G ERGONNE
Géométrie de situation. Recherches sur quelques lois générales qui régissent les lignes et surfaces algébriques de tous les ordres
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 17 (1826-1827), p. 214-252
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1826-1827__17__214_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1826-1827, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
2I4
GÉOMÉTRIE DE SITUATION.
Recherches
surquelques lois générales qui
régissent les lignes et surfaces algébriques
de tous les ordres ;
Par M. G E R G O N N E.
LOIS GENERALES
En observant ce que les résultats
parti-
culiers avaient de commun entre eux, on est successivement parvenu à des résultats
fort étendus, et les sciences mathémati- ques sont à la fois devenues
plus générales
et
plus simples.
(
LAPLACE ; Leçons à
l’Ecole normale ).NOUS obsenions,
iln’y a. pas long-temps (*) qu’au point
où lessciences
mathématiques
sontaujourd’hui
parvenues et encombréscomme nous le sommes de
théorèmes,
dont la mémoire laplus intrépide
ne saurait même se flatter de conserver lesénoncés,
onservait
peut-être
moins utilement la science en cherchant des vé- rités nouvellesqu’en s’efforçant
de ramener à unpetit
nombre dechefs
principaux
les véritésdéjà
découvertes. Une science d’ailleursse recommande
peut-être
moins encore par la multitude des pro-(*)
Voy.
la pag. 314 duprécédent
volume.DES
LIGNES
ETSURFACES.
2I5positions
dont se compose son domaine que par la manière dontces
propositions
sont liées et enchaînées les unes aux autres.Or ,
il est dans
chaque
science certainspoints
de vue élevés où il suf- fit de seplacer
pour embrasser d’un mêmecoup-d’ceil
ungrand
nombre de vérités que , dans une
position moins favorable ,
on au-rait pu croire
indépendantes
les unes des autres, et que l’on re- connaît des lors dériver toutes d’unprincipe
commun , souventmême
incomparablement plus
facile à établir que les véritésparti-
culières dont il est
l’expression abrégée.
C’est dans la vue de confirmer ces considérations par
quelques exemples
assezremarquables
que nous nous proposons icid’établir ,
sur les
points
communs ettangentes
communes aux courbespla-
nes, situées dans un même
plan,
sur leslignes
communes etpoints
communs aux surfaces
courbes,
sur les surfacesdéveloppables qui
leur sont circonscrites et sur leurs
plans tangens
communs;, un pe- tit nombre de théorèmesgénéraux ,
offrant une infinité de corol-laires, parrni lesquels
nous nous bornerons àsignaler
lesplus
sim-ples
ou lesplus dignes
de remarque. Plusieurs de ces corollairessont connus
depuis long-temps ;
mais nous ne pensons pasqu’on
enrencontre autre
part
des démonstrations aussisimples
et aussi briè- ves, etqui exigent
aussi peu de contentiond’esprit ,
que cellesqu’on
trouvera ici des théorèmes
généraux qui
les renferment tous.Comme il ne
s’agira
aueunement ici des relationsmétriques,
tousnos théorèmes seront doubles. Pour en faire mieux saisir la cor-
respondance,
nousplacerons
dans deuxcolonnes ,
enregard
les unesdes autres , les théorèmes
qui
devront secorrespondre)
ainsi quenous l’avons
déjà pratiqué plusieurs
fois.SECTION PREMIÈRE.
Propriétés
des courbesalgébriques ,
situées dans un mêmeplan.
Soit une
figure plane, composée
de tant depoints
et delignes
2I6 LOIS GENERALES
droites et courbes
qu’on
voudra. Concevonsqu’ayant
tracé arbi-trairement ,
sur leplan
de cettefigure ,
uneligne quelconque
du second
ordre ,
onconstruise,
sur le mêmeplan ,
une autre li-glire dont tous les
points
et toutes les droites soient lespôles
etpolaires
de toutes les droites et de tous lespoints
de lapremière,
par
rapport a
cetteligne
du secondordre,
considérée comme di-rectrice
les deuxfigures
ainsi tracées seront ditespolaires récipro-
ques l’une de
l’autre ,
attendu que lapremière
pourra être déduite de la seconde comme celle-ci estsupposée
l’ètie de l’autre.Or,
enconséquence
despropriétés,
bien connuesaujourd’hui,
despôles
et
polaires ,
voici les relationsprincipales qui
se trouveront existerentre ces deux
figures.
