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multiplicatives
Gérald Tenenbaum
To cite this version:
Gérald Tenenbaum. Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives. L’Enseignement
Mathématique , Zürich International Mathematical Society Publishing House, 2007, (2) 53, pp.155-
178. �hal-00131535v3�
L’Ens. Math. (2) 53 (2007), 153–178.
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives ∗ †
G´ erald Tenenbaum
Abstract. By a self-contained approach, we show that a real valued multiplicative function whose square has a mean-value must itself have a mean value, and we provide a sufficient condition for the vanishing of the latter. This partially extends a theorem of Elliott.
1. Introduction
La valeur moyenne d’une fonction arithm´ etique r´ eelle f : N
∗→ R est d´ efinie, lorsqu’elle existe, comme la limite
M(f ) := lim
x→∞
1 x
nx
f (n).
Pour I ⊂ R , α > 0, k ∈ N
∗, d´ esignons par M (I) la classe des fonctions arithm´ etiques multiplicatives ` a valeurs dans I, par L
α(I) la sous-classe de M (I) constitu´ ee des fonctions f telles que
f
α:= lim sup
x→∞
1 x
nx
| f (n) |
α 1/α< ∞ ,
et notons R
k(I) la sous-classe de M (I) comprenant les fonctions f telles que f
kposs` ede une valeur moyenne.
Un cas particulier, repr´ esentatif du cas g´ en´ eral, d’un tr` es ´ el´ egant r´ esultat d’Elliott [5] peut ˆ etre ´ enonc´ e comme suit. Ici et dans toute la suite, la lettre p d´ esigne un nombre premier.
Th´eor`eme A (Elliott). On a R
2( R
+) ⊂ R
1( R
+). De plus, si f ∈ R
2( R
+) et si la s´ erie
(1 · 1)
p
f (p) − 1
2p
diverge, alors M(f ) = 0.
∗
2000 AMS Subject Classification : 11N37.
† Nous incluons ici certaines corrections par rapport ` a la version publi´ ee.
Le th´ eor` eme principal d’un r´ ecent travail de Mauclaire [13] ´ enonce que, pour toute fonction f de M ( R
+), si (a) toutes les fonctions n → f (dn) (d 1) appartiennent
`
a R
2( R
+), si l’on a
(b)
p
ν2
f(p
ν)
2p
ν< ∞ ,
et si (c) la s´ erie (1 · 1) diverge, alors il existe un sous-ensemble E de N
∗de densit´ e 1 tel que la fonction 1
Ef
2soit de valeur moyenne nulle. En fait, ce r´ esultat d´ ecoule imm´ ediatement du Th´ eor` eme A, mˆ eme en ´ elargissant l’hypoth` ese (a) au seul cas d = 1 et en supprimant la condition (b). En effet, si f 0 et M(f ) = 0, l’ensemble des entiers n tels que f (n) > ε est de densit´ e nulle pour tout ε > 0.
Elliott donne dans [6] (th. 19.1) une nouvelle d´ emonstration du Th´ eor` eme A.
Les approches de [5] et [6] pr´ esentent des diff´ erences significatives mais s’appuient essentiellement toutes deux sur la caract´ erisation donn´ ee par Elliott dans [3] des fonctions de L
2( R ) poss´ edant une valeur moyenne sup´ erieure
(1)non nulle — un crit` ere dont la condition n´ ecessaire a ´ et´ e retrouv´ ee par une autre m´ ethode dans un travail subs´ equent de Daboussi et Delange [2]. Un autre ´ el´ ement essentiel des deux preuves r´ eside dans l’obtention d’une propri´ et´ e de r´ egularit´ e locale pour la fonction sommatoire de f , soit
(1 · 2) M(x; f ) :=
1nx
f (n) (x 0).
Dans [5], le r´ esultat est issu d’un lemme de [4] reposant sur un th´ eor` eme de th´ eorie probabiliste des nombres dˆ u ` a Levin, Timofeev et Tuljaganov [12]. Dans [6], Elliott a recours, via un principe de dualit´ e, ` a la r´ esolution d’une ´ equation fonctionnelle approch´ ee — voir notamment les chapitres 6 et 10 de [6]. Enfin, dans tous les cas, la forme duale de l’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius joue un rˆ ole essentiel.
Nous nous proposons ici de donner une version plus g´ en´ erale du Th´ eor` eme A, dans laquelle l’hypoth` ese de positivit´ e pour f est relˆ ach´ ee. Notre ´ enonc´ e pourrait probablement ˆ etre retrouv´ e comme cons´ equence des r´ esultats expos´ es dans [6]. Nous nous sommes principalement attach´ e ici ` a pr´ esenter une d´ emonstration simple et autonome o` u l’existence d’une valeur moyenne pour f
2est exploit´ ee directement dans le calcul de la valeur moyenne de f — ce qui a constitu´ e notre motif initial de curiosit´ e.
