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PRO FRIBOURG juin -juillet 1977 INFORMATIONS

Trimestriel No 33

Main basse sur la ville ?

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SOMMAIRE

DOSSIER "CONCOURS BANQUE DE L'ETAT :

p. 3 L'intégration architecturale vue par l'Atelier 5 de Berne 12 Le premier prix du concours

13 Le point de vue d'un membre du Jury :

La maison et la ville, par Pierre von Meiss, Prof. EPUL 17 Rappel historique : la création du boulevard de Pérolles 18 Le plan de 1908

20 Le concours d'un point de vue architectural 22 La banque et la ville

24 La circulation 26 En conclusion

27 Dossier photographique : d'un siècle à l'autre CHRONIQUES :

p. 32 Le congrès de Civitas Nostra 33 Actualité du plan d'aménagement

34 Pro Fribourg : une assemblée, un débat 35 En bref

Photos : Atelier 5> Berne : p. 4-10 et 30-31

Archives Pro Fribourg et Inventaire du Patrimoine : p. 27-20 G. Bourgarel : p. 1

PRO FRIBOURG publie des études et des informations sur le centre histo¬

rique ainsi que sur les problèmes d'urbanisme général de Fribourg. Le mouvement participe à la fédération internationale CIVITAS NOSTRA.

PRO FRIBOURG Secrétariat: Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

(donnant droit à l'envoi du bulletin)

Ordinaire, 15 fr. ; de soutien, 30 fr.

Etudiants, habitants des quartiers anciens (Auge - Neuvevilte • Bourg j : 50

e

,o de réduction.

C.C.P. 17-6883 1700 Fribourg

(3)

- 3 -

Fribourg, récession ou pas, se transforme de plus belle.

Mais, à l'anarchie des constructions succèdent, en paroles tout au moins,

des concepts d'urbanisme et d'aménagement.

Le projet de construction

d'un nouveau siège de la Banque de l'Etat à la place de la Gare

peut être pris comme exemple test

du passage des principes à la réalité...

D'autant plus qu'il y a eu concours d'architecture ! L'un des participants à ce concours,

1'ATELIER 5 de Berne, s'est posé clairement le problème de l'intégration architecturale.

En voici les grandes lignes :

(4)
(5)

-5-

Dans leur principe, les intentions formulées par le maître d'oeuvre et par la commune au su¬

jet du nouvel immeuble de la Banque de l'Etat de Fribourg concordent absolument. Elles dénotent un souci qui apparaît de plus en plus, à savoir qu'un bâtiment ne doit pas seulement répondre à des besoins particuliers, mais qu'il a un rôle à remplir sur le plan de l'urbanisme d'une ville, telle qu'elle s'est développée au cours de l'his¬

toire .

Il était grand temps d'ailleurs de s'en pré¬

occuper. Si tout le quartier qui s'étend des

Grand'Places à la Place de la Gare nous fait pen¬

ser à une cité allemande reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, cela signifie bien que la formule appliquée depuis 20 ans ne joue pas tout à fait.

Un problème propre à Fribourg ? Pas du tout.

Est-il possible, aujourd'hui, de citer une ville suisse qui ne soit pas dans la même situation ?

Après tout cela, ce n'est donc pas un hasard si nous prenons peu à peu conscience des grands systèmes de nos structures urbaines et des prio¬

rités qui étaient tombées en désuétude pendant plus d'une génération.

L'intégration devient alors l'objectif du maître d'oeuvre et des autorités. Les architectes

suivront. "Vite, cachons les anciens projets !"

(6)

Le critère d'un essai d'intégration ne saurait être l'adap¬

tation formelle à ce qui se trouve en face. Il s'agit plutôt de se fondre dans l'ancienne ville de Fribourg, de retrouver les règles fondamentales de son ordonnance rigoureuse. Un bâ¬

timent nouveau doit s'inscrire dans le cadre plus vaste de la ville.

Mais quelle architecture répondra à une telle exigence ?

Voyons un peu ce qui nous précède...

(7)

Commençons par l'architecture "Heimatstil" de la fin des années 30, des années 40 et 50.

On voulait alors s'adapter, le neuf devait ressembler au vieux, l'architecte devait sentir le terroir et arborer la croix suisse au bout de son crayon : période pas très heu¬

reuse.

Tout cela n'est encore rien, car on sait ce que le penchant pour le vieux neuf nous vaut aujourd'hui. Il y a déjà des grands magasins derrière des façades à colombages, pourquoi pas un immeuble administratif derrière une façade pseudo¬

classique ?

(8)

Après le "Heimatstil" vient apparemment la raison.

L'économie prend la relève du "sentiment", on simpli¬

fie à l'extrême et l'on aboutit aux façades rideaux des immeubles commerciaux des années 60 et 70. Plus personne ne se soucie de s'adapter à l'environnement.

On parle sans cesse de "l'échelle humaine", mais on

continue de construire des éléphants en costumes à

carreaux.

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Une troisième voie est la façade "expressive".

L'intérieur et l'extérieur d'un bâtiment n'ont plus rien de commun. Par bonheur, il y a les ma¬

tériaux : "bronze", "marbre" et "chocolat".

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-10-

Une architecture qui tienne compte des exigences nouvelles des lieux de travail et de leur environnement et qui, en même temps, se conforme au cadre historique d'une ville, fait pres¬

que totalement défaut. Elle a existé, mais elle a été oubliée.

Nous pensons aux sièges des sociétés importantes, aux grands magasins du début de l'ère industrielle. Si l'emploi de motifs néo-classiques ne facilite pas leur compréhension, il ne fait pas de doute que contenu et structure de ces bâtiments ne se cachaient pas derrière des façades trompe—I'oeil, mais étaient montrés avec fierté.

C'est dans cet esprit qu'il faudrait concevoir le nouvel édifice de la Banque de l'Etat. Un bâtiment construit avec les moyens de nos jours, cela va sans dire, pas une copie du style d'alors. Pas de "cristal" à la Place de la Gare, ni une nou¬

velle maison derrière des façades anciennes, ni des bureaux anonymes, mais un bâtiment qui tente de s'harmoniser aux par¬

ties conservées de la ville en mettant en évidence son contenu,

sa structure et son genre de construction !