1.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes
depoints
situés enligne droite ,
autant on rencon-trera dans l’autre de
systèmes
d’unégal
nombre de droites concou-rant en un même
point.
2.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes
depoints
situés surune même
courbe,
autant on ren-contrera dans l’autre de
systèmes
d’un
égal
nombre detangentes
àune courbe de même ordre.
3.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes de points
d’une mêmecourbe ,
situés sur une mêmedroite
autant on rencontrera dans l’autrede systèmes
d’unégal
nom-bre de
tangentes
à une courbe demême
ordre ,
issues d’un mêmepoint.
4.° Enfin ,
autant il y aurat.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes
de droites concou-rant en un même
point,
autanton rencontrera dans l’autre de
systèmes
d’unégal
nombre depoints
situés enligne
droite.2.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes
detangentes
à unemême
courbe ,
autant on rencon-trera dans l’autre de
systèmes
d’unégal
nombre depoints
situés surune courbe de même ordre.
3.° Autant il y aura dans l’un de
systèmes
detangentes
à une mêmecourbe,
issues d’un mêmepoint,
autant on rencontrera dans l’autre desystèmes
d’unégal
nom-bre de
points
d’une courbe de mêmeordre,
situés sur une mêmedroite.
4.° Enfin,
autant il y auraDES LIGNES ET
SURFACES.
2I7 dans l’une desfigures
desystèmes
de
points
communs à deux ou à unplus grand
nombre decourbes ,
autant on rencontrera dans l’au-
tre de
systèmes
d’unégal
nombrede
tangentes
communes à deux ou à unplus grand
nombre de cour-bes de même ordre.
dans l’une des
figures
desystè-
mes de
tangentes
communes à deux ou à unplus grand
nombrede
courbes
autant on rencontreradans 1 autre de
systèmes
d’ullégnl
nombre de
points
communs à deuxou à un
plus grand
nombre decourbes de même ordre.
Il
importe beaucoup
de se rendre toutes ces diverses relationsbien
familières
, de s’enimprégner ,
s’il estpermis
des’exprimer ainsi ;
parcequ’en
mêmetemps qu’elles peuvent
faire découvrir ungrand
nombre dethéorèmes ,
elles en rendent toute démons-tration
superflue.
C’est ainsi que nous allons en usernous-même ;
et
lorsque,
parquelque
moyen que cesoit,
nous serons parvenus à établir unthéorème , susceptible
del’espèce
de traduction dont il estquestion ici,
nous écrirons à sa droite celuiqui
lui corres-pond,
sans nous mettre aucunement enpeine
de ledémontrer ;
bien certain que , si l’un est
vrai,
l’autre doit l’êtreégalement.
Dans tout ce
qui
vasuivre,
nousréputerons également
commeligne
d’un certainordre, soit
uneligne
effective de cetordre
soitun
système équivalent
delignes
d’ordresinférieurs, c’est-à-dire ,
unsystème
delignes
données par uneéquation unique ,
d’undegré égal
à l’ordre dont ils’agit. Ainsi,
parexemple ,
unsystème
dedeux
lignes
desptome
etqteme
ordre seraréputé
uneligne unique
du(p+q)teme
ordre.Pareillement,
lesystème
de m droites seraréputé
une
ligne unique
de mteme ordre.Nous convenons aussi de com-
prendre, parmi
les intersections de deuxcourbes,
leurs intersec- tions idéales aussi bien que leurs intersectionsréelles ,
leurs Inter- sectionsinfiniment
distantes aussi bien que leurs intersections acces-Tom. XVII.
