupes, les artis¬

tes qui y ont passé, ont été séduits par l'ambiance, l'accueil, le public.

Un réseau de relations et d'amitiés s'est ainsi tissé au fil des ans et sert de support â chaque nouveau festi¬

val .

Mais ce lieu est encore trop bricolé et improvisé. Les installations sont insuffisantes et même dangereuses. En cas de mauvais temps, le système de bâches qui sert de couverture partielle s'avère incommode, inefficace et mal étudié. Les éclairagistes doivent faire, des prouesses non sans danger. En fait de praticables, c'est l'impraticable.

L'aide des autorités est substantielle mais "désintéressée", dans le sens d'un malencontreux manque d'intérêt.

D'où le sentiment que les gens du Bel¬

luard n'ont en tête que de recevoir à chaque fois plus d'argent, alors qu'ils aimeraient bien discuter en terme de contenu, et recevoir, sinon une appro¬

bation, du moins un soutien moral.

Car leur démarche sort résolument des sentiers battus. Elle mise sur un pu¬

blic curieux, ouvert, critique. Un pu¬

blic qui admet de payer pas seulement pour se faire plaisir mais aussi pour se faire secouer.

Alors bien sûr, si une pause inter¬

vient - l'assemblée d'octobre en déci¬

dera - ce ne sera pas la fin du Bel¬

luard. Mais si l'équipe remet cela, ce sera à nouveau l'exercice de corde raide, avec un temps très limité de préparation.

Dans l'un comme dans l'autre cas, sou¬

haitons que l'Etat - responsable du bâtiment - fasse un pas décisif pour améliorer les conditions d'exploita¬

tion et de sécurité du Belluard. Qu'on ne vienne pas, comme cette année, im¬

poser des changements en plein festi¬

val, poser des barrières et des treil¬

lis à poules. Le bâtiment, les acteurs et le public méritent mieux que ces brimades et ce bricolage.

Du côté de la ville, qu'on favorise enfin la création, en allégeant, en facilitant la tâche de l'intendance.

C'est dans l'intérêt de tous les pro¬

tagonistes, de pouvoir établir un bud¬

get dans de bonnes conditions.

Le Belluard déroute. Il permet d'im¬

possibles rencontres, telle celle de ces artistes polonais travaillant avec des suisses pour monter un spec¬

tacle où, par la magie du théâtre, l'obstacle des langues s'efface.

Le Belluard, c'est un cadeau à notre ville, qui se voit tendre un miroir où elle ne se reconnaît peut-être pas, mais où elle peut trouver une nouvelle jeunesse.

Gérard Bourgarel

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LES PAYSANS PLIENT BAGAGE

Récemment, c'est un prix de 500 Fr. au m2 qui a été payé pour un terrain à Schmitten ! Bien entendu, ce terrain agricole non équipé était situé dans une zone constructible. La commune elle-même offre en ce moment des ter¬

rains équipés pour 200 Fr. le m2, ce qui est déjà beaucoup.

Il n'y a pas si longtemps les prix tournaient encore autour de 50 Fr. le m2.

Les transactions immobilières accélè¬

rent de plus en plus la spirale des prix. Ceux qui paraissaient inaborda¬

bles il y a 10 ans, sont maintenant ridicules en comparaison de ceux qui sont demandés ou offerts sur et sous la table.

La transaction de Schmitten, où un acheteur zurichois est impliqué, pro¬

pulse la localité singinoise dans la proche banlieue fribourgeoise ou ...

bernoise. Ce chiffre frappant de 500 va influer sur les prix en Basse-Sin- gine et les faire monter encore plus.

Un autre paysan ne va-t-il pas se laisser tenter par de telles offres alors que jusqu'alors il se refusait à vendre ? Qui pourrait lui en vou¬

loir de céder à l'attrait des mil¬

lions ?

A Schmitten comme ailleurs, le scé¬

nario est préétabli. Supposons que le tout nouveau millionnaire aime son métier et veuille rester paysan. Les¬

té de ses millions, il peut satisfai¬

re ses ambitions et n'aura pas de pei¬

ne à acquérir un nouveau domaine.

Les terrains disponibles en zone agri¬

cole sont bien trop chers pour le pay¬

san vivant de son travail, mais non pour ce gagnant à la loterie qui, par hasard, s'est trouvé en plein dans la zone à construire. Il pourra facilement

arrondir son domaine. Mais les ter¬

rains ainsi acquis manqueront certai¬

nement à d'autres fermiers ou paysans, contraignant l'un ou l'autre à cesser son exploitation.

LES PAYSANS CHASSENT LES PAYSANS Au printemps dernier, l'affaire de Mûri a jeté le trouble dans les mi¬

lieux paysans. Cette commune argovien- ne a acheté un domaine en 1984 à Russy dans la Broyé pour un prix alors jugé effarant de 1,3 millions de francs.

Cette vente a rapporté au vendeur, qui l'avait acheté 680'000 Fr. en 1973, un gain substantiel de 600'000 Fr. La commune de Mûri a remis la ferme et les terres à un paysan local, en remplace¬

ment pour les terrains qu'elle convoi¬

tait à des fins d'équipements publics.

Le dindon de la farce aura été le pré¬

cédent fermier de Russy qui aura perdu son outil de travail.

La situation qui prévalait à Fribourg dans Ventre-deux-guerres est en train de se répéter. Déjà en 1981, l'asso¬

ciation des fermiers se plaignait dans les "Freiburger Nachrichten" de ces

"gros capitalistes argoviens, soleu- rois ou lucernois, qui débarquent dans le canton et achètent les terres".

Un comité paysan, dont le président fut un temps Raphaël Rimaz, s'efforce depuis dix ans de lutter contre les abus dans les transactions foncières.

En 1982, il avait occupé la première

page des médias, quand un agriculteur

thurgovien avait surenchéri contre le

fermier en place. Cela se passait à

Nuvilly, mais le comité réunit une

conférence de presse à Frauenfeld et

tient des propos musclés, destinés à

décourager d'autres amateurs.

(8)

Mais à quoi servent avertissements et menaces quand ce sont des paysans qui chassent d'autres paysans ? Ne sont-ils pas à la recherche d'un nouveau domaine par amour de leur métier ? Tant que le marché des terres obéira aux règles actuelles, le gros continuera à manger le petit. Rien que dans la commune de Barberêche, trois domaines ont été ainsi acquis par des paysans d'autres cantons qui, à chaque fois, ont fait des offres plus fortes que les Fri- bourgeoi s.

En février de cette année, le Syndic de Barberêche, Joseph Deiss, dressait le bilan pour sa commune. En sept ans, sur les 29 domaines d'une contenance de 1400 poses, le tiers de la surface agricole a changé de mains.

Depuis 1986, les trois dernières ventes, portant sur 230 poses, ont été réalisées au profit de Suisses alémaniques. Le dernier en date a été acquis par un zurichois qui ve¬

nait de céder ses terres au prix fort de plus de 100 Fr. le m2.

Inutile de dire que la plupart des transactions de ce type se font sans publicité et passent inaperçues.

UN MEDECIN A-T-IL BESOIN D'UN DOMAINE AGRICOLE ?

