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Différence de potentiel entre électrodes et électrolytes. Limite entre la polarisation et l'électrolyse

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HAL Id: jpa-00239127

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Différence de potentiel entre électrodes et électrolytes.

Limite entre la polarisation et l’électrolyse

H. Pellat

To cite this version:

H. Pellat. Différence de potentiel entre électrodes et électrolytes. Limite entre la polarisation et l’électrolyse. J. Phys. Theor. Appl., 1890, 9 (1), pp.401-414. �10.1051/jphystap:018900090040100�.

�jpa-00239127�

(2)

DIFFÉRENCE DE POTENTIEL ENTRE ÉLECTRODES ET ÉLECTROLYTES.

LIMITE ENTRE LA POLARISATION ET L’ÉLECTROLYSE ;

PAR M. H. PELLAT (1).

1. Distinction entre la force électromotrice de deux conduc-

teurs au contact et leur différence de potentiel.

-

Il est indis- pensable, pour l’intelligence de ceMémoire, de distinguer nettement

la force électromotrice qui se produit au contact de deux suu-

stances conductrices de la différence de potentiel que présentent

ces deux substances dans Fêtât d’équilibre. Ces deux grandeurs

sont différentes, si l’on veut rester fidèle aux définitions générales

de la force électromotrice et de la différence de potentiel; or, elles

ont presque toujours été confondues jusqu’ici; de là des malen- tendus et des contradictions entre des auteurs qui, au fond, étaient

d’accord ( 2 ~

.

La force électromotrice d’un électromoteur quelconque est l’é- nergie que celui-ci communique à l’unité d’électricité qui le tra-

verse ; cette énergie provient, soit d’un travail mécanique qu’il faut

fournir (électromoteurs fondés sur l’induction ou sur les phéno-

mènes électrocapillaires), soit d’une destruction de chaleur (piles thermo-électriques), soit encore d’une diminution d’énergie po- tentielle due à une réaction chimique (piles hydro-électriques).

Cette dépense d énergie peut fournir la valeur de la force électro- motrice.

La différence de potentiel entre deux points ou deux conduc-

(1) Extrait par l’auteur d’un Mémoires paru dans les Annales de Chiinie et de

Physique, 6e série, t. XIX, avril i8go.

(1) La confusion a existé dans les mots plutôt que dans les idées : certains

physiciens désignant indifféremment sous le nom de force électromotrice ou de

différence de potentiel la grandeur à laquelle il convient de réserver le nom de

force électromotrice; d’autres physiciens ont employé aussi ces deux expressions

comme synonymes, mais en leur attribuant toujours le sens de différence de potentiel. J’ai été du nombre de ces derniers pour les premières publications que

j’ai faites dans le Journal de Physique, et, en particulier, dans un article ayant pour titre : De la mesure de la force électromotrice de contact war le ,phéno-

rnëne Peltier (ire série, t. IX, p. i2g-; ia8o), les idées sont les mêmes que celles exposées dans cet article, mais où le mot de force électrornotrice est pris

comme synonyme de différence de potentiel.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018900090040100

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teurs en contact est le travail accompli par les forces électno-élec-

trte~r~es seules sur l’unité d’électricité positive allant d’un point à l’autre, et non le travail sur cette quantité d’électrici té de toutes

les forces qui peuvent agir sur elle; d’oii l’expression connue

pour la différence de potentiel ( ~ ).

A l’intérieur d’un conducteur homogène, en état d’équilibre électrique, il ne peut y avoir ni différence de potentiel ni force

électromotrice. Une chute de potentiel ou une force électromo-

trice dans une pile ne peut se produire que dans une région extrê-

inement voisine de la surface de séparation de deux conducteurs de nature différente en contact. La force électromotrice totale d’une pile (E) est évidemment la somme algébrique des forces