Comme dans toutes les approches, le point le plus difficile consiste ` a ´ etablir la n´ ecessit´ e de la convergence de la s´ erie (b). ` A cette fin, nous mettons en ´ evidence, par une m´ ethode directe adapt´ ee de [9], une nouvelle propri´ et´ e de r´ egularit´ e locale pour les fonctions x → M (x; f) lorsque f ∈ R
2( R
+) : l’´ evaluation est moins pr´ ecise que celles de [4] ou [6], mais valable dans un domaine plus vaste. Ce r´ esultat, d’int´ erˆ et propre, fait l’objet du Lemme 2.1 infra .
1. Cette notion est d´ efinie en (2
·1) infra. Voir le th´ eor` eme 17.1 de [6].
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
Bien que certains ´ el´ ements de notre d´ emonstration soient, in´ evitablement, ana- logues ` a leurs pendants dans la preuve du crit` ere de [3], nous ne faisons pas directe- ment appel ` a ce r´ esultat. Les simplifications apport´ ees ici sont essentiellement dues au Lemme 2.1 et au r´ esultat taub´ erien ´ enonc´ e au Lemme 2.4, qui dispense, dans le cas d’une fonction positive ou nulle, d’un nouvel appel ` a un r´ esultat de r´ egularit´ e locale, pour lequel le Lemme 2.1 serait d’ailleurs inadapt´ e — voir, par exemple, le chapitre 10 de [6]. Lorsque f prend des valeurs des deux signes, nous exploitons le r´ esultat obtenu pour | f | , mais une seconde estimation relative au comporte- ment local des moyennes demeure n´ ecessaire. Nous pouvons alors nous contenter de faire appel ` a la technique l´ eg` ere de Hildebrand dans [10], qui fournit, dans un cadre moins g´ en´ eral mais avec des d´ etails techniques beaucoup plus simples, une estimation analogue ` a celles d’Elliott dans [6].
Th´eor`eme 1.1. On a R
2( R ) ⊂ R
1( R ). De plus, si f ∈ R
2( R ) et si la s´ erie (1 · 1) diverge, alors M(f ) = 0.
Sous des conditions sensiblement plus fortes, nous obtenons une forme effective du r´ esultat.
Th´eor`eme 1.2. Soit f ∈ R
2( R
+) telle que M(f
2) = 0. On suppose en outre que
p
f (p)
4/p
2< ∞ et
(1 · 3)
px
f (p) log p x (x 1).
Alors on a
nx
f (n) x exp
−
px
(f (p) − 1)
22p (x 1).
Posons τ
0(n) := | τ(n) | /n
11/2o` u τ d´ esigne la fonction de Ramanujan. Nos deux th´ eor` emes s’appliquent au cas f = τ
0, qui constituait la motivation initiale d’Elliott dans [5]. Nous retrouvons ainsi l’estimation effective donn´ ee dans [7] pour la fonction sommatoire de τ
0. L’existence de M(τ
02) = 0 r´ esulte d’un c´ el` ebre th´ eor` eme de Rankin [15] ; la convergence de
p
τ
0(p)
4/p
2et la validit´ e de (1 · 3) d´ ecoulent des in´ egalit´ es de Deligne [1]
(1 · 4) 0 τ
0(p) 2 (p 2).
Pour ´ etablir la divergence de la s´ erie (1 · 1) lorsque f = τ
0, nous notons, ainsi qu’il est ´ etabli par exemple dans [6] ` a partir du th´ eor` eme de Rankin et d’un r´ esultat de Moreno et Shahidi [14] concernant la valeur moyenne de τ(n)
4, que
px
{ τ
0(p)
2− 1 }
2p = log
2x + O(1).
Compte tenu de (1 · 4), nous obtenons imm´ ediatement la majoration de [7]
(1 · 5)
nx
τ
0(n) x
(log x)
1/18(x 2).
Ainsi qu’il est soulign´ e dans [7], un cas particulier de la conjecture de Sato-Tate implique
px
τ
0(p) p ∼ 8
3π log
2x (x → ∞ ).
Il est donc coh´ erent de conjecturer que l’exposant
181de (1 · 5) peut ˆ etre remplac´ e par 1 − 8/(3π) ≈ 0, 15117 et que cette valeur est optimale. Dans [16], Rankin montre que l’on peut choisir pour exposant r :=
45−
1092
3
≈ 0, 06517. Notons qu’il s’agit du meilleur r´ esultat d´ eductible de la seule donn´ ee des moments logarithmiques d’ordre 2 et 4 de τ
0(p), respectivement ´ egaux ` a 1 et 2. En effet, si δ
ad´ esigne la mesure de Dirac au point a, la mesure de probabilit´ e dμ =
109δ
√2/3+
101δ
2v´ erifie x
2dμ = 1,
x
4dμ = 2 et
x dμ = 1 − r.
Nous pouvons am´ eliorer cette estimation en tenant compte des r´ esultats de Kim et Shahidi [11] (voir page 194), selon lesquels les moments logarithmiques d’ordre 6 et 8 de τ
0(p) valent respectivement 5 et 14. Nous montrons au paragraphe 4 que cela implique
(1 · 6)
px
τ
0(p)
p { 1 − s } log
2x + O(1) avec
(1 · 7) s =
3335− 102 − 7 √ 21 210
1 5
(6 + √
21) − 102 + 7 √ 21 210
1 5
(6 − √
21) ≈ 0, 11852.
