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Quelques désidérata de l'anthropologie en Roumanie
PITTARD, Eugène
PITTARD, Eugène. Quelques désidérata de l'anthropologie en Roumanie. Bulletin de la Société des sciences de Bucarest-Roumanie, 1905, vol. 13, no. 5-6, p. 466-485
Available at:
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1 / 1
BI]LLETIT{
DE LA
SOOIIjÏT DTS S(]IEl\t[ES
BTJCAREST-_ROUMANIE
SPLAIUL GENERAL MAGHERU, 2
AlI. XIII,
No,5
pi 6OUETOUES DÉSIDÉRÀTÀ DE I'ANTIROPOIOffIE EN ROUMANIE
PAR
LE
])T.EI]GÈNE PI:rîARD
pnrvar-DocENT À r.ittNlvERsrrÉ DE eENÈv.E
BUCAREST
TMPRIMERIE DE L'ÉTAT
1905
DE
CIU[I,QUES I]}]SIDIIRATA I]1I L'ANTHR[)POI,[)(}II
ItN
ROUMANIT]PAR
LE
DT.EUGÈNE PITTAR.D
I,I],rvaT-DocENT À L'ttNrvEnBrrÉ ne cur.rÈvn
Il
ne sera pas besoin d'insister longuement sur l'immenseinté- rêt
que présentela
Roumanie---
etla
Péninsule des lJalkanstout
entièreI
"u point
de vue anthropologique'Malheureusement dang ce domaine, nos connaissances sont
fort
restreintes.A
diverses époques quelques essais tirnides ont été faitspour
nous renseigner sur les caractères descriptifs des populations clela
Péninsule. Mais on peut dire que,pour
tous les pays qui sontar.r Sud cle
la
Save, duDanube et
dela chaine
carpathique, notls n'avons pas.encoretout
ce.que nous désirons 1;.Et pourtant
cetterégion
est âppelée, certaincntent, à nous fournir des documcnts dcla
plus hautc importance qui éclairciront peut-ètre d'unjour
notlveatl tor"rt un champde
nos'connaissances en archéologie préhistorique, en anthropologie physique, en ethnologie asiatico-européenne.Peu de régions en Europe peuvent être comparées à
la
Pénin- sule des l3alkans, aupoint
de vue des facilités qu'elle olfrait à cetu qui, venantd'Orient
ou d'Occident, l'aborclèrentpour la
prernière fois. Elle lesoffre
encore. Les deux promontoires qui sont les plus r4pprochés del'Asie, cclui
quiporte Stamboul et
celui qui po.rte Gallipoli, sont comme cleux mains tendues, pfètes à donner àl'A-
sie les masses ethniques qui étaient en
arrière d'elles,-ou
à rece-voir
ce que, à certaines époques, les grandes réserves d'hommes clui étaient del'autre
côté dubras
demer pouvaient lui
envoyer.plus au sucl, ce sont les autres mains, plus grandes encore, cle la Chalcidique
et
dela
Grèce,la
première,il
estvrai,
difficilement abordable. Ces deux presqu'îles, surtoutla
Grèce,sont
précédéesa) On co'nait cléjà
'' peu 1es Serbes-Croates (Weisbacli), les Bulgares (Bassa'ovitch, I(o'
per.uicki, '.likhornilof, etc.), les Albanais lGlirck), les (itecs, les'l-ttrcs. Mais tous les tlocrttÙents i,ul;Iiés so't insulfisants po.r 1lo's per'rettr:e t.ême une esqrrisse gé.éra1e tles oal'actères an- thr.irnlngiqrres tle ces <livels petrples.
BULETTNUL SOCTElÀTrt DE SCIINTE tç67
de irombreuses îles et îlots, jetés comme des
ponts et qui ont
été, sans doute, des étapes sur les routes des migrations dans les deuxsens.
V"ers
le
sud, versla terre
d'Afrique,la
grande île de Crete rem-plit le
même rôle.sur
lelittoral
dela
merÉgée, la
Péninsule ouvre quelques var- lées:le
Vardar,la
Maritza, oue les peuples navigateurs ont facile- ment rencontrées. D'autrepart,
saposition
àl'ouest de la
merPontique
etla
possessiond'une porrion
corisidérable dulittôral marin lui
assuraient aussi le peuplementpar les
migrateurs qui gardaientle
contact dela
côtepour
ne point s'égarer, tels certains groupes tatars.Enfin, au
n'rd, la
grande vallée du Danube établit à son tour le contact entrel'orient et
I'occident.ceux
qui sont arrivéspour
lapremière
foissur
sesbords, dans la partie inférieure
du fleuve, qu'ils vinssent des steppes slavesou des
plaines thraciques,vo-
yaient devanteux,
de l'autrecôté
deseaux
grises, se dérouier àl'infini
les vagues de terre, les pays à conquérir ou à habiter.Dès que l'histoire éclaire les contrées balkaniques, elle nous les montre assaillies de tous côtés par les hommes. Pendant des siècles,
il
semble que larive
gauche du Danube est continuellement battue par les flots des barbares qui viennent del'est
et du nord.Le fra-
cas de leurs hordes en marche domine tous les premiers temps his- toriques.
Il
en vient aussi parla
mer.On dirait
quel'Asie
s,est donné la tâche d'escalader l'Europe. Des masses d'hommes, toujours renou- velées, s'acharnent àconquérir
cecoin
deterre,
comme si aucun autren'était
plus.désirable.Ils y
laissentleur sang
par ruisseaux et de telles quantités d'ossements quela terre,
déjàpropice
aux cultures,y
devient sifertile
qu'on pourralui
demander de nourrir une partie de l'Occident.***
Peut-être
la
Péninsule des Balkansa-t-elle été
occupéeprimi-
tivementpar
des hom'res qui ne venaientpoint
d'Asie.ie
,mirageorientalu fournit
des explicationstrop
faciles, et depuis quelques années on est revenu des anciennes hypothèses. Malheureusement468 BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE
les documents préhistoriques que
l'on
possède sur la Péninsule sont enc.rre peunombreux. Et
les déductionsqu'on en pourrait tirer
sonttrop fragiles. Pourtant
clans ces dernières années, des dé- couvertes importantesont
étéfaites. Mais elles
sont sporadiques enAlbanie,
en Macédoine, en Bulgarie, enRou'ranie, etc.