(11)

-11 -

L'Atelier 5 s'est donc posé méthodiquement la question

"comment et à quoi s'intégrer ?". Sa réflexion a débouché sur ces premiers constats :

Il devrait suffire, à ce propos, de lire les indications de la Commune :

"Le terrain à bâtir se trouve en tête du Boulevard de Pérolles dont le premier secteur, bâti en grande partie au début du 20e siècle, offre l'aspect général d'un ensemble cohérent, très remarquable, d'une agréable unité et digne d'être sauvegardé et protégé (mis à part l'Hôtel de Fri- bourg). Aussi la Commission cantonale des monuments histo¬

riques et édifices publics a l'intention de proposer au Conseil d'Etat le classement de ce secteur comme site et ensemble urbain à protéger."

"Il résulte de ce qui précède que la future construc¬

tion du siège central de la BEF devra s'intégrer parfaite¬

ment dans cet ensemble urbain. Comme elle se trouvera dans une situation prédominante et particulièrement exposée à la vue, cette construction devra présenter une architecture particulièrement soignée et élégante."

La réalité n'est-elle pas un peu différente ?

Suffit-il vraiment de se placer au Boulevard de Pérolles, d'admirer les plus belles constructions du début du siècle (en évitant soigneusement de regarder de l'autre côté de la rue) et de se dire : "Voilà l'atmosphère qu'il faut sauve¬

garder, compléter, voire embellir par la construction de la banque ?"

Cela serait trop simple !

Il s'agit tout d'abord de mettre en doute quelques élé¬

ments qui paraissent donnés. Par exemple, la façade arrondie de l'immeuble du côté de la Place de la Gare. Pourquoi re¬

prendre ici l'alignement de l'hôtel actuel, alors que chacun voit que cette construction ne s'accorde ni aux immeubles qui l'entourent, ni au reste de la ville, ne serait-ce que par sa forme ?

Et la hauteur autorisée, n'a-t'elle pas encore un étage

de trop ? L'échelle aussi n'a-t'elle pas été fournie par

l'hôtel ?

(12)
(13)

- 13-

Voici le résultat

du concours de la Banque de l'Etat.

Un premier prix décerné, nous dit-on, à l'unanimité

à l'architecte tessinois Mario BOTTA.

Nous avons demandé

à un membre éminent du jury, Pierre von MEISS, Professeur

à l'Ecole Polytechnique de Lausanne, de nous exposer

les raisons de ce choix.

(14)

- 14-

La maison et la ville

par Pierre von Meiss, prof. EPFL

Nos villes contemporaines sont envahies de bâtiments de toutes expressions situés au hasard des terrains disponibles et affichant bruyarrenent leur pré¬

sence au détriment de l'ensemble urbain. Les espaces - rues sont remplacés par des routes et des bâtiments - objets. Fribourg n'est pas épargné. Les réactions du public à cette absence de cohérence se manifestent dans le désarroi. Et pourtant, nous savons qu'un certain ordre des événements et des signes ar¬

chitecturaux nous aide à com¬

prendre la ville que nous vivons et parcourons chaque jour. Alors que faire ? Arrêter de démolir, arrêter de construire ou alors construisons sans qu'on le re¬

marque, faisons du pastiche ? C'est la arise de confiance en notre capacité de créer avec un langage et un contenu contemp- rains à la juste mesure. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que le projet de Mario Botta pour la Banque de l'Etat de Fribourg ne suscite pas unique¬

ment des réactions positives.

C'est un projet qui a un côté monumental. Chaque société produit

ses monuments : les églises romanes, gothiques et baroques en témoignent tout autant que les ouvrages de génie civil, les tribunaux et les gares du siècle passé ou, de ce siècle, les écoles, équipements sociaux et sportifs, mais aussi le pouvoir financier avec ses banques, assurances et sièges de grandes sociétés. Les valeurs d'une société s'expriment

aussi par le langage de l'archi¬

tecture, mais changer ce langage n'a encore jamais changé la société. Toute civilisation com¬

plexe s'exprime par une differen¬

tiation de l'importance attachée à ses constructions.

Ce qui est plus particulier au projet de la BEF est qu'il est à la fois monumental et "silen¬

cieux". Sa qualité essentielle est qu'il prépare un dialogue avec les bâtiments et les espaces urbains voisins et qu'il soit réalisé avec maîtrise.

Il y a des sites urbains qui ap¬

pellent une architecture qui,

réalisée avec soin, devrait

s'affirmer. L'histoire décidera

du contenu; ce qui est lieu

(15)

d'échange monétaire aujourd'hui peut être demain maison du peuple ou lieu d'instruction. La ville de Fribourg dispose déjà d'un grand nombre de "monuments"

récents mal placés ou mal réali¬

sés. Ces antécédents ne facili¬

tent pas le discernement des qualités du projet de Botta.

L'héroisme primaire de la tour était exclue d'emblée grâce aux gabarits imposés. Le concours de la BEF va plus loin. Bon nombre de concurrents ont compris le problème en considérant leur intervention comme une transfor¬

mation de la ville et non pas comme la seule satisfaction des besoins propres à la BEF. C'est ainsi que Botta a réalisé à la fois un geste envers la ville et son histoire et une correction de 1'état actuel :

Un geste en réintroduisant par exemple le restaurant à son emplacement actuel plutôt que de le repousser à l'arrière en un lieu moins familier aux Fri- bourgeois. Créer une certaine continuité dans l'histoire du si te, n'est-ce pas une des tâches de l'urbanisme ? Un geste en réintroduisant l'arrondi, mais aussi une correction en recon¬

naissant l'existence de la gare comme lieu public important, par une véritable façade sur la place de la gare marquant du même coup le début d'un événe¬

ment urbain important : le Boulevard de Pérolles. L'arrondi fuyant et indifférent de l'actuel hôtel de Fribourg ignore cette réalité. Un geste aussi - et c'est là que le bâtiment est plutôt silencieux (et pourrait l'être encore plus en affirmant moins les verticales) - en traitant le volume et les façades sur Pérolles et Arsenaux d'une

manière plus homogène. Cette aile du bâtiment participe parmi d'au¬

tres, sans s'imposer, à former l'espace urbain de Pérolles qui sera peut-être un jour réservé aux piétons et aux transports publics. En même temps, il marque la fin de Pérolles. De ne plus savoir où commencent et où se terminent les choses, de ne plus pouvoir distinguer un lieu d'un autre, n'est-ce pas un des problèmes de la physionomie de nos villes ?

Un tout autre aspect est l'utili¬

sation du bâtiment. La tendance de repousser le logement du centre ville à la périphérie au profit de surfaces commerciales est à com¬

battre. Mais remplacer un hôtel en difficultés, construit à la hâte dans les années 30, par un lieu de travail n'est pas une gageure, surtout en considérant que le site est difficilement "habitable".

