HAL Id: jpa-00206811
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Submitted on 1 Jan 1969
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Étude du mécanisme des réactions nucléaires induites par particules α de haute énergie I. Réactions 206Pb(α,
xn)210-xPo
R. Bimbot, H. Jaffrezic, Y. Le Beyec, M. Lefort, A. Vigny-Simon
To cite this version:
R. Bimbot, H. Jaffrezic, Y. Le Beyec, M. Lefort, A. Vigny-Simon. Étude du mécanisme des réactions
nucléaires induites par particules α de haute énergie I. Réactions 206Pb(α, xn)210-xPo. Journal de
Physique, 1969, 30 (7), pp.513-520. �10.1051/jphys:01969003007051300�. �jpa-00206811�
ÉTUDE
DUMÉCANISME DES RÉACTIONS NUCLÉAIRES
INDUITES PAR
PARTICULES
03B1 DE HAUTEÉNERGIE
I.
RÉACTIONS 206Pb(03B1, xn)210-xPo
Par R.
BIMBOT,
H.JAFFREZIC,
Y. LEBEYEC,
M. LEFORT et A.VIGNY-SIMON,
Laboratoire de Chimie Nucléaire, Institut de Physique Nucléaire, Orsay.
(Reçu
le 18 avyil1969.)
Résumé. 2014 Dans le cadre d’une étude
générale
du mécanisme des réactions nucléaires induites par lesparticules
03B1 sur des noyaux lourds, cet article donne les résultatsexpérimentaux
obtenus pour les réactions
206Pb(03B1, xn)210-xPo,
pour x = 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 entre 40 et 150 MeV. Lespremières
conclusions que l’onpeut
tirer sont les suivantes :La somme des sections efficaces des réactions
(03B1, xn)
nereprésente,
au-dessus de 60 MeV,qu’une partie
relativement faible de la section efficaceinélastique
totale. Même si on luiajoute
la section efficace du processus de fission
qui
seproduit
au détriment de ces réactions, on n’atteint pas, au-dessus de 100 MeV, la moitié de la section efficaceinélastique
totale.De
plus,
en utilisant les calculsthéoriques d’évaporation,
onpeut décomposer chaque
fonction d’excitation en un
pic
attribuable à un processus de formation de noyaucomposé
et une traîne à haute
énergie
dont le mécanisme est différent(processus
«direct »).
Cette
décomposition permet
de calculer une valeurapprochée
de la section efficace de formation d’un noyaucomposé.
Ici encore on trouve une valeur bien inférieure à la section efficaceinélastique
totale(rapport
0,4 à 80MeV),
cequi
donne uneprobabilité
élevée pour les processus directs. En cequi
concerne ces processus, on a pu montrerqu’une
interaction directequasi élastique
dutype (03B1, n)
suivie del’évaporation
de neutrons nepeut expliquer
entièrement la traîne des fonctions d’excitation
(03B1, xn)
à hauteénergie.
Un second article donnera les sections efficaces
expérimentales
des réactionsPb(03B1, pxn)Bi
et une étude
plus
détaillée des mécanismes de réaction.Abstract. 2014 As a first
step
in a moregeneral study
of 03B1-induced reactions onheavy
nuclei, excitation functions have been measured from 40 to 150 MeV for the reactions206Pb(03B1, xn)210-xPo,
with x up to 12,by
inducedactivity
methods.The
experimental
cross-sections for each of the individual reactions were added, and thesum is
compared
with theoptical
model total cross-section. Thiscomparison
shows that,above 60 MeV,
(03B1, xn)
reactions account for a small fraction of the total inelastic cross-section.Even if the fission cross-section is added, the value obtained is less than 50
%
of the inelastic cross-section above 100 MeV.Secondly,
theoreticalevaporation
calculations have been used to estimate, in each of the individual reaction, thepart
which can be attributed to acompound-nucleus
mechanism,and the same method has
given
the total cross-section for the formation of acompound
nucleus,which
corresponds
to aprobability
of 0.4 at 80 MeV. Therefore thenon-compound
nucleusmechanism is
important,
as it is shownby
thenon-compound
nucleuspart
of(03B1, xn)
excitationfunctions.
An
attempt
was made toexplain
thispart by
an(03B1, N)
knock-out followedby
the evapo- ration of(x 2014 1)
neutrons. It was found that this mechanism cannotentirely explain
thehigh
energy tails observed.