De plus, cette majoration est optimale sous la seule donn´ ee des moments d’ordre 2, 4, 6 et 8. Elle fournit imm´ ediatement le r´ esultat suivant.
Corollaire 1.3. Avec la notation (1 · 7), on a
(1 · 8)
nx
τ
0(n) x
(log x)
s(x 2).
2. D´ emonstration du Th´ eor` eme 1.1 2 · 1. Lemmes
Pour chaque fonction arithm´ etique f , nous posons, avec la notation (1 · 2),
(2 · 1) M (f ) := lim sup
x→∞
M (x; f)/x.
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
La partie la plus difficile de la d´ emonstration consiste ` a ´ etablir que, si f ∈ R
2( R
+) et M (f ) = 0, on a n´ ecessairement
(2 · 2)
p
ν2
f(p
ν)
2p
ν< ∞ .
Ainsi qu’il a ´ et´ e not´ e dans l’introduction, nous obtenons (2 · 2) grˆ ace ` a un argument de r´ egularit´ e locale pour les moyennes M(x; f ) diff´ erent de ceux qui sont employ´ es dans [4] ou [6].
Lemme 2.1. Soient A > 0 et f ∈ R
2( R
+). Si M(f ) > 0, il existe des constantes B > 0, c
1> 0 et c
2> c
1telles que
M(x; f ) Ax ⇒ min
xc1zxc2
M(z; f )
z B (x 1).
D´emonstration. Comme f
2< ∞ , on a d’une part f (n) √
n (n 1) et d’autre part, pour σ ∈ ]1, 2],
(2 · 3)
n1
f (n)
2n
σ= σ
∞1
M (t; f
2)
t
1+σdt 1 σ − 1 ·
Notons, ` a fins de r´ ef´ erence ult´ erieure, que, par une application convenable de l’in´ egalit´ e de H¨ older, cela implique, pour tout α ∈ ]0, 2[,
(2 · 4)
p
ν2
f (p
ν)
αp
ν< ∞ . Posons S(x; f ) :=
px
{ f (p) − 1 } /p. Nous ´ etablissons dans un premier temps que, pour tout α ∈ [1, 2[ et L = L(α) 0 convenablement choisi, on a
(2 · 5) S(x; f
α) L (x 2).
Notons P
+(n) le plus grand facteur premier d’un entier n avec la convention P
+(1) = 1. Pour prouver (2 · 5), nous observons d’abord que, pour tout entier k 0 et tout nombre r´ eel x 3,
xkn<xk+1 P+(n)x
f (n)
αn
nxk+1
f (n)
2n
α/2P+(n)x
e
−kn
1−1/logx 1−α/2{ (k + 1) log x }
α/2exp
− (1 − α/2)k + (1 − α/2)
px
p
−1+1/logx(k + 1)
α/2e
−(1−α/2)klog x.
En sommant sur k ∈ N , il vient
px
1 + f (p)
αp
log x.
Cela implique bien (2 · 5) en prenant les logarithmes et en utilisant la convergence de la s´ erie
p
f (p)
2α/p
2, dont le terme g´ en´ eral est f (p)
2/p
3−α.
Ensuite, nous montrons que toute fonction f de R
2( R
+) telle que M(f
2) = 0 satisfait une forme faible d’une estimation classique de Halberstam et Richert [8], soit
(2 · 6) M(x; f ) xe
S(x;f)/2(x 2).
A cette fin, nous ´ ` ecrivons M(x; f ) log x
nx
f (n)
log n + x n
mpνx
f (m)f(p
ν) log(p
ν) + x
nx
f (n) n · Au vu de (2 · 4), la derni` ere somme est e
S(x;f)log x. Pour majorer la premi` ere, nous introduisons un param` etre H 1 et scindons la sommation selon que l’on a ou non f (p
ν) H . Grˆ ace aux estimations
pνz
log(p
ν) z, M(z; f ) z (z 1), il suit
(2 · 7)
mpνx
f (m)f (p
ν) log(p
ν) Hx
mx
f (m)
m + x
pνx f(pν)>H
f (p
ν) log(p
ν) p
νHxe
S(x;f)log x + x
f(pxp)>H
f(p) log p
p ,
o` u nous avons trait´ e la contribution des p
νavec ν 2 par l’in´ egalit´ e de H¨ older en appliquant (2 · 4).
A ce stade, nous utilisons l’hypoth` ` ese f ∈ R
2( R
+) sous la forme z M(z; f
2)
√z<pz
f (p)
2M z p ; f
2z
√z<pz
f (p)
2p (z 1).
D’o` u
√z<pz f(p)>H
f (p)
p 1
H ,
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
et donc, en multipliant par log z, en sp´ ecialisant z := x
1/2k(k 0) et en sommant sur k,
f(pxp)>H
f (p) log p
p log x
H (x 1).
Cela implique (2 · 6) en reportant dans (2 · 7) et en choisissant H := e
−S(x;f)/2. Nous obtenons donc, sous l’hypoth` ese M(x; f ) Ax,
(2 · 8) S(x; f ) − K
o` u K est une constante positive d´ ependant a priori de f et A.
Donnons-nous alors un param` etre a > 0 et posons ϕ
a(t) :=
23a(t
3/2− 1)+a(1 − t).
