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3.1. Les transformations de l entreprise depuis le XIXe siècle

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3.1. Les transformations de l’entreprise depuis le XIXe si`ecle

11 janvier 2021

1 Introduction

Comment est construit ce cours ? L’objectif est de mettre en avant les ´etapes successives de l’Histoire des entreprises. Le cours n’est pens´e que comme un outil pour r´epondre aux questions les plus classiques sur les entreprises (voir la liste des sujets possibles). Il faut distinguer des sujets sp´ecifiques au sujet de l’entreprise (la gouvernance d’entreprise par exemple) les sujets transversaux (li´es `a la politique de la concurrence), et des sujets d’oraux HEC relativement hors-programme (sur les syndicats, ou le low-cost). Il faut toujours voir les chapitres du programme `a travers leurs interconnexions. Par ailleurs, des annexes seront disponibles pour compl´eter ce cours, notamment sur la politique de la concurrence, les firmes multinationales, les syndicats et l’organisation du travail.

2 Les d´ ebuts du capitalisme jusqu’` a la premi` ere r´ evolution indus- trielle

2.1 L’´ emergence du capitalisme

L’h´eritage culturel antique, influenc´e par Platon et Aristote, met au second plan le travail et les activit´es marchandes. Jusqu’`a la R´evolution fran¸caise, le travail libre n’existe pas. On travaille de force, ou sous un lourd ensemble de r`egles (travail r´egl´e des corporations par exemple).

Cependant, `a partir du XIIIe si`ecle en Italie, notamment `a Gˆenes puis `a Venise, on assiste au d´eveloppement du commerce maritime - des ´epices notamment - entre l’Orient et l’Occident (J. Favier,De l’or et des ´epices, 1987). C’est le d´ebut d’une forme de capitalisme. On entend par capitalisme : existence de droits de propri´et´e, ´echange de biens et de services, et accumulation de capital.Les caract´eristiques des marchands v´enitiens de la Renaissance rappellent l’esprit d’entrepreneuriat (Le Marchand de Venise, Sha- kespeare). Apr`es la R´eforme, l’´ethique du protestantisme semble aller de pair avec les valeurs qui fondent le capitalisme moderne, et tend `a d´evelopper le commerce, la recherche du profit, l’´epargne et l’esprit d’inno- vation comme le montre Max Weber dans L’´ethique protestante et l’esprit du capitalisme en 1901. En effet, le protestantisme prˆone une culture de l’effort et de r´eussite ´economique.

En France, le d´ecret d’Allarde en 1791 met fin `a l’existence des corporations et permet la libert´e de travail. Cela s’accompagne de l’unification du territoire fran¸cais, et de la cr´eation d’un march´e national (alors que pr´ec´edemment, le territoire ´etait morcel´e et il y avait peu d’´echange entre les r´egions).

2.2 Trois formes d’entreprises ou d’entreprenariat pendant la premi` ere r´ evolution industrielle

La premi`ere R´evolution Industrielle (1750-1800), qui commence avec l’invention de la machine `a vapeur par James Watt (1769) et de l’exploitation du charbon, s’accompagne de formes de pr´e-entreprises, ou de petites structures qui vont constituer - pour certaines - les premi`eres entreprises du XIXe et du XXe si`ecle.

Ces innovations ont surtout lieu en Angleterre au XIX`eme si`ecle.

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2.2.1 Le putting-out system (ou domestic system)

Pour F. Mendels (Proto-industrialization : the first phase of industrialization, 1972), on assiste, entre le XVIe et le XVIIIe si`ecle, au d´eveloppement de la proto-industrie. Des marchands-entrepreneurs apportent des mati`eres premi`eres `a des ouvriers agricoles qui leur rendent un produit fini en ´echange d’une r´emun´eration, revendu ensuite par le marchand pour plus cher dans les villes. Dans ces industries rurales (putting-out system ou domestic system), la r´emun´eration se fait `a la pi`ece. Ce syst`eme est un pr´emisse du salariat, et a contribu´e `a la constitution d’une classe d’entrepreneurs. Ces derniers ont ´et´e les premiers `a investir dans les usines ce qui a contribu´e `a l’industrialisation comme `a la croissance ´economique. Exemple :Les producteurs de soie (soyeux) `a Lyon, au XIX`eme si`ecle

2.2.2 Les manufactures

Les manufactures concentrent les ouvriers dans un mˆeme lieu afin de produire des biens. En France, au XVIIe si`ecle, les manufactures sont un des outils de la politique industrielle mercantiliste de Colbert, et limitent les importations n´ecessaires aux d´epenses royales. Exemple : Les tapisseries des Gobelins, Manu- factures royales de glaces de Saint-Gobain – ont en partie permis l’am´enagement du chˆateau de Versailles, Manufacture de Jouy-en-Josas emploie 3000 personnes en 1800

2.2.3 Marchands, inventeurs, et entrepreneurs

Au cours de la premi`ere r´evolution industrielle, les besoins en capitaux sont relativement faibles pour cr´eer une entreprise. Ainsi, le Lancashire (proche de Manchester) devient un centre de l’industrie textile anglaise.

Une succession d’innovations y ont lieu pendant le XVIII`eme si`ecle, qui vont augmenter la productivit´e des tisseurs, puis les remplacer. Ainsi :

— Lanavette volantede John Kay, en 1733 permet de multiplier par 2 la productivit´e des tisseurs, mais engendre une p´enurie de fils `a tisser, et souffre de probl`emes techniques.

— Laspinning jenny de James Hargreaves en 1764 permet de multiplier la productivit´e des tisseurs par 8, mais les tissus obtenus sont tr`es fragiles.

— Lawaterframede Richard Arkwright en 1769 permet de produire des tissus r´esistants, mais la machine est trop grosse pour ˆetre utilis´ee `a domicile par les tisserands.

— Lamule jenny de Samuel Compton en 1779, puis lem´etier `a tisser m´ecanique d’Edmund Cartwright en 1785 r´esolvent les principaux probl`emes et automatisent la production de tissu. Des r´evolteslud- distesont lieu contre ce progr`es technique qui fait disparaˆıtre les tisserands manuels.

On peut voir notamment que l’innovation se d´eveloppe par grappe, la nouvelle innovation r`egle les probl`emes de la pr´ec´edente.

Pour Schumpeter (Th´eorie de l’´evolution ´economique, 1912), il faut distinguer l’entrepreneur de l’inventeur.

Ce dernier fait une d´ecouverte scientifique (la machine `a vapeur, cr´e´ee par James Watt en 1769) et l’entre- preneur s’en saisit pour monter une affaire (Edmund Cartwight se sert de la machine `a vapeur pour fabriquer le m´etier `a tisser m´ecanique).L’innovation se d´efinit comme une nouveaut´e produite en masse.

Ces d´eveloppements dans le secteur textile ont des effets d’entraˆınements dans la chimie. Chaptal (De l’indus- trie fran¸caise, 1819) consid`ere que les progr`es dans l’industrie ont bien plus stimul´e les avanc´ees scientifiques en chimie que l’inverse.

