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Submitted on 1 Jan 1987
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Influence d’une polarisation de réorientation sur l’anisotropie des céramiques piézoélectriques et leur
stabilité
H. Ohanessian, P. Gonnard
To cite this version:
H. Ohanessian, P. Gonnard. Influence d’une polarisation de réorientation sur l’anisotropie des céramiques piézoélectriques et leur stabilité. Revue de Physique Appliquée, Société française de physique / EDP, 1987, 22 (1), pp.47-53. �10.1051/rphysap:0198700220104700�. �jpa-00245514�
Influence d’une
polarisation
de réorientation surl’anisotropie
des
céramiques piézoélectriques
et leur stabilitéH. Ohanessian et P. Gonnard
Institut National des Sciences Appliquées, Laboratoire de Génie Electrique et Ferroélectricité, 20, avenue Albert-Einstein, 69621 Villeurbanne Cedex, France
(Reçu le 6 juin 1986, accepté le 2 octobre 1986)
Résumé. 2014 La stabilité des céramiques piézoélectriques de type PZT sous des compressions uniaxiales répétitives
demeure toujours une des caractéristiques les plus critiques de ces matériaux. Des études antérieures ont mis en
évidence l’influence d’une polarisation induite de compensation sur les propriétés de ces céramiques. Elles ont
montré que la stabilisation est améliorée lorsque l’on compense le vecteur de polarisation aux frontières des domaines par une polarisation induite. Le présent article propose un modèle théorique qui permet d’établir une relation entre le processus de stabilisation et le rapport
d31/d33
des coefficients piézoélectriques (d31 coefficient transverse,d33 coefficient longitudinal). Les résultats expérimentaux confirment les valeurs théoriques établies à partir de ce
modèle.
Abstract. 2014 Stability of PZT piezoceramics under mechanical stress is still one of the most critical features of these materials. Previous studies have shown the influence of reorientational polarization on the properties of these
ceramics. It was proposed that a better stabilization should occur when the polarization vector was compensated at
the domains boundaries by an induced polarization. In the present paper, a theoretical model is developed showing a dependence of the stabilizing processes on the ratio of the longitudinal piezoelectric coefficient d33 over the transverse
coefficient d31. The experimental results are compared with theoretical values based on this model.
Classification
Physics Abstracts
77.30 - 77.60
1. Introduction.
Parmi l’ensemble des propriétés des céramiques piézoé- lectriques et notamment de celles utilisées industrielle-
ment dans des applications d’allumage par compression impulsionnelle, les propriétés de stabilité sous l’effet d’impulsions mécaniques répétitives présentent une grande importance.
En étudiant des céramiques de type PZT, L. Eyraud
et ses collaborateurs ont pu montrer l’influence de la
polarisation de réorientation sur ces phénomènes [1].
Ils ont en particulier observé que la plus grande
stabilité était obtenue dans les compositions pour
lesquelles une polarisation induite permettait d’annuler
la divergence du vecteur polarisation à la frontière des
domaines [2]. On parle alors de compositions compen- sées.
L’étude comparative des caractéristiques électriques, piézoélectriques ou mécaniques de ces compositions ne
permet pourtant pas de mettre en évidence une varia-
REVUE DE PHYSIQUE APPLIQUÉE.-T. 22, N° 1, JANVIER 1987
tion notable de ces paramètres entre les échantillons
compensés et les échantillons non compensés [3, 4].
Dans cette étude portant sur des céramiques de laboratoires, nous nous sommes intéressés à la mesure
des coefficients piézoélectriques en court-circuit d33 et d31.
C’est en fait le calcul du rapport de ces coefficients
plutôt que leur valeur en elle-même qui nous a permis
de mettre en évidence des propriétés intéressantes
concernant la corrélation entre le processus de stabilisa- tion par compensation et le rapport de certains des coefficients.
Nous étudions dans un premier temps les valeurs
théoriques de ces rapports dans le cas de matériaux non compensés et de matériaux compensés.
