CAPES de Math´ematiques.
Universit´e Lyon 1 Ann´ee 2013- 2014 S. P.
Corrig´e du Probl`eme 2 de l’ Ecrit 2 Juin 2013
Partie A.
1. Z ⊂ D: pour tout m ∈ Z, on a 100m ∈ Z.
D ⊂ Q: soit x ∈ R. S’il existe n ∈ N tel que 10nx ∈ Z, alors x s’´ecrit 10ln pour un naturel l ∈ Z.
Les inclusions sont strictes: 12 ∈ D \ Z. 13 ∈ Q \ D car s’il existait n ∈ N tel que 10n 13 ∈ Z, 3 serait un diviseur premier de 10.
2. Soient x, y ∈ D et m, n ∈ N tels que 10mx ∈ Z, 10ny ∈ Z.
Stabilit´e pour +: on a 10m+n(x + y) = 10n(10mx) + 10m(10ny) ∈ Z.
Stabilit´e pour ×: 10m+nxy = 10mx 10ny ∈ Z.
3. On pose x = ab, pgcd (a, b) = 1.
3.1 Si b = 2α5β alors 10α+β ab = 2β5αa ∈ Z.
3.2 On suppose x 6∈ N . Soit n ∈ N \ {0} tel que 10n ab ∈ N . On a 10na = b l, l ∈ N. b divise donc 10na. Puisque pgcd (a, b) = 1, par Gauss, b divise 10n. D`es lors tout facteur premier p de b divise 10n et p ∈ {2, 5}.
3.3 Par 3.1 et 3.2, le rationnel ab est d´ecimal ssi il existe (α, β) ∈ N2 tel que b = 2α5β. 4.
4.1 Puisque dn ≥ 0 pour tout n ∈ N , la suite des sommes partielles (Pn k=0
dk
10k)n∈N est croissante.
Comme dn≤ 9 pour tout n > 0,
n
X
k=0
dk
10k = d0+
n
X
k=1
dk
10k ≤ d0+ 9
n
X
k=1
1
10k = d0+ 1 − 1
10n < d0+ 1 et la suite est aussi born´ee, donc convergente. On note x =P
n≥0 dn
10n sa limite.
4.2 Le cas d’une suite finie: x =PN n=0
dn
10n et 10Nx ∈ N.
Le cas d’une suite impropre: supposons x =PN n=0
dn
10n +P
n≥N +1 9
10n avec dN 6= 9.
Observer que
X
n≥N +1
9
10n = 9 10N +1
X
n≥0
1
10n = 9 10N +1
1
1 − 101 = 9 10N +1
10 9 = 1
10N. D’o`u x =PN
n=0 dn
10n +101N et 10Nx ∈ Z.
Remarque: cela revient `a remplacer 0999999.... par 1 `a la n-i`eme d´ecimale, i.e. `a ´ecrire d0, d1. . . dN999999... = d0, d1. . . (dN + 1)000000....
4.3 Proc´eder comme au 4.2 en ´ecrivant pour N ≥ 0, X
k≥N
dk
10k = dN
10N + 1 10N +1
X
k≥0
dN +1+k
10k ≤ dN
10N + 1 10N +1
X
k≥0
9
10k = dN + 1 10N . Si pour tout k ≥ 0, dN +1+k = 9, l’in´egalit´e dans la ligne qui pr´ec`ede est une ´egalit´e.
R´eciproque:
L’argument qui suit est diff´erent de celui fait en cours.
Supposons que pour un certain N ≥ 0,P
k≥N dk
10k = d10N+1N . On a doncP
k≥N +1 dk
10k +10dNN = d10N+1N
i.e.
X
l≥1
dN +l
10l = 1.
Les d´eveloppements d´ecimaux pour les deux suites d´ecimales (dN +l)l≥1 et (9 − dN +l)l≥1 sont convergents par le 4.1 et leur somme vaut
X
l≥1
dN +l
10l +X
l≥1
9 − dN +l
10l =X
l≥1
9 10l = 1.
S’il existait l tel que dN +l6= 9 on aurait X
l≥1
dN +l
10l = 1 −X
l≥1
9 − dN +l
10l < 1.
4.3 On a
N
X
k=0
dk
10k ≤ x =
N
X
k=0
dk
10k + X
k≥N +1
dk
10k <
N
X
k=0
dk
10k + 1 + dN +1
10N +1 . En multipliant par 10N et en utilisant 1 + dN +1 ≤ 10, il vient
10N
N
X
k=0
dk
10k ≤ 10Nx < 10N
N
X
k=0
dk
10k + 1.
D`es lors l’entier 10NPN k=0
dk
10k est la partie enti`ere de 10Nx et l’unicit´e des coefficients dn r´esulte de l’unicit´e du d´eveloppement d´ecimal d’un entier.
