FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1900-1901 M 25
CONTRIBUTION
A L'ÉTUDE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenuepubliquement
le 21 Décembre 1900
PAR
]VEa.-u.r*ioe—IPaxil—-A.nt-on.in TESTE
Né à Saint-Hilaire (Indre), le 9 Mai
1874
Examinateurs de la Thèse
MM. MASSE FERRÉ
V1LLAR FIEUX
professeur.... Président.
professeur....\ agrégé > Juges.
Le Candidat répondra aux
questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI —
PAUL CASSIGNOL
91 - RUE PORTE-DIJKAUX —
91
1900
Faculté de Médecine etjle Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire, riioi^ussiiiiis
MM. MIGE DUPUY MOUSSOUS.
Professeurs honoraires.
Clinique interne
MM.
) PICOT.
I PITRES.
) DEMONS.
•/ LAN E LONG (JE.
MM.
Médecine légale M'ORACIIIS-.
Physique KERGON1É.
Clinique externe
j
laNELONGUE.Histoire naturelle'
!!.'
GMLLAIJD.Pathologie et tliéra- Pharmacie FIGUIER.
peutique générales. VERGELY. Matière médicale.... dk NABIAS
Thérapeutique ARNOZAN. Médecine expérimen-
Médccine opératoire. MASSE. taie FERRE.
Cliniquements d'accouché- Clinique oplitalmolo-
LEFOUR. gique BADAL.
Anatomie pathologi- Clinique des maladies
que COYNE. chirurgicalesdes en-
Anatomie CANNIEU fants P1ÉGHAUD.
Anatomie générale et
Clinique gynécologique BOURSIER.
histologie VIAIJLT. Clinique médicaledes
Physiologie JOLYET. maladies des enfants A. MOUSSOUS
Hygiène LAYET. Chimie
biologique... DENlGeS.
ag»litg as s as n as x ss ncacas
:
sectionMM.dk médecineCASSAET.(Pathologie interne et Médecinelégale.)
| MM. LE DANTEC. "
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Accouchements.(MM. CHAMBRERENT
! F1EUX.
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sechon des sciences anatomiques et rhysioi.ogiqijes
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| Physiologie MM. PACHON.I Histoire naturelle BEILLE.
section des sciences physiques
MM. S1GALAS. I Pharmacie... M. BARTHE.
Physique
4GH ESS C 4»998* B.BS .11 SS A '3' A IBSISS
Clinique desmaladies cutanées etsyphilitiques MM.
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Clinique desmaladies des voiesurinairesMaladies du larynx, des oreilles etdu nez
Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
Hydrologie etMinéralogie Pathologieexotique
Le Secrétaire dela L'acuité:
POUSSON.
MOIJRE.
ReGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRERENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
CARRES.
LE DANTEC.
GSMAIRE.
Pur délibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans Thèsesqu'ellequi luin'entendsontleurprésentéesdonnernidoiventapprobationêtre considéréesniimprobation.commepropres àleurs auteur?, ^
A MON
PÈRE
ET A MAMÈRE
Faible témoignage de ma reconnaissance.
A MON
FRÈRE
A MES SŒURS
MEIS ET AMICIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR V1LLAR
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR
LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPÉRATOIRE A LA
FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Au moment' de terminer
notre scolarité à la Faculté de
médecine de Bordeaux, nous avons
à
cœurde remercier
MM. les Professeurs
qui
nousont témoigné quelque intérêt,
et nous les assurons de notre
vive reconnaissance.
Nous
garderons toujours un très bon souvenir de M. le
Prof. Moussous, pour
tous les bons conseils et les excellentes
leçons qu'il
nous adonnés pendant le stage que nous avons
fait dans son service.
Qu'il daigne agréer l'assurance de
notre vive
gratitude.
Nous remercions
également bien sincèrement M. le Prof,
agrégé Villar, qui s'est mis complaisamment à notre disposi¬
tion,
etqui
nous adonné l'idée première de cette thèse.
A M. le Prof. Masse,
qui
nousfait aujourd'hui l'honneur
d
accepter la présidence de cette thèse, nous adressons l'assu¬
rance de nos sentiments
respectueux et reconnaissants.
INTRODUCTION
Dans le courant de l'année
dernière,
nous avons assistéàune
opération de M.
le Prof,agrégé Villar, opération dans laquelle
nouseûmes l'occasion
de voir une tumeur fibreuse del'ovaire. Sachant queles fibromes
de l'ovaire sont fort rares, et fortement conseillé d'ailleurs parM. Villar,
nousavons
entrepris de faire des
tumeurs fibreuses de l'ovaire lesujet de notre thèse inaugurale.
Nous avons divisé notre travail en six
chapitres
: Lepremier contient l'historique de la question
;Dans le
deuxième,
nous étudionsl'étiologie, la pathogénie
et l'anatomie
pathologique
;Dans le troisième
chapitre,
nous traitons de lasymptoma- tologie et du pronostic
;Le
quatrième
est consacré à l'étude dudiagnostic;
Dans le
cinquième,
nousparlons du traitement
;Enfin,
dans le sixièmechapitre,
nousprésentons des obser¬
vations.
CHAPITRE
PREMIER
HISTORIQUE
La
première observation de tumeur fibreuse de l'ovaire que
noustrouvons
signalée daus la littérature médicale, est celle
de Cailliot, de
Mulhouse (Archives générales de médecine,
1824, IV, 582). Les détails cliniques en sont assez restreints,
et onne doit pas y
attacher une importance scientifique bien
grande. De 1824, il nous faut aller à 1841 pour retrouver une
deuxième observation
publiée
parG. Baron, dans le Bulletin
de VAcadémie de
médecine,
sousle nom de « Tumeur
fibreuse de l'ovaire »,
et
encorel'examen histologique ne
fut-il pas
fait
; enoutre, à l'autopsie, des nodules blanchâ¬
tres furent trouvés dans
la plèvre ainsi que des néoplasmes
de l'estomac. De sorte
qu'il est permis de mettre en doute ce
diagnostic de fibrome ovarien.
