HAL Id: hal-01300328
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complexes
Gérald Tenenbaum
To cite this version:
Gérald Tenenbaum. Moyennes effectives de fonctions multiplicatives complexes. Ramanujan Journal,
Springer Verlag, 2017, 44 (3), pp.641-701. �10.1007/s11139-017-9949-7�. �hal-01300328v18�
(2017), 641-701.
Moyennes effectives de fonctions multiplicatives complexes ∗
G´ erald Tenenbaum
Abstract. We establish effective mean-value estimates for a wide class of multiplicative arithmetic functions, thereby providing (essentially optimal) quantitative versions of Wirsing’s classical estimates and extending those of Hal´asz. Several applications are derived, including:
estimates for the difference of mean-values of so-called pretentious functions, local laws for the distribution of prime factors in an arbitrary set, and weighted distribution of additive functions.
Keywords. Quantitative estimates, multiplicative functions, effective mean-value theorems, weighted distribution of additive functions.
2010 AMS Classification.Primary 11N56, Secondary 11K65, 11N37, 11N60, 11N64.
Sommaire
1 Introduction et ´enonc´e des r´esultats. . . 1
2 Applications. . . 5
3 Preuve du Th´eor`eme 1.1. . . 10
3.1 Lemme de Gallagher. . . 10
3.2 R´eduction au cas exponentiellement multiplicatif. . . 11
3.3 Preuve dans le cas exponentiellement multiplicatif . . . 12
4 Preuve du Th´eor`eme 1.2. . . 16
4.1 Lemmes. . . 16
4.2 Preuve dans le cas exponentiellement multiplicatif. . . 21
4.3 Compl´etion de l’argument. . . 28
5 Preuve du Th´eor`eme 1.3. . . 29
5.1 In´egalit´e de Tur´an-Kubilius pond´er´ee. . . 29
5.2 Compl´etion de l’argument. . . 31
6 Preuve du Th´eor`eme 1.4. . . 34
7 Preuves des corollaires. . . 36
7.1 Preuve du Corollaire 2.1. . . 36
7.2 Preuve du Corollaire 2.4. . . 36
7.3 Preuve du Corollaire 2.5. . . 38
7.4 Preuve du Corollaire 2.6. . . 40
1. Introduction et ´ enonc´ e des r´ esultats
Les estimations de valeurs moyennes de fonctions multiplicatives constituent un outil pri- vil´ egi´ e de la th´ eorie probabiliste des nombres. Elles permettent notamment d’appr´ ehender la r´ epartition des fonctions additives sur les N premiers entiers via leurs fonctions caract´ eristiques et, partant, d’obtenir des th´ eor` emes de convergence avec contrˆ ole de l’approximation. Les deux succ` es historiques de la th´ eorie sont respectivement dus ` a Wirsing [35] et Hal´ asz [13].
D´ esignons par M (A, B) la classe des fonctions multiplicatives v´ erifiant
(1·1) max
p
|f(p)| 6 A, X
p, ν>2
|f (p
ν)| log p
νp
ν6 B.
Ici et dans la suite, nous r´ eservons la lettre p pour d´ esigner un nombre premier.
Dans son remarquable article [35], Wirsing ´ etablit notamment que, si r ∈ M (A, B), r > 0, et s’il existe % > 0 tel que
(1·2) X
p6x
r(p) log p
p ∼ % log x (x → ∞),
alors toute fonction multiplicative r´ eelle f telle que |f| 6 r v´ erifie, lorsque x → ∞, (1·3) M (x; f) := X
n6x
f(n) = e
−γ%Γ(%) Y
p
P
ν>0
f(p
ν)/p
νP
ν>0
r(p
ν)/p
ν+ o(1) x
log x Y
p
X
pν6x
r(p
ν) p
ν, o` u le produit infini est consid´ er´ e comme nul lorsqu’il diverge.
(1)Ici et dans la suite, nous notons γ la constante d’Euler.
∗Nous incluons ici quelques corrections mineures relativement `a la version publi´ee.
1. Le second produit est en fait fini.
Le cas r = 1 (la fonction constante ´ egale ` a 1), % = 1, confirme une c´ el` ebre conjecture d’Erd˝ os selon laquelle une fonction multiplicative r´ eelle ` a valeurs dans [−1, 1] poss` ede n´ ecessairement une valeur moyenne.
Dans [13], Hal´ asz a ´ elucid´ e le comportement asymptotique des fonctions multiplicatives complexes f ` a valeurs dans le disque unit´ e. Son r´ esultat principal ´ etablit une dichotomie : soit il existe τ ∈ R tel que
(1·4) X
p
1 − <e {f(p)/p
iτ} p < ∞, et nous avons alors
(1·5) M (x; f ) ∼ x
1+iτ1 + iτ
Y
p6x
1 − 1
p X
ν>0
f(p
ν)
p
ν(1+iτ)+ o(x) (x → ∞),
soit la s´ erie diverge pour tout τ ∈ R , et l’on a M(x; f ) = o(x) lorsque x → ∞. Une pr´ ecision suppl´ ementaire est que, sous l’hypoth` ese (1·4), le terme principal de (1·5) est de la forme K
τx
1+iτL
τ(log x) o` u L
τest une fonction de module unit´ e ` a croissance lente au sens de Karamata [22], c’est-` a-dire telle que L
τ(u)/L
τ(v) → 1 lorsque u et v tendent vers l’infini sous la condition u v.
Une preuve alternative du cas de convergence a ´ et´ e obtenue par Delange via une m´ ethode reposant, ` a partir d’une id´ ee de R´ enyi, sur l’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius : voir [33], th. III.4.4, pour une d´ emonstration de ce r´ esultat non publi´ ee par Delange.