Nous convenons aussi de com-
prendre, parmiles tangentes
com-munes à deux
courbes,
leurs tan-gentes
communes idéales anssibien que leurs
tangentes
commu-nes réelles, leurs
tangentes
com-munes
infiniment
distantes aussi 292I8
LOIS GENERALES silles;
de sorte que, dans notrelangage,
le nombre des intersec- tions de deux courbes sera cons- tammentégal
auproduit,
des de-grés
de leurséquations.
bien que leurs
tangentes
commu-nes
accessibles ;
de sorte que ,dans notre
langage ,
le nombredes
tangentes
communes à deux courbes sera constammentégal
auproduit
desdegrés
de leurséqua-
tions.
Ces conventions sont
nécessaires pour
que nos théorèmespuis-
sent avoir lieu sans aucune restriction.
§.
I.Ces choses ainsi
entendues,
considéronsdeux lignes
du mteme or-dre,
situées dans un mêmeplan, rapportées
aux mêmes axesquel-
conques et
ayant respectivement
pouréquations rationnelles ,
enx et y ,
elles se
couperont
en m2points qui ,
dès que m seraplus grand
que
trois ,
nepourront
êtresupposés quelconques , puisqu’alors
m’se trouvera surpasser le nombre des
points qu’il
estpermis
de pren- dre au hasard sur unplan ,
pour déterminercomplètement
uneligne unique
du mteme ordre. Dans tous les cas , on obtiendra les coordonnées de ces différenspoints
en considérant x et y , dans leséquations (i)
et(2),
comme les deux inconnues d’un mêmeproblème
déterminé.Soit
représentée par a
une constanteindéterminée
et soitposée l’équation
chacune de nos trois
équations
sera évidemmentcomportée
par les deux autres,quel
que soitA;
de sorte qne, dequelque
manièrequ’on
les combine deux àdeux,
elles donneront exactement les (*) On negagnerai
évideniment rien à poser 03BBM+03BB’M’=o ,puisque
l’autreéquation
rentre dans celle.ci en ychangeant À ) qui
estquelconque, en 03BB 03BB’ .
DES LIGNES ET
SURFACES.
2I9mêmes
systèmes
de valeurspour x et y ; lnais ,
à cause de l’in-détermination de
03BB ,
la dernièreappartient
à une infinité delignes
du m.ième
ordre ;
ceslignes
ont donc lapropriété
commune de cou-per l’une
quelconque
des deuxproposées précisément
en tolis lespoints
et aux seulspoints
où elle estcoupée
par l’autre.Réciproquement ,
touteligne qui
coupera unequelconque
desdeux
proposées précisément
en tous lespoints
et aux seulspoints
où elle est
coupée
parl’autre,
ne pourra êtrequ’une ligne
dum.ième
ordre dont
l’équation
soitcomportée
par leséquations (i) et
cette
équation
devra donc être un casparticulier
del’équation (3) ,
et de nature à
pouvoir
en être déduite par une détermination con- venable de la constante arbitraire 03BB(*).
Soit
m=p+q, p et y
étant deux nombres entierspositifs ,
etsupposons
que, pour une certaine valeur de la constante03BB,
l’é-quation (3)
prenne la formeP
et Q
étant des facteurs rationnels desptèmes
etqtèmes degré,
res-pectivetnent ;
il s’ensuivra que, pour cette valeurde 03BB, l’équation (3) n’exprime plus
une courbeunique ,
mais lesystème
de deuxlignes
despième
etqième ordre ,
surlesquelles conséquemment
devront(*) On
pourrait objecter
ici quesi ,
parexemple ,
les deux proposées sonten supposant 03BB=-I,
l’equation
(3) seraqui
n’estplus
alors que dupremier degré ;
mais on doit observer que, dans ce cas, la veritableéquation
(3) est prop ementqui
continue d’être du seconddegré , lorsque
x et y sont supposés infinis.Cela revient à dire, comme l’a
déjà
remarque M. Poncent (Propriétés
pro-jectives ,
pag. 49 , n.°95 ) , qu’indépendamment des
deuxpoints
d’intetsec- tion accessibles, réels ouimaginaires ,
deux cercles tracés sur un mêmeplan
en ont encore deux. autres ,
toujours imaginaires, qui
en sontinfiniment
distans.
