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LES DETERMINANTS DE L INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER AU SENEGAL

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Academic year: 2022

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(1)

UNITED NATIONS NATIONS UNIES

AFRICAN INSTITUTE FOR ECONOMIC DEVELOPMENT AND PLANNING INSTITUT AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET DE PLANIFICATION

(IDEP)

Par

LEONDRE SYLVAIN DIEDHIOU

Soumis pour satisfaire en partie aux conditions d’obtention du Diplôme d’Etudes Approfondies en Politique Economique et Gestion de l’Economie de l’Institut Africain

de Développement Economique et de Planification (IDEP)

Superviseur : Dr Malick SANE

Décembre 2005

LES DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT

DIRECT ETRANGER AU SENEGAL

(2)

DEDICACES Je dédie ce mémoire :

 A mes défunts parents, Thérence DIEDHIOU et Marie – Andrée SAMBOU. Ce travail est le fruit de l’éducation que j’ai reçue de vous. Que le bon Dieu vous accueille en son paradis et vous donne sa couronne de gloire.

 A ma chère épouse, Marie Annick DIEDHIOU, pour sa patience et ses encouragements. Qu’elle trouve ici le témoigne de ma reconnaissance et de mon amour.

Ce travail est également dédié à ma fille Edith Marie – Andrée D. DIEDHIOU.

 A tous mes frères et sœurs pour leurs soutiens et leurs encouragements pendant les moments difficiles.

(3)

REMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier le Directeur de l’IDEP, Docteur Diery SECK, le Directeur Adjoint, Chef de la Division Formation , Professeur Alioysius Ajab Amin, et tout le service Administratif pour leur franche et loyale collaboration durant cette formation. Que ce travail représente ici le témoignage de ma profonde gratitude. Je remercie tous les professeurs qui sont intervenus dans les cours de ce programme ; qu’ils trouvent ici le résultat de leurs enseignements.

Au Docteur Malick SANE , mon superviseur, je témoigne toute ma reconnaissance et mes remerciements pour ses encouragements et son apport dans l’élaboration de ce travail. Que Dieu vous bénisse et vous assiste dans toutes vos entreprises.

A mes frères et sœurs en Jésus-Christ, Bertin COLY, Nicole CISS, Marie Justine BADIANE, Thérèse WADE et son époux Augustin DIOUF qui ont beaucoup prié pour moi. Que Dieu vous bénisse et vous garde.

Enfin, je rends grâce à Dieu notre Père, sans lequel ce travail n’aurait pas été possible. A lui la gloire, la louange et l’action de grâce éternellement.

(4)

ABSTRACT

The decline in the loans to developing cuntries, coupled with the low level of their domestic savings and investment, has made FDI an important source of financing for low income countries. To attract these foreign direct investment flows, many countries have undertaken structural and institutional reforms in order to offer a better environment for investment.

This study seeks to identify the explanatory factors of FDI in Senegal. After a presentation of the Senegalese economy, the study reviews the theorical and empirical literature on the determinants of FDI. On this basis, a model was specified establishing a relationship between FDI and human capital, infrastructures, rate of indebtedness and tax pressure. This model is estimated by the ordinary least squares method over the period 1970 – 2000.

The results we obtained suggest, in view of the effects of the different variables selected, that:

(i) The quality of human capital has a positive effect on FDI in the long term; (ii) infrastructures positively affect FDI both in the long term and short term; (iii) The rate of indebtedness has a negative effect on FDI in the long term; (iv) Tax pressure has a negative but non signicant effect on FDI in the short and long term.

Following these results, the study made some recommendations to the governement. It was suggested that he government improve the quality of human capital, increase and improve basic infrastructures and reduce the rate of indebtednes.

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RESUME ANALYTIQUE

L’investissement direct étranger (IDE) est devenu depuis quelques années une source de financement très importante pour les pays à faible revenu. Dans la dernière décennie (1990- 2000), les flux d’IDE ont augmenté de manière globale de plus de 83% passant de 198.3 billions à 1.169 trillons en dollars US1.

L’IDE alloué aux pays en voie de développement a connu une croissance substantielle dans la même période. En effet, selon la même source, les flux d’IDE atterrissant dans les Pays en voie de développement ont augmenté de 24.1 billions de dollars US en 1990 à 168.2 billions de dollars US pour l’année 2000.

Avec leur niveau d’épargne et d’investissement intérieurs souvent très bas, combiné au déclin des prêts qui leur sont alloués ces dix dernières années, l’IDE est devenu une source de financement privilégiée pour un grand nombre de pays en voie de développement (Asiedu, 2002).

En tant que source de capitaux d’investissement, l’IDE est un stimulant pour l’emploi, et en plus de cela, il est perçu comme un moyen permettant aux pays en développement d’acquérir la technologie de pointe, les nouvelles méthodes de gestion, et d’avoir accès aux marchés des pays développés (Noorbakhsh et al, 2001).

L’importance de l’IDE a conduit beaucoup de pays à faible revenu à se lancer dans une compétition pour attirer les dollars d’investissement direct étranger et les bénéfices qu’ils procurent. Chaque pays, par des réformes structurelles et institutionnelles, essaie d’offrir un environnement plus propice à l’investissement. Comme le suggère la théorie de l’adaptation institutionnelle, chaque pays a la possibilité d’identifier et de développer ses facteurs de compétition pour augmenter sa part dans l’investissement étranger direct global. C’est dans cette optique que notre étude se propose d’identifier les déterminants de l’IDE au Sénégal.

L’objectif global de la présente étude est de contribuer donc à la définition de politiques plus attractives de l’IDE au Sénégal. Pour atteindre cet objectif global, nous nous somme fixé deux objectifs spécifiques sous-tendus par quatre hypothèses de recherche. Le premier objectif spécifique est d’identifier les principaux facteurs qui déterminent l’IDE au Sénégal. Le deuxième consiste à identifier les contraintes de l’IDE au Sénégal. Les hypothèses de l’étude sont les suivantes : (h1) le capital humain exerce une influence positive sur l’IDE ; (h2) le niveau des infrastructures a une incidence positive sur l’IDE; (h3) le taux d’endettement exerce une influence négative sur l’IDE ; (h4) la pression fiscale a une influence négative sur l’IDE .

Tenant compte de la revue de la littérature théorique et empirique et des spécificités de l’économie sénégalaise, nous avons spécifié un modèle économétrique qui met en relation l’IDE avec le capital humain, les infrastructures, le taux d’endettement et la pression fiscale.

Notre modèle est représenté par un mécanisme à correction d’erreurs et estimé par les moindres carrés ordinaires sur la période 1970 – 2000.

Les résultats de la régression nous ont permis d’identifier les effets des différentes variables explicatives des flux d’IDE au Sénégal. (i) L’effet du capital humain positif et significatif à long terme, est négatif et non significatif à court terme. (ii) Les infrastructures ont un effet

1 (http://devdata.worldbank.org/dataonline/) 1 billion = 1012 ; 1 trillion = 1018

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positif et significatif sur l’IDE aussi bien dans le court terme que dans le long terme. (iii) Le taux d’endettement a un effet négatif et significatif à long terme sur l’IDE. Dans le court terme, son effet est négatif mais non significatif. (iv) La pression fiscale a un effet négatif et non significatif aussi bien dans le long terme que dans le court terme.

Dans l’objectif d’améliorer l’attractivité du Sénégal, l’étude préconise : - de relever la qualité de la main-d’œuvre ;

- d’augmenter et d’améliorer les infrastructures physiques ; - de réduire le taux d’endettement.

