Les quatre parties sont indépendantes entre elles.
Dans l’ensemble du sujet, pour répondre à une question, on pourra admettre les résultats des questions précédentes.
Notations
Dans l’ensemble du sujet m et n désignent des entiers strictement positifs. L’ensemble C désigne le corps des nombres complexes. Le module d’un nombre complexe z est noté |z| et son conjugué est noté z. On note D = {z ∈ C : |z| 6 1} le disque unité fermé, et S = {z ∈ C : |z| = 1}.
On note M
m,n( C ) l’ensemble des matrices à m lignes et à n colonnes à coefficients dans C et M
n( C ) = M
n,n( C ) l’ensemble des matrices à n lignes et à n colonnes à coefficients dans C . On note I
nla matrice identité de M
n( C ). La matrice transposée d’une matrice A ∈ M
m,n( C ) est notée A
⊺. Si A = (a
i,j)
06i6m−106j6n−1
∈ M
m,n( C ), on note A
⊺∈ M
n,m( C ) la matrice (a
j,i)
06i6n−1 06j6m−1. On dit qu’une matrice U ∈ M
n( C ) est unitaire si
U U
⊺= U
⊺U = I
n.
Les coefficients d’un vecteur x ∈ C
nsont notés x
0, . . . , x
n−1. Un vecteur x ∈ C
nsera vu comme un élément de M
n,1( C ). Pour tous x ∈ C
net y ∈ C
n, la matrice x
⊺y ∈ M
1( C ) est identifiée au nombre complexe q
n−1i=0x
iy
i. Nous munissons C
nde la norme ë ë
2définie par
∀x ∈ C
n, ëxë
2= A
n−1Ø
i=0
|x
i|
2B
1/2. Si A ∈ M
m,n( C ), on note
ëAë = sup
x∈Cn ëxë2=1
ëAxë
2.
Par convention, pour A ∈ M
n( C ), on pose A
0= I
n.
Dans tout le sujet, (Ω, A, P ) désigne un espace probabilisé sur lequel seront définies les différentes va- riables aléatoires du sujet. On admettra que toutes les variables aléatoires introduites peuvent bien être construites sur cet espace. On notera P (A) la probabilité d’un événement A ⊂ Ω et E [X] l’espérance d’une variable aléatoire X sur (Ω, A, P ) à valeurs réelles.
∗ ∗ ∗
Préliminaires Les résultats démontrés ici seront utiles dans la première partie.
1. Lorsque x ∈ C
n, vérifier que ëxë
22= x
⊺x.
2. Soit U ∈ M
n( C ) une matrice unitaire. Montrer que ëU xë
2= ëxë
2pour tout x ∈ C
n.
3. Si D ∈ M
n( C ) est une matrice diagonale dont les coefficients diagonaux sont d
0, . . . , d
n−1, montrer que ëDë = max
06i6n−1|d
i|.
4. Soient A, B ∈ M
n( C ). On suppose qu’il existe une matrice unitaire U ∈ M
n( C ) telle que B =
U AU
−1. Montrer que ëAë = ëBë.
Première partie Le but de cette partie est de démontrer le résultat suivant.
Théorème 1. Soit f ∈ C [X] un polynôme. Alors sup
z∈D
|f (z)| = sup
z∈S
|f (z)|.
Pour cela, on admet le résultat suivant, qui pourra être utilisé sans démonstration.
A) Si M ∈ M
m( C ) est une matrice unitaire, il existe une matrice diagonale D ∈ M
m( C ), dont tous les coefficients diagonaux ont module 1, et une matrice unitaire U ∈ M
m( C ) telles que M = U DU
−1. Pour démontrer le Théorème 1, on fixe un polynôme f ∈ C [X] de degré n > 1. On considère un nombre complexe z ∈ D et on définit les matrices M ∈ M
n+1( C ) et P ∈ M
n+1,1( C ) par
M =
z 0 0 · · · 0 ð 1 − |z|
2ð 1 − |z|
20 0 · · · 0 −z
0 0 .. . 0
1 0 · · · 0 0 1 . .. 0 0 . .. ... ...
0 0 · · · 1
0 0 .. . 0
=
z 0 0 · · · 0 ð 1 − |z|
2ð 1 − |z|
20 0 · · · 0 −z
0 .. . 0
I
n−10 .. . 0
et
P =
1 0 .. . 0
.
5. Montrer que M est une matrice unitaire.
6. Montrer que z
k= P
⊺M
kP pour tout entier 0 6 k 6 n.
7. Montrer que |f(z)| 6 ëf (M)ë.
8. Démontrer le Théorème 1.
Deuxième partie
Le but de cette partie est de démontrer l’énoncé suivant (on pourra utiliser le Théorème 1).