électromotrices (e) dont chaque contact est le siège (E .- ~e); de même, la différence de potentiel (V) qu’un électromètre constate entre les deux pôles d’une pile, en état d’équilibre, est la somme algébrique des sau ts de potentiel ( v ) qui se produisent à chaque

con tact (V# 1 v). Il est aisé de voir que la force électromotrice E est

égale à la différence de potentiel V que présentent les pôles en

circuit ouvert. Fermons, en effet, le circuit par un fil F, de même

métal que les pôles et infiniment résistant par rapport à la pile;

pendant que le circuit est traversé par une quantité d’électricité,

la pile lui communique une énergie E ~, qui est, dans le cas con- sidéré, entièrement transformée en chaleur; or, à un Infiniment petit près, toute cette chaleur est créée dans le fil F. D’autre part, la différence de potentiel entre les pôles est restée V, à un infini-

ment petit près aussi; par conséquent, la quantité de chaleur

(1 ) Les forces électro-électrigues sont celles qui proviennent des divers points

°

électrisés, d’après les lois de Coulomb ’n’~ ; 7~:1 mais tant qu’on expliquera les phénomènes électriques par des forces, il faudra, de toute nécessité, faire inter- venir d’autres forces que les électro-électrigues, puisque les électromoteurs font mouvoir l’électricité en surmontant précisément ces dernières forces. Si celles-ci existaient seules, l’éléctricité nous serait inconnue, car nous n’aurions aucun

moyen d’électriser un corps. De là la nécessité de spécifier, dans la définition de la différence de potentiel, qu’il ne s’agit que du travail des forces électro-élec-

triques.

(4)

créée dans le fil F, dont les deux bou ts présen ten t une différence

de potentiel V, est équivalente à V~; d’où V~ = Ec~ ou V = E.

Mais, de ce que Iv égale le, il ne faut pas conclure que v est

égal à e. Ainsi, au contact de deux métaux de nature différente, il

ne peut pas y avoir de force électromotrice de valeur notable; car

il ne peut pas se produire une diminution d’énergie potentielle par action chimiqme, et la seule source d’énergie est la chaleur prise

au milieu extérieur par le passage de l’électricité d’après le phéno-

mène Peltier; or, la force électromotrice correspondant à cette

destruction de chaleur est de quelques millièmes de volt seule-

ment. La différence de potentiel vraie entre deux métaux au con-

tact est, au contraire, de l’ordre de grandeur du volt, comme je l’ai

montré dans un précédent article (~ ), et comme je le montrerai de

nouveau dans la troisième Partie de ce Mémoire.

En revanche, la différence de potentiel entre le mercure et un électrolyte qui le baigne est nulle quamd la surface mercurielle a

été polarisée de façon à présenter le maximum de constantes capil-

laires. M. Lippmann a démontré, en effet, que, dans ce cas, la couche électrique double est nulle, et j’ai déjà eu l’occasion de faire remarquer que cela ne pouvait avoir lieu, d’après les lois de Coulomb, que si la différence de potentiel est nulle entre les deux

conducteurs (2). Mais la force électromotrice de la surface pola-

risée n’est pas nulle, puisqu’elle fait équilibre à la force électro- motrice qui a produit cette polarisation et qui la maintient; si l’on

vient à retirer celle-ci du circuit, la surface mercurielle se dépola-

rise en donnant lieu à un mouvement de l’électrici té.

II. Égalité du potentiel entre un métal et une dissolution d’un sel de ce métal ej2 contact avec lui. - M. Lippmann a dé-

couvert qu’un métal liquide, comme le mercure, s’écoulant à l’in- térieur d’un électrolyte, constitue un électromoteur (3); si le métal

qui s’écoule est isolé, il prend rapidement un potentiel constant

différent du potentiel du même métal placé au fond du vase se

trouve l’électrolyte. En effet, chaque goutte de métal en se déta-

(’ ) Journal de Physique, 26 série, t. VI, p. 374.

(2) Ibid., 2, série, t. II, p. 116.

( 3 ) Ibid., ire série, t. III, p. !¡ 1.

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chant entraîne la couche d’électricité positive qui existe à sa sur- face, si son potentiel est plus élevé que celui de l’électrolyte ; ce phénomène ne cesse qu’à partir du moment le potentiel du

métal qui s’écoule est devenu égal à celui de l’électrolyte, grâce à

ces pertes d’électricité positive. Si ce métal était primitivement à

un potentiel moins élevé que l’électrolyte, il arriverait au même

potentiel par pertes d’électricité négative.

