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Quelques désidérata de l'anthropologie en Roumanie

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Reference

Quelques désidérata de l'anthropologie en Roumanie

PITTARD, Eugène

PITTARD, Eugène. Quelques désidérata de l'anthropologie en Roumanie. Bulletin de la Société des sciences de Bucarest-Roumanie, 1905, vol. 13, no. 5-6, p. 466-485

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109201

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1 / 1

(2)

BI]LLETIT{

DE LA

SOOIIjÏT DTS S(]IEl\t[ES

BTJCAREST-_ROUMANIE

SPLAIUL GENERAL MAGHERU, 2

AlI. XIII,

No,

5

pi 6

OUETOUES DÉSIDÉRÀTÀ DE I'ANTIROPOIOffIE EN ROUMANIE

PAR

LE

])T.

EI]GÈNE PI:rîARD

pnrvar-DocENT À r.ittNlvERsrrÉ DE eENÈv.E

BUCAREST

TMPRIMERIE DE L'ÉTAT

1905

DE

(3)

CIU[I,QUES I]}]SIDIIRATA I]1I L'ANTHR[)POI,[)(}II

ItN

ROUMANIT]

PAR

LE

DT.

EUGÈNE PITTAR.D

I,I],rvaT-DocENT À L'ttNrvEnBrrÉ ne cur.rÈvn

Il

ne sera pas besoin d'insister longuement sur l'immense

inté- rêt

que présente

la

Roumanie

---

et

la

Péninsule des lJalkans

tout

entière

I

"u point

de vue anthropologique'

Malheureusement dang ce domaine, nos connaissances sont

fort

restreintes.

A

diverses époques quelques essais tirnides ont été faits

pour

nous renseigner sur les caractères descriptifs des populations cle

la

Péninsule. Mais on peut dire que,

pour

tous les pays qui sont

ar.r Sud cle

la

Save, du

Danube et

de

la chaine

carpathique, notls n'avons pas.encore

tout

ce.que nous désirons 1;.

Et pourtant

cette

région

est âppelée, certaincntent, à nous fournir des documcnts dc

la

plus hautc importance qui éclairciront peut-ètre d'un

jour

notlveatl tor"rt un champ

de

nos'connaissances en archéologie préhistorique, en anthropologie physique, en ethnologie asiatico-européenne.

Peu de régions en Europe peuvent être comparées à

la

Pénin- sule des l3alkans, au

point

de vue des facilités qu'elle olfrait à cetu qui, venant

d'Orient

ou d'Occident, l'aborclèrent

pour la

prernière fois. Elle les

offre

encore. Les deux promontoires qui sont les plus r4pprochés de

l'Asie, cclui

qui

porte Stamboul et

celui qui po.rte Gallipoli, sont comme cleux mains tendues, pfètes à donner à

l'A-

sie les masses ethniques qui étaient en

arrière d'elles,-ou

à rece-

voir

ce que, à certaines époques, les grandes réserves d'hommes clui étaient de

l'autre

côté du

bras

de

mer pouvaient lui

envoyer.

plus au sucl, ce sont les autres mains, plus grandes encore, cle la Chalcidique

et

de

la

Grèce,

la

première,

il

est

vrai,

difficilement abordable. Ces deux presqu'îles, surtout

la

Grèce,

sont

précédées

a) On co'nait cléjà

'' peu 1es Serbes-Croates (Weisbacli), les Bulgares (Bassa'ovitch, I(o'

per.uicki, '.likhornilof, etc.), les Albanais lGlirck), les (itecs, les'l-ttrcs. Mais tous les tlocrttÙents i,ul;Iiés so't insulfisants po.r 1lo's per'rettr:e t.ême une esqrrisse gé.éra1e tles oal'actères an- thr.irnlngiqrres tle ces <livels petrples.

(4)

BULETTNUL SOCTElÀTrt DE SCIINTE tç67

de irombreuses îles et îlots, jetés comme des

ponts et qui ont

été, sans doute, des étapes sur les routes des migrations dans les deux

sens.

V"ers

le

sud, vers

la terre

d'Afrique,

la

grande île de Crete rem-

plit le

même rôle.

sur

le

littoral

de

la

mer

Égée, la

Péninsule ouvre quelques var- lées:

le

Vardar,

la

Maritza, oue les peuples navigateurs ont facile- ment rencontrées. D'autre

part,

sa

position

à

l'ouest de la

mer

Pontique

et

la

possession

d'une porrion

corisidérable du

littôral marin lui

assuraient aussi le peuplement

par les

migrateurs qui gardaient

le

contact de

la

côte

pour

ne point s'égarer, tels certains groupes tatars.

Enfin, au

n'rd, la

grande vallée du Danube établit à son tour le contact entre

l'orient et

I'occident.

ceux

qui sont arrivés

pour

la

première

fois

sur

ses

bords, dans la partie inférieure

du fleuve, qu'ils vinssent des steppes slaves

ou des

plaines thraciques,

vo-

yaient devant

eux,

de l'autre

côté

des

eaux

grises, se dérouier à

l'infini

les vagues de terre, les pays à conquérir ou à habiter.

Dès que l'histoire éclaire les contrées balkaniques, elle nous les montre assaillies de tous côtés par les hommes. Pendant des siècles,

il

semble que la

rive

gauche du Danube est continuellement battue par les flots des barbares qui viennent de

l'est

et du nord.

Le fra-

cas de leurs hordes en marche domine tous les premiers temps his- toriques.

Il

en vient aussi par

la

mer.

On dirait

que

l'Asie

s,est donné la tâche d'escalader l'Europe. Des masses d'hommes, toujours renou- velées, s'acharnent à

conquérir

ce

coin

de

terre,

comme si aucun autre

n'était

plus.désirable.

Ils y

laissent

leur sang

par ruisseaux et de telles quantités d'ossements que

la terre,

déjà

propice

aux cultures,

y

devient si

fertile

qu'on pourra

lui

demander de nourrir une partie de l'Occident.

***

Peut-être

la

Péninsule des Balkans

a-t-elle été

occupée

primi-

tivement

par

des hom'res qui ne venaient

point

d'Asie.

ie

,mirage

orientalu fournit

des explications

trop

faciles, et depuis quelques années on est revenu des anciennes hypothèses. Malheureusement

(5)

468 BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE

les documents préhistoriques que

l'on

possède sur la Péninsule sont enc.rre peu

nombreux. Et

les déductions

qu'on en pourrait tirer

sont

trop fragiles. Pourtant

clans ces dernières années, des dé- couvertes importantes

ont

été

faites. Mais elles

sont sporadiques en

Albanie,

en Macédoine, en Bulgarie, en

Rou'ranie, etc.