2.3 La naissance de la firme

2.3.1 Les structures juridiques

Les modalit´es varient selon les ´epoques et les pays, mais en r´esum´e :

— Soci´et´e par actions : au moins 2 actionnaires, et un certain minimum de capital d’entreprise, respon- sabilit´e limit´ee `a l’apport de l’individu dans l’entreprise (capital investi par les actions par exemple).

L’´emission d’actions permet de r´ecolter des capitaux mais partage la propri´et´e de l’entreprise entre les diff´erents actionnaires.

— Soci´et´e `a responsabilit´e limit´ee : jusqu’`a 100 personnes dans l’entreprise

— Entreprise individuelle : responsabilit´e limit´ee ou illimit´ee (c’est `a dire que l’entrepreneur est garant de son entreprise).

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2.3.2 Le factory system

Comme les niveaux de production augmentent, on assiste `a l’´emergence dufactory system, c’est-`a-dire

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a l’externalisation de la production dans une unit´e productive qui n’est pas le domicile du travailleur. Les usines permettent de concentrer les travailleurs et les machines dans un mˆeme lieu (concentration technique).

On passe du contrat `a la pi`ece (o`u l’on r´emun´erait l’ouvrier agricole sur la base de ce qu’il a produit) au contrat journalier (qui permet de contrˆoler les efforts du travailleur).

2.4 Le capitalisme familial ` a l’honneur

Au XIX`eme si`ecle, il y a une polarisation entre les activit´es domestiques dans le textile, et le d´eveloppement de petites et moyennes entreprises (PME), voir de g´eants industriels comme Krupp dans la sid´erurgie en Allemagne. La taille des entreprises est donc relativement limit´ee. Deux causes `a cela :

— P. Verley (La r´evolution industrielle, 1997) constate que les PME ´etaient pr´ef´er´ees car il ´etait plus difficile de contrˆoler les employ´es non productifs dans les grandes structures.

— Les entrepreneurs sont r´eticents `a faire grandir leur entreprise (notamment en adoptant le syst`eme de soci´et´e par action), afin d’en garder le contrˆole et pouvoir la transmettre `a leurs enfants. Les entreprises du XIX`eme si`ecle sont des soci´et´es de personnes, c’est-`a-dire que l’entrepreneur se confond avec l’entreprise, et en assume les dettes par sa fortune personnelle.

— Pour Pierres-Yves Gomez et Harry Korine (L’entreprise dans la d´emocratie, 2009) : les entrepreneurs font des strat´egies matrimoniales pour limiter le nombre d’actions diffus´ees – si leur entreprise est par action - et donc limiter la dilution de la propri´et´e. Il n’y a pas un imp´eratif de croissance, mais de contrˆole dans les entreprises du XIXe si`ecle.

3 De la seconde r´ evolution industrielle aux Trente Glorieuses

3.1 La concentration des entreprises ` a partir de la seconde r´ evolution indus- trielle

La seconde r´evolution industrielle (1870-1880) s’appuie sur la chimie, le moteur ´electrique, le moteur `a explosion et in fine le p´etrole. C’est l’`ere du d´eveloppement du secteur automobile, qui continuera tout au long du XX`eme si`ecle. La seconde r´evolution industrielle implique les pays europ´eens, ainsi que des pays qui prennent leur envol ´economique comme les ´Etats-Unis, le Canada ou encore le Japon.

3.1.1 Qu’est-ce que la concentration ?

La concentration ou concentration industrielle est le processus d’accroissement de la taille de l’entreprise qui aboutit au cours du temps au contrˆole d’une part croissante du march´e par une ou plusieurs d’entre elles.

Il y a plusieurs types de concentrations :

— La croissance interne : une accumulation de capital par une entreprise, sans affecter la taille des entreprises du mˆeme march´e

— La croissance externe: op´eration de rachats de firmes concurrentes (sur le mˆeme march´e ou non), soit par les faillites des firmes concurrentes.

Pour la croissance externe, on distingue trois types :

— La concentration horizontale : rachat ou fusion de firmes concurrentes sur le mˆeme march´e (exemple : Gibert Jeune fusionne avec Gibert Joseph en 2020)

— La concentration verticale : rachat ou fusion d’entreprises en amont ou en aval du processus de production de l’entreprise principale (Un producteur rach`ete un fournisseur)

— Concentration conglom´erale: rachat ou fusion d’entreprises concurrentes sans lien direct de leur activit´e. (Un fabricant de console et un studio de d´eveloppement de jeux vid´eos, ici il y a un lien dans le th`eme de l’activit´e mais les deux activit´es sont s´epar´ees, et n’impliquent pas les mˆemes comp´etences).

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3.1.2 La recherche d’´economie d’´echelle

Compar´e aux entreprises textiles du XIX`eme si`ecle, les entreprises industrielles (dans le secteur de m´etallurgie ou la sid´erurgie par exemple) n´ecessitent des coˆuts fixes importants avant de pouvoir en reti- rer une quelconque rentabilit´e. La concentration industrielle s’impose comme un moyen de d´egager du profit dans ces secteurs, et fait naˆıtre des structures de march´e oligopolistiques ou monopolistiques avec des entre- prises de grande taille.

Dans le Capital financier (1910), Rudolf Hilferding montre que le d´eveloppement du capitalisme externe s’accompagne de la mont´ee en puissance de grands groupes, qui exercent une main-mise sur les produits fondamentaux. Ce mouvement monopoliste est dˆu `a la lutte contre la baisse des prix (caus´es par les gains de productivit´e associ´es au progr`es techniques) et des profits dans des secteurs tr`es concurrentiels. Les monopoles recherchent aussi des ´economie d’´echelles.Il y a donc un dilemme fondamental pour le l´egislateur : favoriser les ´economies d’´echelles en r´eduisant la concurrence, et donc permettre la baisse des prix `a la consommation, mais donner aux monopoles le pouvoir de fixer les prix.

Il faut avoir une taille suffisante pour mener des d´epenses de recherche et d´eveloppement dans un contexte concurrentiel o`u l’on cherche des gains de productivit´e et la diff´erentiation des produits. Par ailleurs, les grandes entreprises peuvent plus facilement acc´eder aux march´es financiers pour financer leurs projets, no- tamment par la diffusion d’actions.

Enfin, la taille des entreprises augmente aussi suite `a des d´eveloppements industriels comme la cr´eation d’un r´eseau de chemin de fer partout en Europe et aux ´Etats-Unis, qui requiert la pr´esence de grandes entreprises pour assurer ces projets.