Le projet de Mario Botta s'affirme avec respect pour la ville et avec un savoir faire exceptionnel. Si je n'ai pas hésité à donner suite à la demande de Pro Fribourg de rédiger cet article, c'est que je pense qu'il y a très peu de bâti¬

ments de cette qualité (et pas de banques) construits en Suisse romande depuis la dernière guerre.

Il est aussi assez rare qu'un premier prix de concours recomman¬

dé pour la réalisation concorde avec un projet affichant un courage architectural qui n'est pas de coutume. Il n'est donc pas étonnant que ce projet fait déjà l'objet d'une publication dans la revue profession¬

nelle "Lotus international" (no.15).

Le revers de la médaille est que la

BEF pourra difficilement remplacer

ce bâtiment en l'an 2027 puisqu'il

sera peut-être classé "monument

hi storique"

(16)

-16-

Au parti d'intégration préconisé par la Commune,

le jury du concours de la BEF a préféré un net

parti d'affirmation

D

1

ailleurs,

si on y regarde de près,

à quoi s'agit-il de s'intégrer ? à un ensemble

ou à des éléments disparates ?

Comment a été conçu,

et comment se présentait

le boulevard de Pérolles à ses débuts ?

(17)

Rappel historique:

La création du boulevard de Pérolles La création du boulevard de Pé¬

rolles à la fin du siècle dernier est liée à deux initiatives mar¬

quantes : la fondation de l'Uni¬

versité par Georges Python et la tentative d'industrialisation par l'ingénieur neuchâtelois Guillaume Ritter. Elles marquent, avec 1' arrivée récente du chemin de fer, le désenclavement de Fribourg, tant d'un point de vue géographi¬

que et économique que spirituel.

La cité, jusqu'alors enfermée dans ses remparts, s'ouvre et dé¬

borde dans l'axe naturel de son développement : à 1'ouest.

Le plan de 1908, reproduit aux pages suivantes, est révélateur à cet effet : on voit le groupe de bâtiments universitaires au fond de Pérolles, réalisés ou en projet, de même que l'amorce de zone industrielle sur le Plateau de Pérolles, autour des Arsenaux.

La création du boulevard de Pé¬

rolles s'inscrit donc bien dans un plan logique : relier l'Univer¬

sité par une large avenue au reste de la ville, (voir les photos en pages 27 à 31 ).

La route des Arsenaux n'a, à l'évidence, pas le même caractère:

elle est une simple yoie de déves—

titure pour la zone industrielle, tracée parallèlement à l'arc formé par la voie ferrée.

Ce plan, volontaire et cohérent, sera contrarié dans sa réalisation, Le développement industriel de la ville connaîtra une crise sérieuse à la fin du 19e siècle. Les entre¬

prises ambitieuses de Ritter, fai¬

tes en fonction de la force motrice fournie par le barrage de Pérolles, tombent en liquidation.

La cité universitaire prévue sur le plan de 1908 ne sera que partiellement réalisée et la cons¬

truction en 1940 des nouveaux bâ¬

timents de Miséricorde, sur l'em¬

placement de l'ancien cimetière, amènera le pôle d'attraction de la Haute Ecole de Pérolles au centre de la ville.

Le développement urbanistique de Pérolles s'est fortement res¬

senti de ces coups de frein et de ces changements d'orientation.

C'est la raison du caractère ina¬

chevé, hybride et peu engageant d'un quartier qui semble être un morceau transplanté de La Chaux- de-Fonds, sans d'ailleurs que le boulevard de Pérolles ait l'am¬

pleur et 1'allure de 1'avenue Léopold-Robert, le fameux "Pod"

de la cité horlogère.

Le boulevard de Pérolles a un début, mais pas d'aboutissement.

De plus, la volonté de tracer à tout prix une voie rectiligne comme dans un pays plat, à 1'en¬

contre du relief tourmenté de la ville, marque une rupture complè¬

te avec la croissance jusqu'alors organique de Fribourg, dans l'ac¬

cord entre le paysage et la cité ancienne.

Cette erreur d'urbanisme forme- t'elle pourtant un ensemble ? Le plan de 1908 nous renseigne à cet égard : Seul le début du bou¬

levard est alors construit en 01—

dre contigu et d'un seul côté seu¬

lement (voir photo en page 28).

Les ravins sont en cours de com¬

blement et seuls quelques gros

bâtiments isolés bordent cette

longue voie. L'"ensemble" une fois

complété sera donc disparate et

manquera à jamais d'unité.

(18)
(19)

-20-

Pour en revenir au concours...

Le concours de la BEF a fait l'unanimité du jury. Il est loin de faire l'unanimité des participants. Un recours a été introduit par plusieurs architectes concurrents auprès de la Commission des concours de la Socié¬

té des Ingénieurs et Architectes suisses (SIA). Ces concurrents se sont- ils rendu compte trop tard des ambiguités du programme du concours dans sa dimension urbanistique ?

Quand la Banque de l'Etat et la Commune de Fribourg ont établi le programme du concours pour le nou¬

veau siège , il était sans contes¬

te clair à leurs yeux que cette construction devait s'intégrer dans l'image de la ville. Ce pro¬

gramme est cependant curieusement privé de conceptions ou de visées urbanistiques.

La chance de contribuer, par exemple, au remodelage urgent et nécessaire de la Place de la Gare n'a pas été saisie. De même que celle de faire l'étude sur l'en¬

semble du périmètre. Pourtant les GFM possèdent là leur immeuble administratif et leurs garages et ils disposent d'un permis d'im¬

plantation déjà approuvé par le Conseil Communal. La simple coor¬

dination entre les projets de deux organismes contrôlés par l'Etat : les chemins de fer fribourgeois GFM et la Banque de l'Etat de Fri¬

bourg serait-elle à ce point inso¬

lite ?

En dépit de ces lacunes, le ca¬

dre du concours était néanmoins clairement défini : les architec¬

tes participants étaient invités à concevoir une banque en premier lieu comme une partie intégrante de la ville et non comme un bâti¬

ment isolé.

Quelles qu'en soient les raisons, ce but bien précisé a été perdu de vue par la majeure partie des ar¬

chitectes prenant part au concours et assurément par le jury.

La plupart des projets soumis à l'appréciation de ce dernier pré¬

sentaient un bâtiment tel que le

"dzodzet" s'imagine une banque à Fribourg...