Elles peuvent permettre des généralisations, mais elles demandent a être augrnentées.

Plusieurs

d'cntrc

clles sont

d'un

haut

i'tér'êt. Il nous sullira

tle citer les beaux résultats

obtenus par les

missions scientifiques de

la

Bosnie-Herzégovine et qui sont, presque tous, exposés dans les vitrines clu Musée cle serajévo

I

les fouilles de Cucuteni en

Molda-

vie, et

il y

a peu de temps, celles de Jablanica

en

Serbie.

Cette station de Jablanica

l),

étucliée en r goo

par

Mr. le c{octeur

Miloje

Vassits,

a

fourni une quantité considérable d'objets proye-

nant

de

la

période

néolithiq'e,

parmi lesquels de nombreux vases, trépieds,

figurines, etc..

Jablanica

a dû être

habitée

pendant

de longs siècles. T,es premières

traces

de

civilisation

étant

à

o,5o au dessous du sol, on

trouve

encore jusqu'à une

profondeur de z

m.

5o

des foyers superposés. Jablanica est unestationpurement néo- lithique, sans trace de métal. Parmi les objets recueillis, il faut men- tionner spécialement un nombre considérable

(83)

de statuettes en

terre

cuite.

La

station représentant

un

ancien village, chaque fond de cabane a

fourni

sa

statuette,

ce qui

montre qu'elles

faisaient

partie

intégrante du mobilier primitif. Ces statuettes, toujours fémi- nines, sont bien connues depuis les

fouilles

de Schliemann. Elles présentent l'aspect d'unc tôtc d'oiscau (statuettes à tête de Chouette).

Les quelques tumulus thraces fouillés jusqu'à présent en

ont

mon-

tré

de nombreux exemplaires, enparticulierCoucouteni.

La

station néolithique de Butmir en Bosnie en

a

également fourni.

L'importance de

ces découvertes

n'a pas

besoin d'ètre

long-

temps discutée. Ainsi que le remarque judicieusement

Mr.

Salomon Reinach, quand on

parlait, il y

a

trente ans de l'âge

néolithique,

il n'était

guère question que des ateliers de taille,

des

monuments mégalithiques et des

stations

lacustres

de l'Europc

occidcntalc.

Voici

que, maintenant,

l'Europe

orientale se

révèle

comme ayant

t) La stalion ?tëoliiltique rle /ablanica (Serttie) par Mr. Salomon Reinach. L'Anthropologie, Paris, r9or.

(6)

BUr,rÏNrrL socrEîÀTll DE scllNTlc 469

eu,

ellg

aussi,

et

vraisemblablernent en

giand

uombre, ses foyers de civilisation néolithique.

La

station de Jablanica,

écrit Mr. S.

Reinach

avec Mr.

Vassits, est un nouvel ann3ar-r de

la

chaîne qui relie la Bosnie à la Troade et à

la Phrygie d'une part

et, de I'autre, à

la Hongrie et

à

la

Russit:

du sud-ouest (gouvernement de

Kiew) 1).

:

A

l'époqi.re néolithique, nous constatons dans cette vaste région une mème civilisation prinritive, caractérisée pal'

des

statuettes et cles vases de formes et de

travail

presque

identiques. Les

diffé- rences secondaires qu'on relève d'une station à I'autre <<sont le

ré-

sultat naturel clu développement cles inclustries locales

et

suffiseut à faire rejeter I'hypothèse dlun ccntre unique

de

fabrication

et

cle

diffusion >

'

j,<

On a admis penclant longtemps-beaucoup I'admettent

encore-

que

la

Péninsule cles Ball<arts

n'avait

été, en quelque sorte, que la première étape des populations venues d'Asie pour coloni,ser notre

terre d'Europe. On

commence à démontrer que cette idée a fait son temps

2).

Jusqu'alors

toute la civilisation primitive: instru-

ments cle chasse et de guerre, poteries, tombeaux, ornementations, étaient des produits de

I'Orient,

importés des

environs

immédiats

r) C'est surtout clals la Russie tln sud que ces cléconvertes ont été lombteLrses, Pmrni leurs ftuteurs, on peut citer MM. Przybyslawski et Dernetrykiewicz qui ont fonillé beaucoup cle tn- niulus (lioulganes). On a rernarqué à I-Iorodnica.et dans les environs la coexistence ile poteries peintes et cl'iustruments primitifs en pierre. Cela a fait supposer que ces procluits de civilisa-

tiol supérieure (les poteries peintes) avaient ét6 introduits rlans ces régions iudépelrlamrrrent rle toute transformation générale de I'inclustrie ile ce pays, sans transition, saus <faire époque,, La thèse sontenrle par Nir, Salornon Reinach est contraire à cette supposition.

2) S,r.t.onou Rutxacu Le utiroge orien/nl. L'Anthroy'ologie, Paris, r893.

A propos de ces svastikas, Mr. ReiLrach mentiolne I'opinion tle Mr. Goblet d'Alviella, ciu'il déclare partager entièrement: <II est incontestable que la croix gamruée figure parrni les or- nernents géométriques de certaine poterie qualifiée de X1élasgitTur, parce qu'elle se retrouve à

l'âge du broûze ou au premier âge du fel chez tous les peuples aryens clepnis i'Asie mineure jusqu'au borrl tle I'Attantique.., Nous savons que les 1'royens étaient origiuaires tle h 'l'hrace.

D'autre part, une traclition fort plausible vetrt que 1es ancêtres ou les ptédécessenrs des Étms- ques et, en général, les premiers habitants conlus cle I'Italie septentrionale aient t[ébouché clans la Péninsule en venant tlu norcl-est,,. C'est tlonc clans cette région qLr'il faudrait chercher le premier foyer de 1a croix gamrnée, On cloit obselver que quancl, plus târtl, le rnonlLlyage reproduit les types et les symboles rles religions locales, les pays les plus voisins du l)lnr.rbe, la Macédoine et la Thrace figurent parmi cenx où les rnonnaies portent fréquemrnent la croix gammée et le tétrascèIe.

(7)

&70 BULD',TTNUL SOCTETATII DE. SCITNTE

de

l'Asie,

surtout de

la région

méditerranéenne

de

ce continent.

Peut-être esf-ce

le

contraire qui

a

eu lieu. Les svastikas de I'Inde,

d'Hissarlik et

de

Chypre doivent chercher leur. origine

dans la Péninsule des Balkanq en Thrace

et

non dans I'Inde

Plusieurs auteurs sont d'accord pour donner à liancienne

lhrace

une civilisation avancée. Undset écrit ceci

:

oA 1'époque homérique encore,

la

Thrace joue un bien atttre rôk:

et témoigne

rl'rrne bien plus haute civilisation qu'à

l'époque

historique. postérieure oùr elle est redevenue à moitié barbare

1;',

***

Quoi

qu'il

en soit, les découvertes

faites dans les divers

lieux

. t it

que nous avons rappelés,

nous

autorisent à croire qu'elle peuvent se poursuivre srrr toute I'étendue de Ia Péninsule.

