Universit´e Paris 7 Denis Diderot L3Math-Info (Alg`ebre et g´eom´etrie) 2009-2010
Feuille d’exercices VIII
Dans cette feuille d’exercices, 𝑘 d´esigne un corps commutatif. Si 𝐾 est un corps contenant𝑘, on dit que𝐾/𝑘 est uneextensionde corps. On dit qu’une extension𝐾/𝑘 estalg´ebrique si tout ´el´ement de𝐾est une racine d’un polynˆome `a coefficients dans𝑘.
On dit que𝐾/𝑘est une extensionfinie si𝐾 est un espace vectoriel de rang fini sur𝑘.
Exercice 1 Soit𝐾/𝑘une extension alg´ebrique et𝛼∈𝐾. Pour tout𝛼∈𝐾, on d´esigne par𝑓𝛼:𝑘[𝑋]→𝐾 l’homomorphisme que envoie𝑃∈𝑘[𝑋] en 𝑃(𝛼).
1) Montrer que le noyau de𝑓𝛼 est un id´eal maximal de𝑘[𝑋].
2) Soit 𝑘[𝛼] l’image de 𝑓𝛼. Montrer que 𝑘[𝛼] est un sous-corps de𝐾 et s’identifie au plus petit sous-corps𝑘(𝛼) de𝐾contenant𝑘∪ {𝛼}.
3) Montrer que l’extension𝑘(𝛼)/𝑘est finie.
4) Montrer que tout sous-anneau de𝐾 contenant𝑘est un corps.
5) Montrer que, pour tout sous-corps 𝐾′ de 𝐾 contenant 𝑘, l’extension 𝐾/𝐾′ est alg´ebrique.
6) Montrer que, si (𝛼1,⋅ ⋅ ⋅, 𝛼𝑛) est une famille finie d’´el´ements dans𝐾, alors le corps 𝑘(𝛼1,⋅ ⋅ ⋅ , 𝛼𝑛) :=𝑘(𝛼1)(𝛼2)⋅ ⋅ ⋅(𝛼𝑛)
est un espace vectoriel de rang fini sur𝑘.
Exercice 2 Soit𝐿une 𝑘-alg`ebre int`egre qui est de rang fini (comme espace vectoriel sur𝑘).
1) Montrer que𝐿est un corps.
2) Montrer que l’extension𝐿/𝑘 est alg´ebrique.
Exercice 3 Le but de cet exercice est de montrer que, si 𝐾/𝑘 et 𝐿/𝐾 sont deux extensions alg´ebriques, alors𝐿/𝑘 est ´egalement une extension alg´ebrique.
1) Soit𝛼un ´el´ement de𝐿. Montrer qu’il existe des ´el´ements𝑎1,⋅ ⋅ ⋅, 𝑎𝑛 de𝐾 tels que 𝛼est une racine d’un polynˆome `a coefficients dans𝑘(𝑎1,⋅ ⋅ ⋅ , 𝑎𝑛).
2) Soit𝐾′ =𝑘(𝑎1,⋅ ⋅ ⋅, 𝑎𝑛). Montrer que l’extension𝐾′(𝛼)/𝐾′ est finie.
3) En d´eduire que𝐾′(𝛼)/𝑘 est une extension finie.
4) Conclure.
Exercice 4 Le but de cet exercice est de montrer que, si𝐿/𝑘 est une extension et s’il existe une famille finie (𝑎1,⋅ ⋅ ⋅, 𝑎𝑛) d’´el´ement dans𝐿telle que𝐿=𝑘[𝑎1,⋅ ⋅ ⋅, 𝑎𝑛]. Alors l’extension𝐿/𝑘 est finie.
1) Montrer que, si𝛼∈𝐿est tel que𝑘[𝛼] =𝑘(𝛼), alors l’extension𝑘(𝛼)/𝑘est alg´ebrique.
2) Soient𝐴un anneau int`egre,𝐹 le corps de fractions de𝐴et𝐵un sous-anneau de𝐹 contenant𝐴. Montrer que, si𝐹 est de type fini comme un𝐵-module, alors𝐵 =𝐹.
3) Soit𝑃 un ´el´ement non-nul de𝑘[𝑋]. Montrer que l’anneau𝑘[𝑋, 𝑃−1] est strictement contenu dans𝑘(𝑋).
4) Conclure par r´ecurrence sur𝑛.