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TABLE DES MATIERES

DEDICACES ... ii

REMERCIEMENTS ... iii

ABSTRACT ... iv

RESUME ANALYTIQUE ... v

LISTE DES GRAPHIQUES ... ix

LISTE DES ANNEXES ... ix

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ... x

CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE ... 1

1.1 Contexte de l’étude ... 1

1.2 Généralités sur l’investissement direct étranger ... 3

1.2.1 Définition du concept d’Investissement Direct Etranger (IDE) ... 3

1.2.2 Les différentes formes d’investissements directs étrangers ... 4

1.2.3 Emergence et développement de l’IDE dans le monde ... 4

1.3 Problématique et justification de l’étude ... 6

1.3.1 Problématique ... 6

1.3.2 Justification de l’étude ... 7

1.4 Objectifs de l’étude et hypothèses à vérifier ... 8

1.4.1 Objectif global de l’étude ... 8

1.4.2 Objectifs spécifiques ... 8

1.4.3 Hypothèses à vérifier ... 8

1.5 Organisation de l’étude ... 8

CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DE L’ECONOMIE ET POLITIQUE DE PROMOTION DE L’IDE AU SENEGAL……….9

2.1 Situation physique et climatique ... 9

2.2 Situation administrative et politique ... 10

2.3 Evolution de la situation économique dans la période d’étude ... 10

2.3.1 La croissance économique. ... 12

2.3.2 L’inflation ... 13

2.3.3 Evolution des taux d’épargne et de l’investissement intérieurs ... 14

2.3.4 Evolution de la balance des paiements courants ... 17

2.3.5 Evolution de la dette extérieure ... 18

2.4 Politiques et réformes économiques dans la période d’étude. ... 19

2.4.1 Le Plan de Redressement Economique et Financier : 1979 – 1980 ... 20

2.4.2 Le programme de stabilisation à court terme ... 20

2.4.3 Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme ... 21

2.4.4 Le Plan d’Urgence Economique ... 27

2.4.5 La dévaluation du franc CFA en 1994 ... 27

2.5 Cadre réglementaire et politique de promotion de l’IDE au Sénégal ... 29

2.5.1 Le Cadre réglementaire de l’IDE au Sénégal ... 29

2.5.2 La politique de Promotion de l’IDE au Sénégal ... 35

2.6 Importance et évolution de l’IDE au Sénégal ... 37

2.6.1 Evolution de quelques indicateurs des flux d’IDE. ... 37

2.6.2 Origine et secteurs d’accueil des flux d’IDE au Sénégal ... 39

(8)

2.6.3 Attractivité du Sénégal : analyse comparative Sénégal-pays de l’UEMOA .... 41

CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE ... 46

3.1 Les effets des IDE dans le pays d’accueil ... 46

3.2 Les déterminants de l’IDE ... 51

3.2.1 Analyse théorique ... 51

3.2.2 Analyse empirique ... 55

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE, ESTIMATION ET RESULTATS ... 60

4.1 La méthodologie ... 60

4.1.1 La spécification du modèle ... 60

4.1.2 Description, mesure et limites des variables ... 61

4.1.3 Sources des données ... 62

4.2 Technique d’estimation du modèle ... 62

4.2.1 Analyse de stationnarité : le test de la racine unitaire ... 63

4.2.2 Analyse de co-intégration des variables du modèle ... 63

4.3 Spécification du Modèle à correction d’erreurs ... 64

4.4 Résultats et interprétations ... 65

4.4.1 La stationnarité des séries ... 65

4.4.2 La cointégration des variables du modèle : le test de Johansen ... 66

4.4.3 Estimation du modèle à correction d’erreurs ... 67

4.4.4 Le capital humain ... 68

4.4.5 Le niveau des infrastructures ... 69

4.4.6 Le poids de la dette extérieure ... 69

4.4.7 La pression fiscale ... 69

CHAPITRE V : RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION ... 70

5.1 RECOMMANDATIONS ... 70

5.2 CONCLUSION ... 73

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 75

ANNEXES

... 79

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LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique A : Taux de croissance du PIB au Sénégal ... 12

Graphique B : Evolution du taux d’inflation (%) ... 14

Graphique C : Evolution du taux d’épargne et de l’investissement intérieurs ... 15

Graphique D : Evolution du déficit de la balance des paiements courants ... 18

Graphique E : Evolution du taux d’endettement ... 19

Graphique F : évolution du stock d’IDE au Sénégal ... 37

Graphique G : Evolution de l’IDE entrant au Sénégal ... 38

Graphique H : Evolution de l’IDE en poucentage de la FBCF ... 39

LISTE DES ANNEXES Annexe I : Les données ayant servi à l’estimation du modèle ... 80

Annexe II: Les résultats du test de co-intégration de Johansen ... 81

Annexe III : Le résultats de l’estimation du modèle à correction d’erreur ... 82

Annexe IV : Les résultats du test de racine unitaire effectué sur le residu du Modèle ... 82

Annexe V : Les résultats du test de normalité des résidus : Jarque-Bera ... 83

Annexe VII: Les resultats du Test de Ramsey RESET ... 84

Annexe VIII : Le Test d’homocédasticité de White ... 85

Annexe IX: Test CUSUM ... 86

Annexe X: Test CUSUM of Squares ... 87

LISTE DES TABLEAUX Tableau N°1 : Flux nets d’IDE ( en millions de dollars) entrant dans quelques pays de l’UEMOA ... 42

Tableau N ° 2 : Synthèse des résultats du test de racine unitaire de Phillips-Perron ... 66

Tableau N°3 : Récapitulatif des résultats d’estimation ... 67

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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

APIX : Agence Nationale chargée de la Promotion de l’Investissement et des Grands Travaux

PAS : Programmes d’Ajustement Structurel

F CFA : Franc de la Communauté Française d’Afrique

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement FMN : Firme Multinationale

IDE : Investissement Direct Etranger

ME : Mission Economique (française) de Dakar MN : Multinationale

PVD : Pays en Voie de Développement BM : Banque Mondiale

OLI : O = Ownership advantage ; L = Localization advantage ; I = Iternalization advantage

FDI: Foreign Direct Investment FBCF : Formation Brut de Capital Fixe FMI : Fonds Monétaire International

FIAS : Foreign Investment Advisory Service NPA : Nouvelle Politique Agricole

NPI : Nouvelle Politique Industrielle PIB : Produit Intérieur Brut

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’OUEST UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine SONATEL : Société Nationale de Télécommunication

SENELEC : Société Nationale d’Electricité

UNCTAD : United Nations Conference on Trade and Development USAID: Agence Américaine pour le Développement International SONES : Société Nationale des Eaux du Sénégal

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(12)

CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE 1.1 Contexte de l’étude

Le début des années 70 est particulièrement marqué par une grande solvabilité de la plupart des pays africains grâce à la montée des cours des matières premières. Profitant de cette conjoncture favorable (des années 1974 – 1977), ainsi que des flux massifs de capitaux en quête de recyclage (pétrodollars), l’Etat du Sénégal, va se lancer dans un vaste et ambitieux programme d’investissement. Dans son option visant non seulement à renforcer les industries de substitution aux importations, mais aussi celles de transformation des ressources naturelles domestiques, des auteurs ont pu estimer à 70 le nombre de sociétés parapubliques créées entre 1970 et 1976 (Diagne et Daffé, 2002).

Le même cas de figure sera observé dans la plupart des pays africains qui, avec des conditions de crédit très faciles (taux d’intérêt très bas et flottants), vont accepter les capitaux étrangers (pétrodollars) pour financer leurs projets de développement.