La différence de potentiel v qui existe alors entre le métal A, qui s’é coule, et le métal B de même nature, qui est au repos au fond du vase renfermant l’électrolyte, représente ainsi la diffé-

rence de poter2tiel vrai entre le tnétal B et l’éZectj~olfyte qui Ce baigne ( 1 ~.

Comme ces électromoteurs ont un débit comparable à celui

d’une pile d’une résistance qui n’a rien d’exagéré, la mesure de la

force électromotrice v de ceux-ci peut se faire par une méthode

électrométrique quelconque avec la pl us grande facilité.

Il n’y a pas que le mercure qui peut être employée dans ces ex- périences : des amalgames de cuivre ou de zinc, renfermant assez

peu de ces métaux pour être parfaitement fluides, se comportent pourtant dans une pile absolument comme du cnivre ou du zinc

amalbamé solide, dès que la teneur en cuivre ou en zinc dépasse

une certaine valeur, excessivement faible pour le zinc, un peu

plus grande pour le cuivre. Ces amalgames équivalent ainsi à du

zinc ou à du cuivre pour les phénomènes de différence de potentiel

au contact, et la méthode que nous venons de décrire permet de déterminer leur excès de potentiel normal sur l’électrolyte qui les baigne.

En appliquant cette méthode générale au cas particulier ou

(1) En réalité, à cause du phénomène de la dépolarisation spontanée, le métal qui s’écoule resle toujours à un potentiel un peu supérieur à celui de l’électro-

lyte (s’il est supérieur dans les conditions normales), car le potentiel de ce

métal devient constant quand la quantité d’électricité positive emportée par la goutte de métal devient égale à celle apportée par les causes qui produisent la dépolarisation spontanée.

Il en résulte que la différence de potentiel entre A et B reste un peu inférieure à la différence de potentiel entre B et l’électrolyte. Mais l’erreur qui en résulte

est évidemment nulle quand l’expérience constate l’égalité de potentiel entre A

et B malgré l’écoulement, ce qui est le cas des expériences rapportées ici.

(6)

l’électrolyte est formé par un sel du métal étudié, je suis arrivé à

un résultat fort simple :

Un nzétal baigné par une dissolution de l’un (le ses sels est

ait zrtéri2e~otentiel que la cLLSSOLutzoz2.

On trouve, en eiet, pour v :

(tandis que mercure dans sulfate de zinc donne -f- 0 v, 520).

Le défaut d’identité absolue qui existe entre la surface inces-

samment renouvelée du métal qui s’écoule et celle du métal qui

s’est écoulé suffit à expliquer les très légères différences de po- tentiel observées (~).

( 1 ) On peut faire à la démonstration de cette loi l’objection suivante. Dans le

cas général, d’après l’explication rappelée ci-dessus, l’électrode d’où s’échappent

les gouttes se polarise, et c’est grâce à cette polarisation qu’elle se met au même potentiel que le liquide électrolytique. Dans le cas ce liquide est une disso-

lution d’un sel du métal qui forme l’électrode, on sait, d’après les expériences de

M. Lippmann, que ce métal ne peut pas se polariser; par conséquent, son excès

de potentiel sur celui de l’électrolyte ne peut varier par l’écoulement, et la dé-

monstration pèche par la base.

Il est facile de réfuter cette objection en examinant le résultat même de l’ex-

périence. L’électrode qui donne naissance aux gouttes et l’électrode capillaire

de l’électromètre à laquelle elle est reliée forment un système isolé; malgré

le gonflement d’une goutte, la colonne capillaire conserve une position abso-

lument fixe dans le tube (ce qui n’a pas lieu quand le métal s’écoule dans un

électrolyte qui n’est pas un de ses sels); or, cette invariabilité de position

montre : 1° qu’aucune trace d’électricité n’est fournie par la colonne capillaire