A
partir de 1850, les observations rapportées paraissent
plus sérieuses
parcequ'elles sont contrôlées par l'examen
microscopique de la tumeur. A cette époque, Léopold cite
deuxcas observés par van
Buren (New-York Journal, May),
mais cesdeux observations
sont très incomplètes.
En 1852,
Blin publie, dans le Bulletin de la Société de
Biologie,
un casde tumeur fibreuse de l'ovaire avec examen
histologique.
En 1857,Wilks
rapporte trois cas nouveaux avec diagnostic
microscopique.
A la même
époque, Kiwisch fait un travail sur les tumeurs
— 10 -
fibreuses de l'ovaire, travail dans
lequel il parle de la
trans¬formationostéoïde de ces tumeurs avec
pièces à l'appui.
En
1859,
Lesouefprésente,
à la Sociétéanatomique de Paris,
deux fibromes de l'ovaire.En
1854,
Rokitanskvproduit
un nouveau genred'études
:il
montre,
en effet, deuxfibromesdéveloppés
auxdépens des
corpsjaunes.
Quelque temps après. Klob rapporte
un cas de tumeur de l'ovaire chez une femme decinquante-huit
ans(Path.
anal, d. Weill.sexualong, 4e édit.,
II.127).
En
1862, Tyler Smith (Trans
of tlie Obs. Soc..London, 212) décrit
une tumeurfibro-kystique de l'ovaire.
En
1866, Spiegelberg rapporte
un cas de fibrome purayant intéressé
l'ovaire dans sa totalité en conservantses
rapports
avec leligament large.
En
1872,
Szurminski(Ueber
soliden Erestokes Tumorez.Th.
Breslau) relate
une observation de fibrome ovarien.Cette tumeur
présentait
unedégénérescence ostéoïde, d'après
lerésultatde l'examen
histologique publié
parWaldeyer.
Kleinwachter, la
même année(Arch.f.Gynœk.. 1872, 135, 3.171), parle d'un
fibromeprésentant également
une trans¬formation ostéoïde et
ayant déterminé
un accouchement.En
1873,
Goodhart(Trans. path. Soc.,
London 1873-75,XXV, 199) cite
trois cas de tumeurs solides del'ovaire.A cette
époque, Churchill,
dans un traité sur « les Maladies des femmes », fait seulement mention des fibromes de l'ovaire.En
1874, Léopold
traite des tumeurs solides de l'ovaire (Arch.f. Gynœh., VI, 187-278).
En
1877, Crisp (Trans. pathol. Soc., London, XXVIII. 195) rapporte
un fibrome del'ovaire,
chez une femme de cin¬quante
ans.En
1879, Cullingworth (Trans.
obst.Soc.,
London.1879-80,
XXI,.276) donne également
une observation com¬plète de
fibrome ovarien.En
1880,
Patenko fait une étude sérieuse des fibromes de— 11 —
l'ovaire au
point de vue pathogénique, étude dans laquelle il
admet que
les fibromes ovariens sont dus à une sclérose folli
culaire,
et
non pasà une hypertrophie totale de l'ovaire.
Bayot
en1880, Nicaise en 1881, puis Ingham, Ch. Martin.
Popow fournissent de nouvelles observations de fibromes.
Polk
(New-York med. journal, 1885, t. 41,705) et, Goe
citent
également des cas de fibromes de l'ovaire.
En 1883,
Spencer Wells étudie les tumeurs^ fibreuses de
l'utérus et
de l'ovaire, et prétend "qu'il est assez difficile de
diagnostiquer les fibromes utérins développés dans le liga¬
ment
large des fibromes ovariens.
En1885,
Apolant. dans sa thèse, dit que le fibrome pur de
l'ovaire est très rare,
et
queles prétendues tumeurs fibreuses
de l'ovaire ne sontque
des fibro-myomes ou des fibro-sar-
comes.
En 1887,
Quénu fait
uneétude sur la pathogénie de l'ascite
dans les tumeurs
abdominales.
En 1889,
Martin décrit l'affection que Lawson-Tait met en
doute.
En 1890,
Péraire (Soc. anat.), Bayot (.New-York med.
Journal),
Millot-Garpentier (Union mêd., Paris), Ladouce
(Th. de Paris), citent de nouveaux cas et apportent de nou¬
veaux faits dans
l'étude des tumeurs solides de l'ovaire.
En 1894,
Potemski (Rif. med.), Bourgouin (Th. de Paris)
étudient
également la question.
Lallemand
(Th. de Paris, 1895-96) fait une excellente étude
historique des fibromes de l'ovaire dans laquelle il apporte
une observation
longuement décrite et parfaitement étudiée.
L'examen
bistologique. scrupuleusement fait par 1 auteur, a
démontré
qu'il avait affaire à une tumeur fibreuse de 1 ovaire
caractérisée par
des cellules plates enroulées autour d un
centre commun.
Deligny, dans
sathèse (Th. de Lille 1897-98), ou il traite
de l'ascite dans les tumeurs
fibreuses de l'ovaire, rapporte une
observation du
professeur Dubardans laquelle il a constate
unfibrome pur
de l'ovaire.
La même
année, M. Segond fait paraître, dans la Revue
deGynécologie de M. Pozzi,
un excellent article surles tumeurs de l'ovaire.Dans la même Revue de
Gynécologie, M. Dartigues, interne
des
hôpitaux de Paris,
faitparaître, dans le
courant de l'année1899,
une étude sérieuse etapprofondie des
tumeurs solides de l'ovaire.Enfin en l'année 1900. M. L.
Rocher,
interne deshôpitaux
de
Bordeaux, présente à la
Société d'anatomie de Bordeauxun casde fibrome de l'ovaire dans
lequel il fait ressortir
unsymptôme
:la sensibilité ovarienne, dont
personne encore n'avaitparlé,
croyons-nous.CHAPITRE
II
Etiologie.
Depuis longtemps déjà on discute sur l'existence des fibro¬
mespurs
de l'ovaire. Certains auteurs ne veulent pas les ad¬
mettre. D'autres
prétendent qu'ils existent, mais qu'ils sont
très rares.
Certains disent
enavoir rencontré assez souvent.