Il est

probable

que les pays qui la composent possédèrent sinrultanénrent la même civilisation.

Ainsi les

Thraces, les Gètes, les

lllyriens,

les Scythes rirentionnés

par

les anciens historiens avaient

cléjà des

prédéces- seurs dans ces pays que traverse I'Hemus et que baigne l?Isterr des prérlécesse.urs qui s'y

trouvaient fixés 2.ooo

ans atl moins evant notre ère.

Er-rx mêmes, qui avaient-ils comme ancêtres ?

Pour

le

moment notts

n'en

savons

rien: il faudrait

fouiller mé- thodiquement les nombrertx tuttrulus qui

jalonnent

ces contrées et qui

ont

été édifiés à des époques clifférentes. Les résultats de ces fouilles

pourront

seuls nous donner cles inclications sur les super- positions humaines de

la

Péninstrle.

Nous ne savons

preslue rien, non

plus des car-actères

anthro-

pologiques cles Néolitiques orientaux.

'Irès

peu de restes squelet-

tiques sont

parvenus jusqu'à

nous. On croit

gr.re les populations primitives des

Koureanes

russes

étaient

dolichocéphales, tandis que celles qtri

ont apporté

l'indLrstrie égéenne élaient serrrble-t-il des brachycéphales.

Dans

la

Péninsule cles lJalkans

notls ne

connaissons qtte les sqr.relettes cle Crrcuteni quipuissent nous fournir cles renseignements

d'ordre

anatomique.

t; Zeitschrift lilr Ethnologie,.I883, T, XV, cité par Mr. S. l{einacli.

(8)

BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE 47.1

**

Lorsqu'il s'agit

de rechercher

les liens

de parenté

des

divers peuples;

lorsqu'il s'agit de renouer les

liens de

races

disparus dans les bouleversements

politiques-cela peut

avoir lieu pour des groupes humains formant des unités géographiquement éloignées (en l'espèce Roumains de Macédoine

et

de

l'Istrie, par

exemple), on peut s'adresser à diverses sources.

Ce sont

les comparaisons

des

caractères morphologiques, linguistiqr.res, sociologiques, qui sont

les

clefs de ces problèrnes. Les plus importants, et à l'heure actuelle personne

n'émet de

doutes à cet

égard,

sont les carac- tères morphologiques basés sur l'anatomie comparative des clivers groupe humains considérés.

La

langue,

les traditions,le

genre de vie peuvent varier. Nous en possédons

des preuves

nombreuses.

Pour tous ces caractères l'envahisseur peut même ètre absorbé par le vaincu. Les caractères morphologiques demeurent.

***

A

cet égard quel est l'état de

nos

connaissances en Roumanie ?

Il

serait difficile de I'indiquer.

Qu'a-t-on fait

en dehors des recher-

ches historiques

et

linguistiques

pour apparenter les divers ra-

meaux de

l'arbre

roumain ? Oir

sont-ils nos

documents d,anthro- pologie physiques sur les populations roumaines de Ia région trans- danubienne

de la

Bulgarie et de

la serbie et sur leurs

frères cle

(race) plus méridionaux les

Macédo-Roumains (Tsinzares ou Koutzo-Valaques) ?

Or,

en se plaçant, au

point

de vue de

la

communauté d,origine de

tous les

Roumains dissèminés,

on avouera

que de

telles re-

cherches

ne sont par

dépourvues d'intérêt.

Elles

méritent d'être encouragées, surtout si

l'on

se rappelle les discussions

de

eertains historiens magyars absolument opposés aux hypothèses de l'école daco-roumaine.

***

Actuellement

I'Anthropologie

est devenue pour

tout

esprit non

rétrograde la

base de l'histoire. Les

faits

historiques

pris

en eux- mêmes

n'ont

qulune signification incomplète si l,on

ne

passe de leur exposition à la recherche de leurs causes premières.

or

celles-

(9)

h72 BULETINUL SOCIDTÀTIÏ DE SCIINTE

ci sont souvent plus éloignées que les documents consultés. Elles

ont

des racines

lointaines

dans ce

que nous

appelons

les

races,

avec leurs propres

contingences.

A

cet égard

(nous ne

parlons

pas

ici

de

la

Roumanie)

il est

quelquelois

déplorable de voir

la pauvreté des explications fournies, les dénuement des connaissances qu'on devrait élémentairement pos séder.

Cette

base intlispensable tle

I'histoire

est en même temps celle des rcchcrehes dc sociologie

ct

dc linguistiquc.

I est pour le moins singulier qu'on étudie les

oeuvres de

l'homme, son

activité dans tous les domaines, sans s'enquérir cle

la

nature de cet être, de ses

rapports

avec

le

reste du monde

or-

ganique, des premiers stacles du développement cles sociétés hu- maines

! Il

far-rt se rappeler cette parole de Huxley

; "La

question

des questions pour l'humanité,

le

problème qui est au fond de tous

les autres

problèmes

et qui

intéresse

le plus, c'est la place

de I'homme dans la nature et ses relations vis-à-vis de I'ensemble des choseso. {)

*n*

Qu'est ce que l'histoire, si ce n'est 1'étude de l'évolution humaine dans le temps

et

dans l'espace ?

Et

alors où comrnence-t-elle ? Est ce aux Grecs ? aux Phéniciens ? aux premières dynasties

égyptien-

nes ? Est-ce

à

l'homme

du

Néanderthal, à l'homme de

Cro-Mag- non

ou à l'hypothétique

tailleur

de silex de Thenay,

ou

encore au Pithécanthropus erectus de Java ? Est-ce que

les

périodes géolo- giques dans lesquelles l'homme a vécu

sont

séparées des époques historigues datées par des monuments figurés ? et celles-ci des épo- ques où existent des rnonurnents écrits ?

La

vie actuelle de tous les peuples que peut enregistrer l'histoire est-elle différente de celle des hommes qui ont

rempli

de leurs actes les siècles précédents

I

Non, n'est ce pas

? Les jours

et les années

se

succèdent pareillement.

r) Dans tl'autres clomaines encore l'Anthropologie doit apporter le résultat de ses recherches.

l)ans les rliscussions cle péclagogie, par exemple, elle dira à cluel rnoment il y aurait lieu de ne pas charger les programmes scolaires. Elle rnontrera par les courbes c1e croissance rie la taille et clu cerveau à quel rnoment a lieu, chez les elfants, l'effolt physiologique le plus fatigant.