1.1 CALCUL EN ABSENCE DE POLARISATION INDUITE DE COMPENSATION. - Le modèle de base admet comme hypothèse que les polarisations sponta-
4
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/rphysap:0198700220104700
48
nées des domaines sont toutes situées dans un cône d’axe 3 et d’angle au sommet 0 ,y (Fig. 1).
Fig. 1. - Modélisation des polarisations spontanées des
domaines.
[Model of domains spontaneous polarizations.]
Les polarisations radiale Pr et longitudinale P3 s’expri-
ment alors par :
Les mesures de variations de la polarisation en
fonction de la contrainte T appliquée à l’échantillon
piézoélectrique montrent une relation de la forme :
ce qui permet d’exprimer les coefficients piézoélectri-
ques en fonction de la contrainte :
Dans ces conditions, le rapport des coefficients
d31 et d33 est proportionnel au rapport des polarisations
radiale et longitudinale :
L’indice N indique que le matériau est non compensé.
Remarquons qu’en supposant une densité uniforme de répartition des polarisations spontanées Po entre 0
et 2 8
.,Y, on peut déterminer la valeur moyenne de la
polarisation longitudinale :
soit :
On aura encore:
1.2 CALCUL EN PRÉSENCE DE POLARISATION INDUITE DE COMPENSATION. - Le composé cérami-
que PZT initial possédant des charges d’espace aux
murs de domaines, 03C1v = - div P, est très peu stable
lorsqu’il est soumis à des compressions uniaxiales répétitives. L. Eyraud et al. [2] ont montré que, pour diminuer ces effets de vieillissement, il est nécessaire de minimiser les charges d’espace à l’aide d’une polarisa-
tion de compensation induite par adjonction d’ions
monovalents (K+ et Na+ ) en sites A et d’ions pentava-
lents
(Nb5 +)
en sites B. Ceci tend à bloquer les paroisde domaines à leur position d’équilibre.
L’effet optimal consisterait à annuler les charges d’espace et donc à rendre div P égal à 0 tout le long de
l’axe de polarisation électrique (Fig. 2). Pour cela, il
Fig. 2. - Compensation optimale des charges d’espace par
polarisation induite.
[Optimized compensation of space charges by induced polari- zation.] ]
s’agit d’ajouter ou de retrancher à chaque vecteur de polarisation de domaine po, une polarisation induite pi telle que la projection de po ± p; sur l’axe 3 de
polarisation soit constante et égale à P3.
On appelle encore 0 ..Y, l’angle moyen entre l’axe 3
et les polarisations pQ et l’on suppose toujours une répartition uniforme des moments dipolaires po dans un
angle compris entre 0 et
2 8 moy’
.Le rapport des coefficients piézoélectriques d31 et d33
sera encore proportionnel au rapport des polarisations
moyennes sur l’axe radial et sur l’axe longitudinal
l’indice 1 représente la compensation par polarisation
induite.
Notons que la polarisation P3 conserve toujours sa
valeur déterminée dans la relation (2) du fait des
hypothèses identiques sur 0.
Pour chaque domaine, on peut écrire la polarisation
radiale :
La valeur moyenne pour tout le matériau se calcule par l’intégrale :
soit
qui s’écrit alors en tenant compte de (2) :
On peut également déterminer la valeur moyenne de Pi :
soit :
En utilisant les relations précédentes, on peut établir le rapport des coefficients piézoélectriques en présence
de compensation induite
En reprenant les relations (1) et (5), on compare alors les rapports
d31
en absence de polarisation induite33
et en présence de compensation par polarisation induite
La courbe
représentative K ( 9 moy )
est donnée sur lafigure 3.
Les valeurs de
l’angle 9moy
qui correspondent auxdifférentes phases structurales des céramiques piézoé- lectriques sont données dans la littérature [6, 7]. On
Fig. 3. - Courbe représentative de
K ( 8 moy ) .
[K ratio versus mean polarization angle 6 moy’ ]
50
trouve en particulier pour les structures tétragonale et rhomboédrique :
La courbe 3 indique pour ces deux types de matériaux des rapports :
KT = 1,22 pour le tétragonal
et
KR =1,146 pour le rhomboédrique
En fait, nous avons vu que les caractéristiques les plus
intéressantes pour la stabilité sous l’effet d’impulsions répétitives concernent les structures mixtes constituées d’un mélange de phases rhomboédrique et tétragonale,
et proches de la transition de phase morphotropique.