5. Supposons x ∈ D>0 et soit l ∈ N le plus petit entier naturel tel que 10lx = n ∈ N . En d´eveloppant n en base 10, on a
10lx = a0+ a110 + . . . + al10l+ . . . + aN10N o`u aj ∈ [0, 9], a06= 0 (sinon 10l−1x ∈ N ), aN 6= 0, N ≥ 0. D’o`u
x = a0
10l + a1
10l−1 + . . . +al−1
10 + al+ al+110 + . . . + aN10N −l.
C’est le d´eveloppement demand´e avec d0= al+ al+110 + . . . + aN10N −l, d1= al−1, . . . , dl = a0. Partie B.
Pour cette partie, x d´esigne un rationnel positif non d´ecimal. On ´ecrit x = ab avec pgcd (a, b) = 1.
Les suites (dn) et (rn) sont d´efinies par r´ecurrence comme quotients et restes de divisions euclidi- ennes en posant a = d0b + r0 et pour n ≥ 0, 10rn= dn+1b + rn+1.
1.1 Comme pour tout n ≥ 0, rn∈ [0, b − 1], on a d0= E(a
b), r0= a − E(a b)b et pour n ≥ 0,
dn+1 = E(10 rn
b ), rn+1= 10rn− E(10 rn
b )b.
1.2 Cette question n’est pas tout `a fait anodine. Il s’agit d’observer sur 135 la p´eriodicit´e du d´eveloppement d´ecimal. Je trouve la suite de quotients et restes (dn, rn) suivante:
(0, 5), (3, 11), (8, 6), (4, 8), (6, 2), (1, 7), (5, 5), (3, 11), ...
On observe r6= r0 et donc d7= d1, r7= r1, ... et 5
13 = 0.384615 384615 384615... =: 0.[384615].
2.
2.1 C’est vrai pour n = 0 par d´efinition: ab = d0+10r00b. n ⇒ n + 1: il suffit d’observer
x =
n
X
k=0
dk
10k + rn
10nb =
n
X
k=0
dk
10k + 10rn
10n+1b =
n
X
k=0
dk
10k +dn+1b + rn+1
10n+1b =
n+1
X
k=0
dk
10k + rn+1
10n+1b.
2.2 Multiplier l’identit´e de 2.1 par 10nb pour obtenir
10na = b(
n
X
k=0
dk10n−k) + rn.
2.3 Comme rn ∈ [0, b − 1], on a
0 ≤ x −
n
X
k=0
dk
10k = rn
10nb ≤ b − 1 10nb < 1
10n. D`es lors, limn→∞
Pn k=0
dk
10k = x.
La suite est d´ecimale: pour tout n ≥ 0, rn ∈ [0, b − 1]. D`es lors si dn+1 ≥ 10 on aurait rn+1 = 10rn− dn+1b < 0. Absurde.
La suite est propre: supposons dn = 9 pour tout n ≥ N + 1. On aurait alors
x = d0+
N
X
n=0
dn
10n + 9 X
n≥N +1
1
10n = d0+
N
X
n=0
dn
10n + 1 10N
et x serait d´ecimal.
3.
3.1 Par 2.1, x =Pn k=0
dk
10k + 10rnnb. Si pour n ∈ N, rn ´etait nul, x serait d´ecimal.
3.2 Par 3.1, rn∈ [1, b − 1]. D`es lors, deux des b restes r0, r1, . . . , rb−1 sont ´egaux.
3.3 On d´esigne par q ∈ [0, b − 1] le plus petit indice pour lequel il existe q0, avec q < q0≤ b − 1, tel que rq = rq0. On pose p = q0− q.
On va montrer que ∀n ≥ q, rn= rn+p par r´ecurrence sur n.
C’est vrai pour n = q: rq = rq0 = rp+q. vrai pour n ≥ q ⇒ vrai pour n + 1: on a
10 rn = dn+1b + rn+1, 10 rn+p= dn+p+1b + rn+p+1. Par unicit´e du reste, l’´egalit´e 10 rn = 10 rn+p implique rn+1= rn+1+p.
Observer que par unicit´e du quotient on a aussi dn+1 = dn+1+p pour tout n ≥ q.
Conclusion: le d´eveloppement d´ecimal x = d0, d1d2.... de tout rationnel x est p´eriodique de p´eriode p `a partir du rang q + 1 i.e.
x = d0, d1d2· · · dqdq+1· · · dq+pdq+1· · · dq+p · · · =: d0, d1· · · dq[dq+1· · · dq+p].
On appelle q la pr´e-p´eriode et p la p´eriode de x.
4.
4.1
(i) Par hypoth`ese, le rationnel x = ab est non d´ecimal. Par la question 3 de la Partie A, b a un facteur premier, disons p, distinct de 2 et 5. D`es lors, pour tout l ∈ N le reste ρl de la division euclidienne
10l = qlb + ρl
de 10lpar b est non nul (sinon p diviserait 1 (lorsque l = 0) ou serait un facteur premier de 10 = 2·5 (lorsque l ≥ 1)). Comme au 3.2, deux des b restes ρ0, . . . , ρb−1 de la division de 100, . . . , 10b−1par b sont donc ´egaux. Si ρi= ρj, 0 ≤ i < j ≤ b − 1, on a 10j ≡ 10i[b].
