G ERGONNE
Géométrie élémentaire. Recherche de quelques-unes des lois générales qui régissent les polyèdres
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 157-164
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I57
LOIS
GÉNÉRALES
DESPOLYÈDRES.
des séries
représentées par P et
cequi peut
offrir d’intéres-sans résultats.
Nous croyons
pouvoir affirmer ,
enterminant ,
que toutes les difficultésauxquelles
ont pu etpourraient
encore donner lieu àl’avenir
m m m nt
les
développemens
de 2m nCos.m nx et 2m n Sin. nx se résoudront aisé-ment et
complètement
à l’aide desconsidérations qui viennent d’être
exposées.
GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.
Recherche de quelques -
unesdes lois générales qui
régissent les polyèdres ;
Par M. G E R G O N N E.
DANS
la VIII.e note de sesÉlémens
degéométrie,
M.Legendre
a déduit du théorème
d’Euler,
sur lespolyèdres , quelques
con-séquences
extrêmementpiquantes ,
pour laplupart.
Mais cet illustregéomètre paraît
avoirnégligé
de remarquerqu’excepté quelques
théorèmes, tels,
parexemple,
que celuid’Euler,
dans l’énoncé des-quels
le nombre des faces et celui des sommetsfigurent
de lamême
manière,
il n’est aucun théorème de ce genreauquel
il nedoive inévitablement en
répondre
un autre,qui
s’en déduit en ypermutant simplement
entre eux les motsfaces
et sommets(*).
(1) On peut consulter sur ce
sujet
le IX.e volume duprésent
recueil(
pag.32I-345 ).
Tom. XV. 22
58 LOIS
GÉNÉRALES
La vérité de cette assertion
s’aperçoit sur-le-champ
, enimaginant
dans
l’espace ,
une surfacequelconque
du secondordre , disposée
d’une manière
quelconque
parrapport
à unpolyèdre donnée quel qu’il soit
, et en supposantqu’on
ait déterminé lespolaires
con-iuguées
ouréciproques
de sesarêtes,
parrapport
à cette surface.On
voit
, eneflet ,
que lespolaires
des côtés d’une même face con- courront en un mêmepoint
,pôle
de cetteface ,
et que lespolaires
des arêtes d’un même sommet seront , dans un mêmeplan , plan polaire
de ce sommet; d’où l’on voit que ces droites serontles arêtes d’un nouveau
polyèdre , ayant
autant de sommets que l’autre a de faces et autant de facesqu’il
a de sommets ; et danslequel ,
en outre ,chaque
sommet aura autant de faces que la facecorrespondante
dupremier
avait decôtés ,
etchaque
face autant decôtés que le sommet
correspondant
dupremier
avait d’arêtes. Ilest
manifeste ,
deplus,
que lepremier
des deuxpolyèdres dépendra
du second de la même manière que le second
dépendra
du pre-mier ;
de sortequ’on
pourra les considérer commeconjugués
ouréciproques
l’un de l’autre. Suivant douc que l’un des deux serapossible
ouimpossible
l’autre le seraégalement.
Cette seule considération suffit pour montrer que des théorèmes de M.
Legendre
il en résulte nécessairementquelques
autres et pourindiquer
en mêmetemps
la manière de lesdémontrer ; mais
eny réfléchissant
mieux,
nous avons reconnuqu’on pouvait ,
par unprocédé
tout-à-faitsimple
etuniforme, parvenir
a un nombre illi-mité de tels théorèmes. Nous nous bornerons ici à établir les
plus remarquables
d’entre eux, cequi
suffira pour mettre sur la vole de la recherche des autres ceux d’entre nos lecteurs que cesujet
pourra intéresser.
Rappelons
d’abord le théorème d’Eulerqui
est le fondement detoute cette théorie :
1. Dans tout
polyèdre, la
somme du nombredes faces
et duDES
POLYÈDRES. I59
nombre des sommets surpasse constamment de deux unitès le nombre des arêtes
(*).
En
représentant
donc par F le nombre desfaces,
par S le nombre des sommetset par A
le nombre des arêtes d’unpolyèdre quelconque,
on auraSoient ensuite représentés respectivement
par a,b, c, d,... .,
lenombre des faces
trigones, tétragones, pentagones hexagones ,...,
et par
03B1, 03B2, 03B3, 03B4,
..., le nombre des sommetstrièdres, tétraèdres, pentaèdres , hexaèdres,
... ...; on aura d’abord évidemmentEn outre , comme
chaque
arêteappartient
à lafois
à deux faceset se termine à deux sommets , il s’ensuit
qu’eu comptant ,
soit le nombre des côtés de tontes lesfaces.
soit le nombre des arêtes detous les sommets, on
compte
deux fois le nombre total des arêtes dupolyèdre ;
de sortequ’on
doit encoreavoir
Substituant les valeurs
(2)
de F etS ,
et tour à tour les deuxvaleurs
(3)
de A dansl’équation (I)
, onobtiendra
les deuxsuivantes;
(*) On peut consulter, sur
l’historique
et sur la démonstration ’de cethéorème , t le III.e volume du
présent
recueil(pag. I69-I89).