In a second paper will be
given
theexperimental
cross-sections ofPb(03B1, pxn)Bi
reactions,and a more detailed
study
of the reaction mechanisms.La
possibilit6
d’utiliser lesynchrocyclotron
de laFaculte des Sciences
d’Orsay
pour acc6l6rer des par- ticulesalpha jusqu’a
uneenergie
de 167 MeV nous apermis
d’aborder 1’etude des reactions nucl6aires in- duites par cesparticules
dans un domainequi, jusqu’a présent,
n’a pas eteexplore.
Eneffet,
les travauxpublies
sur cesujet
ont trait aux reactions induites par desparticules alpha d’energie
inferieure a 100 MeV.LE JOURNAL DE PHYSIQUE. - T. 30. N° 7. JUILLET 1969.
Parmi les nombreux auteurs
qui
ont étudié cesr6actions,
onpeut
citer tout d’abord ceuxqui
ontmesure les sections efficaces des reactions
(a, xn),
comme
Kelly
etSegr6 [1] Bi(a, xn)At, John [2]
Pb (a, xn) Po, Vinciguerra
et al.[3]
et Blann et Lanza-fame
[4] Au (oc, xn) Tl,
Furukawa[5] La (a, xn) Pr, Demeyer et
al.[6] Ho(x, xn)Tm
etEr(oc, xn)Yb.
Divers auteurs ont abord6 1’6tude des reactions
33
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01969003007051300
514
induites par les
particules alpha
en utilisant d’autresm6thodes,
et enparticulier
par 1’examen des distri- butionsangulaires
desparticules
6mises au cours deces reactions. C’est le cas par
exemple
de Sidorov[7]
(distribution angulaire
des neutrons 6mis au cours dereactions sur le cobalt et le
nickel);
Hurwitz et al.[8]
(distribution
des protons 6mis au cours des reactionsMo(a, p)
etRh(a, p));
West[9] (reactions
sur desnoyaux de masse
comprise
entre 60 et200,
distributionsangulaires
desprotons 6mis)
et Svenson et Gruhn[10]
(distribution
desprotons emis).
Le but de ces auteurs était de tester la validite de la theorie
statistique
del’évaporation.
I1 ressort de tousces travaux que le seul mecanisme « formation du noyau
compose
suivid’6vaporation
departicules » n’explique qu’en partie
les resultatsexperimentaux.
Le d6saccord entre les calculs
d’6vaporation
fond6s surla theorie
statistique
et1’experience
est deplus
enplus
net si
Fenergie
desparticules alpha
incidentes croit.Pour rendre
compte
des resultatsexperimentaux,
il faut donc
imaginer
l’intervention d’un processusautre que le « noyau
compose
». Svenson etGruhn,
parexemple,
utilisent un mod6lepropose
par Izumo[11]
(modele d’6quilibre partiel).
D’autres auteurs pensentplutot
a un type d’interaction directe entre laparticule alpha
et un ouplusieurs
nucl6ons du noyau cible.Afin de recueillir un
grand
nombre d’informationssur les diff6rents mecanismes
possibles,
nous avonsentrepris
l’étude des reactions nucl6aires suivantes induites sur desisotopes
deplomb :
Riactions
2o6pb(a, xn)210-xpo.
- Elles peuvent seproduire
soit par un processus de noyaucompose,
soitpar un processus «
direct »,
ce termedesignant
defacon g6n6rale
tout autre mecanisme que la formation d’un noyaucompose.
Le choix de cetisotope
deplomb
a 6t6determine par le fait que les reactions
2°9Bi (p, xn) 21o-xpo
ont
deja
ete 6tudi6es au laboratoire[12].
Le noyaucompose
2lopo et lesisotopes
mesures 6tant lesmemes,
on peut ainsi faire une
comparaison
directe entre lesdeux
types
de reactions. Enparticulier,
les calculsth6oriques
concernant1’evaporation
departicules
apartir
du noyaucompose
sont les memes.Riactions
208Pb(cx, xn)212-xpo.
- Lacomparaison
entre les fonctions d’excitation de ces reactions et des
pr6c6dentes,
enparticulier
en cequi
concernel’ampli-
tude du
pic correspondant
a un mecanisme de noyauTABLEAU I
CARACTERISTIQ,UES
DES ISOTOPES DE POLONIUM[15]
* Ce nombre n’est pas a
proprement parler
lerapport
d’embranchement(voir texte).
