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Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme

CHAPITRE II : EVOLUTION RECENTE DE L’ECONOMIE ET POLITIQUE DE

2.4 Politiques et réformes économiques dans la période d’étude

2.4.3 Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme

Le programme d’ajustement structurel à moyen et long terme (PAMLT) qui s’étend dans la période 1985 – 1992 comporte deux volets : un volet de stabilisation qui vise à arrêter la dégradation des agrégats économiques et un volet de relance de l’économie par le réamorçage de la croissance.

Les objectifs principaux du PAMLT peuvent être résumés en trois points :

 Restaurer les équilibres financiers aux niveaux interne et externe ;

 Ajuster l’offre à la demande globale ;

 Générer une épargne intérieure suffisamment importante et capable de financer une large proportion de l’investissement.

Pour atteindre ces objectifs, les stratégies suivantes ont été définies :

 Premièrement, remédier à la crise de liquidité du système bancaire résultant de l’accumulation d’arriérés de paiements de façon à rendre l’économie moins dépendante des flux de capitaux extérieurs et plus apte à soutenir la compétition internationale;

 Deuxièmement, définir des politiques sectorielles (agricole, industrielle, fiscale) destinées à favoriser la relance économique après une profonde restructuration de l’économie ;

 Troisièmement, améliorer l’efficacité des investissements en maintenant l’économie sur un sentier de croissance forte et durable. A cet effet, des mesures seront prises pour ralentir le rythme d’accroissement de la consommation finale privée qui ne devrait pas dépasser plus de 2,5% en moyenne annuelle dans la période couverte par le programme, alors que celui des administrations serait limité à 1% en moyenne sur la même période contre 3% entre 1979 et 1983 ;

 Quatrièmement, réformer le secteur parapublic qui génère des charges récurrentes insupportables pour l’Etat. Dans cette optique l’Etat se propose de se désengager sur les plans juridique, économique et institutionnel ; ensuite d’améliorer la gestion des entreprises à travers l’établissement des plans de redressement, de contrat-plans et enfin de privatiser certaines entreprises jugées non stratégiques.

Pendant deux décennies, le secteur public et parapublic du Sénégal s’est particulièrement distingué par une gestion inefficace et une mauvaise allocation de ses ressources. Il s’ensuit que ce secteur engendre pour le gouvernement des charges budgétaires qui progressivement deviennent insupportables. L’ampleur des dégâts est telle que la seule alternative qui s’impose est le retrait de l’Etat de certains secteurs de l’activité économique.

La recherche d’une meilleure efficacité passe donc désormais par l’atténuation de l’interventionnisme de l’état, ce qui implique par conséquent la rétrocession au secteur privé de certaines entreprises déficitaires mais rentabilisables

- La réforme du secteur agricole : la Nouvelle politique agricole.

Malgré les contre-performances que le secteur agricole ne cesse d’enregistrer depuis le début des années 1970, l’économie sénégalaise est restée largement tributaire de l’agriculture.

Cette économie agricole profondément marquée par des sécheresses cycliques et souffrant d’une distorsion entre les niveaux des prix des cultures de rente et ceux des céréales locales, va conduire le gouvernement du Sénégal, aidé par la Banque Mondiale, à mettre en place en 1984 un programme de redressement du secteur communément appelé la Nouvelle Politique Agricole (NPA).

La mise en œuvre de la NPA avait pour but de rendre plus flexible le cadre institutionnel par la libéralisation des marchés agricoles et une plus grande responsabilisation des producteurs.

Dans cette optique les mesures ci-après ont été préconisées :

 Relever les prix aux producteurs pour stimuler la production agricole et générer des revenus conséquents dans le but de freiner l’exode rural et rééquilibrer la distribution de revenus entre la zone rurale et la zone urbaine ;

 Protéger la production céréalière locale par le relèvement des prix afin d’encourager la production et la consommation des céréales locales et dans le but de réduire les importations de riz ;

 Favoriser le désengagement de l’Etat du secteur agricole

 Réduire de manière significative les subventions sur les inputs en général et éliminer les obstacles réglementaires à la libre circulation des produits ;

 Accroître l’efficience des marchés agricoles par une meilleure diffusion de l’information sur les prix.

