• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | La chimie au supermarché

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | La chimie au supermarché"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

LA CHIMIE AU SUPERMARCHE

Roger VIOVY Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud

(2)

On n'est pas toujours conscients de l'importance de la chimie dans la vie quotidienne. Le supermarch' est pourtant un v'ritable ma-gasin de produits chimiques.

l - ~~~g~~~_s~~~tat~tiog~:

Le d'veloppement de la soci't' de consommation s'est traduit par des transformations radicales des systèmes de vente, et par la nature des produits offerts. Il y a une trentaine d'années,la majorit' des achats se faisait dans des commerces de petites dimensions, très souvent dans le quartier. Les commerçants et clients se connaissaient, et i l était rare que les achats se fassent sans discussion sur la

qua-lité, le prix, l'expérience que l'on avait sur tel ou tel produit. On se m'fiait du "nouveau", de l'inconnu. Le commerçant étant spé-cialisé (épicerie, droguerie, crémerie ••• )était un peu un spécialiste, s'appuyant, sinon sur un savoir scientifique, au moins sur le retour de l'expérience des clients.

Le nombre de marchandises offert au client était limité, faci-litant les comparaisons.

Enfin les circuits de distribution, en particulier pour l'agro-alimentaire étaient relativement courts souvent régionaux et très ra-rement internationaux. Les "primeurs" ne venaient jamais de très loin.

Aujourd'hui nous nous trouvons devant une situation complètement bouleversée.L'urbanisation, l'économie de marché, les médias ont créé une situation où la d'personnalisation est totale. En dehors de

contrain-tes économiques, le système des "super", puis"hypermarchés" est devenu

une mode, transformant les commerces d'hier en "sup'rettes".Ce n'olo-gisme étonnant est utilis' m~me dans les villages.Commerçants et clients se connaissent encore mais ne parlent plus guère de la qualit' des pro-duits. Le choix est fix' par la publicit' et les m'dias.Dans les super-marchés les seules questions posées aux employés portent sur l'empla-cement des rayons.

En m~me temps l'industrie chimique, consciente des débouch's offerts par le développement de la consommation offrait une grande diversité de nouveaux produits. Si l'on ajoute une multiplication de la diversité des présentations, on arrive à un nombre considérable de produits destinés à un m~me usage. Avec l"conomie de marché et la n'cessité de vendre la "durée de vie" d'un produit devient de plus en plus courte. Il faut trouver de nouveaux arguments de vente en"lavant

(3)

plus blanc" "extra blanc" ••• Bien entendu les critères scientifiques sont absents de telles publicités: qui ne se souvient des "enzymes gloutons".

Ajoutons qu'avec le développement de la production,l'allonge-ment des circuits, leur internationalisation)on augmente la nécessité des stockages.Le problème de la conservation se trouve posé et néce-ssite de nouvelles méthodes ou produits.

Face à cette multitude de produits qui changent constamment,ce qui va guider la main de l'acheteur dans les rayonnages anonymes n'a rien à voir avec des considérations scientifiques ou m~me simplement avec le raisonnement. Pourtant la majorité des produits sont loin d'~tre neutres et nécessitent des précautions lors de leur utilisation.

Presque tous portent sur leur étiquette les précautions d'emploi, mais qui l i t systématiquement ces précautions écrites généralement en petits caractères dans un endroit peu visible 7 La législation impose que la composition doit-~tre connue, ne serait-ce que pour intervenir en cas d'accident. C'est loin d'~tre le cas comme nous allons le voir sur quelques exemples.

II - Quelques exemples:

Sur quelques types de produits rencontrés nous allons voir quel-ques situations:

l/Détersifs et détartrants: C'est un cas typique de dangers réels. On distingue, des produits acides souvent gélifiés,des produits basiques, soude, carbonates, ammoniaque(ce produit à l'odeur si agré-able), eau de javel ou dérivés.