Grâce à un mouvement de solidarité paysanne, le domaine cultivé à Cour- tion par le fermier Telley a pu être arraché à la spéculation. Un non- paysan, le médecin Léon Sauterel d' Yverdon, avait offert pour ce domai¬

ne de 42 poses une somme de 1,15 million de francs. Cela correspon¬

dait au double de la valeur de rende¬

ment. La famille du fermier, qui ex¬

ploitait le domaine depuis 20 ans et avait de ce fait un droit de préemp¬

tion, ne pouvait réunir une telle somme. Le comité paysan a volé à son secours et fourni des cautions. La famille Telley a pu rester, au prix d'un lourd endettement qui pèsera sur elle pendant des décennies.

L'acheteur d'Yverdon possède déjà 7500 hectares de terres au Paraguay, quelques alpages en Gruyère et, à

Courtion même, est propriétaire d'un domaine de 44 poses. Il ne s'agit de rien d'autre que d'un placement de capital, dont les petits paysans font les frais. De plus en plus de capi¬

taux sont investis dans l'agricultu¬

re et de plus en plus de fermiers vi¬

vent dans la crainte d'être chassés un jour de leurs terres. C'est ce qu

1

a vécu il y a deux ans la famille Eggertswyler de Saint-Si1vestre. La propriétaire du domaine, une société anonyme, a offert un beau jour le do¬

maine de 76 hectares par annonces au prix de 3,3 millions. La famille de fermiers, depuis 80 ans exploitante du domaine et renommée pour la quali¬

té de son élevage, a reçu son congé.

Le prix de vente était pour elle pro- hibi ti f,

Quand les promoteurs débarquent les paysans doivent plier bagage Canton de Fribourg

Transactions immobilières 1969 139 Mos Fr.

1974 208 Mos Fr.

1979 352 Mos Fr.

1984 625 Mos Fr.

1987 1'070 Mos Fr.

Nombre d'exploi¬

tations agricoles 1965 9110 1975 7544 1980 6891 1985 6433 Depuis les années 60 près de 3000 ex¬

ploitations agricoles fribourgeoises ont disparu. La tendance est, comme par¬

tout, aux grandes exploitations. Des surfaces importantes ont été construites Les transactions immobilières ont aug¬

menté en nombre et en volume. Leur mon¬

tant global a été, en 20 ans, multiplié par sept. Les prix des terres et des maisons ont fait, pour le moins, de mê¬

me. Cela crée des difficultés tant pour

les paysans que pour les locataires.

(9)

UNE PAYSANNE "SANS DR0ITS"C0NGEDIEE Pendant des dizaines d'années, Julie Carrel, âgée maintenant de 65 ans, a cultivé son domaine de Chësopelloz, d'abord avec son père, ensuite seule et avec son fils. "Elle travaille plus'qu'un homme", estiment les voi¬

sins. Elle se croyait l'héritière en droit du domaine, jusqu'au jour où son frère, avec l'aide du Tribunal cantonal, vint lui démontrer le con¬

traire. "Selon l'ancienne loi, le do¬

maine doit être transmis en priorité au fils", fut l'argumentation des ju¬

ristes pour justifier la mise à la porte de Madame Carrel. Son travail, des années durant, ne comptait pour rien. La loi tranchait en faveur du fils, alors que ce dernier ne pou¬

vait justifier d'aucun besoin person¬

nel de ce domaine agricole.

Martin Chatagny, au nom du comité de soutien, déclare qu'"une telle déci¬

sion favorise la spéculation qui, pour de petits paysans, est un arrêt de mort." Actuellement. Julie Carrel continue à exploiter le domaine en tant que fermière de son frère. La

procédure en dernière instance est d'ailleurs encore en cours.

Le comité de soutien appuie avec for¬

ce Mme Carrel. Mais selon le droit en vigueur, les moyens légaux en sa fa¬

veur sont bien restreints. Le comité compte dès lors sur l'initiative Ville-Campagne pour établir des bases juridiques permettant de protéger les petits exploitants. Cette initiative impose que seuls des propriétaires exploitants peuvent acquérir des ter¬

rains agricoles. "L'acquisition d'im¬

meubles en vue de placer des capitaux ou d'aliéner les bâtiments à court terme est interdite", précise le tex¬

te de l'initiative. Des héritiers qui n'exploitent pas la terre doivent a- lors vendre à un paysan exploitant.

Et cela à un prix "qui ne doit pas dé¬

passer le double de la valeur de ren¬

dement", ce qui laisse une chance aux fermiers et petits paysans. La spécula¬

tion sur les terres agricoles peut donc être, par la votation des 3 et 4 décem¬

bre prochain, pratiquement jugulée.

Christoph Allenspach.

CHESOPELLOZ Manifestation de soutien à Madame Carrel : Fernand Cuche de 1 'U.P.S.

et Raphaël Rimaz sont présents.

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(10)

INITIATIV

VILLE/CAMPAGNE

TEXTE DE L'INITIATIVE :

L'article 22 ter de la Constitution fédérale est modifié comme suit :

I La propriété est garantie.

2. Des immeubles ne peuvent être acquis que pour un usage per¬

sonnel dont le besoin doit être prouvé ou en vue de l'aménage¬

ment de logements à des prix avantageux. L'acquisition d'immeu¬

bles en vue de placer des capitaux ou d'aliéner les bâtiments à court terme est interdite. Tout changement de propriétaire doit être signalé officiellement.

3. Les biens-fonds ruraux non équipés en terrain à bâtir sont soumis à un contrôle des prix. Le prix ne doit pas dépasser le double de la valeur de rendement. Seul peut faire valoir un usage personnel de ces biens-fonds celui qui offre la garantie qu'il les exploitera lui-même à des fins agricoles.

4. Deuxième alinéa actuel (droit des cantons et de la Confédé¬

ration d'exproprier).

5. En cas d'expropriation et de limitations à la propriété ë- quivalant à une expropriation, il y a lieu de verser une indem¬

nité si la jouissance déjà réalisée de l'objet est supprimée ou limitée. En cas d'expropriation d'immeubles agricoles, il y a lieu de verser la contre-valeur réelle de ceux-ci.

II

L'article 22 quater de la Constitution est complété comme suit:

4. Les plus-values d'immeubles découlant de mesures prises en vue de l'aménagement du territoire ou de prestations d'équipe¬

ment offertes par les pouvoirs publics sont prélevés par les cantons.

III

Disposition transitoire :

Si la législation n'est pas adaptée à ces dispositions dans les 6 ans qui suivent l'acceptation de l'article 22 ter par le peu¬

ple et les cantons, les tribunaux civils ordinaires sont auto¬

risés à les appliquer immédiatement sur plainte. Dans ce cas, le préposé au registre foncier et la commune, à l'endroit où se trouve l'objet, ont aussi qualité pour déposer plainte.

Le texte de cette initiative a été déposé

en mai 1983, muni de 112'000 signatures.

(11)

Aujourd'hui, les citadins financent leur insécurité !

Le marché immobilier s'emballe, il n'o¬

béit plus à la simple règle de l'offre et de la demande.

Nous payons les négligences des derniè¬

res décennies: la vogue de l'habitat individuel est cause qu'il y a désor¬

mais certainement plus de banlieusards que de citadins sur le plateau suisse.

La nécessité vitale de préserver les meilleurs terrains agricoles impose une limite à ce grignottement de nos espaces libres. Il y a maintenant pénu¬

rie de terrains à construire.

Cette tension sur le prix des terrains serait sans trop grande conséquence pour l'habitat existant, si l'énorme masse des capitaux à placer n'exerçait son irrésistible pression. Situation aberrante : ce sont précisément les fonds accumulés pour assurer la sécuri¬

té des gens dans leur santé et leur vieillesse qui créent l'insécurité et menacent le droit au logement. Compa¬

gnies d'assurances, caisses de retrai¬

tes, 2e pilier, se trouvent en concur¬

rence pour acquérir pratiquement tout ce qui apparaît sur le marché. Les coûts de construction s'envolent. Tout contribue à créer une situation de crise, à favoriser la pire des spécu¬

lations.