Elles peuvent permettre des généralisations, mais elles demandent a être augrnentées.Plusieurs
d'cntrc
clles sontd'un
hauti'tér'êt. Il nous sullira
tle citer les beaux résultatsobtenus par les
missions scientifiques dela
Bosnie-Herzégovine et qui sont, presque tous, exposés dans les vitrines clu Musée cle serajévoI
les fouilles de Cucuteni enMolda-
vie, etil y
a peu de temps, celles de Jablanicaen
Serbie.Cette station de Jablanica
l),
étucliée en r goopar
Mr. le c{octeurMiloje
Vassits,a
fourni une quantité considérable d'objets proye-nant
dela
périodenéolithiq'e,
parmi lesquels de nombreux vases, trépieds,figurines, etc..
Jablanicaa dû être
habitéependant
de longs siècles. T,es premièrestraces
decivilisation
étantà
o,5o au dessous du sol, ontrouve
encore jusqu'à uneprofondeur de z
m.5o
des foyers superposés. Jablanica est unestationpurement néo- lithique, sans trace de métal. Parmi les objets recueillis, il faut men- tionner spécialement un nombre considérable(83)
de statuettes enterre
cuite.La
station représentantun
ancien village, chaque fond de cabane afourni
sastatuette,
ce quimontre qu'elles
faisaientpartie
intégrante du mobilier primitif. Ces statuettes, toujours fémi- nines, sont bien connues depuis lesfouilles
de Schliemann. Elles présentent l'aspect d'unc tôtc d'oiscau (statuettes à tête de Chouette).Les quelques tumulus thraces fouillés jusqu'à présent en
ont
mon-tré
de nombreux exemplaires, enparticulierCoucouteni.La
station néolithique de Butmir en Bosnie ena
également fourni.L'importance de
ces découvertesn'a pas
besoin d'ètrelong-
temps discutée. Ainsi que le remarque judicieusementMr.
Salomon Reinach, quand onparlait, il y
atrente ans de l'âge
néolithique,il n'était
guère question que des ateliers de taille,des
monuments mégalithiques et desstations
lacustresde l'Europc
occidcntalc.Voici
que, maintenant,l'Europe
orientale serévèle
comme ayantt) La stalion ?tëoliiltique rle /ablanica (Serttie) par Mr. Salomon Reinach. L'Anthropologie, Paris, r9or.
BUr,rÏNrrL socrEîÀTll DE scllNTlc 469
eu,
ellg
aussi,et
vraisemblablernent engiand
uombre, ses foyers de civilisation néolithique.La
station de Jablanica,écrit Mr. S.
Reinachavec Mr.
Vassits, est un nouvel ann3ar-r dela
chaîne qui relie la Bosnie à la Troade et àla Phrygie d'une part
et, de I'autre, àla Hongrie et
àla
Russit:du sud-ouest (gouvernement de
Kiew) 1).
:A
l'époqi.re néolithique, nous constatons dans cette vaste région une mème civilisation prinritive, caractérisée pal'des
statuettes et cles vases de formes et detravail
presqueidentiques. Les
diffé- rences secondaires qu'on relève d'une station à I'autre <<sont leré-
sultat naturel clu développement cles inclustries localeset
suffiseut à faire rejeter I'hypothèse dlun ccntre uniquede
fabricationet
clediffusion >
'
j,<
On a admis penclant longtemps-beaucoup I'admettent
encore-
que
la
Péninsule cles Ball<artsn'avait
été, en quelque sorte, que la première étape des populations venues d'Asie pour coloni,ser notreterre d'Europe. On
commence à démontrer que cette idée a fait son temps2).
Jusqu'alors
toute la civilisation primitive: instru-
ments cle chasse et de guerre, poteries, tombeaux, ornementations, étaient des produits deI'Orient,
importés desenvirons
immédiatsr) C'est surtout clals la Russie tln sud que ces cléconvertes ont été lombteLrses, Pmrni leurs ftuteurs, on peut citer MM. Przybyslawski et Dernetrykiewicz qui ont fonillé beaucoup cle tn- niulus (lioulganes). On a rernarqué à I-Iorodnica.et dans les environs la coexistence ile poteries peintes et cl'iustruments primitifs en pierre. Cela a fait supposer que ces procluits de civilisa-
tiol supérieure (les poteries peintes) avaient ét6 introduits rlans ces régions iudépelrlamrrrent rle toute transformation générale de I'inclustrie ile ce pays, sans transition, saus <faire époque,, La thèse sontenrle par Nir, Salornon Reinach est contraire à cette supposition.
2) S,r.t.onou Rutxacu Le utiroge orien/nl. L'Anthroy'ologie, Paris, r893.
A propos de ces svastikas, Mr. ReiLrach mentiolne I'opinion tle Mr. Goblet d'Alviella, ciu'il déclare partager entièrement: <II est incontestable que la croix gamruée figure parrni les or- nernents géométriques de certaine poterie qualifiée de X1élasgitTur, parce qu'elle se retrouve à
l'âge du broûze ou au premier âge du fel chez tous les peuples aryens clepnis i'Asie mineure jusqu'au borrl tle I'Attantique.., Nous savons que les 1'royens étaient origiuaires tle h 'l'hrace.
D'autre part, une traclition fort plausible vetrt que 1es ancêtres ou les ptédécessenrs des Étms- ques et, en général, les premiers habitants conlus cle I'Italie septentrionale aient t[ébouché clans la Péninsule en venant tlu norcl-est,,. C'est tlonc clans cette région qLr'il faudrait chercher le premier foyer de 1a croix gamrnée, On cloit obselver que quancl, plus târtl, le rnonlLlyage reproduit les types et les symboles rles religions locales, les pays les plus voisins du l)lnr.rbe, la Macédoine et la Thrace figurent parmi cenx où les rnonnaies portent fréquemrnent la croix gammée et le tétrascèIe.
&70 BULD',TTNUL SOCTETATII DE. SCITNTE
de
l'Asie,
surtout dela région
méditerranéennede
ce continent.Peut-être esf-ce
le
contraire quia
eu lieu. Les svastikas de I'Inde,d'Hissarlik et
deChypre doivent chercher leur. origine
dans la Péninsule des Balkanq en Thraceet
non dans I'IndePlusieurs auteurs sont d'accord pour donner à liancienne
lhrace
une civilisation avancée. Undset écrit ceci:
oA 1'époque homérique encore,la
Thrace joue un bien atttre rôk:et témoigne
rl'rrne bien plus haute civilisation qu'àl'époque
historique. postérieure oùr elle est redevenue à moitié barbare1;',
***
Quoi
qu'il
en soit, les découvertesfaites dans les divers
lieux. t it
que nous avons rappelés,
nous
autorisent à croire qu'elle peuvent se poursuivre srrr toute I'étendue de Ia Péninsule.Il est
probableque les pays qui la composent possédèrent sinrultanénrent la même civilisation.