220 LOIS
GENERALES
être distribués les m2 ou
(p+q)2 points
d’intersection des deux pro-posées ; savoir
,p(p+q)
sur lapremière
etq(p+q)
sur l’autre.Réciproquement ,
si la nature et la situationrespective
des deuxproposées
sont telles que ,parmi
leurs(p+q)2 points
d’intersec-tion,
il s’en trouvep(p+q) qui appartiennent
à une seule et mêmeligne
dupième ordre ;
cespoints
seront de nature à être obtenus par la combinaison de l’unequelconque
deséquations (1)
et(2)
avecune
équation rationnelle
dupième degré ; puis
donc que tous lespoints
d intersections’obtiennent
par la combinaison de la mêmeéquation
avecl’équation (3),
il faudra que, par une détermina- tion convenable de la constantearbitraire À,
lepremier
membrede cette dernière
acquiert
un facteur rationnel P dupième degré :
ce
premier
membre devradonc,
pour cette mêmevaleur
, avoirun autre facteur
rationnel Q
duqieme degré ;
cetteéquation
seradonc alors de la forme de
l’équation (4) ;
d’où il suit que lesq(p+q) points
d’intersection restants se trouveront tousappartenir
à une seule et même
ligne du qieme
ordre. On a donc ce théorèmegénéral :
THÉORÈME
I.Si, parmi
les(p+q)2 puints
d’intersection de deuxlignes
du(p+q)teme ordre,
situées dans un même
plan,
ils’en trouve
p(p+q) appartenant
tous à une seule et même
ligne
du
pieme ordre ; les q(p+q) points
d’intersection restans
appartien-
dront tous à une seul6- et même
ligne
duqieme
ordre(*).
THÉORÈME
I. Siparmi
les(p+q)2 tangentes
communes àdeux
lignes
du(p+q)ieme ordre,
situées dans un même
plan,
ils’en
trouve p(p+q)
touchant tou-tes une seule et méme
ligne
dupteme
ordre ; lesq(p+q) tangen-
tes communes restantes touche-
ront toutes une seule et méme
ligne
duqteme
ordre.(*) Si l’on suppose que la
ligne
du pieme ordre se réduit au système dep droites , dont chacune cudtient p+q intersection , on obtiendra le
premier
des théorèmes dont la démonstration a été demandée à la page 35 du pré-
sent volume ; et qui n’est , comme l’on voit, qu’un cas
très-particulier
decelui-ci.
DES
L I G N E S E T
SURFACES. 22IRemarque,
Dansl’application
de ce
théorème,
il ne faudra pasperdre
de vue quechaque
con-tact du
(n-I)ieme
ordre ou de npoints,
entre deuxcourbes,
doitcompter
pour npoints
communs ,tous situés sur la
tangente
com-mune en ce
point.
Remarque.
Dansl’application
de ce
théorème ,
il ne faudra pasperdre
de vue quechaque
tan-gente
commune à deux courbesen un même
point
où elles ontentre elles un contact du
(n- I)ieme
ordre ou de n
points,
doit comp-ter pour n
tangentes
communes, passant toutes par cepoint.
La vérité de ce
théorème dépendant uniquement
dudegré
com-mun des deux
équations,
et non du nombre et de la nature deslignes
que chacune d’ellesexprime ,
il ne cessera pas d’être vrailorsqu’elles exprimeront,
l’une et l’autre dessystèmes de p +q
droi-tes. On a donc ce
premier
corollaire : Corollaire I. Deuxsystèmes
dep+q
droites existant dans unmême
plan ; si , parmi
les(p+q)2 points
d’intersection des droites de l’un dessystèmes,
avec celles-del’autre
système ,
il s’en trouvep(p+q) qui appartiennent
tou-tes à une seule et même
ligne
dupieme ordre ;
lesq(p+q) points
d’intersection
restansappartien-
dront tous à une seule et même
ligne
duqieme
ordre.Corollaire I. Daux
systèmes de p+q points
existans dans unmême
plan ; si, parmi
les(p+ q)2
droites
qui joignent
lespoints
del’un des
systèmes
à ceux de J’an-tre
système il
s’en trouvep(p+q) qui
touchent toutes une seule etmême
ligne
dupieme ordre ;
lesq(p+q)
droites restantes louche-ront toutes une seule et même
ligne
duqieme
ordre.En supposant
p+q=m,
etprenant
tour-à-tour pet q égaux
àdeux ,
ce corollaireprendra
cette autre forme : Corollaire II. Deuxsystèmes
de m droites existant dans tin
même
plan ; si, parmi
les m2points
d’intersection des droites de l’unde systèmes
avec cellesCorollaire II. Deux
systèmes
de m points existant dans un
même
plan ;
siparmi
les m2 droi-tes
qui joignent
lespoints
de l’undes
systèmes à
ceux de l’antre222 LOIS GENERALES de l’antre
système,
il s’en trouve2m
qui api
tous à uneseule et même
ligne
du secondordre ;
lesm(m-2) poiuts
d’in-tersection restans
appartiendront
tous à une seule et même
ligne
du(m-2)ieme
ordre etréciproquement.