Mais presque dans la même période (vers les années 1974) on observe un retournement de situation. Le Sénégal, comme la majorité des pays de l’Afrique Subsaharienne connaît d’énormes difficultés de croissance et de développement liées, d’une part, aux mauvais choix de politiques économiques et, d’autre part, à des conditions climatiques de plus en plus défavorables à l’accroissement des rendements agricoles.

A la baisse tendancielle de la pluviométrie s’ajoutent d’autres facteurs externes tels que la chute des prix des matières premières, les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 et, la crise de l’endettement public à partir des années 80.

En effet, le fort taux d’accroissement de la dette publique des pays du Tiers monde, en général et, des pays de l’Afrique Subsaharienne, en particulier, qui a commencé à la fin des années 60, va déboucher sur une crise de remboursement à partir des années 80.

Cette crise, résultat de l’effet combiné de la baisse des prix des produits exportés par les pays en développement et de l’explosion des taux d’intérêt, va obliger les pays endettés, sous la pression des institutions de Bretton Woods, à adopter des Programmes d’Ajustement Structurel(PAS).

Ces PAS seront suivis de la dévaluation du Franc CFA des Etats membres de la Zone franc en 1994. Cette mesure, pour le Sénégal, accompagnée d’un programme de réformes structurelles, avait pour finalité la restructuration des dépenses de l’Etat et de l’appareil de production afin

(13)

de les rendre davantage aptes à prendre en charge les objectifs de croissance, de compétitivité de l’économie et de développement. (WADE, 2001)

A la suite de ces mesures le pays va enregistrer des résultats nettement meilleurs qui se traduisent par une amélioration de son taux de croissance économique ( supérieur au taux de croissance démographique), une maîtrise de l’inflation, une baisse du déficit du compte courant et du déficit budgétaire.

Dans un contexte national marqué par une augmentation continue de la demande sociale dans les domaines stratégiques, notamment l’emploi et la création d’activités nouvelles, la santé, l’éducation, la formation, les infrastructures de base, ces résultats se sont avérés insuffisants.

Pour consolider ces acquis, le Sénégal adopte de nouvelles stratégies de développement dont l’objectif principal est de réaliser une croissance économique forte et durable. (DIAGNE A. et al, 2002).

A l’instar de la majorité des pays africains, le Sénégal connaît une tendance à la raréfaction de ses ressources, tant publiques que privées, qui devaient servir au financement de la croissance et du développement. Etant un pays pauvre très endetté, avec une faiblesse de son épargne intérieure dans un contexte international de financement du développement de plus en plus sélectif, le Sénégal adopte une stratégie d’attraction des capitaux étrangers et particulièrement des Investissements Directs Etrangers (IDE), à travers une politique de libéralisation de l’économie, de promotion de la concurrence et, de privatisation.

La capacité d’attraction des investissements directs étrangers est aujourd’hui considérée comme l’une des composantes majeures d’une politique de développement.

Cette importance de l’IDE a conduit la BM à participer en 1985 à la création du « Foreign Investment Advisory Service (FIAS) » dont le mandat est d’aider les gouvernements des pays en développement et des pays en transition à entreprendre des initiatives visant à attirer l’investissement direct étranger. Le FIAS fournit des conseils en termes législatif et institutionnel, en termes de stratégie et de politiques incitatives. Il aide également les pays à accroître le montant d’investissements qu’ils reçoivent et les bénéfices retirés de ces investissements .

(14)

« L’amélioration du climat des investissements directs étrangers est vitale : ces flux seront pour les pays en développement une source principale de capitaux dans les années à venir, particulièrement du fait que les prêts concessionnels des pays donateurs sont en baisse . » 1 Dans ce contexte l’investissement Direct Etranger (IDE) est devenu depuis quelques années l’enjeu d’une réelle compétition entre les nations. Aussi, notre étude se propose-t-elle de réfléchir sur les facteurs explicatifs de l’IDE au Sénégal, en vue de mieux définir et orienter les politiques de promotion et d’attraction de l’Investissement Direct Etranger.

1.2 Généralités sur l’investissement direct étranger

1.2.1 Définition du concept d’Investissement Direct Etranger (IDE)

L’investissement direct étranger désigne l’opération effectuée par un investisseur résident d’une économie, afin d’acquérir ou d’accroître un intérêt durable dans une entité résidente d’une autre économie et de détenir une influence significative dans sa gestion.

Ainsi, l’investissement direct étranger se distingue des simples exportations mais également des autres politiques d’internationalisation telles que la formation d’alliances, la licence d’activités ou la sous-traitance. Il faut également distinguer l’investissement direct à l’étranger des simples investissements de portefeuilles qui constituent davantage des placements financiers que de réels investissements industriels de long terme.

L’investissement direct étranger met en relation des entreprises apparentées , c’est à dire : une entreprise « investisseur direct » (maison mère) et une entreprise « investie », qu’il s’agisse d’une filiale ou d’une succursale ; des entreprises détenant des participations croisées ou des entreprises affiliées à une même maison mère (sociétés sœurs).

Par convention, la norme généralement admise pour pouvoir parler d’investissement direct étranger est que la participation au capital social de l’entreprise créée ou rachetée soit égale ou supérieure à 10% et soit conservée au moins pendant un an.

Il convient, par ailleurs, de distinguer les flux d’investissements qui correspondent aux montants investis durant une année des stocks d’investissements qui, eux, représentent la valeur comptable de la totalité des investissements réalisés dans un pays donné.

Enfin, nous pouvons noter que l’on parle généralement de flux d’investissements pour qualifier les flux nets d’investissements, c’est-à-dire les flux d’investissements diminués de ceux de désinvestissement.

1 Banque Mondiale (1999)

(15)

1.2.2 Les différentes formes d’investissements directs étrangers

L’investissement direct étranger peut prendre différentes formes. Il comprend ainsi :

 les avances de trésorerie à court ou long terme consenties par une maison mère à ses filiales étrangères mais aussi les bénéfices qui sont réinvestis par ces mêmes filiales étrangères au lieu d’être redistribués à la maison-mère et aux investisseurs.

Toutefois ces deux types de financement demeurent limités par les montants qu’ils mettent en jeu et par la nécessité de disposer au préalable d’une filiale dans un pays donné pour pouvoir y investir.

 Les opérations en capital social qui demeurent le principal mode d’investissement direct à l’étranger des entreprises. Elles peuvent se faire sous forme de création d’une filiale, de rachat d’une société existante, de formation d’une joint-venture avec un partenaire local ou tout simplement de renforcement dans le capital d’une société déjà partiellement contrôlée.

 Les investissements immobiliers (à usage professionnel ou privé)

 Les capitaux levés sur place notamment auprès des banques locales par la filiale étrangère.

1.2.3 Emergence et développement de l’IDE dans le monde

Le vingtième siècle est particulièrement marqué par un très rapide développement du commerce mondial. Ce phénomène est non seulement dû au développement de l’économie durant cette période, mais aussi à son internationalisation.

En se référant aux statistiques de l’OMC, on constate que les échanges commerciaux se sont développés à un rythme nettement plus important que celui de la croissance de l’économie mondiale. En effet, entre 1950 et 2000, les exportations mondiales ont été multipliées par 90, alors que le PIB mondial n’a été multiplié que par 7 durant cette même période (soit une croissance annuelle moyenne de 9,4% pour les exportations et de 3,9% pour le PIB)1.