Elle clira que les filles et les garçons ne doivent pas être mis, au même rnoment, sur pierl d'éga- Iité péclagogique, etc., etc,. l)aus certaines discnssions brûlantes de sociologie, le féminisme entre autres, cela apportera des faits et non, comme on I'entend trop souvelt, des hypothèses aventureuses, etu.

(10)

BUr,rrTrNUr, socrETÀiFrr Ds scrrNlra 173

Notre chronologie en enregistre quelques uns. Mais avant ceux-là combien d'autres ont passé

!

Et pour quoi ceux-là seraient-ils moins intéressants ? L'humanité actuelle n'est-elle pas dans sa

vie

maté- rielle et morale

le

résultat c{e l'élaboration des forces qui

ont

con- stitué les couches humaines précédentes, depuis

la

naissance cle

celles-ci ?

L'histoire commence avec I'homme.

, Irour l'Europe les documents les

ph"rs

anciens

concernant l'homme

et à propos

desquels aucune discussion

n'est

possible appartienent au quaternaire inférieur. Ce sont des silex

taillés

dé- couverts

en

premier lieu

et en grancl

nombre dans les graviers du

nord

de la France et auxquels on donne le nom de coups de poing.

Ce

sont

des instruments grossiers. Mais peu à peu l'homme

per-

fectionne son industrie.

A

l'époque de la pierre taillée (paléolithique) snccède

la période de la

pierre polie (néolithique),

puis

celle du

bronze et enfin

celle du

fer. Inutile d'ajouter

qu'il

n'y a

pas cle

synchronisme

entre

toutes

les peuple de la terre, pas

mène entre celles de I'Europe.

**'*

La

Roumanie

est

certainement

très riche en

clocuments

pré-

historiques. Longtemps avant que les premiàres lueurs cle l'histoire apparaissent, elle recelait des groupes humains. Ces autochtones qui habitaient

les

cavernes,

les abris

sous roche, les cabanes, tlui bâtissaient des maisons

sur pilotis

aLr borcl cles lacs

et

cles'étangs flnviaux, ont laissé les preuves de

leur

présence sous

la

forme clc scpelettes

et

d'objets d'industrie.

Malheureusement jusqu'à présent ils nous sont clémeurés à peu

pr)s

inconnus. Je crois qu'on n'a signalé aucuns restes certains cle

la période

paléolithique. Irourtant, à ce moment là,

l'homme

de-

vait

parcourir

la

Péninsuie.

Les phénomines de glaciation

dans cette

partie

de I'Errrope (n-réconnus pendant longtemps)

n'ont

pas été

si

étendues qu'ils aient réellement restreint

le territoire liabi- table. Des débris de la faune quaternaire,

contemporaine de I'honrme,

ont été

retrouvés nombreux

en

Roumanie.

L'ours

des

* *

(11)

47 rg BULrlTrNUr, SOCrE'IÀTIÏ DE ScllNll'li

cavernes en particulier a laissé

des

squelettes abondants dans les

grottes

des Carpathes.

.

Mr

Mrazec

et Mr. Munteanu-Murgoci en ont retrouvé' Jt.t

ai

mis au

jour nloi-mèmeen t899,

proche de

la

source

dela lalo-

nitza.11 est tout à

fait

désirabl: que des recherches systématiques clans

la

couche paléolithique soienL entreprises sur

territoire fou-

urain., I1

est plus

désirable erlcore que

tout

ce

qui pourrait

ôtrb recueilli soit conservé et rassen-rblé.

*t(*-

Si

l'homme

de

la période

paléolithique, dans

la

Roumanie, est

eucore

entouré

, dtobscurité,

on. commence

à mieux

connaître T'homme néolithique. Celui-ci

a

laissé certainement

des

quantités de preuves de

son

existence. La.découverte c{e stations néolithi- ques dans

la

Péninsule des

Balkanl sont déjà

nômbreuses; elles sont même

fort

importantes.

La

Bosnie-Herzégovine,

la

Serbie,

fAlbanie, la Bulgarie

ont.

livré des

documents

de haute valerr.

Parmi les découvertes faites en ltoumanie,

il

faut citer celles de la station de Cucuteni en Moldavie {), qui.ont mis au jour, non seuletttent

une quantité d'objets de toutes

espèces,

mais

encore quelques squelettes actuellement dép^osés dans le vestibrrle de l'université cle

Jassy.

Malheureusement

une partie des objets ont été

dispersés.

Il

r\îste encore une

belle collection en nains

cle

Mr. le

professeur Bufureano

à

Jassy.

Il faudrait pouvoir la conserver au

pays

roumain.

l

Si les objets néolithiques

nous

permettent d'établir des compa- raisons avec ceux découverts dans les régions in-rmécliatement

voi-

sines et d'essayer ainsi de se rendre compte des rapports

qtripour- raient

exister entre ces régions, à ces époques lointaines,

notls

ne somnres pas avancés en ce qr.ri concerne le

type

physique cles

po- pulations

primitives.

c'est à

peu

près

la nuit

complàte. Cette ôbscurité provient;

en

partie, de ce

que

certaines

gens,

pressécs

't; Eturliée en prernier lieu par M, Beldiceano, Diamandi, Staliotz 1trélrisloriqire de Coucou- teni [1][olia.aie/. 8u11. soc. Anthrop., I'aris I889 1 \clenNotruelles idoles de Coucoulenir'I]III.

Soc. Anthrop. Paris t89o.

Gn. C. Buqunu tuu, Ilasele preislori;e rle la Cucuteni, Aioc. rom. pent. îlaiutarea pi réspân- rlirea sciinfelor. Congresul cle la laçi, r9oz.

(12)

BULETINUL SOCIETÀTIÏ DE SCIINTE tt15

de recueillir des mobiliers funéraires,

ont

dispersé

avec'n

déplo- rable sans

gêne

les squelettes

qui

pouvaient, leur tomber sous la main.

cependant il

ne

faut pas oublier que

ces documents sont

les

seuls

qui

puissent

être

consultés

avec

certitude

pour

ritablir l'éthnogénie d'un pays.

Nous

avons

étudié les

ossements provenant de

la

station de

coucoutenil).Ils

se composent, malheureusement, d'un petit nombre de

pièces:

cinq crânes ou

débris de

crânes

et

quelques os longs des bras et cles jambes. Toutes ces pièces n'étaient pas mesurables.

Elles

ont

montré

la

présence

d'un individu

dolichocéphale, de deux individus mésocéphales et

d'un

indiviclu sousbrachycéphale.

La

taille, reconstituée à l'aide des os longs, s'échelonnait, selon les divers os

de r*,6o à r*,83.