Que la Banque de l'Etat veuille s'offrir un bâtiment qui s'impose (même si elle a, à un moment donné, affirmé avoir d'autres buts) est çompréhensif : Qui ne voudrait avoir un panneau d'affichage de cette dimension en plein coeur de la ville pour son prochain jubilé ?

Nous sommes d'ailleurs habitués à un tel comportement. Nous vivons à une époque où chacun qui cons¬

truit sa maison est prêt à le faire au nez et à la barbe de son voisin, chacun le plus grand, chacun le plus beau !

Qu'aussi bien l'architecte de ville que le chef de l'Office can¬

tonal de l'aménagement du terri¬

toire ou que les architectes mem¬

bres du jury se rallient à une telle conception est un indice très clair que dans l'appréciation d'un tel concours, on se range bien vo¬

lontiers au désir du maître de l'ou¬

vrage : "Vous voulez une "banque", vous en aurez une I"

Parler de conception urbanistique et d'intégration à un environnement construit de qualité pour ensuite faire comme si de rien n'était : chose fort simple.

Comme le disait la "chanson à Max" :

"Enfin, ma chère, c'est épatant, c'qu'on fait des cancans depuis quelque temps.

On dit ceci, on dit cela, Et patati, et patata...

C'qu'il y a de mauvaises langues,

c'est inouï."

(20)

La ville se transforme de plus belle.

Le Syndic nous dit : "La vie continue..."

Mais est-ce vraiment la vie des gens ou seulement celle des affaires ?

A l'impuissance des citoyens, une explication désabusée : c'est l'argent qui commande...

Mais, finalement, quel argent ?

N'est-ce pas souvent l'argent des contribuables Et, dans le cas de la Banque de l'Etat,

n'est—ce pas aussi l'argent des épargnants ? Un argent, dont ceux,

qui en ont seulement la gestion, en usent

comme s'ils en étaient les propriétaires.

(21)

-22-

La banque et la L'ACTUALITE SCANDALEUSE

L'affaire de Chiasso, par les secousses et les réactions en chaîne qu'elle a provoquées, ou¬

vre la voie à un renforcement du contrôle fédéral des banques.

Evolution aussi tardive que sa¬

lutaire si l'on se réfère à la spéculation sur le marché du sucre que PRO FRIBOURG avait dénoncée au début 1975 • un financier allemand fixé dans l'enclave italienne de Campione avait créé un fonds d'in¬

vestissement spéculatif sur les marchés à terme, par l'intermé¬

diaire d'une banque suisse à Lugano. L'intervention directe du Conseiller fédéral G.A. Chevallaz avait mis fin aux agissements pré¬

judiciables aux consommateurs suis¬

ses du spéculateur allemand. Mais une autre affaire de même type dé¬

noncée un peu plus tard s'était heurtée à une fin de non—recevoir de la Commission fédérale de con¬

trôle. ..

Le temps est bien révolu où M.

Chevallaz pouvait calmement dire :

"Une certaine prudence à l'égard d'opérations qui s'inspirent par¬

fois plus des jeux de casino que d'une saine gestion a largement contribué à maintenir la confiance dans nos banques, cette confiance sans laquelle tout est poussière dans le commerce de 1'argent"

(déclaration du 22.XI.74 à l'Asso¬

ciation des employés de banque).

UNE PUISSANCE SANS LIMITES ? Il est cependant un autre domai¬

ne où les banques exercent un pou¬

voir quasi sans contrôle : c'est celui de la transformation, de la destruction de nos centres-villes.

Les Fribourgeois en ont un exem-

ville

pie caractéristique avec le ter¬

rain vague de l'U.B.S. à l'avenue de la Gare, dont nous sommes affli¬

gés depuis la démolition abusive ou tout au moins largement préma¬

turée de la Pharmacie Cuony.

En faisant démolir cet immeuble, la direction locale de l'U.B.S. a peut—être voulu créer un état de fait,.mais ne pouvait-elle atten¬

dre d'avoir le feu vert définitif pour sa nouvelle construction ?

Le panneau publicitaire planté là atteste sûrement de la puissan¬

ce d'une grande banque, mais n'est—

il pas un défi aux habitants, aux usagers et aux commerçants du centre-ville ?

De plus en plus, dans nos villes suisses, la grogne et la rogne des citoyens se manifeste face à de tels procédés passant outre à l'in¬

térêt général.

Lès démolitions en chaîne dans les rues basses de Genève, où l'on retrouve à l'oeuvre de grands éta¬

blissements bancaires, ont trauma¬

tisé les habitants et le refus mas¬

sif de démolition de l'Hôtel Métro¬

pole en est la conséquence directe.

Les citoyens peuvent-ils se rési¬

gner à voir le centre—ville trans¬

formé en alignement lugubre des fa¬

çades de bâtiments administratifs, en no—man's land voué aux affaires, du type de la sinistre rue St—Pierre à Fribourg ?

Les banques, grands magasins et

compagnies d'assurance qui font

ainsi progressivement du coeur de

nos villes une "chasse gardée" ne

se rendent—ils pas compte que ce

triomphalisme arrogant risque de

n'être plus l'atout publicitaire et

la carte de visite convenable ?

(22)

UNE RESPONSABILITE GRANDISSANTE La responsabilité des grands établissements de crédit est de plus en plus lourde dans cette main-raise sur ce qui, par voca¬

tion, appartient à tous : lieu de rencontre et d'échanges pour tous les habitants de la ville.

La récession ne semble pas être à ce niveau l'occasion d'une pau¬

se de réflexion. Alors même que les pronostics de croissance dé¬

mographique et économique doivent être révisés brutalement, on con¬

tinue à promouvoir les projets immobiliers les plus dispropor¬

tionnés et les plus destructeurs de notre environnement urbain.

Ne doit-on pas en chercher la raison dans la facilité avec la¬

quelle les banques ont, en pério¬

de de surchauffe, avancé des fonds aux grosses entreprises de la construction, qui se sont suréquipées, ont cédé à une bou¬

limie grandissante, pour se trou¬

ver maintenant face à des diffi¬

cultés insurmontables pour faire face à leurs obligations et épon¬

ger leurs dettes ?

Les banques, de crainte de voir leurs protégés acculés à la failli¬

te, ne sont-elles pas tentées de les pousser dans cette fuite en avant ? Afin de retarder des éché¬

ances lourdes de conséquences en assurant la survie momentanée de véritables dinosaures ?

