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Bourgarel, Président de CIVITAS NOSTRA Voici dix ans, s'inspirant d'une idée lyon¬ naise, se constituait PRO FRIBOURG, mouvement pour la sauvegarde de la Vieille Ville

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Texte intégral

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PRO FRIBOURG Juin 1974 INFORMATIONS Trimestriel N° 22

Bilan de dix ans de restaurations

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DIX ANS DE RESTAURATION, L'AMORCE D'UN RENOUVEAU?

G. Bourgarel, Président de CIVITAS NOSTRA

Voici dix ans, s'inspirant d'une idée lyon¬

naise, se constituait PRO FRIBOURG, mouvement pour la sauvegarde de la Vieille Ville. Cette collaboration franco-suisse allait donner naissance, la même année, à la fédération internationale des quartiers anciens CIVITAS NOSTRA. Pour cet anniversaire, qui coïncide avec celui de l'expérience française des secteurs sauve¬

gardés, CIVITAS NOSTRA a décidé d'éta¬

blir un «bilan de dix ans de restaurations»

à l'échelle européenne, lors de son congrès de Lyon du 1 au 3 juin.

PRO FRIBOURG a choisi à cette occa¬

sion de présenter un bilan au niveau d'un quartier, celui de l'Auge, et des exemples types de restaurations:

Restaurer une maison familiale est une expérience vécue par chacun selon ses moyens, son tempérament, avec les qualités et les défauts de toute réalisation humaine, mais portant la marque d'une personnalité.

Cela rejoint l'esprit des premiers bâtisseurs et témoigne que le respect du passé et le respect dé la vie ne sont pas inconciliables:

ces demeures anciennes retrouvent une âme et c'est la vie qui continue.

On ne peut défendre des idées au sein de CIVITAS NOSTRA et de PRO FRI¬

BOURG sans chercher à les mettre en pratique: c'est le but de la restauration d'une maison patricienne à la Grand-Rue.

Après tant de demeures pleines de dignité saccagées, transformées en silos à bureaux

ou à studios derrière des façades classées, c'est une preuve qu'il est possible de faire

«autrement»: respecter les volumes et la décoration intérieure, opérer des transfor¬

mations qui ne soient pas irréversibles, assainir sans détruire.

L'initiative privée a pourtant ses limites, elle doit être aussi disciplinée et l'interven¬

tion de l'Etat est nécessaire pour encoura¬

ger et canaliser les efforts, pour freiner la spéculation (spéculer, c'est tirer profit d'une pénurie sans produire: on peut spé¬

culer sur les denrées, sur les terrains et les espaces, sur la beauté, les œuvres d'art...).

A Fribourg, dans un but social, les autori¬

tés communales ont choisi d'intervenir directement en faisant restaurer des immeu¬

bles vétustés. Une telle intervention se doit d'être exemplaire: elle ne peut être l'illus¬

tration de la routine et de la lourdeur administrative, elle doit être l'expression d'une politique novatrice au service des habitants... qui doivent avoir leur mot à dire.

Un tel bilan doit servir à alimenter un débat: ce qui importe, c'est que les idées avancent, qu'on ne répète pas à perte de vue les mêmes erreurs, que le poids de l'argent, que le poids des règlements n'étouffent pas la vie.

L'image de la ville est un bien commun.

C'est finalement l'affaire de tous que le noyau ancien de Fribourg reste, ou re¬

devienne le cœur vivant de la cité.

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Sommaire

P. 7-12 L'Inventaire du quartier de l'Ange P. 7 La réalité vécue

P. 8 La réalité au travers des chiffres P. 9 Statistique des restaurations

1963-1973

P. 10 La réanimation d'un quartier dortoir

P. 11 Changements et perspectives d'évolution

P. 13-36 Des exemples par l'image P. 14 Plan «dix ans de restaurations»

P. 16 Plan «Objectif 1981»

P. 18-22 Stalden 12 et 14 P. 23-25 Stalden 16 P. 26-27 Samaritaine 20 P. 28-30 Samaritaine 21 P. 31-35 Grand-Rue 56 P. 36 Rue des Forgerons P. 37-44 Les exemples commentés P. 37 Stalden 12 et 14 p; 38 Stalden 16

P. 38-39 Samaritaine 20 P. 39-40 Samaritaine 21 P. 40-43 Grand-Rue 56 P. 43-44 Rue des Forgerons P. 45-47 Le revers de la médaille Photos: Jean Mulhauser, Fribourg, sauf:

Couverture, p. 13,45,46: Bénédikt Rast, Fribourg

P. 33: Jacques Thévoz, Fribourg P. 18, 20, 34: Eliane Laubscher, Fribourg P. 3,47 : Jacques Sidler, Fribourg P. 2: Swissair Photo AG, Zurich.

Imprimerie Fragnière SA, Fribourg Tirage: 6000 exemplaires

Ce cahier a été préparé en collaboration avec le service cantonal des monuments historiques qui a en particulier réalisé les plans des pages 14 et 16.

Cette réalisation, ainsi que celle de l'Inven¬

taire de la rue d'Or n'a été possible que grâce à l'appui financier de l'Etat de Fribourg par la Commission cantonale des Monuments histo¬

riques, de la Loterie Romande, de la Société fribourgeoise d'Art public, de la Banque de l'Etat et d'entreprises de la place.

PRO FRIBOURG

■Secrétariat: Stalden 14,1700 Fribourg Cotisation:

(donnant droit i l'envoi du bulletin)

Ordinaire, 12 fr.; de soutien, 24 jr.

Etudiants, habitants des quartiers anciens (Auge • Neuveville - Bourg) : SO % de réduction, C.C.P. 17-6883 1700 Fribourg

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L'INVENTAIRE DU QUARTIER DE L'AUGE

1. La réalité vécue

Les quartiers de l'Auge et de la Neuve- ville, lovés sur les berges de la Sarine, forment communément «la Basse», expres¬

sion quelque peu péjorative aux yeux des habitants de la ville haute. Car ces anciens quartiers artisanaux, industriels et commer¬

çants jusqu'au 19e siècle, se sont mués en quartiers dortoirs au caractère populaire très marqué: isolés du reste de la ville, ils forment deux «villages» bien distincts.