Ainsi les
Thraces, les Gètes, leslllyriens,
les Scythes rirentionnéspar
les anciens historiens avaientcléjà des
prédéces- seurs dans ces pays que traverse I'Hemus et que baigne l?Isterr des prérlécesse.urs qui s'ytrouvaient fixés 2.ooo
ans atl moins evant notre ère.Er-rx mêmes, qui avaient-ils comme ancêtres ?
Pour
le
moment nottsn'en
savonsrien: il faudrait
fouiller mé- thodiquement les nombrertx tuttrulus quijalonnent
ces contrées et quiont
été édifiés à des époques clifférentes. Les résultats de ces fouillespourront
seuls nous donner cles inclications sur les super- positions humaines dela
Péninstrle.Nous ne savons
preslue rien, non
plus des car-actèresanthro-
pologiques cles Néolitiques orientaux.'Irès
peu de restes squelet-tiques sont
parvenus jusqu'ànous. On croit
gr.re les populations primitives desKoureanes
russesétaient
dolichocéphales, tandis que celles qtriont apporté
l'indLrstrie égéenne élaient serrrble-t-il des brachycéphales.Dans
la
Péninsule cles lJalkansnotls ne
connaissons qtte les sqr.relettes cle Crrcuteni quipuissent nous fournir cles renseignementsd'ordre
anatomique.t; Zeitschrift lilr Ethnologie,.I883, T, XV, cité par Mr. S. l{einacli.
BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE 47.1
**
Lorsqu'il s'agit
de rechercherles liens
de parentédes
divers peuples;lorsqu'il s'agit de renouer les
liens deraces
disparus dans les bouleversementspolitiques-cela peut
avoir lieu pour des groupes humains formant des unités géographiquement éloignées (en l'espèce Roumains de Macédoineet
del'Istrie, par
exemple), on peut s'adresser à diverses sources.Ce sont
les comparaisonsdes
caractères morphologiques, linguistiqr.res, sociologiques, qui sontles
clefs de ces problèrnes. Les plus importants, et à l'heure actuelle personnen'émet de
doutes à cetégard,
sont les carac- tères morphologiques basés sur l'anatomie comparative des clivers groupe humains considérés.La
langue,les traditions,le
genre de vie peuvent varier. Nous en possédonsdes preuves
nombreuses.Pour tous ces caractères l'envahisseur peut même ètre absorbé par le vaincu. Les caractères morphologiques demeurent.
***
A
cet égard quel est l'état denos
connaissances en Roumanie ?Il
serait difficile de I'indiquer.Qu'a-t-on fait
en dehors des recher-ches historiques
et
linguistiquespour apparenter les divers ra-
meaux de
l'arbre
roumain ? Oirsont-ils nos
documents d,anthro- pologie physiques sur les populations roumaines de Ia région trans- danubiennede la
Bulgarie et dela serbie et sur leurs
frères cle(race) plus méridionaux les
Macédo-Roumains (Tsinzares ou Koutzo-Valaques) ?Or,
en se plaçant, aupoint
de vue dela
communauté d,origine detous les
Roumains dissèminés,on avouera
que detelles re-
cherchesne sont par
dépourvues d'intérêt.Elles
méritent d'être encouragées, surtout sil'on
se rappelle les discussionsde
eertains historiens magyars absolument opposés aux hypothèses de l'école daco-roumaine.***
Actuellement
I'Anthropologie
est devenue pourtout
esprit nonrétrograde la
base de l'histoire. Lesfaits
historiquespris
en eux- mêmesn'ont
qulune signification incomplète si l,onne
passe de leur exposition à la recherche de leurs causes premières.or
celles-h72 BULETINUL SOCIDTÀTIÏ DE SCIINTE
ci sont souvent plus éloignées que les documents consultés. Elles
ont
des racineslointaines
dans ceque nous
appelonsles
races,avec leurs propres
contingences.A
cet égard(nous ne
parlonspas
ici
dela
Roumanie)il est
quelqueloisdéplorable de voir
la pauvreté des explications fournies, les dénuement des connaissances qu'on devrait élémentairement pos séder.Cette
base intlispensable tleI'histoire
est en même temps celle des rcchcrehes dc sociologiect
dc linguistiquc.I est pour le moins singulier qu'on étudie les
oeuvres del'homme, son
activité dans tous les domaines, sans s'enquérir clela
nature de cet être, de sesrapports
avecle
reste du mondeor-
ganique, des premiers stacles du développement cles sociétés hu- maines! Il
far-rt se rappeler cette parole de Huxley; "La
questiondes questions pour l'humanité,
le
problème qui est au fond de tousles autres
problèmeset qui
intéressele plus, c'est la place
de I'homme dans la nature et ses relations vis-à-vis de I'ensemble des choseso. {)*n*
Qu'est ce que l'histoire, si ce n'est 1'étude de l'évolution humaine dans le temps
et
dans l'espace ?Et
alors où comrnence-t-elle ? Est ce aux Grecs ? aux Phéniciens ? aux premières dynastieségyptien-
nes ? Est-ce
à
l'hommedu
Néanderthal, à l'homme deCro-Mag- non
ou à l'hypothétiquetailleur
de silex de Thenay,ou
encore au Pithécanthropus erectus de Java ? Est-ce queles
périodes géolo- giques dans lesquelles l'homme a vécusont
séparées des époques historigues datées par des monuments figurés ? et celles-ci des épo- ques où existent des rnonurnents écrits ?La
vie actuelle de tous les peuples que peut enregistrer l'histoire est-elle différente de celle des hommes qui ontrempli
de leurs actes les siècles précédentsI
Non, n'est ce pas? Les jours
et les annéesse
succèdent pareillement.r) Dans tl'autres clomaines encore l'Anthropologie doit apporter le résultat de ses recherches.
l)ans les rliscussions cle péclagogie, par exemple, elle dira à cluel rnoment il y aurait lieu de ne pas charger les programmes scolaires. Elle rnontrera par les courbes c1e croissance rie la taille et clu cerveau à quel rnoment a lieu, chez les elfants, l'effolt physiologique le plus fatigant.