Souvenez-vous, en son temps, du dérè¬

glement des marchés à terme. Ces mar¬

chés permettent de s'assurer à l'avan¬

ce de matières premières, de denrées non encore produites. Cela fonction¬

nait à la satisfaction de tous, pro¬

ducteurs et utilisateurs, tant que personne d'autre ne s'en mêlait.

Il a suffi que des financiers astu¬

cieux interviennent dans un but spé¬

culatif pour que tout le système soit complètement faussé.

C'est ainsi que le prix du sucre s'en¬

vola en 1974, son cours sextuplant en un an. Nous avions alors dénoncé au Conseil Fédéral les agissements d'un margoulin allemand basé à Campione et

ayant constitué un fonds d'investisse¬

ments ayant pour objectif 300 millions de francs, de quoi flanquer une belle pagaille sur les marchés. Toutes ses opérations passaient pas un compte de la SBS de Lugano. Notre intervention avait entraîné la fermeture de ce compte et perturbé les opérations de ce dangereux bonhomme, auquel nombre de suisses s'étaient associés.

A l'heure actuelle, c'est le marché immobilier qui est la cible de toute une bande d'affairistes. L'"exemple"

de Jlirg Stäub!i est bien connu, son goût de la publicité aidant. Mais combien de grands et petits requins agissent dans l'ombre ? Les quelques exemples que nous donnons en vieille ville de Fribourg sont éclairants.

La vague spéculative est telle que tous les locataires peuvent se sentir menacés, à plus ou moins long terme.

Il devient urgent de régulariser le marché. L'initiative Ville-Campagne donnerait à coup sûr un coup d'arrêt.

Mais certains trouvent le remède trop radical, tel ce porte-parole des milieux immobiliers locaux qui taxe ses auteurs de Suisses "romanti¬

ques", ajoutant que ces Suisses-là sont nombreux...

Les milieux immobiliers auraient en fait tout intérêt à remettre de l'or¬

dre dans la maison et à couper les ailes à tous ces petits malins qui sont en train de jeter le discrédit sur la profession d'agent immobilier.

Il peut donc y avoir plusieurs rai¬

sons de voter OUI à l'initiative Ville-Campagne, la principale, pour les citadins, étant de mettre un frein à une spéculation qui réduit le logement - ce droit vital - en une marchandise dont on trafique au point de priver à l'avenir la majo¬

rité des citoyens de la possibilité

d'accéder à cette propriété tant

vantée.

(12)

Les mécanismes de la spéculation en Vieille-Ville

Dans les années 60, la Vieille-Ville, et plus particulièrement la Basse-Ville de Fribourg, était encore dans son état ancien, c'est-à-dire restée à l'écart du mouvement, oubliée des édiles locaux avec ses bâtiments trop souvent déla¬

brés et manquant d'entretien. La popu¬

lation était celle d'origine - en fait très mouvante, mais sans que ses carac¬

téristiques se modifient - elle formait un quartier ouvrier. En 1965, on comp¬

tait 72 % d'ouvriers dans le quartier de l'Auge, contre 44 % pour l'ensemble de la ville. Un nombre appréciable de maisons étaient propriété de ceux qui les habitaient, mais qui, gens modestes, n'étaient souvent guère mieux logés que les locataires. Les locations étaient très basses, en rapport avec le manque de confort et la vétusté des logements, de 40 à 200 Fr. par mois en moyenne.

Les prix des maisons étaient à l'ave¬

nant, de 40'000 à 120'000 Fr. selon leur importance, le tarif supérieur correspondant à une ancienne maison pa¬

tricienne. A ce taux, il n'y avait pas de réel obstacle pour une famille à re¬

venu moyen pour acquérir un immeuble.

Pourtant peu profitaient de l'occasion, les loyers étant bon marché et l'achat d'une maison impliquant des frais d'en¬

tretien ou de restauration. Au pire, on préférait émigrer vers les immeubles HLM du Schoenberg ou du Jura, quitte à garder ses attaches sentimentales, en fréquentant la paroisses ou/et les bis¬

tros du quartier. La Basse-Ville éten¬

dait ainsi une diaspora à la périphérie de la ville.

On parlait alors d'"exode" de la popu¬

lation, alors que la "Basse", en fait, se décongestionnait. Le quartier de l'Auge qui abritait du 16e au 18e siè¬

cle 1000 habitants environ, en compte¬

ra jusqu'à 2849 en 1940, dans le même volume bâti !

A l'époque, la spéculation existait bel et bien, sous la forme d'une exploita¬

tion des immeubles vétustés, achetés

pour une bouchée de pain, négligés en¬

suite, mais rendant gros, une fois bourrés jusqu'aux tuiles de saisonniers peu exigeants ou d'étudiants impécu¬

nieux.

Tel ce Gottfried Partsch qui, à l'é¬

poque "collectionnait" une dizaine

de maisons en Basse-Ville, toutes à

1'état de taudis.

(13)

Le tournant des années 70 La basse ville sort de l'oubli, les préjugés, longtemps tenaces à son é- gard, s'estompent. Il devient de bon ton de s'y installer. On restaure de plus en plus de logements et les con¬

ditions de vie s'améliorent. Les prix montent, mais permettent encore des restaurations soignées, surtout quand le propriétaire met lui-même la main à la pâte. Non sans quelques erreurs quand un acquéreur a un programme trop chargé pour un immeuble de dimen¬

sions restreintes.

La composition de la population se modifie. Elle diminue et se diversi¬

fie. Les travailleurs étrangers quit¬

tent un quartier oü les logements ne sont plus à leur portée. L'Auge perd son caractère de quartier ouvrier et une part de sa cohésion sociale. Les aspects positifs ne sont certes pas à négliger, par exemple, qu'un méde¬

cin généraliste y installe son cabi¬

net.

Cette évolution peut encore paraître normale. Une bonne partie des ancien¬

nes maisons d'artisans retrouvent leur caractère de maisons familiales.

Un essai de vente par appartement en¬

trepris par une antiquaire bernoise à la Neuveville n'a pas eu le succès escompté : pour le prix d'un logement on peut encore tout aussi bien ache¬

ter "sa" maison.

Des vocations de spéculateurs nais¬

sent pourtant dans ces quartiers : ils sont du coin, donc au contact des gens ..et des occasions. On compte quelques patrons de bistros et des entrepre¬

neurs (le trop fameux "Stina" de la Neuveville) qui s'en font une spécia¬

lité.

Du côté des pouvoirs publics, il n'y a aucun élément régulateur. La société des Logements Populaires, largement subventionnée par la Commune, pourrait jouer ce rôle. Mais sa direction fer¬

mée et paternaliste ne lui donne qu'un rôle alibi. Elle dispose d'un patri¬

moine immobilier, qu'elle met "aux nor¬

mes" d'habitabilité en pratiquant des

restaurations lourdes et coûteuses, sans grand respect des règles de la protection de la vieille ville. Les comptes de la société ne sont pas transparents et un architecte, membre du comité, en fait sa chasse gardée.