Au cours de ces dix ans, ces deux, quar¬

tiers marginaux sont sortis de l'oubli (l'ac¬

tion de PRO FRIBOURG et une série de publications, dont l'enquête-participation du quartier de l'Auge, en 1968, y ont contribué), ils sont apparus sous un jour nouveau, dans leur réalité de quartiers aussi pittoresques que jeunes et bien vivants. La presse et bientôt la télévision ont exploité un «cadre» exceptionnel et les Fribourgeois les premiers ont pu, au tra¬

vers de leur petite lucarne, réajuster leurs lunettes et leurs préjugés.

Les autochtones ressentirent une fierté nouvelle d'être des «vrais de la Basse» et, par leurs associations de quartier, firent renaître un Carnaval fribourgeois tombé en quenouille et ont requinqué une fête de Saint-Nicolas que les esthètes et les bons bourgeois d'en haut s'essoufflaient à main¬

tenir.

Du coup, alors qu'on s'obstinait encore à promener les rares touristes de la Cathé¬

drale au Musée, on s'avisait d'organiser pour la première fois en 1973 (!) des visites guidées régulières de la Vieille Ville,

«Basse» y comprise... Cette reconnaissance quasi officielle de ce qui fait le charme de Fribourg, son «paysage» - cette dégringo¬

lade de toits, ces rochers gris, ces buissons et ces eaux glauques mêlés - arrivait après une suite de gaffes aussi désespérantes que monumentales, telles ce maintien d'une usine à gaz en plein site historique, ou l'implantation plus discrète, n'étaient les panaches de fumée nauséabonde, d'une usine d'incinération des ordures.

Et si l'on additionne les restaurations pour faire «joli», les lanternes pour faire

«vieux» et les quelques artisans pour faire

«vrai», on est tenté de dire que tout va pour le mieux, et c'est vraiment ce qui se pense en haut lieu. Mais c'est compter sans les habitants!

C'est là que les choses se gâtent. Le quartier de l'Auge n'est pas content car, chiffres en mains (et un récent «Inventaire de la rue d'Or» est venu mettre le doigt sur la plaie), la population baisse; c'est l'exode de plus en plus accéléré des habitants d'origine. Alors, cela finit par éclater, le quartier de l'Auge s'insurge, annule son Carnaval en pleine période électorale, sau¬

tant ainsi sur l'occasion de se faire enten¬

dre, parce que, politiquement, statistique¬

ment parlant, le quartier ne fait plus le poids.

Des réactions irritées de milieux politi¬

ques laissèrent planer le doute qu'en fin de compte, on ne serait pas trop mécontent de voir se disperser, se diluer dans les HLM périphériques, ce dernier carré de popula¬

tion frondeuse et remuante. Elle donne pourtant encore visage humain à une ville en passe de verser dans la grisaille anonyme de la vie moderne.

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2. La réalité au travers des chiffres

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<o « NEUVEVILLE

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2711 2J62 ---•— V

Ce qui frappe au premier, coup d'œil, c'est que, dans l'après-guerre de 1948 à 1973, la population de la Basse-Ville a baissé de moitié (de 5900 à 2800 habitants), alors que la ville de Fribourg a connu, durant cette période, une croissance démo¬

graphique régulière (de 28 154 habitants en 1948, à 36 610 en 1963, et 42 428 à fin 1973).

On a parlé à ce sujet de «retour à la normale». De fait, avec la disparition de l'artisanat et du commerce qui faisaient sa prospérité jusqu'au milieu du 19e siècle, la Basse-Ville s'était prolétarisée; on s'entas¬

sait dans de petits logements qui étaient souvent des arcades ou des ateliers trans¬

formés. Ainsi la population du quartier de l'Auge était en 1940 le triple de celle de 1800, pour pratiquement le même volume bâti. En 1940, selon une enquête officielle, un quart des logements étaient déclarés insalubres et seulement 40% étaient consi¬

dérés en bon état. Dans l'immédiat après-

guerre, l'amélioration des conditions de vie et la construction de HLM vont nécessai¬

rement entraîner tin exode des habitants des taudis ou des logements sans confort.

A partir des années 60, cette diminution de la population d'origine va être compensée par l'afflux de travailleurs étrangers à la recherche de logements bon marché et contraints de se contenter de ce qu'ils trou¬

vent.

De 1968 à 1973, cette évolution va s'accé¬

lérer et la diminution de la population d'origine est si rapide qu'on peut se deman¬

der si on n'a pas atteint un point de rupture.

Tant dans le quartier de l'Auge que dans celui de la Neuveville, la population suisse a diminué durant ces cinq années de près de 30%.

(Pour plus de détails, se référer a ^In¬

ventaire de la rue d'Or», paru en décembre 1973).

G.B.

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Statistique des restaurations 63-72 Un lieu commun éculé et trop souvent resservi présente la basse ville comme un ensemble de belles façades abritant des taudis. Il faut heureusement reviser cette approximation arbitraire, puisque la moi¬

tié des maisons ont fait durant les dix dernières années l'objet d'une amélioration du confort, alors qu'à peine 15% des faça¬

des ont été retouchées durant cette même période (p. 14). La mise en évidence des matériaux originaux, la découverte de pla¬

fonds, de boiseries, de serrureries, de pein¬

tures même parfois, manifeste un désir d'authenticité et d'originalité dans le choix du cadre de vie. Environ soixante maisons ont été pourvues du confort indispensable.

Mais une douzaine de maisons ont été vidées de leur substance: C'est trop, à l'heure où une très large couche de la population se rend compte de la nécessité de conserver non seulement les façades, mais aussi le cadre de vie et la substance historique des maisons.

Près de cent maisons restaurées en dix ans de haute conjoncture, le chiffre est énorme. Reflète-t-il la réalité? Non, puis¬

que de nombreux travaux faits directement après la guerre n'entrent pas dans cet inven¬

taire; même, et ce n'est pas rare, si les maisons sont intactes et confortables ; parce que de nombreuses restaurations partielles, complétées au rythme des disponibilités financières des propriétaires seront bientôt à compter dans les immeubles totalement remis en valeur. L'image des restaurations est cependant caractéristique si on analyse les travaux entrepris dans chaque rue. La Place du Petit St-Jean a été, juste après la guerre, le champ d'action privilégié d'une spéculation à courte vue, favorisée par le laisser aller d'une autorité communale trop soucieuse de l'humeur de certains électeurs.

La plus belle place de la ville est définitive¬

ment compromise par quatre reconstruc¬

tions qui jurent dans leur volume autant que dans leurs matériaux.