à la goutte, quand elle se gonfle ou quand elle se rétracte; que la dif- férence de potentiel entre le liquide qui la baigne ne varie pas pendant le gonflement. Or, supposons que, contrairement à la loi indiquée ci-dessus, le métal de la goutte soit à un potentiel plus élevé que le liquide électrolytique, et, pour fixer les idées, considérons le cas de l’amalgame de zinc dans le sul- fate de zinc. Pendant que la goutte se gonfle, la charge positive de celle-ci varierait proportionnellement à la surface, puisque, la différence de potentiel

entre la goutte et l’électrolyte ne variant pas, il en serait de même de la

charge par unité de surface. Puisqu’il n’y a pas d’électricité appelée du dehors,

il faudrait que cette augmentation de charge positive de la goutte se fît par le

(7)

406

Examinons une conséquence de cette loi.

Dans une pile type Daniell, les deux électrodes (1VT et MI) plongent respectivement dans une dissolution de leur sel (L et L’~,

les deux sels dérivant du même acide, en appelant P le métal qui

forme les pôles, on a identiquement pour la différence de poten- tiel V entre ceux-ci

en vertu de la loi de Volta, on a

et, en vertu de la loi énoncée ci-dessus,

d’où

D’autre part, on a

et la force électromotrice E de la pile est proportionnelle à la

passage de l’électricité positive de l’électroly te à l’électrode, en laissant l’électri- cité négative sur l’électrolyte; mais, d’après tout ce que nous savons, ce passage de l’électricité ne peut pas se faire sans décomposition de l’électrolyte; dans le

cas actuel, ce serait du zinc qui viendrait s’ajouter à l’amalgame de zinc, laissant l’anion SOI chargé d’électricité négative dans la couche superficielle. La nature de

la surface de l’électrolyte serait ainsi profondément modifiée, puisque Zn 0, S03

serait remplacé par S04, et il n’en résulterait aucun changement dans la dif-

férence de potentiel entre l’électrolyte et l’électrode. Ce dernier point est inad- rnissible, quand on sait que les plus légères modifications dans la nature chi-

mique d’une électrode ou d’un électrolyte au contact entraînent une variation dans la différence de potentiel. Si l’on supposait, au contraire, le métal de la goutte à un potentiel moindre que celui de l’électrolyte, il suffirait d’examiner ce

qui se passe lorsque la goutte diminue de surface pour être conduit à la mème

impossibilité.

Admettra-t-on, pour échapper à la difficulté de la variation de la nature chi-

mique des corps au contact sans variation de la différence de potentiel, qu’aussitôt qu’on met du zinc au contact du sulfate de zinc, ce sel est décomposé, une portion

du zinc passant sur le métal pour former la partie positive de la couche double,

et que S04, chargé d’électricité négative, reste au contact du zinc? On sait bien,

au contraire, que, si l’on pouvait mettre SOI au contact du zinc, il s’y combine-

rait immédiatement pour former Zn O, S04.

Je crois qu’il est préférable d’admettre la loi simple exposée ci-dessus, plutôt

que ces hypothèses invraisemblables.

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quanti té de chaleur dégagée par la substitution du métal de l’anode

au métal de la cathode dans le sel de l’acide considéré, si toutefois

on néglige les phénomènes Peltier aux électrodes, assez faibles le plus souvent. Sous cette réserve, la relation (i) nous montre que : La quantité de chaleur créée par la substitution d’un 7nétal à un autre dans zcr2 sel est proportionnelle à la différence

entre le saut de potentiel que présentent ces métaux en contact (M’ 1 M) et le sczzct de potentiel que présentent les dissolutions des deux sels er2 contact (L’ ~ L).

III. Limite entre la polarisation et l’électrolyse.

-

Les phé-

nomènes de polarisation qui se produisent dans un voltamètre

ordinaire sont assez compliqués, parce qu’ils ont lieu à la fois à

l’anode et à la cathode. Dans ce qui suit, je me suis occupé des phénomènes qui se produisent à la cathode, m’étant servi d’une anode impolarisable, comme celles qui se trouvent dans les piles,

du reste.