Concrètement, le gouvernement a procédé entre 1982 et 1989 à un relèvement des prix officiels aux producteurs : 52% pour l’arachide, 67% pour le coton, 83% pour le mil et le sorgho et près de 100% pour le riz. Les contrôles sur les prix des céréales ont été complètement levés. L’ensemble des circuits de commercialisation a été libéralisé. Aussi dans la filière arachide, des opérateurs privés ont été autorisés à acheter des graines auprès des producteurs et à les revendre aux huileries à des prix convenus entre les parties. La réduction progressive des subventions de l’Etat sur les inputs traduit sa volonté de se désengager de la filière. En outre, à partir de 1984, les producteurs ont été responsabilisés dans la constitution et la gestion du capital semencier.

- La réforme du secteur industriel : la Nouvelle politique industrielle.

Dans les deux premières décennies de son accession à la souveraineté internationale, la stratégie de politique industrielle et commerciale du Sénégal était basée sur l’import substitution qui se traduisait par une forte protection des entreprises locales avec des droits de douane élevés, des exonérations, des conventions spéciales et des restrictions quantitatives.

En juillet 1986, le gouvernement, avec l’aide de la Banque Mondiale, a mis en place une nouvelle politique industrielle (NPI).

L’objectif principal de la NPI était d’accroître la capacité d’exportation des entreprises en les rendant plus compétitives. L’enjeu était de faire baisser le niveau de protection effective et de tendre vers une simplification des procédures en matière de politique commerciale et fiscale.

A cet égard, il a été préconisé la suppression des restrictions quantitatives, en partant des industries les plus compétitives vers celles qui sont plus vulnérables. Les réformes devaient conduire en outre, à la standardisation et à l’allègement de la structure des tarifs douaniers, mais aussi et surtout à l’abaissement du niveau de protection de 40% à 25% pour les produits finis et de 20% à 10% pour les produits intermédiaires.

Le révision du Code des investissements et la réforme du Code du travail devaient faciliter aux entreprises l’adoption d’un nouveau cadre de concurrence.

En somme, la NPI est conçue comme une politique d’incitation industrielle en vue de favoriser la relance de l’économie sénégalaise grâce à une croissance de 6% par an du secteur secondaire.

- La réforme du secteur parapublic.

Ce secteur s’est développé au cours des années 1970 grâce à un vaste programme de nationalisations et de créations de nouvelles entreprises. Cette situation a été encouragée par l’accès facile aux capitaux étrangers et par la volonté du gouvernement de favoriser le développement d’une industrie où le rôle du secteur privé était marginal. Ainsi en 1979, au début des réformes et des politiques d’ajustement structurel, le secteur parapublic sénégalais comptait 83 entreprises dans lesquelles l’Etat était majoritaire. Présentes dans les différents secteurs de l’économie, ces entreprises participaient à concurrence de 20% à la formation du PIB et occupaient 35% de l’ensemble des travailleurs du secteur moderne.

La gestion de ces entreprises était, pour l’essentiel, chroniquement déficitaire. Aussi leur fonctionnement nécessitait une intervention constante de l’Etat par le versement de subventions directes ou indirectes. A titre d’illustration, rien que pour l’année 1981, le total

des subventions accordées au secteur parapublic était estimé à 27% des dépenses totales de l’Etat.

En raison des tentions budgétaires persistantes, les autorités étaient contraintes de recourir à une politique de restructuration du secteur en 1985.

Dans le cadre de cette politique, trois objectifs ont été définis :

 Le désengagement de l’Etat de toutes les entreprises non stratégiques par la privatisation ou la liquidation des entreprises parapubliques. Ce désengagement devait aussi se traduire par une annulation progressive des subventions et une maîtrise de la masse salariale.