Elle clira que les filles et les garçons ne doivent pas être mis, au même rnoment, sur pierl d'éga- Iité péclagogique, etc., etc,. l)aus certaines discnssions brûlantes de sociologie, le féminisme entre autres, cela apportera des faits et non, comme on I'entend trop souvelt, des hypothèses aventureuses, etu.
BUr,rrTrNUr, socrETÀiFrr Ds scrrNlra 173
Notre chronologie en enregistre quelques uns. Mais avant ceux-là combien d'autres ont passé
!
Et pour quoi ceux-là seraient-ils moins intéressants ? L'humanité actuelle n'est-elle pas dans savie
maté- rielle et moralele
résultat c{e l'élaboration des forces quiont
con- stitué les couches humaines précédentes, depuisla
naissance clecelles-ci ?
L'histoire commence avec I'homme.
, Irour l'Europe les documents les
ph"rsanciens
concernant l'hommeet à propos
desquels aucune discussionn'est
possible appartienent au quaternaire inférieur. Ce sont des silextaillés
dé- couvertsen
premier lieuet en grancl
nombre dans les graviers dunord
de la France et auxquels on donne le nom de coups de poing.Ce
sont
des instruments grossiers. Mais peu à peu l'hommeper-
fectionne son industrie.
A
l'époque de la pierre taillée (paléolithique) snccèdela période de la
pierre polie (néolithique),puis
celle dubronze et enfin
celle dufer. Inutile d'ajouter
qu'iln'y a
pas clesynchronisme
entre
toutesles peuple de la terre, pas
mène entre celles de I'Europe.**'*
La
Roumanieest
certainementtrès riche en
clocumentspré-
historiques. Longtemps avant que les premiàres lueurs cle l'histoire apparaissent, elle recelait des groupes humains. Ces autochtones qui habitaientles
cavernes,les abris
sous roche, les cabanes, tlui bâtissaient des maisonssur pilotis
aLr borcl cles lacset
cles'étangs flnviaux, ont laissé les preuves deleur
présence sousla
forme clc scpeletteset
d'objets d'industrie.Malheureusement jusqu'à présent ils nous sont clémeurés à peu
pr)s
inconnus. Je crois qu'on n'a signalé aucuns restes certains clela période
paléolithique. Irourtant, à ce moment là,l'homme
de-vait
parcourirla
Péninsuie.Les phénomines de glaciation
dans cettepartie
de I'Errrope (n-réconnus pendant longtemps)n'ont
pas étési
étendues qu'ils aient réellement restreintle territoire liabi- table. Des débris de la faune quaternaire,
contemporaine de I'honrme,ont été
retrouvés nombreuxen
Roumanie.L'ours
des* *
47 rg BULrlTrNUr, SOCrE'IÀTIÏ DE ScllNll'li
cavernes en particulier a laissé
des
squelettes abondants dans lesgrottes
des Carpathes..
Mr
Mrazecet Mr. Munteanu-Murgoci en ont retrouvé' Jt.t
ai
mis aujour nloi-mèmeen t899,
proche dela
sourcedela lalo-
nitza.11 est tout àfait
désirabl: que des recherches systématiques clansla
couche paléolithique soienL entreprises surterritoire fou-
urain., I1est plus
désirable erlcore quetout
cequi pourrait
ôtrb recueilli soit conservé et rassen-rblé.*t(*-
Si
l'homme
dela période
paléolithique, dansla
Roumanie, esteucore
entouré, dtobscurité,
on. commenceà mieux
connaître T'homme néolithique. Celui-cia
laissé certainementdes
quantités de preuves deson
existence. La.découverte c{e stations néolithi- ques dansla
Péninsule desBalkanl sont déjà
nômbreuses; elles sont mêmefort
importantes.La
Bosnie-Herzégovine,la
Serbie,fAlbanie, la Bulgarie
ont.livré des
documentsde haute valerr.
Parmi les découvertes faites en ltoumanie,
il
faut citer celles de la station de Cucuteni en Moldavie {), qui.ont mis au jour, non seuletttentune quantité d'objets de toutes
espèces,mais
encore quelques squelettes actuellement dép^osés dans le vestibrrle de l'université cleJassy.
Malheureusement
une partie des objets ont été
dispersés.Il
r\îste encore unebelle collection en nains
cleMr. le
professeur Bufureanoà
Jassy.Il faudrait pouvoir la conserver au
paysroumain.
lSi les objets néolithiques
nous
permettent d'établir des compa- raisons avec ceux découverts dans les régions in-rmécliatementvoi-
sines et d'essayer ainsi de se rendre compte des rapportsqtripour- raient
exister entre ces régions, à ces époques lointaines,notls
ne somnres pas avancés en ce qr.ri concerne letype
physique clespo- pulations
primitives.Là
c'est àpeu
prèsla nuit
complàte. Cette ôbscurité provient;en
partie, de ceque
certainesgens,
pressécs't; Eturliée en prernier lieu par M, Beldiceano, Diamandi, Staliotz 1trélrisloriqire de Coucou- teni [1][olia.aie/. 8u11. soc. Anthrop., I'aris I889 1 \clenNotruelles idoles de Coucoulenir'I]III.
Soc. Anthrop. Paris t89o.
Gn. C. Buqunu tuu, Ilasele preislori;e rle la Cucuteni, Aioc. rom. pent. îlaiutarea pi réspân- rlirea sciinfelor. Congresul cle la laçi, r9oz.
BULETINUL SOCIETÀTIÏ DE SCIINTE tt15
de recueillir des mobiliers funéraires,
ont
disperséavec'n
déplo- rable sansgêne
les squelettesqui
pouvaient, leur tomber sous la main.cependant il
nefaut pas oublier que
ces documents sontles
seulsqui
puissentêtre
consultésavec
certitudepour
ritablir l'éthnogénie d'un pays.Nous
avonsétudié les
ossements provenant dela
station decoucoutenil).Ils
se composent, malheureusement, d'un petit nombre depièces:
cinq crânes oudébris de
crâneset
quelques os longs des bras et cles jambes. Toutes ces pièces n'étaient pas mesurables.Elles
ont
montréla
présenced'un individu
dolichocéphale, de deux individus mésocéphales etd'un
indiviclu sousbrachycéphale.La
taille, reconstituée à l'aide des os longs, s'échelonnait, selon les divers osde r*,6o à r*,83.