Mais

il nous est

impossible

de

clire

que

telle

forme

de

crâne marche

de

pair

avec telle taille,

car les squelettes

ont été

mélangés.

Et

voilà,

à notre

connaissance,

les

seuls renseignements que nous possédions sur

les

plus lointains ancêtres, actuellement dé- couverts, des Roumains. I1 faut avouer que c'est peu. cette pénu-

rie

de documents

doit

être

un

excitant

pour

activer les recherches.

Il y

a un très

bel effort à

accomplir.ll assurera

à

celui

qui

s,y

livrera une

récornpense certaine à son

travail.

Dans tous les cas,

il

est impossible à i'aide d'une si petite quantité de restes squelet-

tiques

d'essayer, mênre

timidement, une reconstitution du

type néolithique, et à plus forte raison une comparaison avec les carac- tères anatomiques des populations humaines contemporaines.

***

La

Roumanie ne semble

pas

posséder

des

monuments méga- lithiques analogues à ceux Qui

ont été

rencontrés dans beaucoup de régions en Europe

et

dans

I'Afrique du nord.

Pendant notre séjour dans

le

pays, on nous avait signalé I'existence

d'un

dolmen sur

le Verfu-cu-Dor

(Vallée de

la

Prahova)s)

et

d'une

table dol-

ménique dans

la

vallée de

l'Oltu.

Dc cctte dernière nous ne savons

r) Euctina PITTÀRD. Ossements hunzains ,tëoliilti?aes découoerls à Coucoztteni et déy'osés à

/'Unizersilé cle /assy.8u11. Soc. cles,Sciences, Bucârest r9o3,

2) EucÈr.rE Pnrlno. Le prélentlu dohnen de Vêrfa-ca-Dor. Bulletin de la Société des Scien- ces. Bucarest, r9oz,

(13)

&76 BULETINUL SOCIETÀTII DE SCIINTE

rien. Quant au prétendu dolmen de Verfu-cu-l)or nous

avons montré que ce

n'est

qu'un simple phénomène d'érosion.

Cette absence de monuments mégalithiques est curieuse

si

l'on se rappelle

le type

physique

de la population

roumaine qui, par beaucoup de ses caractères,

se rapporte au type dit

celtique ou

Celte-Alpin. Il

serait du plus haut

intérêt

de continuer les recher- ches. Nous avons vu aussi des photoeraphies de signes rupestres, dont l'époque nous

a

pâru indéterminable.

Il

vaudrait

la

peine de les examiner soigneusement.

***

Avant

de quitter ce paragraphe

relatif

aux

populations

préhis- toriques, nous voulons dire encore quelques mots d'une découverte faite

en

r 9oo à Constantza

t) au moment de la construction

du

jardin

public. Les ouvriers

mirent au jour,

sous

un

tumulus, une construction de pierre, renfermant

un

assez

g'rand nombre

d'os- sements..Beaucoup d'entre eux furent complètement perdus. Heu- rerrsement que erâ.ce à f intelligente

initiative

de

Mr. le

professeur

Istrati,

à ce moment ministre de I'instruction publique, deux ou trois crânes, sauvés du pillage

par Mr.

IJanesco,

alors maire de

Con- stantza) furent étudiés. Ces crânes sont d'un réel intérêt.

Leur

date est impossible à

fixer

exactement, car

il

est possible que des

fouil-

les aient

eu lieu

antérieurement

à la

découverte que nous avons rappelée.

Ces crânes étaient déformés artitciellement par une double con-

striction inio-frontale

et

inio-bregmatique. Cest

ce qu'on appelle

la

déformation macrocéphalique

I3roca, après von Baer

et

d'autres, avait essayé d'expliquer, par les découvertes de crânes macrocéphales, l'émigration des peuples cinrmériens décrits

par

Hippocrate, qui indique même

la

défornra-

tion

de leurs crânes et les procédés employés pour

y

arriver.

Les peuples cimmériens

dont

Hérodote

fournit

à peu près

I'ha- bitat

géographique, auraient été attaqués en 63

r avant

J. C. par les Scythes nomades

et

obligés

d'émigrer.

Une

partie

d'entre eux t; Dr. C. I. Isrnlu. Sar les crâ.nes trouztés à Conslanlsa (I{ustendjé), Dobrodja. Bulletin rle la Société des Sciences. Bucarest, r9oI.

EucrlNn Ptrtlnn. Nole sur deur crânes macrocéy'hales lroz.taés dans an htnuhts à l(usleudjé

( D o ôro,lja). Mêrne bulletin.

(14)

BULETTNUT. SûCrETÂTII DE.SCnNTE 4t I

s'avança vers

le

Caucase, tandis que I'autre se

dirigea

vers

l'occi-

dent. Ce seraient ces derniers qu'on retrouva plus tard sous le nom de Cimbres, près des bords de

la

Baltique,,sous le nom de Kymris, dans

le

pays' de Galles et en .Angleterre.'Le lieu se serait effec- tuée Ia séparation des deux grandes bandes cimmériennes aur:ait été

le

fleuve Tyras,

le

Dnieper actuel.

' Pour retrouver le chemin suivi

par

les cimmériens

de la migra- tion

occidentale, Broca avait rassemblé toutes

les

découvertes cle

crânes macrocéphales, puisqu'en rapprochant

'le récit

d'Hérodote et les observations d'Hippocrate, les peuples cirTrmériens

d'Héro*

clote étaient les mêmes que ceux qui avaient

la

coutume de défor- rner

la

tète de leurs enfants. La route de leur migration devait ôtre jalonnée par leurs séptrltures.

Mais depr.ris

la théorie

exprimée

par

f illustre anthropologiste, cl'autres découvertes

ont été

faites, notamment

en

Russie. Elles paraissent clémontrer que

la

coutume de déformer les crânes

a

clû ètre ,épandue'depuis

lls

temps les plus anciens, en place.

Et

cette couturne s'est continrrée dans les siècles subséquents. Anoutchine pense qr-re

la

majeure partie des crânes déformès, tronvés

tant

en

I{ussie que dans I'Europe

occidentale,

doit être rapportée

attx

II"-VII"

siècles après

j.

C,

Quoi

qt/il

en soit, les crânes délormés dont nous avons fait l'étucle montrent que les Macrocéphales

-

en

tant

de groupe ethnique (si

ceh-ri-ci existe)

-

avaient passé

le

l)anube au Sucl des enrbouchtt- res de ce fleuve.