 L’aménagement du cadre institutionnel : il s’agissait de renforcer l’assistance technique fournie par la Banque Mondiale aux organismes chargés de la supervision et du contrôle des entreprises publiques. A cet effet, il a été créé le Commissariat général à la réforme du secteur parapublic

 La rationalisation de la gestion des entreprises à l’aide des contrats-plans et d’audits systématiques.

Ainsi, sur 62 sociétés d’économie mixte recensées à la date du 31 décembre 1984, il a été proposé un désengagement total de l’Etat dans 15 d’entre elles pour un portefeuille nominal de 3 402 millions de francs CFA et un désengagement partiel au niveau de 13 sociétés pour un portefeuille de 4 345 millions1.

- La réforme du secteur financier.

A la fin des années 1980, le système bancaire sénégalais était confronté à une grande crise de liquidité. Cette importante crise est le résultat de l’accumulation d’importantes créances gelées, en particulier sur les organismes de commercialisation agricole et le secteur parapublic. Ce blocage de l’intermédiation financière ne pouvant permettre un financement adéquat de l’économie, l’Etat avec le soutien de la Banque Mondiale, a engagé en 1989 un vaste programme de restructuration du système bancaire.

Outre les mesures de politique monétaire et de crédit adoptées par les autorités de la BCEAO pour l’ensemble des pays de l’UEMOA, le programme de réforme comportait les mesures suivantes :

 Fermeture des banques en faillite ;

 Restructuration de celles en difficulté moyennant un apport de capitaux frais ;

1 DPS :Note sur le désengagement de l’état, Dakar, 10 juin 1986, 29 p.

 La réduction de l’intervention de l’Etat dans le secteur avec la limitation à 25% de sa participation au capital des banques et la suppression de sa garantie pour des emprunts d’entreprises publiques ;

 Le recouvrement des créances bancaires douteuses ;

 L’établissement d’un réseau national de crédit mutuel communautaire.

En ce qui concerne les résultats, le bilan de la mise en œuvre du PAMLT parait très mitigé.

En effet, tout au début de l’application de ce programme on a pu noter une nette amélioration dans le sens du rétablissement des bases d’une croissance saine et durable. Cependant, cette amélioration qui n’est que de courte durée contraste avec certaines tendances négatives.

Le taux de croissance réel du PIB qui a enregistré de très bonnes performances pendant les trois premières années du programme (4,5% en 1986, 4% en 1987 et 5% en 1988) va chuter à partir de 1989 du fait de l’effondrement des rendements agricoles (-30% pour l’arachide et -22% pour le mil-sorgho), auquel il faut ajouter les troubles sociaux liés au conflit sénégalo-mauritanien.

Le taux de couverture des importations par les exportations demeure toujours inférieur à 75%

du fait du faible dynamisme des ventes à l’extérieur, engendrant ainsi un déficit chronique de la balance commerciale. Par contre, le déficit du compte courant diminue en termes relatifs : de 14% en 1985 début du PAMLT, il tombe à 8% en 1988 et à 7% du PIB en 1992.

La consommation finale reste toujours forte, maintenant ainsi l’épargne intérieure à un niveau inférieur à 10% du PIB, d’où la faible croissance de l’investissement qui ne dépasse pas la barre des 15% du PIB et qui, du reste, demeure fortement tributaire des ressources extérieures.

L’encours de la dette publique extérieure connaît une légère baisse, mais reste supérieur à la barre des 70% du PIB en 1988. Il en résulte un service de la dette de plus en plus insupportable pour les finances publiques.

Le déficit des finances publiques qui s’est réduit durant les trois premières années de la mise en œuvre du PAMLT, va augmenter à nouveau à partir des années 88-89 pour atteindre un montant de près de 36 milliards de francs CFA. Cette contre-performance s’explique par des facteurs tels :

 la baisse des recettes fiscales ;

 les dépenses nouvelles liées à la réforme du système bancaire ;

 l’apurement de la quasi-totalité des arriérés de paiements antérieurs.