Une politique de laisser faire a prévalu encore ces dernières années «Derrière les Jardins», et c'est d'autant plus regrettable

que ce secteur, jusqu'ici sans grand intérêt, va servir de cadre à la place de jeux où on attend un nombreux public. Par contre, la Rue des Forgerons, délabrée et insalubre il y a peu d'années, est en train de revivre grâce à l'Association du logement popu¬

laire, soutenue et animée par le Syndic.

Les logements sont confortables bien que l'on puisse déplorer une perte de substance sensible, dans les immeubles 10 et 12.

L'arrêté instituant des mesures urgentes en matière d'aménagement du territoire a provoqué une prise de conscience dont l'impact a encore été renforcé par le reten¬

tissement de l'année de l'environnement.

Un amendement du règlement des cons¬

tructions doit assurer des bases juridiques renforcées à cette prise de conscience.

Celui-ci devrait garantir absolument:

a) les gabarits existants qui ne devraient plus être modifiés, quelles que soient les raisons et les pressions exercées par les requérants;

b) la remise en état du décor intérieur et la conservation intégrale de tous les éléments remontant à plus d'un siècle;

c) l'interdiction de transformer ou amé¬

nager toute annexe ou verrue recons¬

truite dans les cours ou obstruant les ruelles autrefois existantes entre deux rangées de maisons;

d) le rachat systématique, avec le finan¬

cement de la Confédération, des quel¬

ques éléments enlaidissant la zone de verdure;

Avec l'aménagement de parkings de dissuasion à l'entrée des quartiers histo¬

riques, ces options assureraient plus qu'un décor la qualité de vie de$ habitants. A l'heure où l'Auge et la Neuveville étaient à leur apogée, les cités lombardes faisaient peindre sur les murs du palais communal les effets du bon gouvernement. Aujour¬

d'hui, le visiteur des quartiers anciens pourrait retrouver ces scènes dans la vie quotidienne plutôt que dans les déclara¬

tions de principe ou les affiches touristi¬

ques.

Etienne Chatton

Conservateur des monuments historiques.

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3. La réanimation d'un quartier dortoir

L'équipement commercial et artisanal

en 1963 en 1973

cafés-restaurants 7 7

commerces de première

nécessité 22 13

commerces s'adressant à

la clientèle extérieure - 7*

artisans tenant boutique

ou occupant une arcade 1 9

galeries d'art — 2

30 38

* dont S antiquaires-brocanteurs

Le déclin du commerce traditionnel est donc actuellement largement compensé par le développement d'activités nouvelles. Ce renouveau reste cependant très précaire, il suit d'ailleurs la pente facile, celle de la brocante, qui a débouché sur la création d'un marché aux puces sur la place du Petit Saint-Jean (le premier samedi du mois durant la belle saison). Si le marché est un succès, on peut pourtant se demander si cette tendance va contribuer à revaloriser l'image du quartier. Il faut souhaiter que des activités se développent en accord avec la mise en valeur d'un ensemble historique:

à la fois sur le plan culturel (ce que les deux galeries et le petit Théâtre au Stalden ont entrepris) et sur le plan d'un artisanat de qualité.

Actuellement, la plupart des 80 anciennes arcades recensées (sur 180 immeubles) sont désaffectées, une trentaine étant transfor¬

mées en logements et le reste en dépôts ou garages. L'amorce de réanimation est enco¬

re trop fragmentaire et discontinue pour qu'un véritable courant commercial se crée.

Lors des travaux de restauration, il serait utile d'inciter les propriétaires, par une aide financière appropriée, à rendre aux anciennes arcades leur destination pre¬

mière, en priorité sur l'axe Stalden, Sama¬

ritaine, Place du Petit Saint-Jean; la rue

d'Or méritant un traitement particulier en raison de son exceptionnelle unité archi¬

tecturale. Il conviendrait de mettre ainsi des arcades et des locaux à des prix aborda¬

bles à disposition des artisans ou d'activités culturelles, en donnant en contrepartie une garantie de location aux propriétaires.

A fin 1972, PRO FRIBOURG avait publié un «guide des artisans» de la Vieille Ville et, l'été suivant, la Société de dévelop¬

pement locale organisait pour la première fois des visites guidées régulières. Ces efforts devront être poursuivis tout en gar¬

dant à l'esprit que la réanimation commer¬

ciale et culturelle de la Basse-Ville est un support du développement touristique... et non l'inverse. En effet, dans les conditions présentes, les touristes de la saison d'été ne sont encore qu'un apport marginal, et c'est surtout au public local et régional qu'il convient de faire découvrir les activités nouvelles de la Basse-Ville.

Un équipement touristique doit être encore créé de toutes pièces: il n'y a qu'un petit hôtel-restaurant à la Neuveville et les deux quartiers ne possèdent guère que des bistrots dont seuls quelques-uns font un peu de restauration. Il y aurait place pour un petit hôtel de qualité et pour des restau¬

rants au cadre soigné. Mais la présence encombrante de l'armée, qui utilise comme caserne un splendide bâtiment du 17e siècle dans le quartier de la Neuveville a offert jusqu'à maintenant une solution de facilité

pour les cafés aux alentours.

La mise en valeur sur le plan touristique de la Basse-Ville ne pourra se faire sans une large concertation des milieux intéressés pour l'application d'une politique cohé¬

rente visant à long terme à écarter les activités perturbantes (armée, usine à gaz, patinoire «couverte» des Augustins, pri¬

son, chantiers et dépôts), à promouvoir des activités nouvelles appropriées, à trouver une meilleure utilisation pour les bâtiments appartenant à la collectivité (Werkhof, Bâtiment de la Planche, Ancienne Com- manderie de Malte, Réfectoire des Augus¬

tins).

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CHANGEMENTS ET PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION Le quartier de l'Auge est en train, pour

les uns, de perdre son caractère, et pour les autres d'en changer. Nous ne reviendrons pas sur les études que nous avons publiées soulignant cette évolution (Enquête-parti- cipation en 1969 et Inventaire de la rue d'Or en 1973). Rappelons simplement que la caractéristique du quartier de l'Auge était, jusqu'à ces dernières années, d'être un quartier essentiellement ouvrier et d'être un quartier bilingue. En 1965, les ouvriers formaient 72 % de la population contre 44 % dans l'ensemble de la ville de Fri- bourg. A la même date, 49 % de la popu¬

lation suisse du quartier parlaient l'alle¬

mand, alors que la proportion n'était que dé 27 % pour la ville. L'exode des habi¬

tants d'origine et le sérieux brassage qui en résulte entraînent la prédominance du français et une plus grande diversification sur le plan social.