TABLEAU II RESULTATS EXPERIMENTAUX
516
compose, permettra
d’obtenir certainsrenseignements
sur la
competition fission-evaporation
lors de la d6sexcitation des noyaux depolonium.
Riactions
2°sPb(a, pxn)209-XBi
et208 Pb(o,., pxn)211--"Bi.
- Dans ces
reactions,
la contribution d’un processus de noyaucompose
estfaible,
en raison de la faibleprobabilite d’6vaporer
unproton.
Nous pensons doncpouvoir
ainsi isoler les processus directs et mieux determiner leurimportance
et leur nature.Cet article a pour
objet
de donner les resultatsexp6-
rimentaux concernant les reactions
206Pb (oc, xn)210-0153po
et les
premi6res
conclusions que l’onpeut
tirer de ces résultats. Dans un second article serontpubli6s
lesresultats des autres mesures et une 6tude
plus
d6taill6edes mecanismes des reactions.
Méthodes
expérimentales.
- Les cibles 6taient des feuilles minces(15 Mg/CM2)
de 2o6pbisotopiquement s6par6,
depuret6 96,2 %.
Elles 6taient irradi6es par le faisceau interne dusynchrocyclotron.
L’intensit6 du faisceau était mesur6e parmonitorage, grace
a lareaction
19?Au(u, an)l9sAu
induite dans une feuille d’oralignee
avec la cible deplomb.
La section efficace absolue de cette reaction a 6t6 mesur6e par Blann etLanzafame
[4] jusqu’a
100 MeV et par Bimbot etLe
Beyec [13] jusqu’a
160 MeV.En
principe,
connaissant la distance R du bord de la cible au centre de lamachine,
on en deduit par le calcul1’energie
desparticules
bombardant la cible.Mais,
du fait des oscillations dephase
et des oscillationsbétatroniques,
la cible nereçoit
pas un faisceau departicules monoénergétiques.
Une 6tudeeXpérimentale
faite au laboratoire a montre que
1’energie
moyenne desparticules
reçues est inferieure de 14%
a1’energie
nominale d6finie par le rayon. De
plus,
enplaçant
lacible en retrait par rapport a un écran d6bordant de 2 mm, la definition de
l’ énergie
est meilleure et leflux sur la cible elle-meme est r6duit de
façon impor-
tante, ce
qui
est tres favorable 6tant donne lepoint
defusion relativement bas du
plomb. Enfin,
nous noussommes
assures,
par une m6thodeexpos6e
par ail- leurs[13],
que le faisceau departicules
a n’6tait paspollu6
par desdeutons,
les conditions d’acceleration de deutons par lesynchrocyclotron
6tant en effet tresvoisines de celles des
particules alpha.
Les
isotopes
depolonium
form6s par reaction(a, xn)
et leurs
caractéristiques
dedésintégrations
sontindiqu6s
dans le tableau I
[14].
En cequi
concerne les iso-topes 203,
201 et 199qui présentent
un 6tatisom6rique
a vie assez
longue,
les valeurs d’embranchementport6es
dans le tableau
repr6sentent
lerapport
du nombre denoyaux se
d6sint6grant
en 6mettant laparticule
a consi-d6r6e au nombre total de noyaux du meme
isotope (groupant
les deuxisom6res) presents
autemps
0. Ce n’est donc pas aproprement parler
unrapport
d’em-branchement, puisque
lerapport
deproduction
desdeux isomères intervient dans ce nombre.
Cependant,
nos mesures ont montre que dans nos
experiences (oc, xn)
le
rapport
deproduction
des deux isom6res est le meme que dans les reactions(p, xn) grace auxquelles
cesvaleurs d’embranchement ont ete 6tablies
[15].
L’utili-sation de ces valeurs
permet
donc d’accéder a des sections efficaces correctes pour la somme des deux isomeres.La
separation chimique
dupolonium
a ete effectuee selon une m6thodedeja
utilis6e lors de 1’etude desreactions
(p, xn)
dans le bismuth etqui
consiste en undepot spontan6
sur argent, apartir
d’une solutionnitrique
maintenue a 95 OC. En effectuant quatredepots
successifs d’une duree de 10 mn, 1’extraction dupolonium
estpratiquement
totale. Les mesuresd’activité
alpha
ont ete faites a 1’aide de d6tecteurs ajonction
au silicium et la resolutionglobale
de 1’en-semble de
comptage
était de l’ordre de 25 keV pour lesenergies
des rayonnements mesures.TABLEAU III RESULTATS EXPERIMENTAUX REACTION
206Pb(cx, 5n)205po
Rdsultats
expérimentaux
etinterprdtation.