Ils

s'étaient probablemeut

fort

répanclus clatrs la

I'éninsule balkanique

.***

Les observations anthropoloeiques faites jr"rsqu'à nos

jours

strr

la

population actuelle

de la

Roumanic

sont rares. Ift encorc

ne

concernent-elles pas clirectement les habita.nts du ioyaume mème l).

r) L lJrtrrun. L'lntliæ cé2hatiçue en liu.rsl,e. Ass. franc. ponr I'avanc. tles sciences, r899 01 ttouve cependant clans la littérature anthropologique quelques petites notes. r\insi Obé.

denare, ?rêsentàtion de gztelques crânes routttains' Bull. Soc. tl'Anthrop. Itaris, r874.

,Dans le clictionnaire encyclopécticlue cles sciences médicales, I'article ltoumains a été éprit prir Obétlelale, Il donne la rlescriptiori de tieux crânes Louriains prdhistoriques mesurés'pr.r 'I'opinatl. Inclices céphaliques: Zo.3I et 7532, Ce sont les crânes <lont iI s'agit ci-tlessus.

(l'Ésentation, etc.), Ces cleux crânes rlonc préhistoriques étaielt clolicliocéphales.

IL faut elcâre signaler ric.ns nn clornaine ànthropologique rn petl spéciaI les pnblications rle notr.e arni I{r. le Dr. M. Ivlinovici sur I'anthropologie cri:ninelle, (/lentotVuersslalisliçztes rel1trues à l'crnlhrofologi.e du crininel ((1. Ii.. Congrès anth. crirninelle, (iénève t896. L1' tt//tt'o' y'ologit crirttinelle et ld leulofisal)iliti, f'^ris, r898, elc'; aiusi tlue le'uréuroire tle Nlt' N' Mino-

vici, /es Z-alouages en llottrttuzie, Arcli, tles scietrces rnétlicales, r899.

(15)

478 BULETTNIJL SOCIDTÀTil DE SCIINTE

Les documents que

Mr.

Deniker a pu rassembler dans son

impor-

tante publication: f indice céphalique en Europe, se

rapportent

aux Roumains de Bulgarie

et d'Autriche-Hongrie.

En r869, Weisbacht)

a publié une étude sur

la

forme du crâne chez les Roumains de Transylvanie;

La

série

qu'il avait

examinée se conposait principalement

rle

crâ.nes,provenant

de

solcla,ts de

zo

à

3o ans, originaires de

la région

sud des Siebenbûrgeh.

En r888,

Himmel2) a mesuré

zoo

soldats roumains

dé.Iluko-

vine.

En r89r,

lJassanovitch

a

donné les résultats de sesrmesures

sur ro6

Roumains émigrés dans

la Bulgarie

nord-occidentale att

commencenrent du

XlX" siècle. i

:

En

r 9o2 r,ous'avons commencé la publication cle nos rechctchcs sur I'anthropologie de

la

Roumanies).

Nous

rappellerons simplc-

1; Wersna.ctr, Die Sthddelfotln der l?unt'dnerz, Wien, r869.

e) Iltuuct, I(ôrpernessutzgcqz ip dgr Bu/eoaina, Mitth. ?\utlir. Gcsells, trV.ie:r r.8ES, Voir ltc-

v rre d'Alfhropologie, r 889.

J) (:'est clans IlL l)olrrorlja clrre norrs avons recuei[[i lr plus grrnde p:rrtie tle ttos tnrtérilttx.

l,a l)ol;rotlja est un cloruaiue.palticulièrernent précieux pour l'ethnologiste. Les:(Lades)) nombreuses qrri s'y pressent en font çomule urle sorte cle mosaique ethnique. l{ournaius, Jirrl- gares, 1'urcs,'latars, l{u.sses,-A1lernanc1s, ule 1:artie cles Tziganes y vivent séclcutailes. Albtnais, I(urcles, Arrnéniens, Lazesl Serbes, d'antres enoore! y habitent spoladiquernent ou ternpor'aile- rrreut. C'est une (terre promise, pour I'anthropologiste qui ne craiut pas la vie un peu clule.

En oompagnie cle rna l.ernme, j'ai fait clals le pays trois séjouls prolongés (l9or, I9oz,

r9o3). En r89g cléjà j'avais jeté les bases cle mon tiavail par un plemi'èr voyage. Notts avons parcoûrn la Dobroclja dals tous les sens, visitant un très grauri nombre <le villages et. ha- rneaux apparteuant à toutes les comrnnnautés ethniqtes, La besogne était vraiment lourcle clans

bieu rles circonstances, surtout par I'obligation de ttavailIer: pentlant les rnois les phis clrauds.

Nlais le résnltat est particulièrernent satisfaisant. Nous avons rdppoîté cle uos cluatre r:attrpa- gnes une quântité consiclérable de clocnments. Ils jefteront certainement une lumière tlaus l-e chros des gronpes hurnrirrs européens.

Ajorrtous que jamais nous u'nurions pri entreprendre cette tâche si uotts n'aviotrs poisétltl le haut appui de Mr. le ministre de I'instruction publique de l{oumarie, que qous telols l\

remerciet encore très vivement,

Les publications qui orrt suivi nos diverses campâgnes sorrt les suivantes (ett lrissrrrt rlc côté celles concernant les Roumains clout il sera parlé plns tarù): Contriltùlion à l'dillltrû1to- /ogie rles I(urrles de Dobrottja'çrgoz1 ; Conlriltalion à t'antht'4bologie des 7-sigapeq tlils Lotr ttnins (rgoz); Conlril,ution à t'ilude anthrol)ologiçue des Albanais (rgoz); Contribuiiou à t'ètude &nlhio?ologiquè ,ies Tsiganes lut'coilt(tns (rgo2); Coùribulion à l'é/uJe ail/hr'y'à'là' giçue des Grccs de Doôro,lja (tgo2); Un cas curieut de dépigtirbntal1gV no*.cotzgénilttle;clrer

une ifeume lsigune, L'Authropologie, Paris ( I9o3) ; Les Slto1)tzy, ntodif icttlions tttzlb'roi otué-

/riques aptrlorlées P&r la raslntlion (I9o3); Contribation à l'ë/u,le anlhroy'ologigue les 7'sigu-

nesbulgares(I9o3); Conlributionà/'étuJeaniltro/ologiçuedesT'sigtttzesl.tldrs(r9o4\..'l'ots ces travaux onf pâru dars le Bulletin tle Ia Sodélé des sciences ,te lJucareii, avec cles résurirés rlans les nlqtles-rendu.s tle l'Attulétnie des sdences, ttutrts l'Atzlhro1!olog'it cle l'atisr:le /)illelil

de Ia \'ocié/é d'An/hro/ologia tle Lyol, etc. : : '

(16)

BULETINUL SOCIETÀTII DA SCIINTE t!79

ment en.notes les travaux que nous avons mis au

jour

jusqu'à

pré-

sent.