Indlekofer, K´ atai & Wagner [21] ont g´ en´ eralis´ e ces r´ esultats
(2)en ´ etablissant que, pour toutes fonctions multiplicatives r, f , telles que r ∈ M (A, B), f ` a valeurs complexe, |f| 6 r, et sous l’hypoth` ese (1·2), nous avons M (x; f) = o M(x; r)
lorsque x → ∞ si la condition
(1·6) X
p
r(p) − <e {f(p)/p
iτ}
p < ∞
n’est r´ ealis´ ee pour aucune valeur de τ ∈ R . Ils ´ enoncent ´ egalement que, sous la condition (1·6) nous avons, lorsque x → ∞,
(1·7) M (x; f) =
Y
p6x
P
ν>0
f(p
ν)/p
ν(1+iτ)P
ν>0
r(p
ν)/p
ν+ o(1)
x
iτM (x; r) 1 + iτ ·
Cette formule asymptotique r´ esulte en fait implicitement, sous la mˆ eme hypoth` ese (1·6), du travail de Wirsing [35]. Notons ´ egalement que les estimations de Wirsing impliquent l’´ equi- valence de (1·7) et
(1·8) M(x; f ) = e
−γ%x
1+iτ(1 + iτ )Γ(%) log x
Y
p6x
X
ν>0
f (p
ν)
p
ν(1+iτ)+ o (log x)
%. De plus, le cas g´ en´ eral se r´ eduit ais´ ement, par sommation d’Abel, au cas τ = 0.
Les d´ eveloppements ult´ erieurs de la th´ eorie ont principalement vis´ e ` a rendre les r´ esultats pr´ ec´ edents effectifs, c’est-` a-dire ` a expliciter les majorations dans le cas de divergence et les termes d’erreur dans le cas de convergence. La n´ ecessit´ e de telles estimations ´ etant naturellement plus imp´ erieuse dans le cas o` u le terme principal est nul, les recherches se sont d’abord orient´ ees dans cette direction. Les travaux de Hal´ asz [14], pr´ ecis´ es par Montgomery [28], Elliott [7], puis par l’auteur [33] (ch. III.4), fournissent ainsi des majorations explicites dans le cas de fonctions ` a valeurs dans le disque unit´ e ou dont les valeurs sur les nombres premiers ´ evitent un secteur fixe.
(3)2. Un r´esultat qualitatif ant´erieur, de mˆeme nature mais valide sous des hypoth`eses plus fortes, est dˆu
`
a Levin & Timofeev [24].
3. Voir ´egalement [30] pour des variantes relatives `a des sommes pond´er´ees.
Lorsque les f(p) sont confin´ es ` a une ellipse de diam` etre 2 strictement incluse dans le disque unit´ e, Hall & Tenenbaum [19] ´ etablissent la majoration effective
M (x; f) x exp n
− K X
p6x
1 − <e f (p) p
o ,
o` u la constante K est optimale. Ce r´ esultat a ´ et´ e g´ en´ eralis´ e par Hall [18] au cas o` u les f(p) sont confin´ es ` a sous-ensemble strict et ferm´ e du disque unit´ e ´ evitant au moins un point de module 1. Des compl´ ements et raffinements sont propos´ es dans l’article exhaustif de Granville et Soundararajan [11], qui contient ´ egalement des d´ eveloppements relatifs au comportement local les moyennes M (x; f).
Dans la voie d’une version quantitative des estimations de Wirsing, un r´ esultat de Hal´ asz ([14], th. 3) fournit une formule asymptotique avec terme principal non nul lorsque les valeurs aux nombres premiers sont proches de 1. Une version relative aux fonctions ` a valeurs dans [−1, 1] a ´ egalement ´ et´ e donn´ ee par Indlekofer [20] — cf. le Corollaire 2.2 infra.
Nous nous proposons ici de pr´ eciser les r´ esultats ant´ erieurs dans deux directions : d’une part en ´ etendant les majorations effectives aux fonctions des classes M (A, B), d’autre part en fournissant des versions quantitatives de l’ensemble des estimations de type Wirsing telles qu’´ etablies sous forme qualitative par Indlekofer, K´ atai & Wagner dans [21].
Un tel programme suppose que les fonctions multiplicatives consid´ er´ ees soient autoris´ ees ` a d´ ependre du param` etre x gouvernant la taille de la moyenne prise en consid´ eration. Dans la suite, nous consid´ erons donc, pour tous param` etres A > 0, B > 0, j = 0, 1, x > 2, la classe M
j(x; A, B) des fonctions multiplicatives complexes f v´ erifiant
(1·9) max
p6x
|f(p)| 6 A, X
pν6x ν>2
|f(p
ν)|(log p
ν)
1+jp
ν6 B.
Notre premier r´ esultat ´ etend aux fonctions de M
1(x; A, B) le th´ eor` eme III.4.7 de [33], restreint aux fonctions ` a valeurs dans le disque unit´ e. Pour toute fonction multiplicative f dont la s´ erie de Dirichlet P
n>1
f(n)/n
sconverge dans le demi-plan <e s > 1, nous posons
(1·10)
v
f(s) = v
f(s; x) := X
p6x
f(p)
p
s(s ∈ C ), H
T(α)
2:= X
k∈Z
|k|6T
1
k
2+ 1 max
σ=1+α
|τ−k|61/2
|e
vf(s;x)|
2(α > 0, T > 1).
Dans tout ce travail, nous d´ efinissons implicitement les parties r´ eelle et imaginaire d’un nombre complexe s par la formule s = σ + iτ.
Nous posons encore
(1·11) Z(y; f) := X
p6y
f(p)
p (2 6 y 6 x).
Th´ eor` eme 1.1. Soient A > 0, B > 0. Sous les hypoth` eses x > 3, f, r ∈ M
1(x; A, B), |f| 6 r, et T > 1, nous avons uniform´ ement
(1·12) M (x; f) x log x
Z
1 1/logxH
T(α)
α dα + e
Z(x;r)√ T + e
Z(x;r)log x + e
Z(x;r)log
2x T
. De plus, pour tout c > 0 fix´ e, et sous l’hypoth` ese suppl´ ementaire
(1·13) Z(x; r) − Z(y; r) > c log log x
log y
+ O(1) (2 6 y 6 x),
le dernier terme dans l’accolade de (1·12) peut ˆ etre omis.
Le r´ esultat suivant fournit une version effective des formules asymptotiques (1·7) et (1·8).
Conform´ ement ` a une remarque effectu´ ee plus haut, nous nous restreignons, sans perte de g´ en´ eralit´ e, au cas τ = 0.