- Nousavons rassemblé dans les tableaux II et III les valeurs de sections efficaces a
partir desquelles
sont obtenuesles fonctions d’excitation
port6es
sur lesfigures
1 et 2.FIG. 1. - Fonctions d’excitation
expérimentales
desr6actions
(oc, xn) :
8,
206Pb((X, 2n)20SPo ;
*,206Pb(,x, 6n)204po
0,
206Pb((X, 4n)206Po ;
X,206Pb(oc, 7n)203po
8,206Pb(oc, 5n)205po ;
6,206Pb((x, 8n)202po
FIG. 2. - Fonctions d’excitation
exp6rimentales
desreactions
(a, xn) :
0,
2ospb(a, 9n)201Po ;
*,206Pb(oc, 11n)199Po
.,
206Pb( ex, 10n)200po
0,206Pb( ex, 12n)19SPo
Deux
caracteristiques importantes apparaissent
surces courbes : d’une
part,
lepic correspondant
au noyaucompose
estparticulierement important
avec une lar-geur a mi-hauteur d’environ 20 MeV. D’autre part, a haute
6nergie,
les sections efficaces sont encore relative-ment
6lev6es,
cequi
se traduit par une traine s’étendant loin au-dela dupic
de noyaucompose.
Dans ce
qui suit,
nous allons d’abord montrerl’importance
relative des reactions(oc, xn)
par rapportaux autres types de reactions en comparant la somme de leurs sections efficaces a la section efficace
in6lastique
totale.
Puis,
pour une reaction(a, xn) individuelle,
nous discuterons des mecanismes
possibles (noyau
com-pose,
interactiondirecte)
apartir
d’unecomparaison
de sa fonction d’excitation avec celle de la reaction
(p, xn) correspondante.
a)
SOMME DES SECTIONS EFFICACES(«, xn).
COMPA-RAISON AVEC LA SECTION EFFICACE
INELASTIQUE
TOTALE.- La section efficace
in6lastique
totalerepr6sente
lasomme de toutes les reactions nucl6aires
possibles.
Enpremiere approximation,
onpeut
considerer que les seules reactions entrant enligne
de compte sont les reactions(a, xn), (oc, p xn), (oc, a xn)
et la fission(a, f ) .
Sur la
figure 3,
nous avonsreport6
les valeurs des sections efficaces que nous connaissons :La courbe 1 est la section efficace
in6lastique
totale(a
+206Pb)
calcul6e parKhodaï-Joopari [15]
suivantle modele
optique
deHuizenga
etIgo [16].
La courbe 2 est la section efficace de fission du 206Pb par les
particules
u mesur6e par le meme auteur[16].
La courbe 3 est la somme des reactions
(x, xn) d’apres
nos resultatsexperimentaux.
Les valeurs de la section efficace deproduction
de 2°?Po utilis6e dans cette somme ont ete estim6es parinterpolation d’apres
les courbes voisines.
La courbe 4
repr6sente
la somme des courbes 2 et 3et la difference entre les valeurs ainsi obtenues et la
FIG. 3. -
Comparaison
de la section efficaceinelastique
totale
(courbe 1)
avec la section efficace de fission(courbe 2)
et la somme des sections efficaces des reactions (a,xn) (courbe 3).
La courbe 4 est la sommedes courbes 2 et 3. L’6cart entre cette courbe et la courbe 1
repr6sente
la somme des reactions(a, pxn)
et
(a, cxxn)
seproduisant
presque exclusivement par interaction directe.section efficace
in6lastique
totalerepr6sente
les reac-tions
(tJ.., p xn)
et(a, tJ.. xn).
Cette diff6rence est tr6simportante (de
1’ordre de 1 500 mb a 120MeV),
cequi
conduit a penser que laprobabilite
des processus directs est loin d’etren6gligeable
a desenergies sup6-
rieures a 60 MeV.