3.1.3 Des sp´ecificit´es par pays

Aux ´Etats-Unis, il y a une forte concentration des entreprises aux ´Etats-Unis, notamment avec l’´etablissement de g´eants (trusts) dans le secteur m´etallurgique et sid´erurgique (Standard Oil Company de J. D. Rockfel- ler). La politique de la concurrence avec le Sherman Act (1890) et le Clayton Act (1914) cherche `a d´emanteler ces trusts, qui abusent de leur position dominante sur le march´e au d´etriment des consommateurs. De fait, ils interdisent la concentration excessive des entreprises, les ententes entre entreprises, et l’abus de position dominante. Cette lutte contre les trusts est mise en pause pendant la crise de 1929, avec le National Industry Recovery Act de Roosevelt (1932) qui les autorise temporairement pour r´eorganiser la production indus- trielle. C’est avec le Celler-Kefauver amendment (1950) cherchant `a limiter la concentration conglom´erale que la politique anti-trust compl`ete les deux Acts pr´ecedant.

En Allemagne, `a partir de la seconde r´evolution industrielle, il y a une forte concentration industrielle en Allemagne mais qui n’est pas subie, `a la diff´erence des ´Etats-Unis. En effet, les entreprises germaniques font face `a plusieurs contraintes : mauvais r´eseaux de transports, difficult´e `a collecter du capital, faible de- mande sur les march´es nationaux. En cons´equence, les soci´et´es anonymes se d´eveloppent plus rapidement pour r´ecup´erer des capitaux, avec un rˆole important des banques au sein des entreprises et s’implanter sur le territoire national. Les entreprises d´eveloppent leur activit´e sur divers secteurs pour compenser la faible demande, et cherchent des d´ebouch´es ext´erieurs apr`es la crise ´economique de 1873.

Au Japon, l’`ere Meiji (1868-1912) est associ´e au d´eveloppement des entreprises japonaises. Plusieurs entreprises d’ ´Etat, dans tous les secteurs, sont cr´e´ees, et on cherche `a d´evelopper une classe d’entrepreneurs.

Cependant, face aux difficult´es que certaines d’entre elles rencontrent, on en confie la propri´et´e `a plusieurs familles influentes du pays, qui formeront les Zaibatsu. Le Japon, `a l’oppos´e de l’Allemagne, reste dans une logique de capitalisme familial mˆeme avec une forte concentration de ses entreprises. Par ailleurs, l’exemple japonais est une bonne illustration de la th´eorie de A. Gerschenkron (Economic backwardness in a histo- rical perspective : a book of essays, 1962). Plus un pays se d´eveloppe tard, plus l’ ´Etat intervient dans son d´eveloppement.

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En France, le mouvement de concentrations des entreprises est une r´eponse aux demandes importantes, en particulier dans le secteur minier et de la m´etallurgie (les entreprises Schneider du Creusot). Dans le secteur automobile, figure de proue de la seconde r´evolution industrielle, il y a une extension tr`es rapide de la taille des entreprises. En France, Renault, cr´e´ee en 1899 compte 1660 ouvriers en 1906, 4220 en 1914 et 22 800 en 1918. Parall`element, sa production passe de 4000 `a 10 000 voitures produites entre 1906 et 1918.

3.2 Une organisation interne de l’entreprise en rupture avec la p´ eriode pr´ ec´ edente

3.2.1 Une organisation scientifique du travail

L’organisation productive est transform´ee sous l’influence du taylorisme (F. Taylor,Principles of Scien- tific Management, 1911) dans un premier temps. Chaque ouvrier est au service d’une tˆache codifi´e, et est chronom´etr´e pour assurer le plus d’efficacit´e. Si les tˆaches peuvent ˆetre ind´ependantes, sous l’influence de Ford, et l’instauration du convoyeur, les ouvriers deviennent interd´ependants dans les usines. La production est une œuvre collective qui justifie d’autant plus le salaire journalier que la r´emun´eration `a la tˆache, vu que chaque ouvrier contribue `a sa fa¸con au produit final. Le contrat de travail est une r´eponse implicite aux risques de gr`eves, et `a l’exploitation abusive des salari´es dans le mod`ele tayloro-fordiste. Ainsi, pour Robert Castel (Les m´etamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, 1995), le travail sedignifie, et le salariat permet l’acc`es `a des droits (protection sociale notamment) comme des devoirs (subordination

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a l’employeur). Lesmanagers apparaissent comme un nouveau m´etier, dont le but est l’encadrement des employ´es.

Pour A. Chandler (The visible hand. The managerial revolution in American business, 1977), les entre- prises sont pass´ees d’un mod`ele de firme unitaire (en U), d´efinies par un processus de d´ecision centralis´e, une forte division des tˆaches et une sp´ecialisation des fonction – marketing, production, finances, `a une firme multidividisionnelle (en M). Dans cette derni`ere, la firme est s´epar´ee en division autonome qui forment une quasi-firme. Cette forme renforce le pouvoir des managers, des financiers et des commerciaux au d´etriment des ing´enieurs vu que la comp´etence dans un domaine, comme dans la firme en U, n’est plus le principal crit`ere pour prendre des d´ecisions.

Cette transformation de l’organisation du travail est concomitante au d´eveloppement des firmes multina- tionales (d´efinies comme des entreprises poss´edant au moins 10% du capital d’une entreprise dans un autre pays). Suzanne Berger (Made in Monde. Les nouvelles fronti`eres de l’´economie mondiale, 2005) observe la cr´eation de firmes g´eantes, d’une taille immense, avec une int´egration importante du processus de production ; Par ailleurs, Mira Wilkins (The emergence of multination-entreprise, 1976) constate le passage du mod`ele de la firme en M `a un niveau international, ce qui a permis une meilleure int´egration des processus productifs.

3.2.2 Une innovation sans risque

L’entreprise moderne cherche `a organiser l’activit´e inventive et `a domestiquer l’innovation. Cela se fait dans un contexte du nombre d’ing´enieurs diplˆom´es. Les firmes innovent et d´eposent beaucoup de brevets pour cr´eer des nouveaux produits.

Le d´eveloppement de la consommation de masse, comme le montre Alfred Chandler dansStrat´egies et struc- tures productives (1962), oblige la firme `a chercher d’assurer le plus efficacement possible la production et la distribution des biens et services qu’elle produit. L’action de la firme permet de coordonner ces deux activit´es et la firme devient un substitut au march´e pour l’allocation des ressources, et ´evite les goulots d’´etranglements.

Enfin, pour J. K. Galbraith (The affluent society, 1958), les entreprises parviennent `a imposer leurs produits aux consommateurs, notamment `a travers le marketing et la publicit´e (th´eorie de la fili`ere invers´ee). L’offre cr´ee sa propre demande.

Le mod`ele fordiste est `a son apog´ee. L’augmentation des salaires va de pair avec l’augmentation de la pro- ductivit´e ce qui incite les ouvriers `a consommer les biens qu’ils produisent. On passe de march´es aux produits standardis´es `a des gammes vari´ees (concurrence monopolistique) qui incitent `a consommer plus fr´equemment.

L’entreprise cherche finalement `a ´eliminer le risque (pris auparavant par l’entrepreneur), par faire de l’inno- vation une routine, et en maximisant les profits.