Maisil nous est
impossiblede
clireque
telle
formede
crâne marchede
pairavec telle taille,
car les squelettesont été
mélangés.Et
voilà,à notre
connaissance,les
seuls renseignements que nous possédions surles
plus lointains ancêtres, actuellement dé- couverts, des Roumains. I1 faut avouer que c'est peu. cette pénu-rie
de documentsdoit
êtreun
excitantpour
activer les recherches.Il y
a 1à un trèsbel effort à
accomplir.ll assureraà
celuiqui
s,ylivrera une
récornpense certaine à sontravail.
Dans tous les cas,il
est impossible à i'aide d'une si petite quantité de restes squelet-tiques
d'essayer, mênretimidement, une reconstitution du
type néolithique, et à plus forte raison une comparaison avec les carac- tères anatomiques des populations humaines contemporaines.***
La
Roumanie ne semblepas
posséderdes
monuments méga- lithiques analogues à ceux Quiont été
rencontrés dans beaucoup de régions en Europeet
dansI'Afrique du nord.
Pendant notre séjour dansle
pays, on nous avait signalé I'existenced'un
dolmen surle Verfu-cu-Dor
(Vallée dela
Prahova)s)et
d'unetable dol-
ménique dansla
vallée del'Oltu.
Dc cctte dernière nous ne savonsr) Euctina PITTÀRD. Ossements hunzains ,tëoliilti?aes découoerls à Coucoztteni et déy'osés à
/'Unizersilé cle /assy.8u11. Soc. cles,Sciences, Bucârest r9o3,
2) EucÈr.rE Pnrlno. Le prélentlu dohnen de Vêrfa-ca-Dor. Bulletin de la Société des Scien- ces. Bucarest, r9oz,
&76 BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE
rien. Quant au prétendu dolmen de Verfu-cu-l)or nous
avons montré que cen'est
qu'un simple phénomène d'érosion.Cette absence de monuments mégalithiques est curieuse
si
l'on se rappellele type
physiquede la population
roumaine qui, par beaucoup de ses caractères,se rapporte au type dit
celtique ouCelte-Alpin. Il
serait du plus hautintérêt
de continuer les recher- ches. Nous avons vu aussi des photoeraphies de signes rupestres, dont l'époque nousa
pâru indéterminable.Il
vaudraitla
peine de les examiner soigneusement.***
Avant
de quitter ce paragrapherelatif
auxpopulations
préhis- toriques, nous voulons dire encore quelques mots d'une découverte faiteen
r 9oo à Constantzat) au moment de la construction
dujardin
public. Les ouvriersmirent au jour,
sousun
tumulus, une construction de pierre, renfermantun
assezg'rand nombre
d'os- sements..Beaucoup d'entre eux furent complètement perdus. Heu- rerrsement que erâ.ce à f intelligenteinitiative
deMr. le
professeurIstrati,
à ce moment ministre de I'instruction publique, deux ou trois crânes, sauvés du pillagepar Mr.
IJanesco,alors maire de
Con- stantza) furent étudiés. Ces crânes sont d'un réel intérêt.Leur
date est impossible àfixer
exactement, caril
est possible que desfouil-
les aienteu lieu
antérieurementà la
découverte que nous avons rappelée.Ces crânes étaient déformés artitciellement par une double con-
striction inio-frontale
etinio-bregmatique. Cest
ce qu'on appellela
déformation macrocéphaliqueI3roca, après von Baer
et
d'autres, avait essayé d'expliquer, par les découvertes de crânes macrocéphales, l'émigration des peuples cinrmériens décritspar
Hippocrate, qui indique mêmela
défornra-tion
de leurs crânes et les procédés employés poury
arriver.Les peuples cimmériens
dont
Hérodotefournit
à peu prèsI'ha- bitat
géographique, auraient été attaqués en 63r avant
J. C. par les Scythes nomadeset
obligésd'émigrer.
Unepartie
d'entre eux t; Dr. C. I. Isrnlu. Sar les crâ.nes trouztés à Conslanlsa (I{ustendjé), Dobrodja. Bulletin rle la Société des Sciences. Bucarest, r9oI.EucrlNn Ptrtlnn. Nole sur deur crânes macrocéy'hales lroz.taés dans an htnuhts à l(usleudjé
( D o ôro,lja). Mêrne bulletin.
BULETTNUT. SûCrETÂTII DE.SCnNTE 4t I
s'avança vers
le
Caucase, tandis que I'autre sedirigea
versl'occi-
dent. Ce seraient ces derniers qu'on retrouva plus tard sous le nom de Cimbres, près des bords dela
Baltique,,sous le nom de Kymris, dansle
pays' de Galles et en .Angleterre.'Le lieu où se serait effec- tuée Ia séparation des deux grandes bandes cimmériennes aur:ait étéle
fleuve Tyras,le
Dnieper actuel.' Pour retrouver le chemin suivi
par
les cimmériensde la migra- tion
occidentale, Broca avait rassemblé toutesles
découvertes clecrânes macrocéphales, puisqu'en rapprochant
'le récit
d'Hérodote et les observations d'Hippocrate, les peuples cirTrmériensd'Héro*
clote étaient les mêmes que ceux qui avaient
la
coutume de défor- rnerla
tète de leurs enfants. La route de leur migration devait ôtre jalonnée par leurs séptrltures.Mais depr.ris
la théorie
expriméepar
f illustre anthropologiste, cl'autres découvertesont été
faites, notammenten
Russie. Elles paraissent clémontrer quela
coutume de déformer les crânesa
clû ètre ,épandue'depuislls
temps les plus anciens, en place.Et
cette couturne s'est continrrée dans les siècles subséquents. Anoutchine pense qr-rela
majeure partie des crânes déformès, tronvéstant
enI{ussie que dans I'Europe
occidentale,doit être rapportée
attxII"-VII"
siècles aprèsj.
C,Quoi
qt/il
en soit, les crânes délormés dont nous avons fait l'étucle montrent que les Macrocéphales-
entant
de groupe ethnique (siceh-ri-ci existe)
-
avaient passéle
l)anube au Sucl des enrbouchtt- res de ce fleuve.Ils
s'étaient probablemeutfort
répanclus clatrs laI'éninsule balkanique
.***
Les observations anthropoloeiques faites jr"rsqu'à nos
jours
strrla
population actuellede la
Roumanicsont rares. Ift encorc
neconcernent-elles pas clirectement les habita.nts du ioyaume mème l).
r) L lJrtrrun. L'lntliæ cé2hatiçue en liu.rsl,e. Ass. franc. ponr I'avanc. tles sciences, r899 01 ttouve cependant clans la littérature anthropologique quelques petites notes. r\insi Obé.
denare, ?rêsentàtion de gztelques crânes routttains' Bull. Soc. tl'Anthrop. Itaris, r874.