En utilisant pour les sections efficaces des reactions
(a, ocxn)
les valeurs mesurées par Blann et Lanza- fame[4]
sur un noyauvoisin, l’or,
on peut acc6der a la somme des sections efficaces des reactions(a, p xn), not£e Xl (u,
pxn) :
Y- (,x, p xn) :::::::: - [E (cx, xn)
+E (cx, axn)
+cr(a, f)].
Le r6sultat est
port6
sur lafigure
4 ou on a6galement
trace la somme des reactions
209Bi (p, p xn)
obtenueFIG. 4. -
Importance comparee
des reactions (p, p xn)et
(a,
p xn).2:(p, p xn) represente
la somme des sectionsefficaces des reactions
2°9Bi(p,
pxn)
209-xBi obtenueexp6-
rimentalement
[12]. E(a, p‘xn) represente
la somme dessections efficaces des reactions
206Pb (oc, pxn)209-XBi
esti-m6e
d’apres
les references [4] et [15] et ce travail.518
exp6rimentalement [12].
On constate que la section efficacetotale E(cx, p xn)
estimportante.
A 100MeV,
elle est de l’ordre de 1 000
mb,
c’est-a-dire du meme ordre degrandeur
que la section efficace totaleE(p, pxn)
sur 209Bi(900
mb a 100MeV).
b)
MECANISME DES REACTIONS(a, xn).
COMPARAISONAVEC LES REACTIONS
209Bi(p, xn)210-,,,Po.
- Les reac-tions par
protons 209Bi(p, xn) 21o-xpo
ont ete bien d6- crites par un mecanisme base sur le mod6le de reactionen deux
6tapes.
Dans unpremier stade,
leproton
incident subit un certain nombre de chocselastiques
avec les nucl6ons du noyau
cible,
un ouplusieurs
nucl6ons
pouvant acqu6rir
assezd’6nergie
pour etreprojetés
hors du noyau.Apr6s
cesinteractions,
onobtient un noyau résiduel avec une certaine
energie
d’excitation
qui
ser6partit thermodynamiquement
sur1’ensemble des
nucléons;
1’emission de neutrons ou departicules charg6es
se fait ensuite par «evaporation
».Les fonctions d’excitation des reactions
(p, xn) peuvent
etre ainsid6compos6es
enplusieurs parties ( fig.
5b)
rIG. 5. - Mecanismes
compares
des reactions(a, 6n) et (p, 6n) :
a) («, 6n) :
1, Courbeexperimentale ;
2, Mecanismede noyau
compose ;
1-2, Mecanismes « directs »(courbe
obtenue par difference des deux
premieres) .
b) (p, 6n) :
1, Courbeexperimentale ;
2, Mecanismede noyau
compose ;
3, Mecanisme d’interaction directe(p, N)
suivie del’evaporation
de 5 neutrons.et l’on
peut distinguer
nettement la contribution du processus de noyaucompose
de celle des cascades d’interaction directe(P, N(x - 1) n).
Les courbes por- t6es sur lafigure
5 b sont le r6sultat de calculs de type Monte-Carlo[12-17].
On
peut
penser a unedecomposition analogue
pour les fonctions d’excitation des reactions(x, xn), qui présentent
une allure tres semblable a celle des reac- tions(p, xn).
En cequi
concerne le mecanismed’évapo- ration,
il estidentique
a celui des reactions parprotons,
le noyaucompose
forM6 2lopo 6tant le meme dans les deux cas. Par contre, le traitement de l’interaction directepr6sente
des difficultes car on ne sait pas sil’approximation
del’impulsion
est encoreapplicable
au choc d’une
particule alpha
sur un neutron dunoyau cible.
A
partir
des courbesexperimentales,
on peut tenter d’isoler lapartie
« noyaucompose »
de celle dite« d’interaction directe ». Considérons par
exemple
lafonction d’excitation de la reaction
(tJ..,6n)
sur lafigure
5 a.D’apres
les resultats de calculsd’6vaporation
effectu6s a
partir
de noyaux excites de210pO,
avec unparametre
de densite de niveaux a =15,
onobtient, apres
normalisation a la valeur maximale de la section efficace de la reaction206Pb(tJ.., 6n),
une bonneapproxi-
mation de la contribution du processus de noyau
compose.
La courbe obtenue est not6e 2. Par soustrac-tion de cette courbe a la courbe
eXpérimentale 1,
on peut tracer la courbe
(1-2) repr6sentant
la contri-bution des processus directs.