système
il s’en trouve 2mqui
touchent toutes une seule et même
secoiid ordre ;
lesm(m-2)
droites restantes toucheront tou- tes une seule et même
ligne
du(m-2)ieme
ordre etréciproque-
ment.
Soit un
polygone
de 2m côtésinscriptible
à uneligne quelcon-
que du second
ordre;
nous pourrons considérer ses côtés de rangspairs
et ceux. de rangsimpairs
comme deuxsystèmes
de m droi-tes
ayant
2mpoints
d’intersection sur une seule et mêmeligne
du second ordre. Le dernier corollaire donnera donc celui-ci : Corollaire III. Dans tont
poly-
gone de 2m côtés
inscriptible à
une
ligne
du secondordre ,
lesm(m-2) points
d’intersection des directions des côtés de rangspairs
avec les directions des côtés de rangs
impairs
non consécutifs ap-partiennent
toutes à une seule etmême
ligne
du(m-2)ieme
ordreet
réciproquement.
Corollaire III. Dans tout
poly-
gone de 2m sommets
circonscrip-
tible à une
ligne
du second or-dre ,
lesm(m-2)
droitesqui joignent
les sommets de rangspairs
avec les sommets de rangsimpairs qui
ne leur sont pas con- sécutifs touchent toutes une seuleet même
ligne
du(m-2)ieme
or-dre et
réciproquement.
Dans le cas
particulier
où l’on supposeram=3,
ce corollaire sechangera
dans le suivant :Corollaire IV. Dans tout he- xagone
inscriptible
à uneligne
du second
ordre ,
lespoints
deconcours des directions des côtés
opposés appartiennent
tous trois àune même droite et
réciproquement.
Voilà donc les deux théorèmes
Corollaire IV. Dans tout he- xagone
circonscriptible
à uneligne
du second
ordre,
les droitesqui
joignent
les sommetsopposés
con-courent toutes trois en un même
point
etréciproquement.
de Pascal
(*)
et deBrianchon,
(*) C’est pour nous conformer à
l’opinion
laplus répandue
que nous at-DES L I G N E S E T
SURFACES.
223si féconds eu belles et
tes conséquences (*) , qui
se trou-vent ainsi établis sans aucune construction ni
calcul,
et déduits deconsidérations
analy tiques
d’une extremesimplicité ;
car remarquous bienqu’ils découlent ,
sans aucunintermédiaire ,
de notre théorèmefondamental
(**).
tribuons ici à Pascal le
premier
de ces deux théorèmes Tout cequ’on
saitde b.en
positif
sur cepoint,
et c’est le P. Mersennequi
nousrapprend ?
dans son Harmoinie universelle , c’est que Pascal en avait déduit 400 corol-
laires ,
formant un traité de sectionsconiques plus complet
que celuid’Ap- pollonius ;
traité que Descartes a eu entre lesmains,
maisqui
n’ajamais
été rendu
public.