Ne s'agit-il pas en fait d'entre¬

prises inadaptées aux conditions nouvelles du marché de la construc¬

tion, où les besoins ne sont plus guère dans la construction neuve mais dans l'entretien et la restau¬

ration de l'habitat existant ? Alors va-t'on poursuivre une politique dépassée et laisser dé¬

truire nos villes pour la seule relance d'une machine emballée ? A FRIBOURG MEME...

Ces questions, n'est-on pas tenté de se les poser, a Fribourg

comme ailleurs, face aux projets

de l'avenue de la Gare Sud ou du nouveau siège de la Banque de l'Etat ?

Surtout en constatant avec quel manque de sérénité la direction de cet établissement bancaire a accueilli les premières réactions hostiles à son projet. L'opposi¬

tion de commerçants de Pérolles n'a-t'elle pas provoqué des dé¬

marches surprenantes et des pres¬

sions inadmissibles, ainsi qu'il en a été porté témoignage lors de l'assemblée générale de PRO FRIBOURG au Gambrinus ?

Est-ce ainsi que la BEF entend s'intégrer à son nouvel environ¬

nement ? Un environnement qui n'est pas fait que d'immeubles, mais d'activités et de personnes.

Ou n'a-t'elle que l'intention de s'imposer selon la loi du plus fort ?

Mais alors, la Banque de l'Etat est-elle encore une banque au ser¬

vice du peuple fribourgeois, ou n'est-elle plus qu'une quelconque banque d'affaires ?

Ne peut-elle supporter de voir s'instaurer un débat public au¬

tour de ses projets ?

D'autant qu'il a été difficile de suivre jusqu'à maintenant les méandres de ses démarches et de ses opérations : en 1972, la BEF s'était intéressée à des terrains en bordure des Grand"Places, au voisinage de l'Eurotel. En 1973»

elle a acquis des terrains à Villars-sur-GISne, pour finalement jeter son dévolu sur l'Hôtel de Fribourg, entraînant sa fermeture au moment où s'ouvre l'Eurotel...

La BEF, au cours de ses périgri—

nations de pachyderme, a successi¬

vement effacé l'Hôtel des Merciers, engloutit au passage le Café Con¬

tinental et s'apprête à démolir l'Hôtel de Fribourg. Des entrepri¬

ses aussi prospères que la BEF ne pullulent heureusement pas à Fri¬

bourg, car sinon que resterait-il

de notre ville ?

(23)

-24-

De la circulation...

"Dans toute l'Europe, les édiles se préoccupent, avec plus ou moins de conviction, de facilité ou d'é¬

lan, de restituer aux piétons un peu de ce plaisir de vivre que les rues dispensaient jadis abondam¬

ment, dans la sécurité indispensa¬

ble à l'épanouissement des rela¬

tions humaines."

Ainsi s'exprime Edy Aubry dans

"Construire" du 22 juin en liminai¬

re de quelques considérations sur le "projet d'organisation de la circulation dans le centre-ville".

Ce projet, que le Conseil Commu¬

nal met en vedette (pour effacer les échecs des précédentes études de circulation au centre-ville ?) a été élaboré par les responsables techniques du plan d'aménagement local actuellement en préparation.

Nous disons, au début de cahier, que le Boulevard de Pérolles a un début mais pas d'aboutissement.

Ce projet infirme cette constata¬

tion, en ce qui concerne la fonc¬

tion première du "boulevard" qui est de permettre une circulation aisée dans les deux sens par une large voie bordée d'arbres. Mais voilà, Pérolles ne sera plus un boulevard et n'aura plus de début.

Pérolles sera ce qu'on pourrait appeler une "pénétrante" et appa¬

raîtra comme telle depuis la "Pla¬

ce" de la Gare, puisque' entre la rue des Pilettes et les deux Ban¬

ques de l'Etat, la circulation sera à sens unique ( sauf pour les bus qui auront un couloir).

C'est ainsi que les choses se dé¬

gradent, dès lors qu'"on" s'est obstiné, depuis longtemps et singu¬

lièrement ces douze dernières années, à avantager les voitures au détri¬

ment des piétons. Souvenons-nous du fameux "plan de circulation", désor¬

mais officiellement enterré, qui, par la vertu de l'initiative privée

et l'argent des contribuables, mettait les piétons en sous-sol (commercial) pour libérer la sur¬

face en faveur des voitures.

Que de temps perdu, que d'argent gaspillé, que d'idées stérilisées.

A Fribourg, l'imagination n'est pas au pouvoir.

Que dire du projet ? Sa réalisa¬

tion permettrait sans doute d'amé¬

liorer les conditions actuelles de circulation. Son coût paraît "rai¬

sonnable" si l'on fait abstraction de tout ce qui a été dépensé en vain depuis 1965» La Commune pourra- t'elle, par exemple, récupérer l'ar¬

gent que lui doit la société promo¬

trice du centre commercial souter¬

rain ?

Mais foin de questions, regardons l'avenir qui s'arrête (provisoire¬

ment) en 1981, date du 500e anniver¬

saire de l'entrée de Fribourg dans la Confédération, comme nous le rappelle opportunément le Prof.

Bovy de l'institut EPFL de technique des transports, coauteur du projet, pour qui il serait très souhaitable que l'aménagement des "points chauds"

de la circulation dans le centre soit achevé avant cette date. En effet, dit—il, l'image de marque d'une ville dépend beaucoup de la qualité d'aména¬

gement de son espace public central.

Garde à vous, rectifiez la tenue ! Affaire d"'être" ou de "paraître" ?

Restons sur le thème de 1'image de marque (façon "jeans" pour rhinocéros) pour reparler "banque". De l'UBS cette fois. Le bâtiment qu'elle veut ériger sur l'emplacement du "trou" de 1'ex¬

pharmacie Cuony et sur plus de 600 m2 d'espace public aux Gd'Places sera- t'il construit avant 1981 ?

Pour qu'un permis de construire puisse être délivré, il faut préala¬

blement que le plan d'aménagement du

secteur "avenue de la Gare Sud" soit

approuvé par le Conseil d'Etat.

(24)

La troisième version officielle de ce plan a été mise à l'enquête publique pendant le mois d'avril.

Et c'est là que nous retrouvons indirectement le projet d'organisa¬

tion de la circulation dans le cen¬

tre-ville.