En effectuant une
decomposition
semblable pour 1’ensemble des fonctions d’excitationexperimentales,
nous pouvons determiner une valeur
approximative
de la section efficace totale de formation d’un noyau
compose.
En
effet,
la section efficace d’une reaction(oc, xn)
seproduisant
par noyaucompose
est6gale
auproduit
de la section efficace de formation d’un noyau
compose a(NC)
par laprobabilite qu’a
ce noyaucompose d’6nergie
d’excitation E*d’évaporer
exactementx neutrons :
Les fonctions
P(E*, xn) peuvent
etre obtenues par lecalcul,
et enprenant
la valeur maximale desNC(a, xn)
à
laquelle correspond
le maximum deP(E*, xn),
onpeut
ainsi acc6der aa(NC)
pour1’energie
incidente Ecorrespondant
au maximum de la fonction d’excitation.Si on
dispose
deplusieurs
courbes(a, xn),
onpeut
determiner la variation dea(NC)
avec1’energie.
Dans notre cas, une difficult6
surgit
du fait que lafission est un mode de d6sexcitation
possible
dont iln’est pas ais6 de tenir compte dans le calcul de
P(E*, xn).
Pour surmonter cette
difficulty
nous avonss6par6
leterme
cr(NC)
en deuxparties : cy(NC, f) repr6sentant
la section efficace du processus de fission du noyau
compos6,
eta(NC-f)
la section efficace de formation d’un noyaucompose
ne fissionnant pas par la suite.Le calcul
precedent
nous permet d’accéder a6 (NC-f )
qui repr6sente
une borne inferieure dea(NC).
Uneborne
superieure
nous est donnee enajoutant
aa(NC-f)
la totalite de la section efficace de fission
6(a, f).
Lavaleur ainsi obtenue est
trop
forte car certains cas de fission peuvent succ6der a un mecanisme direct.Cepen- dant,
a faible6nergie,
les deux determinations condui-sent a des valeurs assez voisines de sorte que Fen peut estimer a environ 850 mb la section efficace du noyau
compose
pour uneenergie
de 70 MeV. Cecicorrespond
a une
probabiIité
deproduire
le noyaucompose
de0,4 environ,
les evaluationsth6oriques
dans le cas dereactions par proton conduisent a une valeur de
0,25.
L’écart entre ces deux
probabiIités
n’est pas tresgrand
et il y a donc lieu
d’envisager
comme pour les protonsune contribution
importante
des autres processus d’interaction.Sur la
figure
5 a, on voit que la section efficace duou des processus d’interaction directe
prend
une valeurimportante
pour uneenergie 16g6rement sup6rieure
àcelle du maximum du noyau
compose. Ensuite,
elled6croit lentement mais conserve n6anmoins des valeurs notables
jusqu’aux
tres hautesenergies.
Nous allonstenter
d’expliquer
cescaractéristiques
par un m6ca- nisme de cascade(a, N)
ou laparticule
a conserveraitson
individualité,
mecanismeidentique
aux cascadesd’interaction directe
(p, N) quand
leprojectile
est unproton.
Pour
cela,
il est utile de connaitre la distribution desenergies
d’excitation des noyaux residuelsapr6s
cas-cade
(u, N).
Afin de determiner 1’allure de cette distri-bution,
nous avons utilise une courbeexpérimentale
don-nant la section efficace différentielle de diffusion 61as-
tique
de protons de 30MeV,
par des noyaux d’h6liumen fonction de
l’ angle
6 de diffusion desprotons
dans lesysteme du
centre de masse(dajdQ
=f(6)) [18].
Nousavons assimil6 le choc
(p, oc)
au choc(n, cx),
la massedu neutron 6tant voisine de celle du proton et la
r6pul-
sion coulombienne etant consideree comme
n6gligeable
par rapport a
l’ énergie cin6tique
du proton incident.Le choc
elastique
d’un neutron de 30MeV,
sur uneparticule
a au repos, estequivalent
au choc d’uneparticule
cx de 120 MeV sur un neutron au repos(dans
lesysteme
du centre demasse).
Onpeut donc,
en transformant la courbe
da/dQ
=f(O),
obtenir ladistribution en
energie
dans lesysteme
du laboratoire des neutrons 6mis au cours des chocs(oc, N)
ouEa
= 120 MeV. On passe ensuite par soustraction a la distribution des noyaux residuels enportant
en abscisses1’energie
d’excitation E*. Lafigure
6 donne1’allure des courbes obtenues.