,Dans le clictionnaire encyclopécticlue cles sciences médicales, I'article ltoumains a été éprit prir Obétlelale, Il donne la rlescriptiori de tieux crânes Louriains prdhistoriques mesurés'pr.r 'I'opinatl. Inclices céphaliques: Zo.3I et 7532, Ce sont les crânes <lont iI s'agit ci-tlessus.
(l'Ésentation, etc.), Ces cleux crânes rlonc préhistoriques étaielt clolicliocéphales.
IL faut elcâre signaler ric.ns nn clornaine ànthropologique rn petl spéciaI les pnblications rle notr.e arni I{r. le Dr. M. Ivlinovici sur I'anthropologie cri:ninelle, (/lentotVuersslalisliçztes rel1trues à l'crnlhrofologi.e du crininel ((1. Ii.. Congrès anth. crirninelle, (iénève t896. L1' tt//tt'o' y'ologit crirttinelle et ld leulofisal)iliti, f'^ris, r898, elc'; aiusi tlue le'uréuroire tle Nlt' N' Mino-
vici, /es Z-alouages en llottrttuzie, Arcli, tles scietrces rnétlicales, r899.
478 BULETTNIJL SOCIDTÀTil DE SCIINTE
Les documents que
Mr.
Deniker a pu rassembler dans sonimpor-
tante publication: f indice céphalique en Europe, serapportent
aux Roumains de Bulgarieet d'Autriche-Hongrie.
En r869, Weisbacht)
a publié une étude surla
forme du crâne chez les Roumains de Transylvanie;La
sériequ'il avait
examinée se conposait principalementrle
crâ.nes,provenantde
solcla,ts dezo
à
3o ans, originaires dela région
sud des Siebenbûrgeh.En r888,
Himmel2) a mesurézoo
soldats roumainsdé.Iluko-
vine.En r89r,
lJassanovitcha
donné les résultats de sesrmesuressur ro6
Roumains émigrés dansla Bulgarie
nord-occidentale attcommencenrent du
XlX" siècle. i
:En
r 9o2 r,ous'avons commencé la publication cle nos rechctchcs sur I'anthropologie dela
Roumanies).Nous
rappellerons simplc-1; Wersna.ctr, Die Sthddelfotln der l?unt'dnerz, Wien, r869.
e) Iltuuct, I(ôrpernessutzgcqz ip dgr Bu/eoaina, Mitth. ?\utlir. Gcsells, trV.ie:r r.8ES, Voir ltc-
v rre d'Alfhropologie, r 889.
J) (:'est clans IlL l)olrrorlja clrre norrs avons recuei[[i lr plus grrnde p:rrtie tle ttos tnrtérilttx.
l,a l)ol;rotlja est un cloruaiue.palticulièrernent précieux pour l'ethnologiste. Les:(Lades)) nombreuses qrri s'y pressent en font çomule urle sorte cle mosaique ethnique. l{ournaius, Jirrl- gares, 1'urcs,'latars, l{u.sses,-A1lernanc1s, ule 1:artie cles Tziganes y vivent séclcutailes. Albtnais, I(urcles, Arrnéniens, Lazesl Serbes, d'antres enoore! y habitent spoladiquernent ou ternpor'aile- rrreut. C'est une (terre promise, pour I'anthropologiste qui ne craiut pas la vie un peu clule.
En oompagnie cle rna l.ernme, j'ai fait clals le pays trois séjouls prolongés (l9or, I9oz,
r9o3). En r89g cléjà j'avais jeté les bases cle mon tiavail par un plemi'èr voyage. Notts avons parcoûrn la Dobroclja dals tous les sens, visitant un très grauri nombre <le villages et. ha- rneaux apparteuant à toutes les comrnnnautés ethniqtes, La besogne était vraiment lourcle clans
bieu rles circonstances, surtout par I'obligation de ttavailIer: pentlant les rnois les phis clrauds.
Nlais le résnltat est particulièrernent satisfaisant. Nous avons rdppoîté cle uos cluatre r:attrpa- gnes une quântité consiclérable de clocnments. Ils jefteront certainement une lumière tlaus l-e chros des gronpes hurnrirrs européens.
Ajorrtous que jamais nous u'nurions pri entreprendre cette tâche si uotts n'aviotrs poisétltl le haut appui de Mr. le ministre de I'instruction publique de l{oumarie, que qous telols l\
remerciet encore très vivement,
Les publications qui orrt suivi nos diverses campâgnes sorrt les suivantes (ett lrissrrrt rlc côté celles concernant les Roumains clout il sera parlé plns tarù): Contriltùlion à l'dillltrû1to- /ogie rles I(urrles de Dobrottja'çrgoz1 ; Conlriltalion à t'antht'4bologie des 7-sigapeq tlils Lotr ttnins (rgoz); Conlril,ution à t'ilude anthrol)ologiçue des Albanais (rgoz); Contribuiiou à t'ètude &nlhio?ologiquè ,ies Tsiganes lut'coilt(tns (rgo2); Coùribulion à l'é/uJe ail/hr'y'à'là' giçue des Grccs de Doôro,lja (tgo2); Un cas curieut de dépigtirbntal1gV no*.cotzgénilttle;clrer
une ifeume lsigune, L'Authropologie, Paris ( I9o3) ; Les Slto1)tzy, ntodif icttlions tttzlb'roi otué-
/riques aptrlorlées P&r la raslntlion (I9o3); Contribation à l'ë/u,le anlhroy'ologigue les 7'sigu-
nesbulgares(I9o3); Conlributionà/'étuJeaniltro/ologiçuedesT'sigtttzesl.tldrs(r9o4\..'l'ots ces travaux onf pâru dars le Bulletin tle Ia Sodélé des sciences ,te lJucareii, avec cles résurirés rlans les nlqtles-rendu.s tle l'Attulétnie des sdences, ttutrts l'Atzlhro1!olog'it cle l'atisr:le /)illelil
de Ia \'ocié/é d'An/hro/ologia tle Lyol, etc. : : '
BULETINUL SOCIETÀTII DA SCIINTE t!79
ment en.notes les travaux que nous avons mis au
jour
jusqu'àpré-
sent.Ils
ne représentent qu'une très petitepartie
dece
que nous espérons démontrer. Car nous possédons encore par devant nous une quantité considérable de matériaux. Maisleur
mise en mouve- ment nécessitera beaucoup de temps et cen'est que d'ici à
quel- ques années que nous pourrons présenterle résultat complet
de notre tâche.Pourtant si peu avancé que
nous
soyons,nous
pouvons déjàlournir
des faits qui jusqu'alors n'avaientpas été
exprimés. Nous pouvons tenter? pour quelques groupes ethniques, de faire l'esquisse de leurs caractères anthropologiques.Mais (et
il
est nécessaire d'insister) ce nesont
encoreque
desesquisses s'adressant à de vastes régions géographiques. L'enquête minutieuse) non par
districts (qui sont des
divisions convention- nelles), mais par régions naturelles (selon les vallées par exemple) qui serait si intéressante n'est, pas commencée. Les caractèresmor-
phologiquesqui
peuventêtre
exprimésaujourd'hui n'ont que
la valeur de notions générales, de moyennes.Les
signalements descriptifsqu'il s'agit de relever dans
un groupe humain sont nombreux. Quelques-uns d?entre eux, cepen- dant sont considérés comme lesprincipaux.