Beaucoup
de chirurgiens n'ont pas eu le bonheur d'en voir
pendant
unelongue carrière, tandis que d'autres plus heu¬
reux,
tels
queM. Picqué, en ont constaté un assez grand
nombre.
Mais
malgré l'opinion d'un grand nombre d'auteurs mieux
autorisés que nous,
nous osons soutenir que le fibrome pur
existe : et nous
affirmons ceci
ennous basant sur l'examen
histologique de la tumeur fait quelques instants après l'opé¬
ration dans les
quelques observations que nous Telatons
dans notre modeste
travail.
Et d'abord à
quel âge rencontre-t-on le plus ordinairement
le fibromede
l'ovaire ? D'une façon générale on peut en ren¬
contrer à tousles
âges. Cependant cette tumeur est excep¬
tionnelle dans le très
jeune âge, de même qu'à un âgé avancé.
Léopold mentionne 13 cas survenus chez des femmes de 5
à 30ans et4
seulement de 30 à 40 ans.
Sur 20 cas observés ou
recueillis par Dartigues on trouve
une moyenne
d'âge plus avancée, et on remarque une réparti¬
tion à peu
près égale sur une période de 30 ans à partir de
l'âge de 20
ans.Enfin la moyenne des cas que nous avons
rapportés
setrouve entre 40 et 50 ans.
Comment
expliquer la genèse de ces néoplasmes 1 Doit-on
— 14 —
incriminer
l'hérédité,
doit-on rechercher chez les ascendants directs ou indirectslaprésence
de tumeurs semblables pouren conclure que
les
affectionsfibromateuses présentées
parnos malades ont un
rapport quelconque
avecl'affection pré¬
sentée par
leurs
parents? Y a-t-ilquelque tare, quelque état pathologique capable d'engendrer
ces fibromes ?On a beau chercher dans les nombreuses observations rap¬
portées de
fibromes ou deprétendus fibromes,
011 ne trouve aucune causequi puisse influencer
ce processus de néofor¬mation
conjonctive.
11 fautdire, cependant,
quequelques
auteurs ont voulu attribuer à la grossesse ou aux accouche¬
ments antérieurs .une influence relativement
importante.
C'estainsi que
Dubar rapporte
un cas de fibromede l'ovaire chez une femmequi
avait eu treizegrossesses et un autre caschez une femme mère de huit enfants.
Nous devons dire aussi que sur
les
huit observations quenous avons recueillies, nous notons,en passant,
cinq femmes qui avaient
eu desgrossesses antérieures. Nous disons cecisans en tireraucune
conséquence.
Pathogénie.
Nous n'avonsque peu
de
chose à dire surlapathogénie des
fibromes.
Rokitansky les fait
dériver des corpsjaunes de
l'ovaire.
Une deuxième théorieest celle de Patenko
qui prétend
que les fibromes de l'ovaire sont dus à une sclérose folliculaire.Latumeur fibreuse serait
produite
parla
réunion des folli¬cules
qui
ont subi une transformation scléreuse et des vais¬seaux de l'ovaire.
Enfin unetroisième théorie attribue ces tumeurs à
l'hy- perplasie de
tout le stroma del'ovaire,
ce serait une sclérosed'origine péri-vasculaire
auxdépens du
stroma fibreux.Nous ne chercherons pas à intervenir dans ce débat où
chaque
auteurpeut apporter
uneopinion plus
oumoins osée
et ne
s'appuyant
sur aucune donnéescientifique certaine.
- 15 —
Anatomie Pathologique.
Anatomie
macroscopique.
—Il est classique de dire que
les fibromes de
l'ovaire n'atteignent
quede petites dimen¬
sions etne
dépassent
pasle volume d'un œuf ou d'une man¬
darine.
Cependant. il n'y
arien de bien fixe à ce sujet, et la
plupart des
cas quenous avons recueillis nous montrent des
tumeurs
beaucoup plus considérables
:c'est ainsi que l'ob¬
servationde
Lallemand
nousmontre
unfibrome
groscomme
une tète d'adulte et
pesant 1.650 grammes
:celle de Terrier,
pesant 3.850
grammes :celle de Rocher, 750 grammes.
L'observationdu
professeur Dubar, rapportée par Deligny,
nous montre une tumeur grosse comme
une tête d'adulte.
Celle de
Delgrange pesait 3 kilogrammes. Nous devons citer
aussi le cas
rapporté
parSpiegelberg qui affirme avoir rencon¬
tré un fibrome de l'ovaire
pesant 30 kilogrammes.
On
peut rester sceptique, à notre avis, devant des tumeurs
aussi énormes, sur
le point de savoir si ce sont bien des fi¬
bromes purs
de l'ovaire.
Siège du fibrome.
—La plupart du temps les fibromes
n'envahissent
qu'un seul ovaire, et dans les quelques obser¬
vations que nous avons
rapportées nous ne voyons que
l'observation de M.
Picqué qui constate que les deux
ovaires étaient atteints ; tous
les auteurs
nesont pas de cet
avismt certains
prétendent
queles deux ovaires sont simul¬
tanément intéressés, dans
la majorité des cas.
Nous devons direaussi, et sans
pouvoir l'expliquer, que
c'est l'ovaire droit
qui est ordinairement le siège de tumeurs
fibromateuses,
àl'exclusion de l'ovaire gauche.
Laforme des
fibromes de l'ovaire ne présente rien de par¬
ticulier ;
ordinairemenksphériques
ouovoïdes, ils peuvent con¬
serverla forme del'ovaire,
qui serait très hypertrophie. Quel¬
quefois
lisses et unis ;d'autres fois bosselés, mamelonnés
et
présentant
uneconfiguration bizarre formant comme des
niasses
agglomérées
;dans d'autres cas encore, la niasse fi-
breuse est divisée en lobes ; ou bien l'ovaire n'est pas
hyper¬
trophié d'une façon uniforme,
mais certainspoints croissent beaucoup tandis
qued'autres
restent intacts.La couleur des fibromesovariens est variable ; le
plus
or¬dinairementils sont blanchâtres ou
gris, quelquefois
rosésou
jaunes, d'autres fois bleuâtres.