Théorème 2. Soit n > 1 un entier et A(z) = q
n−1k=0a
kz
kun polynôme non nul tel que a
k∈ {−1, 0, 1}
pour tout 0 6 k 6 n − 1. Alors pour tout entier L > 1 on a sup
θ∈[−π L ,π
L]
|A(e
iθ)| > 1 n
L−1·
Pour démontrer ce résultat, on fixe un entier n > 1 et A(z) = q
n−1k=0a
kz
kun polynôme tel que a
k∈
{−1, 0, 1} pour tout 0 6 k 6 n − 1. On fixe également un entier L > 1.
9. Si z ∈ C vérifie |z| = 1, montrer que |A(z)| 6 n.
10. On suppose dans cette question que a
0= 1, et on pose, pour tout z ∈ C , F(z) =
L−1
Ù
j=0
A 3
ze
2iπjL4 .
a. Montrer qu’il existe z
0∈ C tel que |z
0| = 1 et |F(z
0)| > 1.
b. Montrer que |F(z
0)| 6 n
L−1· sup
θ∈[−π L ,π
L]
|A(e
iθ)|.
11. Démontrer le Théorème 2.
Troisième partie
Le but de cette partie est de démontrer le résultat suivant :
Théorème 3. On fixe p, q ∈ [0, 1]. Soit n > 1 un entier et soit S
nune somme de n variables aléatoires à valeurs dans {0, 1} mutuellement indépendantes de Bernoulli de paramètre p. Alors
P 3-
- - -
S
nn − q
- - - - 6
- - - -
S
nn − p
- - - - 4
6 e
−n(p−q)22.
Pour démontrer ce résultat, on fixe p, q ∈ [0, 1] et (X
i)
16i6nune famille de n variables aléatoires à valeurs dans {0, 1} mutuellement indépendantes de Bernoulli de paramètre p. On pose alors S
n= q
ni=1X
i.
12. Soit g : R
+→ R la fonction définie par g(x) = ln(1 − p + pe
x) pour tout x > 0.
a. Montrer que g est bien définie et de classe C
2sur R
+. Pour x > 0, exprimer g
′′(x) sous la forme
(α+β)αβ2, où α et β sont des réels positifs pouvant dépendre de x.
b. Montrer que g
′′(x) 6
14pour tout x > 0.
c. Montrer que
ln(1 − p + pe
x) 6 px + x
28 pour tout x > 0.
13. On suppose dans cette question que p < q.
a. Justifier que
P 3-
- - -
S
nn − q
- - - - 6
- - - -
S
nn − p
- - - - 4
= P 1 S
n>
p+q2n 2 .
b. Soit X une variable aléatoire de Bernoulli de paramètre p. Pour u > 0, calculer E (e
uX).
c. Montrer que pour tout u > 0,
P 1 S
n>
p+q2n 2 6 e
−n(
p+q2 u−ln(1−p+peu)) .
Indication. On pourra admettre que si (Z
i)
16i6nsont n variables aléatoires réelles mutuelle- ment indépendantes et prenant un nombre fini de valeurs, alors E ( r
ni=1Z
i) = r
ni=1E (Z
i).
d. Montrer que P ! S
n>
p+q2n " 6 e
−n(p−q)22.
14. Démontrer le Théorème 3.
Quatrième partie
Dans cette partie, on s’intéresse à la reconstruction d’une suite de 0 ou 1 à partir d’un échantillon d’observations bruitées (on pourra utiliser le Théorème 2 et le Théorème 3).
Plus précisément, étant donné un élément x = (x
0, . . . , x
n−1) ∈ {0, 1}
n, appelé la source, et un paramètre p ∈ ]0, 1[ fixé, on considère la variable aléatoire O(x) à valeurs dans {0, 1}
nconstruite comme suit :
– soient (B
i)
06i6n−1des variables aléatoires à valeurs dans {0, 1} mutuellement indépendantes de Bernoulli de paramètre p ;
– on note N la variable aléatoire définie par
N = Card({0 6 i 6 n − 1 : B
i= 1})
et I
0< I
1< · · · < I
N−1les éléments de l’ensemble aléatoire {0 6 i 6 n − 1 : B
i= 1} rangés dans l’ordre croissant ;
– on pose enfin
O(x) = (O
0(x), O
1(x), . . . , O
n−1(x)) = (x
I0, x
I1, . . . , x
IN−1, 0, 0, . . . , 0) ∈ {0, 1}
navec la convention O(x) = (0, 0, . . . , 0) ∈ {0, 1}
nsi N = 0.