Ainsi, ϕ
aest d´ ecroissante sur [0, 1], croissante sur [1, ∞ [ et ϕ
a(1) = 0. Choisissons alors a := 6(1 + √
2), de sorte que ϕ
a(
12) = 1, ϕ
a(2) = 2(3 − √
2 ) > 1. On v´ erifie
´
egalement que ϕ
a(t) − t + 1 est croissante pour t 2. Il suit 1
[0,1/2](t) + (t − 1) 1
[2,∞[(t) ϕ
a(t) (t 0).
Nous d´ eduisons donc de (2 · 8) et (2 · 5) que, sous l’hypoth` ese M(x; f ) Ax, nous avons
f(ppx)1/2
1
p +
f(pxp)2
f (p) − 1
p
px
ϕ
af (p)
p
23aL(
32) + aK.
Comme x peut ˆ etre pris arbitrairement grand, nous obtenons
(2 · 9)
f(p)1/2
1
p +
f(p)2
f (p) p < ∞ .
Nous sommes ` a pr´ esent en mesure d’aborder la phase essentielle de la preuve.
Etant donn´ ´ e x 1 tel que M(x; f ) Ax, nous introduisons une nouvelle fonction multiplicative f
xd´ efinie par
f
x(p
ν) :=
0 si p > x ou ν 2 ou f (p) ∈ / [
12, 2], f (p) si ν = 1, p x,
12f (p) 2.
Il est clair que 0 f
xf .
Nous avons
∞1
M(t; f
x)
t
2dt =
n1
f
x(n)
n =
px
1 + f
x(p) p
et, grˆ ace ` a l’encadrement u −
12u
2log(1 + u) u (0 u 1), nous en d´ eduisons, en vertu de (2 · 3), (2 · 5), (2 · 8) et (2 · 9),
∞ 1M(t; f
x)
t
2dt log x.
Montrons que cette estimation persiste lorsque l’int´ egrale est restreinte ` a un domaine du type x
ηt x
1/ηpour une constante convenable η ∈ ]0, 1[. ` A cette fin, nous utilisons d’une part la majoration M (t; f
x) t, qui fournit
xη1
M(t; f
x)
t
2dt η log x, et d’autre part l’in´ egalit´ e
M(t; f
x) M(t; f
x2)
1/2Ψ(t, x)
1/2o` u Ψ(t, x) d´ esigne le nombre des entiers x-friables n’exc´ edant pas t. En ins´ erant la majoration uniforme
Ψ(t, x) t
1−1/(2 logx)(t 1, x 2),
´
etablie dans [17] (th. III.5.1), nous obtenons
∞x1/η
M(t; f
x)
t
2dt e
−1/(4η)log x.
Cela implique bien, pour un choix convenable du param` etre η, (2 · 10)
x1/ηxη
M(t; f
x)
t
2dt log x.
Pour δ > 0, d´ esignons par E(δ; x) l’ensemble des nombres r´ eels t de [x
η, x
1/η] tels que M(t; f
x) > δt. Il d´ ecoule de (2 · 10) que l’on a, pour une constante convenable C > 0,
log x
x1/ηxη
M(t; f
x)
t
2dt δ log x η + C
E(δ;x)
dt t . Ainsi, lorsque δ est suffisamment petit,
E(δ;x)
dt
t log t 1 log x
E(δ;x)
dt
t 1.
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
En vertu de la majoration M(w; f ) − M(v; f )
(1 + w − v)M(w; f
2)
w(1 + w − v) (w v 1), nous avons, pour x assez grand,
t ∈ E(δ; x) et t
12x
1/η⇒
t, t + t/ log x] ⊂ E(δ/2; x).
Il existe donc au moins r (log x)
2intervalles disjoints [t
j, t
j+ t
j/ log x] dont la r´ eunion est incluse dans E(δ/2; x). Une forme forte du th´ eor` eme des nombres premiers nous permet d’en d´ eduire que, pour tout z ∈
x
2/η, x
3/η, nous avons
z/p∈E(δ/2;x)
1 p 1, et donc, compte tenu de (2 · 9),
z/p∈E(δ/2;x)
f (p) p 1.
Or, nous avons trivialement M(z; f )
mpzm<p
f
x(m)f (p)
z/p∈E(δ/2;x)
f (p)M(z/p; f
x)
z/p∈E(δ/2;x)
f (p) δz p z.
Nous avons donc ´ etabli le r´ esultat annonc´ e avec c
1:= 2/η, c
2:= 3/η.
Lemme 2.2. Soit f ∈ R
2( R
+). Si M(f ) > 0, alors
(2 · 11)
p
ν2
f(p
ν)
2p
ν< ∞ .
D´emonstration. Comme dans [4], nous faisons appel ` a la forme duale de l’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius (voir par exemple [17], th. III.3.2). Notant f
[p]la fonction multiplicative d´ efinie par
f
[p](n) :=
f (n) si p n,
0 si p | n,
nous avons
(2 · 12)
pνx
p
νf (p
ν)M x p
ν; f
[p]− 1 − 1/p
p
νM (x; f)
2x
2(x 1).