Cette progression est due particulièrement à l'accroissement des échanges intra-entreprises stimulés par l'investissement direct étranger (IDE). En 1991, les entreprises multinationales et leurs filiales ont produit un chiffre d'affaires brut d'environ 4800 milliards de dollars dont 1500 milliards pour le commerce intra-société, contre 4500 milliards pour le volume total des échanges mondiaux de biens et services y compris le commerce intra-société. Le deuxième élément qui a contribué à cette progression est l'assistance financière et technique accordée

1 World Trade Organization, Merchandise Exports, Production and Gross Domestic Product, 1950 – 2001

(16)

par les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) pour corriger certains déséquilibres ou distorsions économiques et d'autres organisations internationales comme la CNUCED et le GATT puis l'OMC pour appuyer certains volets du commerce mondial stimulés par divers accords commerciaux.

Au cours de ces dernières décennies l’IDE a connu une très forte expansion et a constitué un des principaux moteurs de la mondialisation de l’économie. En effet, à partir des années cinquante, une nouvelle tendance durable est apparue dans les échanges internationaux : l’essor considérable des flux d’investissements à l’étranger qui modifie de manière significative le paysage industriel mondial. L’IDE et l’activité des firmes multinationales se développent à un rythme soutenu. Ils touchent tous les secteurs : agriculture, industrie et services. Si les pays en voie de développement ont privilégié, au cours des années 70, l’endettement comme source de financement de leur déficit externe, cette politique a été infléchie par la suite, sous le poids de la contrainte de solvabilité.

L’investissement direct étranger apparaît aujourd’hui comme une alternative du fait qu’il est non générateur de dette, est la composante la moins volatile des capitaux externes et constitue un facteur potentiel de croissance.

Selon Markusen et Venables (1998), les flux d’IDE ont crû en moyenne annuelle de près de 25% pendant la seconde moitié des années 80 et de près de 13% au début des années 90 tandis que les exportations de biens augmentaient respectivement de 14% puis de 3% en moyenne annuelle. Le rapport sur l’investissement dans le monde note une augmentation de 19% des flux d’IDE en 1997, et à nouveau de 10% en 1998, pour atteindre 440 milliards de dollars.

Environ 450 000 filiales de FMN sont installées dans le monde. Ces filiales représentent aujourd’hui 6% du PIB mondial, contre 2% en 1982 (UNCTAD, 1998).

En termes monétaires, le volume total de l'investissement direct étranger vers les pays en développement s'élevait à 70 milliards de dollars en 1993, soit selon les analystes, une progression de 37% par rapport à l'année précédente contre 25% en 1990 et 1991. Au total, la valeur monétaire des apports de capitaux aux pays en développement a crû de 125% au cours des trois premières années de la décennie. A l'échelle mondiale, dans les années 90, la part des pays en développement était à son plus haut niveau en 1992 (33%) et en 1993 (40%).

Ce développement de l’IDE est particulièrement dû au changement d’attitude des gouvernements et des administrations des différents pays, tant du Nord que du Sud, vis-à-vis

(17)

de cette source de financement extérieur. Si pendant longtemps les IDE étaient suspectés de mettre en péril l’indépendance nationale, aujourd’hui les Etats adoptent des politiques plus libérales à l’égard des IDE et des firmes multinationales. Le renforcement de l’attractivité est devenu un objectif explicite de politique économique aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement (Delapierre et Milelli, 1995).

1.3 Problématique et justification de l’étude 1.3.1 Problématique

Dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal s’est résolument tourné vers l’extérieur pour faire face à ses besoins de financement.

En effet, face à une épargne intérieure très faible par rapport à un besoin de financement colossal, le pays s’est lourdement endetté en faisant appel aux capitaux étrangers pour financer ses projets de développement.

A partir des années 80, le Sénégal est confronté à une crise de remboursement de sa dette à l’image de la plupart des pays en développement.

Cette situation va conduire le pays à adopter des mesures d’ajustement structurel sous la direction de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).

En suivant les conseils des institutions de Bretton Woods, l’Etat va se limiter aux dépenses d’infrastructures, de santé, d’éducation, abandonnant progressivement le secteur marchand au privé.

Ces mesures ajoutées à la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994, vont améliorer le taux de croissance économique qui s’établit à 5% en moyenne dans la période 1995 – 2004.

Ce taux est légèrement supérieur au taux de croissance démographique qui s’est établi à 2.7%

dans la même période.

Contrastant avec les résultats positifs enregistrés au plan macroéconomique, l’état des indicateurs sociaux montre que sur le plan social, la pauvreté s’est accentuée :

- 65% des Sénégalais et 58% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon l’ Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages (ESAMI) en 1995 ;

- l’IPH (Indicateur de Pauvreté Humaine) qui est de 47,9 est l’un des plus élevé au monde

(18)

- L’indicateur de développement humain était de 0,423 en 2000 pour le Sénégal classé 143ème sur 162, ce qui constitue tout de même une amélioration par rapport à 1999 où il a été classé 153ème sur 1751.

Pour faire face à la demande sociale grandissante, le taux de croissance économique devrait être égal au moins à trois fois le taux de croissance démographique, soit 7%. En effet, selon une étude publiée par un groupe de travail mis en place par la BM en 1993 (Poverty Task Force), les pays d’Afrique sub-saharienne doivent réaliser des taux de croissance d’au moins 6,5 à 7% pour espérer réduire la pauvreté, compte tenu de la croissance démographique et de la répartition très inégale des revenus.

Face à une épargne intérieure très faible par rapport au besoin immense de financement, l’IDE est perçu comme pouvant jouer un rôle important dans la relance de la croissance et du développement.

Cependant, la promotion de l’IDE requiert une bonne connaissance de ses facteurs explicatifs, pour mieux définir et orienter les politiques d’attraction des capitaux étrangers. Aussi notre étude se propose-t-elle d’identifier les déterminants de l’IDE au Sénégal.

1.3.2 Justification de l’étude

Deux raisons fondamentales justifient le choix de notre thème :

1) L’IDE étant un flux non créateurs de dette contribuerait non seulement à freiner l’accroissement de la dette extérieure du pays, mais aussi à relever le très bas niveau de l’investissement et de l’épargne intérieurs.

2) Avec la création en juillet 2000 de l’Agence nationale chargée de la Promotion de l’Investissement et des Grands Travaux (APIX) qui est une structure autonome au service de l’investissement privé, l’Etat montre ainsi sa nouvelle stratégie de développement qui accorde une grande importance à l’investissement privé et plus particulièrement à l’IDE. 0n parle d’un nouveau partenariat aujourd’hui, par opposition aux sources traditionnelles de financement que nos pays ont connues depuis leur accession à la souveraineté internationale.

1Voir le rapport sur le développement humain dans le monde, PNUD 2000,Oxford University Press, New York

(19)

1.4 Objectifs de l’étude et hypothèses à vérifier 1.4.1 Objectif global de l’étude

L’objectif global de notre étude est de contribuer à la définition de politiques plus attractives de l’IDE au Sénégal.

1.4.2 Objectifs spécifiques

Nos objectifs spécifiques sont les suivants :

- Identifier les principaux facteurs économiques et institutionnels qui déterminent l’investissement direct étranger

- Identifier les contraintes de l’IDE au Sénégal

1.4.3 Hypothèses à vérifier

Les hypothèses que nous nous proposons de vérifier dans notre étude sont les suivantes : H1 : Le capital humain exerce une influence positive sur l’IDE ;

H2 : Le niveau des infrastructures a une incidence positive sur l’IDE;

H3 : Le taux d’endettement exerce une influence négative sur l’IDE;

H4 : La pression fiscale a une influence négative sur l’IDE.

1.5 Organisation de l’étude

A la suite du chapitre premier consacré à l’introduction générale, notre étude est organisée comme suit. Le chapitre II sera consacré à l’évolution récente de l’économie et à la politique de promotion de l’IDE au Sénégal. Le chapitre III traitera de la revue de la littérature. Le Chapitre IV sera consacré à la méthodologie, à la technique d’estimation des paramètres et aux résultats. Enfin le chapitre V comportera les recommandations et la conclusion générale.