Dans son Histoire des
mathématiques ,
Montuclareproche
assez durementà Descartes d’avoir mieux aime attribuer ce traite à Pascal père ou a D- sargues que de le croire d’un
jeune
homme de seize ans. Mais voici com-ment
s’expritne Descartes ,
dans l’une de ses nombreuses lettres au P. Mer-senne : « J’ai aussi reçu ,
dit-il,
l’essai touchant lesconiques du
bide M. Fas-ti cal; et, avant d’en avoir lu la moitié ,
j’ai jugé qu’il
avaitappris
dea M.
Desargues ;
cequi
m’a été confirme incontinent après , par la con-» fession
qu’il
en fait lui-même ». Ne serait-il donc paspossible
que le théorème fut véritablement deDesargues qui
auraitproposé
à son élèved’en déduire, par manière
d’exercice ,
un traité de sectionsconiques ,
dontil lui aurait même
jalonné
lesprincipales divisions ,
et que lejeune
hommeaurait écrit ensuite sous les yeux et avec l’assistance de son
père ?
Cequi
semblerait donner
quelque poids
à cetteconjecture ,
c’est que , comme l’a fait voir dernièrement M. Sturm(
pag. 188), le théorème relatif à l’hexa-gone inscrit se déduit presque immédiatement d’un autre théorème que personne n’a
jamais songé
à contester àDesargues.
À la vérité , le faitainsi envisagé perdrait
un peu de son merveilleux ; mais il n’en deviendrait par là même queplus
vraisemblable.(*) On peut consulter , sur les conséquences les
plus
immédiates de cesdeux tliéoorèmes , la page
39
de notre XIV.e volume et la page37
de ce-lui-ci.
(**) Si ,
dans la crainte de rendre les élémens nioins euclidiens , on per- sistait à en repousser la démonstration de ces deux théorèmes que nousavons
indiquée
dernièrement ( pag. I43) ; nepourrait-on
pas du moins introduire celle-ci dans les élémens de Géométrieanalytique ,
dont les an-ciens ne nous ont pas laissé de modèle ?
224
LOIS G E N E R A L E SSi,
dans le même corollaireIII ,
un supposem-4 ,
on en dé-duira celui-ci :
Coroliaire V. Dans tout octo-
gone
inseriptible
à uneligne
dusecond
ordre,
les huitpoints où
les côtés de rangs
pairs
concou-rent avec les côtés de rangs im-
pairs qui
ne leur sont pas con- sécutifsappartiennent
tous à uneantre
ligne
du second ordre etréciproquement.
En d’autres termes :
Corollaire VI. Si un
octogone étoilé,
nonrégulier,
estinscripti-
ble à une
ligne
du second or-dre, l’octogone
non étoiléqui
aura les mêmes côtés sera aussi
inscriptible
à uneligne
du se-cond ordre et
réciproquement.
Si,
dans le théorèmegénéral,
fasse
tour-à-tour p
et qégaux
àCorollaire VII.
Si, parmi
lesm2 intersections de deux
lignes
du mieme
ordre ,
situées dans unmême
plan,
il s’en trouve 2mqui appartiennent
à uneligne
dudeuxième
ordre ,
lesm(m-20
in-tersections restantes
appartien-
dront toutes à une seule et même
ligne
du(m-2)ieme
ordre et ré-ciproquement.
Corollaire V. Dans tout octo-
gone
circonscriptible à
uneligne
du second
ordre y
les huit droitesqui joignent
les sommets de rangspairs
avec les sommets de rangsimpairs qui
ne leur sont pas con- sécutifs touchent toutes une autreligne
du second ordre et réci-proquement.
Corollaire VI. Si un
octogone étoilé ,
nonrégulier ,
est circos-criptible
à uneligne
du secondordre
,l’octogone
non étoiléqui
aura les mêmes sommets sera
aussi
circonscriptible
à uneligne
du se-cond ordre et
réciproquement.
on
remplace p+q
par m etqu’on deux ,
on en déduira ce corollaire : Corollaire VII.Si, parmi
lesm2
tangentes
communes à deuxlignes
du miemeordre,
situées dansun même
plan,
il s’en trouve2m
qui
touchent uneligne
dudeuxième
ordre,
lesm(m-2)
tan-gentes
communes restantes tou-cheront toutes une seule et même
ligne
du(m-2)ieme
ordre et ré-ciproquement.