Etant donn´ ´ ee une fonction arithm´ etique multiplicative complexe f, nous posons w
f:= 1 si f est r´ eelle, et w
f:=
12dans le cas g´ en´ eral.
Th´ eor` eme 1.2. Soient
(1·14)
a ∈]0,
12], b ∈ [a, 1[, A > 2b, B > 0, x > 1, % = %
x∈ [2b, A], p := π%
A , β := 1 − sin p
p , h := 1 − b min(1, %) − b · Pour tout ε = ε
x∈]1/ √
log x,
12], les assertions suivantes relatives aux fonctions multiplicatives f , r telles que |f| 6 r sont v´ erifi´ ees.
Sous les hypoth` eses
X
p6x
r(p) − <e f (p)
p 6
12βb log(1/ε), (1·15)
X
xε<p6y
{r(p) − <e f (p)}
hlog p
p ε
δ1hlog y (x
ε< y 6 x), (1·16)
X
p6y
{r(p) − %} log p
p ε log y (x
ε< y 6 x), (1·17)
o` u δ
1∈]0,
23βb], nous avons, uniform´ ement pour x > 2, r ∈ M
0(x; A, B), (1·18) M (x; f) = e
−γ%x
Γ(%) log x
Y
p
X
pν6x
f(p
ν) p
ν+ O
ε
δe
Z(x;f), o` u l’on a pos´ e δ := w
fδ
1.
La constante implicite dans (1·18) d´ epend au plus de A, B, a, b, et des constantes implicites de (1·16) et (1·17).
Remarques. (i) Le Th´ eor` eme 1.2 g´ en´ eralise bien le th´ eor` eme de Wirsing.
(ii) On a h = 1, d` es que % > 1.
(iii) L’hypoth` ese (1·16) est trivialement impliqu´ ee par la condition
(1·19) X
xε<p6x
{r(p) − <e f (p)}
hp ε
δ1h, et, bien entendu, ´ egalement par la majoration uniforme
(1·20) max
xε<p6x
{r(p) − <e f (p)} ε
δ1. (iv) Les hypoth` eses du Th´ eor` eme 1.2 impliquent
Y
p
X
pν6x
f(p
ν)
p
νe
Z(x;f)alors que les deux membres sont du mˆ eme ordre de grandeur d` es que
(1·21) min
p,x
X
06ν6(logx)/logp
f(p
ν) p
ν1.
Sous cette condition g´ en´ eriquement v´ erifi´ ee, la formule (1·18) devient
(1·22) M(x; f ) =
1 + O(ε
δ) e
−γ%x Γ(%) log x
Y
p
X
pν6x
f (p
ν)
p
ν·
L’hypoth` ese (1·17) repr´ esente une contrainte significative pour la r´ epartition des valeurs r(p).
Nous pouvons la remplacer par une minoration en moyenne sur de petits intervalles.
Nous posons
(1·23) β
0= β
0(b, A) := 1 − sin(2πb/A)
2πb/A , δ
0(b) = δ
0(b, A) :=
13bβ
0. Th´ eor` eme 1.3. Soient
a ∈]0,
14], b ∈ [a,
12[, A > 2b, B > 0, β := β
0(b, A), x > 2, 1/ p
log x < ε 6
12. Supposons que les fonctions multiplicatives f , r, telles que r ∈ M
0(x; 2A, B), |f | 6 r, v´ erifient les conditions (1·15), (1·16) avec h := (1 − b)/b, (1·19) avec h = 1, et
(1·24) X
y<p6y1+ε1
r(p) log p
p > 4bε
1log y e
1/ε16 y 6 x
1/(1+ε1)o` u l’on a pos´ e ε
1:= √
ε. Supposons de plus que δ
1∈]0, δ
0(b)]. Nous avons alors (1·25) M(x; f) = M (x; r) Y
p
P
pν6x
f (p
ν)/p
νP
pν6x
r(p
ν)/p
ν+ O
x ε
δe
Z(x;r)−cZ(x;|f|−f)log x
o` u δ := w
fδ
1, et c := b/A. La constante implicite de (1·25) d´ epend au plus de A, B, a et b.
Remarques. (i) Le r´ ecent et tr` es ´ el´ egant article d’Elliott [8], finalis´ e simultan´ ement au pr´ esent travail, fournit une condition suffisante pour la validit´ e de (1·7) dans laquelle l’hypoth` ese (1·6) est remplac´ ee par une minoration en moyenne de mˆ eme nature que (1·24).
(ii) Les Th´ eor` emes 1.2 et 1.3 pr´ ecisent le th´ eor` eme 2.6 de l’article [25], apparu en ligne post´ erieurement ` a la diffusion du pr´ esent travail sur le r´ eseau.
Il est possible de supprimer la condition (1·19) au prix d’un renforcement des hypoth` eses sur les nombres r(p).
Th´ eor` eme 1.4. Dans les hypoth` eses du Th´ eor` eme 1.3, la formule asymptotique (1·25) persiste sans la condition (1·19) avec h = 1 si l’hypoth` ese (1·24) est remplac´ ee par min
xε<p6x
r(p) > 4b.
Nous fournissons les d´ etails au § 6.
Les m´ ethodes d´ evelopp´ ees dans le pr´ esent travail reposent principalement sur l’approche de Hal´ asz [13], assortie de raffinements introduits dans [28] et [33]. La preuve du Th´ eor` eme 1.3 fait usage d’une version pond´ er´ ee de l’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius (Lemme 5.1) et d’arguments de convolution des fonctions arithm´ etiques. Ainsi que l’attestent les formules asymptotiques obtenues aux Corollaires 2.4 et 2.5, les termes d’erreur effectifs des Th´ eor` emes 1.2, 1.3 et 1.4 sont essentiellement optimaux sous les hypoth` eses effectu´ ees.
Notation. Dans tout ce travail, nous employons la notation de Vinogradov f g pour signifier qu’il existe une constante C telle que |f | 6 C|g| dans le domaine indiqu´ e. Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que, selon une pratique largement r´ epandue, nous
´
etendons l’usage de cette notation au cas de quantit´ es complexes.