(20)

CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DE L’ECONOMIE ET POLITIQUE DE PROMOTION DE L’IDE AU SENEGAL 2.1 Situation physique et climatique

Pays de la zone sahélienne, le Sénégal, avec la presqu’île du Cap-Vert, occupe la position la plus avancée de l’Afrique de l’Ouest dans l’Océan Atlantique. Cette position fait du Sénégal la porte de l’Afrique Occidentale.

Avec une superficie de 196 722 km2, le Sénégal est limité au Nord et au Nord-est par la Mauritanie, au Sud-est par le Mali, au Sud par la Guinée Bissau et la Guinée Conakry, et à l’Ouest par l’Océan Atlantique. La Gambie constitue une enclave de 10 300 km2 à l’intérieur du territoire sénégalais.

Le Sénégal se situe entre 12° et 17° de latitude Nord et 11° et 18° de longitude Ouest. Le pays est plat. Il ne s’élève pas à plus de 130m à l’exception de la région Sud-est où le relief ne dépasse pas 581m au point culminant des contreforts du Fouta Djallon.

Avec sa façade maritime de plus de 700 Km et sa position à l’extrême Ouest du continent africain, le pays a un climat de type tropical sec soumis à l’influence de l’alizé maritime, de l’harmattan et de la mousson. Ces masses d’air déterminent deux saisons : une saison sèche qui couvre la période allant de Novembre à Avril et une saison des pluies qui s’étend de Mai à Octobre.

La pluviométrie décroît de 1 500mm par an dans les régions méridionales (Ziguinchor, Kolda) à 800 mm dans la zone centrale (Kaolack), pour atteindre son minimum de 300 mm au Nord (Podor, Matam).

Outre les crues du fleuve Sénégal qui contribuent à l’alimentation de certaines nappes phréatiques, le Sénégal regorge d’importantes ressources d’eau souterraines et de plusieurs zones de végétation :

 La Basse- Casamance, zone subguinéenne, caractérisée par une forêt épaisse ;

 Le Centre- Est, zone soudanienne, caractérisée par une savane arborée, riche en faune ;

 Et enfin le Nord du pays, zone sahélienne, couverte d’une brousse clairsemée où prédominent les épineux.

Le sous sol sénégalais est riche en minerais de fer, grès, marbre, basalte, calcaires, or, phosphate, tourbe, pétrole, gaz naturel.

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Les principaux produits exportés par le pays sont : les produits arachidiers, les produits de la pêche, le coton, l’acide phosphorique, le sel et le ciment.

La population du Sénégal est estimée à 9 524 089 en 2000 sur la base d’une population de 6 896 808 habitants dénombrés à l’issue du recensement général de la population de l’année 1988, et sur un taux d’accroissement démographique de 2,7%.

Plus de 60% de cette population tire son revenu du secteur agricole ; d’où les sérieux problèmes de croissance durable suite à la baisse tendancielle de la pluviométrie.

2.2 Situation administrative et politique

Le Sénégal est divisé administrativement en onze régions dirigées par un gouverneur nommé par le pouvoir central et administrées par un conseil régional. Le conseil régional est l’unique assemblée délibérante dont les conseillers sont élus pour un mandat de cinq ans. Le pouvoir exécutif régional est exercé par le président du conseil régional élu par ses pairs pour un mandat de cinq ans également.

La vie politique du pays fut d’abord marquée par un monopartisme avec, entre autres, l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) dans la période 1960-1973. A partir de 1974, les nouvelles dispositions constitutionnelles (loi 76-01 du 19/03/1973 et loi 78-68 du 28/12/1978) vont permettre l’apparition d’autres courants de pensées. Mais, ce n’est qu’en 1981 que le multipartisme intégral sera instauré avec l’avènement du deuxième Président de la République. Aujourd’hui le pays compte plus de soixante dix partis politiques.

En Mars 2000, le Sénégal a connu pour la première fois dans son histoire un changement de régime par la voie des urnes : c’est l’alternance politique qui a été saluée partout dans le monde et qui fait du Sénégal un modèle de démocratie.

2.3 Evolution de la situation économique dans la période d’étude

La période 1970-1980 est particulièrement marquée par l’essoufflement de la croissance et la stagnation de l’économie sénégalaise.

Les mauvais choix de politiques des autorités, conjugués au triple effets de la sécheresse, des chocs pétroliers et de la montée des taux d’intérêt sur les marchés financiers au cours des années 70, ont plongé le pays dans d’énormes difficultés de croissance et dans une crise financière sans précédent. Ce blocage de la croissance va s’approfondir et amplifier une série de déséquilibres macro-économiques dont la plupart étaient latents.

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Profitant de l’afflux des capitaux en provenance des marchés financiers européens et du boom sur les cours de l’arachide et des phosphates (1974 – 1976), les autorités sénégalaises avaient en effet mené des politiques budgétaires expansives avec le lancement de grands travaux d’infrastructures, la multiplication d’entreprises publiques et parapubliques, et le recrutement d’un grand nombre d’agents dans la fonction publique (Diagne A.et G. Daffé, 2002). Ainsi l’Etat qui, au lendemain des indépendances, était considéré par les dirigeants de la jeune nation sénégalaise comme un appareil efficace pour stimuler la croissance, s’est très vite révélé comme un mauvais gestionnaire.

Les déséquilibres emplois/ressources vont s’aggraver pour atteindre des niveaux insoutenables à la fin des années 1970. C’est ainsi qu’à la fin de la décennie, la situation économique du Sénégal présentait les caractéristiques suivantes :

 Une stagnation de la production en termes réels ;

 Un déficit chronique de la balance commerciale et des finances publiques

 Une détérioration prononcée des avoirs extérieurs nets et d’importantes difficultés de balance des paiements.

Face à ces difficultés économiques et financières importantes, le Sénégal va faire appel à l’assistance technique des institutions de Bretton Woods. Une série de plans et de programmes vont être successivement mis en œuvre pour faire face à la montée des déséquilibres et tenter de les résorber. L’ensemble de ces plans et programmes constitue l’ossature de ce qui est communément appelé les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS).

Il s’agit principalement :

 Du plan de redressement économique et financier (PREF) : 1979 – 1980

 Du programme de stabilisation à court terme:1980 – 1983

 Du programme d’ajustement structurel à moyen et long terme (PAMLT) : 1985 – 1992

 Du plan d’urgence économique (PUE) ou plan « Sakho-Loum » : 1993 – 1995

 Enfin de la dévaluation du franc CFA en 1994.

 La poursuite des réformes

Les résultats de ces politiques restent contrastés comme le révèle l’évolution de quelques indicateurs macro-économiques dans la période d’étude.

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Pour mieux cerner l’évolution de ces indicateurs, nous avons divisé la période d’étude en trois sous- périodes : 1970-1979, 1980-1994 et 1995-2000. Cette division permet en outre de mieux percevoir les effets du processus d’ajustement intervenu à partir de1979.

2.3.1 La croissance économique.

Comme l’indique le graphique A ci-dessous, de 1970 à 1979 le taux de croissance du PIB évolue en dents de scie. En moyenne annuelle, il n’a été que de 3% en termes réels. Ce taux de croissance qui est légèrement supérieur au taux d’accroissement de la population (près de 2,8%) est même descendu sous la barre de zéro toutes les fois que l’économie a été affectée par des chocs externes défavorables (baisse de la demande et des cours mondiaux, crises pétrolières) et/ou internes (sécheresses).

