P LUCKER
Géométrie analytique. Recherches sur les surfaces algébriques de tous les degrés
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 19 (1828-1829), p. 129-137
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I29
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE.
Recherches
surles surfaces algébriques de tous
les degrés ;
Par M. le docteur PLUCKER, professeur
àl’Université de Bonn.
ALGEBRIQUES
s-
LON
sait queneuf points
sont nécessaires dansl’espace,
pour de-terminer complètement
une surface du seconddegré,
et que,géné-
ralement
parlant,
on n’en saurait faire passerqu’une
seule par neufpoints
donnés : d’où il suitqu’une
infinité de surfaces de cedegré
peuvent passer par les huit mêmes
points.
On ne saurait donc êtresurpris, d’après cela ,
de voir trois surfaces du seconddegré
secouper en huit
points.
Mais on sait aussi que
dix-neuf points
sont nécessaires pour dé- terminercomplètement
une surface du troisièmedegré,
et ,qu’en général ,
il n’en saurait passerplus
d’une par dix-neufpoints
don-nés ;
et ondoit ,
enconséquence
,éprouver quelque surprise
enconsidérant que trois surfaces du troisième
degré
se coupent envingt-sept points.
Pareillement , trente-quatre points
del’espace
déterminent com-plètement
une surfaceconique
duquatrième degré ;
et néanmoinstrois surfaces de ce
degré
peuvent avoir entre ellessoixante-qua-
tre
points
communs.En
général,
le nombre despoints
del’espace
nécessaires pourTom. XIX ,
n.°V ,
I.er novembre I828. 18I30
SURFACES ALGEBRIQUES
la
détermination complète
d’une surface du m.iemedegré est
2 3
-I, et cespoints
n’endéterminent qu une
seule. unautre
côté ,
trois surfaces de cedegré
peuvent se couper en m3points
del’espace.
Si donc on choisit le nornbre entier m, de tellesorte que m3 soit
plus grand
quem+I I·m+2 2·m+3 3
-I,ce qui
arrivera
toujours
pour m>2, on aura unexemple
de trois sur-faces du même
degré, assujéties à
passer parplus
depoints qu’il
n’en faudrait pour la détermination
complète
d’une seule d’entreelles.
Voilà donc un
paradoxe apparent
tout à faitanalogue
à celuiqui
nous adéjà occupé ,
relativement auxfignes courbes,
dans unprécédent article ,
etqui s’explique ,
commecelui-là,
en considé-rant que
lorsqu’on parle
du nombre despoints
del’espace
né-cessaires et suffisans pour la
détermination complète
d’unesurface ,
on sous-entend
toujours qu’il s’agit
depoints pris
au hasard dansl’espace,
n’étant liésentre
eux par aucunerelation;
et que tels nesont
point.,
engénéral ,
les m3points
d’intersection de trois sur-faces du m.ieme
degré.
Ce
paradoxe
donne naissance à des théorèmesanalogues
à ceuxque nous avons
déduits,
à la pag. 97 duprésent volume,
du sem-blable
paradoxe
relatif auxlignes courbes ;
théorèmes non moinsféconds que ceux-là en
conséquences curieuses,
et dont la recher-che va
présentement
nous occuper.§.
II.Deux surfaces du m.ieme
degré
secoupent ,
comme l’onsait ,
sui-vant une courbe à double
courbure,
dont laprojection
sur unplan quelconque
est , engénéral,
une courbe du(m2)ieme degré ;
et troispareilles
surfaces secoupent,
comme nous venons del’observer,
en m3
points
auplus.
DEGRÉS.
I3I Soient doncles équations
de ces troissurfaces ; l’équation
dans
laquelle p.
et03BC’
sontsupposées
des constantesindéterminées ,
sera celle de toutes les surfaces du m.ieme
degré,
passant par les m3points
d’intersection des troispremières;
de sorte que, bien queces points soient,
engénéral ,
enplus grand
nombrequ’il
n’estnécessaire pour déterminer
complètement
une de cessurfaces,
ilsles laisseront toutes néanmoins indéterminées. Mais si l’on se donne seulement deux
points
deplus,
cesderniers, joints
aux m3 autres,détermineront
complètement
une de cessurfaces ;
car ils donnerontnaissance à deux
équations
de conditions linéaires en p. et03BC’, qui
suffiront pour déterminer ces deux
coefficiens ,
et , parsuite ,
pourparticulariser
la surface cherchée.Remarquons 3
en. outre , que leséquations
représentent respectivement
toutes les surfaces du m.iemedegré
pas-sant par les courbes à double
courbure ,
intersections deux à deux des surfacesproposées.