Soit menée à une
ligne
du mieme ordre une sécantearbitraire,
puis
destangentes
par les mpoints
oil cette sécante la coupera ;DES LIGNES ET
SURFACES.
225nous pourrons considérer l’ensemble de ces
tangents
comme uneligne unique
du mieme ordreayant
avec lapremière
2mpoints
d’inter-section se confondant deux à deux dans les m
points
de contact,et situées
conséquemment
sur deux droitesqui
se confondent. Mais deux droitesqui
se confondent forment unsystème
du second or-dre ;
et parconséquent
leprécédent
corollaire donne celui-ci :Corollaire VIII. Les m tan-
gentes
menées à uneligne
du miemeordre,
par sespoints
d’intersec- non avec une transversale recti-ligne quelconque ,
coupe de nou-veau la courbe en
m(m-2) points seulement , lesquels appartiennent
tous à une seule et même
ligne
du
(m-2)ieme
ordre(*).
Corollaire VIII. Par les m
points
ou destangentes issues
d’unmême
point
touchent uneligne
du mieme
ordre ,
on nepeut
luimener que
m(m-2)
nouvellestangentes seulenteut , lesquelles
touchent toutes une seule et même
ligne
du(m-2)ieme
ordre(*).
§
IIConsidérons présentement
troislignes
du miemeordre ,
données surun même
plan ,
par leséquations
rationnelles eu x et yelles auront , deux à
deux,
m2points d’intersection.
Soit encore ,comme
ci-dessus, m=p+q ,
et supposons que ces courbespassent
toutes trois par les mêmes
p(p+q) points,
appartenant tous à une seule et mêmeligne
dupieme ordre ,
donnée parl’équation
ration-nelle ,
en xet y ,
(*) A la page 315 du
précédent volume ,
M. Vallès a démontré due lespoints
de contact de toutes les tangentes menées à une ligne du miemeordre
par un même
point
de sonplan , appartiennent
tous à une seule et mêmeligne
du
(m-I)ieme
ordre. Il en résulte que les tangentes menées à uneligne
dumieme ordre, par les
points
où elle estcoupée
par une fransversale rectiligne ,touchent toutes une seule et
ligne
du(m-I)ieme
ordre.Tom. XVII. 30
226 LOIS
G E N E R A L E S
d’après
cequi précède ( théorème I ) ,
lespoints d’intersection res-
tans de ces
courbes,
deux àdeux ,
au nombre deq(p+q) ,
pourchaque système
de deuxcourbes ,
seront surtrois lignes
duqieme
ordre dont. nons supposons les
équations
chacune de ces dernières se
rapportant
aux deuxqui
ne lui corres-pondent
pas dans lapremière série.
On devra donc avoir par une détermination convenable de À et )/don
ou bien
mais
,d’après
cequi
a étédémontré ( §. 1 ) ,
pour unedétermi-
nation convenablede 03BC ,
on doit avoirpuis
donc qu en prenant 03BC=- 03BB ,
on ail s’en suit
qu’on
doit avoirc’est .à-dire
ee
qui
prouveque
chacune deséquations (4) , (5) , (6)
est compor- tée par les deux antres , et queconséquemment
les trois courbesqu’elles expriment
se coupent exactemeut aux mêmesq2 points.
Onà donc ce
théorème général :
DES L I G N E S ET
S U R F A C E S.
227THÉORÈME
II. Sitroislignes
du
(p+q)ieme ordre ,
tracées surunmême plan , passent par p(p+q) points appartenant
tous à une seule et mêmeligne
dupieme
or-dre ;
lesq(p+q) points
d’inter-section restans de ces
courbes ,
prises
deux àdeux,
seront sur troislignes
duqieme ordre,
secoupant
tous aux mêmes
q2 points (*).
THÉORÈME
II. Sitroislignes
du
(p+q)ieme ordre,
tracées sur unmême
plan ,
ontp(p+q) tangen-
tes communes , touchant toutes une
seule et même
ligne
dupieme
or-dre ;l
lesq(p+q) tangentes
com-munes restantes de ces courbes ,
prises
deux àdeux ,
toucheronttrois
lignes
duqieme ordre , ayant
toutes les mêmes
q3 tangentes
com-munes.