Laposition des fibromes
est variable
également
;mais ordinairement
la tumeur ova¬rienne occupe une
position transversale, reproduisant ainsi
la situation normale de l'ovaire ; le fibrome
peut aussi empié¬
ter sur le côté
opposé, dépassant ainsi la ligne médiane.
Est-il
volumineux, il
remontera ordinairement dans la ré¬gion abdominale, plus petit il restera dans
larégion pel¬
vienne,
pourra occuperla concavité du
sacrum, ou tomber dans le cul-de-sac deDouglas.
Suivant que ces
tumeurs occuperont la région abdominale
ou la
région pelvienne, les symptômes pourront varier
:dans
le
premier
caselles
serontplus mobiles
etdétermineront des phénomènes décompression moins importants
quedans le
cas
opposé, où les
organespelviens pourront être pressés, refoulés,
en un motgênés dans leurs fonctions physiologi¬
ques.
Les fibromes de l'ovaire sont ordinairement
pédiculés, pédicule qui les relie
auligament large, pédicule qui peut
être mince ou
épaissi, petit
ouallongé
;dans quelques
cas, il est tordu et renferme des vaisseauxsaillants, arrêtant
ainsi la circulation àl'extérieur du
néoplasme et produisant
l'ischémie de la tumeur. Ilest à remarquer que
les pédicules
le
plus ordinairement
tordus sont ceuxqui sont charnus et
vasculaires et
qui ont
uneimplantation large.
Presque toujours les fibromes
contractent des adhérencesavec les
parties voisines.
Ces adhérences sont soit intestina¬les soit
épiploïques
;elles peuvent être épaisses
ouminces,
renfermer des vaisseaux
qui saignent facilement,
ouêtre très
peu
vasculaires
et seséparer des
organes aveclesquels la
tumeur est en connexion sans donner lieu à aucun
épanche-
ment
sanguin. L'utérus
estquelquefois indépendant de la
tumeur ovarienne,
mais quelquefois il
yadhère
assezétroite¬
ment pour
immobiliser celle-ci à
peuprès complètement et
faire croire à un fibrome utérin.
Aspect à la
coupe. —Les fibromes de l'ovaire diffèrent complètement des fibromes utérins. Gomme ceux-ci,
eneifet,
ils ne sont pas
entoures d'une
coqueconjonctive qui les sépare du tissu environnant et
enforme
comme unîlot
au milieu du tissu del'organe.
Les fibromes ovariens sont en somme une
dégénérescence
fibreuse totale de
l'organe,
unehypertrophie
en massede
ce¬lui-ci. La consistancede ces tumeurs est ordinairement
ferme
et
résistante, mais
onrencontre souvent
enleur centre de petites cavités remplies d'un liquide clair,
ouquelquefois sanguinolent. Ainsi, dans l'observation de Lallemand il est
dit : « Vers la
partie supérieure de la tranche de section, à
1 centimètre de lasurface, se trouve un
petit kyste de la
gros¬seur d'une noisette,
arrondi
età parois lisses. Son contenu
est un
liquide
muqueuxet filant, légèrement teinté de sang ».
Demême aussi Terrier cite la
présence de plusieurs kystes
dans l'observation que nous avons
rapportée.
Outre les
kystes
quel'on peut remarquer dans les fibro¬
mes
ovariens, il n'est
pas rarede voir la dégénérescence, le
ramollissement des
parties centrales: ramollissement que
Dubar
explique
parla torsion du pédicule qui apporte un
obstacleà la circulationveineuse et amène une
transsudation
séreuse et des
hémorragies
aucentre des tumeurs. Dubar
avait trouvé en effet la
partie centrale de
satumeur ovarienne
ramollie et
gorgée de
sang; une assezgrande quantité d un liquide séro-sanguinolent s'était écoulé à la coupe.
Complications.
—Les fibromes de l'ovaire peuvent se cal-
cifier et même s'ossifier: mais c'est là une rare
exception.
Plus
fréquente est la transformation et la dégénérescence en
sarcome. De même aussi ces tumeurs
peuvent parfois s'en¬
flammer et suppurer.
La torsion du
pédicule peut aussi se produire, ainsi que
nous l'avons
déjà relaté, et donner lieu non seulement au
Tes.
— 18 —
ramollissement central de la tumeur, mais encore à la gan¬
grène de celle-ci et à
sapropagation
auxparties voisines.
Que
faut-il
penserde l'ascète
quel'on observe
assezfréquem¬
ment dans les fibromes ovariens? La
plupart des auteurs pré¬
tendent que
l'ascite est
unstigmate de malignité des tumeurs
tant ovariennes
qu'utérines
ouabdomino-pelviennes. M. Pic- qué affirme
quel'ascite
manque presquetoujours dans les
fibromes tandis
qu'elle
accompagnefréquemment les fibro-
sarcomes.
On a
cependant relevé bien des
casde fibromes
pursqui
étaient
accompagnés d'une ascite considérable; etDeligny dans
sa
thèse, après avoir cité
uncertain nombre d'observations
dans
lesquelles le fibrome était accompagné d'ascite et
un certain nombre danslesquelles il n'y avait
pasd'ascite,
con¬clut ainsi : « Si le
symptôme ascite, considéré
parles auteurs
comme un
phénomène sinon constant du moins très fréquent,
accompagne
le développement des fibromes de l'ovaire, il est
moins commun
qu'on
nel'a admis et soumis à des règles qui
sont les suivantes :
» 1° Toutes les fois que
la tumeur est petite, bosselée,
mo¬bile, capable d'irriter la séreuse péritonéale
par ses mouve¬ments
continus,
ily aproduction d'ascite.
» 2°
Lorsque la tumeur est
assezvolumineuse
pourformer paroi,
quede plus elle est lisse et immobile, le péritoine n'est
pas
irrité et il
ne seproduit-aucun épanchement.
»Anatomie
microscopique.