Supposons d’abord qu’à l’aide d’un compensateur on ait annulé la force électromotrice qui peut exister dans le circuit du volta-

mètre quand celui-ci n’est pas symétrique; si l’on vient alors à faire varier la force électromotrice du compensateur, de façon qu’un

courant puisse se produire et sortir du voltamètre par l’électrode

polarisable C, deux effets peuvent se produire : I ° si la forces

électromotrice du compensateur a été peu modifiée, un simple phénomène de polarisation se produit pour la cathode C, sans dé- composition visible du liquide, et le flux d’électricité cesse rapi- dement ; si la force électromotrice du compensateur a été plus profondément modifiée, le liquide est décomposé, il y a élec-

trolyse.

Quel est le moment la polarisation cesse et l’électrolyse

commence?

L’expérience m’a conduit à une loi fort simple qui répond à cette question :

La polarisation cesse et l’ électrolyse commence el partir dit

moment oit la eozcehe éCee~rzc~cce double qui existait CUl eor2tccet

dzc liquide et de la ecr~lzode a été rendue nulle par polari-

sation.

(9)

408

Cette loi peut encore s’énoncer ainsi :

Tant que le .poter2tLel de la cathode est supérieur à celui de l’électrolyte, l’électrolyse r2e se produit pas: celle-ci se produit

dés que le poter2tLel de la cathode est devenii inférieur d’une quantité infinilnent petite à celui de l’électrolyte.

Voici l’observation qui m’a mis sur la voie de la loi qui vient

d’être énoncée. Un électromètre capillaire était placé sur le cir-

cuit d’un compensateur, les deux pôles de celui-ci étant reliés

respectivement aux deux mercures de l’électromètre, et je cher-

chais la force électromotrice P qu’il fallait donner au compensa-

teur pour rendre la constante capillaire maximum ; j’observai plusieurs fois , qu’une bulle d’hydrogène se formait dans le tube

capillaire pour une force électromotrice très peu supérieure à P,

tandis que pour une force électromotrice inférieure à P, même en

attendant très longtemps, aucune btille d’hydrogène ne se pro- duisait. Or, comme nous l’avons rappelé plus haut, au moment

la constante capillaire passe par son maximum, la couche élec-

trique double est nulle, et l’électrode est au même potentiel que l’électrolyte.

Pourtant, le phénomène observé ainsi présentait quelques irré- gularités : on pouvait parfois dépasser beaucoup la force électro- motrice P sans voir la bulle se former. Je pemsai alors que, dans

ce cas, l’h~~drogène, tout en se produisant, ne pouvait apparaître

sous forme gazeuse, faute d’une bulle de gaz préexistant dans le

tube capillaire, de même qL~’Lln liquide ne peut bouillir que si un gaz existe au préalable au sein du liquide (1). Pour m’assurer de

la justesse de cette explication, je modifiai l’expérience de la n1a-

nière suivante. Une bulle gazeuse d’hydrogène était formée dans

(1) Il y a là une loi générale : Un corps ne peut prendre la forme gazeuse

au sein d’un liquide que si une bulle de gaz préexiste. C’est une conséquence

des lois de la capillarité. Supposons, en effet, une bulle gazeuse sphérique,

comme elles le sont toujours quand elles sont petites, de rayon R; la force élas-

tique dans l’intérieur de la bulle est supérieure à la force élastique capillaire

/~ , B

(2: ); or, celle-ci tend vers l’infini quand R tend vers zéro. Ainsi, il faudrait B ~ /

que le gaz pût posséder une force élastique infinie au moment de sa naissance,

si aucune bulle de rayon fini ne préexistait : ce qui est évidemment impossible.

Rappelons, à ce sujet, que M. Potier a montré que l’électrolyse d’un sel mer-

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le tube capillaire en donnant, pendant un temps très court, au compensateur une force électromotrice très supérieure à P; puis, immédiatement, la force électromotrice était ramenée à une valeur k voisine de P. Je trouvai alors que, si cette force électromotrice h- était supérieure à P, la bulle d’hydrogène grossissait toujours et

d’autant plus vite que ~.~ - P était plus considérable : l’électrolyse

se produisait. Si, au contraire, k était inférieur à P, les bulles ne

grossissaient jamais : l’électrolyse ne se produisait pas.

