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L'écologie humaine et le vieillissement
RAFFESTIN, Claude
RAFFESTIN, Claude. L'écologie humaine et le vieillissement. Revue CIC - ICC , 1988, vol. 4, no. 11/12, Numéro spécial, p. 49
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SAVOIR-FAIRE 4 9
L'ÉCOLOGIE HUMAINE ET LE VIEILLISSEMENT
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Professeur Claude Raffestin * Suisse
La satisfaction des besoins humains n'est possible qu'à travers l'intégration de trois grandes logiques: L'éco-bio et socio-logiques. L'écologie générale, vul- garisée par les mouvements écologiques et les "partis verts" qui en dérivent, a surtout été attentive aux deux premières, l'éco et la bio-logiques. L'écologie hu- maine s'est efforcée, quant à elle, de mettre en évidence les interrelations entre ces trois logiques.
L'un des problèmes fondamentaux de l'écologie humaine est celui de la terri- torialité qui peut être définie comme l'ensemble des relations qu'une collectivité, et par conséquent les sujets qui y appartiennnt, entretient avec l'extériorité et l'altérité dans la perspective d'atteindre l'autonomie optimale compte tenu des ressources du système.
Les relations à l'extériorité et l'altérité sont d'abords conditionnées par la composition de la pyramide démographique. Une population comprenant 40 % de jeunes et 5 % de gens âgés n'aura évidemment pas les mêmes relations à l'exté- riorité et à l'altérité qu'une population comprenant 25% de jeunes et 18% de gens âgés. On aura affaire à deux territorialités sensiblement différentes.
L'Europe devient, démograhiquement parlant, un continent vieillissant et ses relations sont en train de se modifier. Il est bien connu que les personnes âgées tendent à s'isoler et la notion de distance (au sens social du terme) prend une va- leur particulière. La distance entre les générations s'accroît et les relations in- tergénérationnelles sont moins nombreuses d'où, la création de "ghettos". Dès lors, la notion de centralité se modifie également: ce qui est "central" pour les jeunes ne l'est pas pour les plus âgés et réciproquement. Mais il n'y a pas de rela- tions sans médiateurs qu'ils soient matériels ou non. Les générations extrêmes ne recourent pas aux mêmes médiateurs.
C'est assez dire que le "vieillissement" modifie les relations politiques, éco- nomiques, sociales et culturelles. Les relations au territoire et la territorialisation, qui résultent de la satisfaction des besoins, sont également modifiées par la struc- ture de la pyramide démographique.
Si l'écologie humaine est particulièrement apte à analyser le vieillissement c'est essentiellement parce qu'elle envisage les phénomènes dans une perspective interrelationnelle et anachronique. C'est d'autant plus important que le vieillis- sement n'est pas un état mais un processus: le vieillissement commence pour l'individu dès la naissaance et pour la collectivité dès la base de la pyramide démographique.
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* Université de Genève.
Revue CIC, Vol. IV, 11-12, Numéro Spécial, Juin 1988 ICC Journal, Vol. IV, 11-12, Special Issue, June 1988