—Les
tumeursfibreuses de
l'ovaire
peuvent être divisées
: enfibromes
purs, enfibro-
myomes
à libres lisses et à fibres striées,
enfibromes des
corpsjaunes et
enfibromes
caverneux.La question est très contro¬
versée,
certains chirurgiens affirmant n'avoir jamais
rencon¬tré de fibres musculaires dans ces tumeurs, et
d'autres
au contraire n'avoirjamais
vude fibromes
purs.Cependant les
observations
rapportées
parM. Picqué,
parM. Deligny, par
M. Lallemandet par
beaucoup d'autres
nousmontrent
quun
examen
histologique sérieux de la tumeur avait été fait par
des gens
compétents et
(quela structure dénotait bien un
— 19 —
fibrome pur.
Mais, quoi qu'il
eusoit, fibromes
oufibro-myo-
mes se touchent de bien
près, et la symptomatologie
commele
pronostic et le traitement sont toujours les mêmes. C'est
surtout d'avec les fibromes utérins
qu'il est important de les différencier;
etc'est principalement
parleurs caractères
ma¬croscopiques qu'il est facile de les différencier. Les fibromes
ovariens en effet ne sont pas
environnés d'une capsule lâche
dont 011
peut les énucléer,
comme nousl'avons déjà
vu.I)e plus, les fibres n'affectent
pas unedisposition
encouches concentriques
, comme onle voit ordinairement dans les
fibromes de l'utérus.
CHAPITRE III
Symptomatologie des fibromes.
Les fibromes de l'ovaire
peuvent
passerplus
oumoins longtemps inaperçus. Ils
necausent
pas engénéral,
audébut,
de troubles fonctionnels très graves,
et ils
ne serévèlent,
bien souvent,
qu'à
unepériode plus avancée, lorsqu'ils ont acquis
unvolume
assezconsidérable
pour causer unegène
toute
mécanique.
Dans l'observation de
Lallemand, la malade dit avoir
vugrossir
sonventre insensiblement depuis cinq
ans,mais elle
n'eut
jamais de douleurs; et elle était simplement gênée
pour travailler. Ce n'est quesix mois avant d'entrer à l'hôpital qu'elle eut quelques douleurs
avec un peude pollakiurie.
Dans l'observation de
Terrier, la malade vit grossir
sonventre six mois avant d'entrer à
l'hôpital. Pas de douleurs,
mais une
simple fréquence de la miction.
Dans l'observation de
Rocher,
la tumeur du ventreparut
un an avant
l'opération.
Le début de
l'alïection, dans
l'observationprésentée par Deligny, remonte à trois
ans.Enfin, dans les autres observa¬
tions, le début de la
tumeurparaît être respectivement de un
an,
cinq
ans,trois
anset dix
ans;et ordinairement sans
douleurs. Nous voyons
donc
par cesquelques exemples que
les fibromes de l'ovaire
passent
par unepériode de latence
relativement
longue.
Quelques auteurs citent l'ascite
comme undes premiers
signes qui attirent l'attention
: nous nepartageons pas
complètement cette opinion
; eneffet, l'ascite manque en
- 21 -
bien des
circonstances
:ainsi,
surles 8 cas que nous rappor¬
tons dans ce
travail
onn'a constaté l'ascite que 3 fois ; et
quelquefois alors même que l'ascite existe, on ne la reconnaît
qu'en faisant l'opération.
Il arrive assez
fréquemment que la malade atteinte de
fibrome
éprouve
audébut quelques douleurs dans le
ventre,
douleurs obscures, fugaces, qui apparaissent un
jour et disparaissent aussi rapidement qu'elles sont venues.
Quelquefois la malade éprouve simplement une gêne, une
pesanteur qu'elle ne sait à quoi attribuer. D'autres fois ce sont
des
coliques
assezviolentes accompagnées souvent de métror-
ragies,
oubien
cesont des douleurs irradiées dans les cuis¬
ses, dans les lombes, avec
absence menstruelle.
Dans notre
Observation I la malade n'a pas éprouvé
ces douleurs dont nousvenons
de parler produites par l'évolu¬
tion du fibrome;
mais elle ressentit néanmoins de vraies
douleurs du
périnée,
quel'on peut attribuer vraisemblable¬
ment à un
prolapsus utérin (l'utérus sortait par la vulve six
mois
déjà avant l'opération). On n'a pas remarqué chez la
malade
d'hémorragies
;il n'est pas question de métrorragies
ni d'absencede
menstruation,
cardepuis cinq ans déjà elle
avait atteint
l'âge de la ménopause.
Il en est de même
de la malade citée dans l'Observa¬
tion II.
La malade
présentée dans l'Observation III, au contraire, a
eu
pendant six mois des ménorragies abondantes, douze
ans avant
l'opération
;et deux ans avant, elle a éprouvé des
douleurs vagues
dans l'hypogastre s'exagérant pendant la
marche.
L'Observation IV nous
montre
unefemme ayant eu quel¬
ques
douleurs passagères
audébut, et quelques mois avant
son entrée à
l'hôpital des douleurs spontanées excessivement
vives à la
partie inférieure de l'abdomen et revenant assez
fréquemment. D'ailleurs,
pasde troubles de la menstruation.
Aucune douleur, aucun
trouble de la menstruation chez la
femme
présentée
parle docteur Bantock.
- 22 —
L'Observation VI nous met en
présence d'une
femme ayanteu des douleurs très vives dans le côté droit du
ventre,
an moment, del'apparition probable de
sa tumeur ovarienne; etaumoment de son entrée à
l'hôpital elle avait
constaté ladisparition de
sesrégies depuis trois mois.
La femme citée dans l'Observation VII a eu des métrorra-
gies
presquescontinuelles depuis trois
ans. Deux mois avantson entrée à
l'hôpital, elle
a eu des douleurs violentes et descoliques
comme pouraccoucher.
Etpendant
celaps
de
temps aussi, elle
a constatél'absence de sesrègles.
L'Observation VIII nous montre une malade
ayant éprouvé
des douleurs dans le côté droit du ventre
depuis
unedizaine d'années,
douleursqui sont devenues plus intenses
deux ans avantl'opération. On
constate aussi chez elle des métrorra-gies
presquecontinuelles.