La loi a été vérifiée par cette méthode (que j’appellerai la mé-

thode optique) dans le cas de l’eau acidulée par l’acide sulfurique (i en volume, P = ov, g5 ), et pour l’acide précédent additionné de

2 ô0o de bichromate de soude (P = ov, gg ).

Mais la difficulté d’obtenir une bulle d’hydrogéne adhérente à

la colonne capillaire de mercure dans le cas de l’acide chlorhy- drique m’a engagé à chercher un procédé d’investigation plus

commode. J’ai eu recours alors au galvanomètre pour constater

quelle était la force électromotrice qui produisait dans le circuit

un courant permanent, accompagné nécessairement de l’élec-

trolyse.

Pour cela, dans le liquide électrolytique étudié L, je plaçai une

électrode de mercure A de petite surface (environ omm, 5 de dia- mètre); par un siphon cloisonné, le liquide L communiquait avec

une dissolution d’un sel de zinc dans laquelle plongeait une large

anode de zinc B, reliée à l’un des pôles du compensateur b.

Dans le liquide L plongeait, en outre, la pointe de l’électro-

mètre capillaire C. Au début de l’expérience, le second pôle a du

compensateur était relié au mercure C. On cherchait alors la force électromotrice E - P qu’il fallait donner au compensateur pour obtenir le maxi mum de la constante capillaire (E désignant, comme

ci-dessus, la force électromotrice du voltamètre dont les électrodes

sont A et B avant toute polarisation) ( ~ ). Ceci fait, on établissait

cureux se fait soit par dépôt d’hydrogène, soit par dépôt de mercure sur la ca-

thode, suivant que celle-ci présente des bulles gazeuses adhérentes ou n’en pré-

sente pas. ( Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. CVIII, p. 3,a6.)

(1 ) Quoique cela ne fût pas indispensable pour l’expérience, cette force électro- motrice E était en général déterminée par le procédé habituel, en se servant

d’un électromètre capillaire ordinaire.

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la communication entre le mercure A et le pôle du compensa-

teur et l’on plaçait dans le circuit du compensateur et du volta-

mètre un galvanomètre Thomson de sensibilité médiocre et un in-

terrupteur.

En donnan t d’abord au compensateur la force électromo trice E,

et en fermant le circuit, on n’avait aucune déviation, puisque les

forces électromotrices s’équilibraient; mais en diminuant la force électromotrice du compensateur d’une quantité I~, en fermant le circuit, on obtenait une déviation, l’électricité passant dans le

sens qui faisait de l’électrode A une cathode. Tant qu’il n’y avait qu’un phénomène de polarisation, que l’électrolyse de L ne se produisait pas, l’aiguille après oscillations se fixait à une position

très voisine du zéro, mais pas au zéro exactement, à cause de la

dépolarisation spontanée, qui laissait subsister un courant t très faible (courant de dépolarisation). Pour des valeurs plus consi-

dérables de /~, l’électrolyse se produisait et la déviation de l’ai-

guille devenait permanente, avec des valeurs de plus en plus con-

sidérables à mesure que l~ augmentait. En portant en ordonnées les valeurs des déviations permanentes de l’aiguille et en abscisses

les valeurs correspondantes de l~, on obtenait une courbe, telle

que celle qui est représentée (fig. 1)~ indiquant de la façon la plus

nette la valeur K de k pour laquelle l’électrolyse commençait. Or

on trouve K = P, ce qui est la démonstration de la loi énoncée ci-dessus.

La vérification de la loi a été faite par cette méthode galvano- métrique, pour le même acide sulfurique étendu au Ù, étudié par la méthode optique, et pour l’acide chlorhydrique étendu (6 en

volume d’acide à 2 I ° Baumé ); dans ce dernier cas, la valeur de P

(OV, 59; est très différente de celle qui correspond à l’acide sulfu-

ri que (OV, 95).