Une surface du m.iemedegré
n’est doncpas déterminée par la seule condition de passer par les courbes à double
courbure ,
intersections de deux autres surfaces de cedegré.
Mais
ici un seulpoint
del’espace
parlequel
une de cessurfaces,
en nombre
infini ,
seraassujétie
a passer, suffira pour la déter- minercomplètement;
car il en résultera uneéquation linéaire,
soiten 03BC, soit en
03BC’,
soit en03BC’ 03BC,
suffisante pour fixerla
valeur dece coefficient,
I32 SURFACES
ALGEBRIQUES
On voit par là que toutes les surfaces du m.ieme
degré qui
pas-sent par les m3
points
d’intersection de trois autres surfaces de cedegré,
et en outre par unpoint donné,
ont la même courbe d’in- tersection.Concevons
présentement
que, sur la courbe d’intersection de deux surfacesdu
m.iemedegré y
on prenne arbitrairementm+I I·m+2 2·
m+3 3-2
points ; si ion yajoute
un nouveaupoint quelconque
de
l’espace,
une troisièmesurface, assujétie
à passer par tous cespoints,
seracomplètement déterminée;
mais nous venons de voirqu’elle
le seraitaussi,
si onl’assujétissait
à passer par ce mêmepoint
et par la courbe d’intersection des deuxpremières;
en in-voquant
donc leprincipe
dedualité,
on aura ces deux théorèmes:THEOREME I. Toutes les sur-
faces
du m.iemedegré qui passent
par les
m+I I· m+2 2· m+3 3 me.
mes
points,
secoupent,
engéné- ral,
suivant une même courbe àdouble courbure.
Donc,
enparticulier,
Corollaire. Toutes les surfaces du second ordre
qui
passent par les huit mêmespoints,
se cou-pent suivant une même courbe à double courbure.
THÉORÈME
I. Toutes les sur-faces
de m.ieme classequi
touchentles m+I I·m+2 2·m+3 3 -2 memes
plans,
sont engénéral , circons-
crites à une même
surface
dé-veloppable.
Corollaire. Toutes les surfaces du
second
ordrequi
touchent les huit mêmesplans,
sont inscrites’à une même surface
développa-
ble.
De même trois surfaces du m.ieme
degré
se coupant en m3points ;
si l’on
prend m+I I·m+2 2·m+3 3-3
cespoints ,
etqu’on y joigne
deux
points quelconques
del’espace ,
unequatrième
surface de cedegré
sera tout aussicomplètement déterminée,
par cesystème
depoints , qu’elle
le serait par les deux dernières et par latotalité
desDEGRÉS.
m3
points
d’intersection des troispremières ;
eninvoquant
doncencore ici le
principe
dedualité,
on aura ces deux théorèmes:THÉORÈME
II. Toutes lessurfaces
du m.iemedegré assujéties
à passer par
m+I I·m+2 2· m+3 3
-3points donnés, passent
en outrepar les m3-m+I I·m+2 2·m+3 3 +3
mêmes
points fixes.
Donc ,
enparticulier,
Corollaire. Toutes les surfaces du second ordre
qui
passent parsept points donnés,
ont en ou-tre un huitième
point
commun(*).
THÉORÈME
IL Toutes lessurfaces
de m.ieme classeassujéties
à toucher m+I I· m+2 2· m+3 3 -3
plans donnés,
touchent en outreles m3-m+I I· m+2 2·
m+3 3+3
mêmes
plans fixes.
Corollaire. Toutes les surfaces du second ordre
qui
touchentsept
plans donnés,
ont en outre unhuitième plan tangent commun (*).
(*) Dans le troisième volume du Journal de M. CRELLE ( pag. 200 et 205),
on recontre ces deux théorèmes fort
analogues
à ceux-là.THÉORÈME.