2. Applications
Nous ´ enon¸ cons ici, de fa¸ con non exhaustive, quelques applications des r´ esultats pr´ esent´ es plus haut.
La premi` ere est une cons´ equence simplifi´ ee du Th´ eor` eme 1.1 analogue ` a une majoration de Hal´ asz [16] valable pour les fonctions de module au plus 1, et dont une version optimale est
´
etablie au cor. III.4.12 de [33]. Lorsque r ∈ M
0(x; A, B) et f est une fonction multiplicative telle que |f | 6 r, nous posons
(2·1) m
f(y; T ) := min
|τ|6T
X
p6y
r(p) − <e f(p)/p
iτp (y > 2).
Corollaire 2.1. Soient A > 0, B > 0, b > 0. Sous les conditions x > 3, f, r ∈ M
1(x; A, B ),
|f| 6 r, T > 1, et
(2·2) X
y<p6x
r(p)
p > b log log x log y
+ O(1) (2 6 y 6 x), nous avons uniform´ ement
(2·3) M(x; f ) M (x; r)
1 + m
f(x; T ) e
mf(x;T)+ 1
√ T + 1 log x
.
Une illustration simple du Th´ eor` eme 1.2 peut ˆ etre obtenue de la fa¸ con suivante. Soient A et B des constantes positives et f une fonction multiplicative complexe de M
0(A, B ) telle que max
p|f (p)| 6 %. Supposons encore que l’analogue de (1·4) est satisfait avec τ = 0, autrement dit
(2·4) X
p
% − <e f (p) p < ∞.
Il r´ esulte alors de (1·8) et de la formule de Mertens que
(2·5) M (x; f) =
Y
p6x
1 − 1
p
%X
ν>0
f (p
ν) p
ν+ o(1)
x(log x)
%−1Γ(%) ·
Nous pouvons ` a pr´ esent pr´ eciser le terme d’erreur en fonction de la vitesse de convergence de la s´ erie (2·4). En effet, l’hypoth` ese (2·4) implique imm´ ediatement, par sommation d’Abel, que
(2·6) X
p6x
{% − <e f (p)} log p
p 6 η
xlog x (x → ∞)
pour une fonction convenable η
xtendant vers 0 ` a l’infini. Choisissons b :=
12min(1, %), A := %, de sorte que p = π, β = 1, h = 2/ min(1, %) − 1. Posant
(2·7) δ
1:=
13min(1, %) 6
23b,
nous avons alors δ
1h =
23−
13min(1, %) et X
xε<p6y
{% − <e f (p)}
hlog p
p ε
δ1hlog y (x
ε< y 6 x) pour le choix ε := η
x1/(1+δ1h)+ 1/ √
log x. Comme la condition (1·15) d´ ecoule imm´ ediatement de (2·4) pour x assez grand, nous pouvons ´ enoncer le r´ esultat suivant.
Corollaire 2.2. Soient A > 0, B > 0, % > 0, et f ∈ M
0(A, B) une fonction multiplicative complexe telle que |f(p)| 6 % pour tout nombre premier p. Sous l’hypoth` ese (2·4) et avec les notations (2·6), (2·7), nous avons
(2·8) M (x; f) = e
−γ%x Γ(%) log x
Y
p
X
pν6x
f(p
ν) p
ν+ O
η
axe
Z(x;f)+ e
Z(x;f)(log x)
bo` u l’on a pos´ e a := w
fmin(1, %)/{5 − min(1, %)}, b := w
fmin(1, %)/6.
Remarque. Sous la condition (1·21), nous d´ eduisons de (2·8) que l’on peut remplacer le terme d’erreur de (2·5) par O η
xa+ 1/(log x)
b.
Lorsque f est r´ eelle et % = 1, nous avons donc a =
14, b =
16. Cela pr´ ecise un r´ esultat, mentionn´ e plus haut, de Indlekofer [20], qui obtient dans ce cas a =
361par une m´ ethode reposant sur une technique de convolution des fonctions arithm´ etiques.
Dans le mˆ eme esprit, nous pouvons ´ enoncer le r´ esultat suivant. Nous notons P
+(n) le plus
grand facteur premier d’un entier n > 1 avec la convention P
+(1) = 1 et rappelons la notation
δ
0(b) d´ efinie en (1·23).
Corollaire 2.3. Soient x > 2, r une fonction multiplicative positive ou nulle satisfaisant aux hypoth` eses du Th´ eor` eme 1.3 et f, g deux fonctions multiplicatives telles que |f |
26 r, |g|
26 r.
Supposons que, pour une fonction η
xtendant vers 0 lorsque x → ∞ et telle que η
x√
log x 1, les majorations
(2·9) X
p6x
r(p) − h(p)
p 6
38β
0b log 1 η
x, X
p6x
r(p) − h(p)
p log p 6 η
xlog x,
o` u β
0est d´ efini en (1·23), aient lieu pour h = |f |
2, h = |g|
2et h = <e f g. Nous avons alors (2·10) M (x; |f − g|
2) = M (x; r)
( P
P+(n)6x
|f(n) − g(n)|
2/n P
P+(n)6x
r(n)/n + O η
ax)
avec a :=
12β
0/{3 + (1 − b)β
0}.
Pour ´ etablir cette assertion, il suffit d’observer que les fonctions r et f g (respective- ment |f|
2, |g|
2) satisfont aux hypoth` eses du Th´ eor` eme 1.3 pour le choix ε := η
1/(1+δx 1h), δ
1:= δ
0(b), h := (1 − b)/b, δ :=
12δ
1. Nous appliquons ensuite ce r´ esultat aux couples
r, f g
et r, f g
(respectivement (r, |f|
2), (r, |g|
2)) en n´ egligeant la contribution impliquant le param` etre c.
Le cas r = 1 du Corollaire 2.3 rel` eve de la th´ eorie des fonctions
hhsimulatrices
ii(pretentious en anglais) telle que d´ evelopp´ ee depuis quelques ann´ ees par Granville, Soundararajan et d’autres auteurs — voir par exemple [4], [12], [23]. Si f et g sont des fonctions multiplicatives ` a valeurs dans le disque unit´ e et si (2·9) est satisfaite avec r = 1 pour h = |f|
2, |g|
2et <e f g,
(4)il r´ esulte en particulier de (2·10) avec b =
14, A =
12, que
(2·11) M x; |f − g|
2= e
−γx log x
X
P+(n)6x
|f (n) − g(n)|
2n + O η
x2/15.