La variable aléatoire O(x) est appelée observation bruitée de source x. Ainsi, O(x) est obtenue à partir de x en gardant chaque coordonnée avec probabilité p, indépendamment les unes des autres (complétée par des 0 pour obtenir un vecteur de longueur n). Par exemple, si x = (x
0, x
1, x
2, x
3, x
4) = (1, 0, 1, 1, 1) et si B
0= 0, B
1= 1, B
2= 0, B
3= 1, B
4= 1 (ce qui arrive avec probabilité p
3(1 − p)
2), alors O(x) = (O
0(x), O
1(x), . . . , O
4(x)) = (x
1, x
3, x
4, 0, 0) = (0, 1, 1, 0, 0).
15. Soit θ ∈ [−π, π].
a. Montrer que cos(θ) > 1 −
θ22· b. Montrer que - -
eiθ−(1−p) p
-
- 6 exp 1
1−p2p2· θ
22 . Indication. On pourra calculer - -
eiθ−(1−p) p
- -
2
·
16. Soit x = (x
0, . . . , x
n−1) ∈ {0, 1}
net considérons une observation bruitée O(x) = (O
0(x), O
1(x), . . . , O
n−1(x)) de source x.
a. Si 0 6 j 6 k 6 n − 1, montrer que P (N > j + 1 et I
j= k) = p !
kj" p
j(1 − p)
k−j. b. Montrer que, pour tout 0 6 j 6 n − 1, E [O
j(x)] = p q
n−1k=jx
k!
kj" p
j(1 − p)
k−j.
c. Montrer que pour tout w ∈ C ,
E
n−1
Ø
j=0
O
j(x)w
j
= p
n−1
Ø
k=0
x
k(pw + 1 − p)
k.
Dans la suite, on pose L
n= ⌊n
1/3⌋, où ⌊t⌋ désigne la partie entière d’un nombre réel t.
17. Soient x, y ∈ {0, 1}
ntels que x Ó= y. Posons, pour z ∈ C , A
x,y(z) =
n−1
Ø
k=0
(x
k− y
k)z
k. a. Justifier l’existence de θ
0∈ [−
Lπn
,
Lπn
] tel que |A
x,y(e
iθ0)| >
nLn−11·
b. Démontrer que
n−1
Ø
j=0
-
- E [O
j(x)] − E [O
j(y)] - - · - - - - -
e
iθ0− (1 − p) p
- - - - -
j
> p n
Ln−1·
c. Justifier l’existence d’un entier j
n(x, y) tel que 0 6 j
n(x, y) 6 n − 1 et -
- E [O
jn(x,y)(x)] − E [O
jn(x,y)(y)] - - > p n
Lnexp
A
− 1 − p 2p
2· π
2L
2nn B
·
Dans la suite, on fixe une fois pour toutes un entier n qu’il faut considérer comme étant très grand. Pour chaque couple (x, y) ∈ ({0, 1}
n)
2tel que x Ó= y, on fixe un entier j
n(x, y) dont l’existence est prouvée dans la question 17c.
Soient T > 1 et (E
1, E
2, . . . , E
T) ∈ ({0, 1}
n)
T. Ainsi, pour 1 6 i 6 T et 0 6 j 6 n − 1, on a E
ij∈ {0, 1}.
On dit que x est meilleur que y compte tenu de E
1, E
2, . . . , E
Tsi -
- - - - 1 T
T
Ø
i=1
E
ijn(x,y)− E [O
jn(x,y)(x)]
- - - - -
<
- - - - - 1 T
T
Ø
i=1
E
jin(x,y)− E [O
jn(x,y)(y)]
- - - - - .
On pose alors R
n,T(E
1, E
2, . . . , E
T) = x si pour tout y Ó= x, x est meilleur que y. Si l’on ne peut pas trouver de tel x on pose R
n,T(E
1, E
2, . . . , E
T) = (0, 0, . . . , 0).
18. Démontrer que si T
n> e
3 ln(n)n1/3alors pour tout x ∈ {0, 1}
net toute suite O
1(x), O
2(x), . . . , O
Tn(x)
de T
nvariables aléatoires à valeurs dans {0, 1}
nmutuellement indépendantes de même loi que O(x), on a
x∈{0,1}
max
nP 1 R
n,Tn1 O
1(x), O
2(x), . . . , O
Tn(x) 2 Ó= x 2 6 u
noù (u
n)
n>1est une suite tendant vers 0 lorsque n tend vers l’infini.
Indication. On pourra commencer par écrire, en le justifiant, que P 1 R
n,T(O
1(x), O
2(x), . . . , O
T(x)) Ó= x 2
6 Ø
y∈{0,1}n yÓ=x