Ils

ne représentent qu'une très petite

partie

de

ce

que nous espérons démontrer. Car nous possédons encore par devant nous une quantité considérable de matériaux. Mais

leur

mise en mouve- ment nécessitera beaucoup de temps et ce

n'est que d'ici à

quel- ques années que nous pourrons présenter

le résultat complet

de notre tâche.

Pourtant si peu avancé que

nous

soyons,

nous

pouvons déjà

lournir

des faits qui jusqu'alors n'avaient

pas été

exprimés. Nous pouvons tenter? pour quelques groupes ethniques, de faire l'esquisse de leurs caractères anthropologiques.

Mais (et

il

est nécessaire d'insister) ce ne

sont

encore

que

des

esquisses s'adressant à de vastes régions géographiques. L'enquête minutieuse) non par

districts (qui sont des

divisions convention- nelles), mais par régions naturelles (selon les vallées par exemple) qui serait si intéressante n'est, pas commencée. Les caractères

mor-

phologiques

qui

peuvent

être

exprimés

aujourd'hui n'ont que

la valeur de notions générales, de moyennes.

Les

signalements descriptifs

qu'il s'agit de relever dans

un groupe humain sont nombreux. Quelques-uns d?entre eux, cepen- dant sont considérés comme les

principaux.

Parmi eux la

taille

et

a

forme de l'ovoïde cranien sont à

retenir

en premier lieu.

Il

existe déjà quelques documents

relatifs

à

la

taille 1). Malheu- reusement les chiffres fournis

sont

empruntés aux moyennes des tableaux statistiques du recrutement

militaire. Or, la taille

des

re-

crues.ne représente pas la

taille

moyenne de

la population

mâle d'un pays. Ces jeunes hommes

de r9-2o ans n'ont pas

achevé leur croissance. Pour certaines régions du royaumer la Dobrodja, par exemple, ces chiffres représentent avec

les tailles des

Roumains celles d'autres groupes ethniques: Bulgares, Turcs, Tatars,Tsiganes etc., qui depuis l'annexion sont devenus citoyens roumains. Comme tels ils sont appelés au service militaire. Au surplus il n'y a pas que dans la Dobrodja que l'on rencontre ces populations étrangères.Dans

1; M, Ie I)octeur FÉux a publié cle nourbreux rapports annuels sur l'examen des recrues

il existe une foule de renseignemeuts intéressants a retenir. II va sans dire que la stature cles recrues est intliqnée,

(17)

1,80 BUT,ETTNTJL SôCrE'r'Àîll DÉ SCIINTI

les districts de

la

Valachie du Sud, proche du Danube,

il

existe des nombreux Bulgares politiquement roumanisés.

D'autre part,

les chiffres exprimés lc sont par districts. Nous ve- nons de dire que ce sont

des divisions purement conventionnel-

les,

qui en permettent pas de saisir

les

détails de certains carac- tères. Plusieurs districts comprennent à la fois des régions de mon- tagnes et desrégions de plaines. Or chacun se rend compte que ces

deux facteurs géographiques correspondent

à

des

conditions

de

peuplement

et

de

vie tout

différents.

Aux

périodes historiques on sait que les grandes plaines danubiennes ont été bien plus facilement envahies et traversées dans les cleux sens que les vallées reculées

des

Carpathes.

Les

historiens roumains s'accordent à considérer ces dernières comme le réluge des anciennes populations roumaines a.ux,moments des invasions. Ces populations

ont

donc du se con- server plus pures,ethniquement, que celles qui habitent les terrasses inferieures et les plaines.

La taille doit

être étudiée

par réeions

naturelles,

par

vallées, cle même que cet autfe caractère

descriptif

important

pour la ré- partition

des groupes humains: I'indice céphalique.

On

sait

la

persistance héréditaire de la forme du crâne.

On

sait le,peu cle variations que présente cc caractère. C'est ce qui h"ri fait accorder tant d'importance en ethnologie. Or nous sommes encore

fort

ignorants de ce qu'est

la

forme

du

crâne en Roumanie

pro-

prement dite.

En

ce qui nous touche personnellement, nous n'avons pu donner que des résultats partiels de

nos

recherches.

Ils

concernent deux séries de

trente

crânes chacune et l'examen

de

r

9o individus vi-

vants {).

La

première série comprend

trente crânes

provenant

du

mo- nastère de Cocosu dans le sud de

la

Dobrodja, proche du Danube, entre Isacea

et Macin.

Ce,monastère

date

du commencement du

XIX-ème

siècle.

Les

crânes que

llous

avons étudiés provenaient,

r)'EuGÈNE Prtrlnn. Êtude de 3o crânes rourtairus proaenant du monaslère de Cocostt (Do- brodja) (tgoz), l*ote cle 3o crânes rountains ?roaennnl tte Moldauie (I9o3). Tous Ies deux cians le Bulletin de 1a Soc. des Sciences de Bucarest, avec résumé dans laRevue de l'Ecole d'Anthropologie de.Paris . Contriltaliotz à l'élurte atzthrol5ologitTue'des Routn'aitzs du royaunre,

Bull, Soc. cles Sc. Bucarest et 1'Althropoiogie, Paris, r9o3.

o

(18)

BIJLETINIJL SOCIETÀTII DE SCIINTE &8.r

nous a-t-on affirmé, des anciens moines,

tous

venus

de Transyl-

vanie.

T.a seconde série se compose aussi de trente crânes. Ils provien- nent de

l'Institut

anatomique de

lassy.

Nous avons

pu les

exa- miner grâce

àl'obliseance

de

Mr.

Peride, directeur de cet institut.

Ces crânes

ont

appartenu à des Moldaves,

surtout

a des paysans, à des individus morts à

l'hôpital

voisin.

Sans entrer dans d'autres dêtails, nous constatons que les formes dolichocéphales sont représentées à Cocosu dans

ia proportion

de

z3tlnet dans

les crânes moldaves dans

la proportion de

6r70f n.

I)'autre part,

les formes brachycéphales

(et

sous-brachycéphales) représentent à Cocosule 6z180fe de la

série-les

crânes moldaves en

ont

7 6.f o lo.

Une

série

de

r 9o Roumains vivants, provenant de diverses

ré-

gions du royaume, mais étudiés principalement dans la Dobrodja, nous

ont

donné comme indice céphalique moyen Bz.gz.

pour

être comparable à l'indice calculé sur le crâne ce chiffre

doit

être réduit de deux unités et ramené a8o.gz, Cettegrande sérieest composée entièrement

par

des valaques. sommes-nous autorisés à

dire

que les Moldaves (ind. Sz.gg) sont plus brachycéphales que

les Vala-

ques ? Nous croyons qu'il serait téméraire d'imprimer une telle

af-

firmation. Mais ce qui résulte bien

des

chiffres exposés ci-dessus, c'est que

la

grande majorité du peuple roumain possède

un

crâne sous-brachycéphale ou brachycéphale. Les crânes dolichocéphales sont en

petit

nombre. c'est là un

fait

nouveau que

l'on

ne connais- sait pas avant les études que nous venons de résumer t).