Le terme principal de (2·11) vaut alors
M(x; |f|
2) + M (x; |g|
2) − xe
−D2(x;f,g)+O(1)(x → ∞),
o` u D
2(x; f, g) := <e Z(x; 1 − f g) est la pseudo-norme de la th´ eorie des fonctions simulatrices.
Au titre d’une autre illustration du Th´ eor` eme 1.3, nous pouvons pr´ eciser un th´ eor` eme de Hal´ asz [14], [15], relatif aux lois locales de la r´ epartition des facteurs premiers d’un entier dans un ensemble quelconque. ´ Etant donn´ e un ensemble E de nombres premiers, notons Ω(n; E) le nombre des facteurs premiers appartenant ` a E, compt´ es avec multiplicit´ e, d’un entier n, et posons
E(x) := X
p6x, p∈E
1 p ·
Hal´ asz a montr´ e que, pour tout κ ∈]0, 1[ fix´ e et uniform´ ement pour
(2·12) 0 6 m 6 (2 − κ)E(x),
le nombre N
m(x; E) des entiers n 6 x tels que Ω(n; E) = m v´ erifie (2·13) N
m(x; E ) = xe
−E(x)E (x)
mm!
n
1 + O |m − E(x)|
E(x) + 1
p E(x) o
.
4. Cette hypoth`ese est en particulier impliqu´ee, pour une valeur convenable deηx, par la convergence des trois s´eriesP
p{1− <e h(p)}/p.
S´ ark¨ ozy [31] a ensuite ´ etabli que le terme principal de (2·13) fournit en fait l’ordre de grandeur du membre de gauche dans l’intervalle
(2·14) κE(x) 6 m 6 (2 − κ)E(x).
Autrement dit, sous la contrainte (2·14), nous avons, pour x assez grand,
(2·15) N
m(x; E) xe
−E(x)E(x)
mm!
d` es que E(x) tend vers l’infini avec x.
(5)Cet encadrement a ´ et´ e ult´ erieurement pr´ ecis´ e et g´ en´ eralis´ e par Balazard [2].
Soit κ ∈]0, 1[. Un argument de convolution standard fournit (2·16) S(x; r, E) := X
n6x
r
Ω(n;E)= xe
(r−1)E(x)1 + O
|r − 1| + 1 (log x)
1/2) ,
uniform´ ement pour κ 6 r 6 2 − κ.
(6)De plus, il r´ esulte par exemple du th´ eor` eme 1.1 de [34]
que, dans les mˆ emes conditions,
(2·17) S(x; r, E) xe
(r−1)E(x).
Nous obtenons le r´ esultat suivant, qui pr´ ecise (2·13) lorsque m − E(x) p
E (x) et implique (2·15). Notant N (E) l’enmpble des entiers dpnt tous les factauers premiers sont dans E, nous posons, lorsque E est fini,
(2·18) F (z; E ) := X
n∈N(E)
z
Ω(n)n = Y
p∈E
1 − z
p
−1(z ∈ C , |z| < 2), et t(x; E ) := p
{log E(x)}/E(x).
Corollaire 2.4. Soient E ⊂ [1, x] un ensemble de nombres premiers tel que lim
x→∞E(x) = ∞, κ ∈]0, 1[, et K > 0.
(i) Sous l’hypoth` ese κ 6 r 6 2 − κ, z = re
iϑ, −π 6 ϑ 6 π, nous avons, uniform´ ement pour x assez grand,
(2·19) S(x; z, E) x e
(r−1−κϑ2/180)E(x).
(ii) Sous l’hypoth` ese κ 6 r 6 2 − κ, z = re
iϑ, |ϑ| 6 K t(x; E), nous avons, uniform´ ement pour x assez grand,
(2·20) S(x; z, E) = S(x; r, E)
F (z; E) F (r; E ) + O
|ϑ|e
−cϑ2E(x)+ 1 (log x)
c, o` u c = c(κ, K) > 0.
(iii) Nous avons, uniform´ ement pour x assez grand, (2·21) N
m(x; E) xe
−E(x)E (x)
mm! (0 6 m 6 (2 − κ)E(x)).
De plus, sous la condition κE(x) 6 m 6 (2 − κ)E(x) et avec r := m/E(x), nous avons (2·22) N
m(x; E) = S(x; r, E) E (x)
mm!e
m1 + O 1
p E(x)
.
Nous donnons la d´ emonstration au paragraphe 7.2. Les assertions (i) et (ii) impliquent imm´ ediatement (2·22) en appliquant la formule de Cauchy sur le cercle |z| = r := m/E(x) et en observant que F (z; E )/F (r; E) = e
(z−r)E(x){1 + O(ϑ)}. Compte tenu de (2·21), on obtient (2·13) en ´ evaluant S(x; r, E) par (2·16). Enfin, l’estimation (2·15) r´ esulte imm´ edia- tement de (2·17) et (2·22).
5. Le cas o`uE(x) est born´e rel`eve de techniques de crible ´el´ementaires.
6. Une estimation essentiellement ´equivalente d´ecoule d’ailleurs du Th´eor`eme 1.2 appliqu´e aux fonctions
f(n) := rΩ(n;E), r(n) := {max(1, r)}Ω(n). On peut en effet supposer σ := 1−κ arbitrairement
petit et choisir alors b := 12, A := 1 +σ, % := max(1, r), h := 1, ε := σ4/{1 +σ4(logx)5σ}, et δ:= log(1/σ)/log(1/ε)614.
Hal´ asz a annonc´ e la possibilit´ e de prouver (2·22) — voir [7], p. 312 — en utilisant une variante du th´ eor` eme 3 de [14] dans laquelle les hypoth` eses incluent une condition de type (1·20), mais valable pour tous les nombres premiers n’exc´ edant pas x. Notre approche ne n´ ecessite qu’une majoration en moyenne de type (1·16).