Or, pour tout z 1, nous pouvons ´ ecrire M(z; f
[p]) = M(z; f ) −
n≡0 (modnz p)
f (n) M(z; f ) − Bz
√ p
o` u, la somme en n ayant ´ et´ e major´ ee par l’in´ egalit´ e de Cauchy–Schwarz, B est une constante convenable. D’apr` es le Lemme 2.1, il existe une suite infinie X de valeurs de x et une constante ε > 0, telles que
M(x/p
ν; f ) x/p
ν(x ∈ X , p
νx
ε).
La mˆ eme ´ evaluation est donc valable pour M(x/p
ν; f
[p]) d` es que p > p
0si p
0est choisi assez grand. Il s’ensuit que
p>p0
ν2 pνxε
f (p
ν)
2p
νp>p0
ν2
1
p
ν+ 1 1 (x ∈ X ).
En faisant tendre x vers l’infini tout en restant dans X , nous obtenons la convergence de la sous-s´ erie de (2 · 11) correspondant ` a p > p
0.
Lorsque p p
0, nous observons que, pour x ∈ X , x
c1z x
c2, z M(z, f) =
ν0
f (p
ν)M z p
ν; f
[p]z
2/3M(z; f
[p])
1/3ν0
f (p
ν)
p
2ν/3z
2/3M(z; f
[p])
1/3z
5/6M(z; f
[p]2)
1/6. Maintenant, pour z := x
(c1+c2)/2et ε > 0 assez petit, il suit
z
pνxε
f (p
ν)
2p
νpνxε
f(p
ν)
2M z p
ν; f
[2p]M(z; f
2) z.
Cela montre que chacune des sommes int´ erieures de (2 · 11) est convergente et ach` eve
ainsi la d´ emonstration.
D´ esignons par P
−(n) le plus petit facteur premier d’un entier naturel n, avec la
convention P
−(1) = ∞ .
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
Lemme 2.3. Soit f ∈ R
2( R
+). Si M(f) = 0, il existe un nombre r´ eel y
0tel que, pour tout entier D fix´ e satisfaisant ` a P
−(D) > y
0et x assez grand, on ait
(2 · 13)
nx (n,D)=1
f (n) x
p|D
1 − 1/p 1 + f (p)
2/p
1/2.
D´emonstration. On a M(f
2) M(f )
2> 0 d’apr` es l’in´ egalit´ e de Cauchy–Schwarz.
La relation
nx
f (n)
2= M(f
2)x + o(x) (x → ∞ )
implique imm´ ediatement f(n)
2= o(n) lorsque n → ∞ . D’apr` es le Lemme 2.2, il existe donc un nombre r´ eel y
0tel que
(2 · 14) sup
p>y0
ν1
f (p
ν)
2/p
ν 12. D´ efinissons une nouvelle fonction multiplicative h
Dpar
h
D(p
ν) :=
f (p
ν)
2si p D, 0 si p | D.
Ecrivons alors la relation de convolution ´ h
D= f
2∗ g
Do` u g
Dest la fonction multiplicative d´ efinie par les identit´ es formelles
(2 · 15)
ν0
g
D(p
ν)z
ν:=
ν0
f(p
ν)
2z
ν−1si p | D,
1 si p D.
Ainsi, pour tout diviseur premier p de D, la s´ erie de gauche admet pour s´ erie majorante la s´ erie ` a coefficients positifs ou nuls
1 1 −
ν1
f (p
ν)
2z
ν=
k0 ν1
f (p
ν)
2z
νk.
Il r´ esulte donc de (2 · 14) que
(2 · 16)
n1
| g
D(n) |
n =
p|D
ν0
| g
D(p
ν) | p
ν< ∞ .
D´ esignons par Φ
D(x) le nombre des entiers premiers ` a D n’exc´ edant pas x et notons H
Dla fonction sommatoire de h
D. Nous avons
(2 · 17)
nx (n,D)=1
f (n)
Φ
D(x)H
D(x) (x 1).
Il r´ esulte imm´ ediatement de (2 · 16) que (2 · 18) H
D(x) =
kx
g
D(k)
mx/k
f (m)
2∼ M (f
2)G(D)x (x → ∞ ) avec la notation
G(D) :=
n1
g
D(n)
n =
p|D
1
ν0
f (p
ν)
2/p
ν·
Nous avons par ailleurs, d’apr` es un r´ esultat classique de crible (voir par exemple [17] th. I.4.3),
(2 · 19) Φ
D(x) x
p|D
1 − 1
p
(x D).
Cela implique bien l’´ evaluation annonc´ ee.
Nous utilisons ´ egalement le r´ esultat taub´ erien suivant, dont une version plus faible suffirait d’ailleurs ` a notre application. Nous donnons la courte d´ emonstration pour la commodit´ e du lecteur.
Lemme 2.4. Soit { a
p}
pune suite index´ ee par les nombres premiers, ` a valeurs r´ eelles positives ou nulles, et telle que a
p= o(p) (p → ∞ ). Si le produit
A(σ) :=
p
1 + a
pp
σconverge pour tout σ > 1 et si la limite a := lim
σ→1+A(σ)/ζ(σ) existe et est non nulle, alors le produit infini
p
(1 + a
p/p)(1 − 1/p) converge vers a.