(ii) Par 2.2, pour tout n ∈ N , on a 10na ≡ rn[b].
D`es lors, 10j ≡ 10i[b] ⇒ 10ja ≡ 10ia[b] ⇒ rj ≡ ri[b] ⇒ rj = ri (car −b < rj − ri< b).
En fait la r´eciproque est aussi vraie: rj = ri ⇒ 10ja ≡ 10ia[b] ⇒ 10j ≡ 10i[b] (par Gauss en utilisant pgcd (a, b) = 1).
Le plus petit indice i pour lequel il existe j > i tel que 10j ≡ 10i[b] est donc ´egal `a q (par d´efinition de la pr´e-p´eriode q) et le plus indice j > q convenant est ´egal `a q + p (l`a aussi par d´efinition de la p´eriode p).
4.2 La question 4.1 montre que la d´etermination de la pr´e-p´eriode q et de la p´eriode p de x = ab d´epend uniquement des congruences des puissances de 10 modulo b.
5. Les rationnels 17,121,1121 .
Cette question n’est pas anodine: le calcul de la pr´e-p´eriode et de la p´eriode par congruence des puissances de 10 modulo b se r´ev´elant laborieux, elle motive les questions des parties C et D de l’´epreuve.
1
7: 7 ´etant premier, par petit Fermat 106≡ 1[7]. D`es lors q = 0 (car 100= 1) et p = 6. On a 1
7 = 0, [142857].
1
12: 1 ≡ 1[12], 10 ≡ 10[12], 102 ≡ 4[12], 103≡ (4 · 10)[12] ≡ 4[12] et ∀n ≥ 2, 10n ≡ 4[12]. D`es lors, q = 2, p = 1 et on a
1
12 = 0, 08[3].
1
112: c’est plus long. On a 104 ≡ 32[112], 1010 ≡ 32[112] et aucunes puissances 10n, n ≥ 4 n’est congrue `a 1, 10 ou 100, modulo 112. D`es lors q = 4, p = 6.
Partie C.
1.
1.1 On suppose pgcd (b, 10) = 1. On a
10q ≡ 10q+p[b] ⇔ b | 10q(10p− 1) ⇔ b | (10p− 1) par Gauss ⇔ 10p≡ 1[b].
1.2 On sait que des entiers 0 ≤ q < p ≤ b − 1 tels que 10q ≡ 10p+q[b] existent. Par le 1.1, il existe donc p ∈ [1, b − 1] tel que 10p≡ 1[b]. Comme 100= 1 ≡ 1[b], ω(b) = 0.
Remarque: π(b) est alors le plus petit entier strictement positif tel que 10π(b) ≡ 1[b]. La p´eriode π(b) s’interpr`ete en th´eorie des groupes: c’est l’ordre de 10 dans le groupe des inversibles multiplicatifs (Z/bZ)?.
2. On pose b = 2j· 5k· c avec pgcd (c, 10) = 1.
Suivons l’indication: on suppose b | 10q(10p − 1); les facteurs 2j · 5k et c divisent donc aussi 10q(10p− 1).
Comme pgcd (c, 10q) = 1, par Gauss, on a c | (10p− 1).
Observer ensuite que pour tout p ≥ 1, les entiers 2 et 5 ne sont pas facteurs premiers de 10p− 1.
D`es lors pgcd (2j· 5k, 10p− 1) = 1 et, par Gauss, 2j · 5k | 10q. On a donc
b | 10q(10p− 1) ⇒ 2j · 5k | 10q et c | 10p− 1.
L’implication r´eciproque (⇐) est claire.
Observer que les conditions sur q et p sont ind´ependantes et que si q convient (i.e. si 2j· 5k | 10q = 2q· 5q) alors max(j, k) ≤ q.
Le plus petit entier q convenant est ω(b) = max(j, k). La p´eriode π(b) est alors le plus petit entier strictement positif tel que 10π(b)≡ 1[c].
Enfin, c ´etant premier avec 10, la pr´e-p´eriode ω(c) est nulle (cf 1.2) et π(b) est aussi la p´eriode π(c).
3. Application:
1
150: 150 = 2 · 52· 3. On a ω(150) = max (1, 2) = 2 et la p´eriode est celle de 13: c’est le plus petit entier p ≥ 1 tel que 10p≡ 1[3]. On a donc π(150) = 1. (Au fait: 1501 = 0, 00[6].)
1
1120: 1120 = 25· 5 · 7. La pr´e-p´eriode ω(1120) = max (5, 1) = 5 et la p´eriode est celle de 17, i.e.
π(1120) = 6.
Partie D.
Le corrig´e de cette partie sera mis en ligne apr`es l’´etude des groupes.