La protection se faisant plus effica¬

ce, un projet à la Samaritaine, en¬

traînant un saccage intérieur et un bourrage exagéré de logements est re¬

fusé. De dépit, la société vend son immeuble à un entrepreneur du quar¬

tier qui fera la démonstration réus¬

sie d'une restauration douce mettant

en valeur de remarquables éléments

intérieurs...

(14)

Années 80: la montée des cloportes En cette fin des années 80, tout bascu¬

le. L'écart de prix avec les grandes villes tend à se réduire. Les immeubles qui, des années 60 â 70, avaient passé de la fourchette de 40 à 120'000 Fr. à celle de 150 à 400'000 Fr. sont propul¬

sés d'un coup entre 400'000 et plus d'un million (voir les exemples en page ci-contre). L'appât du gain motive les petits débrouillards qui espèrent avoir leur part du gâteau. Le loyer de l'ar¬

gent est bas, les banques prêtent fa¬

cilement et on fera même des assurances vie sur chaque tête de la famille pour garantir ensuite autant de nouveaux prêts.

C'est devenu si profitable que des ma¬

lins se lancent dans la spéculation, ne gardant qu'une activité de façade, ou servant de rabatteurs. Tel ce publici¬

taire installé en Basse-Ville, fréquen¬

tant assidûment les bistros du coin, distribuant à la ronde sourires et poi¬

gnées de main, flairant la bonne occase.

Seul, il ne serait guère dangereux, mais derrière lui se profile le fils d'un éditeur et collectionneur allemand en mesure de jouer gros.

Dans un marché en effervescence, l'en¬

traînement joue et les prix s'envolent.

Voyez le cas du Samaritaine 9, un bâ¬

timent intact du tout début du 19e s., mais en piètre état, ayant souffert d'un long manque d'entretien aux mains d'une hoirie. L'immeuble passe aux en¬

chères en février 1986: une des rares occasions oü tout se passe au grand jour. La mise à prix, élevée, est de 450'000 Fr. Le publicitaire pousse jus¬

qu'à 485'000. Restent ensuite seules en lice une agence immobilière (proba¬

blement pour le compte d'un tiers) et la Maison Antiglio. A coup d'enchères de 5'000 Fr., le prix monte à 580'000 et l'immeuble est adjugé à Antiglio.

Cet immeuble est parti au double d'un prix, disons, normal. Car à moitié prix, dans le cas d'une restauration douce respectant le caractère du bâti¬

ment, on serait arrivé à un peu plus d'un million (pour une arcade, deux

grands logements familiaux et l'espace des combles à aménager !).

Au prix payé, la maison Antiglio va de¬

voir bourrer le volume au maximum. Elle dépose un projet qui ne laisse subsis¬

ter que les façades, détruit tous les éléments anciens à l'intérieur, leur substitue des dalles de béton et coince 7 petits deux-pièces plus un logement de luxe dans les combles. Cette trans¬

formation brutale ne tient pas compte du règlement et se heurte à de solides oppositions, dont celle des Intérêts de l'Auge. D'oü blocage et abandon de l'immeuble désormais inhabité.

Aux dernières nouvelles, Antiglio cher¬

cherait à s'en débarrasser. Mais à quelles conditions ?

Autre exemple: Sur la principale place de l'Auge, côte à côte, deux immeubles très semblables. L'un, d'une surface de 170 m2 avec un jardinet, s'est ven¬

du 46'000 Fr. au début des années 60.

Il a, depuis, été bien restauré et re¬

mis en valeur. C'était évidemment pos¬

sible à partir d'un tel prix d'achat.

Le second, d'une surface moindre (115 m2), est resté longtemps dans la même famille, pilier de la paroisse. Le père meurt et la maison passe en hoi¬

rie. Si un des enfants veut la garder, comment désintéressera-t-il les au¬

tres ? Résultat la maison est vendue à plus de 800'000 Fr., et il faut en¬

core la restaurer 1

Dernier "exemple", à la rue d'Or, où une petite maison-couloir, transformée sans aucun respect (tape-à-l'oeil et façade en placage avec faux-joints en plastique) est "offerte" 1'350'000 Fr.

Après cela, étonnez-vous que les lo¬

yers deviennent exorbitants et ne cor¬

respondent plus à la situation souvent inconfortable des immeubles : le Bourg a le taux record de la pollution et du bruit. Et le voisinage de certains bis¬

tros (pas qu'à la Gd'Fontaine, zone réservée à la prostitution) ne garan¬

tissent pas le repos !

(15)

Des "exemples" à foison !

A vendre à la rue d'Or/Fribourg maison entièrement restaurée 3 logements loués + attique de 5 piè¬

ces à disposition du futur acquéreur.

Prix de vente 1,35 mio, financement à disposition.

Nelly GASSER, Agence immobilière

«• 037/22 66 00 - 029/5 15 55 - 74 19 59

RUE D'OR 19

Cette maison fort mal restaurée est à vendre pour 1"350'000 Fr.

Sa taxe cadastrale était il y a 20 ans de 33'000 Fr. La surface bâtie n'est que de 90 m2... Se trouve-t-il des gens assez naifs pour tomber dans un tel panneau?

SAMARITAINE 9

Spéculation: Les locataires ont dû plier bagage pour cause de ré¬

novation. Deux ans plus tard, le bâtiment est toujours vide...

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EN L'AUGE

Côte à côte, deux maisons bien com¬

parables. En un quart de siècle, le prix est multi-|

plié par 20 !

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(16)

De Stäubli...

Inutile de s'attarder sur Jürg Stäubli, il veille lui-même à sa publicité. Et, l'argent aidant, il se rachète une bon¬

ne réputation. Voyez 1'"Illustré" du groupe Ringier, en date du 7 septembre:

Photo de Stäubli en première page, dans sa baignoire, dans son jet, en bon sol¬

dat, en bon sportif. Il se trouvera toujours un gras-double quelconque, dans le monde journalistique, pour s'

"aplaventrer" devant cet affairiste grassouillet.

Sa présence à Fribourg, par sa main¬

mise spectaculaire sur la Fonderie et ses terrains, mais aussi discrète par le biais de sa société "Fast-Immobi- lière", est une menace très concrète.

Elle reste cependant modeste, comparée à l'ombre grandissante de Viktor Kl ei - nert s'étendant sur notre centre-ville.

ENFIN, UN "AMENAGISTE" COMMUNAL ! La Commune avait bien fait un timide effort pour engager un aménagiste, le¬

quel, à peine désigné, s'était promp- tement défilé. Le Conseil Communal s'en était tenu là.

Mais voici qu'un sauveur apparaît. La ville aura "son" aménagiste qui, heu¬

reux contribuables !, ne demande pas un sou de salaire, seulement quelques avantages en nature.

Cet oiseau rare s'appelle Viktor Kl ei - nert : il débarque avec son urbanisme à sa façon. Il va vous remodeler un nouveau centre-ville qui ne pouvait rester la seule chasse-gardée de la

"Placette". Son projet pour l'avenue de la Gare-Sud représente 100 mil¬

lions, l'équivalent du budget annuel de la Commune. Une sacrée aubaine pour notre ville. Fribourg va enfin ressem¬

bler à autre chose qu'à elle-même.

KLEINERT wird nicht KLEIN geschrieben Viktor Kleinert n'est pas un jeune

en Kleinert !

loup aux assises douteuses façon Jlirg Stäubli. A 75 ans, il est à la tête d'un empire solide. Il a marqué de son empreinte.- anonyme - le centre- ville, de cités en city sur toute la région alëmanioue. Il déborde même sur Bienne, Lausanne (vallée du Flon) et maintenant Fribourg.