Comparons ces deux plans : - le plan d'aménagement du scteur montre la rue St.Pierre prolongée sur toute sa longueur, c'est-à-dire des Gd'Places jusqu'au haut de la Route Neuve, au début (ou à la fin?) du Boulevard de Pérolles. Le profil en long de la rue St—Pierre prolon¬

gée accuse une dépression importante formant double toboggan. A quoi peut- elle bien servir ? Car elle est in¬

justifiable du point de vue de la circulation des véhicules. Alors, pour faire mieux passer les piétons sans dénivélation et sans couper le flot des véhicules, de la place de la Gare aux Gd'Places par un pont enjambant la rue St-Pierre ? Cette rampe ne serait-elle pas aussi une double voie d'accès des véhicules

au(x) sous-sol(s) des futurs bâti¬

ments bordant la rue St-Pierre pro¬

longée ?

- le projet d'organisation de la circulation ne montre lui que le dé¬

but du prolongement de la rue St- Pierre alors que son aboutissement au haut de la Route Neuve n'est pas mentionné, ni porté sur le plan.

Alors, qu'est-ce à dire ? On peut supposer que le plan d'aménagement rencontre des difficultés (opposi¬

tions irréductibles?) dans la zone susdite. On renoncerait alors à réa¬

liser le prolongement de la rue St- Pierre sur toute sa longueur et, partant, le doublement de l'avenue de la Gare. Mais alors pourquoi main¬

tenir le premier tronçon du prolonge¬

ment côté Gd'Places si ce n'est comme voie d'accès aux sous—sols des bâti¬

ments prévus à cet endroit. Et on fe¬

rait coup double en créant ainsi les conditions permettant l'octroi du permis de construire de 1'immeuble de l'UBS..

La note de synthèse accompagnant le projet d'organisation de la circula¬

tion mentionne (encore!) que la topographie particulière de Fri- bourg complique singulièrement la recherche de solutions susceptibles de dégager le centre des circula¬

tions "non-indispensables". Il est vrai que la topographie est une contrainte ; mais c'est une contrain¬

te dont on a su en d'autres villes tirer habilement parti. Les vraies complications sont d'un autre ordre.

Dégager le centre des circulations

"non-indispensables", cela veut dire créer l'une des conditions du bon usage de la ville. L'article mention¬

né en tête de ce texte, qui fait état de réalisations en faveur des piétons dans certaines villes suisses et s'é¬

tonne que Fribourg "avec ses milliers d'étudiants dégringolant à toute heu¬

re comme avalanches vers le centre n'ait pas encore sa rue ou sa grand- place piétonnière".. ajoute "qu'il est vrai que dans les villes, où l'esprit de famille et des familles reste aussi vivant que les places et les parvis d'église, les contacts humains font moins défaut qu'ailleurs Heureux protestants fribourgeois dont l'église est la seule qui soit située au centre-ville.

Aux autres fribourgeois le projet octroie "une vaste esplanade pié¬

tonne devant 1'entrée principale de la gare CFF ; cette esplanade ou¬

vrira des perspectives nouvelles sur 1'avenue de la Gare et sur le boule¬

vard de Pérolles". La future Banque de l'Etat n'est pas mentionnée, car le résultat du concours n'était pas connu au moment où M. Bovy écrivait ces lignes. Et, à défaut d'espaces verts, nous aurons la vision d'une forÊt de poteaux et de feux de signa¬

lisation. ..

Dtuin é* XQttK.

éu tournai « Le Monde ».

(25)

En conclusion,

la Banque de l'Etat, en ouvrant un concours, semblait a priori s'engager dans la bonne voie, (car pour la Grand'Poste, l'Eurotel ou le futur théâtre, on s'est bien gardé d'organiser une telle confrontation d'idées).

Donc, simple affaire d'architecture ?

Sûrement pas, dès lors qu'on pose la question : Que recouvre le langage architectural ?

Son rôle est-il de traduire visuellement et spatialement un rapport de forces :

Le monde de l'argent s'appropriant la ville ? Plus qu'à la satisfaction de "besoins" anonymes, il s'agit de répondre aux aspirations

de milliers d'hommes et de femmes,

dont l'environnement construit est le cadre

de leur vie.

(26)

-27-

PEROLLES - AVENUE DE LA GARE

Un siècle d'évolution

L'avenue de la Gare vers 1900 : ^ De même qu'à Pérolles, un seul cô¬

té de la rue est construit.

Immeuble de la Belle Jardinière : ^ Construit en 1906 par l'architecte Hertling, ce beau bâtiment vient d'être restauré par La Suisse Assu¬

rances. Après la démolition de la

Pharmacie Cuony (ancien bâtiment

des EEF) c'est le dernier témoin

important du début du siècle qui

subsiste à l'avenue de la Gare.

(27)
(28)

Un ensemble déjà rompu par la dé¬

molition du Café Continental déjà remplacé par ...

1

1

Agence BEF.

Si on regarde

les deux côtés

de la rue, peut-

on encore parler

d'un ensemble ?

(29)

-30-

Face à face, du boulevard...

(30)

-31-

... à I'«artère»

(31)

-32

Le congrès de Civitas Nostra

Après Fribourg en 1975» c'est Le Puy—en-Velay qui, cette année, accueil¬

lait le congrès international de CIVITAS NOSTRA. De la "démocratisation de l'urbanisme" traité à Fribourg, on passait à l'expérience concrète d'un groupement local en marquant la primauté de la réalité sur les vues de l'esprit et des hommes sur les textes... De cette expérience, des débats et des conclusions du congrès seront tirés une publication collective et un cahier spécial de PRO FRIBOURG. En attendant, voici le compte—rendu du journal "Le Monde" du 31 mai 1977 :

Les quartiers anciens ne doivent pas être des « ghettos ^de luxe »

De notre correspondant Le Puy. — Les vastes et sé¬

vères bâtiments du grand sé¬

minaire du Puy, au pied du rocher Corneille supportant la monumentale statue de Notre- Dame de France, constituaient un cadre idéal en ce week-end de Pentecôte au congrès de la Fédération internationale

« Civitas Nostra » sur le thème : «c Des hommes pour réhabiliter les quartiers an¬

ciens ».

« Nulle part, â l'exception peut- être de la Tchécoslovaquie, de la Pologne et des Pays-Bas, on ne voit appliquer avec méthode, détermination et les indispensa¬

bles moyens financiers, une poli¬

tique nationale de restauration des centres historiques », déclara M. Gérard Bourgarel, de Fribourg (Suisse), président de cette fédé¬

ration internationale d'associa¬

tions de quartier (1). « Nos asso¬

ciations ne veulent pas s'enfer¬

mer dans leurs quartiers anciens, comme dans un ghetto de luxe.