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3.3 La r´ evolution manag´ eriale

A. Berle et G. Means dansThe modern corporation and private property(1932) montrent que la moiti´e des grandes entreprises am´ericaines sont contrˆol´ees de mani`ere ind´ependante par leur management, c’est-`a-dire qu’aucun groupe d’actionnaire ne peut r´eussir `a r´eunir un nombre suffisant de droits de vote pour ´ebranler l’autorit´e des dirigeants qui se sont nomm´es eux-mˆemes en imposant les membres du conseil d’administration.

L’´emergence de la firme g´eante ouvre la dissociation entre la possession des actions et le pouvoir : c’est la r´evolution manag´eriale.

Pour J.K. Galbraith, dansThe new industrial state (1967), on observe une propri´et´e sans contrˆole. Les grands patrimoines familiaux sont insuffisants pour d´etenir la propri´et´e et la validit´e au conseil d’administra- tion. Par ailleurs, les entreprises sont confront´ees `a des probl`emes trop complexes pour r´eellement int´egrer le processus d´ecisionnel. Ainsi, le pouvoir appartient `al’intelligence organis´ee de la firme, sa technostruc- ture : partag´e par tous ceux qui prennent des d´ecisions dans l’entreprise (dirigeants, cadres, techniciens) et dont l’expertise est n´ecessaire.

Pour notre auteur, les managers ont int´erˆet `a une gestion sociale de l’entreprise, n´egociant avec les sa- lari´es, essayant d’augmenter la taille de l’entreprise pour r´ealiser des ´economies d’´echelles et un plus grand chiffre d’affaire. Ces int´erˆets sont contradictoires avec ceux des actionnaires, qui recherchent le profit et une augmentation de leur dividende dans une logique de court terme.

Pour J. Burnham dansThe managerial revolution (1941), ”la classe des dirigeants” a un pouvoir ´etendu et ont pris le pas sur les actionnaires par des r´eseaux d’influences. Plus encore, pour P. Bourdieu et M.

de Saint Martin, dans Le patronat (1978), la nouvelle filiale de recrutement des dirigeants se fait dans la technocratie d’ ´Etat.

Cependant, le capitalisme familial reste pr´esent dans l’´economie (mˆeme moderne). Il y a toujours des castes de patrons, et des dynasties h´er´editaires (Dassault, Boygues, Pernord Ricard, Gallimard, Yves Ro- cher) avec un h´eriter choisi parmi les enfants du patron. Le mariage de Xavier Niel (PDG d’Illiad) avec Delphine Arnault (fille du PDG de LVMH) en 2010 est une ´emanation des restes du capitalisme familial.

Finalement, on passe apr`es la seconde r´evolution industrielle, d’un capitalisme d’entrepreneurs qui cherchent

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a maintenir leur pouvoir dans l’entreprise `a un capitalisme manag´erial o`u il y a une distinction entre propri´et´e de l’entreprise et son contrˆole. Cette distinction va ˆetre remise en question `a partir des ann´ees 1970.

4 Le capitalisme actionnarial des ann´ ees 1970 ` a 2000

4.1 Un mouvement de d´ econcentration des entreprises : d´ eveloppement de la firme r´ eseau

A partir des ann´ees 1970, les grandes entreprises se recentrent sur leur coeur de m´etier. Plusieurs causes

` a cela :

La crise de 1973 baisse la profitabilit´e des entreprises. Celle-ci est concomitante `a une intensification de la concurrence mondiale, et un manque de renouvellement technologique des entreprises de l’h´emisph`ere Nord.

Les march´es financiers prennent une grande importance `a partir des ann´ees 1970, et les nouvelles tech- nologies de l’information et de la communication (NTIC) dans la gestion de l’entreprise. En parall`ele, les industries manufacturi`eres perdent la place qu’elles avaient pr´ec´edemment (d´esindustrialisation).

Enfin, la mondialisation commerciale, avec la baisse des droits de douanes et des coˆuts de transports, favorise les investissements directs `a l’´etranger (IDE) ainsi que la division internationale des processus pro- ductifs.

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La baisse des coˆuts (tant sur le plan des salaires, que ceux li´es `a la d´econcentration de l’entreprise) permet de restaurer les profits et tirer parti des sp´ecificit´es de chaque entreprise. En effet, ces derni`eres se sp´ecialisent dans des domaines sp´ecifiques pour ˆetre plus efficaces et maˆıtriser au mieux leurs technologies. En particulier, les firmes occidentales, grˆace aux mouvements de d´elocalisations de production, conservent principalement les activit´es `a forte valeur ajout´ee (conception de produit par exemple). Ainsi, Nike est une hollow corporation qui sous-traite 90% de sa production en Asie, et ne maintient seulement que ses activit´es de conceptions de produits.

On assiste donc `a l’´emergence de la firme-r´eseau. La firme-r´eseau est un r´eseau de production verticalement int´egr´e, constitu´e d’entreprises ind´ependantes, coordonn´ees par une firme leader (hub firm). La d´esint´egration verticale est limit´ee par le fait que la hub firme doit conserver certaines activit´es pour des raisons strat´egiques.

A l’inverse, l’externalisation pouss´ee `a l’extrˆeme et la hub firm s’assure juste du contrˆole de la chaˆıne de valeur (Nike, Apple). La coordination peut se faire par les contrats de fabrication, les licences,etc. La firme-r´eseau permet de combiner les avantages de l’int´egration (´economie d’´echelles, taille critique) et de la d´ecentralisation marchande (innovation, adaptation, stimulation de la concurrence)

4.2 La gouvernance actionnariale

Apr`es la crise de 1973, avec la diminution des profits des entreprises et donc la perte de valeur boursi`ere des entreprises, dans un contexte de libre circulation, les entreprises sont menac´ees par la d´emission du capital. Il faut souligner que la libre-circulation des capitaux renforce l’id´ee que l’entreprise est avant tout un projet d’investissement pour l’actionnaire, `a l’inverse du mod`ele fordiste des Trente Glorieuses. Les fonds d’investissements se sont impos´es comme les principaux actionnaires des entreprises, et d´etiennent deux tiers des actions des entreprises cˆot´ees aux USA aujourd’hui. Les forts taux d’int´erˆets des ann´ees 1980 limitent les possibilit´es de financement des entreprises par la dette, et renforcent leurs cr´eances pass´ees. La d´ependance aux actionnaires est forte. Les chefs d’entreprises sont vus alors comme une oligarchie ayant pris le pouvoir aux actionnaires, et qu’il faut contrˆoler.

La question de la gouvernance de l’entreprise devient un th`eme important `a partir des ann´ees 1970. On d´efinit la gouvernance d’entreprise comme les m´ecanismes par lesquels les partis prenantes de l’entreprise exercent un contrˆole sur les salari´es et le management de sorte que leurs int´erˆets soient prot´eg´es. Dans la vision actionnariale de la gouvernance, les partis prenantes se restreignent aux actionnaires. - Il y a une l´egitimation tant sur le plan th´eorique que l´egal au retour, sinon `a larevanche des rentierssur les mana- gers, avec le mod`ele de gouvernance actionnariale.