Notons encore que le Corollaire 2.4 demeure valable, mutatis mutandis, lorsque l’on remplace Ω(n; E) par la fonction fortement additive ω(n; E ) = P
p|n, p∈E
1. La borne sup´ erieure 2 − κ peut alors ˆ etre remplac´ ee par 1/κ.
De mˆ eme, l’extension ` a l’approximation des lois locales conjointes des fonctions Ω(n; E
j) ou ω(n; E
j) (1 6 j 6 k) relatives ` a des ensembles fix´ es de nombres premiers disjoints tels que min
jE
j(x) → ∞ est imm´ ediate. En appliquant ` a la fonction f(n) := Q
16j6k
z
jω(n;Ej)le traitement d´ etaill´ e au paragraphe 7.2, nous obtenons ainsi
(2·23) X
n6x ω(n;Ej)=mj(16j6k)
1 = (
1 + O X
16j6k
1 p E
j(x)
!) Y
16j6k
E
j(x)
mjm
j! e
mjX
n6x
Y
16j6k
r
jω(n;Ej)uniform´ ement pour κ 6 r
j:= m
j/E
j(x) 6 1/κ (1 6 j 6 k). De plus, le membre de gauche de (2·23) est ´ egal ` a
xe
O(T)Y
16j6k
E
j(x)
mjm
j! e
Ej(x)uniform´ ement pour max
jr
j6 1/κ, avec T := P
16j6k
|r
j− 1| + 1/ p
E
j(x) . Ces estimations pr´ ecisent le th´ eor` eme 1.3 de l’article [26], ´ egalement mis en ligne post´ erieurement ` a la compl´ etion et ` a la diffusion du pr´ esent travail.
Nos deux derni` eres applications concernent la r´ epartition des fonctions additives r´ eelles relativement ` a des mesures pond´ er´ ees sur l’ensemble des entiers n’exc´ edant pas x. Nous nous restreignons ici au cas standard d’une loi limite gaussienne, mais nos r´ esultats sont susceptibles de fournir des estimations analogues dans des situations significativement plus g´ en´ erales.
Etant donn´ ´ ees une fonction positive ou nulle r ∈ M
0(x; A, B) et une fonction additive r´ eelle h, nous notons z 7→ F
x(z; h, r) la fonction de r´ epartition de la variable al´ eatoire h(n) sur l’ensemble des entiers n’exc´ edant pas x, ´ equip´ e de la mesure associant ` a chaque entier n le poids r(n)/M (x; r), autrement dit
F
x(z; h, r) := 1 M (x; r)
X
n6x h(n)6z
r(n).
Nous posons
E
h(x; r) := X
p6x
r(p)h(p)
p , D
h(x; r)
2:= X
p6x
r(p)h(p)
2p ,
rappelons la notation δ
0(b) d´ efinie en (1·23), et notons Φ(z) := 1/ √ 2π R
z−∞
e
−u2/2du la fonction de r´ epartition de la loi normale.
Corollaire 2.5. Soient A, B, des constantes positives, x > 2, r ∈ M
0(x; A, B), et h une fonction additive r´ eelle. Supposons que :
(i) min
exp
√
logx<p6x
r(p) 1 ; (ii) D
h(x; r) 1 ; (iii) max
p6x
|h(p)|
D
h(x; r) 6 µ
x6 1 ; (iv) X
pν6x
X
ν>2
r(p
ν)|h(p
ν)|
p
ν1.
Alors
(2·24) F
xE
h(x; r) + zD
h(x; r); h, r
= Φ(z) + O
µ
x+ 1 D
h(x; r)
.
De plus, si l’hypoth` ese (i) est remplac´ ee par (1·24) avec ε
1:= 1/(log x)
1/4et b > 0 arbitraire, l’estimation (2·24) persiste ` a condition de remplacer µ
xpar µ
xp
log(1 + 1/µ
x).
Le th´ eor` eme 20.1 de [7] fournit, dans le cas r = 1, une ´ evaluation de mˆ eme type que (2·24) pour une combinaison lin´ eaire finie de fonctions h
j(n + a
j) o` u les h
j(1 6 j 6 k) sont fortement additives et les a
jdes entiers fix´ es. Pour k = 1, le terme d’erreur de (2·24) est un peu plus pr´ ecis que celui de [7] lorsque, par exemple, z est born´ e et D
h(x; r)µ
x1. Cette derni` ere condition est certainement remplie d` es que max
p6x|h(p)| 1.
Notons ϕ la fonction indicatrice d’Euler et d´ esignons par Ω(n) le nombre total des facteurs premiers d’un entier naturel n, compt´ es avec multiplicit´ e. Comme cons´ equence sp´ ecifique du r´ esultat pr´ ec´ edent, nous pouvons d´ eduire facilement une extension d’un th´ eor` eme d’Erd˝ os &
Pomerance [9] concernant la r´ epartition des nombres Ω(ϕ(n)) et obtenir un terme d’erreur identique ` a celui de Balazard & Smati [3]. Pour la simplicit´ e de l’´ enonc´ e, nous restreignons plus qu’il n’est n´ ecessaire les hypoth` eses concernant la fonction pond´ erale r.
Corollaire 2.6. Soient A, B des constantes positives, x > 2, % := %
x> 0, ε
1:= 1/(log x)
1/4, r ∈ M
0(x; A, B). Supposons que :
(i) min
exp
√
logx<p6x
r(p) 1 ; (ii) X
p6y
r(p) log p
p = % log y + O ε
1log y
(e
1/ε16 y 6 x).
Alors, notant h := Ω ◦ ϕ, nous avons
(2·25) F
x1
2
%(log
2x)
2+ z%(log
2x)
3/2√ 3 ; h, r
= Φ(z) + O 1
p log
2x
.
De plus, si l’hypoth` ese (i) est remplac´ ee par (1·24) avec ε
1:= 1/(log x)
1/4et b > 0 arbitraire, l’estimation (2·25) persiste ` a condition de multiplier le terme d’erreur par p
log
3x.
Le terme d’erreur de (2·25) pose un int´ eressant probl` eme ouvert : en accord avec l’estimation de concentration obtenue par Marie-Jeanne & Tenenbaum [27], on attend 1/(log
2x)
3/2, une majoration qui demeure pour l’instant hors d’atteinte des techniques disponibles.