Sa méthode est imparable. Il s'insinue discrètement sur le marché immobilier et aussitôt qu'il a mis assez d'atouts dans sa manche, il apparaît comme le grand planificateur, le guide des mu¬

nicipalités. L'uniformisation de nos centres-villes aura fait d'immenses progrès, grâce à ce grand simplifica¬

teur.

Partout les mêmes assemblages de béton verre et métal. Partout les mêmes cen¬

tres commerciaux et rangées de bouti¬

ques. Et presque partout, c'est la Migros qui s'installe dans son sillage.

Laquelle semble laisser le sale boulot de faire place nette à d'autres.

N'allez surtout pas établir de liens entre les opérations des uns et des autres. Kleinert, au contraire de Stäubli, a sa réputation fermement éta¬

blie. Selon des publications officiel¬

les, son revenu s'élève à 8,8 Mos de Fr. et ses entreprises ont un chiffre d'affaires annuel de 300 millions. Son siège respectable est à la Bubenberg- platz 8 et sa non moins respectable résidence est le château de Bremgarten.

Kleinert est devenu un symbole, celui de la désertification mercantile de nos villes, mais aussi de la résistance qui s'organise contre ses projets. A Zurich, à la Stauffacherplatz, ou à Bienne. Les Lausannois, de guerre lasse, ont abandonné le Rotillon à Kleinert et son slogan "Oui du Flon du coeur!".

A Fribourg, les édiles ont déjà baissé

les bras. Mais les citoyens ?

(17)

La douteuse célébrité de Stäubli est due à ses méthodes de "promoteur mus¬

clé" et d'introduction des congés- ventes à Genève.

En situation de pénurie de logements, cette manière facile de faire un "car¬

ton" a bien entendu trouvé des imita¬

teurs.

A la route Mgr-Besson 4, 6 et 8, les locataires en ont fait cet été la ru¬

de expérience. Ces immeubles, produits de l'ère Borghini au Schoenberg, ont été vendus par Serge Borghini, retiré en Espagne, à Daniel Affentauschegg, un "ami", agent d'assurances.

Les 15 locataires ont reçu, en date du 7 juin, de la régie Paul Eigenmann leur congé pour le 30 septembre, en cinq lignes, "suite à une promesse de vente" (La Liberté du 4 juillet 1988).

S'adressant à la régie, les locatai¬

res effarés reçoivent pour toute in¬

formation qu'ils auront une réponse vers le 15 juillet.

A noter que par de tels procédés, les locataires peuvent être induits en erreur et perdre leurs droits. Ils ne disposent en effet que d'un mois pour faire recours et demander au Tribunal civil de la Sarine une prolongation de bail. Un simple sursis, puisqu'elle ne porte que sur une année, et que l'octroi d'une deuxième prolongation, prévue par la loi, n'intervient que rarement.

Depuis lors, la régie, Serge Borghini et Daniel Affentauschegg se renvoient la balle et les locataires, qui ont fait recours, restent dans le noir.

La réaction défensive des locataires devant le tribunal a pourtant provo¬

qué une offre de vente des logements aux locataires aux prix de 600'000 Fr.

pour un 6 pièces \ et de 500'000 Fr.

pour un 5 J. Fort heureusement, per¬

sonne ne s'est laissé avoir par une telle proposition.

Voyons les choses de plus près. Ces immeubles ont été construits au début

des années 70 par Serge Borghini. Son but était alors de procéder à une vente en PPE, en propriété par étage. L'opéra¬

tion ne réussit qu'à moitié, puisque seuls 15 logements sur 30 furent ainsi vendus. Les autres appartements furent loués, pour la plupart, vu leurs dimen¬

sions, à des familles nombreuses, qui auront maintenant d'autant plus de dif¬

ficultés à trouver l'équivalent à un prix acceptable.

L'offre de vente des appartements est bien évidemment une offre purement spé¬

culative. Elle ne corVespond pas à l'é¬

tat des logements, dont les pièces sont déjà petites, dont l'installation des cuisines est sommaire, dans des immeu¬

bles d'assez mauvaise qualité, qui de¬

vraient être déjà rénovés. Une isola¬

tion complète devrait être entreprise ainsi qu'une réfection des balcons, dont l'armature est rouillèe.

L'avocat des locataires, Me Louis-Marc Perroud, conseil de l'AFLOCA, attire l'attention sur le fait que des loca¬

taires ont déjà été abusés, lors de congés ou de hausses de location, par de prétendus changements de proprié¬

taires. Il faut rappeler aussi que les conjoints locataires doivent être in¬

formés par lettre séparée, depuis le début de cette année.

A la route Mgr-Besson, l'ambiance n'est pas à la fête. Les locataires savent qu'ils n'ont pas grand espoir à entretenir et cherchent ailleurs.

Cette situation, encore exceptionnelle à Fribourg, risque de se multiplier et de s'étendre aux autres localités du Canton. A ce jour, les autorités loca¬

les n'ont aucun moyen légal de s'oppo¬

ser à ce pillage du marché immobilier et à l'exode brutal de locataires ci¬

toyens-contribuables. ..

(18)

Menaces sur l'habitat existant: le cas du "îioderna" à Pérolles Les anciens immeubles "de rapport", so¬

lidement construits à la fin du 19e ou au début de ce siècle, ne rapportent apparemment plus assez et donnent des démangeaisons à certains architectes et promoteurs.

C'est le cas du "Moderna", un remarqua¬

ble ensemble des années 30. Les locatai¬

res du Pérolles 24 ont reçu leur congé pour avril 1989. Motif : rénovation.

Les promoteurs, la maison Surem SA, la régie Kramer SA et l'Atelier d'architec¬

tes associés (Joseph Surchat) ont con- concté une rénovation lourde d'un mon¬

tant de 2,5 millions pour un bâtiment comprenant deux commerces et une douzai¬

ne de logements. Il s'agit là tout sim¬

plement d'une rénovation abusive, dont les locataires actuels sont les premiè¬

res victimes. Mais l'architecture en prendra aussi un sale coup.

Le "Moderna" qui englobe en façade sur Pérolles les Nos 20, 22 et 24, avec les immeubles contigus de la rue Fries et de la rue Jordil, marque l'arrivée à Fribourg, en 1930/31, des formes nou¬

velles en architecture. Les architectes locaux Léonard Dénervaud (1889-1955) et Joseph Schaller (1891-1936) s'étaient inspirés des théories et des construc¬

tions de 1'Avant-garde (Le Corbusier, Gropius, Lurçat, May entre autres) et plus directement du modèle des immeu¬

bles construits par Maurice Braillard, deux ans plus tôt, à Genève, au "Quar¬

tier des Deux-Parcs" de Montchoisy.

Ces bâtiments modernes, blancs, de li¬

gnes simples représentent la conception nouvelle de l'habitat hygiénique. Leur toit plat, le premier à Fribourg et dans le canton, fut une innovation re¬

marquée et discutée.

Après plus de 50 ans d'usage, ces im¬

meubles représentatifs d'une époque et restés dans leur état d'origine, sont encore fort bien conservés et utilisa¬

bles. Une rénovation douce ne leur fe¬

rait évidemment pas de mal, comprenant des frais de peinture et d'améliora¬

tion des installations électriques et sanitaires.

Mais cela ne fait pas l'affaire de nos promoteurs, peu soucieux de respecter l'oeuvre de leurs devanciers.