D’un point de vue th´eorique :

Pour A. Alchian et H. Demsetz (Production, Information Costs and Economic Organization, 1972), l’en- treprise doit ˆetre contrˆol´ee par les actionnaires. En effet, dans une production commune, il faut minimiser les comportements opportunistes des agents. Ainsi, on peut mandater un contrˆoleur (le manager), mais qui peut s’assurer du contrˆole du contrˆoleur ? Il faut confier le pouvoir de nommer le dirigeant, de contrˆoler ses actions et de le sanctionner aux actionnaires. En outre, les actionnaires sont ceux qui ont le plus int´erˆet `a une gestion efficace de l’entreprise, vu que les dividendes ne peuvent ˆetre vers´ees que s’il reste un solde r´esiduel, une fois toutes les charges (y compris les salaires) r´egl´ees. Les actionnaires sont des cr´eanciers r´esiduels.

Cette vision est confort´ee par W. Baumol (Business behavior, value and growth, 1959) qui montre que les managers essaie de maximiser le chiffre d’affaire dans une logique deprestigeetd’acquisitionde pouvoir de march´e. Cette logique facilite le financement par les banques, et le recrutement des meilleurs salari´es, mais elle ne cherche pas `a maximiser les profits. De la mˆeme fa¸con, pour O. Williamson (Managerial Discretion and Business Behavior, 1963), les managers font des d´epenses discr´etionnaires pour r´ealiser leurs objectifs personnels (prestige, pouvoir).

Ce faisant, quelles pratiques pour gouverner les managers ?

La th´eorie de l’agence (M. Jensen, W. Meckling,Theory of the firm : Managerial behavior, agency costs,

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and capital structure, 1976) stipule que lorsqu’un acteur ´economique (le principal) embauche un mandataire (l’agent) pour effectuer une tˆache, il y a une asym´etrie d’information en faveur de l’agent qui peut d`es lors avoir un comportement opportuniste (minimisation des efforts, int´erˆet contradictoire `a celui du principal, etc). Comme le coˆut de surveillance serait trop ´elev´e, il faut mettre en place des m´ecanismes de gouvernance d’entreprise pour inciter l’agent `a agir dans le sens du principal. Deux types de m´ecanismes peuvent ˆetre mis en place : des m´ecanismes externes et des m´ecanismes internes. On peut citer notamment :

Les m´ecanismes externes :la menace d’ˆetre remplac´e par les OPA (si la performance de l’entreprise est mauvaise, l’entreprise peut ˆetre rachet´e, et le manager remplac´e) ; cabinets d’audits ou de conseils pour

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evaluer la performance de l’entreprise (mais manque de donn´ees pour une analyse vraiment efficace) ; loi sur la transparence et exigence d’information sur les comptes et les r´esultats. Les m´ecanismes internes : la pr´esence d’actionnaire majoritaire au sein de la firme dont l’influence est d´ecisive lors des conseils d’admi- nistrations ; un conseil d’administration de l’entreprise ind´ependant de ceux qui y participent pour ´eviter la collusion (Aux USA, en 2000, 3/4 de l’actionnariat ´etait ind´ependant des entreprises auxquelles il partici- pait) ; stock-options et hauts salaires les PDG pour l’inciter `a se conformer aux attentes des actionnaires.

En pratique, c’est surtout par les stock-options que les actionnaires ont incit´e les PDG `a avoir int´erˆet dans la performance financi`ere de l’entreprise. Selon l’AFL- CIO Executive Paywatch (2009), le rapport entre la r´emun´eration moyenne des PDG de 200 grandes entreprises am´ericaines et la r´emun´eration du travailleur am´ericain moyen `a plein temps ´etait de 42 :1 en 1980, 107 :1 en 1990, 525 :1 en 2000 et 319 :1 en 2008.

La valeur boursi`ere de l’entreprise devient un indicateur cl´e. Pour E. Fama (Efficient Capital Markets.

A review of theory and empirical works, 1970), les march´es financiers sont efficients et la valeur boursi`ere est le reflet de l’attractivit´e de l’entreprise. D`es lors, il y a certains indicateurs pour ´evaluer l’attractivit´e de l’entreprise. Notamment : EVA = (RF-k) x FP (RF, rentabilit´e financi`ere ; k = rentabilit´e attendue du capital, et FP les fonds propres de l’entreprise). Ou encore, la mesure de l’effet de levier financier de l’entreprise : RF = RE + D/FP(RE-I) avec RF la rentabilit´e financi`ere de l’entreprise, D les dettes de l’entreprise, FP ses fonds propres, RE le taux de profit, et I le taux d’int´erˆets. Ainsi, ce n’est plus `a la firme de diversifier son activit´e, mais `a l’actionnaire de diviser son portefeuille.

4.3 Les cons´ equences de la gouvernance actionnariale

Les m´ecanismes internes de gouvernance actionnariale ont notamment conduit `a une explosion de la r´emun´eration des PDG, mais aussi que la r´emun´eration des managers est principalement li´e `a la bourse (`a travers les stock-options et les primes) qu’`a leur salaire (Frydman, Sachs, 2007).

Comme le financement sur fonds propres (´emissions d’actions) dilue la responsabilit´e de l’entreprise et sert davantage aux investissements qu’aux dividendes, il y a un plus grand recours `a l’endettement aupr`es des banques. Batsch (2007) constate que la valeur des dividendes par action d’une entreprise a doubl´e entre 1999 et 2005.

Deakin et al. (2017) observent clairement l’accroissement du niveau de protection des actionnaires mino- ritaires sur deux d´ecennies, entre 1990 et 2013 par le hard law et le soft law. D’un point de vue institutionnel, l’OCDE (Principles of corporate governance, 2015) a ´etablit une liste de recommandation parmi lesquelles on peut relever : l’indexation des r´emun´erations des managers sur la performance boursi`ere, transparence de l’information `a destination des actionnaires, et absence de mesures anti-OPA.

Cependant, ce mod`ele boursier a eu plusieurs cons´equences n´egatives. D’une part, la recherche de profit de court terme a limit´e les investissements et a conduit `a des prises de d´ecisions douteuses (produits finan- ciers tr`es risqu´es vendus par Goldman Sachs). La recherche du profit peut mˆeme conduire les actionnaires `a prendre des d´ecisions qui vont `a l’encontre de l’entreprise (OPA sur Ben & Jerry en 2005 qui conduit `a ne plus valoriser les agriculteurs au sein du processus de production alors que c’´etait la raison d’ˆetre de l’entre- prise). Cela s’accompagne d’une faible confiance des employ´es dans leurs dirigeants, avec seulement 13% de confiance (Enquˆete europ´eenne sur les conditions de travail, 2015). Pour A. Shleifer et L. Summers (Corpo- rate takeovers as bread of trust, 1988), il y a une rupture du contrat implicite entre l’entreprise et le salari´e

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(possibilit´e de promotion et perspective de carri`ere). L`a o`u les hauts salaires pouvaient ˆetre utilis´es pour inci- ter les travailleurs `a l’effort, la logique de minimisation des coˆuts r´eduit les incitations et donc la performance.