Parmi eux lataille
eta
forme de l'ovoïde cranien sont àretenir
en premier lieu.Il
existe déjà quelques documentsrelatifs
àla
taille 1). Malheu- reusement les chiffres fournissont
empruntés aux moyennes des tableaux statistiques du recrutementmilitaire. Or, la taille
desre-
crues.ne représente pas la
taille
moyenne dela population
mâle d'un pays. Ces jeunes hommesde r9-2o ans n'ont pas
achevé leur croissance. Pour certaines régions du royaumer la Dobrodja, par exemple, ces chiffres représentent avecles tailles des
Roumains celles d'autres groupes ethniques: Bulgares, Turcs, Tatars,Tsiganes etc., qui depuis l'annexion sont devenus citoyens roumains. Comme tels ils sont appelés au service militaire. Au surplus il n'y a pas que dans la Dobrodja que l'on rencontre ces populations étrangères.Dans1; M, Ie I)octeur FÉux a publié cle nourbreux rapports annuels sur l'examen des recrues où
il existe une foule de renseignemeuts intéressants a retenir. II va sans dire que la stature cles recrues est intliqnée,
1,80 BUT,ETTNTJL SôCrE'r'Àîll DÉ SCIINTI
les districts de
la
Valachie du Sud, proche du Danube,il
existe des nombreux Bulgares politiquement roumanisés.D'autre part,
les chiffres exprimés lc sont par districts. Nous ve- nons de dire que ce sontlà
des divisions purement conventionnel-les,
qui en permettent pas de saisirles
détails de certains carac- tères. Plusieurs districts comprennent à la fois des régions de mon- tagnes et desrégions de plaines. Or chacun se rend compte que cesdeux facteurs géographiques correspondent
à
desconditions
depeuplement
et
devie tout
différents.Aux
périodes historiques on sait que les grandes plaines danubiennes ont été bien plus facilement envahies et traversées dans les cleux sens que les vallées reculéesdes
Carpathes.Les
historiens roumains s'accordent à considérer ces dernières comme le réluge des anciennes populations roumaines a.ux,moments des invasions. Ces populationsont
donc du se con- server plus pures,ethniquement, que celles qui habitent les terrasses inferieures et les plaines.La taille doit
être étudiéepar réeions
naturelles,par
vallées, cle même que cet autfe caractèredescriptif
importantpour la ré- partition
des groupes humains: I'indice céphalique.On
saitla
persistance héréditaire de la forme du crâne.On
sait le,peu cle variations que présente cc caractère. C'est ce qui h"ri fait accorder tant d'importance en ethnologie. Or nous sommes encorefort
ignorants de ce qu'estla
formedu
crâne en Roumaniepro-
prement dite.En
ce qui nous touche personnellement, nous n'avons pu donner que des résultats partiels denos
recherches.Ils
concernent deux séries detrente
crânes chacune et l'examende
r9o individus vi-
vants {).La
première série comprendtrente crânes
provenantdu
mo- nastère de Cocosu dans le sud dela
Dobrodja, proche du Danube, entre Isaceaet Macin.
Ce,monastèredate
du commencement duXIX-ème
siècle.Les
crânes quellous
avons étudiés provenaient,r)'EuGÈNE Prtrlnn. Êtude de 3o crânes rourtairus proaenant du monaslère de Cocostt (Do- brodja) (tgoz), l*ote cle 3o crânes rountains ?roaennnl tte Moldauie (I9o3). Tous Ies deux cians le Bulletin de 1a Soc. des Sciences de Bucarest, avec résumé dans laRevue de l'Ecole d'Anthropologie de.Paris . Contriltaliotz à l'élurte atzthrol5ologitTue'des Routn'aitzs du royaunre,
Bull, Soc. cles Sc. Bucarest et 1'Althropoiogie, Paris, r9o3.
o
BIJLETINIJL SOCIETÀTII DE SCIINTE &8.r
nous a-t-on affirmé, des anciens moines,
tous
venusde Transyl-
vanie.
T.a seconde série se compose aussi de trente crânes. Ils provien- nent de
l'Institut
anatomique delassy.
Nous avonspu les
exa- miner grâceàl'obliseance
deMr.