La disposition initiale, très confor¬

table, des logements serait boulever¬

sée. Les façades seraient agrémentées d'éléments au goût du jour, les maga¬

sins transformés, et le toit plat se¬

rait remplacé par ...une toiture man¬

sardée, bien entendu, sans tenir comp¬

te de l'ensemble dans lequel le bâti¬

ment s'intègre. Et comble de "fantai¬

sie", le blanc d'origine serait rem¬

placé en façade par une teinte lilas.

Pro Fribourg a fait opposition à cet acte de vandalisme et de spéculation.

Elle le fait selon le principe qu'il est temps de mettre sous protection tout un ensemble type de constructions représentatives de leur temps.

La protection intervient trop souvent avec retard, quand des ensembles ar¬

chitecturaux ont déjà perdu toute co¬

hérence. L'exemple en est la rangée d'immeubles du début de Pérolles, enta¬

mée par la démolition du grand café Continental, remplacé par une agence de la BEF. L'inventaire de l'INSA est venu combler une lacune, mais s'inter¬

rompt en 1920...

La Commune de Fribourg a pris conscien¬

ce de l'importance de tels bâtiments, tant du point de vue de l'intérêt ar¬

chitectural que de l'intérêt de ceux qui en sont les utilisateurs. Elle s'est donc opposée à cette transforma¬

tion abusive.

L'aspect humain n'est certes pas à né¬

gliger: la plupart des locataires sont là depuis deux ou trois décennies ou plus. Les rentiers parmi eux auraient toutes les peines à retrouver un équi¬

valent à la mesure de leurs moyens.

Côté architecture, Pro Fribourg "s'ap¬

prête à publier un inventaire de l'ar¬

chitecture des années 30. Une tâche entreprise main dans la main avec les services communaux. Ce sera notre pro¬

chain cahier de Noël.

(19)

Une partie du "Moderna", au Pérolles 24, est menacée d'être trans¬

formée et dénaturée. Ci-dessus: vue d'ensemble dans les années 30.

Ci-dessous: les plans de la façade sur le boulevard de Pérolles.

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(20)

Pression spéculative:

aux quatre coins du canton ! Les diverses formes de spéculation que nous venons de décrire à force d'exem¬

ples ne sont pas limitées à la seule agglomération fribourgeoise. Elles s'é¬

tendent aussi bien à Bulle, Romont, Estavayer ou Châtel-St-Denis.

L'indice des logements vacants est dans le canton de 0,6 %, soit légèrement en- dessus de l'indice suisse à 0,49. On retrouve ce même taux dans les cantons de Lucerne, Bâle-Ville, Argovie, Vaud et St.Gall. Au 1er juin, il n'y avait pratiquement aucun logement libre à Morat, Schmitten, Guin et Villars-sur- Glâne, alors qu'à Romont, Bulle, Marly, Flamatt et Fribourg, l'offre était fai¬

ble, sans qu'on puisse parler d'un man¬

que de logements.

Et pourtant, pénurie il y a. Car ne sont disponibles sur le marché que des logements neufs et chers et des loge¬

ments anciens rénovés de luxe, alors que ce sont principalement des rentiers AVS, des familles et des jeunes aux études ou en apprentissage qui cher¬

chent désespérement à se loger. De plus en plus de gens font de mauvaises expé¬

riences. Le député gruérien Eugène Chatagny s'appuyé sur son expérience de président de l'association locale des locataires: Les personnes âgées sont particulièrement touchées, car elles ont de la peine à se défendre et sont les premières victimes de la spécula¬

tion. Quand elles sont jetées à la rue après 20 ou 30 dans le même logement, incapables de payer sur leur rente de grosses locations, je les retrouve sou¬

vent à mon lieu de travail: à l'hôpi¬

tal. Bien des rentiers AVS sont relé¬

gués des années trop tôt dans des mai¬

sons de retraite, parce qu'ils ont été mis à la porte de leur logement.

Bulle: de froids calculs

Les locataires sont les perdants, même quand ils utilisent immédiatement les moyens légaux de défense avec l'aide de l'AFLOCA. C'est ainsi que les loca¬

taires du No 6 rue Tissot ont subi une augmentation salée. Un logement a passé ainsi de 430 à 830 Fr. alors même que cet immeuble du début du siècle n'a pas été rénové. Le tribu¬

nal a décidé que la hausse serait ré¬

partie sur trois années.

Un autre propriétaire à la rue de la Pal 1ud a essayé d'imposer d'un coup une hausse de 60 %. Au lieu de pren¬

dre pour base son prix d'achat de 950'000 Fr. il a fait son calcul à partir d'une somme de 1'500'000, ce qui lui assurait un excellent rende¬

ment. Dans la procédure de concilia¬

tion, les locataires ont pu voir de telles prétentions réduites à 10 ou 12 %.

Dans les deux cas, une seule possi¬

bilité se présentait: faire opposi¬

tion à la hausse et à 1'"offre" d'un nouveau contrat dans le délai très court de 30 jours auprès du Tribunal du district. Avec pour seul résultat d'obtenir au plus une prolongation du contrat d'une année ou une conci¬

liation entre les deux parties, qui n'empêche pas la hausse, mais en atténue les effets.

Le Conseiller d'Etat Gremaud n'a pas le temps,,.

Les spéculateurs s'en sortent tou¬

jours, maugrée Eugène Chatagny. ce dont nous avons besoin, c'est d'un tribunal des baux, où la procédure soit gratuite ou très bon marché, comme c'est le cas dans le canton de Vaud, à Neuchâtel ou en Valais.

L'initiative cantonale de l'AFLOCA pour l'introduction d'un tel tri¬

bunal des baux est en suspens de¬

puis septembre 1985. Pendant ce temps, la situation des locataires devient de plus en plus catastrophi¬

que, alors que le Conseil d'Etat a encore repoussé la date de votation d'une année. Notre délégation a de¬

mandé récemment un entretien auprès

(21)

du Conseiller d'Etat Gremaud, afin de pouvoir exposer nos arguments. Nous n'avons pas pu fixer un rendez-vous car M. Gremaud devait partir en vacan¬

ces. . .

Actuellement, la pression sur les lo¬

cataires va de pair avec la hausse sur les terrains. Aux abords de la Gare de Fribourg, le terrain coûte plus de 7'000 Fr. le m2. Dans la région de Bulle, des Genevois, Lausannois et les spéculateurs locaux rivalisent pour faire monter les prix. A Riaz, par exemple, les prix ont grimpé en trois ou quatre ans de 50 Fr. le m2 à 120 ou 150 Fr. Récemment à Bulle une entre¬

prise a payé 580 Fr. le m2 pour un ter¬

rain offert encore il y trois ans pour 150 Fr. le m2.

Le rôle des assurances et des caisses de pension n'est pas à négliger dans cette brusque ascension des prix des terrains.

Tous les coups sont permis.,.

Toute la gamme des méthodes insidieu¬

ses ou brutales pour faire monter les locations est appliquée non seulement dans les grandes villes mais jusque dans nos campagnes. Le boom dans la construction et la rénovation favori¬

se la mauvaise qualité et les prix surfaits. Quelques améliorations su¬

perficielles entraînent de fortes hausses ou provoquent des dépenses hors de proportion pour les locatai¬

res, telles ces installations de chauffage électrique, qui ne sont même plus recommandées par les EEF.

en l'absence de parade officielle La vague spéculative qui frappe ac¬

tuellement Avenches dans la perspecti¬

ve de l'autoroute donne un avant-goût de ce qui attend Estavayer-le-Lac.