L’évolution du taux de croissance du PIB est essentiellement influencée par un secteur agricole essoufflé dont la production n’a cessé de fluctuer au gré des aléas climatiques. Ainsi, la part de l’agriculture dans le PIB a baissé, passant de 17% dans les années 1960 à 14% dans les années 1970.

Graphique A : Taux de croissance du PIB au Sénégal

-10 -5 0 5 10 15 20

1970 1972

1974 1976

1978 1980

1982 1984

1986 1988

1990 1992

1994 1996

1998 2000

PIB(%) Source: World Development Indicators, 2002 CD-ROM

De 1980 à 1994, période des programmes d’ajustement structurel, le taux de croissance annuel moyen du PIB en termes réels n’a été que de l’ordre de 2,48%. Le PIB a donc

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enregistré une baisse par rapport à la moyenne réalisée dans la sous période précédente, alors que le PREF et le PAMLT visaient, au-delà de la restauration des grands équilibres, la relance de l’activité par le réamorçage de la croissance dont le taux devait être porté à 3,5% au moins à partir de 1982. Pendant six années sur quinze, ce taux de croissance a même été négatif : - 3,31 en 1980, -1,18 en 1981, -4 en 1984, -1,4 en 1989, -0,4 en 1991, et -2,22 en 1993.

Ce taux de croissance annuel moyen aurait pu être plus faible si le PIB n’avait pas connu un taux exceptionnel de 15,33% en 1982. Ce taux exceptionnel peut être imputé à la très forte hausse de la production agricole enregistrée la même année, à la suite d’une bonne pluviométrie.

A partir de 1995, période post-dévaluation, le taux de croissance annuel moyen du PIB s’est établi à 5,33%. La performance enregistrée par le taux de croissance du PIB est imputable aux efforts de restructuration de l’économie sénégalaise par les autorités et au changement de parité du franc CFA (dévaluation) intervenu en janvier 1994.

Cependant, cette performance du taux de croissance annuel moyen du PIB reste encore très insuffisante face aux taux de croissance annuel moyen de la population qui lui s’est établi à 2,7% dans la même période. Or, selon « Poverty Task Force »1, le taux de croissance du PIB des pays d’Afrique Sub-saharienne devrait être au moins égal à trois fois celui de la croissance démographique, soit 6,5 à 7% pour espérer réduire la pauvreté dans cette région.

2.3.2 L’inflation

Comme l’indique le graphique B ci-dessous, l’inflation, mesurée par l’indice des prix à la consommation, connaît une hausse dans la sous période 1970 – 1979. Son taux passe de 2,8%

en 1970 à 9,65% 1979. En moyenne annuelle, le taux d’inflation s’établit à 9,7% ; un taux qui avoisine les deux chiffres. Ce taux d’inflation va connaître un pic de 31,6% en 1975. Cette hausse fulgurante du taux d’inflation peut être attribuée au double effet de la hausse des prix des matières premières intervenue entre 1974 et 1976 et, au premier choc pétrolier de 1973- 1974. Dans la sous période 1980 – 1994, nous pouvons noter une légère baisse du taux d’inflation par rapport à la sous période précédente. En effet, le taux d’inflation annuel moyen est de 6,8% et s’est même établi quelques fois au-dessous de la barre de zéro : -4,11% en 1987, -1,75 en 1991, -0,11 en 1992 et -0,59 en 1993.

1 Groupe de travail mis en place par la Banque Mondiale en 1993

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Dans cette sous période également, le taux d’inflation connaît un pic de 32,2% qui peut trouver son explication dans le changement de parité (dévaluation) du franc CFA intervenu en janvier 1994.

Dans la période post-dévaluation, 1995 – 2000, le taux d’inflation connaît une chute vertigineuse et passe de 32,2 en 1994 à 0,7 en 2000. On assiste donc à une bonne maîtrise de l’inflation dont le taux annuel moyen est de 2,4%. En 2000 le taux de l’inflation est de 0,7%

contre 0,8% en 1999.

Graphique B : Evolution du taux d’inflation (%)

-10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35

1970 1972

1974 1976

1978 1980

1982 1984

1986 1988

1990 1992

1994 1996

1998 2000 INFLA

Source : World Development Indicators, 2002 CD-ROM

2.3.3 Evolution des taux d’épargne et de l’investissement intérieurs

Comme l’indique le graphique C ci-après, nous notons une faiblesse du taux d’épargne intérieure du Sénégal qui s’établit à 7,1% en moyenne annuelle dans la sous période 1970 – 1979, alors que parallèlement celui de l’investissement est de 11,3% . Ce taux d’épargne qui a connu un pic de 14% en 1974, seule date où il est supérieur au taux d’investissement intérieur, va chuter pour s’établir à 2% en 1979.

Dans la sous période 1980 – 1994, période des plans et programmes d’ajustement structurel, l’épargne intérieure poursuit sa chute pour devenir inexistante voire négative pour certaines années (-5% en 1980, -9% en 1981, -3% en 1982, -2% en 1983 et -3% en 1985) avant de

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remonter pour atteindre 12% en 1994. Ce relèvement du taux d’épargne peut trouver son explication dans la hausse des exportations et l’augmentation de la valeur de l’épargne des Sénégalais vivant à l’étranger suite à la dévaluation du franc CFA.

En moyenne annuelle, son taux qui était de 7,1% dans la sous période précédente va chuter à 2,8%, alors que celui de l’investissement croit timidement pour atteindre 12,9%.

Dans la dernière sous période, 1995 – 2000, le taux d’épargne est relativement stable et fluctue entre 11 et 13%. En moyenne annuelle, ce taux de l’épargne est de 11,8% alors que parallèlement celui de l’investissement est de 17,6%.

Graphique C : Evolution du taux d’épargne et de l’investissement intérieurs

-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25

1970 1972

1974 1976

1978 1980

1982 1984

1986 1988

1990 1992

1994 1996

1998 2000

EPINT(%) INVEST(%)

Source : World Development Indicators, 2002 CD-ROM

Globalement, nous pouvons souligner la faiblesse de l’épargne et de l’investissement au Sénégal dont les taux ne dépassent guère 15% du PIB, mais aussi et surtout la nette supériorité de l’investissement par rapport à l’épargne intérieure sur toute la période d’étude. Alors que le taux d’investissement ne cesse de croître et passe de 10% en 1970 à 20% en 2000, le taux d’épargne décroît en passant de 10% en 1970 à -9% en 1981 avant de croître de manière timide pour se fixer à 11% en 2000.(graphique C). Etant donné le bas niveau de l’épargne intérieure, ce sont les ressources extérieures qui vont financer l’investissement à concurrence

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de 41% dans les années 1960 (Diagne et Daffé, 2002). Ces mêmes auteurs notent que le taux d’autofinancement s’est même dégradé puisqu’il est passé de 69,4% entre 1960 et 1969 à 53%

entre 1970 et 1979.

La chute de l’épargne intérieure à la fin des années 70 et au début des années 80 peut avoir pour origine l’augmentation démesurée de la consommation finale qu’a connu le pays en cette période. En effet, durant les années 1976 et 1977, la récolte d’arachide a atteint des niveaux record au moment où les cours mondiaux connaissaient une forte reprise. Dans le même temps les exportations des produits halieutiques enregistraient une nette augmentation.