Le moteur de ces changements est, pour une part, le fait que l'Auge, comme le quartier voisin de la Neuveville, sort de son isolement. La Basse-Ville a été «décou¬

verte» tout d'abord par les. nouveaux arri¬

vants qui ont été sensibles à son charme, n'étant pas influencés par les préjugés am¬

biants. Les Fribourgeois, les jeunes les premiers, ont suivi.

Verra-t-on se développer un «snobisme»

de la Vieille Ville comme à Bâle ou à Genève? On peut le craindre en voyant les amateurs de plus en plus nombreux à la recherche d'une maison ou d'un logement.

Le résultat ne s'est pas fait attendre: les prix montent, alors même que la hausse inflationniste des coûts de construction rend une restauration chaque jour plus hasardeuse. Les habitants du quartier aux ressources modestes ne peuvent dès lors plus acheter une maison et les propriétaires qui n'ont pas les moyens d'entreprendre une restauration coûteuse sont tentés de céder aux offres qui leur sont faites.

Le malheur veut que le système de subventionnement en vigueur favorise sur¬

tout ceux qui, disposant de moyens finan¬

ciers, envisagent une restauration globale.

Ceux-là aussi sont moins affectés par les délais très longs pour le versement des subventions. Le petit propriétaire qui pro¬

cède par étapes, qui améliore logement après logement quand l'occasion se pré¬

sente, sans chasser de locataire, est, à dire vrai, désavantagé et renonce souvent à entreprendre les démarches nécessaires, car il n'a pas obligatoirement recours à un architecte. Ces restaurations étalées offrent pourtant de meilleures garanties, parce que faites avec soin et amour, que les restaura¬

tions d'un seul coup visant souvent à obte¬

nir exclusivement le meilleur rendement possible. C'est ainsi que quelques immeu¬

bles ont été systématiquement vidés et aménagés en studios au plus grand dam des habitants de la Basse-Ville.

Les autorités locales ont certes cherché à freiner cette évolution, bien que ne dispo¬

sant pas de moyens légaux pour le faire.

Elles ont surtout orienté leurs efforts, par l'intermédiaire de l'Association pour le logement populaire, vers l'achat et la res¬

tauration d'immeubles. Dans le meilleur des cas (par exemple, celui de la Maison Moses à la rue de la Palme), la restauration s'est faite de manière à maintenir les loca¬

taires en place. Mais l'ampleur et la durée des travaux que nécessitaient certains im¬

meubles vétustés, en particulier ceux de la rue des Forgerons, a contraint au départ leurs occupants, contribuant ainsi au bras¬

sage de la population.

Les méthodes utilisées aboutissent dans ce cas à la construction neuve de HLM, confortables selon les normes de ce type de bâtiments, mais sans caractère, derrière le placage d'une façade ancienne.

De telles méthodes peuvent être révisées sans dommage, de manière à tirer mieux parti de ce qui existe, en mettant en valeur les éléments d'origine et les volumes inté¬

rieurs, ne serait-ce que par mesure d'écono¬

mie...

C'est ce que nous allons maintenant examiner.

11

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Et maintenant, des exemples...

On vous épargne les mauvais,

notre but n'étant pas de faire un procès.

Nous voulons montrer qu'on peut faire mieux, avec un peu d'imagination.

Sans tout casser, sans tout massacrer...

Il s'agit de transmettre ce qui nous a été transmis.

12

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QUARTIER DE L'AUGE

OWECTIF 61

CD (ATinEW A FACADE GOTHIQUE XV "XVI"

H WiTU-IEm A FACADE 6AH.OQUE ET CLASaQUE XVII XVIII' WIMEnr A FACADE D'EPOQUE KCnAHTIQUE XIX"

■■ thTinEtlT MODE MIE XX"

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fkE5TAUP.ATIOn DE FACADE EFFECTUEE LECEMMEI1T ÔELon LE5 ^GllS FACADE ETAT AHCIEH -SATISfAISAtlT k.E5TAUMTIOn DE FACADE ÔOUHAITEE

FACADE non mTEGME ELEHEnT-!) OMGIttAUA DI3TAMJ5 -

DimiTion ÔOUHAITEE LA -5AWNE

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et après.

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Stalden 12a

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Des exemples d'utilisation des combles

M Stalden 12a

-4 Stalden 14a

Stalden 16 ►

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Rue des Forgerons Forgerons 3

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LES EXEMPLES COMMENTÉS Les immeubles Stalden 12a et 14

Le Stalden 14 est composé de deux im¬

meubles distincts séparés par une petite cour: celui donnant sur rue date du 16e siècle alors que le bâtiment côté falaise, s'il présente des éléments anciens au rez-de- chaussée, a été reconstruit dans sa partie supérieure, vraisemblablement à la suite d'un incendie au début du 19e s.

Pour la petite histoire, le Stalden 14 était propriété, à cette époque, de Joseph- Emmanuel Moser, armurier et huissier d'Etat, frère d'Aloys Moser, le facteur d'orgues.

Une première restauration a été entre¬

prise en 1914, une restauration qui a heu¬

reusement respecté le haut de la façade et particulièrement les deux fenêtres à me¬

neaux intactes du 2e étage ( #p. 21). Par contre le rez-de-chaussée a été remanié pour aménager une arcade néo-gothique d'une surface beaucoup trop grande. Le linteau original de la porte d'entrée a été détruit et la cage d'escalier dans la cour reconstruite. Par chance l'intérieur de la maison n'a pas été touché lors de cette restauration.

Les travaux actuels ont été menés par étapes, la première ayant consisté à dégager la salle du 1er étage pour lui restituer son volume primitif: des boiseries du 16e siècle ont été retrouvées et la date de 1588 est apparue sur un crépi ( #p. 21).

Plus récemment, la partie côté falaise a été restaurée et un logement en duplex aménagé en utilisant le 2e étage et les combles ( 9p. 22 bas).

Il reste à dégager la salle du 2e étage côté rue, à reprendre la cage d'escalier et éventuellement à redonner de meilleures proportions à l'arcade.

