Phytotherapie (2006) Num6ro 4:163-164
@Springer 2006
DOI I0.I007/si0298-006-0176-4
Ligne rouge
Le succ6s de certains phytoth6rapiques inqui~te ou g6ne le m o n d e de l'industrie p h a r m a c e u t i q u e et nous devons 6tre vigilants p o u r que d'excellents phyto- m 6 d i c a m e n t s restent prescriptibles et simples obtenir.
Le millepertuis est dans cette lign6e. A son sujet, que faut-il craindre ? Certaines 6tudes r6centes [1,2]
m e t t e n t fi n o u v e a u en lumi6re le fait que les interactions avec d'autres m6dications (amitryptil- line, digoxine, cyclosporine, alprazolam, dextrom6- torphane, simvastatine et les contraceptifs oraux)
surviennent plus souvent lorsque le taux d'hyperforine est augment6 dans une pr6paration contenant du millepertuis. Or, il semble bien que ce sont les pr6parations ayant m o i n s de 1 % d'hyperforine, qui sont aussi efficaces que la fluox6tine ou l'imipramine. Le principe de la phytoth6rapie est bien d'utiliser la plante telle qu'elle est (totum) ou de fabriquer un extrait qui enrichit son taux de principes actifs tout en restant le plus pr6s de la constitution de la drogue de base.
Ce sont p r o b a b l e m e n t des extraits fabriqu6s outre-Rhin (avec des excipients sp6ciaux) qui ont 6t6 employ6s (car rien n'est clair dans le dossier) dans des extraits de Piper methysticum qui auraient provoqu6 des h@atites.
Une a n n o n c e de l'Afssaps de juillet 2oo6 stipule qu'il y aurait eu deux cas d'h@atites en France dus ~ la prise de cimicifuga (Actea racemosa). L~ encore le dossier est peu stir, mais les autorit6s p r e n n e n t les devants et nous risquons sous peu de voir interdire la d61ivrance de cette plante de la famille des Renonculac6es, qui c o m p t e des plantes potentiellement toxiques 1.
Les 6tudes d'Osmers R. et al [3] portant sur 153 patientes m o n t r e n t l'effet b6n6fique de l'extrait isopropanolique de cimicifuga, alors qu'en douze mois aucune alt6ration h @ a t i q u e n'a 6t6 not6e. I1 convient d'etre prudent, d'6tre sur nos gardes, de recenser d'6ventuelles atteintes h@atiques. Et surtout de n'utiliser que des extraits autoris6s. Mbme si l'6tude Osmers ne m o n t r e pas d'h@atotoxicit6 en un an, on peut se questionner sur l'autorisation de l'isopropanol. Les extraits doivent btre r6alis6s sur des lots p o u r lesquels la puret6 de la drogue est assur6e car, dans le cas du kawa, l'enqu~te m o n t r e que les p r o d u c t e u r s n ' o n t pas h6sit6 5 ajouter des @ l u c h u r e s par m a n q u e de mati6re premi6re.
Le m 6 d i c a m e n t • base de plante a une sp6cificit6. I1 est 6labor6 selon une AMM qui s'applique aux plantes m6dicinales et ~ ses extraits les plus classiques ~t base d'alcool ou d'eau. Si nous enrichissons artificiellement une plante en l'un de ses
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principes actifs, n o u s r i s q u o n s de p r o v o q u e r u n e iatrog6nie inutile, c o m m e ce serait le cas avec l'hyperforine. De plus, n o u s r i s q u o n s de voir cette plante r6pertori6e sur u n e liste rouge.
Nous, p r e s c r i p t e u r s , s o m m e s g r a n d s c o n s o m m a t e u r s de p r 6 p a r a t i o n s de plantes efficaces au b6n6fice des patients, mais il ne faudrait pas p o u r a u t a n t que les p r o d u c t e u r s f r a n c h i s s e n t la ligne rouge au risque de n o u s en priver.
D r Paul Goetz
rddacteur en chef
R~f~rences
1. Madabushi R, et al. [2006] Hyperforin in St John's wort drug interactions Eur J Clin Pharmaco162 (3): 225-233 2. Mueller SC [2oo6] The extend of induction of CYP3A by St Jon's wort varies among products and is linked
to hyperforin dose. Eur J Pharmacol 62 (1): 29-36
3. Osmers R, Friede M, Liske E, Schnitker J [2005] Efficacvity and safety of isopropanolic black cohosh extract for climacteric symptoms. Obstet Gynecol 105:lO74-1083
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