Les OPA n’ont pas repr´esent´e une si grande menace pour le management, et cela a pu conduire `a des scan- dales financiers (Enron en 2001, Volkswagen en 2015). Et la forte ind´ependance du conseil d’administration s’est faite au prix de la comp´etence, d’autant que la litt´erature ´economique n’observe pas particuli`erement de lien avec la performance ´economique.

Les fortes r´emun´erations devaient servir d’incitation aux patrons pour agir dans l’int´erˆet des actionnaires.

En pratique, cela veut dire qu’au lieu d’investir les exc´edents d´egag´es par la firme (le free cash flow), il faut inciter le manager `a le redistribuer aux actionnaires plutˆot que d’investir. Cependant, cet exc´edent repose sur l’id´ee fausse que seul les actionnaires sont les cr´eanciers r´esiduels de l’entreprise. A plusieurs ´egards, on peut aussi consid´erer que les salari´es sont aussi cr´eanciers r´esiduels vu qu’ils investissent dans du capital humain sp´ecifique `a l’entreprise, ou encore les ´Etats (investissements en infrastructures, subventions, etc).

Par ailleurs, la question de l’utilisation de cet exc´edent pose probl`eme. Il y a eu des pratiques de buy-backs (une entreprise rach`ete ses propres actions) afin de faire augmenter la valeur boursi`ere de l’entreprise, et donc la r´emun´eration du patron par les stock-options. Ces rachats se font au d´etriment de l’innovation.

Pour R. Reich (Supercapitalism, 2008) l’explosion de la r´emun´eration des grands patrons est justifi´ee par le fait qu’il est difficile de trouver des managers capables de diriger des grandes firmes. Cependant, ce constat est peu av´er´e dans la litt´erature ´economique. En r´ealit´e, dans la trop forte concentration des entreprises a conduit `a cr´eer une tr`es forte distance entre les managers et les besoins de l’entreprises (Lazonick, 2004). Et, ce faisant, la volont´e constante de limiter les risques pour les actionnaires n’a pas forc´ement ´et´e compatible l’innovation.

5 2000-2020 : un changement de paradigme ?

5.1 Vers une gouvernance partenariale ?

5.1.1 La gouvernance partenariale

Pour E. Freeman, dansStrategic Management : A stakeholder approach (1984), l’approche partenariale de l’entreprise consiste `a rendre compte des rapports de l’entreprise avec la pluralit´e des groupes d’acteurs qui peuvent menacer sa survie ou influencer sa performance. Hill et Jones (1992) pr´ecisent que la th´eorie des parties prenantes peut s’apparenter `a une th´eorie de l’agence g´en´eralis´ee o`u le principal n’est plus restreint aux actionnaires. Cependant, donner un vrai pouvoir de d´ecision `a toutes les parties prenantes reviendrait `a remettre en cause le droit de propri´et´e des actionnaires. Ce faisant, la r´eflexion sur un nouveau mod`ele de gouvernance serait des’assurer que les d´ecisions de la firme, ses actifs et les comportements de ses membres vont bien dans le sens des objectifs de l’entreprise, tels qu’ils ont ´et´e d´efinis par les actionnaires/propri´etaires, et valid´es/ent´erin´es, de fa¸con plus ou moins explicite, par l’ensemble des parties prenantes(Persais, 2006).

Ce mode de gouvernance fait ´echo notamment `a la question de la responsabilit´e sociale de l’entreprise et la participation des salari´es dans le processus d´ecisionnel de l’entreprise.

5.1.2 La responsabilit´e sociale de l’entreprise

Le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme p´etroli`ere Deepwater Horizon de l’entreprise BP a consid´erablement pollu´e les eaux du golfe du Mexique. Cet incident met en ´evidence la n´ecessaire responsabilit´e sociale de l’en- treprise, notamment face `a l’environnement et aux ´Etats. On pourrait encore citer le scandale de la viande de cheval de Spanghero en France. Ces scandales sont associ´es `a la perte de confiance dans l’image de l’entreprise.

En France, la loi du 22 mai 2019 relative `a la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE, a introduit la RSE dans le Code civil, en ajoutant l’alin´ea suivant :la soci´et´e est g´er´ee dans son int´erˆet social en prenant en consid´eration les enjeux sociaux et environnementaux de son activit´e. L’id´ee d’une responsabilit´e sociale de l’entreprise est ancienne, et intrins`equement li´ee `a la philanthropie am´ericaine

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et au protestantisme. H. R. Bowen, dansSocial Responsabilities of the Businessmen(1953) pose les pre- miers jalons de la responsabilit´e sociale de l’entreprise. Il la d´efinit comme : l’obligation pour les hommes d’affaires de r´ealiser les politiques, de prendre des d´ecisions, et de suivre les lignes de conduite r´epondant aux objectifs et aux valeurs qui sont consid´er´ees comme d´esirables dans notre soci´et´e.

La responsabilit´e sociale de l’entreprise devient un th`eme concomitant `a l’apparition de firmes g´eantes, avec des managers dont le pouvoir est relativement grand dans la premi`ere moiti´e du XX`eme si`ecle. Para- doxalement, ces mˆemes managers se m´efient du pouvoir des syndicats.

Le concept de responsabilit´e sociale de l’entreprise est critiqu´e dans deux articles c´el`ebres :

— Levitt, The Dangers of Social Responsibility(1958). L’implication du monde des affaires dans la politique est une menace pour la d´emocratie pluraliste. Il sugg`ere qu’une r´eponse plus appropri´ee de la part des entreprises consisterait tout simplement `a accepter l’existence de l’action gouvernementale et syndicale et `a en reconnaˆıtre les b´en´efices potentiels.

— M. Friedman,The Responsibility of Business Is to Increase Its Profits, New York Times Magazine, 1970. L’investissement par un manager de l’argent de son entreprise dans des programmes de RSE va soit `a l’encontre de ses obligations fiduciaires par rapport aux actionnaires (en diminuant le profit), soit ´equivaut `a faire supporter par les consommateurs ou par les employ´es le coˆut des actions sociales et environnementales de l’entreprise. Il voit la RSE comme une labelisation hypocrite de la recherche du profit.

Pour autant, avec les scandales financiers r´ecents des ann´ees 2000, la hausse des in´egalit´es, la question du r´echauffement climatique et de la pollution, l’id´ee que l’entreprise a un rˆole a jouer dans la soci´et´e et une responsabilit´e vis `a vis d’elle s’est institu´ee. En 2001, la Commission europ´eenne fait paraˆıtrePromouvoir un cadre europ´een pour la responsabilit´e sociale des entreprises, mais la RSE est per¸cu comme un aveu d’´echec des gouvernements. Pour autant, en France, en 2001, la loi dite NRE (Nouvelles r´egulations ´economiques), introduit une obligation de reddition des comptes pour les entreprises cˆot´ees sur les march´es financiers pour assurer plus de transparence. Enfin, la notion de performance soci´et´e de l’entreprise (PSE) et d’entreprise citoyenne fait son chemin `a partir des ann´ees 1990.