D´emonstration. On a a
p 12p pour p assez grand. Comme nous pouvons traiter trivialement toute partie finie du produit, nous pouvons supposer sans perte de g´ en´ eralit´ e que cette in´ egalit´ e est r´ ealis´ ee pour tout p. Posant b
1:= − log a, b
n:= { ( − 1)
ν−1a
νp− 1 } /ν si n = p
νavec ν 1 et b
n:= 0 si n n’est pas une puissance de nombre premier, nous d´ eduisons alors des hypoth` eses effectu´ ees que la s´ erie
B(σ) :=
n1
b
nn
σ= − log a +
p
log 1 + a
pp
σ1 − 1 p
σconverge pour tout σ > 1 et v´ erifie
(2 · 20) lim
σ→1
B(σ) = 0.
On a
B
(σ) =
p
a
p(log p)
2p
σ(p
σ+ a
p)
2−
p
p
σ(log p)
2(p
σ− 1)
2ζ
(σ)
2− ζ(σ)ζ
(σ)
ζ(σ)
2− K
(σ − 1)
2Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
pour une constante convenable K. D’apr` es un th´ eor` eme de Landau (voir par exemple [17], th. II.7.6), nous obtenons
− B
(σ) =
p
a
plog p
a
p+ p
σ− log p p
σ− 1
= o 1 σ − 1
(σ → 1+), et donc
(2 · 21)
p
a
plog p a
p+ p
σ∼ 1
σ − 1 (σ → 1+).
Cette derni` ere relation implique ` a son tour
p
a
2plog p
p
σ(a
p+ p
σ) =
p
o(a
plog p)
a
p+ p
σ= o 1 σ − 1
(σ → 1+), et donc, grˆ ace ` a (2 · 21),
p
a
plog p p
σ∼ 1
σ − 1 (σ → 1+).
Nous pouvons alors d´ eduire du th´ eor` eme de Karamata que l’on a
px
a
p− 1
p log p = o log x
(x → ∞ ),
et, de nouveau grˆ ace ` a la relation a
p= o(p), (2 · 22)
nx
b
nlog n
n =
ν1
px1/ν
( − 1)
ν−1a
νp− 1
p
νlog p = o(log x) (x → ∞ ).
Or, le th´ eor` eme de Tauber sous forme int´ egrale (voir par exemple [17], th. II.7.4) stipule que, sous l’hypoth` ese (2 · 20), la relation (2 · 22) ´ equivaut ` a
n1
b
nn = 0.
Remarque. Le th´ eor` eme taub´ erien de Hardy–Littlewood–Karamata implique facile- ment que, pour toute suite { c
p}
pmajor´ ee ou minor´ ee, la relation
σ→1+
lim
p
c
pp
σ= b
implique la convergence vers b de la s´ erie
p
c
p/p. Ce r´ esultat, qui aurait ´ et´ e suffisant pour notre application, est, par exemple, ´ etabli dans [18] (Exercice II.7.8) lorsque la suite est born´ ee et la mˆ eme technique fonctionne sans changement sous une hypoth` ese unilat´ erale. Au vu de la relation
log 1 − 1
p
σ1 − a
pp
σ= a
p− 1
p
σ+ O a
p+ (a
p− 1)
2p
2σnous voyons donc que la conclusion du Lemme 2.4 est acquise si nous disposons de l’information suppl´ ementaire que la s´ erie
p
(a
p− 1)
2/p
2converge. Notre ´ enonc´ e permet de s’affranchir de cette derni` ere condition.
2 · 2. Compl´ etion de l’argument
Soit f ∈ R
2( R ). Si M( | f | ) = 0, alors f ∈ R
1( R ) et M(f) = 0. Nous pouvons donc supposer dans la suite que l’on a
(2 · 23) M( | f | ) > 0.
Par une simple application de l’in´ egalit´ e de Cauchy–Schwarz cela implique que c := M(f
2) > 0.
Une sommation d’Abel standard permet d’´ ecrire
n1
f (n)
2n
σ∼ c
σ − 1 (σ → 1+).
Il s’ensuit que
σ→
lim
1+1 ζ(σ)
p
ν0
f (p
ν)
2/p
νσ= c, et donc, en vertu du Lemme 2.2,
σ→
lim
1+1 ζ(σ)
p
1 + f (p)
2/p
σ= a := c
p
1 +
ν2
f (p
ν)
2/p
ν1 + f (p)
2/p
−1
> 0.
De plus, la relation
nx
f (n)
2= cx + o(x) (x → ∞ )
implique imm´ ediatement f(n)
2= o(n) lorsque n → ∞ . Nous pouvons donc appliquer le Lemme 2.4 ` a la suite { f (p)
2}
p, d’o` u
(2 · 24)
px
1 + f (p)
2p
∼ a
px
1 − 1
p
−1(x → ∞ ).
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
Etablissons d’abord l’existence d’une valeur moyenne pour ´ f lorsque la s´ erie (1 · 1) converge.