En résumé, sur 8
malades,
4 ontéprouvé des
douleurspendant la période de début
de leur fibrome.6 femmes sur 8 n'ont
éprouvé
aucun trouble de la mens¬truation;
2 ont eu desmétrorragies.
Dans cette
période de début,
presquetoutes les malades
examinées ont
présenté quelques troubles légers de la miction
consistant dans une
pollakiurie plus
oumoins grande.
Les caractères
physiques du fibrome
ovarien sontplutôt
vagues
pendant la période de début
de ces tumeurs.Nous savons, en
effet,
quependant
cettepériode de latence
le fibrome de l'ovaire estpeu
volumineux,
arrondiouovalaire,
très
mobile,
situé ordinairement sur les côtés de l'utérus etrappelant la consistance
del'ovaire,
dont il n'estquel'hyper¬
trophie totale. D'après cette esquisse rapide du fibrome à
sapériode de début,
il estfacile de voir queles signes physiques n'apporteront
pasgrand renseignement.
Mais arrivons à la
période d'état
et examinons lessymptô¬
mes fonctionnels
qui frappent tout d'abord
le clinicien : Ce sont d'abord des troubles de la menstruation; on ne remarque quetrès
rarement despertes séreuses, de l'hydror-
rhée et de la
leucorrhée,
comme cela arrivefréquemment dans
les fibromes de
1
utérus.Ordinairement aussi la menstruation
est normale.,
puisque
sur8 femmes 4 n'ont eu absolument
aucun trouble de
la menstruation.
Parmi les 4 autrescas.
2 malades ont
eudes pertes métror- ragiques, les deux .autres ont vu la suppression oataméniale
pendant la période d'état.
Nos observations ne
portant
que sur unnombre de cas
assez restreint, nous nous sommes
reporté au travail de
Dartigues où
nous avons vuque sur les 21 cas de fibromes
observés par
cet auteur il
atrouvé :
1° 7 cas où il
n'y
a pas eude troubles menstruels.
2° 7 cas où il y a eu
des troubles hémorragiques soit à l'oc¬
casion, soit en
dehors des règles.
3° 7 cas où il y a eu
suppression menstruelle.
A la
période d'état aussi on peut observer des troubles dus
à la
compression. La compression des nerfs se traduit par de
la douleur. Maisnous avonsvuque,
dans la plupart des cas,
les fibromes ne se sont
accompagnés d'aucune douleur; tout
au
plus d'un
peude gène pendant la marche et d'une assez
grande fatigue après
untravail de force.
Quelquefois (ex
:Obs. VI), le début de l'évolution de la
tumeur aété
marqué
pardes douleurs très violentes, par des
coliques atroces. Puis
cesdouleurs se calment, et le reste de
l évolution du fibrome se passe
d'une façon à peu près indo¬
lente. D'autres fois,
les douleurs
nesurviennent que très
tard ; c'est àce moment que
les malades se décident à entrer
à
l'hôpital.
Il arrive enfin,
mais bien plus rarement, que le symptôme
douleur
persiste pendant toute la durée de l'évolution.
A
quoi attribuer cette douleur au début, alors que la
tumeurencoretrès
petite, très mobile, n'a pu comprimer les
différents nerfs
qui l'avoisinent?
N'y aurait-il
paslà
unsigne de froissement du péritoine
parcette tumeur
de nouvelle formation, tumeur excessive¬
ment mobile
qui, dans les différents mouvements de la ma-
^
ade,
viendrait irriterla séreuse péritonéàle? Ou ne serait-ce
pas encore
la formation
d'adhérences entre la tumeur etl'épi- ploon
oul'intestin?
Quant
aux douleursqui surviennent
vers la fin de l'évolu¬tion de la
tumeur,
onpeut les expliquer d'une façon plausible
par
la simple compression, puisqu'il
cetteépoque le fibrome
a atteint un volume suffisamment considérable pour
pouvoir gêner les
organesvoisins,
et notamment lesplexus
ner¬veux; d'autant
plus qu'il peut arriver
quele fibrome
soit enserré dans l'excavation sanspouvoir
remonter au-dessus dudétroitsupérieur, d'où compression
encoreplus grande.
Il est d'autres
compressions qui, quoique plus
rares, sontsusceptibles de
seproduire
;ainsi,
on a notéparfois de la compression des
vaisseaux se traduisantparde l'œdème des
membres
inférieurs,
parde l'œdème sous-cutané,
par une circulation collatéralecomplémentaire.
Dans notre Observation
I,
il est dit quela paroi abdomi¬
nale
présente des vergetures
auniveau
des fossesiliaques et
une circulation veineuse
développée, et qu'elle
estatteinte
d'un œdème considérable à sa
partie inférieure
au-dessus dupubis.
La
malade, citée
dans l'ObservationII,
a eu un peud'œ-
dème des malléoles à la
jambe droite,
mais l'enfluredisparut rapidement.
Observation III : nombreuses
vergetures.
Observation IV : œdème des
grandes lèvres.
Observations
V,
VI,VII,
VIII : on nesignale rien à
cepoint de
vue.Les
compressions viscérales
sont très rares, tant du côtéde
l'intestin que
du côté du
rectum. Lestroubles urinairescepen¬dant sont
fréquents et
nous devonssignaler
que presque toutes les malades citées ont eu de lapollakiurie. Nous
avons constaté que,
daus plusieurs
cas,les
maladesavaient
été atteintes d'une
dyspnée
assezintense, de palpitations cardiaques, de
vomissements :phénomènes qui, pourrait-on croire,
peuvent êtreproduits
parla compression du dia¬
phragme
parla
tumeur. Mais nous devonsajouter
quedans
— 25 —
ces cas
il
yavait
unecoexistence d'à s cite, et même ascite
très
considérable, d'où la conclusion s'impose que ces symp¬
tômes
fonctionnels ont été produits par l'ascite et non par la
tumeur.