Le Stalden 12 présente les mêmes dispo¬

sitions que le 14: deux immeubles séparés par une cour. Mais alors que le bâtiment côté rue a été (mal) transformé dans l'im¬

médiat après-guerre, le bâtiment côté falai¬

se a été laissé à l'abandon et se trouvait inhabité depuis quelques années quand il a

pu être racheté, pour être joint au Stalden 14 par le percement du mur mitoyen sépa¬

rant les deux cours. Ce petit bâtiment déla¬

bré ne semblait présenter aucun intérêt et aurait pu être démoli sans encombre. C'est pourtant celui qui a réservé le plus de surprises et de trouvailles intéressantes. Le volume du 1er étage, compartimenté en quatre pièces exiguës, une fois dégagé, a laissé apparaître une salle de bonnes dimen¬

sions, au plafond d'origine à caissons, ornée d'une fresque murale datée de la première moitié du 17e siècle. Le dallage en carreaux de terre cuite du 16e siècle ainsi que les vitraux en cul-de-bouteille ont pu être récupérés dans des immeubles en trans¬

formation ( #p. 18-20).

La découverte et la mise en valeur de ces éléments n'a été possible que parce que le propriétaire a entrepris lui-même les premiers travaux de déblaiement, ce qui est toujours à conseiller. Les indices et les éléments que l'on trouve en cours de route vont conditionner l'aménagement futur, et il est bien évident que la fresque aurait pu être réduite en quelques coups de marteau à l'état de tas de gravats. Les plans de restauration ont dû être modifiés en fonc¬

tion des découvertes faites et il faut souli¬

gner que, s'il faut partir avec des idées, il faut qu'elles soient assez souples pour se laisser guider, pénétrer par le caractère du bâtiment.

Ajoutons que le sauvetage du Staldea 12a a été rendu particulièrement ardu du fait que, vraisemblablement au début du siècle, le contrefort d'angle côté falaise s'est par¬

tiellement effondré provoquant une dislo¬

cation avancée de la façade. Les répara¬

tions sommaires faites alors ont dû être reprises en sous-œuvre, un sabot de béton venant renforcer l'angle du bâtiment. Les maisons juchées si pittoresquement sur les falaises de molasse peuvent poser des pro¬

blèmes de consolidation très onéreux: il suffit pour s'en convaincre d'examiner les travaux en cours pour l'immeuble Stalden 24 (voir photo p. 4). G. B.

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Stalden 16

Monsieur Jean-Pierre Dorthe, géologue, a acheté cette petite maison alors qu'elle était dans un état de délabrement complet, un véritable taudis. De cet immeuble par¬

ticulièrement étroit (c'est un couloir de 3 mètres de large sur 26 de long), il en a tiré parti, avec l'aide d'un architecte, de manière très ingénieuse, ainsi que les photos le démontrent ( 9p. 23-25).

Député et Conseiller général, membre de la Commission d'urbanisme, Monsieur Dorthe est intervenu avec constance, fort de son expérience personnelle, pour faire cesser le saccage à l'intérieur des immeu¬

bles:

«Les maisons étroites, qui sont la règle dans notre Vieille Ville, avaient une destina¬

tion familiale unique, elles devraient rester individuelles dans la mesure du possible et revenir ainsi à leur utilisation première. Or, la tendance actuelle de transformation consiste plutôt à grouper plusieurs maisons étroites, de manière à introduire un mode d'utilisation horizontal et non plus vertical.

Pour éviter d'autres erreurs, j'estime aussi que l'aménagement de ces maisons doit sui¬

vre la ligne d'une nouvelle architecture qui tend à fournir le gros-œuvre et les aménage¬

ments importants; sanitaires, chauffage, etc., en laissant le soin à l'utilisateur d'amé¬

nager dans le détail; les structures intérieu¬

res étant ainsi préservées au maximum.

L'utilisateur peut ainsi travailler lui-même, ressortir tous les éléments intéressants : pou- trcdson, mur de pierres, fresques éventuelles.

D'ailleurs, le portrait robot de l'utilisateur idéal doit être nécessairement celui d'un bri¬

coleur. Peut-être est-ce par mimétisme que les habitants de nos quartiers anciens sont bricoleurs de nature.

Cette façon de travailler me paraît être le seul moyen de réduire les coûts de finition qui grèvent lourdement les budgets de trans¬

formation.

Une telle manière de faire n'est cependant possible que dans la mesure où la structure interne de l'immeuble est encore saine.

Dans le cas de transformations où l'utili¬

sateur non spécialiste intervient par son travail, il est urgent de revoir les modes de subventionnement et les règlements de cons¬

truction qui ne sont prévus actuellement que pour des constructions neuves et ne peuvent satisfaire à une manière économique de résoudre les problèmes de restauration des immeubles anciens.

L'exemple type de l'adaptation des règle¬

ments est celui des nouveaux escaliers néces¬

saires qui satisferaient à leurs exigences. Les normes sont trop strictes; obligent à des sacrifices de volume important; parfois l'es¬

calier réglementaire hypothèque complète¬

ment les chances de transformer. Mais là se greffe le problème de l'imagination de l'archi¬

tecte qui transforme.

Parce que l'escalier peut aussi bien avoir des fonctions autres que celle de passer d'un étage à l'autre, il peut s'intégrer à une pièce de séjour, devenant tour à tour siège, endroit de jeux, étagère ou autre élément, sans accaparer à son seul usage propre une gran¬

de partie de l'espace.

Cette réflexion amène à préciser le rôle de l'architecte dans une transformation d'im¬

meuble ancien, rôle qui exige un grand effort d'imagination comme une modestie, une humilité face aux données qui témoignent des formes et modes de l'habitat ancien où devrait sans heurts s'adapter le confort mo¬

derne».

Samaritaine 20

Cette petite maison d'artisan typique du 16e siècle fribourgeois, a été acquise il y a une dizaine d'années par un enfant du quartier, employé au CFF. Monsieur Paul Gross, qui est également un artiste-peintre, l'a restaurée lui-même. C'est le parfait exemple d'une restauration consciencieuse, entreprise progressivement avec de petits moyens, sans aucune aide officielle.

Mais voici le témoignage de Monsieur Paul Gross:

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J'ai toujours voulu avoir une maison, c'est mon plus grand plaisir. J'ai travaillé avec mes propres mains, avec ma seule paie, sans subvention, car je n'ai rien demandé. J'ai seulement reçu un prêt des chemins de fer, où je suis employé. Bien entendu, si j'avais dû donner le travail à faire par des entre¬

prises, je n'aurais même pas pu acheter ma maison. J'ai donc tout fait moi-même, j'ai ainsi arraché le toit, changé la poutraison, nettoyé et réutilisé les vieilles tuiles. A cette occasion, j'en ai trouvé une datée de 1538.