Peride, directeur de cet institut.Ces crânes
ont
appartenu à des Moldaves,surtout
a des paysans, à des individus morts àl'hôpital
voisin.Sans entrer dans d'autres dêtails, nous constatons que les formes dolichocéphales sont représentées à Cocosu dans
ia proportion
dez3tlnet dans
les crânes moldaves dansla proportion de
6r70f n.I)'autre part,
les formes brachycéphales(et
sous-brachycéphales) représentent à Cocosule 6z180fe de lasérie-les
crânes moldaves enont
7 6.f o lo.Une
sériede
r 9o Roumains vivants, provenant de diversesré-
gions du royaume, mais étudiés principalement dans la Dobrodja, nousont
donné comme indice céphalique moyen Bz.gz.pour
être comparable à l'indice calculé sur le crâne ce chiffredoit
être réduit de deux unités et ramené a8o.gz, Cettegrande sérieest composée entièrementpar
des valaques. sommes-nous autorisés àdire
que les Moldaves (ind. Sz.gg) sont plus brachycéphales queles Vala-
ques ? Nous croyons qu'il serait téméraire d'imprimer une telle
af-
firmation. Mais ce qui résulte biendes
chiffres exposés ci-dessus, c'est quela
grande majorité du peuple roumain possèdeun
crâne sous-brachycéphale ou brachycéphale. Les crânes dolichocéphales sont enpetit
nombre. c'est là unfait
nouveau quel'on
ne connais- sait pas avant les études que nous venons de résumer t).Mais c'est un fait incomplet. Il faudrait pour pouvoir émettre une conclusion définitive,
opérer
sur de très grandes séries.Nous
de- l) Ce que l'on savait de l'inclice céphalique des Roumains concernait des Roumains vivant en dehors du Royaumè Voici les séries précédemment éturliées et mentionnées par Mr. l)e1iker.' Indice cêphalique
ro8 Roumains de Bulgarie (Bassanovltch) . 77.s
zoo Soldats rotmains de Hongrie (Himmel) . g6.l
z6 Roumains de Transylvanie (Weisbach) . g7.z
4o crânes roumains (Weisbach) , gz,4 (viv. g+.+)
Il faut y ajoufer l'6tude d'ate série de din huit crâsres ualatTuc.r par Mr. tle Tôrôk (Bull. Soc.
Ànthrop. Paris, r88r), Tous ces crâues, sauf trn' sont sous-brachycéphales et brachyoéphales.
L'indice céphalique moyen des hommes est 84.89; celui des femmes g&.g7.rrs7agit ici de va- laques de'l'ransylvanie,
&a2 BULETINIJL SOCTETÀTIÏ DE SCIINTE
vons donc appeler de tous nos voeux uue extension systématique de cette recherche avec les résultats groupés géographiquement.ll va sans
dire
que les Rounrains transdanobiens,les Transylvaniens, les Macédo-Valaquesl ne devraient pas ètre oubliés.Mais l'étude du crâne ne se borne pas à ce caractère.
Il
y en a d'au- tres qui devraient ètre mis en lumière. Certaines lois de corrélation anatomique peuventn'être pas
identiquesdans
tousles
groupes humains.Nous
ne savolls pt'esquerien de la
capacité crânienne cles Roumains,par
exemple.Les
séries que nousavons
publiéeset
dans lesquellesce
caractère estétudié,
sonttrop
petites pour qu'une conclusion puisse être formulée. Nous avons essayé de cort'--parer
la
capacité crânienne detrente
crânes de Moldaveset
de trente crânes cle Valaqus. Les premiers nousont fourni le
chiffrede r.610
cent. cubesl les secondesde r.56I
c. c. Est-ce à dire que les Moldaves ont un plus grand crâne et une plub grande capacité crânienne que les Valaques ? Nous nele
pensons pas ? Des sériesplus importantes
numériquement renverseraientpeut-être
cetteotmÏ;î
rapport
dela
capacité crânienne à la tailleil
nous est totalement inconnu pourle
moment.Nous ne savons rien non plus du
rythme
de croissance du crâne suivantl'âge et
suivant le sexeen fonction
dela taille. Et
nous n'abordonslà
que quelques points.En
mème temps quele
crâne,la
facedoit
être étudiée.Le pro-
fesseur
Kollmann
de Bâlea
classé les faces en deux groupesprin-
cipaux suivant qu'elles sont hautes et étroites, ou courtes et largcs.Cette classification est basée sur le
rapport
du diamètre transversal maximum au diamètrervertical (indice facial).Le premier
groupe est constituépar
les crânes leptoprosopes (indice dépassant 50) ;le second par les crânes chamaeprosopes. Nous ne connaissons pas en Roumanie
la répartition
de I'unet
de l'autre groupe.I)ans un
travail basé
sur l''examende
la populationvivante, il norls a
semblé queles
facescourtes
etlarges
(chamaeprosopes) sont plus souvant associées, chez les Roumains, à des crânesbra-
chycéphales.
I]ULETINUL SOCIETATII DE SCIINTÛ 4.83
A
côté de ces généraux caractàres de la fàce se place, comme fac- teur important déterminant un groupe ethnique, l'indice nasal.c'est lerapport
de la largeur à la longueur de l'ouverture nasale. Lesin-
dividus dont I'ouverture nasale est étroite et allongée sont ditslepto-
rhiniens, ceux, qui au contraire, possèdent.une ouverture nasale large et courte sont platyrhiniens. Entre deux se placent les mesorhiniens.Nous ne savons pas encore en Roumanie
la répartition
de ce carac- tère. Dans un étude sur r 90 Roumains provenant cle diverses parties du royaun-reno's
avons trouvé le classement suivant : leptorrriniens 580/oi mesorhiniens 36.80/o; platyrhiniens 50/0. Mais cespropor-
tions ne sont l'expression que d'unpetit
nombred'individus.
Rienne prouve que ce soit l'image réelle de ce caractère.
Pour ce qui concerne les autres caractères somatoiogiques ou os- téologiques nous sommes encore bien plus ignorants. Norrs ne con- naissons encore
rien
des modi(rcations physiologiques possibles enrapport
avec des genres de vie différents. chacun devine cependantqu'il y
a, dans ce domaine, des caractères nombreux à reconnaltre et à interpréter. Je n'en citerai que deux outrois
se rapportant aux principaux os de lajambe:
le fémur et le tibia.on
appelle platymérieun
aplatissement du tiers supérieurde
la diaphyse du fémur. Quand laplatyrnérie
esttrès
fortele bord in-
terne dela
diaphyse est presque tranchant.ce
caractèreétait
as- sez commun chez les populations préhistoriques; il semble marcher depair
avec uné modification dutibia
dont nous allons parler dans un instant.La
platymérie n'est pasun
caractère de raceI
c,est uncaractère individuellement acquis lié probablement à un effort mus- culaire
plus
puissant dansla
marchà enflexion.
Nousne
savons encorerien
de la platymérie non plus que du degréde
fréquence du troisième trochanter, cette protubérance qui existe le long de la branche de bifurôation quela
ligne âpre envoieau
grand trochan-ter
et qui sert àl'insertion
du musclegrand
fessier.Et pourtant, pour l'interprétation de ces deux caractères, la Rou- manie fournit un champ d'observation qui ne nlanque pas d'intérêt.
Les populations des carpathes, obligées de marcher sur de, pentes et souvent avec les
': opintches u cui n'ayant pas des talons obligent le pied à prendre une position plus oblique doivent façonner leurs os des jambes autrement que celles qui marchent sur