Pour ces structures, de nombreux auteurs, dont V. A.
Isupov [8] ont calculé l’angle moyen et trouvé une valeur beaucoup plus faible que celle des deux compo- sants :
( cos 0 oy ) m =
0,922. La valeur correspon- dante du rapport K est également plus faible : KM = 1,067.Nous avons vérifié expérimentalement les valeurs du coefficient K pour des échantillons de laboratoire.
Remarque :
En utilisant la relation (4), on peut calculer la
polarisation induite nécessaire pour compenser les divers types de matériaux suivant leur structure. Nous
avons pris une polarisation Po = 50 x 10- 2
C/m2
del’ordre de celle habituellement mesurée dans ces
composés.
- Pour la structure tétragonale :
soit :
- Pour la structure rhomboédrique :
soit :
- Pour la structure orthorhombique :
soit :
- Enfin, pour la structure mixte :
soit :
Il apparaît que les structures de la zone morphotropi-
que, avec une polarisation induite de 0,546
03BCC/cm2,
seraient naturellement plus faciles à compenser. Ces résultats sont en accord avec les observations expéri-
mentales décrites dans les travaux précédents [4] mon-
trant d’une part une valeur optimale de la stabilisation à la transition de phase morphotropique (Fig. 4), et
100 SZ 53 54 x 96
briquet
0 bllJebille
Ad 96.
-100
marteau -200
presse 10 coups
-300 -400 30 coups 1
Fig. 4. - Variation relative du coefficient piézoélectrique en
fonction de % Zr.
[Relative variation of the piezoelectric coefficient as a function of Zr (%).]
d’autre part une détérioration de cette stabilisation
sous l’effet d’une surcompensation lorsque le taux de dopage Na, K est trop élevé.
2. Dispositifs de mesure.
Les coefficients piézoélectriques sont mesurés par des méthodes quasi statiques.
2.1 MESURE DE d33 STATIQUE. - La méthode
consiste à déformer la céramique par application d’un champ alternatif d’amplitude élevée et à variation très
lente (1 cycle en 10 s). L’amplitude maximale de
± 127 kV/m sur nos échantillons de 16 mm d’épaisseur correspond à une tension maximale d’environ 2 000 V.
Un palpeur micrométrique relié à un mesureur des
variations d’épaisseur permet de relever les variations à de l’épaisseur de la céramique sous l’effet du champ appliqué (Fig. 5).
Fig. 5. - Appareil expérimental de mesure de d33.
[Schematic of the experimental arrangement used to measure
d33. ]
La constante piézoélectrique « quasi statique » d33
est obtenue par la relation suivante :
d33
1. Ol - 0394l v
E, cham électrique appliqué . (7)On pourrait également mesurer le coefficient trans-
verse d31 en enregistrant les variations d’épaisseur de
l’échantillon dans une direction normale à celle du
champ appliqué (Fig. 6).
Fig. 6. - Vue partielle de la mesure de d31.
[Partial view of d31 measurement.]
Cette dernière mesure est toutefois beaucoup moins précise du fait de la forme cylindrique de nos échantil-
lons. On atteindra la valeur de d31 statique à partir de la
mesure du coefficient hydrostatique dh.
2.2 MESURE DE dh HYDROSTATIQUE. - On mesure
les charges écoulées aux bornes d’une céramique lors-
que la pression hydrostatique à laquelle elle est soumise
varie.
Afin de s’affranchir des erreurs dues aux variations de température de l’échantillon lorsque la pression varie, la saisie des données s’effectue lors du retour libre à la pression atmosphérique, et non pas lors de la montée en pression.