Sous cette hypoth` ese suppl´ ementaire, nous d´ eduisons de (2 · 24) et de l’estimation (2 · 25) log
1 + f (p)
2p
1 − 1
p = f (p)
2− 1
p + O { f (p)
2− 1 }
2+ f (p)
2p
2,
la convergence de la s´ erie
(2 · 26)
p
f (p)
2− 1
p ·
Pour chaque y 2, introduisons alors la fonction multiplicative f
yd´ efinie par
(2 · 27) f
y(n) :=
pν n py
f (p
ν).
On a f
y= g
y∗ 1 o` u g
yest la fonction multiplicative d´ efinie par g
y(p
ν) :=
f (p
ν) − f (p
ν−1) si p y,
0 si p > y.
Comme la s´ erie
n1
| g
y(n) |
n =
py
1 +
ν1
| f (p
ν) − f (p
ν−1) | p
νest convergente, f
yposs` ede, pour chaque y fix´ e, une valeur moyenne
(2 · 28) M(f
y) =
n1
g
y(n)
n =
py
1 − 1
p
ν0f (p
ν) p
ν·
L’identit´ e f (p) − 1 =
12{ f (p)
2− 1 } −
12(f (p) − 1)
2montre alors que la s´ erie
(2 · 29)
p
f (p) − 1 p
est ´ egalement convergente, ce qui implique ` a son tour la convergence de M(f
y) vers une limite non nulle lorsque y → ∞ .
Il reste ` a majorer | M(x; f ) − M (x; f
y) | . ` A cette fin, nous introduisons la fonction multiplicative ϕ
y, duale de f
y, d´ efinie par
ϕ
y(p
ν) :=
1 si p y,
f (p
ν) si p > y.
La fonction f
yest dans R
2( R ) pour chaque y fix´ e, et v´ erifie M(f
y2) =
py
1 − 1
p
ν0f (p
ν)
2p
ν1,
en vertu des diverses convergences ´ etablies plus haut. En notant que l’on a f
y(n) | ϕ
y(n) − 1 |
1/2| f (n)f
y(n) | + | f
y(n) | | f (n) | + | f
y(n) | uniform´ ement pour n 1, y 2, d’o` u
| f (n) − f
y(n) |
| f (n) | + | f
y(n) |
| ϕ
y(n) − 1 |
1/2, et, en appliquant l’in´ egalit´ e de H¨ older avec exposants
32et 3,
(2 · 30)
| M(x; f ) − M(x; f
y) | M(x; | f − f
y| )
M(x; | f |
3/2+ | f
y|
3/2)
2/3M(x; | ϕ
y− 1 |
3/2)
1/3x
2/3M(x; | ϕ
y− 1 |
3/2)
1/3.
Consid´ erons alors les fonctions additives ϑ
y(n) :=
pν n p>y
{ f (p
ν) − 1 }
2, ψ
y(n) :=
pν n, p>y
|f(pν)|>1/2
log f (p
ν),
avec une d´ etermination quelconque du logarithme complexe d´ efinie sur R
∗. Si ϑ
y(n) <
14, alors exp ψ
y(n) = ϕ
y(n). Il est donc clair que, pour ε ∈ ]0, 1[, on a
ϑ
y(n) <
14et | ψ
y(n) | ε ⇒ | ϕ
y(n) − 1 | ε.
Nous pouvons donc ´ ecrire, pour tous y 2 et ε ∈ ]0, 1[, (2 · 31) M(x; | ϕ
y− 1 |
3/2) ε
3/2x+
M(x; ϑ
y) + M(x; ψ
2y) ε
21/4
M(x; | ϕ
y− 1 |
2)
3/4, o` u nous avons major´ e la fonction indicatrice de l’ensemble des entiers n tels que
| ϕ
y(n) − 1 | > ε par ϑ
y(n)
1/4+
| ψ
y(n) | /ε et appliqu´ e l’in´ egalit´ e de H¨ older avec exposants 4 et
43. Une simple application de (2 · 18) avec D :=
y0<py
p fournit, pour y fix´ e et x → ∞ ,
(2 · 32) M(x; | ϕ
y− 1 |
2)
p|m⇒pymx
x m
py
1
1 + f (p)
2/p x
py
1 + 1/p
1 + f (p)
2/p x
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
o` u la constante implicite est ind´ ependante de y. De plus, en utilisant syst´ ema- tiquement l’approximation log z = z − 1 + O( | z − 1 |
2) lorsque z ∈ R [ −
12,
12] et en tenant compte des convergences des s´ eries (1 · 1), (2 · 11) et (2 · 26), nous d´ eduisons de l’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius que
(2 · 33)
M(x; ψ
y2) x
p>y ν1
| log f (p
ν) |
2p
ν+
p>y pνx
log f(p
ν) p
ν 2x
p>y ν1
(f (p
ν) − 1)
2p
ν+
y<px
f (p) − 1 p
2xε
yo` u ε
y= o(1) lorsque y → ∞ . On a clairement M(ϑ
y) ε
ypour tout y. En faisant tendre x, puis y vers l’infini et ensuite ε vers 0 dans (2 · 31), nous obtenons bien l’existence d’une valeur moyenne pour f .
Supposons ` a pr´ esent que la s´ erie (1 · 1) diverge. Nous devons montrer que f est de valeur moyenne nulle.