On ne saurait guère douter que cette loi, qui se vérifie avec tant

d’exactitude pour les acides, est aussi vraie dans le cas ou l’élec- trolyte L est une dissolution d’un sel; mais, dans ce cas, sa vérifi- cation par la méthode optique est évidemment impossible, et sa

vérification directe par la méthode galvanométrique n’est pas pos- sible non plus dans le cas des sels de zinc et des sels alcalins,

les seuls que j’aie étudiés, pour la raison suivante. Quand l’élec-

trolyse commence, le métal M du sel s’allie au mercure de la ca-

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thode et change la nature chimique de cette électrode dans le sens qui dilninue la force électromotrice du voltamètre pour les mé-

taux étudiés; le métal M se dépose ainsi par électrolyse, jusqu’à

ce que, par suite de cette diminution, la force électromotrice to-

tale du circuit soit devenue nulle, et à partir de ce momen le cou-

Fig. 1.

d’où

rant cesse, ou du moins il ne persiste que le courant très faible dû à la dépolarisation spontanée. Ou, il faut allier à la surface du

mercure de la cathode une quantité de métal M excessivement

petite pour obtenir ce résultat, et le temps que dure cette élec-

trolyse est inférieur à la durée d’une oscillation de l’aiguille; de façon que le phénomène visible au galvanomètre est le mème que si l’électrol~~se n’avait pas eu lieu, que si un simple phénomène

de polarisation s’était produit. Pourtant l’introduction du métal M dans le mercure de la cathode ne peut diminuer indéfiniment la force électromotrice du voltamètre : quand la proportion du

métal M dans le mercure est assez grande pour que l’amalgame

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jouisse des mêmes propriétés électriques que le métal M lui-méme

(et il faut une très petite quantité du métal M pour qu’il en soit ainsi, dans le cas du zinc et des métaux alcalins), il est clair qu’une quantité plus grande du métal M dans la cathode mercu-

rielle ne saurait faire varier la force électromotrice du voltamètre.

Si donc, à partir de ce moment, on diminue encore la force élec- tromotrice du compensateur, le courant passera d’une façon

continue et l’aiguille du galvanomètre éprouvera une déviation permanente.

Ainsi, dans le cas d’un sel, la valeur K de I~, à partir de la- quelle la déviation de l’aiguille devient permanente, indique, non

pas le début de l’électrolyse, mais le moment ou la force électro- motrice E - h du compensateur devient égale à la valeur mi-

nimum de la force électromotrice du voltamètre, l’amalgame

formé par le métal M et le mercure de la cathode étant assez riche

en métal pour se comporter comme le métal M lui-même.

Il résulte de là une nouvelle méthode pour trouver la diffé-

rence de potentiel vraie entre le métal M et le mercure au con-

tact, par la mesure de P et de K, ou plus simplement de E - P

et de E - K; en effet, au moment l’on a donné la force élec- tromotrice E - P au compensateur, la différence de potentiel

entre le liquide L et la cathode mercurielle est nulle, puisque la

couche double est nulle, et, en outre, comme l’élec~,rolyse n’a pas

encore eu lieu, si la loi est exacte, le mercure de la cathode est

aussi parfaitement pur. En appelant e la somme algébrique des

différences de potentiel qui existe aux divers autres contacts, entre cond ucteurs hétérogènes dans le circuit, on a, puisqu’il ~ a équi-

libre élec tri que,

Au m oment où l’on a donné la force électromotrice E - K au

compensateur, la cathode est formée : 1 ° au contact du liquide L,

d’une couche d’amalgames assez riches pour se comporter comme le métal M lui-même ; 2" plus loin, de mercure pur. Au contact du liquide L et de l’amalgame du métal M contenu dans ce li- quide, la différence de potentiel est nulle, d’après la loi exposée

dans la deuxième Partie de ce Mémoire ; entre l’amalgame et le

mercure pur, en communication par une série d’amalgames de

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plus en plus dilués, mais obéissant à la loi des tensions de Volta

comme tous les alliages, il existe une certaine différence de poten- tiel que je représenterai par 1VI~Hg. Comme les autres contacts

n’ont subi aucune modification, la somme algébrique des sauts de potentiel dans le circuit est devenue e --~- Mi 1-Tg, et, comme il y a

encore équilibre électrique, on a

on tire de ( 1 ) et (2)