I60 LOIS
GÉNÉRALES
desquelles
seules nous allons déduire tant les théorèmes de M. Le-gendre
que tous ceux que nous nous sommesproposés d’y ajouter.
D’abord,
ces deuxéquations peuvent
être écrites ainsid’où il suit que
IL Dans tout
polyèdre ,
lesII. Dans tout polyèdre, les som- faces
d’un nombreimpair
de côtés mets d’un nombreimpair
d’arêtessont
toujours
en nombrepair.
sonttoujours
en nombrepair.
Entre ces mêmes
équations (4) ,
onpeut éliminer
tour à toura et
a, b et c
et y ...,. Nous nous bornerons àexaminer
cequi
résulte desquatre premières
éliminations.Si d’abord on élimine tour à tour a et oc , l’élimination de a entraînera celle
de a,
et l’élimination de a entraînera cellede d;
on aura
d’où résultent les
conséquences que
voici:III. Il n’existe aucun
polyèdre ’III.
Il n’existe aucunpolyèdre
dont tous les sommets aient
plus
dont toutesles faces
aientplus
de.de
cinq
arêtes.cinq
côtés.DES
POLYÈDRES.
I6I IV. Unpolyèdre qui
n’a nisommets
tétraèdres,
ni sommetspentaèdres ,
doit avoir au moinsquatre
sommets trièdres.V. Un
polyèdre qui
n’a ni-sommets
trièdres,
ni sommetspentaèdres ,
doit avoir au moinssix sommets tétraèdres.
VI. Un
polyèdre qui
n’a nisommets
triédres ,
ni sommetstétraédres ,
duit avoir au moins douze sommetspentaèdres.
VII. Si un
polyèdre,
dont toutesles
faces
sonttrigones,
n’a que des sommets trièdres et des som- metshexaèdres,
il en aurané-
cessairement
quatre
de lapremière
de ces deux sortes.
VIII. Si un
polyèdre ,
donttoutes
les faces
sonttrigones
n’aque des sommets tétraèdres et des
sommets
hexaèdres ,
il en auranécessairement six de la
première
de ces deux sortes.
IX. Si un
polyèdre
àfaces trigones
n’aque
des sommets pen-taèdres et des sommets
hexaèdres,
il en aura nécessairement douze de la
première
de ces deux sortes.IV.
Un polyèdre qui
n’ani faces
tétragones,
nifaces pentagones,
doit avoir au moins
quatre faces trigones.
V.
Un polyèdre qui
n’ani faces trigones,
nifaces pentagones,
doit avoir aù moins sixfaces
té-tragones.
VI. Un
polyèdrequi n’a ni faces trigones,
nifaces tétragones ,
doit avoir au moins
douze faces pentagones.
VII. Si un
polyèdre,
dont tousles sommets sont
trièdres ,
n’a quedes faces trigones
et desfaces hexagones,
il en aura nécessai-rement
quatre
de lapremière
deces deux sortes.
VIII. Si un
polyèdre,
dont tousles sommets sont
trièdres,
n’aque des
faces tètragones
et desjaces hexagones ,
il en aura né-cessairement six de la
première
deces deux sortes.
IX. Si un
polyèdre à
sommetstrièdres n’a que des
faces penta-
gones et des
faces hexagones ,
ilen aura nécessairement douze de la
première
de ces deux sortes.Si ,
entre les deux mêmeséquations (4) ,
on élimine unequelconque
des
deux quantités a
et 03B1, l’autredisparaîtra aussi,
et ilviendra
I62 LOIS
GÉNÉRALES
ce
qui
conduit auxconséquences
que voici :X. Un
polyèdre
ne saurait êtreprivè à
lafois de faces trigones
et de sommets trièdres. Il
faut
même que le nombre tant des unsque des autres ne soit pas
moindre que
huit.XI.
Tout polyèdre qui
n’apoint
de
jâces trigones
a au moins huitsommets trièdres.
XII.