J'ai bien entendu mis le confort, installé le chauffage central, amélioré les chambres, aménagé une salle de bains. Des amis sont bien venus m'aider au début, mais j'ai prati¬

quement tout fait seul. Mais pour vivre ainsi dans un chantier, bien sûr, il faut que la femme soit d'accord. Encore maintenant, je n'ai pas terminé, il y a toujours quelque chose à faire dans une maison.

Et pour certaines choses, j'attend d'avoir les moyens : ainsi j'ai découvert un très beau plafond peint au 1er étage: je l'ai couvert provisoirement avec du pavatex de manière

à pouvoir le restaurer un jour.

J'ai eu la chance de pouvoir acheter ma maison à un moment où leur prix dans le quartier était encore raisonnable. Mainte¬

nant, cela ne serait plus possible. Les mai¬

sons qui se vendent, ceux du quartier aime¬

raient bien les acheter, mais ce sont des gros du dehors qui peuvent seuls donner le prix...

Je souhaite que se constitue une petite société en bas, entre propriétaires du quar¬

tier, pour veiller aux améliorations. Il fau¬

drait que le Conseil Communal de la Ville nous appuie, de manière à ce que nous puissions intervenir pour éviter les erreurs.

Il faudrait aussi demander le retour des œuvres d'art (enseignes, statues) qui ont été enlevées. Il faudrait maintenir le pavage et supprimer le goudronnage partout. Et veiller aussi à une plus grande propreté: c'est affaire de la voirie comme aussi des proprié¬

taires».

Samaritaine 21 et 23

Nous pouvons retracer l'histoire de la maison Samaritaine 23 jusqu'en 1606, où elle est représentée sur le plan Martini (voir «Inventaire de la rue d'Or» p. 40).

A cette époque, elle est jointe à sa voisine, l'actuel N° 25. On les reconnaît, sur le plan Martini, toutes deux recouvertes d'une toiture commune, constituant ensemble l'Auberge de l'Aigle d'Or. Cet établisse¬

ment quitta le quartier au cours du 18e siècle. C'est alors probablement que la façade sur rue est remaniée. Au 19e siècle, un boulanger s'installe au rez-de-chaussée, il y construit un four à pain et supprime du même coup l'escalier montant au 1er étage. Dès lors, la maison se trouve à nouveau liée avec une voisine, la N° 21 cette fois-ci.

Cette dernière a une histoire moins fournie: sur le plan Martini, elle n'est qu'un petit bâtiment à deux étages. Un incendie en détruit les combles au 19e siècle, sur quoi le propriétaire reconstruit la façade et surélève la maison d'un étage.

En 1955, les deux maisons deviennent propriété d'un architecte de la place, un projet de restauration est élaboré. La mai¬

son étant encore habitée, le début des travaux est sans cesse repoussé. L'état de délabrement des façades, le manque de confort emportent finalement la décision.

Les idées directrices de la restauration sont dès lors:

— garder les anciens locataires,

— refaire à fond la toiture, le chauffage, l'installation sanitaire, la restauration de la façade,

— maintenir des locations raisonnables,

— conserver le cachet de la maison.

Les travaux durèrent une année, néces¬

sitant une surveillance attentive qui per¬

mit d'éviter d'irréparables dommages (des¬

truction de plafonds, anéantissement de fresques...). Avant le début de la restau¬

ration, des plans minutieux ont été dres¬

sés, divers sondages effectués. En cours de

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travaux, il a cependant fallu modifier l'idée de départ à l'occasion de diverses dé¬

couvertes.

Remarques:

- La réunion de deux maisons est une solution qu'il serait faux d'exclure d'em¬

blée. Dans notre cas, avec un certain recul, le résultat est satisfaisant. Il existe d'au¬

tres exemples de regroupements, pour la plupart des échecs, car on a oublié une règle d'or: «une maison sans porte est un visage sans bouche». Remplacer la porte d'entrée par une fenêtre est une grave erreur, de même que les caractéristiques propres à chaque maison interdisent l'uti¬

lisation d'éléments uniformes tels que lucarnes, éléments en fer forgé, coloris.

Dans notre restauration, les dimensions modestes de l'immeuble, le maintien des deux portes d'entrée (une servant actuel¬

lement d'entrée au magasin) respecte, aussi bien intérieurement qu'extérieure¬

ment, le caractère autonome de chaque maison.

- Le maintien de la cage d'escalier, dont la construction remonte probable¬

ment à la fin du 18e siècle, donne à l'en¬

semble un côté sympathique. Les parties communes d'une maison, telles qu'esca¬

liers, contribuent à une bonne convivence, dans la mesure où elles sont accueillantes.

Trop souvent, celles-ci sont détruites pour gagner de la place ou pour toute autre raison. Même des immeubles restaurés avec discernement ont des cages d'esca¬

lier en «pierre artificielle», ressemblant par là davantage au dernier né des HLM de mauvaise façon, qu'à une maison ancienne.

- Même démolir coûte cher. On n'a pas le droit de tirer un trait destructeur sur tant de beautés que les anciens habi¬

tants de cette ville nous ont laissé. Si on pas les moyens de restaurer une peinture, si on n'aime pas la voir dans sa salle à manger, il est toujours possible de la mettre à l'abri. Qui sait, peut-être un jour, change-t'on d'idée, ou un autre locataire sera-t-il heureux de la mettre en valeur?

Si vraiment un fourneau à catelles est trop encombrant (un bel objet peut-il l'être?), il reste toujours la possibilité de le remonter ailleurs dans le quartier, pourquoi pas dans un local public pour la satisfaction de tout le monde, et comme encourage¬

ment à une meilleure politique de restau¬

ration de ces établissements?

— Nous avons la chance d'avoir dans notre ville le président de la Commission fédérale des monuments historiques ainsi que le Conservateur cantonal. Leurs con¬

seils nous ont été précieux. Pourquoi ne pas profiter encore davantage de leur expérience?

— Une surveillance minutieuse s'im¬

pose sur tout chantier dans la Vieille-Ville.

L'Edilité ne devrait-elle pas exiger un minimum de connaissances en histoire de l'art chez tout architecte voulant y tra¬

vailler? Les entreprises ayant transgressé les règlements communaux s'appliquant à la Vieille Ville ne devraient-elles pas être pénalisées au même titre que les proprié¬

taires? L'accumulation de petites erreurs telles l'utilisation de novopan pour des entrées de caves, du fer galvanisé comme ferrements... détruisent petit à petit le charme que nous voudrions conserver à notre quartier.