Quel est l'état général de la malade dans les fibromes de
l'ovaire? La
santé du sujet
nes'altère ordinairement pas. Et
quand les malades viennent réclamer une intervention, 011
constate toutau
plus
un peud'amaigrissement : et les appa
reils
digestif, circulatoire, respiratoire se comportent très
bien. 11 n'en est pas
toujours ainsi cependant, car nous
voyons
dans les Observations IV et VIII que la malade est
pâle et très affaiblie à son entrée à l'hôpital.
Signes
Physiques.
On ne
peut espérer tirer beaucoup de renseignements de la
simple inspection du ventre. Cependant on peut voir la
tumeur faire
saillie plus spécialement sur un des côtés de
l'abdomen,
contrairement aux tumeurs de l'utérus qui sont
ordinairement
médianes. Par la palpation, on arrive à recon¬
naître la consistance,
la mobilité de la tumeur; on peut
même limiter
celle-ci à travers la paroi abdominale. Par la
palpation aussi
onpeut provoquer une douleur ovarienne,
douleur
qui manque la plupart du temps, mais qui a cepen¬
dant été
signalée
parRendu. Cet auteur, dans un seul cas, a
provoqué
parla simple pression une douleur intolérable. I)e
même,
M. Rocher, dans l'Observation III, a constaté par la
pression
quel'ovaire malade avait conservé sa sensibilité
propre,
affaiblie
unpeu cependant : signe physique d une
grande valeur diagnostique. Par une palpation, profonde et
brusque,
ouarrive aussi à produire très souvent un véritable
ballottement
analogue à celui d'une tête fœtale mobile dans
l'abdomen
(Obs. I, II). La percussion permet de déterminer
la
présence de l'ascite qui accompagne assez souvent les
fibromes de l'ovaire.
On peut avoir la sensation de Ilot
(Obs.
II), et les différents autres signes de 1 ascite : matité
— 26 —
dans les lianes et la
partie inférieure
du ventre(la
malade étant dans ledécubitus dorsal),
matité sedéplaçant
suivant lesdifférentes positions
quel'on
faitprendre
ausujet.
Mais un mode
d'exploration
bienplus important
etqui
donne des résultatsplus sérieux,
c'est le toucher-bimanuel.
Tandis que
d'une
main oncomprime plus
ou moinslégère¬
ment la
région hypogastrique, de
l'autre main on délimite l'utérus parle
touchervaginal,
et onapprécie
seschange¬
ments de
consistance,
deforme,
de situation.Par le toucher bimanuel on
peut apprécier
la sensibilité des ovaires ; onpeut apprécier
aussi laconfiguration
exté¬rieure de la tumeur, sa
mobilité,
sonindépendance
de l'uté¬rus.
Quelquefois
aussi il serapossible
de reconnaître parle
toucher bimanuel l'existence d'unpédicule. Quels
sont leschangements les plus ordinairement
constatés du côté de l'utérus parle
toucherbimanuel
?Nous avons noté le
plus
souvent deschangements
deposi¬
tion et de direction de
l'utérus,
ainsi :Observation
I :prolapsus de
l'utérus.Observation III : col
porté à droite,
derrière lasymphyse pubienne
et utérus enlatéroversion gauche.
Observation
VI : le col estporté
enarrière.Les culs-de-sac sont
quelquefois
effacés du côté du néo¬plasme
Il(Exemple
:Obs. III,
Obs. VI, Obs.VIII).
peut arriver aussi
qu'on
trouve dans les culs-de-sac uncordon
épais, suivant
les mouvements de la tumeur, cordonqui n'est
autre chose quele pédicule
de la tumeur(Exemple
: Obs.IV,
Obs.VIII).
Par le toucher
bimanuel,
onpeut apprécier
la sensibilité propredes ovaires,
sensibilitéspécialement
étudiée par M.Rocher,
et surlaquelle
nous reviendrons dans lechapitre
du
diagnostic des
fibromes de l'ovaire.On trouve
également
par ce moded'exploration
quela
tumeur est
ordinairement
mobile et souventindépendante
deLal'utérus
(Obs. II,
Obs.III,
Obs.IV, Obs. VIII).
plupart du temps
on trouve parle palper bimanuel
une— 27 —
tumeur de
consistance dure, bosselée, élastique; en cer¬
tains cas
cependant
on a puobserver l'existence d'une vague
fluctuation
(Obs. IV).
Il est un autre
mode d'examen qu'il sera bon de ne pas
ouublier
parfois,
parcequ'il pourra donner des renseigne¬
ments sérieux au
point de vue du diagnostic : nous voulons
parler de l'auscultation. L'auscultation, en effet, dans le cas
de fibromes de
l'ovaire
nedonne absolument rien ; mais si
011 a affaire a une
tumeur sarcomateuse, on peut percevoir
un bruit de
souffle dû à la vascularisation développée de cette
tumeur. On ne devra pas non
plus laisser de côté le toucher
rectal
qui,
assezsouvent, permet de percevoir dans la conca¬
vité sacrée l'existence
d'une tumeur la remplissant en partie
(Obs. VI). L'hystérométrie pourra quelquefois donner de
bons résultats.
Dansl'Observation
III, l'hystéromètre n'a pu être enfoncé
qu'à 4 centimètres, par suite de la latéroversion de l'uté¬
rus. Il eût
pourtant été très intéressant de connaître si la
longueur de l'utérus était normale, car dans les fibromes de
l'ovaire il ne doit y
avoir aucune modification de la cavité
utérine,
contrairement à ce qui a lieu dans les fibromes
utérins.
Il est
fréquent de voir les fibromes de l'ovaire se compli¬
quer
de lésions annexielles concomitantes. On peut voir
aussi des
poussées de pelvi-péritonite (Obs. IV) où la malade
éprouva, six mois avant son entrée à l'hôpital, tous les symp¬
tômes d'une
péritonite localisée à la partie inférieure de
1 abdomen. Le
prolapsus total de l'utérus a été constaté
quelquefois (Obs. III).
L'ascite est une
complication fréquente du fibrome de
1ovaire,
ainsi
que nousl'avons déjà vu à plusieurs reprises.