Toutes les surfaces dusecond ordre lui passent par sept des
huit sommets d’un hexaèdre octogone, passent aussi par le huitième et lui sont
conséquemment circonscrites,
THÉORÈME.
Toutes les surfaces dusecond ordre qui touchent sept des huit faces d’un octaèdre hexagone, touchent
aussi la huitième et lui sont conséquem-
mertt inscrites.
Un anonyme démontre le
premier
de ces théorèmes , par un calcul direct qui n’est pasdépourvu
d’une certaineélégance ;
M. Steiner en déduit l’au- tre par la théorie despolaires réciproques.
Le premier de ces théorèmes , le seul qu’il soit nécessaire de démotrer,
nous paraît
pouvoir
être assezsimplement
établi comme il suit :Soient -
trois équations du second
degré
en x,y,z, dont chacuneexprime
deuxI34
SURFACESALGEBRIQUES
ici encore, comme nous l’avons
déjà remarqué
pour leslignes
courbes,
on pourraadmettre
que tous oupartie
despoints
fixesdonnés se confondent par groupes
plus
ou moins nombreux en unpoint unique , auquel
cas les surfaces dont ils’agit
auront, ences
points,
des contactsd’ordres plus
ou moins élevés.On peut
également ici ,
commealors, remplacer chaque point
- donné de la surface
cherchée,
soit par l’undes
coefficiens de sonéquation,
soit par uneéquation
linéaire entre tous oupartie
de cescoefficiens. Nos deux théorèmes ses
changeront
ainsi dans les deux théorèmesplus généraux
que voici :THÉORÈME
III. Etant donnés ncoefficiens
del’équation gé-
nérale du m.ieme
degré, à
troisindéterminées ,
ou encore, étant données néquations
linéaires entre tous oupartie
de cescoeffi- ciens ,
toutes lessurfaces représentées
parl’équation générale
ainsimodifiée , et passant
par lesm+I I·m+2 2·m+3 3-(n+2) mê-
lilans -
elles seront satisfaites toutes troispar les
coordonnées des sommets de l’hexaèdre octogonecui
aura cescouples
de plans pour lesplans
de leursfaces opposées ; or, tout
point
qui satisfera à ces troiséquations
satisferaaussi à
l’équation
du ’seconddegré
dans
laquelle
et 03BC’ sont deux constantesindéterminées ;
donc , cette, dernière est l’équation commune à toutes les surfaces du second ordre cir-conscrites à l’hexaèdre octogone dont il
s’agit ;
et , comme d’ailleurs , cethexaèdre se trouve visiblement déterminé par sept de ses huit sommets , il s’ensuit que , pourvu qu’une surface du second ordre passe par ces sept sommets, elle devra nécessairement passer par le huitième.
Au
surplus ,
ce théorème se trouve aussicompris
dans le théorème V dela pag. 246 de notre XVII.e vol.
J. D. G.
DEGRÉS.
mes
points fixes ,
secouperont
suivant une seule et même courbe à double courbure.Donc,
enparticulier ,
Corollaire. Etant donnés n
coefficiens
del’équation générale
dusecond
degré,
à troisindéterminées,
ou encore , étant données néquations linéaires ,
entre tous oupartie
de cescoefficiens ;
toutesles surfaces
représentées
parl’équation générale
ainsimodifiée,
etpassant par les 8-n mêmes
points fixes,
secouperont
suivant uneseule et même courbe à double courbure.
THÉORÈME
IV. Etant donnés ncoefficiens
del’équation gé-
nérale du
m.ieme degré,
à troisindéterminées ,
ou encore , étant données néquations
linéaires entre tous oupartie
de cescoeffi- ciens ,
toutes lessurfaces représentées
parl’équation générale ainsi modifiée ,
etpassant
par lesm+I I· m+2 2· m+3 3 -(n+3)
mê-mes
points fixes donnés ,
secouperont,
en outre, aux m3- m+I I·2 m+3 3+(n+3),
autres mêmespoints fixes.