Les spéculateurs, principalement ber¬

nois, s'y bousculent dans un marché étroit et ont mis sans dessus-dessous cette bourgade endormie. Un ancien lai¬

tier bernois avec quelques compères installateurs s'est fait le "spécia- liste"des interventions sommaires à gros rendement.

Les municipalités sont souvent prises de court par l'évolution et commencent hélas par s'extasier devant la brusque rentrée d'impôts que leur procurent de fréquentes mutations. Elles comptent que, le développement aidant, tout fi¬

nira par s'arranger.

Des municipalités qui cherchent à at¬

tirer de l'industrie ne sont pas tou¬

jours soucieuses d'assurer l'indispen¬

sable complément en logements. A zone industrielle ne correspond pas les terrains à bâtir pour le logement. La commune de Romont en est l'exemple.

L'offre en logements est inadéquate et ne correspond plus aux salaires des ouvriers ou des employés. Ce à quoi le syndic Michel Schmoutz répond : Quand des logements seront vides, les promo¬

teurs s'adapteront en construisant du moins luxueux. (La Liberté du 30.3.88) Tout devrait donc s'arranger comme des noix sur un bâton !

Du côté d'Estavayer, les officiels sont, eux, optimistes. Ils ont effec¬

tivement réservé des terrains non pas seulement pour de l'industrie mais aus¬

si pour une zone résidentielle. Cette soupape de sûreté n'a pas empêché une hausse rapide du prix des terrains dis¬

ponibles .

Morat, elle, subit déjà en plein l'im¬

pact bernois avec la NI. Mais cette invasion n'est pas ressentie désagréa¬

blement comme en terre romande. On reste entre voisins...

Fribourg n'est pas une île ! Il n'y a que les cartes statistiques cantonales (de l'OCAT) pour couvrir la surface du canton de belles couleurs en laissant le reste en blanc. Le reste ce sont les régions voisines au dévelop¬

pement desquels nous sommes liés et par¬

fois dépendants. Les grandes aggloméra¬

tions voisines (Berne, riviera lémani- que) déversent sur notre territoire le trop plein de leurs habitants ou de leurs industries à l'étroit. Ce n'est pas là l'image d'un développement harmo¬

nieux dès lors que ce flot charrie une

vague spéculative contre laquelle notre

canton est désarmé.

(22)

En conclusion :

"Spéculer, y a plus moyen !" ce n'est plus un rêve

&

Les milieux professionnels immobiliers sont bien placés pour savoir que quel¬

que chose ne tourne pas rond. Voyez les propos de M. Marcel Schibli devant la Chambre immobilière fribourgeoise en mai dernier: Bien Sûr, nous ne pouvons pas toujours nous déclarer d'accord avec les procédés d'une certaine caté¬

gorie de propriétaires et de promoteurs, heureusement pas très nombreux, qui se croient tout permis. (...) Ne perdons pas de vue que tout excès amène de nou¬

velles lois, de nouvelles ordonnances, certainement pas plus clémentes pour les propriétaires.

La situation actuelle est malsaine, elle l'est même pour la plupart des petits propriétaires. Ils peuvent se réjouir, dans un premier réflexe, de voir leur bien "prendre de la valeur", mais ils risquent bientôt de déchan¬

ter. Quand, par exemple, les services de taxation se mettent à suivre le mouvement et à augmenter la valeur estimative des immeubles, ou encore à taxer le logement du propriétaire à un taux supérieur à celui qu'il applique lui-même à ses locataires (cela arrive bel et bien !).

Ces milieux professionnels sont donc conscients du danger mais ne dispo¬

sent d'aucun moyen pour mettre de l'ordre dans leurs rangs. Ils consi¬

dèrent cependant l'initiative Ville- Campagne comme une atteinte à la 1iberté.

En fait, ce sont les Stäubli, les Kleinert et leurs imitateurs qui peuvent agir actuellement en toute 1iberté.

De quelle liberté disposent ceux qui en sont les victimes, rentiers AVS, personnes isolées, chassées de leur logis, jeunes ménages en quête d'un logement, familles trop à l'étroit?

Le malheur est que chacun se trouve entraîné dans la spirale spéculative.

Celui qui doit, pour une cause profes¬

sionnelle, changer de domicile, s'ef¬

forcera de réaliser son bien au meil¬

leur prix, bien forcé s'il veut pou¬

voir acheter l'équivalent ailleurs.

Même chose dans le cas de successions ou de grosses dépenses à couvrir. Vo¬

yez l'Association paroissiale de Saint- Nicolas à Fribourg qui essaie de ven¬

dre gros ses 137 ha d'alpages en Gru¬

yère, au grand dam de ses fermiers, la famille Rauber, qui les exploite de¬

puis 60 ans. Il s'agit là de trouver les fonds pour la (trop) lourde restau¬

ration de la Maison de Paroisse à la Grand'Rue 14, une maison patricienne laissée trop longtemps sans entretien.

Ces braves gens de paroisse seraient choqués si on les traitait de spécula¬

teurs. Nombre de gens se trouvent ainsi entraînés, à leur corps défendant, dans la vague spéculative.

Le résultat le plus évident, à l'heure où on parle d'intégration européenne, est de faire de la Suisse un îlot de vie chère, inabordable, hors de prix.

Comparez nos prix de l'immobilier avec ceux des pays voisins ! N'est-ce pas là une inflation "made in Switzerland"?

Pouvons-nous laisser aller les choses, nous croiser les bras en spectateurs non concernés, alors que demain c'est peut-être à notre tour d'être les vic¬

times de la spéculation. Vers qui alors pourrons-nous, pourrez-vous vous tour¬

ner ?

On peut discuter à l'infini des avanta¬

ges et inconvénients de l'initiative Ville-Campagne. Une chose est sûre:

elle apporte un réel coup d'arrêt à la spéculation. Pour les Stäubli, Kleinert et consorts, le soir du 4 décembre ce¬

la risque d'être "Rien ne va plus !"

Aussi ne vous étonnez pas trop de la vigueur des attaques dont elle sera d'ici là l'objet et de l'argent qui se¬

ra investi pour lui faire obstacle...

(23)

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(24)

Un nouveau "Villarepos"

Ouvrez le tome de "La maison bourgeoi¬

se en Suisse" consacré au canton de Fribourg - oeuvre de Pierre de Zurich, il date de 1928 mais fait toujours ré¬

férence - aux pages 65 et 66 : plans, élévation et photos se succèdent pour présenter l'une des plus belles demeu¬

res patriciennes des abords de Fri¬

bourg.

Il faut désormais en parler au passé.

Ce manoir, cet ensemble de bâtiments, viennent d'être froidement massacrés.

Cet ancien château d'Affry, passé au siècle dernier aux mains des de Boc- card, date du 16e siècle et fut rema¬

nié au siècle suivant, nous était par¬

venu à peu de choses près intact, avec son décor peint attribué à Bene¬

dikt Vogelsang. Tout "classé" qu'il soit, il a été brutalement vidé, d'une manière particulièrement sournoise.

Regardez attentivement les photos de la page précédente : de l'extérieur, tout semble normal, les fenêtres sont même encore en place. Un chantier de restauration dans les règles, pour- riez-vous croire ?

Mais voyez l'intérieur : tout a été

"ratiboisé", ce n'est plus qu'une co¬

que vide. L'auteur de ce massacre : la Commune de Givisiez. Elle se fout pas mal des règles et des règlements.