Profitant de cette amélioration conjoncturelle de la situation économique, les autorités de la jeune nation sénégalaise vont augmenter les dépenses de l’Etat. Ainsi les effectifs et les traitements de la fonction publique vont connaître un grand bond, faisant passer la masse salariale de 25,8 milliards de F CFA en 1974 à 68,5 milliards en 1980. Les produits importés de première nécessité (blé et riz) ayant enregistré une hausse de leurs prix parallèlement au relèvement des cours mondiaux des produits phosphatiers et arachidiers, l’Etat est intervenu par le biais de subventions croissantes pour soutenir la consommation populaire. Ces subventions vont coûter à l’Etat 8,5 milliards de F CFA 1979 -1980. (Diagne et Daffé, 2002).

A cela s’ajoutent les charges récurrentes engendrées par le fonctionnement de multiples structures d’intervention et d’encadrement du monde rurale (ONCAD, SOMIVAC, SODAGRI,…) qui pèsent lourdement sur les finances publiques sans résultats tangibles à cause d’un secteur agricole dont la valeur ajoutée ne cesse de décliner parce que tributaire des aléas climatiques. En effet, la contribution du secteur agricole au PIB qui était de 23,9% en moyenne dans la période 1960 -1969 a connu une légère hausse dans les années 1970 où elle s’est fixée à 24% avant de se détériorer pour s’établir à 19,3% dans la période 1980 – 1984.

En somme, nous pouvons noter que l’amélioration des recettes d’exportation dans les années de hausse des cours de l’arachide et du phosphate ne s’est guère traduite par une augmentation du niveau de l’épargne intérieure, le surplus de revenus ayant plutôt servi à alimenter la consommation finale. Une consommation finale qui n’a cessé d’augmenter à un rythme supérieur à celui du PIB, à cause de l’accroissement de la population urbaine et des changements d’habitudes alimentaires. De 92,15% en moyenne annuelle dans la période 1970 – 1979, elle passe à 103,5% du PIB dans la période 1980 – 1984. La satisfaction des besoins de consommation n’a été possible que grâce aux importations qui sont passées de 21,9% du

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PIB dans la période 1960 – 1969 à 39,1% dans celle de 1970 – 1979, alors que les exportations augmentaient durant la même période de 21,2% à 32,3%. Ces évolutions ont eu pour résultats un déficit chronique de la balance commerciale, de la balance des paiements, des finances publiques et un alourdissement de la dette extérieure.

2.3.4 Evolution de la balance des paiements courants

Le graphique D ci-après, nous montre l’évolution du déficit de la balance des paiements dans la période d’étude.

Dans les années 1970, le déficit du compte courant s’est détérioré en passant de 5% du PIB en 1974 à 10% en 1979, soit une moyenne annuelle de 6,3%.

Dans la sous période 1980 – 1994, le déficit du compte courant n’a cessé d’augmenter pour atteindre son taux le plus élevé de 19% en 1981, avant de s’améliorer progressivement pour se fixer à 5% en 1994. En moyenne annuelle, ce déficit est de 9,8%.

Celui-ci va évoluer en dents de scie et de manière timide dans la sous période 1995 – 2000, passant de 5% du PIB en 1995 à 7% en 2000, soit une moyenne annuelle de 5,3%. Une nette amélioration est ainsi enregistrée par rapport à la sous période précédente.

D’une manière générale, le déficit chronique de la balance des paiements courants s’explique par l’augmentation plus rapide des importations par rapport aux exportations. La conséquence de ces évolutions a été le déficit de la balance commerciale qui est passé en moyenne de 0,7%

du PIB dans la période 1960 – 1969 à 6,8% dans la période 1970 – 1979.

Les transferts unilatéraux provenant essentiellement de l’aide extérieure et des envois de fonds des travailleurs émigrés n’ont pas permis d’équilibrer le compte courant dont le déficit s’aggrave progressivement pour atteindre 19% en 1981. Ce niveau du déficit peut être expliqué par la mauvaise pluviométrie enregistrée en ce début des années 1980.

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Graphique D : Evolution du déficit de la balance des paiements courants

Source : World Development Indicators, 2002 CD-ROM

Les recettes publiques n’ayant pas connu la même évolution ascendante, l’Etat enregistre un déficit de plus en plus important de ses finances qui va l’obliger à recourir davantage aux ressources extérieures pour financer ses besoins d’investissement et de consommation. Cette situation va conduire le pays à un lourd fardeau de la dette extérieure.

2.3.5 Evolution de la dette extérieure

Comme l’indique le graphique E ci-après, l’encours de la dette sénégalaise en pourcentage du PIB connaît une évolution ascendante dans la sous période 1970 – 1979. De 16% en 1970 ce ratio passe à 40% en 1979. En moyenne annuelle, il est de 23%.

Dans la sous période 1980 – 1994, la dette du Sénégal augmente à rythme plus élevé pour s’établir au-dessus de la barre des 60% du PIB , soit une moyenne annuelle de 76%. En 1994, le ratio de l’encours de la dette par rapport au PIB a atteint un pic de 100%.

Dans la dernière sous période 1995 - 2000, l’encours de la dette du Sénégal connaît une légère baisse et passe de 100% du PIB en 1994 à 77% en 2000. En moyenne annuelle, ce ratio s’est établi à 81%. Quant au service de la dette, il s’est établi à 9% du PIB dans les années 1970 et à 20% dans les années de 1980, avant de baisser légèrement pour se fixer à 18% dans la période 1995- 2000.

Cette augmentation rapide de la dette extérieure du Sénégal peut trouver son explication dans le triple effets de la sécheresse, des deux chocs pétroliers et de la hausse des taux d’intérêt sur

-20 -15 -10 -5 0

1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000

BP

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les marchés financiers au cours des années 1970 et au début des années 80. Ces facteurs explicatifs vont faire tomber le pays à l’image de beaucoup d’autres pays en développement dans une spirale infernale, devant toujours emprunter pour payer les intérêts et donc plus s’endetter. On peut dès lors parler de l’apparition d’un cercle vicieux de la dette

Graphique E : Evolution du taux d’endettement ( en pourcentage du PIB)

Source : nos calculs à partir des données de World Development Indicators 2002 CD-ROM

2.4 Politiques et réformes économiques dans la période d’étude.

Le Sénégal, face à l’ampleur de ses difficultés économiques et financières liées à des facteurs conjoncturels, mais aussi à des rigidités structurelles de son économie, va faire appel à l’assistance des institutions de Bretton Woods au début des années 1980. Pour faire face à la montée des déséquilibres et tenter de les résorber, une série de plans et de programmes vont être successivement mis en œuvre :

0 20 40 60 80 100 120

1970 1972

1974 1976

1978 1980

1982 1984

1986 1988

1990 1992

1994 1996

1998 2000 DET

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2.4.1 Le Plan de Redressement Economique et Financier : 1979 – 1980

Les objectifs visés par le plan de redressement économique et financier (PREF) sont essentiellement les suivants :

 La restriction des dépenses de fonctionnement du budget en cours d’exécution de l’année 1979-1980 à 99 milliards de francs CFA et les dépenses d’équipement à 9 milliards afin de limiter le déficit budgétaire ;

 L’amélioration du rendement des recettes fiscales ;

 La restriction des emprunts extérieurs commerciaux de durée comprise entre un et dix ans à 5 milliards au cours de l’exercice 1979 – 1980 ;

 L’instauration d’une politique de vérité des prix ;

 L’amélioration des avoirs extérieurs et l’obtention d’un excédent de la balance des paiements de 2 milliards

 La limitation de l’expansion du crédit intérieur par un encadrement plus strict de celui- ci.

Pour ce qui est des résultats de ce plan de redressement économique et financier, l’on peut constater que son exécution a permis une nette amélioration de la situation des finances publiques et de la dette extérieure. Par contre en matière de crédits intérieurs et d’avoirs extérieurs les résultats ont été très décevants.

