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CHAPITRE III : REVUE DE LA LITTERATURE

3.2 Les déterminants de l’IDE

3.2.2 Analyse empirique

Dans l’analyse empirique, nous mettrons l’accent sur quelques travaux portant sur les déterminants de l’IDE du point de vue du pays d’accueil et, particulièrement dans les pays en développement.

De nombreuses études, dont celles de Tsai (1994) et Shamsuddin (1994), ont abouti à des résultats confirmant la théorie relative au taux de salaire qui postule que les plus hauts salaires ont tendance à décourager les IDE. Par exemple, dans son analyse sur 51 pays de 1975 à 1978 et sur 62 pays de 1983 à 1986, Tsai (1994) a trouvé, conformément à la théorie du taux de salaire, que les augmentations du taux de salaire nominal dans le secteur manufacturier tendent à décourager les IDE. Plus tard, Wheeler et Mody (1992), dans leur investigation à travers 42 pays sur l’investissement dans le secteur manufacturier en général et, dans l’industrie électronique, ont trouvé que si le taux de salaire est relativement peu important dans la détermination des flux d’IDE dans les pays industrialisés, la théorie du taux de salaire reste l’un des plus importants facteurs déterminants des flux d’IDE entrant dans les pays en développement.

Quoique la majorité des recherches aient trouvé un lien négatif et significatif entre les salaires et les IDE, le taux de salaire, perçu comme un facteur déterminant de l’IDE est bien loin de faire l’unanimité. Plusieurs études ont montré que le taux de salaire était insignifiant comme facteur explicatif des flux d’IDE alors que d’autres, au contraire, ont révélé un lien positif, considérant que les augmentations du taux de salaire encouragent les flux d’IDE entrant (Chakrabarti 2001).

En dehors du taux de salaire, d’autres facteurs importants ont été pris en compte dans la recherche des déterminants de l’IDE.

Parmi les facteurs considérés comme étant logiquement significatifs dans les recherches, la taille du marché est de manière unanime acceptée comme facteur important dans l’attraction de l’IDE. La théorie, spécialement importante pour les IDE motivés par le marché du pays hôte, soutient qu’un pays avec un plus grand marché aura une plus grande capacité d’absorption de la production due aux flux d’IDE entrant et sera ainsi plus attractif pour les investissements potentiels.

La taille du marché, mesurée par le PIB, a été à plusieurs reprises considérée comme ayant un lien positif avec l’IDE, tel que si le PIB augmente, on s’attend à ce que l’IDE augmente plus.

Wheeler et Mody (1992) ,Tsai (1994), Shamsuddin (1994), Billington (1999) ont tous trouvé la taille du marché du pays hôte comme étant un facteur déterminant des flux d’IDE entrant.

Dans leur étude sur les déterminants des IDE européens dans les pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO), Dupuch et Milan (2002) ont également trouvé que la taille du Marché, approchée par le PIB par tête, a une influence positive sur l’IDE.

Si l’on considère l’attractivité de l’IDE en Afrique, il ressort que beaucoup de pays africains sont trop petits pour donner aux investisseurs étrangers l’opportunité d’exploiter les économies d’échelle . Dans une analyse économétrique sur les flux d’IDE, Elbadawi et Mwega (1997) ont trouvé que la taille du marché est peu importante pour expliquer l’affluence de l’IDE en Afrique.

En outre, le taux de croissance du PIB du pays hôte a été unanimement trouvé significatif. La théorie soutient qu’un pays dont l’économie fait l’expérience d’une croissance rapide dispose d’un meilleur climat d’investissement, surtout pour les IDE motivés par le marché hôte, qu’un pays dont la croissance économique est plus lente. Les résultats des études de Culem (1988) et Billington (1999) ont tous confirmé la théorie du taux de croissance du PIB. Dans une analyse économétrique de données en panel sur l’investissement direct étranger en Afrique, Elbadawi et Mwega (1997) ont conclu que la croissance économique est un important déterminant.

Au même titre, la présence d’infrastructures de bonne qualité a une influence positive et significative sur l’investissement direct étranger. Dans son étude sur 67 économies émergentes entre 1978 et 1995, Wilhelms (1998) confirme la théorie qui postule qu’un investisseur étranger préfèrerait s’installer dans un pays où existent des infrastructures de bonne qualité facilitant la production, la communication, le transport et la distribution.

La qualité de la main-d’œuvre disponible est aussi un des facteurs pris en compte dans certaines études. La théorie postule qu’on peut obtenir une plus grande productivité si la main-d’œuvre dont on dispose est formée et bien éduquée. Ainsi, une plus grande qualité de la main-d’œuvre, souvent mesurée en rapport avec le niveau d’éducation, devrait attirer les flux d’IDE entrant. Noorbakhsh, Paloni et Youssef (2001), dans leur test économétrique des facteurs déterminants de l’IDE dans 36 pays en développement, ont souligné que la qualité de la main-d’œuvre, mesurée en termes d’instruction et d’alphabétisation, est l’un des plus

décisifs facteurs influant sur la destination des IDE. Bouoiyour (2003), dans son étude sur les facteurs déterminants de l’investissement direct étranger au Maroc, trouve que le capital humain a une influence positive sur les flux d’IDE dans ce pays.