En particulier, pour D. Matten et J. Moon (Implicit” and “Explicit” CSR : a Conceptual Framework for Understanding CSR in Europe, 2010), il y a deux types de RSE : une explicite, apparue aux Etats-Unis, et au Canada, et une implicite qui a longtemps pr´evalue en Europe. Historiquement, les entreprises nord- am´ericaines ont g´erer les probl`emes sociaux et environnementaux de fa¸con priv´e (RSE explicite), quand des pays europ´eens ont d´ependu de l’ ´Etat pour contraindre le comportement des entreprises.

Une des difficult´es li´ee `a la RSE est sa mesure traditionnellement on retient : Indicateur de pollution, Discours, Valeurs et attitudes envers la RSE par questionnaire, r´eputation, audit extra-financier. Mais ces mesures sont impr´ecises, et les diff´erentes agences de notations extra-financi`ere ont du mal `a d´efinir des normes. Par ailleurs, la corr´elation RSE et performance ´economique est relativement faible (J.D. Margolis et al., Does it Pay to Be Good. . . And Does it Matter ? A Meta-Analysis of the Relationship between Corporate Social and Financial Performance, 2011 ).

Pour M. Porter : ”Pourquoi devrions-nous investir dans des initiatives sociales ?” Nous aurons beau tous nous pr´eoccuper sinc`erement de sauver le monde, si nous ne pouvons r´epondre `a cette question correctement, nous avons un probl`eme.” C’est ici que la vraie question se pose : comment le social et l’environnemental peuvent-ils ˆetre rentables pour les entreprises ? et comment rendre plus social et environnemental les activit´es traditionnelles des entreprises ?

Une des r´eponses possibles est de dire que l’institution de normes (environnementales, sociales) va pousser les entreprises `a s’y conformer, et les entreprises qui arriveront en premi`ere sur ce terrain de la qualit´e auront un avantage comparatif par rapport aux autres.

Les d´efis de la RSE, aujourd’hui, sont notamment la r´esolution du conflit entre les enjeux sociaux et

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environnementaux, la meilleure inclusion des partis prenantes dans les processus de d´ecision et la lutte contre le green-washing.

5.1.3 La participation des salari´es dans l’entreprise

Depuis la fin des ann´ees 1990, on essaie davantage de faire participer les employ´es au sein de l’entreprise,

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a travers des Pratiques Hautement Performantes (PHP). Ces derni`eres cherchent `a favoriser la coop´eration au sein de l’entreprise et l’autonomie des salari´es. L’id´ee est de rendre l’entreprise plus participative. `A cet

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egard, on distingue plusieurs formes de participations salari´ee :

— La repr´esentation des salari´es `a travers des repr´esentants du personnel et/ou des d´el´egu´es syndicaux (pour les entreprises au dessus de 50 salari´es) au Conseil Social et Environnementale, une assembl´ee permettant de rendre transparente les d´ecisions des dirigeants de l’entreprise. C’est dans cette instance qu’il y a une possible n´egociation des salaires entre dirigeants et repr´esentants du personnel/syndicaux.

— La participation financi`ere, `a travers des primes (partages des profits avec les salari´es), ou l’actionnariat salari´e (le salari´e poss`ede des actions de sa propre entreprise).

— La cod´etermination, c’est-`a-dire la pr´esence de repr´esentants des salari´es au Conseil d’administration de l’entreprise, o`u les d´ecisions concernant l’orientation de la firme sont prises. C’est cette forme de participation qui permet de r´eellement inclure les salari´es dans le processus d´ecisionnel de l’entreprise, et donc sa gouvernance. Ce concept est proche de ”cogestion”, sans ˆetre un synonyme.

L’extension de la cod´etermination pose un enjeu majeur, d’apr`es H. Hansmann (The ownership of entre- prise, 1996) : comment ´etendre les parties prenantes dans le processus de d´ecision sans nuire `a l’efficacit´e de celui-ci ? En effet, la litt´erature ´economique semble montrer une corr´elation n´egative entre taille des conseils d’administrations et performance des entreprises (D. Ferreira et T. Kirchmaier, Corporate Boards in Eu- rope : Size, Independence and Gender Diversity , 2013).

Pour autant, il y a des arguments en faveur de la cod´etermination si l’on consid`ere l’exemple allemand.

Par sa loi sur la cod´etermination de 1951, l’Allemagne a impos´e la stricte parit´e entre repr´esentants des actionnaires et repr´esentants des salari´es au sein des conseils de surveillance (ou d’administration) dans les entreprises de plus de 1000 salari´es du secteur de l’acier et du charbon, et a ´etendu cette obligation aux plus petites entreprises de tous les secteurs par la suite. Ce mod`ele a fait ses preuves notamment pendant la crise de 2008, avec une ´economie allemande plus r´esiliente au choc ´economique (S. Sick,La cod´etermination en Allemagne : un mod`ele de participation des travailleurs dans le cadre d’un mod`ele ´economique coop´eratif , 2013). En effet, pour H. E. Kim et al ( Labor Representation in Governance as an Insurance Mechanism

, 2018), les entreprises paritaires ont tendance `a moins r´eduire l’emploi en cas de choc adverse, ce qui offre une plus grande s´ecurit´e pour les employ´es. En contrepartie, les salaires sont de l’ordre de 3% plus faible que le salaire m´edian des entreprises non-paritaires. En cons´equence, le mod`ele paritaire joue un rˆole d’assurance face aux crises, sans affecter la valeur boursi`ere de l’entreprise.

La France semble suivre ce mod`ele, notamment depuis 2015 avec la loi Eyraud qui impose aux entreprises de plus de 1000 salari´es une repr´esentation du personnel au conseil d’administration. Mais le poids de ces derniers reste encore faible.

L’id´ee d’une entreprise cod´etermin´ee est donc `a mettre en lien avec la responsabilit´e sociale de l’entreprise, qui peut am´eliorer ses performances sociales de cette fa¸con, et favoriser l’´emergence d’une v´eritable d´emocratie sociale au sein de l’entreprise (P. Crifo, A. Reb´erioux,La participation des salari´es dans l’entreprise, 2020)

5.2 Les effets de la transition num´ erique sur l’entreprise

5.2.1 Innovations, clusters, et start-up

La transition num´erique a remis au centre de l’activit´e ´economique les petites et les moyennes entreprises.

Et c’est de ces firmes dont provient une bonne part de l’innovation actuelle. Avant de devenir des g´eants, Apple Computer (cr´e´e en 1976) et Google (cr´e´e en 1998) sont des PME, et ont particip´e `a des innovations majeurs.