Parmi les
corollaires,
en nombreinfini , qui
résultent de ce théo-rème ,
bornons-nous àsignaler
lesplus simples.
Si d’abord noussupposons
p=q=I. Nous aurons celui-ci : Corollaire I. Si troislignes
dusecond ordre, comprises
dans unmême
plan
et circonscrites à unemême
droite,
sont deux à deuxcirconscrites à trois autres droi- tes ; ces trois dernières concour- ront en un même
point.
Corollaire I. Si trois
lignes
dusecond
ordre comprises
dans unmême
plan
et inscrites à un mêmeangle ,
sont deux à deux inscrites à trois autresangles ;
les sommetsde ces trois derniers
appartien-
dront à une même droite.
Observant ensuite que les deux côtés d’un même
angle
formentune
ligne
du secondordre ,
ce corollaire conduira au suivant : Corollaire II. Troisangles com-
pris
dans un mêmeplau
étantcirconscrit à une même
droite,
les trois droites
auxquelles
cesmêmes
angles, pris
deux àdeux,
Corollaire II. Trois droites com-
prises
dans un mêmeplan
étantinscrites à un même
angle, les
trois
angles auxquels
ces mêmesdroites, prises
deux àdeux ,
se-(*) En supposant que les p(p+q)
premiers points
sont situésp+q à
p+qsur p droites , on aura le deuxième théorème proposé à démontrer à la page 36 du présent
volume lequel
n’est , comme l’ou voit , qu’un castrès-par-
ticulier de celui-ci.
228 LOIS G E N E R A L E S
seront circonscrits concourront eu un même
point a
ront Inscrites auront lenrs son1- mets sur une même droite
(*).
En
remarquant
que lestangentes
communes à deux combes en sontaussi des cordes commenes , le corollaire I donnera aussi le suivant : Corollaire III. Si trois
lignes
du second ordre
qui
se touchentau même
point
secoupent
deux àdeux )
leurs trois cordes com- munes concourront en un mêmepoint.
Corollaire III. Trois
ligues
dusecond ordre se touchant au même
point ,
les sommets desangles qu’on
leur circonscrira deux à deuxappartiendront
tous trois à unemême droite.
Dans tout
hexagone
inscrit à uneligne
du secondordre,
les côtés derangs
pairs,
les côtés de rangsimpairs
et lesdiagonales qui joignent
les sommets
opposés ,
peuvent être considères comme troislignes
du troisième ordre
ayant
sixpoints
communs , d’où ilsuit,
par le théorèmegénéral , qu’on
a encore ce corollaire.Corollaire Ir. Dans tout hexa- gone inscrit à une
ligne
du se-cond
ordre ,
lesdiagonales qui joignent
les sommetsopposés
sontcoupés respectivement
soit par les côtés de rangspairs
soit par ceux de rangimpair qui
ne leur sontpas
adjacens
en troispoints qui appartiennent à
une mêmedroite ;
et les droites
auxquelles
appar-tiennent ces deux
systèmes
detrois
points
concourent sur la droitequi
contient les troispoints
deconcours des directions des côtés
opposés
del’hexagone.
Corollaire IV. Dans tout hexa- gone circonscrit à une
ligne
du se-cond
ordre, les droitesqui joignent respectivement
lespoints
de con-cours des directions des côtés op-
posés
soit avec les sommets derangs
pairs
soit avec les sommetsde rangs
impairs qui n’appartien-
nent
pas à
ces côtés concourent tou- tes trois en un mêmepoint ;
et lespoints
où concourent ces deuxsystèmes
de trois droites sont enligne
droite avec celui où concou-rent les trois droites
qui joignent
les sommets
opposés
del’hexagone.
(-) On ne démontre d’ordinaire cette
proposition
que pour le casparticulier
où les trois sommets sont en
ligne
droite.
(’) On ne démontre d’ordinaire ce
théorème que pour le cas
particulier
où les trois droites concourent en un
même