Donc,
enparticulier,
Corollaire. Etant donnés n coefficiens de
l’équation générale
dudu second
degré ,
à troisindéterminées,
on encore, étant donnéesn
équations linéaires,
entre tous oupartie
de cescoefficiens,
tou-tes les surfaces
représentées
parl’équation générale
ainsi modi-fiée,
etpassant
par les 7-n mêmespoints
fixesdonnés,
se cou-peront, en outre, aux
n+I,
autres mêmespoints
fixes.Il est essentiel d’observer que , dans tout
ceci,
on suppose que l’un des termes del’équation générale
estprivé
de son coeffi-cient ;
ou, cequi
revient aumême,
que le coefficient de l’un deses termes est une
quantité
donnée.On
fera,
de ces diversespropositions,
un usagepareil à
celui quenous avons
fait,
pag. I02 , de leursanalogues
relatives auxlignes
I36 SURFACES
ALGEBRIQUES
courbes. On en
déduira,
parexemple,
sans aucune sortede cal- cul,
lespropositions suivantes :
I. Toutes les surfaces du second ordre
passant
par sixpoints
donnés,
etassujéties,
enoutre, à
cette condition que lesplans
dia-métraux, coujugués
à des diamètresparallèles à
une droitefixe ,
secoupent tous en un
point donné,
passeront en outre par deux nou-veaux
poi,nts
fixes.II. Toutes les suifaces du second ordre passant par
cinq points
donnés,
etassujéties
en outre à une des conditionssuivantes : I° que
les
plans
diamétrauxconjugués
à des diamètresparallèles à
unedroite
fixe, se coupent
tous suivant unemême
droite ou soient pa-rallèles à un même
plan ;
2.° que les diamètresconjugués
à desplans
diamétrauxparallèles
concourent en unpoint
donné ou soientparallèles à
une droitedonnée , passeront
en outre par trois nou-veaux points fixes.
III. Toutes les
surfaces
du se-cond ordre passant par six
points donnés,
etassujéties
en outre à cettecondition que les
plans polaires
d’un même
point
donné se cou-pent
tous en un autrepoint donné, passeront
par deux nouveauxpoints
fixes.IV. Toutes les surfaces du se-
cond ordre passant par
cinq points
donnés,
etassujéties
en outre àcette condition que les
plans
po- laires d’un mêmepoint
se cou-pent
toussuivant
la mêmedroite
passeront en outre par trois nou-
veaux
points
fixes.Y. Dans toutes les surfaces du
III. Toutes les surfaces du se-
cond ordre touchant six
plans
donnés,
etassujéties
en outre àcette condition que les
pôles
d’unmême
plan
donné soient tousdans
un autreplan donné,
tou-cheront deux nouveaux
plans
fixes.
IV.
Toules
les surfaces du se-cond ordre touchant
cinq plans donnés,
etassujéties
en outre àcette condition que les
pôles d’un
même
plan
soient tous situés surune même
droite,
toucheront en outre trois nouveauxplans
fixes.Y.
Dans toutes les surfaces duDEGRÉS. I37
second ordre passant par sept
points donnés,
lesplans polai-
res d’un
point quelconque
se cou-pent
tous en un autrepoint
fixe.VI. Dans toutes les surfaces du second ordre passant par huit
points donnés,
lesplans polaires
d’un
point quelconque
secoupent
tous suivant une même droite fixe.
second ordre touchant sept
plans donnés ,
lespôles
d’unplan quel.
conque sont tous situés dans un autre
plan
fixe.VI. Dans toutes les surfaces
du
second ordre touchant huitplans donnés ,
lespôles
d’unplan quel-
conque sont tous situés sur une
même droite fixe.
VII. Dans toutes les surfaces du second ordre passant par sept
points donnés,
lesplans
diamétrauxconjugués
aux diamètres pa-rallèles à une même droite
fixe,
se coupent en un mêmepoint
fixe.VIII. Dans toutes les surfaces du second ordre
passant
par huitpoints donnés,
lesplans
diamétrauxconjugués
aux diamètres pa- rallèles à une même droitefixe,
secoupent
tous suivant -une au-tre droite fixe.
IX. Toutes les surfaces du se- cond
ordre, assujéties
à la condi- tionque
lesplans polaires
dequatre points
donnés passent res-pectivement
parquatre
droitesdonnées,
ont la même courbe d’intersection.Etc.,
etc., etc.IX. Toutes les surfaces du se-
cond
ordre , assujéties
à la con-dition que les