Nous en avions fait l'expérience lors de la récolte de signatures pour l'i¬

nitiative de Villarepos : elle l'a¬

vait interdite aux abords du local de vote. Après coup, bien sûr, le préfet lui avait donné tort, ce qui ne chan¬

geait plus rien.

Le massacre du château de Givisiez est l'exemple type d'un programme ina¬

dapté à un bâtiment ancien et qui, im¬

posé de force, entraîne sa ruine ou tout au moins une perte complète de substance et de signification. Il s'a¬

git là de "transformer" le château en hôme pour personnes âgées, ce qui n'impliquait pas à priori un tel vanda¬

lisme. Le mal étant fait, chacun va se renvoyer la balle. Le conservateur cantonal aura fait, pour une fois en temps voulu, les réserves d'usage ...à défaut d'un inventaire sérieux. Pour ensuite, comme à son ordinaire, ne rien contrôler. Il est, il est vrai, sur son départ...

Quant au Professeur Alfred A. Schmid, il plane, comme d'habitude, au-dessus de tout cela. Il aura donné des direc¬

tives, le reste n'étant plus de son ressort.

Nous lui avons bien adressé les photos que nous publions maintenant, en date du 26 juillet dernier, tout en lui de¬

mandant de nous faire part de son point de vue et de celui de sa commission.

A mi-septembre, cette lettre restait toujours sans réponse.

Le château de Givisiez, dit "de Boccard"

était dûment classé monument historique et était inscrit sur la liste des Mai¬

sons de campagne et châteaux baillivaux d'intérêt national ou régional.

On peut maintenant s'interroger sur la

valeur et la signification d'un tel

classement.

(25)

Le manoir de Boccard, selon le relevé publié en 1928. Il est resté propriété de la famille de Boccard jusqu'en 1907. Racheté alors par un ordre religieux, il fut restauré sans subir de trop graves altérations. Il a passé en mains publiques en 1974, pour connaître finalement le sort actuel.

Qui trop embrasse, mal étreint ! L'honnêteté, la capacité de travail c!u Professeur Schmid ne sont pas en cause.

Si seulement il s'était voué à une seu¬

le et unique tâche ! Il laisserait alors, comme professeur d'université, une oeuvre scientifique, à la place d'une collection de préfaces. Et des élèves soigneusement formés et guidés dans leurs recherches car, faute de temps à leur consacrer, il n'aura été qu'un piètre directeur de thèses.

A la tête de la Commission fédérale des monuments historiques, il aura régné dans un splendide isolement. Là encore, le manque de temps et un champ d'action trop vaste ne lui auront permis de sui¬

vre que quelques grands chantiers de prestige. Et pour le reste, se conten¬

tant d'un regard superficiel, s'atta- chant aux détails avec une raideur tra¬

hissant un manque de sensibilité et du sens de l'architecture. C'est ainsi qu'on lui devra, en vieille ville de Fribourg, ces consternants alignements de lucarnes en chalets suisses, con¬

formes au règlement plus qu'aux règles

de l'art. Le dernier en date est celui de l'annexe de la Visitation, à la rue de Morat, un bâtiment datant du début du siècle dernier, dont le toit à très faible pente a été affublé de lucarnes incommodes, alors que l'architecte avait remarquablement "planché" sur le projet et proposé des solutions moder¬

nes respectant la ligne originale de la toiture...

Mais trêve de soupirs. Le Professeur Alfred A. Schmid devra bientôt quitter la présidence de la Commission fédérale des monuments historiques, chargé de tous les honneurs auxquels il est sen¬

sible. Souhaitons - brûlons même un cierge - pour que son successeur se consacre entièrement à sa tâche et s'entoure d'un solide noyau de collabo¬

rateurs. A ce prix, pourra-t-on promou¬

voir une véritable politique de protec¬

tion du patrimoine au lieu de quelques réalisations alibis, à la gloire du perfectionnisme helvétique.

Gérard Bourgarel.

(26)

En bref

La Ni patine...

Roselyne Crausaz aurait bien aimé, ce mois encore, donner le coup d'envoi du tronçon Löwenberg-Avenches de la NI. Pour cela, elle était prête à "se marcher sur le coeur" autant de fois qu'il faudrait.

La centaine d'oppositions émanant de paysans, d'habitants, de communes et d'associations de protection ont cer¬

tes été promptement balayées de la table, mais 34 recours au Conseil d'Etat sont encore en suspens. Les réponses qui leur seront données sont connues d'avance, ces dossiers n'en sont pas moins des casse-têtes pour les juristes qui ont pour tâche d'é¬

viter des recours au Tribunal fédéral pour vice de forme...

La procédure actuelle est une bonne démonstration des limites de la démo¬

cratie suisse. N'est-il pas curieux que ce sont les autorités qui dépo¬

sent un projet, qui sont ensuite ap¬

pelées à trancher en matière de re¬

cours ? "Ils font ce qu'ils veulent", mais ne vous étonnez pas de voir des citoyens bien tranquilles finir par sortir de leurs gonds et se radica- 1iser.

La petite commune bernoise de Cla- valeyres, enclave un peu oubliée du reste du canton, a vraiment voulu engager le dialogue dans les règles sans faire de vagues. Elle s'aper¬

çoit maintenant qu'on ne tient aucun compte de sa retenue, de sa volonté de créer un bon climat de discussion pour arriver à un compromis accepta¬

ble. Elle se sent bafouée et décou¬

vre que les fonctionnaires des auto¬

routes se comportent comme les anciens bai 11i s.

Du coup la résistance se durcit, â la mesure même de la morgue bureaucrati¬

que et de l'hypocrisie de nos politi¬

ques .

Fribourg: l'ozone, connaît pas!

Les autorités de plusieurs cantons ont fait état cet été de teneurs en ozone dépassant gravement les normes fédérales. A Berne, Bâle, St-Gall, Lucerne, Zurich et Genève, les don¬

nées de la pollution sont publiées.

Evidemment, cela ne change en rien la situation quand on voit le Conseil Fé¬

déral déconseiller le canton de Bâle de prendre des mesures de restriction de la circulation en raison du taux de pollution.

A Fribourg, c'est encore plus simple, on ne dispose pas de ces données et on peut simplement les ignorer. Rose¬

lyne Crausaz est en train de se forger une réputation nationale dans ce do¬

maine de la restriction mentale. Un récent article dans la "Weltwoche" ré¬

sume ainsi son action: "N'enfonce au¬

cun clou", en d'autres termes: "N'en¬

fonce même pas des portes ouvertes".

Office du Livre :

Lalumière ? Non, l'éteignoir ! La nouvelle, qui n'était pas une sur¬

prise, est tombée au début septembre:

à l'Office du Livre, on liquide. Au nom du "management", on licencie l'é¬

quipe de professionnels, sans ménage¬

ment. L'oeuvre de Jean Hirschen est ainsi détruite, un an après sa mort.

La loi du profit triomphe: on n'a que faire de beaux livres, d'ouvrages de référence dans le monde des affairis¬

tes - spécialistes du prêt-à-jeter - qui font main basse sur la presse et 1'édition.

Le même jour, "La Suisse" annonçait que Lamunière s'alliait à J'ürg Stäu- bli dans son OPA sur Publicitas. Le marchand de soupe lausannois a immé¬

diatement démenti. Il ferait pourtant bon ménage avec le requin immobilier:

au travers de Publicitas, c'est le

pouvoir sur la presse et l'opinion

qui est visé. La liberté d'entreprise

sert aussi dans ce cas à limiter la

liberté des citoyens.

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