Comme on sait que en milieu acide l'eau de Javel dégag~ du chlore, et que dans certa~nes conditions en présence d'ammoniaque on peut ob-tenir du chlorure d'azote explosif(à l'état gazeux)on se rend compte des dangers que cela présente.Les publicités faites sur ces produits mentionnent rarement les contre-indications. Quant-aux étiquettes elles sont très variables. Pour ne citer que les produits de type hypo -chlorites pour citer deux extr~mes. L'étiquette de "Javel la Croix" est très explicite, visible et bien faite. Par contre sur "Ajax bichlo-rélisant" ni composition ni précautions d'emploi.

(4)

2/Détergents: L'assimilation dans l'esprit du public des détergents au savon fait que leur toxicité est généralement négligée. L'action sur l'environnement n'est pas indiquée (sauf parfois la "biodégradabilité"quand elle est supérieure à 90%).

Très rares sont les marques de détergents qui indiquent la com-position. Celle-ci relevée dans une analyse d'une association de consommateurs est pourtant très variable. La concentration en phos -phates varie entre 36% et 0%. Ce~endant dans cette analyse la somme des pourcentages Phosphates, Tensio-actifs, Perborates, Zéolithes ne fait pas 10o'f,(dans 3 cas elle est inférieure à 50%).De quoi est fait le reste 7

Dans 1 seul cas j'ai trouvé un contenu très explicite, bien que la composition en masse ne soit pas donnée.

La voici:

Tripolyphosphate de soude, Zéolithes, Perborate de soude, Mélange ternaire de matières actives(anioniques et non ionique ), Silicate de soude, Carboxyméthyl-cellulose, Activant biologique, Colorant optique. On voit que ceci n'est pas simple.

J/Autres produits non alimentaires: Pour les bombes aé

-rosols la nature du gaz propulseur n'est pas indiquée.

Pour les cosmétiques on trouve une très grande diversité d'éti-quettes mais elles sont rarement satisfaisantes. Voici l'exemple d'un dentifrice .

Composition: Monofluorophosphate de sodium 0,4%; Parfum à base de menthe.

De quoi sont constitués les 99,6% qui manquent.

Les solvants et peintures étant utilisés en milieu professionnel sont soumis à une législation très précise. Les étiquettes comportent les indications nécessaires pour un emploi rationnel. Cependant leur indications sont souvent données sous forme de pictogrammes très évi-dents pour un initié, beaucoup moins pour le consommateur courant pour lequel une éducation est nécessaire. Pour les détachants la situation est franchement mauvaise puisque de nombreuses marques ne signalent pas la nature des solvants utilisés.

Les produits phytosanitaires constituent probablement le domaine dans lequel une compétence scientifique élevée est nécessaire pour une utilisation rationnelle. Ce sont pour la plupart des poisons en vente libre.

(5)

Le mot "dangereux" sur fond vert ou rouge a une portée considérablement réduite par le fait d'avoir ces produits à portée de la main. Les publicités sont muettes sur les toxicités réelles, et contrairement aux médicaments on n'insiste pas sur le fait qu'il ne faut pas dépasser la dose prescrite.

4/Additifs aux denrées alimentaires :

Sous la pression des consommateurs et par moment des médias des progrès certains ont été réalisés et dans de nombreux cas

(mais pas tous)les énigmatiques EJJO ou E407 sont supprimés et les additifs apparaissent en clair mais ce n'est pas toujours rassurant pour autant.

Voici la composition des additifs à un jambon prédécoupé (dit de 1er choix 1)

Sel, sucres, sel nitrité, salp~tre, ascorbate.

Passe encore pour l'ascorbate et les sucres(pourquoi des sucres?) mais les polyphosphates sont de bons complexants dont la toxicité est mal connue, quant aux nitrates et nitrites leur toxicité est réelle. Les nitrites en particulier sont des agents nitrosants des amines et amides donc des peptides et protéines. Les agents nitrosés produits sont de plus des agents de méthylation de l'A.D.N. donc potentiellement carcinogénétiques.

Ne pourrait-on éviter cela?

I I I - ~faire ?