Si unpolyèdre à faces téiragones
n’a que des sommets trièdres et des sommetstétraèdres ;
il en aura nécessairement huit de la
première
de ces deux sortes.XI. Tout
polyèdre qui
n’apoint
de sommets trièdres a au moins huit
faces trigones.
XII. Si un
polyèdre à
sommetstétraèdres n’a que des faces trigones
et
des faces tétragones ;
il en auranécessairement huit de la
premièr e
de ces deux sortes.
Si,
entre les deux mêmeséquations (4),
on élimine tour à tourc et 1, il viendra
ce
qui conduit aux conséquences
que voici : XIII. Si unpolyèdre
n’a nifaces trigones ni faces tétragones,
il aura au moins
vingt
sommetstrièdres.
XIV. Si un
polyèdre à faces
pentagones
n’a que des sommetstrièdres,
ces sommets seront néces- sairement au nombre devingt.
XIII. Si un
polyèdre
n’a nisommets trièdres ni sommets té-
traèdres,
il aura au moinsvingt faces trigones.
XIV. Si
un polyèdre à
sommetspentaèdres
n’a quedesfaces
tri-gones , ces
faces
seront nécessai-rement au nombre de
vingt.
Nous ne pousserons pas
plus
loin cette analisequi ,
connue on leDES
POLYÈDRES.
I63le
voit,
ne saurait offrir dedifficulté ,
et nous observerons seulementqu’il
en résultequ’il
ne saurait exister quecinq
sortes depolyèdres
dans
lesquels
toutes les faces se trouvent avoir le-même nombre de côtés et tous les sommets le même nombre d’arêtes(*);
ce sont :Le tétraèdre ou
tétragone, qui
aquatre faces trigones , quatre
sommets trièdres et six arêtes.
L’hexaèdre
octogone, qui
asix
faces tétragones ,
huit som-mets trièdres et douze arêtes.
Le dodécaèdre
icosagone, qui
a douze
faces pentagones, vingt
sommets trièdres et trente arêtes.
L’octaèdre
hexagone , qui
asix
sommetstètraèdres,
huitfaces trigones
et douze arêtes.L’icosaèdre
dodécagone, qui
adouze
sommetspentaèdres, vingt faces trigones
et trente arêtes.De là on conclura que, s’il y a des
polyèdres réguliers,
ils nésauraient être
qu’au
nombre decinq (**),
à moinscependant qu’on
ne veuille y
comprendre
lasphère
considéréeComme terminée par une
infinité de tétragones infiniment petits,
et par une
infinité
de sommetstétraèdres ,
Comme
terminée par
uneinfinité d’hexagones infiniment petits ,
etpar une
infinité de
sommets triè-dres.
Comme
terminée par
uneinfinité
de
trigones infiniment petits ,
etpar une
infinité
de sommets hexaè- dres.Ce
qui
enporterait
alors le nombre à huit.Terminons par la recherche des limites entre
lesquelles
doit setrouver
compris
soit le nombre desfaces , soit
le nombre des sommetsd’un
polyèdre
dont le nombre des arétes est donné. Le rappro- chement deséquations (2)
et(3)
donne(*)
Voyez
l’ar’icle du tom. IXdéjà
cité.(i)
Consultez,
sur lapossibilité
de cespolyèdres,
le toin. III, pag. 233.I64 QUESTIONS PROPOSÉES.
En éliminant F de la
première
de ceséquations
et S de laseconde,
au moyen de
l’équation (I),
il viendra. Les seconds membres des
équations (8)
peuvent fort bien êtrenuls ;
mais ils sont dans tous les cas ,plus grands
que -i ; et ,quant
aux seconds membres deséquations (9) ,
ilspeuvent
fortbien être
égaux
a6 ;
mais ils seront dans tous les cas ,plus grands
que 5. On a donc
d’où
Les
signes >
et excluantl’égalité; c’est-à-dire,
XV. Dans tout
polyèdre ,
letriple
dunombre,
soit desfaces ;
soit des sommets , est
toujours plus grand
que le nombre des arêtesaugmenté
decinq unités,
maisplus petit
que le double de ce même nombre d’arêtesaugmenté
d’une unité.QUESTIONS PROPOSÉES.
Théorème d’analise.
SI , dans
uneéquation
dedegré quelconque,
les coefficiens p, q, r, s, (lequatre
termes consécutifsquelconques, pris
avec leurssignes,
sonttels
qu’on
aitcette
équation
aura nécessairement deux racinesimaginaires
aumoins ;
et si une
pareille
relation a lieu pourplusieurs
séries dequatre
termesconsécutifs, l’équation
aura autant decouples
de racinesimaginaires
anmoins