L’énergie
d’excitation maximale du noyau 209Po est1’energie
d’excitation du noyaucompose qui
serait form6 par fusion de la par- ticule u de 120 MeV avec le noyau 206Pb diminu6e de1’energie
de liaison du dernier neutron dans lepolo-
nium 210. Soit E* N 108 MeV. Cette courbe montre
qu’il
doit y avoir une tresgrande proportion
denoyaux residuels ayant une
energie
d’excitation 6lev6e.En utilisant les courbes donnant les
probabilités
FIG. 6. - Distribution en
energie
d’excitation des noyaux de 2o9Po resultant de cascades(a, N)
sur2ospb.
d’6vaporation
des neutrons apartir
du noyau 209po etla courbe obtenue
pr6c6demment,
nous avons calcule les sections efficaces relatives des reactionsa 120 MeV. Si 1 est la section efficace de la
premiere reaction,
on trouve pour les deux autresrespective-
ment 5 et 11.
Or,
les sections efficaces deproduction
des
isotopes 2o4po,
203Po et 2°2Po sont seulement dans lesrapports 1,1,5
et 2. La section efficace deproduction
de 204Po n’est donc pas aussi faible que ne le laisse supposer le calcul base sur cette
hypothese.
Cependant,
il faut remarquer que la distribution des noyaux residuels a 6t6 obtenue en consid6rant unchoc
(a, N)
sur un neutron sans vitesse initiale. Deplus,
on suppose que le neutron issu du choc
(x, N)
sortdu noyau sans subir de choc avec d’autres nucl6ons du noyau.
Mais,
6tant donne que le libre parcours moyen desparticules alpha
dans la matiere nucl6aire doit etrefaible,
onpeut
penser que les chocs efficaces(a, N),
c’est-a-dire conduisant a laprojection
duneutron hors du noyau, se
produiront
dans une zoneexterne la ou
l’ énergie cin6tique
interne des neutrons est laplus
faible. La courbe de distribution enenergie
des noyaux residuels ne devrait donc pas en etre notablement d6form6e. De
plus,
si le neutron sortapr6s
un choc avec un autre
nucl6on,
sonenergie
seraplus
faible et ce processus rend encore
plus probable
1’emis-sion de neutrons de faible
6nergie,
et parconsequent
accentue le d6saccord avec
1’experience.
La forme de cette distribution des noyaux residuels donnant une forte
probabilite
d’avoir uneenergie
d’excitation voisine de celle du noyau
compose
favorise1’elargissement
despics
de noyaucompose
etexplique
des valeurs de section efficace encore
importantes
jusqu’a
40-50 MeVaprès 1’energie
de la valeur maxi- male des fonctions d’excitation.Cependant,
bien que la distribution des noyaux residuelsapr6s
cascades(a, N)
520
soit tres
approximative,
on peut penser que les valeurs relativementgrandes
de section efficace pour des 6ner-gies
de bombardement biensup6rieures
a celle deformation du noyau
compose
sont difficilementexpli-
cables par un choc d’interaction directe
(oc, N)
suivid’6vaporation
de neutrons, meme si l’on tient compte desquantités
de mouvement des nucl6ons a l’int6rieur du noyau.11 faudrait alors
envisager
un type d’interactionplus complexe,
et il estprobable qu’a energie
suffisamment 6lev6e laparticule
oc ne conserve paslongtemps
sonindividualite a l’int6rieur du noyau cible.
L’ensemble de ce travail a mis en evidence le fait que, pour des
energies sup6rieures
a 60MeV,
les m6ca-nismes directs prennent une
importance
inattendue par rapport au mecanisme de noyaucompose.
Les reac-tions du
type (oc, p xn)
actuellement a 1’6tude devraient donc avoir une section efficace assezgrande.
Deplus,
la contribution d’un processus de noyau
compose
6tant faible dans ces
reactions,
elles devraient permettre de mieux 6tudier ces mecanismes d’interaction directe.Les resultats
experimentaux
obtenus et des conclusionsplus
d6taill6es sur les mecanismes de reaction ferontl’objet
d’unprochain
article.Nous tenons a remercier C.
Deprun
pour sa colla- boration a lapartie eXpérimentale,
ainsi que1’6quipe
de conduite du
synchrocyclotron.
BIBLIOGRAPHIE
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