Pietro Gerber Grand-Rue 56

Avec ce grand bâtiment du quartier du Bourg, nous abordons une restauration à une autre échelle: celle d'une demeure patricienne du 17e siècle, aux volumes internes préservés, ayant gardé une partie de sa décoration intérieure.

Elle était à cette époque la résidence de François-Philippe de Lanthen-Heid, che¬

valier de l'Ordre de Saint-Michel, ambas¬

sadeur auprès du roi de France et membre des Conseils de la ville de Fribourg, dont il revêtit en 1688 la haute charge d'Avoyer.

C'est à lui qu'on doit les traits marquants de l'immeuble Grand-Rue 56, sa façade, son porche d'entrée et l'essentiel de sa décoration somptueuse. Il fit également

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construire, aux portes de la ville, une résidence d'été, le château de la Poya, au parc bien tracé, de la terrasse duquel on embrasse tout le panorama de Fribourg.

Les décorations intérieures de la Poya et de la résidence de la Grand-Rue sont de même facture et portent la marque du goût fastueux de leur propriétaire. ( • p. 32) Les étapes d'une restauration:

Ce bâtiment se trouvait, à son achat en 1963, sans aucun confort et dans un état de délabrement avancé. Il n'était resté aux mains de familles aristocratiques que jus¬

qu'au milieu du 19e siècle. Il avait été ensuite transformé en maison locative et avait souffert d'un manque chronique d'entretien. Une restauration de fond en combles était devenue nécessaire.

Un relevé complet a été établi à l'échelle 1/50 et des sondages systématiques faits à tous les niveaux. La belle imité archi¬

tecturale de la façade et de la décoration intérieure est alors apparue trompeuse:

le bâtiment actuel recouvre en fait trois anciens immeubles remontant au 13e siècle (caves), remaniés à l'époque Renaissance et finalement regroupés à la fin du 17e siècle, en gardant les murs mitoyens tout en effectuant des percées et un alignement des niveaux; la nouvelle façade étant sim¬

plement plaquée sur le tout. C'est ainsi que des éléments plus anciens ont été dégagés, dont un plafond sculpté et peint du début du 16e siècle. Au vu de ces découvertes, les experts des commissions fédérales et cantonales des monuments historiques, le maître d'œuvre et l'architecte ont dé¬

fini ce qui devait être préservé, complété et restauré. La surveillance serrée des tra¬

vaux a permis de modifier les plans en cours de route en fonction des éléments de valeur qui étaient mis à jour.

Il a été décidé au départ de reloger dans toute la mesure du possible les habitants de l'immeuble sur place, ce qui nous a contraint de procéder par étapes, niveau après niveau, en commençant par le troi¬

sième étage, ce qui a évidemment compli¬

qué et prolongé les travaux. Cette manière

de faire s'est révélée un échec partiel puisque finalement un locataire sur les trois anciens (mais en fait la seule famille) a pu être relogé sur place. Dans le cas d'une restauration aussi importante, né¬

cessitant de nombreux percements pom:

les amenées d'eau et d'électricité et les écoulements, le maintien en place des locataires est pratiquement impossible, du fait des nuisances qu'ils doivent sup¬

porter et des suppléments de frais que cela occasionne.

La restauration minutieuse des éléments artistiques, particulièrement de l'ensemble des stucs, qui a pu être intégralement sauvé, a provoqué un sérieux retard des travaux, lesquels ayant commencé en février 1971, se terminaient en avril 1974, l'immeuble étant à cette date entièrement occupé, soit au bout de 40 mois...

Le bilan humain de la restauration Les étages nobles ont retrouvé une utilisation proche de celle d'origine:

utilisés comme bureaux et locaux de réception, en particulier par une étude d'avocats, ils sont de nouveau partielle¬

ment ouverts au public. L'utilisation pré¬

sente n'est pas irréversible et la possibilité de les transformer un jour en logements reste ouverte. Un équilibre a pu être trouvé en utilisant le vaste volume des combles pour aménager des logements. Toute la partie haute, la mieux ensoleillée, a pu être réservée à l'habitation. Le nombre des habitants actuels logés dans de bonnes conditions est ainsi supérieur à celui des mal-logés d'avant restauration.

Du fait même de la durée des travaux, des amateurs se sont présentés et il a été possible de tenir compte de la conception et des désirs des futurs utilisateurs dans l'aménagement intérieur. Un exemple en est donné par les photos avant-après de la page 34, où le déplacement d'une panne pour dégager l'accès à une lucarne a été fait à la demande du futur occupant.

Le relogement de la seule famille habi¬

tant l'immeuble a pu être effectué de la manière suivante: alors qu'elle occupait

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précédemment un niveau entier sans con¬

fort pour le prix mensuel de fr. 191.-, elle a déménagé dans un trois pièces- cuisine, salle de bains, WC, d'une surface inférieure de moitié, mais avec tout le confort moderne, pour fr. 240. — par mois, ce qui est inférieur aux prix pratiqués par les HLM de nos jours.

Une remarque s'impose: il faudrait évidemment pouvoir reloger tous les habi¬

tants qui le désirent soit sur place, soit dans le même quartier: c'est particulière¬

ment souhaitable pour les personnes âgées et les familles. Cela nécessiterait des opéra¬

tions-tiroirs qui devraient être coordon¬

nées au niveau communal...

Evolution de l'utilisation de l'immeuble Grand-Rue 56 :

L'utilisation de l'immeuble a suivi, au cours des deux dernières décennies, l'évolution suivante:

Niveau: en 1956: en 1963: en 1974:

rez 1 logement, 6 hab. inhabité (dépôt) bureaux Jer 1 logement, 5 hab. 1 logement, 2 hab. bureaux 2e 1 logement, 7 hab. 1 logement, 4 hab. bureaux

3e 1 logement, 3 hab. 1 logement, 1 hab. 2 logements, 4 hab.

4e inhabité (combles) inhabité (combles) 1 logement, 2 hab.