La torsion du
pédicule qui peut tenir compliquer la tumeur
fibromateuse de l'ovaire a
déjà été étudiée dans 1 étiologie de
ces tumeurs. Nous citerons
aussi
enpassant la coïncidence
possible d'un
sarcomede l'ovaire d'un côté avec un fibrome
ovarien de l'autre,
ainsi
quela transformation du fibrome en
sarcome, ou
dégénérescence sarcomateuse.
— 28 —
Pronostic.
Le
pronostic des
fibromes de l'ov lire estgénéralement
bénin. En
effet,
une tumeurqui
reste latentependant de
nombreuses années, etqui n'altère
passensiblement
l'étatgénéral de
lamalade,
n'est pastrès
grave.C iilliot
a cité lecas d'une personne
qui avait supporté dix-sept
ans unfibrome
de l'ovaire sans en être
trop affectée. Néanmoins,
s'il arrivefréquemment
quele fibrome
de l'ovaire îrentraine pasde
graves
désordres
dansl'organisme,
ilpeut arriver
aussi que l'étatgénéral s'altère
assezrapidement
; deplus, la
maladepeut
être contrainte à s'abstenir de tout travail et même àgarder le lit
; dans cesconditions,
on doitprévenir le sujet
de la
bénignité relative
de l'intervention etl'engager à
se faireopérer.
Si on
n'opère
pasle fibrome
de l'ovaire aussitôtqu'on l'a diagnostiqué,
etdans
leplus bref délai,
un sarcomepeut
venir se
gretfer
sur cefibrome, il
peut yavoir
unedégéné¬
rescence sarcomateuse. Enfin toutes les
complications
quenous avons
déjà étudiées
sontsusceptibles de
survenir. Si lepronostic de
fibrome de l'ovaire n'est pastrès
grave en cas 'de non-interventionchirurgicale, il
est encore bien moins grave en casd'intervention,
carl'extirpation de l'ovaire
atteint donne d'excellents résultats ; non seulement
l'opéra¬
tion réussit très
bien,
mais encore on n'observejamais de
récidive
après l'ablation
de la tumeur. Et alors mêmequ'on
ne serait pas
très
sûr dudiagnostic de fibrome,
il faut dans tous les cas faire l'ablation de latumeur.Il y a
quelques années,
avant notreépoque antiseptique qui
a donné de si brillants
résultats,
leschirurgiens n'osaient
pas
faire la laparotomie
etopérer les
tumeurs abdomino-pelviennes,
et ils abandonnaientles malades à leur malheu¬reux sort. Mais maintenant 011 n'hésite pas ;
et souvent,
dans les casdiagnostiqués tumeur maligne,
011 aobtenu
un très bon résultat.CHAPITRE IV
DIAGNOSTIC
Le
diagnostic des tumeurs fibreuses de l'ovaire est parfois
fort difficile;
néanmoins
nouscroyons pouvoir affirmer qu'il
est
possible
enbien des circonstances, et que bon nombre de
tumeurs solides de
l'ovaire diagnostiquées fibromes ont été
reconnues comme
fibromes
parl'opération, et surtout par
l'examen
microscopique. Quelles sont les tumeurs abdomino-
pelvienlies pouvant en imposer au premier abord pour des
fibromes de l'ovaire ?
Nous laisserons
dé côté la grossesse, pensant bien qu'un
chirurgien
un peuexpérimenté saura reconnaître sinon dès
le début,
mais
aubout de quelques mois, si la malade est
enceinte ousi elle est
atteinte d'une affection de l'utérus ou de
l'ovaire.
Parmi les tumeurs
utérines capables d'attirer notre atten
tion, et avec
lesquelles
onpourrait confondre le fibrome ova¬
rien, sont
les fibromes utérins; non pas le fibrome utérin
classique
quetout le monde connaît et qui éclate par ses
symptômes grossiers, à savoir : tumeur médiane saillant hors
du détroit
supérieur, caractérisée par un agrandissement de
la cavité utérine et par un
ensemble de troubles de la mens¬
truation etdetroubles
de compression décrits dans tous les
traités de
pathologie externe, mais avec le fibrome utérin
sous-péritonéal, à long pédicule, qui peut présenter un ensem¬
ble
symptomatique presque identique à celui des fibromes de
l'ovaire.
— 30 —
Il en est de même des fibromes du
ligament large et du ligament
rond.Sans nous arrêter aux menus
détails,
nousparlerons
seu¬lement des
signes qui, réunis,
caractérisent pyesqueà
coupsûr les fibromes de l'ovaire.
D'abord la
présence
de Fascite. L'ascitequi fréquemment accompagne les fibromes
de l'ovaire ne se rencontrejamais
dans les tumeurs de l'utérus.
En second
lieu,
nous citerons la mobilité de la tumeur et sonindépendance
de l'utérus. Trèssouvent,
eneffet,
011 peutimprimer des
mouvements delatéralité,
ou des mouvements verticaux à la tumeur de l'ovaire sans quel'utérus
en soit le moins du monde influencé : caractèrequi
11e seproduit
pas dans les cas de fibrome de l'utérus où les. mouvements de la tumeur sonttransmis à l'utérus etréciproquement.
En troisièmelieu,
l'exploration
de lacavité utérine parl'hys-
téromètre
peut donner
unrenseignement précieux,
en ce sens quedans
les fibromes de l'utérus cette cavité estaugmentée,
et non pas
dans
ceuxde l'ovaire.Un
quatrième symptôme, qui
a étérapporté
parRocher,
c'est la constatation de la sensibilité ovarienne
qui persiste, quoique
un peuaffaiblie
du côtémalade, dans
lé fibrome de l'ovaire.Cesymptôme
manquecomplètement
danslestumeursmalignes de l'ovaire,
ainsi que nous le verronsplus loin.
U11 autre
symptôme
quel'on
rencontre enplusieurs cir¬
constances dans les fibromes ovariens, mais
qui
11e se trouvejamais dans
les fibromes del'utérus,
c'est la cessation desrègles.
Enfin,
pourterminer,
nous dirons quel'état général
se maintient relativement bon dans les tumeurs fibreuses del'ovaire,
contrairement à cequi
a lieu dans les fibromes utérins.Les
signes principaux qui différencient
leskystes de l'ovaire
sont l'absence