Dans le cas où l’électrolyte L est le sulfate de zinc, j’ai trouvé

P = ov, 76, K - 1~,2~, d’où K - P == oV, 51. Or, il y a trois ans, j’avais trouvé, par une tout autre méthode 1 ’ ), ce nombre oV,49

pour la différence de potentiel vraie entre le zinc et le mercure au

contact, avec une erreur possible de ± 0 v, 05. On voit ainsi que les conclusions du raisonnement précédent sont justifiées par

l’expérience, ce qui est une vérification indirecte de l’exactitude de la loi étendue aux sels.

Dans le cas où l’électrolyte est l’hydrate de potasse, on trouve P = 0’, 29, K = 1 v, 76, d’où K - P - IY, 4 . Ce nombre repré-

sente la différence de potentiel vraie entre le potassium et le mer-

cure au contact.

IV. Loi de M. Lippmann. - Considérons un voltamètre dont la cathode est formée du métal même qui se trouve à l’état de sel

dans l’électrolyte. D’après la loi exposée dans la deuxième Partie de ce Mémoire, la couche électrique double entre le liquide et la

cathode est nulle; par conséquent, d’après la loi exposée dans la

troisième Partie, un flux d’électricité tendant à sortir par cette électrode doit produire l’électrolyse sans donner lieu à une po- larisation préalable de la cathode, puisque celle-ci est normale-

ment dans l’état à partir duquel l’électrolyse commence. Il résulte

de là qu’un métaL ne peut pas se polariser dans un de ses sels.

(’ ) Journal de Physique) loc. cit., ou ~‘on2~tes rendus des seances de l’Aca-

démie des Sciences, 18 avril 1887.

,

(15)

4I4

C’est la loi trouvée expérimentalement par M. Lippmann, et son

exactitude peut être considérée comme une vérification de la jus-

te’sse des deux lois dont elle est la conséquence.

DISTINCTION DE DEUX RÉGIMES DANS LE MOUVEMENT DES FLUIDES;

PAR M. M. COUETTE.

1. D’après les formules établies par de Prony ( 1), en 180~, et

les autres hydrauliciens, pour les tuyaux de condui te, la perte de charge par unité de longueur y est à peu près proportionnelle au

carré de la vitesse moyenne de l’eau. D’après les expériences de

Girard ( ~ ) et celles de Poiseuille, elle est, dans les tubes fins, proportionnelle à cette vitesse même. Il y a donc deux lois diffé- rentes, l’une pour les tuyaux, l’autre pour les tubes fins. Ces lois sont-elles des formes limites d’une même expression plus géné- rale, ou bien sont-elles essentiellement différentes?

La question pouvait paraître dou teuse au commencement de la seconde moitié de ce siècle ; car la loi des tubes fins semblait s’al- térer graduellement dans les secondes séries d’expériences de

Girard et de Poiseitille, et l’on n’avait pas encore trouvé la cause de cette altération dans la dépense de charge qui se produit à

l’entrée du tube. En éliu1inant cette circonstance perturbatrice,

par l’emploi de tubes piézométriques implantés sur le tuvau assez

loin des extrémités, Darcy (3), en 1857 , reconnut que les deux

lois se succédaient sans continuité dans un même tuyaux, mais ne poussa pas plus loin l’étude de ce fait.

1V1. Osborne h’eyno Zds (4), en i 883, reprenant des expériences

semblables à celles de Dccnc~~, avec des tuyaux de plomb de am, 00615 et de onl, O I 2 ~ de d’ainètre, 1 constata aussi que la pro-

portionnalité de la résistance à la vitesse se maintenait rigoureuse

( 1 ) Recherches _physico-matlaén2atic~ues sur la théorie des eaux courantes; ,

1804.

1

{ ~ ) Mémoires de l’Institut; I8I3, 1814, 18I5.

( 3 ) Mémoires des Savants étrangers, t. XV, p. 215 et 354.

(

’t

Proceedings of tlze Royal Society of London, t. XXXY, p. 84.

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