5e inhabité (combles) inhabité (combles) 1 logement, 4 hab.

au total 4 logements, 21 hab. 3 logements, 7 hab. 4 logements, 10 hab.

et le bilan financier:

Du caractère exceptionnel de cette res¬

tauration, découle son coût élevé en raison de toutes les contraintes que nous venons d'énumérer. C'est ainsi que le montant, non définitif, des travaux s'élève à 956146 francs,* alors que l'immeuble avant res¬

tauration peut être estimé à environ 200 000 francs: le rapport est donc de 5 à 1. Ces frais se décomposent de la manière suivante:

Fr.

Gros-œuvre, toiture 307 594. - Installations techniques,

chauffage, sanitaires et cuisines 185 575.—

aménagement intérieur:

peinture, gypserie, menuiserie,

fonds et vitrerie 147 921. - Restaurations d'art 88 207.—

Façades, porche et fronton

sculpté 127 175.- Honoraires, relevés et divers 99 674. -

* Pour 3686 m* normes SIA, soit 259 francs le m*.

Sur le total de 956 146 francs, les crédits bancaires s'élèvent à 477 000 francs au taux actuel de 6V* % les subsides sont estimés à 221 762 francs, le solde étant couvert par les fonds propres.

Le rendement brut s'élève après trans¬

formation à 6,5 % (contre 6,2 avant), soit à un taux inférieur à celui admis pour lès HLM.

Au sujet des subsides, il faut préciser, qu'en raison de son caractère, l'immeuble a été classé d'intérêt régional et le taux de subvention de la Confédération porté à 30 %. Ce montant est calculé sur les frais de restauration extérieurs et intérieurs d'un monument historique, à l'exclusion des améliorations du confort. A cela s'ajoute 10 % de subvention du canton de Fribourg calculé sur la même base.

Une subvention de 10 % pour la seule restauration des façades est allouée par la Commune. L'aide officielle vient donc principalement de la Confédération.

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En conclusion Rue des Forgerons

La restauration d'une maison patri¬

cienne de la Grand-Rue n'est pas une opération à caractère social, elle a pour¬

tant son intérêt pour la collectivité. Sa Vieille Ville est l'atout touristique majeur de Fribourg, mais plus encore, il s'agit de lutter contre la dégradation du Centre- Ville en tant que cadre de vie. On voit, de plus en plus, les gros contribuables, cadres et professions libérales, fuir la ville pour retrouver à la périphérie ou en pleine campagne le calme et la verdure qui sont devenus le luxe de notre époque. Au niveau communal, cela ne fait assurément pas l'affaire du reste de la population sur lequel retombe tout le poids des impôts et des nuisances. Si l'on veut préserver le caractère résidentiel d'un quartier tel que le Gambach — une zone de verdure utile à l'ensemble de la ville — ou le redonner au quartier du Bourg, il convient d'adop¬

ter une politique cohérente. Dans le cas précis du Bourg : limiter la circulation des voitures dans ce secteur et ne pas tolérer hypocritement que, pour le profit de quelques bistrots, agents électoraux à leurs heures, se développe, aux abords mêmes de la Cathédrale, une zone mal famée rendue progressivement inhabitable.

On a laissé trop longtemps la Grand- Rue se dépeupler: n'y a-t-il pas dans cette seule artère, douze immeubles occupés par l'administration communale et cantonale?

Des bâtiments qui étaient pour la plupart précédemment des maisons d'habitation.

Le projet de regrouper l'administration communale dans l'ancien Hôpital des Bourgeois peut permettre la restructura¬

tion d'une partie de ces immeubles, comme cela a été possible à la Grand-Rue 56, de manière à redonner vie à la plus belle rue de Fribourg, qui n'a certes pas la vocation d'un dépotoir.

Gérard Bourgarel

L'amélioration des logements, à but social, a été entreprise dans la Vieille-Ville de Fribourg dès 1922 par des précurseurs groupés au sein de la «Société pour l'amélioration du logement populaire».

Dans l'esprit de l'époque, il s'agissait de mettre à disposition des personnes néces¬

siteuses ou à revenus modestes des appar¬

tements sains à un prix raisonnable et de lutter ainsi contre les taudis, la tuber¬

culose et l'alcoolisme. Depuis lors, cette Société a acquis une vingtaine d'immeu¬

bles dans les quartiers de l'Auge et de la Neuveville. Elle connait maintenant un regain d'activité à l'initiative du Syndic de la Ville. Ce dernier, au retour d'un congrès de Civitas Nostra où l'expérience de transformation d'un bâtiment ancien en HLM à Sallins-les-Bains avait été présentée, a entrepris des démarches pour réaliser une même opération à Fribourg.

C'est ainsi que, pour la première fois en Suisse, des crédits HLM ont pu être utilisés pour la restauration de quatre immeubles anciens de la rue des Forgerons, déclarés préalablement insalubres (•bas de la page 36). Cette rue doit son nom aux anciennes forges et moulins qui, jusqu'au siècle dernier étaient actionnés par le ruisseau du Gottéron: la trans¬

formation en logements de ces bâtiments adossés à la colline et très humides s'était par la suite effectuée vaille que vaille.

Leur restauration en 1972/73 équivaut pratiquement à une reconstruction pré¬

servant leur aspect extérieur. Nous re¬

grettons que cela se soit traduit par une adaptation aux normes minima des HLM (avec des pièces exiguës et des sanitaires groupés) entraînant le bouleversement des structures de ces immeubles, regroupés avec une seule entrée, et la destruction des volumes intérieurs (voir plan ci-après des Nos 10, 12, 14 et 16 de la rue des Forge¬

rons). Nous souhaitons que le tir soit corrigé lors de futures réalisations de ce genre...

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En plus de cette rangée d'immeubles, pour compléter l'ensemble autour de la fontaine de la Fidélité, les bâtiments Forgerons 3 (»haut de la page 36) et Palme 2 ont été restaurés par la même Société. La restauration réussie de For¬

gerons 3 a été entreprise en 1971/72 pour le coût de 528 000 francs et a permis de loger 4 familles dont une de sept enfants.

Opération coûteuse, puisque le montant des loyers et des subventions HLM ne couvre pas les intérêts hypothécaires et que la Commune a dû combler le déficit d'exploitation. L'immeuble Palme 2 est, de son côté, un excellent exemple de modernisation d'un immeuble ancien ef¬

fectué sans que les locataires quittent leur logement.

Transformation des immeubles 10,12,14,16 rue des Forgerons

MURS. CONSERVES

12 3 4 5*.

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LE REVERS DE LA MÉDAILLE ... d'une surélévation abusive

à un provisoire qui dure...

(la patinoire des Augustins)

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