L’orientation des exportations du pays hôte est un autre facteur mentionné dans d’autres études. Ce Proxy, souvent mesuré en termes de valeur des exportations en dollars, serait spécialement très important pour les IDE motivés par le marché des exportations. Des études ont montré qu’un niveau élevé des exportations entraîne une plus grande affluence des IDE.

Par exemple, dans leur étude, Jun et Singh (1996) ont estimé que l’orientation des exportations est le facteur le plus déterminant des flux d’IDE entrant.

Le taux des impôts sur le revenu du pays hôte est un autre facteur que les entités d’investissement prennent en considération dans leur prise de décision, de telle sorte que des niveaux élevés du taux d’impôts sur le revenu dans le pays hôte sont considérés comme un facteur pouvant décourager les IDE potentiels.

Bien que des travaux comme ceux de Wheeler et Mody (1992) ont considéré que le taux d’imposition du pays hôte est sans importance, la majorité des travaux tels que ceux de Kemsley (1998) et Billington (1999) ont conclu que les taux d’imposition du pays hôte constituent un facteur déterminant pour les flux d’IDE.

L’appréciation du Risque-Pays est l’un des facteurs susceptibles d’influencer la décision des investisseurs directs étrangers. En effet, l’instabilité politique et les risques de revirements de politique économique et commerciale constituent un facteur déterminant de l’IDE. Investir c’est prendre des risques, mais pas n’importe lesquels. Les investisseurs étrangers évitent généralement les pays instables et sujets à des conflits. Par contre, les systèmes transparents où le cadre juridique est efficace et la corruption faible tendent à attirer plus d’investissements (OCDE, 2003).

En s’intéressant aux déterminants de l’IDE dans 22 pays d’Afrique subsaharienne, Asiedu (2005) effectue une régression sur données de panel sur la période 1984 – 2000. L’étude révèle que la stabilité politique et économique, un système juridique efficace et un niveau de corruption peu élevé influence positivement l’IDE.

Dans une étude empirique qui analyse les déterminants de l’investissement direct étranger net dans les économies naissantes et, partant de sa théorie de l’adaptation institutionnelle, Wilhelms fait une analyse transversale des performances de 67 économies émergentes de l’Afrique Subsaharienne, de l’Asie de l’Est et du Pacifique entre 1978 et 1995.

Pour cet auteur, l’équation de l’investissement direct étranger dépendrait du Gouvernement (G), du Marché (M), de l’Education (E) et de l’élément Socioculturel (S).

Ainsi la fonction s’écrit de la manière suivante : IDE = f (G, M, E, S)

Les résultats de l’étude sont les suivants : L’adaptation du gouvernement

La théorie de la convenance pour l’IDE suppose qu’une adaptation du gouvernement élevée améliore l’IDE en diminuant l’instabilité économique, politique, juridique et administrative et, partant, réduit les risques.

Dans la régression, l’ouverture économique est corrélée de manière positive avec les investissements directs étrangers. De même, les deux variables indiquant un bon régime de droit et une faible corruption montrent une corrélation positive avec l’ IDE.

L’Adaptation du marché

Une convenance élevée du marché signifie que les marchés des biens et services et du capital sont bien développés et reliés entre eux par une infrastructure opérationnelle et efficace. Des marchés qui fonctionnent bien attirent normalement des capitaux étrangers.

Ainsi, les résultats de régression montrent qu’un faible niveau de développement économique est toléré par l’IDE. L’urbanisation est corrélée positivement avec l’IDE. De même, le commerce en pourcentage du PIB est corrélé de manière positive et solide aux apports d’IDE.

Par contre, les impôts ont une corrélation négative avec l’IDE.

En outre, une intermédiation financière accrue et une utilisation énergétique croissante par habitant ont une corrélation positive avec les apports IDE.

L’adaptation de l’éducation

Les résultas de régression ont montré une corrélation positive entre des niveaux élevés d’éducation et les apports IDE. Cela signifie que la qualification de la main-d'œuvre peut jouer un rôle non négligeable dans l’attractivité des pays par rapport à l’IDE.

L’adaptation socioculturelle

Les variables binaires régionales utilisées pour saisir les facteurs culturels ont dégagé les signes attendus (négatif pour les pays de l’Afrique subsaharienne et positif pour l’Asie de l’Est et le Pacifique) mais pas de manière significative.

A partir de la littérature théorique et empirique, nous avons mis en évidence un certain nombre de facteurs contribuant à expliquer les flux d’IDE dans différents pays en voie de développement.

Certains de ces facteurs ne font pas l’unanimité quant à leur effet sur l’IDE. Considérons quelques exemples. Tsai (1994) et Shamsuddin (1994) trouvé que des taux de salaire élevés tendent à décourager les IDE alors que Chakrabarti (2001), au contraire, a trouvé un lien positif, considérant que les augmentations du taux de salaire encouragent les flux d’IDE entrant. La taille du marché a été à plusieurs reprises considérée comme ayant un lien positif avec l’IDE (Billington, 1999 ; Wheeler et Mody, 1992). Elbadawi et Mwega (1997) ont trouvé que la taille du marché est peu importante pour expliquer l’affluence de l’IDE en Afrique.

En conclusion, nous pouvons dire que les résultats empiriques dépendent des variables utilisées, de la méthodologie et de la spécificité du pays considéré.

Sur cette base, l’étape suivante de notre étude nous conduira à spécifier un modèle destiné à identifier les déterminants de l’IDE au Sénégal.

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE, ESTIMATION ET RESULTATS