3. Preuve du Th´ eor` eme 1.1 3 · 1. Lemme de Gallagher
Un r´ esultat de Gallagher [10] (th. 1), tel qu’´ enonc´ e, par exemple, au lemme III.4.9 de [33]
fournit une majoration g´ en´ erique pour la norme quadratique d’un polynˆ ome de Dirichlet.
Une in´ egalit´ e bien connue de Montgomery et Vaughan ([29], cor. 2) en constitue une forme plus pr´ ecise. Le r´ esultat suivant est une cons´ equence imm´ ediate de la majoration initiale de Gallagher. Le lemme 2.1 de [6] ´ etend le r´ esultat de Gallagher dans une autre direction.
Nous notons e(x) := e
2πix(x ∈ R ).
Lemme 3.1. Soient N ∈ N
∗, {λ
n}
Nn=1une suite finie de nombres r´ eels distincts. Pour tous {a
n}
Nn=1∈ C
N, T > 0, nous avons
(3·1)
Z
T−T
X
16n6N
a
ne(λ
nt)
2
dt T X
16n6N
|a
n|
2X
|λm−λn|61/T
1, o` u la constante implicite est absolue.
Remarque. La forme usuelle sous laquelle est utilis´ ee la majoration de Gallagher est (cf. [33], lemme III.4.9)
(3·2)
Z
T−T
X
16n6N
a
ne(λ
nt)
2
dt X
16n6N
|a
n|
2n T + 1
δ
no
o` u l’on a pos´ e δ
n:= min
m6=n|λ
m− λ
n|. En pratique, la majoration (3·1) est souvent plus
pr´ ecise. C’est notamment le cas lorsque δ
nδ
mpour |λ
m− λ
n| 6 1/T .
D´ emonstration. Pour ´ etablir (3·1), nous observons que, posant A(x) := T X
16n6N
|x−λn|61/4T
a
n, S(t) := X
16n6N
a
ne(λ
nt),
nous avons
A(t) := b Z
R
A(x)e(−tx) dx = S(−t) sin(πt/2T ) πt/2T · D’apr` es la formule de Plancherel, nous pouvons donc ´ ecrire
Z
T−T
|S(t)|
2dt Z
R
S(−t) sin(πt/2T ) πt/2T
2
dt = Z
R
|A(x)|
2dx.
Posons alors N
k:= P
|2T λn−k|61
|a
n| (k ∈ Z ) et observons que |A(x)| 6 T N
klorsque
|x − k/2T | 6 1/4T . Il suit
Z
R
|A(x)|
2dx T X
k∈Z
N
k2. D’apr` es l’in´ egalit´ e de Cauchy-Schwarz, nous avons
N
k26 X
|2T λn−k|61
|a
n|
2X
|2T λm−k|61
1 6 X
|2T λn−k|61
|a
n|
2X
|λm−λn|61/T
1.
En sommant sur k, nous obtenons bien l’in´ egalit´ e annonc´ ee. u t 3 · 2. R´ eduction au cas exponentiellement multiplicatif
Soit g la fonction exponentiellement multiplicative co¨ıncidant avec f sur l’ensemble des nombres premiers n’exc´ edant pas x et nulle sur les nombres premiers > x, autrement dit
(3·3) g(p
ν) :=
( f (p)
ν/ν ! si p 6 x, ν > 1, 0 si p > x.
Nous avons donc, avec la notation (1·10),
(3·4) G(s) := X
n>1
g(n)
n
s= e
vf(s;x).
Supposons la majoration (1·12) acquise pour la fonction g. Nous allons montrer qu’elle vaut encore pour f.
Nous avons f = g ∗ h avec
(3·5) h(p
ν) = X
j+k=ν
(−1)
jf (p)
jj ! f(p
k) (p 6 x, ν > 1), de sorte que h(p) = 0 pour tout p, h(p
ν) = 0 si p > x, et
(3·6)
X
p, ν>2
|h(p
ν)|
p
ν6 X
p
X
k>0
|f(p
k)|
p
kX
j>max(0,2−k)
|f(p)|
jj!p
jX
p
|f(p)|
2p
2+ X
p, k>2
|f(p
k)|
p
k1.
Cela implique
Y
p
X
ν>0
|h(p
ν)|
p
ν1, (3·7)
Y
p
X
ν>0
h(p
ν) p
ν= Y
p6x
e
−f(p)/pX
ν>0
f(p
ν)
p
ν·
(3·8)
De plus, pour 2 6 y 6 x, nous pouvons ´ ecrire d’une part X
y<n6x
|h(n)|
n 6 1
(log y)
2X
n6x
|h(n)|(log n)
2n
6 1
(log y)
2X
mpν6x
|h(m)h(p
ν)|(log p
ν)
2mp
ν+ X
mpνqµ6x p6=q
|h(m)h(p
ν)h(q
µ)|(log p
ν)(log q
µ) mp
νq
µ1
(log y)
2X
pν6x
|h(p
ν)|(log p
ν)
2p
ν+
X
pν6x
|h(p
ν)| log p
νp
ν 2, et, d’autre part,
X
pν6x
|h(p
ν)|(log p
ν)
2p
ν6 X
pj+k6x j+k>2
|f(p)|
j|f(p
k)|(k + j)
2(log p)
2j !p
k+j6 X
pk6x
|f (p
k)|(log p
k)
2p
kX
j>max(0,2−k)
(j + 1)
2|f (p)|
jj!p
j1, d’apr` es (1·9) avec j = 1. Donc
(3·9) Q(y) := X
n>y
|h(n)|
n 1
(log y)
2(2 6 y 6 x).
Cela dit, nous avons
M (x; f) = X
n6x
h(n)M x n ; g
. Il suit
(3·10) M (x; f )
X
n6x
x|h(n)|
n log(2x/n) Z
11/log(3x/n)
H
T(α)
α dα + e
Z(x;r)min( √
T , log(2x/n)) + e
Z(x/n;r)log
2(3x/n) T
x Z
11/log(3x)
H
T(α)
α Θ
1(3xe
−1/α) dα + xe
Z(x;r)Θ
1(x)
√ T + Θ
2(x)
+ xe
Z(x;r)Θ
1(x) log
2x
T ,
o` u l’on a pos´ e
Θ
j(y) := X
n6y
|h(n)|
n{log(2x/n)}
j(j = 1, 2, y > 2).