Consid´ erons d’abord le cas f 0. Nous raisonnons par l’absurde et ´ etablissons que l’hypoth` ese (2 · 23), i.e. M(f ) > 0, conduit ` a une impossibilit´ e.
Soit D = D
y:=
y0<py
p. Notons S
D(x) l’ensemble des entiers n’exc´ edant pas x dont tous les facteurs premiers divisent D. Nous avons
nx
f (n) =
m∈SD(x)
f (m)
nx/m (n,D)=1
f (n)
x
m∈SD(x)
f (m) m
y0<py
1 − 1/p 1 + f (p)
2/p
1/2+ o(x),
d’apr` es le Lemme 2.3. Il suit M (f )
y0<py
ν0
f (p
ν) p
ν1 − 1/p 1 + f (p)
2/p
1/2y0<py
1 + f(p) p
1 − 1/p 1 + f (p)
2/p
1/2.
Consid´ erons alors la fonction λ
p(w) := log
1 + w p
+
12log 1 − 1
p
−
12log 1 + w
2p
+ (w − 1)
28p . On a
λ
p(w) = (w − 1) { (p + w)(p + w
2) − 4p
2}
4p(p + w)(p + w
2) ,
donc λ
p(w) est du signe de 1 − w sur l’intervalle [0, √ p]. En particulier, λ
p(w) λ
p(1) < 0 pour 0 w √ p. En appliquant cette in´ egalit´ e avec w = f (p), nous obtenons
M(f ) exp
−
y0<py
{ f (p) − 1 }
28p
.
Le r´ esultat annonc´ e d´ ecoule de cette majoration en faisant tendre y vers l’infini.
Nous sommes ` a pr´ esent en mesure de traiter le cas g´ en´ eral.
Si l’on a
(2 · 34)
p
( | f (p) | − 1)
2p = ∞ ,
il s’ensuit, d’apr` es ce qui pr´ ec` ede, que M( | f | ) = 0 et donc M(f ) = 0. Nous pouvons donc supposer dor´ enavant que la s´ erie (2 · 34) converge. L’in´ egalit´ e de Tur´ an–Kubilius (2 · 12) implique alors
(2 · 35)
px
p
f (p)M x p ; f
− M(x; f ) p
2
x
2(x 1),
puisque l’on a M(x/p; f
[p]) = M(x/p; f ) + O(x/p
3/2) pour tout p x.
Supposons momentan´ ement que, pour chaque α > 0 et chaque y 2, il existe un x
0= x
0(α, y) tel que
(2 · 36)
| M(x; f ) | > αx et x > x
0(α, y)
⇒ min
py
M(x/p; f )M(x; f ) > 0.
Nous d´ eduisons alors de (2 · 35) que l’on a, pour x > x
0(y) et | M(x; f ) | > αx,
(2 · 37)
py
p M x
p ; f
− M (x; f) p
2
2
py
p
| f (p) | M x p ; f
− M(x; f ) p
2
+ 2
py
p
( | f (p) | − 1)M x p ; f
2x
2+ x
2py
( | f (p) | − 1)
2p x
2.
Remarques sur les valeurs moyennes de fonctions multiplicatives
D’o` u, dans les mˆ emes conditions, M(x; f )
2py
(f (p) − 1)
2p
=
py
p
{ f (p) − 1 } M(x; f )
p − f (p)M x p ; f
+ f (p)M x p ; f
22
py
pf(p)
2M(x; f )
p − M x p ; f
2+ 2
py
p
f (p)M x p ; f
− M(x; f ) p
2
x
2+ x
2|f(pxp)|>2
f (p)
2p x
2,
o` u la derni` ere estimation r´ esulte de la convergence de la s´ erie (2 · 34). Comme la s´ erie (1 · 1) diverge, cela implique imm´ ediatement lim sup | M(x; f ) | /x = 0 et donc M(f ) = 0.
Il reste ` a ´ etablir (2 · 36). Comme annonc´ e dans l’introduction, nous utilisons ` a cette fin un argument tr` es simple dˆ u ` a Hildebrand [10].
Nous allons en fait montrer que, pour tout ε > 0, on a, pour δ = δ(ε) > 0 convenable et x assez grand,
(2 · 38) sup
x1−δzx
|| M(x; f ) | /x − | M(z; f ) | /z | ε.
Cela implique bien le r´ esultat souhait´ e puisque les moyennes locales M(t; f )/t varient d’au plus | f (n) | /n 1/ √
n dans chaque intervalle [n, n + 1[.
Pour montrer (2 · 38), nous commen¸ cons par observer que, par une manipulation analogue ` a (2 · 37), nous avons pour tout x 1
px
p
M x p ; f
− | M(x; f ) | p
2
x
2,
d’o` u, pour tout ξ ∈ [1, x], par une application standard de l’in´ egalit´ e de Cauchy–
Schwarz,
| M(x; f ) |
ξ<px
1
p =
ξ<px
M x
p ; f
+ | M(x; f ) |
p −
M x p ; f
=
ξ<px
M x p ; f
+ O
x
ξ<px
1 p
.
Choisissons ξ := x
exp(−ϑ)o` u ϑ est un param` etre de [1,
12log
2x] qui sera pr´ ecis´ e plus loin. Nous avons classiquement
ξ<px