Il est certain que l'on doit soutenir toutes les actions qui visent à rationaliser le système actuel. Malheureusement deux dangers guettent ces actions: d'abord les pressions pour maintenir le profit de certains, d'autre part les réflexes de ppur irraisonnée de la chimie. Le développement de la consommation est aussi lié à des besoins humains

(par exemple développement de l'hygiène). Le problème est donc plus celui d'une utilisation rationnelle que d'un bouleversement.Alors comme le dit le dicton "mieux vaut prévenir que guérir" i l faut d'abord édu-quer.

~lgues su~ions

- Sur le grand public: Il ne faut pae avoir peur d'informer réellement le public comme cela est fait dans certains pays. Il est très mal venu chez certains scientifiques de dire que la science

(6)

D'autre part i l ne faut pas qu'ils h'sitent à participer à une "vulga-risation scientifique" qui n'est pas un genre mineur mais qui doit-être faite par des scientifiques.

- Sur les 'lèves: Les aspects "vie quotidienne" sont complè-tement absents des programmes de second cycle et des classes pr'para-toires et aussi bien souvent dans les Universit's. Au cours des cho'.n-gements(fr'quents)de programme on doit insister et convaincre les collègues de cette n'cessit'(ils sont loin d'être tous convaincus).

Même sans changement de programme i l est possible de faire rentrer la vie de tous les jours dans nos classes: par exemple rôle de la soude ou d'un acide dans les d'tersifs. La lecture d'une 'tiquette peut faire l'objet d'un contrôle etc ..•

C'est probablement en T.P. qu'il est le plus facile d'introduire cet aspect:

les mesures de pH, les dosages peuvent être faits sur des produits d'usage courant. Exemple: Le Destop est de la soude à 2J%.On pourrait ainsi d'truire l'aspect artificiel d'un dosage dans lequel r'actif et produit à doser ont le même statut. De plus on r'duit le coût du dosage.

- même remarque avec l'utilisation de l'eau de Javel Comme oxydant. Pour pr'parer du chlore pourquoi ne pas utiliser Javel La -Croix + W.C. Net.

- les r'actions des alcanes peuvent être faites avec du "White spirit".

Bien d'autres exemples peuvent être trouvés et l'expérience des

Olympiades nationales de chimie montre que cela est très appr'cié des élèves.

Con~!~~ion: Ce bref survol montre que le supermarch' est un riche laboratoire de chimie et je n'ai pas parlé des ions de métaux lourds présents soit comme constituants(cosmétiques)soit comme impuretés et des colorants.

Puisque l'on ne peut éviter d'utiliser des produits non neutres, ayons à l'esprit la nécessité de faire prendre conscience des pro -blèmes en faisant rentrer "la vie quotidienne à l'école" puisqu'aussi bien on parle de faire sortir "l'école dans la vie".

Références

Documents relatifs

CLAMOXYL (amoxicilline) 8.6-9.0 I a I a CLAMOXYL (amoxicilline) 7 Floxapen (flucloxacilline): compatible avec héparine <20UI/ml, au délà pas de données..

Il a néanmoins été proposé qu’une injection volontaire intra-neurale d’un petit volume d’anesthésique local avec une aiguille à biseau court puisse être

Dans ce contexte nous avons évalué le niveau de contamination des sédiments et des organes (muscle, foie et branchies) de deux espèces de poissons (Hypophthalmichthys molitrix et

SA36-SP32 Je sais déterminer la concentration d’une espèce (échelle de teintes, méthode par comparaison).

[r]

Procès Verbal de l'élection du Conseil Départemental de l'Ordre des Infirmiers du Département de PARIS pour le Collège Infirmiers relevant des salariés du secteur privé. Election du

A9 partielle, cette délégation étant limitée à l'octroi de congés annuels et jours RTT pour les agents des catégories B et C. A27 partielle, cette délégation

Dans l’Essence de l’économique, Julien Freund procède selon la méthode de la théorie des essences : « Nous estimons qu’il y a une spécificité de