5) Application : montrer que, si 𝔪 est un id´eal maximal de l’anneau des polynˆomes 𝑆=𝑘[𝑋1,⋅ ⋅ ⋅, 𝑋𝑛], alors 𝑆/𝔪 est un espace vectoriel de rang fini sur𝑘.
Exercice 5 Soit𝐷:𝑘[𝑋]→𝑘[𝑋] l’application𝑘-lin´eaire telle que i) 𝐷(𝑋𝑛) =𝑛𝑋𝑛−1quel que soit 𝑛∈ℕ∖ {0},
ii) 𝐷(1) = 0.
Si 𝑚 ≥ 1 est un entier, on d´esigne par 𝐷𝑚 : 𝑘[𝑋] → 𝑘[𝑋] l’application compos´ee 𝐷∘𝐷∘ ⋅ ⋅ ⋅ ∘𝐷
| {z }
𝑚copies
. Enfin, on note𝐷0 l’application d’identit´e de𝑘[𝑋] vers lui-mˆeme.
1) Montrer que𝐷(𝑋𝑛+𝑚) =𝑋𝑛𝐷(𝑋𝑚) +𝑋𝑚𝐷(𝑋𝑛) quel que soit (𝑚, 𝑛)∈ℕ2. 2) En d´eduire que𝐷(𝑃 𝑄) =𝑃 𝐷(𝑄) +𝑄𝐷(𝑃) quels que soient 𝑃 et 𝑄dans𝑘[𝑋].
3) En d´eduire que, pour tous les𝑚∈ℕ∖ {0},𝑃∈𝑘[𝑋] et𝑄∈𝑘[𝑋],
𝐷𝑚(𝑃 𝑄) =
𝑚
∑
𝑖=0
𝐶𝑚𝑖 𝐷𝑖(𝑃)𝐷𝑚−𝑖𝑄.
4) Soient𝑎∈𝑘et 𝑛∈ℕquelconques, d´eterminer 𝐷((𝑋−𝑎)𝑛).
5) Montrer que, pour tout polynˆome 𝑃 ∈ 𝑘[𝑋], il existe 𝑄 ∈ 𝑘[𝑋] tel que 𝑃(𝑋)− 𝑃(𝑎) = (𝑋−𝑎)𝑄(𝑋).
6) Soient 𝑃 ∈𝑘[𝑋], 𝑎∈𝑘 et 𝑄∈𝑘[𝑋] tel que (𝑋 −𝑎)𝑄=𝑃−𝑃(𝑎). Montrer que, pour tout entier𝑚≥1, (𝑚+ 1)𝐷𝑚𝑄(𝑎) =𝐷𝑚+1𝑃(𝑎).
7) On suppose que car(𝑘) = 0. Montrer que, si𝑃 est un polynˆome de degr´e𝑛 dans 𝑘[𝑋] et si𝑎∈𝑘 est quelconque, alors
𝑃 =𝑃(𝑎) +𝐷𝑃(𝑎)(𝑋−𝑎) +𝐷2𝑃(𝑎)
2! (𝑋−𝑎)2+⋅ ⋅ ⋅+𝐷𝑛𝑃(𝑎)
𝑛! (𝑋−𝑎)𝑛. 8) Soit𝑃un polynˆome non-nul. On rappelle que la multiplicit´e d’une racine𝑎de𝑃 est
par d´efinition le plus grand entier naturel𝑚∈ℕtel que (𝑋−𝑎)𝑚divise𝑃. Montrer que,𝑎est une racine de multiplicit´e 1 si et seulement si𝑃(𝑎) = 0 et𝐷𝑃(𝑎)∕= 0. En outre, si car(𝑘) = 0, alors la multiplicit´e de𝑎est ´egale au plus grand entier naturel 𝑚∈ℕtel que
𝑃(𝑎) =𝐷𝑃(𝑎) =⋅ ⋅ ⋅=𝐷𝑚−1𝑃(𝑎) = 0.
9) Montrer que, si𝑃 ∈𝑘[𝑋] est un polynˆome irr´eductible de degr´e≥1 tel que𝐷𝑃 ∕= 0, alors (𝑃, 𝐷𝑃) =𝑘[𝑋].
10) Montrer que, si𝑘 est parfait, alors pour tout polynˆome irr´eductible de degr´e≥1, on a𝐷𝑃 ∕= 0.
11) En d´eduire que, si 𝑘 est parfait et si 𝑃 est un polynˆome irr´eductible dans 𝑘[𝑋], alors pour toute extension𝐿/𝑘, le polynˆome𝑃 n’a pas de racine multiple dans𝐿.