Plus largement, la transition num´erique a permis de r´eduire les besoins en capital fixe pour cr´eer une entre- prise. C’est l’une des principales caract´eristiques de la p´eriode actuelle, et l’on voit un d´eveloppement massif

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des start-up, ces entreprises nouvelles porteuses d’une innovation technologique. Station F, cr´e´e par X. Niel en 2012, en France, est un pˆole d’accueil des start-up (incubateur) visant `a faciliter leur d´eveloppement.

Le d´eveloppement de ces entreprises peut aussi avoir lieu au sein de grandes firmes, c’est l’intra-prenariat o`u les dirigeants accordent du temps `a leurs salari´es pour qu’ils d´eveloppent leurs propres projets.

Il y aussi une r´e-organisation g´eographique des entreprises. On voit apparaˆıtre, `a partir des ann´ees 1980, des clusters (M. Porter), c’est `a dire des lieux regroupant des entreprises aux activit´es similaires. En France, on parle de pˆoles de comp´etitivit´e, qui peuvent ˆetre d´evelopper par l’ ´Etat, avec la centralisation d’universit´es et d’entreprises dans des zones g´eographiques proches. A Grenoble, en France par exemple, il y a un r´eseau de firmes associ´es `a l’informatique, dont la plus embl´ematique est Capgemini, et d’universit´es.

Aux ´Etats-Unis, il y a l’embl´ematique Sillicon Valley qui regroupe les firmes de la tech.

L’organisation de l’industrie avait d´ej`a ´et´e th´eoris´ee par A. Marshall (Principes d’´economie politique, 1890).

Il d´efinit les ´economies externes comme les gains dus `a l’organisation de l’industrie. DansIndustry and Trade (1919), il d´efinit un district industriel comme un ensemble de firmes de taille r´eduite qui forme un r´eseau de production pour mener `a bien des activit´es, `a cˆot´e de grandes firmes. Par exemple, en France, dans le Jura, il y a un district industriel dans la lunetterie, avec une sp´ecialisation accrue des petites firmes dans ce secteur, et une division du travail ax´ee sur la compl´ementarit´e entre les firmes, facilit´ee par la concentration spatiale.

5.2.2 L’ub´erisation : un retour du domestic system ?

Le Conseil d’Orientation pour l’emploi (L’´evolution des formes d’emploi, 2014) met en ´evidence la trans- formation de l’emploi initi´ee depuis les ann´ees 1990. On observe un accroissement des contrats `a dur´ee d´etermin´ee, et de forme hybride de contrat de travail. D’une part, les salari´es se retrouvent davantage `a travailler pour plusieurs employeurs (`a temps partiel). La pluriactivit´e a ´et´e multipli´e par 2,3 entre 2003 et 2009, et ces chiffres continuent d’augmenter. D’autre part, les ind´ependants ressemblent de plus en plus `a des salari´es qui travaillent pour un seul donneur d’ordre. Par exemple, les chauffeurs Uber ne sont pas salari´es par l’entreprise, et poss`edent les moyens de production (la voiture). C’est ce qu’on appelle un travail ub´eris´e. Avec la cr´eation du statut d’auto-entrepreneur en 2008, en France, ce genre de relation de travail s’est davantage d´evelopp´e. Uber et ses chauffeurs sont uniquement li´e par une relation commerciale. M´ecaniquement, ils sont p´enalis´es par ce statut ambigu : ils b´en´eficient des d´esavantages des deux syst`emes, la subordination salariale et une moindre protection sociale par rapport aux salari´es.

Ce type de travail est li´e au d´eveloppement des plateformes bifaces (Tirole, 2016) qui mettent en relation des offreurs de services (chauffeurs, livreurs) et des demandeurs de services (magasins, restaurants).

Cette relation contractuel rappelle le domestic system pr´e-industriel (Aur´elien Zacquier, Le capitalisme de plateforme nous renvoie au domestic system pr´ei-industriel,2017). Pour O. Montel (L’´economie des plateformes : enjeux pour la croissance, l’emploi et les politiques publiques, 2017) :

— Si le salariat reste la norme, et qu’il ne semble pas y avoir une explosion du nombre de travailleurs ind´ependants – en particulier associ´e aux plateformes, on observe une croissance plus forte de l’emploi dans les entreprises sans salari´es qu’avec salari´es, en particulier dans des secteurs comme le transport, l’entreposage et les taxis.

— Ce n´eo-domestic system est la continuit´e logique de la strat´egie d’externalisation d’activit´e des en- treprises `a partir des ann´ees 1980, et du d´ecoupage de la chaˆıne de valeur. Cette nouvelle forme d’organisation n’est pas sans risques psycho-sociaux (burn-out, incertitude pour les contractuels sur la p´erennit´e de leur emploi, sant´e)

5.2.3 La question des g´eants du num´erique

Le 16 mars 2020, l’Autorit´e fran¸caise de la concurrence a condamn´e Apple `a payer une amende de plus d’un milliard d’euros pour pratiques restrictives dans la distribution de ses produits, qui ont engendr´e une augmentation des prix pour les consommateurs. Apple fait partie des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). Ce sont de grandes entreprises conglom´erales qui ont acquis un ´enorme pouvoir de march´e ces derni`eres ann´ees. Les GAFA ont une strat´egie tr`es claire de rachat, en particulier des start-ups positionn´ees sur des secteurs int´eressants, pour ne pas voir ´emerger de concurrents (Kamepalli et al., 2020).

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Relativement `a la question de leur r´egulation, plusieurs sc´enarios sont possibles :

— Comme ces entreprises peuvent agir sur des secteurs proches, on peut penser qu’il y ait une concurrence

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a la Bertrand entre ces g´eants, assurant une non-position de monopole, grˆace aux m´ecanismes de march´e.

— Limiter les rachats de start ups innovantes pour que ces derni`eres aient le temps de se d´evelopper et leur assurer une concurrence sur des cr´eneaux pr´ecis. En effet, l’innovation ne vient plus des GAFA eux-mˆemes, mais des entreprises qu’ils rach`etent.

— Cette derni`ere proposition est importante car les GAFA ´ejectent les concurrents en les rachetant, ou en changeant les r`egles du jeu. Ainsi, l’annonce de la suppression des cookies par Google ´ejecte les entreprises dont le business model reposait dessus, et assure la domination.

6 Conclusion

Pour r´esumer, on est pass´e de grandes structures concentr´ees, dirig´ees par les managers `a des firmes r´eseaux complexes, dirig´ees principalement par les actionnaires (dont on essaie avec la gouvernance partenariale de limiter les d´erives), sans pour autant qu’il y ait une r´eelle disparition des firmes g´eantes avec un fort monopole (GAFA). Les monopoles semblent refl´eter les entreprises qui incarnent le plus la r´evolution industrielle.

Le sujet des entreprises est vaste, des annexes sont fournies pour pr´eciser certains points peu d´evelopp´es dans le pr´esent cours.

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