2.4.2 Le programme de stabilisation à court terme

Le programme de stabilisation à court terme qui devait s’étendre dans la période 1980 – 1984 avait pour priorité l’assainissement financier. Pour cela, il s’est fixé les objectifs suivants :

 Porter le taux de croissance réelle de l’économie qui était de 2,7% dans la période 1973 – 1980 à 3,5% à partir de 1982 ;

 Dans le but de desserrer l’étau de la contrainte financière qui pèse sur l’Etat, le ratio de la dette devrait décroître sensiblement pour se fixer à 14% des recettes d’exportation et 15% des recettes fiscales en 1985 ;

 Atteindre un accroissement en moyenne de 5% de la production jusqu’en 1984 -1985 et un abaissement des importations des biens alimentaires de 12% vers 1985 ;

 Au niveau des finances publiques le plan visait la réduction du déficit budgétaire, afin d’améliorer la liquidité du trésor public et de résorber les arriérés de l’Etat. Pour cela le taux de croissance des dépenses publiques qui était de 13% en moyenne entre 1976

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et 1980 devrait être de 2% seulement en 1980 -1981. Dans cette optique le gouvernement devait limiter les emprunts non concessionnels à l’extérieur, réduire les effectifs de la fonction publique à travers le non remplacement des départs à la retraite et une réduction des entrées aux écoles nationales et une redéfinition de ses relations avec les entreprises publiques (réduction des subventions et l’établissement des contrats-plans).

Pour ce qui est des recettes fiscales, les taux de droits de douane ont été portés à 15%

en 1980. En même temps dans le but d’élargir l’assiette fiscale, les autorités ont revu à la baisse le nombre de produits exonérés. Certains produits ont été reclassés de la catégorie du droit fiscal de 35% à celle de 45% ou même 70% pour ce qui est des produits dits de luxe ;

 Maîtriser l’expansion monétaire par un relèvement du taux d’intérêt et l’encadrement du crédit ;

En termes de résultats, comme l’indique le tableau N°3 en annexe, les performances réalisées ont été très insuffisantes en ce qui concerne les finances publiques, la monnaie et le crédit et la balance des paiements courants.

Le rééchelonnement de la dette dans le cadre du Club de Paris a aidé à la maîtrise du service de la dette dont le ratio par rapport aux recettes courantes est passé de 31,7% en 1981 à 14,4%

en 1982. Les arriérés de paiements de l’administration centrale et des établissements publics qui devaient être réduits à 12 milliards ont été résorbés à concurrence de 11 milliards de francs CFA.

Le déficit global des finances publiques en termes d’engagement passait de 11,5% en 1981 à 6,9% en 1982. Pour ce qui est de la balance des paiements, le déficit des opérations courantes par rapport au PIB a été ramené à 11,3% en 1982 contre 18% en 1981.

L’exécution du programme de stabilisation à court terme qui avait pour objectif global la restauration des équilibres macro-financiers et d’une croissance saine et durable, n’a pas été un succès du fait des chocs extérieurs défavorables, notamment la chute des cours mondiaux des produits arachidiers.

2.4.3 Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme

Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme (PAMLT) qui s’étend dans la période 1985 – 1992 comporte deux volets : un volet de stabilisation qui vise à arrêter la dégradation des agrégats économiques et un volet de relance de l’économie par le réamorçage de la croissance.

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Les objectifs principaux du PAMLT peuvent être résumés en trois points :

 Restaurer les équilibres financiers aux niveaux interne et externe ;

 Ajuster l’offre à la demande globale ;

 Générer une épargne intérieure suffisamment importante et capable de financer une large proportion de l’investissement.

Pour atteindre ces objectifs, les stratégies suivantes ont été définies :

 Premièrement, remédier à la crise de liquidité du système bancaire résultant de l’accumulation d’arriérés de paiements de façon à rendre l’économie moins dépendante des flux de capitaux extérieurs et plus apte à soutenir la compétition internationale;

 Deuxièmement, définir des politiques sectorielles (agricole, industrielle, fiscale) destinées à favoriser la relance économique après une profonde restructuration de l’économie ;

 Troisièmement, améliorer l’efficacité des investissements en maintenant l’économie sur un sentier de croissance forte et durable. A cet effet, des mesures seront prises pour ralentir le rythme d’accroissement de la consommation finale privée qui ne devrait pas dépasser plus de 2,5% en moyenne annuelle dans la période couverte par le programme, alors que celui des administrations serait limité à 1% en moyenne sur la même période contre 3% entre 1979 et 1983 ;

 Quatrièmement, réformer le secteur parapublic qui génère des charges récurrentes insupportables pour l’Etat. Dans cette optique l’Etat se propose de se désengager sur les plans juridique, économique et institutionnel ; ensuite d’améliorer la gestion des entreprises à travers l’établissement des plans de redressement, de contrat-plans et enfin de privatiser certaines entreprises jugées non stratégiques.

Pendant deux décennies, le secteur public et parapublic du Sénégal s’est particulièrement distingué par une gestion inefficace et une mauvaise allocation de ses ressources. Il s’ensuit que ce secteur engendre pour le gouvernement des charges budgétaires qui progressivement deviennent insupportables. L’ampleur des dégâts est telle que la seule alternative qui s’impose est le retrait de l’Etat de certains secteurs de l’activité économique.

La recherche d’une meilleure efficacité passe donc désormais par l’atténuation de l’interventionnisme de l’état, ce qui implique par conséquent la rétrocession au secteur privé de certaines entreprises déficitaires mais rentabilisables

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- La réforme du secteur agricole : la Nouvelle politique agricole.

Malgré les contre-performances que le secteur agricole ne cesse d’enregistrer depuis le début des années 1970, l’économie sénégalaise est restée largement tributaire de l’agriculture.

Cette économie agricole profondément marquée par des sécheresses cycliques et souffrant d’une distorsion entre les niveaux des prix des cultures de rente et ceux des céréales locales, va conduire le gouvernement du Sénégal, aidé par la Banque Mondiale, à mettre en place en 1984 un programme de redressement du secteur communément appelé la Nouvelle Politique Agricole (NPA).

La mise en œuvre de la NPA avait pour but de rendre plus flexible le cadre institutionnel par la libéralisation des marchés agricoles et une plus grande responsabilisation des producteurs.

Dans cette optique les mesures ci-après ont été préconisées :

 Relever les prix aux producteurs pour stimuler la production agricole et générer des revenus conséquents dans le but de freiner l’exode rural et rééquilibrer la distribution de revenus entre la zone rurale et la zone urbaine ;

 Protéger la production céréalière locale par le relèvement des prix afin d’encourager la production et la consommation des céréales locales et dans le but de réduire les importations de riz ;

 Favoriser le désengagement de l’Etat du secteur agricole

 Réduire de manière significative les subventions sur les inputs en général et éliminer les obstacles réglementaires à la libre circulation des produits ;

 Accroître l’efficience des marchés agricoles par une meilleure diffusion de l’information sur les prix.

Concrètement, le gouvernement a procédé entre 1982 et 1989 à un relèvement des prix officiels aux producteurs : 52% pour l’arachide, 67% pour le coton, 83% pour le mil et le sorgho et près de 100% pour le riz. Les contrôles sur les prix des céréales ont été complètement levés. L’ensemble des circuits de commercialisation a été libéralisé. Aussi dans la filière arachide, des opérateurs privés ont été autorisés à acheter des graines auprès des producteurs et à les revendre aux huileries à des prix convenus entre les parties. La réduction progressive des subventions de l’Etat sur les inputs traduit sa volonté de se désengager de la filière. En outre, à partir de 1984, les producteurs ont été responsabilisés dans la constitution et la gestion du capital semencier.

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