Elles sont intéressées au premier chef à l'amélioration du cadre de vie urbain, à la mise en valeur de l'habitat existant pris dans son ensemble, sans ségrégation d'ordre esthétique ou historique.

» Notre mouvement ne se rédiut pas à l'expression d'une société élitaire, soucieuse de préserver les valeurs et les traditions qui lui sont propres. Elle entend engager le dialogue avec tous les inté¬

ressés, tous les protagonistes de la nécessaire mutation de notre société de consommation en une société de participation. » (...)

Les travaux se déroulaient en présence des représentants de sept pays (Espagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suisse, Tchécoslova¬

quie, Tunisie), et ils ont permis (1) Section française, 2, allée des Hêtres, le Monastère, 92410 Vllle- d'Avray.

aux participants de visiter les différentes réalisations de la société d'équipement d'Auvergne dans le secteur sauvegardé du Puy (34 hectares) dont le plan porte la signature de M. Yves Froidevaux, inspecteur général des monuments historiques, ainsi que la griffe bénédictine des cro¬

quis de l'architecte Claude Per¬

ron.

M. Jacques Barrot, secrétaire d'Etat au logement, félicita Civi¬

tas Nostra pour a l'intelligence avec laquelle elle cherche depuis longtemps à promouvoir les vieux quartiers en se rappelant que ce qui en fait la richesse ce sont les hommes autant que les pierres ; c'est la vie sociale et les relations humaines autant que l'échelle des rues et le poids de l'histoire.

Aimer les vieux quartiers c'est donc en entretenir la vie et l'ani¬

mation autant que protéger le cadre : quand on aime son en¬

fant on ne l'enferme pas dons un sarcophage ».

M. Barrot attira l'attention de l'assistance sur une circulaire mi¬

nistérielle du 10 mars dernier, signée de neuf ministres et secré¬

taires d'Etat, qui constituent la

« charte de l'intervention des pou¬

voirs publics pour les centres et quartiers urbains existants s.

« L'enjeu de ce grand effort dépasse, en effet, un engouement, si respectueux soit-U, pour let vieilles pierres, conclut le ministre.

Il dépasse ce qui pourrait n'être qu'une simple mode. Il force à maintenir et à développer une société digne de ce nom, c'est-à- dire une société de dialogue. Par leur diversité même, par la sagesse de l'histoire qui les a lentement constitués, ces quartiers permet¬

tent, en effet, l'échange perma¬

nent entre tous les âges et toutes les conditions, et l'on peut bien dire qu'ils sont les seuls à le taire aussi bien.y>

FRANÇOIS MORISON.

(32)

-33-

Actualité du plan d'aménagement

Le 15 juin, la Commission géné¬

rale du plan d'aménagement local était convoquée pour prendre con¬

naissance du document intitulé

"Concept d'aménagement".

Donc après 1'"inventaire et diagnostic", le concept. Tout cela devant déboucher sur les plans di¬

recteurs qui seront ensuite adop¬

tés et légalisés.

La machine est en route et pro¬

gresse à un rythme régulier, d'au¬

tant mieux que l'élaboration du plan d'aménagement entre les amé- nagistes et les autorités commu¬

nales ne risque guère d'être per¬

turbé par des interventions "exté¬

rieures" .

Le souci de participation démo¬

cratique au processus d'élabora¬

tion s'est traduit par la création de cette "commission générale" où se retrouvent les principales asso¬

ciations de la ville, dont bien en¬

tendu les associations de quartier, qui sont censées faire le relais avec la population.

Mais voyons dans quelles condi¬

tions ce relais peut-il fonctionner.

Les étapes de l'élaboration du plan couvrent chacune une période assez longue : par exemple de la présen¬

tation du premier document à celle du second, il s'est écoulé huit mois. Ce n'est pas de trop vu la complexité des problèmes étudiés.

Par contre, le délai d'examen, de réflexion et de rédaction des obser¬

vations laissé aux associations est très court. De plus, la période choisie est chaque fois très défavo¬

rable pour une information et une consultation démocratique au sein même des associations, ce qui se¬

rait le but, au moins théorique, de l'opération.

Le premier document "Inventaire

et diagnostic" nous avait été pré¬

senté le 26 octobre 1976, avec un délai très court, jusqu'à fin dé¬

cembre, pour présenter proposi¬

tions et suggestions. Autrement dit, le temps de prendre connais¬

sance, d'étudier ce document très technocratique et l'on se trou¬

vait en période des fêtes. Ce fut déjà un tour de force que de par¬

venir à sortir dans le délai im¬

parti un cahier complet de PRO FRIBOURG sur la question.

Pour le "concept d'aménagement"

le délai est cette fois ci encore plus court et défavorable pour une information—dialogue avec les ha¬

bitants : la réunion d'information sur le document de la deuxième éta¬

pe ayant eu lieu le 15 juin et le délai pour des remarques écrites étant fixé au 15 juillet.

Dans' une précédente circulaire, le Syndic remarquait : "ce décala¬

ge ne ralentit en rien le travail de l'urbaniste qui se poursuit normalement". Nous sommes tentés d'ajouter "...comme si de rien n'était".

En effet, les plans directeurs sont déjà en travail. De plus,

"la vie continue" comme nous l'as¬

sure notre Syndic et, par exemple, le plan d'aménagement partiel du secteur "Avenue de la Gare-Sud", récemment mis à l'enquête et por¬

tant la signature de l'aménagiste URECH, est déjà un élément de ces futurs plans directeurs.

Le risque du fait accompli est donc grand, mais PRO FRIBOURG en¬

tend pour sa part jouer le jeu, sans en être dupe : la responsa¬

bilité de chacun est engagée et nous ne laisserons passer aucune occasion de dialogue véritable.

Affaire à suivre.

(33)

-34-

PRO FRIBOURG

Une assemblée et un débat

L'Assemblée générale du 28 avril s'est tenue symboliquement au Gambrinus promis à la démolition.

PRO FRIBOURG a pu présenter un bilan satisfaisant, même s'il fait face à des problèmes qui le sont moins*

La parution régulière de la revue nouvelle formule, aux cahiers plus étoffée, est la cause de l'augmenta¬

tion parallèle de nos ressources et de nos membres : le cap des 1*500 membres est dépassé et la croissan¬

ce des ressources est de plus de 40 % d'une année à l'autre. Cela permet à notre revue de "tourner"

sans publicité, sans subvention ni appui extérieur.

L'édition en langue allemande de PRO FREIBURG a fort bien démarré et le deuxième cahier a été publié en mai de cette année.