Mais c'est un fait incomplet. Il faudrait pour pouvoir émettre une conclusion définitive,

opérer

sur de très grandes séries.

Nous

de- l) Ce que l'on savait de l'inclice céphalique des Roumains concernait des Roumains vivant en dehors du Royaumè Voici les séries précédemment éturliées et mentionnées par Mr. l)e1iker.

' Indice cêphalique

ro8 Roumains de Bulgarie (Bassanovltch) . 77.s

zoo Soldats rotmains de Hongrie (Himmel) . g6.l

z6 Roumains de Transylvanie (Weisbach) . g7.z

4o crânes roumains (Weisbach) , gz,4 (viv. g+.+)

Il faut y ajoufer l'6tude d'ate série de din huit crâsres ualatTuc.r par Mr. tle Tôrôk (Bull. Soc.

Ànthrop. Paris, r88r), Tous ces crâues, sauf trn' sont sous-brachycéphales et brachyoéphales.

L'indice céphalique moyen des hommes est 84.89; celui des femmes g&.g7.rrs7agit ici de va- laques de'l'ransylvanie,

(19)

&a2 BULETINIJL SOCTETÀTIÏ DE SCIINTE

vons donc appeler de tous nos voeux uue extension systématique de cette recherche avec les résultats groupés géographiquement.ll va sans

dire

que les Rounrains transdanobiens,les Transylvaniens, les Macédo-Valaquesl ne devraient pas ètre oubliés.

Mais l'étude du crâne ne se borne pas à ce caractère.

Il

y en a d'au- tres qui devraient ètre mis en lumière. Certaines lois de corrélation anatomique peuvent

n'être pas

identiques

dans

tous

les

groupes humains.

Nous

ne savolls pt'esque

rien de la

capacité crânienne cles Roumains,

par

exemple.

Les

séries que nous

avons

publiées

et

dans lesquelles

ce

caractère est

étudié,

sont

trop

petites pour qu'une conclusion puisse être formulée. Nous avons essayé de cort'--

parer

la

capacité crânienne de

trente

crânes de Moldaves

et

de trente crânes cle Valaqus. Les premiers nous

ont fourni le

chiffre

de r.610

cent. cubesl les secondes

de r.56I

c. c. Est-ce à dire que les Moldaves ont un plus grand crâne et une plub grande capacité crânienne que les Valaques ? Nous ne

le

pensons pas ? Des séries

plus importantes

numériquement renverseraient

peut-être

cette

otmÏ;î

rapport

de

la

capacité crânienne à la taille

il

nous est totalement inconnu pour

le

moment.

Nous ne savons rien non plus du

rythme

de croissance du crâne suivant

l'âge et

suivant le sexe

en fonction

de

la taille. Et

nous n'abordons

que quelques points.

En

mème temps que

le

crâne,

la

face

doit

être étudiée.

Le pro-

fesseur

Kollmann

de Bâle

a

classé les faces en deux groupes

prin-

cipaux suivant qu'elles sont hautes et étroites, ou courtes et largcs.

Cette classification est basée sur le

rapport

du diamètre transversal maximum au diamètrervertical (indice facial).

Le premier

groupe est constitué

par

les crânes leptoprosopes (indice dépassant 50) ;

le second par les crânes chamaeprosopes. Nous ne connaissons pas en Roumanie

la répartition

de I'un

et

de l'autre groupe.

I)ans un

travail basé

sur l''examen

de

la population

vivante, il norls a

semblé que

les

faces

courtes

et

larges

(chamaeprosopes) sont plus souvant associées, chez les Roumains, à des crânes

bra-

chycéphales.

(20)

I]ULETINUL SOCIETATII DE SCIINTÛ 4.83

A

côté de ces généraux caractàres de la fàce se place, comme fac- teur important déterminant un groupe ethnique, l'indice nasal.c'est le

rapport

de la largeur à la longueur de l'ouverture nasale. Les

in-

dividus dont I'ouverture nasale est étroite et allongée sont dits

lepto-

rhiniens, ceux, qui au contraire, possèdent.une ouverture nasale large et courte sont platyrhiniens. Entre deux se placent les mesorhiniens.

Nous ne savons pas encore en Roumanie

la répartition

de ce carac- tère. Dans un étude sur r 90 Roumains provenant cle diverses parties du royaun-re

no's

avons trouvé le classement suivant : leptorrriniens 580/oi mesorhiniens 36.80/o; platyrhiniens 50/0. Mais ces

propor-

tions ne sont l'expression que d'un

petit

nombre

d'individus.

Rien

ne prouve que ce soit l'image réelle de ce caractère.

Pour ce qui concerne les autres caractères somatoiogiques ou os- téologiques nous sommes encore bien plus ignorants. Norrs ne con- naissons encore

rien

des modi(rcations physiologiques possibles en

rapport

avec des genres de vie différents. chacun devine cependant

qu'il y

a, dans ce domaine, des caractères nombreux à reconnaltre et à interpréter. Je n'en citerai que deux ou

trois

se rapportant aux principaux os de la

jambe:

le fémur et le tibia.

on

appelle platymérie

un

aplatissement du tiers supérieur

de

la diaphyse du fémur. Quand la

platyrnérie

est

très

forte

le bord in-

terne de

la

diaphyse est presque tranchant.

ce

caractère

était

as- sez commun chez les populations préhistoriques; il semble marcher de

pair

avec uné modification du

tibia

dont nous allons parler dans un instant.

La

platymérie n'est pas

un

caractère de race

I

c,est un

caractère individuellement acquis lié probablement à un effort mus- culaire

plus

puissant dans

la

marchà en

flexion.

Nous

ne

savons encore

rien

de la platymérie non plus que du degré

de

fréquence du troisième trochanter, cette protubérance qui existe le long de la branche de bifurôation que

la

ligne âpre envoie

au

grand trochan-

ter

et qui sert à

l'insertion

du muscle

grand

fessier.

Et pourtant, pour l'interprétation de ces deux caractères, la Rou- manie fournit un champ d'observation qui ne nlanque pas d'intérêt.

Les populations des carpathes, obligées de marcher sur de, pentes et souvent avec les

': opintches u cui n'ayant pas des talons obligent le pied à prendre une position plus oblique doivent façonner leurs os des jambes autrement que celles qui marchent sur

un plan

horizontal.

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