En scindant la somme ` a √
x, nous d´ eduisons de (3·9) que Θ
j(y) 1
(log x)
j(2 6 y 6 x).
Cela implique bien l’estimation requise.
Si nous adjoignons l’hypoth` ese (1·13), l’assertion relative au cas exponentiellement multipli- catif nous permet d’omettre dans (3·10) le dernier terme de l’accolade.
3 · 3. Preuve dans le cas exponentiellement multiplicatif
Soit g la fonction multiplicative d´ efinie par (3·3). La premi` ere ´ etape consiste ` a majorer K (x) := X
n6x
g(n) log n
en fonction d’une moyenne sur [1, x] de t 7→ M (t; g).
Lemme 3.2. Soient A > 0, B > 0. Uniform´ ement pour x > 2, f, r ∈ M
0(x; A, B), |f| 6 r, nous avons
(3·11) |K (x)| 6 Ax
Z
x 1M (t; g)
dt
t
2+ O xe
Z(x;r)log x
. D´ emonstration. Nous avons
(3·12) K(x) = X
n6x
g(n) X
pν|n
log p = X
pν6x
(log p) X
m6x/pν
g(mp
ν).
La somme int´ erieure vaut X
m6x/pν p-m
g(p
ν)g(m) + X
m6x/pν+1
g(mp
ν+1) = g(p
ν)M x
p
ν; g
− R
ν(p)
avec
R
ν(p) := X
m6x/pν+1
g(p
ν)g(mp) − g(mp
ν+1)
= X
k>0
g(p
ν)g(p
k+1) − g(p
ν+k+1) M x p
ν+k+1; g
p= X
k>0
1 (k + ν + 1)!
n
ν + k + 1 k
− 1 o
g(p)
ν+k+1M x p
ν+k+1; g
p,
o` u g
pd´ esigne la fonction multiplicative co¨ıncidant avec g sur l’ensemble des entiers premiers ` a p et nulle sur l’ensemble des multiples de p.
Compte tenu de la majoration de Halberstam–Richert [17]
(7)(3·13) M (y; |g|) y e
Z(y;r)log y (2 6 y 6 x), nous pouvons ´ ecrire
X
pν6x
R
ν(p) log p X
j>2
X
pj6x
(1 + |g(p)|)
jlog p
j ! M x
p
j; g
pxe
Z(x;r)X
j>2
X
pj6x
(1 + |g(p)|)
jlog p j! p
jlog(2x/p
j) xe
Z(x;r)log x + xe
Z(x;r)X
p>√ x
(log p)
2p
3/2x
1/4xe
Z(x;r)log x · En reportant dans (3·12), nous obtenons donc
(3·14) K(x) = X
d6x
Λ(d)g(d)M x d ; g
+ O xe
Z(x;r)log x
.
La contribution au terme principal des entiers d = p
νavec ν > 2 n’exc` ede pas xe
Z(x;r)X
pν6x ν>2
|f (p)|
νlog p
ν! p
νlog(2x/p
ν) xe
Z(x;r)log x ,
o` u nous avons de nouveau fait appel ` a (3·13) et estim´ e la somme en p
νen la scindant ` a √ x.
Introduisant la fonction de Tch´ ebychev ϑ(t) := P
p6t
log p et notant R(t) := ϑ(t) − t, nous
7. Voir le th. III.3.5 de [33] pour une version simplifi´ee suffisante ici.
pouvons donc ´ ecrire
|K(x)| 6 A Z
x1
M x
t ; g
dϑ(t) + O xe
Z(x;r)log x
= A Z
x1
M x
t ; g dt + A
Z
x 1−M x
t ; g
dR(t) + O xe
Z(x;r)log x
= Ax Z
x1
|M (t; g)
dt t
2+ A
Z
x 1−M x
t ; g
dR(t) + O xe
Z(x;r)log x
. La derni` ere int´ egrale peut ˆ etre ´ evalu´ ee par sommation d’Abel en notant que
| d|M (t; g)|| 6 dM (t; |g|).
Nous avons Z
x1−
M
x t ; g
dR(t) = |M (x; g)| − Z
x1
R x
t
d|M(t; g)|
xe
Z(x;r)log x + X
n6x
x|g(n)|
n(log 2x/n)
2xe
Z(x;r)log x + X
2k6x
2
kk
2+ 1
X
x/2k+1<n6x/2k
|g(n)|
xe
Z(x;r)log x + X
2k6x
xe
Z(x;r)(k
2+ 1) log(2x/2
k) xe
Z(x;r)log x ·
Cela compl` ete la preuve de (3·11). u t
Lemme 3.3. Soient A > 0, B > 0. Pour x > 2, f, r ∈ M
0(x; A, B ), |f | 6 r, nous avons uniform´ ement
|M (x; g)| 6 Ax log x
Z
x 1|M (t; g)| dt
t
2+ O xe
Z(x;r)(log x)
2(3·15) ,
Z
x 1|M (t; g)| log t t
2dt 6 2
Z
x 1|K(t)|
t
2dt + O(1).
(3·16)
D´ emonstration. Nous avons M (x; g) log x − K (x) = X
n6x
g(n) Z
xn
dt t =
Z
x 1M (t; g) dt
t
Z
x 1e
Z(t;r)log 2t dt xe
Z(x;r)log x , o` u l’avant-derni` ere majoration r´ esulte de (3·13). Cela implique (3·15) en reportant dans (3·11).
De plus, pour x > e
2, nous pouvons ´ ecrire Z
xe2
|M (t; g)| log t t
2dt 6
Z
x e2|K(t)|
t
2dt + Z
xe2
dt t
2Z
t 1|M (u; g)|
u du
= Z
xe2
|K(t)|
t
2dt + Z
x1
|M (u; g)|
u
Z
x max(u,e2)dt t
2du 6
Z
x e2|K(t)|
t
2dt + Z
xe2