Au total, nous publions donc au rythme de six cahiers annuels d'une quarantaine de pages chacun. Les

thèmes sont dictés par 1 ' ac¬

tualité, en fonction de priorités telles que le plan d'aménagement.

Mais des études en profondeur sont menées par ailleurs : l'enquête sur le quartier d'Alt réalisée en colla¬

boration avec l'Université sera le sujet d'un cahier spécial en fin d'année. En collaboration avec le Heimatschutz, un guide de restaura¬

tion des fermes fribourgeoises est en projet, tant pour la partie ro¬

mande qu'alémanique du Canton.

D'autres cahiers d'actualité sont prévus sur la circulation ou les re¬

lations entre l'Etat et la Commune.

Le succès remporté par nos dossiers indique qu'ils correspondent à des lacunes de l'information courante.

A noter que nos publications sont largement commentées par la presse romande : c'est ainsi que le précé¬

dent cahier sur la culture a été analysé par dix journaux.

Un débat public suivait selon l'usage la partie administrative.

L'impulsion en est venue de l'As¬

sociation Fribourg centre-ville pour un urbanisme démocratique et le thème de rigueur était naturel¬

lement celui de "démocratie et plan d'aménagement".

Au président de la susdite asso¬

ciation, M. Jean-François Rossier, incombait la tâche de délimiter clairement le sujet. Le syndic d'Yverdon, M. Duvoisin, apportait son expérience peu commune d'une initiative de dialogue partant de la Municipalité. M. Henri Härtung, animateur d'un Groupe de recherche et d'action sur les institutions, apporta une lumière crue sur les conditions d'un dialogue vérita¬

ble, d'une participation réelle alors que l'inégalité est à la base de tous les rapports sociaux.

M. Claude Schorderet, Conseiller Communal, avait le rôle difficile de présenter très officiellement le point de vue de la Commune sur la participation. M. Charles Ridore, assistant à l'Uni, menait les débats.

En résumé, cette joute courtoise montra la difficulté du dialogue entre administrés et notables, par¬

ticulièrement à Fribourg. Les uns voient dans une certaine ébullition et un fourmillement d'initiatives l'expression d'un certain désespoir dans la façon dont l'existence se déroule, les autres ne voient là que contestation de l'autorité.

Les réactions de la salle furent vives face au formalisme officiel.

La confusion des pouvoirs fut vi¬

goureusement dénoncée dans le cas du projet de la BEF : "on ne sait plus à qui on a affaire". M. Georges Macheret fit remarquer, au vu des

abus au centre-ville, qu'il y avait

deux catégories de citoyens : les

privés et les sociétés.

(34)

En bref SALADES DE SAISON

Les campagnes électorales se déroulent à Fribourg selon un rite

immuable. A l'approche du scrutin, les partis politiques sont saisis d'une frénésie de dialogue et d'in¬

formation, pour retomber ensuite bien vite dans leur torpeur habi¬

tuelle.

C'est le PDC qui ouvre cette année la campagne pour les élec¬

tions communales en distribuant à tous les ménages un PDC—FLASH du style bulletin paroissial : inof¬

fensif et pouvant être mis entre toutes les mains. Il porte la si¬

gnature de son président, le Con¬

seiller Communal Claude Schorderet.

Est-ce le démarrage, selon le mot qui circule en ville, de l'opéra¬

tion "S.O.S. futur maire" ? LE BRUIT ET LA FUREUR ( T.V. et liberté d'expression, un cas de délire suisse ).

C'est le titre d'un livre-dossier sur les retombées des émissions télévisées "En direct avec Arthur Flirer" et "Temps présent" sur la liberté d'expression, qui sort maintenant de presse aux Editions

"Adversaires" de Genève. Il est dû à trois journalistes : Jean Stei¬

nauer, Gabriel Hirsch et Pierre Pauchard. Les auteurs de ce livre cherchent à donner des clés de

"lecture" d'un événement qui a fait grincer beaucoup de dents et couler pas mal d'encre en Suisse romande.

On se souvient, en effet, des réactions violentes et démesurées qui suivirent l'émission de la T.V.

romande du 1er mars 1977, où Arthur Fürer, administrateur-délégué de Nestlé-Alimentana, fut confronté aux questions de 140 étudiants de l'Université de Fribourg. Ces réac¬

tions, de même que l'amalgame qui a été opéré entre le "En direct" et l'édition de "Temps présent" diffu¬

sée deux jours plus tard, sont

analysés d'un triple point de vue : 1'"affaire" proprement fribourgeoi- se (l'Université, le Sud du Canton, la gauche), la T.V. (la réorganisa¬

tion de la SSR et ses enjeux), la liberté d'expression en Suisse (le climat social et politique et la difficile naissance des débats po¬

lémiques) . Ce dossier devrait aider à formuler un diagnostic sur un cas typique de délire suisse.

L'ASSOCIATION FRIBOURGEOISE POUR UNE POLITIQUE SOCIALE DU LOGEMENT communique :

Le 24 septembre, le peuple suisse devra se prononcer sur l'initiative pour une protection efficace des locataires et des fermiers.

Depuis la suppression du contrôle des loyers, les seules mesures de protection des locataires sont, en matière de résiliation, un article du C.O. qui permet au locataire de demander une prolongation de son bail d'une année d'abord et de 2 ans ensuite. En matière d'augmenta¬

tion, un arrêté de durée limitée vise à lutter contre les abus.

Ces mesures sont insuffisantes, car elles ne permettent en aucun cas de demander l'annulation de la résiliation, même lorsqu'elle est injustifiée et a des conséquences pénibles pour le locataire. L'ini¬

tiative demande l'annulation en cas de résiliation sans justes motifs.

Elle demande aussi que les loyers ne puissent être augmentés, même en cas de changement de propriétaire ou de locataire, sauf si la preuve est apportée que le rendement loca¬

tif n'est pas équitable. Elle deman¬

de aussi que les fermages, de même que les baux commerciaux soient com¬

pris dans ces dispositions.

Le contre-projet fédéral n'apporte pratiquement pas de changement à la situation actuelle. Aussi l'associa¬

tion demande d'accepter l'initiative

et de rejeter le contre-projet.

(35)

Architecture

1. Troost. Maison de l'Art .Allemand, Munich, 1937

Albert Speer. Cour d'honneur de la Nouvelle Chancellerie du Reich, Berlin, 1941

• ;--»••••

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SOCCO S.A. Deuxième prxx du Concours de la BEF, Fribourg, 1977« (Projet)

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