Le principe de la mesure est le suivant :
L’échantillon est comprimé jusqu’à une valeur de 108 Pa, et l’on recueille simultanément les charges
écoulées dans un condensateur de 1 03BCF placé dans un amplificateur opérationnel monté en intégrateur (Fig. 7). Lorsque la température de la céramique est stabilisée, on redescend la pression hydrostatique par
paliers de 2 x 107 Pa, jusqu’à la pression atmosphéri-
que. A chaque palier, la mesure des charges écoulées
est faite lorsque la température est stable.
Fig. 7. - Mesure des charges écoulées en hydrostatique.
[Released charges measurements device under hydrostatic pressure.]
Afin de tenir compte de la différence des températu-
res d’équilibre, on effectue une correction de la mesure
des charges en utilisant le coefficient pyroélectrique.
La figure 8 représente les différentes étapes de la
mesure : a) courbe des charges écoulées lors de la montée en pression ; b) courbe de descente à la
pression atmosphérique (non corrigée) ; c) courbe de
descente à la pression atmosphérique (après correc- tion).
Cette dernière courbe permet de déterminer le coefficient piézoélectrique hydrostatique
d
= 0394Q TS T
étant la pression appliquée en Pascal.52
Fig. 8. - Variation des charges en fonction de la pression.
[Typical charges variations versus pressure data.] ]
Le coefficient piézoélectrique d3j quasi statique est
alors obtenu par la relation suivante :
3. Résultats expérimentaux.
3.1. - Nos expériences ont porté sur des céramiques
de laboratoire de forme cylindrique (0 = 6,35 mm et
e = 16 mm), choisies parmi des produits de composition
voisine compensés ou non par une polarisation induite [9]. Leur composition formulaire se présente sous la
forme générale suivante :
X = Nbo,o2 pour les céramiques LG109 et LG55 :
pour LG55 non compensée : y = 0
pour LG109 compensée : y = 0,0025.
De même, X = Wo,ol pour les céramiques LG90 et
LG77 :
pour LG90 non compensée : y = 0 pour LG77 compensée : y = 0,0025.
3.2. - Outre le coefficient piézoélectrique dynamique d33 mesuré de manière classique au piézomètre de type Berlincourt, la figure 9 présente les valeurs des constan- tes piézoélectriques d33 st, dh et d31 St mesurées comme indiqué au § 2, ainsi que le rapport de ces coefficients
d31
stld33
st- Il donne également les caractéristiques detenue aux chocs mécaniques répétitifs, à savoir : varia-
tions de la constante piézoélectrique dynamique
0394d33/d33
après 400 chocs brefs de 20 )Jbs (briquet) surétincelle et variations de ce même coefficient après 400
chocs lents de 200 03BCs (marteau) en court-circuit ou sur
charge capacitive. Ces manipulations sont décrites dans
des articles précédents [3] et [4], et les contraintes
appliquées sont de l’ordre de 600 bars.
Fig. 9. - Tableau comparatif du comportement des cérami- ques.
[Compared behaviour of compensated and non-compensated ceramics.]
3.3. - Le tableau met en évidence l’absence de corrélation entre les caractéristiques Er et d33 dynam des matériaux et leur propriété de tenue aux chocs mécani- ques répétitifs de longue durée.
Nous avons constaté que la valeur du rapport d31
st d33
st étaitplus
grande pour le matériau compenséque pour le matériau non compensé, toutes choses égales par ailleurs. En fait, nous avons pu vérifier que le rapport K défini ci-dessus par :
était pratiquement constant, quelle que soit la composi-
tion formulaire du produit et qu’il était proche de la
valeur théorique K = 1,067 déterminée dans notre calcul. On a trouvé :
et
4. Conclusion.
Le présent article permet de confirmer, grâce à une
mesure simple des coefficients piézoélectriques quasi statiques, que l’introduction d’une polarisation induite
favorise la stabilisation d’une céramique piézoélectri-
que. Il montre en effet que le rapport des coefficients
d3ll d33
doit avoir une valeur très critique et supérieureà 0,46 pour que la céramique supporte sans modifica-
tion des impulsions mécaniques répétitives de valeur
élevée. On détermine également un rapport optimal
entre les caractéristiques de la composition non compensée et celles de la composition compensée.
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